Voltaire. […] les anecdotes du Siècle de Louis XIV par Voltaire (chap. […] — Cf. les lettres de Mme de Sévigné, de Mme de Maintenon, de Voltaire, de P. […] Voltaire a dit que les Français n’ont pas la tête épique. […] Mais elle dégénère au dix-huitième siècle, d’abord avec Voltaire et Crébillon, ensuite avec les froids imitateurs de Racine, tels que Lafosse, La Chaussée, Campistron, etc.
Voltaire avait trop de goût et le tact trop sûr, pour ne pas sentir que les plus beaux vers du monde resteraient infailliblement au-dessous d’une pareille prose. […] L’éloquence, dit Voltaire, est née avant les préceptes de la rhétorique, et Voltaire a raison : il en est de même en tout genre ; c’est d’après les modèles que les leçons ont été tracées, comme l’on tire, sur le vêtement déjà fait, le patron destiné à en faire d’autres.
Enfin, Voltaire invoque la Vérité : Descends du haut des cieux, auguste vérité, Répands sur mes écrits ta force et ta clarté ; Que l’oreille des rois s’accoutume à t’entendre. […] C’est là ce qui a fait dire à Voltaire « que si c’était Homère qui avait fait Virgile, c’était son plus bel ouvrage. » Après Virgile, plusieurs Romains nous ont donné des poèmes du genre de l’épopée, mais qui diffèrent du grand poème épique comme nous allons le dire. […] On lui reproche quelque recherche d’esprit peu convenable dans un genre si sérieux ; ce qui a fait dire à Voltaire dans ses stances sur les poètes épiques : De faux brillants, trop de génie Mettent le Tasse un cran plus bas ; Mais que ne tolère-t-on pas Pour Armide et pour Herminie ? […] Il suffit de dire ici que si Voltaire n’a pas atteint la perfection de l’épopée, il a du moins fait voir que les Français pouvaient y arriver. […] Un mérite, enfin, qui n’est pas contesté à Voltaire, et qui suffirait seul pour faire vivre son ouvrage, c’est la perfection continue de son style, la noblesse des sentiments, et la sagesse des inventions, qui manque trop souvent aux autres poètes.