il m’en souvient : le jour que son courage Lui fit chercher Achille, ou plutôt le trépas, Il demanda son fils et le prit dans ses bras : « Chère épouse, dit-il en essuyant mes larmes, J’ignore quel succès le sort garde à mes armes ; Je te laisse mon fils pour gage de ma foi : S’il me perd, je prétends qu’il me retrouve en toi. […] Le perfide triomphe et se rit de ma rage : Il pense voir en pleurs dissiper cet orage ; Il croit que, toujours faible, et d’un cœur incertain, Je parerai d’un bras les coups de l’autre main. […] Mais c’est moi dont l’ardeur leur a servi d’exemple : Je les ai pour vous seule entraînés dans le temple, Madame ; et vous pouvez justement vous flatter D’une mort que leurs bras n’ont fait qu’exécuter.
Ils semblent animés de passions1 Quelquefois un vieux chêne élève au milieu d’eux ses longs bras dépouillés de feuilles et immobiles. […] Les clochers des villages où ils étaient nés, qu’ils reconnaissaient au loin dans les campagnes, et qu’ils nommaient les uns après les autres, les remplissaient d’allégresse ; mais, quand le vaisseau entra dans le port, et qu’ils virent sur les quais, leurs amis, leurs pères, leurs mères, leurs enfants, qui leur tendaient les bras en pleurant, et qui les appelaient par leurs noms, il fut impossible d’en retenir un seul à bord.
Ton indigence, qui m’honore, Ne m’a point banni de leurs bras. […] La liberté déserte avec ses armes ; D’un trône à l’autre ils vont offrir leurs bras ; A notre gloire on mesure nos larmes1 : Dieu, mes enfants, vous donne un beau trépas !