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2. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Il dut pourtant passer aussi par le collége de Guienne, à Bordeaux, « comme ces latineurs qu’on tient quatre ou cinq ans à entendre des mots, et à les coudre en clauses ». […] Le bon pere que Dieu me donna, qui n’a de moy que la recognoissance de sa bonté, mais certes bien gaillarde2, m’envoya, dez le berceau, nourrir à un pauvre village des siens3, et m’y tint autant que je feus en nourrice, et encores au delà ; me dressant à la plus basse et commune façon de vivre : magna pars libertatis est bene moratus venter 4. […] Son humeur visoit encores à une aultre fin : de me rallier avecques le peuple et cette condition d’hommes qui a besoing de nostre ayde ; et estimoit que je feusse tenu de regarder plustost vers celuy qui me tend les bras que vers celuy qui me tourne le dos : et feut cette raison pour quoy5 aussi il me donna à tenir sur les fonts6 à des personnes de la plus abjecte fortune, pour m’y obliger et attacher. […] Outre que je prends ainsi de l’exercice, je tiens les visiteurs loin de moi. […] Il revient à sa comparaison des aiguilles aimantées qui se tiennent les unes les autres.

3. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre IV. Quatrième espèce de mots.  » pp. 12-15

. — Le Pronom est un mot qui tient la place du nom. […] 39. — Les pronoms il, elle, ils, elles, doivent toujours être du même genre et du même nombre que le nom dont ils tiennent la place : ainsi, en parlant de la tête, dites : elle me fait mal ; elle, parce que ce pronom se rapporte à tête, qui est du féminin et au singulier ; et en parlant de plusieurs jardins, dites : ils sont beaux ; ils, parce que ce pronom se rapporte à jardins, qui est du masculin et au pluriel. […] La Tienne. […] Les Tiens. Les Tiennes.

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Diderot, 1713-1784 » pp. 303-312

Le président se répandait1 beaucoup, allait partout, voyait tout, interrogeait, causait, et le soir tenait registre des observations qu’il avait faites. […] Un mot inconsidéré sur le gouvernement coûte la tête, et vous en avez déjà tenu plus de mille. Les inquisiteurs d’État ont les yeux ouverts sur votre conduite ; on vous épie, on suit tous vos pas, on tient note de tous vos projets ; on ne doute point que vous n’écriviez. […] Il est impossible que ma tête se repose où1 elle ne tient qu’à un fil. — Mais qu’est-ce que cet homme qui vient si généreusement s’exposer au plus grand péril pour vous en garantir ? […] Il avait ordonné qu’on tînt sa chaise prête, il monta dedans et partit la nuit même, sans dire adieu à son compagnon de voyage.

5. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XI. Poésies fugitives. »

Quand il s’agit de mettre une œuvre au jour,                                  Refrain : Promettre est un, et tenir est un autre. […] Ô vous, l’honneur de ce mortel séjour, Ce n’est pas d’hui que ce proverbe court ; On ne l’a fait de mon temps ni du vôtre : Trop bien savez qu’en langage de cour Promettre est un, et tenir est un autre. […] Je hais des bouts-rimés le puéril…………. fatras, Et tiens qu’il vaudrait mieux filer une…… quenouille. […] Vous m’assommez l’esprit avec un gros…. plâtras ; Et je tiens heureux ceux qui sont morts à… Coutras, Voyant tout le papier qu’en sonnets on…… barbouille. […] Tenez-vous…... guilleret.

6. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Voltaire, 1694-1778 » pp. 158-174

Mes yeux sont enfoncés de trois pouces ; mes joues sont du vieux parchemin mal collé sur des os qui ne tiennent à rien. […] Je me tiens très-philosophe sur cette affaire. […] Oui, la langueur d’un repos trop prolongé eût été pour lui une souffrance ; même à Ferney, il tenait une sorte de cour, dont l’animation excitait sa verve, par le désir de plaire, et d’entretenir sa renommée européenne. […] Le 19 juin, Voltaire crivait à la même personne : « Quand les gens de mon village ont vu Pigalle déployer quelques instruments de son art : « Tiens, tiens, disaient-ils, on va le disséquer : cela sera drôle. » 2. […] Voltaire n’a pas toujours tenu un langage aussi sensé ; mais au moins faut-il reconnaître que, dans ses bons moments, il crut à un Dieu créateur et Providence.

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Saint-Simon, 1675-1755 » pp. 223-233

Ceux-ci se tenaient aussi tenaces en place que les plus touchés en garde contre l’opinion, contre la curiosité, contre leur satisfaction, contre leurs mouvements ; mais leurs yeux suppléaient au peu d’agitation de leur corps. Des changements de posture, comme des gens peu assis ou mal debout ; un certain soin de s’éviter les uns les autres, même de se rencontrer des yeux ; les accidents momentanés qui arrivaient de ces rencontres ; un je ne sais quoi de plus libre en toute la personne, à travers le soin de se tenir et de se composer ; un vif, une sorte d’étincelant autour d’eux les distinguaient malgré qu’ils en eussent. […] Elle lui répondit bien naturellement que, sans comédie, la pitié et le spectacle la touchaient, et la bienséance la contenait, et rien de plus ; et en effet elle se tint dans ces bornes-là avec vérité et avec décence. […] C’est ce talent si rare, et qu’il avait au dernier degré, qui lui tint tous ses amis si entièrement attachés toute sa vie, malgré sa chute, et qui, dans leur dispersion, les réunissait pour se parler de lui, pour le regretter, pour le désirer, pour se tenir de plus en plus à lui, comme les Juifs pour Jérusalem, et soupirer après son retour, et l’espérer toujours, comme ce malheureux peuple attend encore et soupire après le Messie1 1. […] Je lui attribue de l’élévation, non qu’il se porte et qu’il se tienne jamais très-haut, mais parce qu’il ne touche presque jamais la terre.

8. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Un peuple, après avoir tenu longtemps avec honneur le sceptre de sa destinée, a perdu peu à peu le sens des grandes choses, il n’a plus su croire, ni délibérer, ni se dévouer. […] La curiosité seule tiendra la haine immobile, et l’audace même touchera ceux qui ne voudraient pas être touchés ; la France a un instinct de l’honneur qui la charme partout où elle en trouve l’ombre. […] L’intégrité du caractère Fragment de lettre 1 Je tiens par-dessus tout à l’intégrité du caractère ; plus je vois les hommes en manquer et faillir ainsi à la religion qu’ils représentent, plus je veux, avec la grâce de celui qui tient les cœurs dans sa main, me tenir pur de tout ce qui peut compromettre ou affaiblir en moi l’honneur du chrétien. […] — Tenez, reprit-il en riant, vous aimez les observations morales. […] Les discours que l’on y tient sont-ils propres à inspirer l’amour de la vertu ?

9. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

… Joins une ombre à la tienne ! […] Brute tient sa vengeance, et diffère à punir ! […] Je ne diffère, ami, que pour mieux la tenir. […] La grandeur du danger tenait l’âme en haleine. […] Écoute cependant, et tiens mieux ta parole.

10. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Le Sage 1668-1747 » pp. 139-143

Vous voyez dans ce jeune gentilhomme la huitième merveille du monde4 » Puis, se tournant de mon côté, et me jetant les bras5 au cou : « Excusez mes transports, ajouta-t-il ; je ne suis point maître de la joie que votre présence me cause » Je ne pus lui répondre sur-le-champ, parce qu’il me tenait si serré, que je n’avais pas la respiration libre ; et ce ne fut qu’après que j’eus la tête dégagée de l’embrassade, que je lui dis :« Seigneur cavalier, je ne croyais pas mon nom connu à Pennaflor. — Comment, connu ! reprit-il sur le même ton : nous tenons registre de tous les grands personnages qui sont à vingt lieues à la ronde. […] Je n’ai pas grand appétit, poursuivit-il ; je vais me mettre à table pour vous tenir compagnie seulement, et je mangerai quelques morceaux par complaisance. » En parlant ainsi, mon panégyriste s’assit vis-à-vis de moi. […] Faire raison veut dire tenir tête, … m’excitait à boire avec lui.

11. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Rome même entendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra bien plus honorée d’une lettre du style de Paul, adressée à ses concitoyens, que de tant de fameuses harangues qu’elle a entendues de son Cicéron. […] Celui-là seul tient tout en sa main, qui sait le nom de ce qui est et de ce qui n’est pas encore3, qui préside à tous les temps et prévient tous les conseils. […] On voyait bien qu’elle ne pouvait avoir perdu sa lumière par l’approche du soleil qui l’éclairait ; mais un petit astre cédait au grand, une petite lumière se confondait avec la grande ; et la place du croissant ne parut plus dans le ciel, où il tenait auparavant un si beau rang parmi les étoiles. […] Étant éloigné de cet animal, vous voyez sa tête, ses pieds et son corps ; quand vous approchez pour le prendre, vous ne trouvez plus qu’une boule ; et celui que vous découvriez de loin tout entier, vous le perdez tout à coup, aussitôt que vous le tenez dans vos mains. […] Alors ils pouvaient dire l’un et l’autre, avec saint Ambroise2 : Stringebam brachia, sed jam amiseram quam tenebam , je serrais les bras, mais j’avais déjà perdu ce que je tenais.

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Combien de ces classiques précoces qui ne tiennent pas, et qui ne le sont que pour un temps ! […] Voltaire y passerait, mais tout en s’y plaisant, il n’aurait pas la patience de s’y tenir. […] Je ne veux point continuer ici plus longtemps cette description qui, si elle était complète, tiendrait tout un livre. […] On s’en tient à ses amis, à ceux qu’un long commerce a éprouvés. […] Ne nous figeons pas ; tenons nos esprits vivants et fluides.

13. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

Une infinité de gens ne se tinrent-ils pas enfermés dans des caves ? […] Les magistrats que le roi envoya tenir les grands jours3 en quelques provinces le connurent dans leur voyage, et sentirent bientôt que son génie et ses talents étaient trop à l’étroit sur un si petit théâtre. […] Il ne semble pas qu’un homme seul y puisse suffire, ni par la quantité des choses dont il faut être instruit, ni par celles des vues qu’il faut suivre, ni par l’application qu’il faut apporter, ni par la variété des conduites qu’il faut tenir et des caractères qu’il faut prendre : mais la voix publique répondra si M. d’Argenson a suffi à tout. […] si l’on a bien cru que les dieux aient pu tenir les discours que vous leur avez fait tenir, pourquoi ne croira-t-on pas que les bêtes aient parlé de la manière dont je les ai fait parler ?

14. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre VI. Sixième espèce de mots.  » pp. 38-40

. — Le Participe est un mot qui tient du verbe et de l’adjectif, comme aimant, aimé : il tient du verbe, en ce qu’il en a la signification et le régime : aimant Dieu, aimé de Dieu ; il tient aussi de l’adjectif, en ce qu’il qualifie une personne ou une chose, c’est-à-dire qu’il en marque la qualité.

15. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

(Elle tient un balai.) […] Tenez, voilà pour « Mon gentilhomme ». […] Tenez, voilà ce que Monseigneur vous donne. […] Tenez, voilà pour Ma Grandeur. […] Il fallut lui couper le bras, qui ne tenait presque à rien.

16. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

L’arbre tient bon ; le roseau plie. […] Tient…à peu de gloire. Analôgue à l’expression : tient à honneur. […] et grand bien fasse aux ciceroni qui vous enseigneront ce qu’ils ne savent pas, aux oies enfin qui tiendront le bâton qui vous sert de monture !  […] — C’est moi qu’il faut remercier, dites-vous, car c’est moi qui suis le cocher, et qui tiens le fouet. — J’entends.

17. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

L’âme, guide du corps, doit en tenir les rênes. […] peut-on y tenir ? […] Tiens tes ciseaux avec ta chaîne de laiton. […] Je tiens leur culte impie. […] Et je le tiens funeste.

18. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

« Souvenez-vous, messieurs, dit-il, de ce temps de désordres et de trouble, où l’esprit ténébreux de discorde confondait le devoir avec la passion, le droit avec l’intérêt, la bonne cause avec la mauvaise : où les astres les plus brillants souffrirent presque tous quelque éclipse, et les plus fidèles sujets se virent entraînés malgré eux par le torrent des partis, comme ces pilotes qui se trouvent surpris de l’orage en pleine mer, sont contraints de quitter la route qu’ils veulent tenir, et de s’abandonner pour un temps au gré des vents et de la tempête. […] Ici donc, et à quatre attaques différentes, on vit tout ce qu’on peut soutenir et entreprendre à la guerre. — Voyez comme tout s’ébranle : Philipsbourg est aux abois en dix jours, malgré l’hiver qui approche : Philipsbourg qui tint si longtemps le Rhin captif sous nos lois, et dont le plus grand des rois a si glorieusement réparé la perte ; Worms, Spire, Mayence, Landau, vingt autres places de nom ouvrent leurs portes ; Merci ne peut les défendre, et ne paraît plus devant son vainqueur : ce n’est pas assez, il faut qu’il tombe à ses pieds, digne victime de sa valeur ; Nordlingue en verra la chute : il y sera décidé qu’on ne tient non plus devant les Français en Allemagne qu’en Flandre ». […] En vain les peuples s’empressaient pour le voir ; en vain sa seule présence, sans train et sans suite, faisait sur les âmes cette impression presque divine qui attire tant de respect, et qui est le fruit le plus doux et le plus innocent de la vertu héroïque : toutes ces choses, si propres à faire rentrer un homme en lui-même par une vanité raffinée, ou à le faire répandre au dehors par l’agitation d’une vanité moins réglée, n’altéraient en aucune manière la situation tranquille de son âme ; et il ne tenait pas à lui qu’on n’oubliât ses victoires et ses triomphes ».

19. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Étant éloigné de cet animal, vous voyez sa tête, ses pieds et son corps ; quand vous approchez pour le prendre, vous ne trouvez plus qu’une boule ; et celui que vous découvriez de loin tout entier, vous le perdez tout à coup, aussitôt que vous le tenez dans vos mains. […] Maintenant vous placez mal les paroles : alors vous placerez mal les choses ; vous récompenserez au lieu de punir ; vous punirez quand il faudra récompenser ; enfin vous ferez tout sans ordre, si vous ne vous accoutumez dès votre enfance à tenir votre esprit attentif, à régler ses mouvements vagues et incertains, et à penser sérieusement en vous-mêmes à ce que vous avez à faire. […] Vous savez, ô Dieu vivant, que le zèle ardent qui m’anime pour le service de mon roi me fait tenir à honneur d’annoncer votre Évangile à ce grand monarque, digne de n’entendre que de grandes choses, digne, par l’amour1 qu’il a pour la vérité, de n’être jamais déçu. […] Si je monte au ciel, vous y êtes ; si je me jette au fond des enfers, je vous y trouve ; si je me lève le matin, et que j’aille me retirer sur les mers les plus éloignées, c’est votre main qui me mène là ; et votre main droite me tient. […] Rome même entendra sa voix ; et un jour cette ville maîtresse se tiendra bien plus honorée d’une lettre du style de Paul, adressée à ses concitoyens, que de tant de fameuses harangues qu’elle a entendues de son Cicéron.

20. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Il nous suffira de dire que la main de Napoléon a tenu la plume comme l’épée. […] Je pouvais faire prisonnière toute l’armée de Votre Majesté ; je me suis contenté d’une suspension d’armes, ayant l’espoir que ce serait un premier pas vers le repos du monde, objet qui me tient d’autant plus à cœur, qu’élevé et nourri par la guerre, on pourrait me soupçonner d’être plus accoutumé aux maux qu’elle entraîne. […] En bon chevalier, je lui ai tenu parole ; je suis au milieu de la Saxe4. […] Je tiendrai à Votre Majesté le même langage que j’ai tenu à l’empereur Alexandre deux jours avant la bataille d’Austerlitz. […] Cet exil sur un écueil solitaire en face du géant Adamastor, cette agonie de Prométhée, tiennent de la mythologie plus que de l’histoire.

21. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre premier. Apologie de Socrate par Platon. »

Il faut donc nous en tenir à l’idée du philosophe grec ; et, en la renfermant dans ses bornes naturelles, nous verrons que Platon n’a rien dit de trop, et que cette diction presque poétique est le plus ordinairement celle du genre d’éloquence qui nous occupe pour le moment ; et c’est Platon lui-même qui va nous le prouver. […] Peut-être eût-il fallu s’en tenir là, et passer immédiatement au morceau sublime qui termine ce beau discours. […] Il lui apprend qu’il a gagné les gardes, que tout est prêt, et qu’il ne tient qu’à lui d’échapper à ses persécuteurs. […] Les discours de Socrate, dans le Phédon, seraient admirables partout, mais le sont plus encore là où ils se trouvent ; car si Platon les a écrits, il n’est pas douteux que Socrate les a tenus : et il ne paraît pas qu’il ait été donné à aucun homme de voir plus loin par ses propres lumières, ni de monter plus haut par l’essor de son âme.

22. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Il tient sans doute aux sentiments et aux pensées qui s’y trouvent ; mais le choix des expressions et l’harmonie du style y ont une grande part. […] L’élégance du style tient de près à la noblesse ; c’est ce tour gracieux et poli que l’on donne à la pensée, et qui la rend agréable. […] La délicatesse dans le style est comme la finesse de la sensibilité ; car si la finesse tient à l’esprit, la délicatesse tient au cœur. […] Louis est comparé à la fois à Jupiter qui tient la foudre, à un lion, à Hercule terrassant l’hydre de Lerne. […] Par la suspension, on tient le lecteur ou l’auditeur dans l’incertitude, pour exciter sa curiosité et lui montrer autre chose que ce qu’il attendait.

23. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Tenez, voyez la vostre argent. […] Le corps qui le touche et luy est conioinct ne le peust tenir ni arrester. […] Tu as pour cecy Horace qui, selon Quintilian, tient le premier lieu entre les Satyriques. […] Tenez, en voilà un. […] Il se tiendra droit sur les ruines qui fondront sous lui.

24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Tenez toujours votre chapeau ainsi, lorsque vous servirez2. […] Qu’il faut nettoyer mon carrosse, et tenir mes chevaux tout prêts pour conduire à la foire… Maître Jacques. […] Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables : je me suis acquis dans les armes l’honneur de six ans de service, et je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable ; mais, avant tout cela, je ne veux pas me donner un nom où d’autres en ma place croiraient pouvoir prétendre, et je vous dirai franchement que je ne suis point gentilhomme1. […] Elle tient son balai. […] Et puis, il tient à son idée, il n’en démordra pas.

25. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Pendant qu’on tient des dieux la jeunesse, on est sage De fêter cette hôtesse au rapide passage. […] Tu me presses en vain ; je veux rester fidèle, Par mon aïeule instruite2, aux mœurs que je tiens d’elle. […] — C’est assez : le temps passe à tenir ces propos ; Quand la langue se meut, la main reste en repos. […] La grandeur du danger tenait l’âme en haleine4, Et nourrissait ainsi la fierté sous la gêne5 ; Le guerrier respirait dans le sujet soumis. […] Je dis qu’il faut régler, par un commun accord, La révolution dont nous tenons le sort.

26. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

En Grèce, nous voyons poindre le drame en même temps que la poésie lyrique et l’épopée ; ces trois genres se tiennent de près à l’origine. […] C’est souvent aussi à la perversité de notre nature que tient le danger du théâtre. […] Les anciens ont rarement employé l’amour comme mobile principal de l’action tragique ; chez les modernes, au contraire, il tient presque toujours la première place. […] Les descriptions ne sont bonnes que quand elles tiennent à l’action et sont amenées par le sentiment. […] Quoique la composition littéraire de l’opéra soit trop souvent sacrifiée à la musique, et qu’elle soit le refuge ordinaire de la médiocrité, l’auteur qui tient à sa gloire ne doit pourtant pas en négliger l’ordonnance et le style.

27. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre V. Cinquième espèce de mots.  » pp. 16-37

Tenir. […] Tenu. […] Je tiens. […] Je tins. […] Tenir, futur, je tiendrai ; venir, je viendrai, courir, je courrai ; cueillir, je cueillerai ; mourir, je mourrai ; acquérir, j’acquerrai.

28. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Voici la glu à quoi tenait l’aile de votre pigeon ; c’est que vos actes de fidélité et vos informations de vie et mœurs n’arrivèrent que le propre jour qu’on tenait le premier chapitre, et par conséquent, trop tard. […] Mais elle ne s’en tient pas là, et elle saura réhausser encore le mérite de ce compliment par excellence. […] Tiens, voilà la clé de mon armoire. […] La mauvaise foi tient seule un autre langage. […] La mineure de l’agneau étant évidente, le loup est confondu ; mais il tient a prouver sa conséquence.

29. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

En voyant ces rochers, partout couronnés de myrtes et d’aloès, et ces palmiers dans les vallées, vous vous croyez au bord du Gange ou sur le Nil, hors qu’il n’y a ni pyramides ni éléphants ; mais les buffles en tiennent lieu, et figurent fort bien parmi les végétaux africains avec le teint des habitants, qui n’est pas non plus de notre monde. […] Toutes les denrées les plus nécessaires à la vie sont également inaccessibles aux Romains, tandis que plusieurs Français, non des plus huppés, tiennent table ouverte à tous venants. […] On peut dire même que ces hommes-là gagnent à mourir, et que leur âme, qu’ils ont mise tout entière dans leurs ouvrages, y paraît plus noble et plus pure, dégagée de ce qu’ils tenaient de l’humanité ; mais vos guerriers1, leurs équipages, leur suite, leurs tambours, leurs trompettes font tout leur être, et, perdant cela, qu’ils vivent ou meurent, les voilà néant2. […] Daunou, envoyé comme commissaire à Rome, écrivait au directeur La Revellière (30 mars 1798) : « Il paraît que vous renoncez à la colonne Trajane ; au fond, ce serait une entreprise extrêmement dispendieuse. » Il ajoutait dans une autre lettre « En général, je vois qu’il est bon de s’en tenir aux trois cent cinquante caisses ; il n’est ni juste ni politique de trop multiplier les enlèvements de cette nature. » (Note du Trésor littéraire.

30. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXIII. des figures. — tropes d’invention et tropes d’usage  » pp. 323-338

Mais quand Racine dit : Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ; quand Corneille crée l’expression que nous avons déjà remarquée : Et tous trois à l’envi s’empressaient ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment ; quand, d’autre part, des hommes de talent se laissent entraîner aux vicieuses métaphores que nous avons signalées plus haut, il est bien évident que ce ne sont plus là des figures de domaine public, dont on ne doit tenir aucun compte à l’écrivain ; elles appartiennent en propre à celui qui les a créées, et peuvent, en conséquence, être étudiées comme formes à imiter ou à fuir. […] Je ne sache pas qu’on ait rendu nettement raison de ce fait, qui tient à la nature même des différentes figures que je viens de nommer. […] Souvent le genre est employé au lieu de l’espèce, et l’espèce au lieu du genre : dans la Fontaine, le quadrupède écume, l’arbre tient bon, pour le lion écume, le chêne tient bon ; au contraire, dans Boileau : Et vit-on, comme lui, les ours et les panthères S’effrayer follement de leurs propres chimères, pour les animaux en général. […] « Nous sommes naturellement portés, dit Quintilien, à exagérer les choses ou à les atténuer ; personne ne se contente de la réalité ; aussi l’hyperbole est-elle un mensonge que l’on pardonne aisément. » On le pardonne, dès qu’on suppose que l’écrivain lui-même est de bonne foi, et parle comme il sent ; ou encore quand tout le monde sait à quoi s’en tenir sur la portée de son expression, ainsi qu’il arrive pour certaines monnaies dont la valeur nominale ne trompe personne sur leur cours réel.

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