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137. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Rapprochez cette page de Massillon (Panégyrique de Saint Louis) : « A la tête des armées, ce n’était plus ce roi pacifique, accessible à ses sujets, assis sous le bois de Vincennes avec une affabilité que la simplicité du lieu rendait encore plus respectable ; réglant les intérêts des familles, réconciliant les pères avec les enfants, démêlant les passions de l’équité, assurant les droits de la veuve et de l’orphelin, paraissant plutôt un père au milieu de sa famille qu’un roi à la tête de ses sujets, entrant dans des détails dont des subalternes se seraient crus déshonorés, et ne trouvant indigne d’un prince et indécent à la majesté des rois que d’ignorer les besoins de leurs peuples.

138. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Ne perdons plus de temps, le sacrifice est prêt, Allons-y du vrai Dieu soutenir l’intérêt ; Allons fouler aux pieds ce foudre ridicule Dont arme un bois pourri ce peuple trop crédule ; Allons en éclairer l’aveuglement fatal, Allons briser ces dieux de pierre et de métal, Abandonnons nos jours à cette ardeur céleste, Faisons triompher Dieu : qu’il dispose du reste. […]                    Tout beau, Pauline ; il entend vos paroles Et ce n’est pas un Dieu comme vos dieux frivoles, Insensibles et sourds, impuissants, mutilés, De bois, de marbre ou d’or, comme vous les voulez410 : C’est le Dieu des chrétiens, c’est le mien, c’est le vôtre ; Et la terre et le ciel n’en connaissent point d’autre.

139. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

On ne put obtenir sa mort de la multitude qu’en le menant dans un bois sacré, d’où il ne pouvait plus montrer le Capitole aux citoyens. […] Corneille l’emploie noblement lorsqu’il fait dire à Polyeucte : Allons fouler aux pieds ce foudre ridicule Dont arme un bois pourri ce peuple trop crédule. […] Hippolyte, dans Racine, dit la même chose ; mais il s’exprime ainsi : Mon arc, mes javelots, mon char, tout m’importune ; Je ne me souviens plus des leçons de Neptune ; Mes seuls gémissements font retentir les bois, Et mes coursiers oisifs ont oublié ma voix. […] La Fontaine fait dire élégamment au corbeau par le renard : Vous êtes le phénix des hôtes de ces bois. […] Et dans ceux-ci, où le même poète représente d’Aumale désolant l’ennemi par ses fréquentes sorties, sous les traits d’un aigle ou d’un vautour qui se jette sur sa proie : Tels du fond du Caucase ou des sommets d’Athos, D’où l’œil découvre au loin l’air, la terre et les flots, Les aigles, les vautours aux ailes étendues, D’un vol précipité fendant les vastes nues, Vont dans les champs de l’air enlever les oiseaux ; Dans les bois, sur les prés déchirent les troupeaux, Et dans les flancs affreux de leurs roches sanglantes Remportent à grands cris ces dépouilles vivantes.

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