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104. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

On appelait ainsi la loi qui ordonnait des distributions de terres pour ceux d’entre le peuple qui étaient les plus pauvres. […] Dieu, créateur du monde et de tout ce qui est dans le monde, Dieu, maître du ciel et de la terre, n’habite point dans les temples bâtis par les hommes. […] Souvent, après l’apparition d’une comète, la terre souffre de quelque désastre ; on voit arriver la peste, la famine, la mort d’un prince. […] La terre se tut devant Alexandre, c’est-à-dire les peuples de la terre. […] je te conjure par les mânes de ton père, par ta mère, par tout ce que tu as de plus cher sur la terre, de ne pas me laisser seul dans les maux que tu vois ! 

105. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Jean-Baptiste Rousseau 1670-1741 » pp. 441-444

Loin de vous l’Aquilon fougueux Souffle sa piquante froidure ; La terre reprend sa verdure : Le ciel brille des plus beaux feux5. Pour vous l’amante de Céphale6 Enrichit Flore de ses pleurs ; Le Zéphyr cueille sur les fleurs Les parfums que la terre exhale.

106. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

Il est vrai qu’après avoir passé des années entières à creuser le tronc d’un gros arbre avec des pierres tranchantes, ils se mettaient sur la mer dans ce tronc et allaient terre à terre portés par le vent et par les flots. […] « Fontenelle, dit Voltaire, a ressemblé à ces terres heureusement situées qui portent toutes les espèces de fruits. » 2.

107. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Ne faut-il pas, pour admirer l’Apollon, sentir en soi-même un genre de fierté qui foule aux pieds tous les serpents de la terre ? […] terre de gloire et d’amour ! […] L’homme a un grand empire sur l’homme, et de tous les maux qu’il peut faire à ses semblables, le plus grand peut-être est de placer le fantôme du ridicule entre les mouvements généreux et les actions qu’ils peuvent inspirer. » « Il n’y a que les gens médiocres qui voudraient que le fond de tout fût du sable, afin que nul homme ne laissât sur la terre une trace plus durable que la leur. » « Le talent a besoin de confiance.

108. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Ils ont des cités, des rois, des tribunaux, des arts : ils savent cultiver la terre, construire des vaisseaux, sculpter le bois et la pierre, fondre et ciseler les métaux : ils aiment d’instinct tout ce qui fait le charme et l’ornement de la vie, la poésie, la danse, l’harmonie des instruments, et l’harmonie plus douce encore de la parole éloquente. […] Ils sont venus de tous les cantons de la Grèce et des îles, tous hardis pirates ou bons et roides champions de terre ferme 2, pauvres pour la plupart et habitués à demander au pillage des richesses qu’un sol avare leur refuse. […] partons, fuyons vers la terre aimée de la patrie ; car jamais nous ne saurions prendre Ilion aux larges rues. » Ce discours était éloquent, trop éloquent même, car il dépassa le but que l’orateur voulait atteindre. […] Un manœuvre attaché à la terre, une machine à produire, un homme qui ne compte pas, qui ne se sent pas, comme disent les Italiens, un contribuable en un mot. […] Interprétés par lui, les orages, les tremblements de terre, les éclipses, les apparitions de comètes sont tantôt des avertissements sinistres, tantôt des présages rassurants, tantôt des phénomènes naturels, auxquels il ne faut attacher aucun sens, ni fâcheux, ni favorable.

109. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Ce sont, 1°. la culture des terres par rapport aux moissons ; 2°. la culture des arbres et de la vigne ; 3°. le soin des grands et des petits troupeaux ; 4°. […] Il faut couvrir de terre, Engraisser de fumier le lit qui les resserre. […] tous ces corps dans la terre engloutis, Disparus à nos yeux, sont-ils anéantis ? […] Veut-il dire qu’il faut labourer au printemps, et donner quatre labours à une terre ? […] Marchons, et dans son sein rejetons cette guerre Que sa fureur envoie aux deux bouts de la terre.

110. (1873) Principes de rhétorique française

N’allez pas des l’abord, sur Pégase monté, Crier à vos lecteurs d’une voix de tonnerre : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre Que produira l’auteur après tous ces grands cris ? […] C’est le jeune Anacharsis qui parle : Je vis alors cet Alexandre qui depuis a rempli la terre d’admiration et de deuil. […] De Thou dit à propos de la mort de Coligny : Comme si l’on eût voulu que tous les éléments prissent part à son supplice, il fut tué sur la terre, jeté dans l’eau, exposé au feu et pendu dans l’air. […] Un moraliste chagrin veut établir que l’homme ne saurait être heureux sur la terre, et il le prouve en montrant combien sont fragiles, passagers et capricieux les plaisirs des sens et les biens qui viennent des hommes et du monde. […] De même au fieu de : Si le soleil et la terre pouvaient parler ; ils repondraient ; Louis Racine a dit dans une figure très-vive : Répondez, cieux et mers, et vous, terre, parlez !

111. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Passant rapidement en revue les grands hommes, qui, dans les armées de terre et de mer, dans la diplomatie, dans les lettres et dans les arts, illustrent le présent règne, il dira que jamais plus riche matière ne fut offerte à un historien. […] La France est engagée d’honneur à conserver la terre arrosée du sang de ses soldats. […] La campagne a ses hobereaux oisifs, ignorants, querelleurs, impertinents, inutiles à la patrie et à eux-mêmes, occupés toute leur vie de leurs parchemins et de leurs terres. Le paysan, noir, livide et tout brûlé du soleil, fouille et remue la terre avec une opiniâtreté invincible, il se retire la nuit dans une tanière où il vit de pain noir, d’eau et de racine. […] L’amiral Byng, attaqué dans les eaux de Minorque, a subi une irréparable défaite ; notre armée de débarquement a pu prendre terre et Porte-Mahon qui passait pour imprenable a été enlevé d’assaut par les soldats de Votre Majesté.

112. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre III. Du genre épique » pp. 207-250

Par le merveilleux, le poète nous transporte de la terre au ciel, du ciel aux enfers ; il remue tous les ressorts connus ; il s’empare de tout ce qui est excellent, et le fait entrer ou comme partie, ou comme embellissement dans l’édifice qu’il construit ; il nous donne partout des idées neuves, sublimes, qui agrandissent l’âme et la font jouir avec joie de ses acquisitions. […] Jéhovah est celui qui est ; le ciel est sa demeure ; la terre est l’appui de ses pieds. Il règne dans l’éternité et au delà ; il suspend à ses doigts la masse de la terre, et pèse dans sa balance les montagnes et les collines. […] C’est d’abord la Vierge Mère qui est toute-puissante auprès de son divin Fils, et dont l’âme est profondément émue par le spectacle des misères qui accablent ses enfants de la terre. […] N’allez pas dès l’abord sur Pégase monté Crier à vos lecteurs d’une voix de tonnerre : Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre.

113. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Nous disons ordinairement, parce qu’on y voit quelquefois des végétaux ou des êtres dépourvus de toute espèce de vie : tels sont le Chêne, le Roseau, le Pot de terre, le Pot de fer. […] L’innocence et la paix régneront sur la terre ;         Et les dieux apaisés Oublieront pour jamais l’usage du tonnerre. […] Voici cette pièce : De la dépouille de nos bois L’automne avait jonché la terre. […] Lirez-vous sans rougir de honte Que notre impiété surmonte Les faits les plus audacieux Et les plus dignes du tonnerre, Qui firent jamais à la terre Sentir la colère des cieux ? […]         Les cieux croulent, la mer gémit,         La foudre part, l’aquilon vole,         La terre en silence frémit.

114. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre premier. Division générale. »

Mais autant les hommes de génie sont rares, autant l’inspiration du ciel visite rarement l’homme de génie lui-même ; il a ses moments d’enthousiasme, comme le volcan ses éruptions flamboyantes ; puis il retombe dans le silence et l’obscurité, comme s’il était consumé par ses propres efforts : Ainsi, quand l’aigle du tonnerre Enlevait Ganymède aux cieux, L’enfant, s’attachant à la terre, Luttait contre l’oiseau des dieux ; Mais entre ses serres rapides L’aigle, pressant ses flânes timides, L’arrachait aux champs paternels, Et, sourd à la voix qui l’implore, Il le jetait, tremblant encore, Jusques aux pieds des immortels. […] Flamme capricieuse et vagabonde, elle aime les espaces sans bornes qui séparent le ciel de la terre ; là, comme un météore changeant, elle fascine nos regards, nous étonne, nous enchante, nous éblouit. […] Le poète inspiré a comme une révélation mystérieuse et intime de la beauté infinie ; il s’échauffe par l’admiration qu’il conçoit pour elle ; il cherche à la réaliser dans son œuvre, à la faire descendre du ciel sur la terre : il ne réussit jamais qu’imparfaitement, car ses forces sont bornées, et le fini ne peut jamais contenir l’infini ; mais il parvient, comme Prométhée, à dérober quelques rayons de cette flamme céleste, idéal de ses rêves ; il les communique aux mortels ravis, qui, en reconnaissance, lui décernent l’immortalité.

115. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Bruyère. (1646-1696.) » pp. 91-100

Ni les troubles, Zénobie 1, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice : l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient le bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues2 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer, à ceux qui voyagent vers l’Arabie3, de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez de le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants. […] Et comme Démophile le fait voler, le voilà dans le cœur du royaume : il entend déjà sonner le beffroi des villes et crier à l’alarme ; il songe à son bien et à ses terres. […] Est-ce là toute cette science que les hommes publient et qui vous fait révérer de toute la terre ?

116. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Compter les astres dans le ciel, chercher dans les entrailles de la terre l’histoire de notre globe et de ses antiques révolutions, dompter les puissances de la nature et les soumettre à notre usage ou à l’utilité de nos arts, c’est une grande chose, assurément, et notre âme même y trouve un témoignage authentique de sa supériorité, puisque c’est par elle que la science connaît l’univers et s’en empare. […] Tant qu’il y aura des hommes sur la terre, ils voudront savoir d’où ils viennent et où ils vont ; ils mettront donc au premier rang la religion et la philosophie.

117. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Marc Girardin Né en 1801 » pp. 275-278

Qui me dira, quand j’entre dans une salle de spectacle, au cinquième acte d’un drame, et que je vois l’héroïne en proie à une sorte de frénésie convulsive, quand j’entends ses cris et ses sanglots, quand elle se tord les mains et souvent se roule à terre, qui me dira si c’est l’amour, la colère ou la douleur qui la pousse à cet excès ? […] « C’est pourquoi nous ne craindrons point, quand même la terre se bouleverserait, quand les montagnes se renverseraient dans la mer ; « Quand ses eaux viendraient à bruire et à se troubler, quand les montagnes seraient ébranlées par la force de ses vagues ; « Car l’Éternel des armées est avec nous ; le Dieu de Jacob nous est une haute retraite1. » Où donc est la tempête2 ?

118. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Cet accusateur avait dit d’abord que Roscius le père possédait de très belles terres, et qu’il laissait résider son fils dans ces terres pour les administrer. […] Aristote prouve ainsi que le centre de la terre est le centre du monde : La nature des choses pesantes est de tendre au centre du monde ; or l’expérience nous fait voir que les choses pesantes tendent au centre de la terre ; donc le centre de la terre est le centre du monde. […] En supposant que le centre de la terre est le centre du monde, c’est-à-dire en supposant pour vrai ce qui est en question. […]   Maintenant, ô rois, apprenez ; instruisez-vous, juges de la terre. […] Mais entre savoir et faire, il y a la différence de la terre au ciel, et c’est avec son cœur qu’on franchit cette distance.

119. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Louis XIV, 1638-1715 » pp. 146-149

De là partent les ordres qui font aller de concert les magistrats et les capitaines, les citoyens et les soldats, les provinces et les armées par mer et par terre. […] Rapprochez du testament de Louis XIV ce fragment de l’Oraison funèbre que lui consacra Massillon : « Dieu seul est grand, mes frères, et dans ces derniers moments surtout, où il préside à la mort des rois de la terre : plus leur gloire et leur puissance ont éclaté, plus, en s’évanouissant alors, elles rendent hommage à sa grandeur suprême : Dieu parait tout ce qu’il est ; et l’homme n’est plus rien de tout ce qu’il croyait être.

120. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

Pour dire que l’homme vertueux n’a rien à redouter sur la terre, Racine fait ainsi parler Joab : Celui qui met un frein à la fureur des flots, Sait aussi des méchants arrêter les complots. […] D’ailleurs, ils s’emploient rarement seuls ; ils sont presque toujours entremêlés avec d’autres de différentes mesures : Ta justice paraît, de feux étincelante ;     Et la terre tremblante     S’arrête à ton aspect. […] : J’ai vu l’impie adoré sur la terre ; Pareil au cèdre il cachait dans les cieux         Son front audacieux. […] Pour vous l’amante de Céphale Enrichit Flore de ses pleurs Le zéphyr cueille sur les fleurs Les parfums que la terre exhale. […] ; Le roi des cieux et de la terre Descend au milieu des éclairs : Sa voix, comme un bruyant tonnerre, S’est fait entendre dans les airs.

121. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

quelle force invincible et accablante des témoingnages rendus successivement et pendant trois siècles entiers par des millions de personnes les plus sages, les plus modérées qui fussent alors sur la terre, et que le sentiment d’une même vérité soutient dans l’exil, dans les fers, contre la vue de la mort et du dernier supplice ! […] Zénobie ou la vanité de la magnificence Ni les troubles, Zénobie 2, qui agitent votre empire, ni la guerre que vous soutenez virilement contre une nation puissante depuis la mort du roi votre époux, ne diminuent rien de votre magnificence : vous avez préféré à toute autre contrée les rives de l’Euphrate pour y élever un superbe édifice ; l’air y est sain et tempéré, la situation en est riante ; un bois sacré l’ombrage du côté du couchant ; les dieux de Syrie, qui habitent quelquefois la terre, n’y auraient pu choisir une plus belle demeure ; la campagne autour est couverte d’hommes qui taillent et qui coupent, qui vont et qui viennent, qui roulent ou qui charrient du bois du Liban, l’airain et le porphyre ; les grues3 et les machines gémissent dans l’air, et font espérer à ceux qui voyagent vers l’Arabie de revoir à leur retour en leurs foyers ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez le porter, avant de l’habiter vous et les princes vos enfants. […] Bossuet a dit : « Ces terres et ces seigneuries qu’il avait ramassées comme une province, avec tant de soins et de travail, se partageront en plusieurs mains, et tous ceux qui verront ce grand changement diront, en levant les épaules et en regardant avec étonnement les restes de cette fortune ruinée : Est-ce là que devait aboutir toute cette grandeur formidable au monde ? Est-ce là ce grand arbre dont l’ombre couvrait toute la terre ? […] Est-ce là ce fleuve impétueux qui semblait devoir inonder toute la terre ?

122. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre III. De la partie oratoire dans les Historiens anciens. Historiens grecs. »

si tu as une si grande envie d’éprouver les forces contre celles des Massagètes, ne te donne pas tant de peine pour construire un pont ; nous nous retirerons à trois journées du fleuve, afin que tu puisses passer sur nos terres ; ou, si tu aimes mieux nous recevoir sur les tiennes, fais ce que nous te proposons de faire nous-mêmes ». […] » Ce n’est pas seulement une armée de mer, une armée faible, qu’il faut conduire contre une telle puissance ; il faut aussi des troupes de terre considérables, si nous voulons que l’exécution réponde au projet, et qu’une forte cavalerie ne nous arrête pas au débarquement. — Quelle honte pour nous, Athéniens, si nous étions contraints de nous retirer, ou de faire revenir des troupes, pour avoir mal calculé les obstacles, et mal pris nos mesures ! […] Fatigués, la terre est leur lit ; le premier met que le hasard leur présente, est celui qui les rassasie ; et les nuits sont toujours plus longues que leur sommeil : et tu pourrais croire que des frondes et des lances durcies au feu feront reculer devant toi cette fameuse cavalerie composée de l’élite des Thessaliens, des Arcananiens, des Œtoliens ! […] À nos amis, nous donnons les fruits de la terre, produits par le travail de nos bœufs, etc

123. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Les éléments, le feu, l’air, et la terre, et l’eau, Enfoncés, entassés, ne faisaient qu’un monceau, Une confusion, une masse sans forme, Un désordre, un chaos, une cohue énorme : Unus erat toto naturœ vultus in orbe Quem Grœci dixere chaos, rudis indigestaque moles 3. […] L’un, tout esprit et tout céleste, Veut qu’au ciel sans cesse attaché, Et des biens éternels touché, Je compte pour rien tout le reste ; Et l’autre, par son poids funeste, Me tient vers la terre penché. […] L’Écriture appelle la terre une vallée de larmes. […] Imparfait ou déchu, l’homme est le grand mystère Dans la prison des sens, enchaîné sur la terre, Esclave, il sent un cœur né pour la liberté ; Malheureux, il aspire à la félicité ; Il veut sonder le monde, et son œil est débile ; Il veut aimer toujours : ce qu’il aime est fragile.

124. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Je puis croire qu’ils ne le détruiraient pas de leurs propres mains ; mais ils ne le relèveraient pas sans doute s’il était à terre. […] « Monsieur, me dit-il, j’habite ici une terre étrangère, et je n’y connais personne. […] Elle ne s’est pas montrée plus sage que tous les autres États de la terre en un jour, mais continuellement ; elle a soutenu une petite, une médiocre, une grande fortune avec la même supériorité, et n’a point eu de prospérités dont elle n’ait profité, ni de malheurs dont elle ne se soit servie. […] Les affranchis et ceux qu’on appelait capite censi, parce que, ayant très-peu de bien, ils n’étaient taxés que pour leur tête, ne furent point d’abord enrôlés dans la milice de terre, excepté dans les cas pressants.

125. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VI. des mœurs  » pp. 75-88

Puis, par intervalles, surgiront des phénomènes irréguliers, au moins en apparence, qui vous pénétreront d’amour ou d’effroi : ici des vallées de Tempé ou de Campan, des îles Borromées, des oasis au milieu des sables : là des volcans, des avalanches, des cataractes, les tempêtes des flots et les tremblements de la terre. […] Enfin, à ces deux grands caractères généraux, éthique et pathétique, encore une fois qu’on me passe ces mots, viendra se joindre la prodigieuse diversité des climats et des produits, qui donnera à chaque coin de terre, à chaque subdivision des eaux, aux animaux, aux plantes, selon les lieux et les saisons différentes, aux métaux même et aux minéraux façonnés par la main de la nature ou de l’homme, une physionomie sui generis, une couleur locale, féconde en idées neuves pour celui qui observe longtemps avant de prendre la plume. […] Cousin aux auditeurs de son Cours d’histoire de la philosophie, quel est celui de vous qui pense que les lieux, la terre qu’il habite, l’air qu’il respire, les montagnes ou les fleuves qui l’avoisinent, le climat, le chaud, le froid, toutes les impressions qui en résultent, en un mot, que le monde extérieur lui est indifférent et n’exerce sur lui aucune influence ?

126. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre III. — Disposition »

Ulysse se lève et, après avoir tenu quelque temps ses yeux fixés sur la terre, il les porte sur les juges : « Ô Grecs, dit-il, si vos vœux et les miens avaient été exaucés, l’héritier de ces armes ne serait pas incertain ; tu posséderais tes armes, Achille, et nous, nous te posséderions encore ! […] Mais il se trouva par terre, parmi ces milliers de morts dont l’Espagne sent encore la perte. […] Son ombre eût pu encore gagner des batailles : et voilà que dans son silence son nom même nous anime ; et ensemble il nous avertit que, pour trouver à la mort quelque reste de nos travaux, et n’arriver pas sans ressource à notre éternelle demeure, avec le Roi de la terre, il faut encore servir le Roi du Ciel. » Servez donc ce Roi immortel et si plein de miséricorde, qui vous comptera un soupir et un verre d’eau donné en son nom, plus que tous les autres ne feront jamais tout voire sang répandu ; et commencez à compter le temps de vos utiles services du jour que vous vous serez donnés à un maître si bienfaisant.

127. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Maillet, qui a une ambition que tous les lauriers du Parnasse ne couronneraient pas assez, et une modération que le suffrage d’un enfant contenterait ; qui donnerait tous les biens de ce monde, quoique occupé de ceux de l’autre, pour une louange, et toutes les louanges de la terre pour une des vôtres, ou pour un moment de votre bienveillance et de votre attention ; M. […] En attendant que celle-ci prenne le dessus, agréez les assurances de l’estime d’un homme qui ne pourra jamais vous oublier, et qui sent plus vivement tout ce que vous valez depuis qu’il y a sur la terre moins de cœurs pour vous aimer1. […] « Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.

128. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

O terre ! ô terre ! […] Dans l’azur sans limite où la terre se noie, Guettant les cœurs humains comme l’autour sa proie, Il flotte implacable et serein.

129. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Au-dehors, la vertu d’un héros a, sur terre et sur mer, rétabli partout la paix. […] Le fleuve Chrysas, qui coule sur les terres d’Assore, passe chez eux pour un dieu, et il est le principal objet de leur culte. […] Personne ne pouvait seulement soupçonner que vous eussiez en Italie des terres voisines de la mer, et que vous achetiez un vaisseau pour le transport de vos récoltes. […] Quant aux laboureurs des terres publiques, il est réglé par les censeurs ce qu’ils doivent fournir. […] Servilius, citoyen romain, ancien négociant dans la ville de Palerme, ait été jeté par terre devant votre tribunal, à vos pieds, à force de coups de verges ?

130. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Malherbe. (1555-1628.) » pp. 160-164

C’est un point arrêté, que tout ce que nous sommes, Issus de pères rois et de pères bergers1, La parque également sous la tombe nous serre : Et les mieux établis au repos de la terre         N’y sont qu’hôtes et passagers. […] Son front avait une audace Telle que Mars en la Thrace ; Et les éclairs de ses yeux Etaient comme d’un tonnerre Qui gronde contre la terre Quand elle a fâché les cieux.

131. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section I. De l’Art d’écrire correctement. — Chapitre I. De la nature des mots. » pp. 11-86

Mânes des grands Bourbons, brillants foudres de guerre, Qui fûtes et l’exemple et l’effroi de la terre, etc. […] Mais on dira fort bien : des exhortations amicales ; les terres australes ; les règles grammaticales ; des richesses idéales. […] Vertu, honneurs, terres, bois, sont objets, parce qu’ils sont les termes de ces actions, puisque c’est à eux qu’elles se terminent. […] Ce temps marque un présent par rapport à l’action de commander, et un futur par rapport à la chose commandée : = soyez soumis aux puissances de la terre, veut dire ; vous serez soumis, etc. […] Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille.

132. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

La terre, oui, la terre entière est la tombe des grands hommes, et ce n’est pas seulement dans leur patrie que des colonnes et des inscriptions publient leur gloire : gravé dans tous les cœurs, bien mieux que sur la pierre, leur nom pénètre jusque dans les contrées étrangères.

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