On cite de ces poëte, enlevé à la gloire par une mort prématurée et déplorable (à trente-quatre ans, 1767), une belle imitation du psaume Super flumina Babylonis, une ode sur le Soleil fixe au milieu des planètes (c’est l’exposition du système de Copernic), quelques morceaux traduits avec éclat de Virgile, etc.
Quelqu’un préfère Virgile à Homère ; supposons, d’un autre côté, que je place Homère avant Virgile ; je ne suis pas fondé à dire pour cela que nos goûts soient contradictoires ; la douceur et l’élégance de Virgile plaisent davantage à cette personne, comme à moi la simplicité et l’énergie d’Homère. […] Virgile, quoique dans quelques passages il s’élève jusqu’au sublime, est surtout remarquable par la grâce et la beauté. […] Qui voudra soutenir, par exemple, que la description de la tempête, dans le premier livre de Virgile, soit l’imitation d’une tempête ? […] Homère nous entraîne avec une impétuosité irrésistible ; Virgile nous conduit avec une majesté séduisante. Homère répand avec une généreuse profusion ; Virgile donne avec une soigneuse splendeur.
C’est ainsi que Virgile ne décrit la tempête qui jette sur les côtes d’Afrique les Troyens bientôt arrivés en Italie, que pour intéresser le lecteur au sort d’Énée en faisant ressortir son courage. […] A ce modèle nous ajouterons trois descriptions de tempête : la première, remarquable par sa simplicité, se trouve au livre XIIe de l’Odyssée : Ἀλλʹ ὅτε δὴ τὴν νῆσον… ; les deux autres, plus ornées, sont de Virgile et de Fénelon : Hæc ubi dicta…, (Énéide, I) ; et : Pendant que les matelots… (Télémaque). […] Dans un autre genre, l’Écriture, Virgile, Bossuet, Buffon, Delille, Rosset, ont fait, à des points de vue différents, de belles prosopographies du cheval. […] Homère, Virgile et les grands écrivains français nous offrent une foule de tableaux de la dernière vigueur et de la plus grande vérité.