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257. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Artisan et géomètre, artiste de génie en même temps qu’inventeur des procédés qu’il met en œuvre pour réaliser ses conceptions, géologue qui mérite, au moins par l’originalité de ses vues et par ses qualités d’observateur, une place dans l’histoire de la science, écrivain d’une éloquence simple, mâle et variée, ajoutons à cela homme de conscience et de foi ardente, dévoué à sa religion jusqu’au sacrifice héroïque, Bernard Palissy, par la diversité de ses talents et son énergie multiple est, en France, parmi tous les artistes et les écrivains de son époque, l’un de ceux qui, en nous étonnant le plus, la représentent le mieux. […] A leur exemple, en effet, les historiens français du xvie et du xviie siècle se sont trop souvent souciés de faire preuve d’éloquence plus que de critique et de véracité. […] Cet homme avait une sorte d’éloquence qui lui était particulière : il ne connaissait point d’interjection ; il n’était pas congru537 dans sa langue ; mais il parlait avec une force qui suppléait à tout cela ; et il était naturellement si hardi, qu’il ne parlait jamais si bien que dans le péril. […] Dans les dernières années de sa vie, Fénelon écrivit, outre quelques opuscules politiques, le Traité de l’Existence et des attributs de Dieu, et la Lettre à l’Académie ou Lettre sur les occupations de l’Académie française, et l’on publia encore, après sa mort, ses Dialogues sur l’éloquence, qu’il doit avoir écrits dans la première partie de sa carrière littéraire.

258. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

L’affectation, la fausse couleur, la fausse éloquence, le faux lyrisme, le galimatias à perte de vue donné audacieusement pour du sublime ; voilà, on ne peut le nier, les caractères de ces littérateurs de décadence ambitieuse : malgré tout le bruit qu’ont fait nos entrepreneurs d’originalité, dans cinquante ans, si leur immortalité se traîne aussi loin, ils seront presque tous renversés de leur piédestal. […] Quelle éloquence dans le récit de Cinna !

259. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Rapin a dit : « La Poétique n’est, à proprement parler, que la nature mise en pratique et le bon sens mis en principe. » (Réflexions sur l’éloquence, la poétique, l’histoire et la philosophie, etc., 1693.) […] Pour n’être fondée que sur la vraisemblance, l’éloquence ne lui paraît pas à dédaigner ; le raisonnement oratoire lui paraît légitime et même nécessaire à côté du raisonnement scientifique. » (Études, etc., p. 176-179.) […] Puis, en troisième lieu, la pensée, c’est-à-dire la faculté de dire avec convenance ce qui est dans le sujet et ce qui s’y rapporte, partie qui, en fait d’éloquence, est l’affaire de la politique et de la rhétorique. […] Aussi, bien que la même méthode s’applique indifféremment au genre délibératif et au genre judiciaire, et que l’éloquence de la tribune soit plus belle et plus politique que celle qui s’occupe des contrats, ils ne disent rien du premier genre et s’appliquent tous à traiter de l’art de plaider.

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