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102. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions1 ; c’est une multitude d’âmes ; pour la plupart mercenaires2, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins3 qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la constance. […] Personne n’apprit la mort de M. de Turenne, qui ne crût d’abord l’armée du roi taillée en pièces, nos frontières découvertes, et les ennemis prêts à pénétrer dans le cœur de l’État. […] L’un disait qu’il était aimé de tout le monde sans intérêt ; l’autre, qu’il était parvenu à être admiré sans envie ; un troisième, qu’il était redouté de ses ennemis sans en être haï : mais enfin, ce que le roi sentit sur cette perte, et ce qu’il dit à la gloire de cet illustre mort, est le plus grand et le plus glorieux éloge de sa vertu.

103. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Ésope s’en servait, en Asie, pour instruire les villes et les rois. […] » Disait au roi Pyrrhus un sage confident, Conseiller très sensé d’un roi très imprudent. […] Pour découvrir un peu ce qui se passe en moi, Je m’en vais consulter le médecin du roi : Sans doute il en sait plus que ses doctes confrères. […] Ô temps d’ignominie, où, rois sans diadème, Des brigands parvenus à l’empire suprême, Souillant la liberté d’éloges imposteurs, Immolaient en son nom ses premiers fondateurs ! […] ô mon roi bien-aimé ! 

104. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Athalie, attirée dans le temple par le grand prêtre, tombe dans le piège qui lui était tendu : elle est mise à mort et Joas est reconnu roi : voilà la fin ou le dénouement. […] Elle est héroïque par le caractère de ceux qui la font, quand ce sont des rois, des princes qui agissent ou contre qui on agit : et c’est pour cela que nous insistions tout à l’heure sur le rang des personnages. […] Puis je ne sentis plus ; mais j’entendis des voix Qui disaient : « Portez-les au tombeau de nos rois. » § 74. […] On voit des rois, des princes dans la Partie de chasse de Henri IV par Collé, et dans le Pinto de Lemercier : ces pièces se nomment quelquefois comédies héroïques. […] Dans Inès, le fils d’un roi est marié secrètement avec une fille d’honneur de la reine, tandis que ce roi veut le marier avec la propre fille de cette même reine : dans la parodie, c’est Pierrot, fils d’un bailli, qui est marié secrètement avec la servante de la maison, tandis que son père veut le marier avec la fille de la baillive.

105. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XII. » p. 103

. — Ne pouvant entrer, à propos de ce texte, dans une longue discussion sur les parties d’étendue de la tragédie grecque, je me borne à quelques rapprochements, et je renvoie, pour chacune des six parties, à des exemples pris dans l’Œdipe roi, celle de toutes les tragédies grecques qu’Aristote a citée avec le plus de prédilection. […] IV, p. 314. — Exemple : Sophocle, Œdipe roi, v. 1-150.

106. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

ils existent ces monuments sacrés de l’antique et auguste douleur des premiers temps ; ces modèles achevés des chants religieux consacrés aux grandes infortunes des puissants de la terre ; et eux seuls vont nous donner l’idée et les règles de l’élégie, non point de cette élégie prétendue, qui Flatte, menace, irrite, apaise une maîtresse ; mais de la véritable, de la plaintive élégie, qui sait, les cheveux épars, gémir sur la tombe des princes ou des héros ; sur celle de Saül et de Jonathas, si tendrement pleurés par David, au second livre des Rois, ch.  […] Oui, malgré les clameurs de l’incrédulité, Disais-je, ce tombeau touche à l’éternité ; Et ces rois, maintenant éteints dans la poussière, S’éveilleront un jour rendus à la lumière. Oui, ces restes sans nom que, d’un bras impuissant, Le temps et les mortels poussent vers le néant, Plus que tous les soleils semés dans l’étendue, Fixeront du Très-Haut l’infatigable vue, Jusqu’au jour de colère, où sa tonnante voix Jugera ces brigands et vengera nos rois. […] aux éclats de ta foudre, Quand on croyait des rois voir tressaillir la poudre, Et de leurs descendants chanceler la grandeur, L’avenir t’ouvrait-il sa noire profondeur ? […] Frappé d’un jour nouveau, je vis du haut des cieux Les immortels descendre et planer sur ces lieux : De leurs corps transparents, vêtus de légers voiles, Où l’or parmi l’azur rayonnait en étoiles, Le soleil nuançait l’ondoyante vapeur ; Ils suspendent leur vol ; et, réunis en chœur, Ils chantent à l’envi ces puissantes prières Qui soulagent des morts les peines passagères ; Ils consolent nos rois chassés de leurs tombeaux, Et souhaitent que Dieu pardonne à leurs bourreaux.

107. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Chez les Rois mes voisins, mon cœur humble et confus Ira-t-il s’exposer au hasard d’un refus ; Eux dont j’ai tant de fois avec tant d’insolence Méprisé la recherche et bravé la puissance ? […] Il épouse dimanche au Louvre, avec la permission du Roi, mademoiselle ; mademoiselle de…. mademoiselle ; devinez le nom. Il épouse Mademoiselle ; ma foi, par ma foi, ma foi jurée, Mademoiselle, la grande Mademoiselle, Mademoiselle, fille de feu Monsieur, Mademoiselle, petite-fille de Henry IV, mademoiselle d’Eu, mademoiselle de Dombes, mademoiselle de Montpensier, mademoiselle d’Orléans, Mademoiselle, cousine germaine du Roi ; Mademoiselle, destinée au trône ; Mademoiselle, le seul parti de France, qui fût digne de Monsieur. » Il y a une espèce de suspension qui badine et qui se joue de l’attention du Lecteur. […] Que peuvent contre lui tous les Rois de la terre ? […] Dans le même Homère, Jupiter, après avoir parlé, fait un signe de ses noirs sourcils ; les cheveux sacrés du roi des Dieux se dressent et se relèvent sur sa tête immortelle ; et tout l’Olympe est ébranlé par ce signe redoutable .

108. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Toutefois ce n’est pas mon dessein de vous dégoûter d’un voyage que le Roi vous a commandé de faire, et duquel j’espérais être le guide, si mon méchant corps suivait le mouvement de ma volonté. […] Je ne vois rien qui ne me semble plus que naturel4 dans la naissance et dans le progrès de cette doctrine ; les ignorants l’ont persuadée aux philosophes ; de pauvres pêcheurs ont été érigés en docteurs des rois et des nations, en professeurs de la science du ciel. […] Chapelain n’avait pas encore publié la Pucelle ; mais il distribuait déjà les pensions du roi ou de son ministre.

109. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

« Le moment arrivait où ce mérite si modeste devait se développer aux yeux de l’Univers, et par tous les services qu’un sujet peut rendre à son roi, se montrer digne de tout ce qu’un roi peut faire pour son sujet. […] Nouveau Joasa, unique reste du sang de David, arraché aux débris de son auguste maison, ayant peine à se faire jour à travers les ruines sous lesquelles il parut enseveli : dans cet enfant se réunissent les mouvements de son cœur et les vues de son esprit, les tendresses d’un père et les projets d’un roi. […] Ce mot signifie roi, dans l’ancienne langue des Égyptiens.

110. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Horace disait en se jouant : « Du délire des rois les peuples sont punis. » Mais J. […] Rousseau a dit avec plus de gravité et de véritable philosophie : « C’est le courroux des rois qui fait armer la terre, C’est le courroux du Ciel qui fait armer les rois. » Observez de plus que cette loi déjà si terrible de la guerre n’est cependant qu’un chapitre de la loi générale qui pèse sur l’univers. […] Au-dessus de ces nombreuses races d’animaux est placé l’homme, dont la main destructive n’épargne rien de ce qui vit ; il tue pour se nourrir, il tue pour se vêtir, il tue pour se parer, il tue pour attaquer, il tue pour se défendre, il tue pour s’instruire, il tue pour s’amuser, il tue pour tuer : roi superbe et terrible, il a besoin de tout, et rien ne lui résiste.

111. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Un roi plein d’ardeur et d’espérance saisit lui-même ce sceptre qui, depuis Henri le Grand, n’avait été soutenu que par des favoris et des ministres. […] Les Épitres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit1 des grandes actions du jeune roi, et devient flatteur pour le louer. […] Fénelon se souvint des triomphes du jeune roi, en retraçant la gloire et les fautes de Sésostris. […] Voulez-vous mettre la main sur des sermons irréprochables, prenez le premier venu d’entre ceux dont il est dit : « Prêché devant le roi. » Bossuet, parlant en présence de Louis XIV, sentit qu’il avait en face de lui un régulateur.

112. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Mais si leur voix n’est pas assez forte, écoutez Jésus-Christ qui se joint à eux : « Ingrat, déloyal, vous dit-il, tu manges5 et tu te reposes à ton aise ; et tu ne songes pas que je suis souffrant en cette maison, que j’ai la fièvre en cette autre, et que partout je meurs de faim, si tu ne m’assistes6. » La royauté Certes, ce ne sont ni les trônes, ni les palais, ni la pourpre, ni les richesses, ni les gardes qui environnent le prince, ni cette longue suite de grands seigneurs, ni la foule des courtisans, non1, non, ce ne sont pas ces choses que j’admire le plus dans les rois. Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4. […] Prière de Bossuet parlant pour la première fois devant le roi O Dieu ! […] Vous savez, ô Dieu vivant, que le zèle ardent qui m’anime pour le service de mon roi me fait tenir à honneur d’annoncer votre Évangile à ce grand monarque, digne de n’entendre que de grandes choses, digne, par l’amour1 qu’il a pour la vérité, de n’être jamais déçu. […] Il dit ailleurs : « Si un roi épouse une fille de basse extraction, elle devient reine ; on en murmure quelque temps, mais enfin on la reconnaît ; elle est anoblie par le mariage du prince, sa noblesse passe à sa maison, ses parents sont appelés aux plus belles charges, et ses enfants sont les héritiers du royaume.

113. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Enfin de votre Dieu l’implacable vengeance Entre nos deux maisons rompit toute alliance : David m’est en horreur, et les fils de ce roi, Quoique nés de mon sang, sont étrangers pour moi. […] Qu’il vous donne ce roi promis aux nations, Cet enfant de David, votre espoir, votre attente… Mais nous nous reverrons. […] (Rois, liv.  […] Lorsque les personnes curent reçu les lettres de Jéhu, elles prirent les soixante et dix fils du roi et les tuèrent. (Rois, liv. 

114. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Soyez fidèles au nouveau roi que la France s’est choisi ; n’abandonnez pas notre chère patrie, trop longtemps malheureuse ! […] … Adieu, mes enfants… mes vœux vous accompagneront toujours ; conservez mon souvenir… Proposition de paix 2 Bonaparte, premier consul, a Sa Majesté l’empereur et roi 3 Marengo, 27 prairial an VII (16 juin 1800). […] Napoléon Ier a Frédéric III, roi de Prusse Réponse a une lettre où ce roi le sommait d’évacuer l’Allemagne Camp impérial, Géra, le 12 octobre 1806. […] Jean Sobieski, un des héros de la Pologne, dont il fut roi. — Né en 1624, mort en 1696. […] Conciliez avec tant de puissance ces catastrophes soudaines ; avec tant de génie, sa chute immense ; avec tant de gloire, l’abandon du genre humain, et, avec cet abandon, les terreurs des rois, l’Europe liguée pour se défendre d’un homme, l’Océan même préposé à sa garde, parce qu’un de ses pas pouvait encore ébranler le monde !

115. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Toute ma vie il sera peint devant mes yeux ; et si jamais les dieux me faisaient régner, je n’oublierais point, après un si funeste exemple, qu’un roi n’est digne de commander et n’est heureux dans sa puissance qu’autant qu’il la soumet à la raison. […] Exemple : Les rois sont les sujets de la mort ; les riches, les pauvres lui doivent payer le même tribut ; donc tous les hommes sont les sujets de la mort. […] Tant de fois affermi le trône de son roi, Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ! […] ignorez-vous quelles sévères lois Aux timides mortels cachent ici les rois ? Au fond de leurs palais leur majesté terrible Affecte à leurs sujets de se rendre invisible ; Et la mort est le prix de tout audacieux Qui, sans être appelé, se présente à leurs yeux, Si le roi, dans l’instant, pour sauver le coupable Ne lui donne à baiser son sceptre redoutable.

116. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Il trouve le conseil rassemblé et le roi fort indécis. […] Mais Montluc connaît le prince et sait qu’à lui seul appartient le droit de trancher la question ; aussi est-ce à lui seul qu’il s’adresse : « Sire, lui dit-il, je me tiens bien heureux, tant de ce qu’il vous plaist que je vous die mon advis sur cette délibération, qui a esté tenue en votre conseil, que parce aussi que j’ay à parler devant un roy soldat, et non devant un roy qui n’a jamais esté en guerre. Avant qu’estre appelé à cette grande charge que Dieu vous a donnée, et depuis, vous avez autant cherché la fortune de la guerre que roy qui jamais aist esté en France, sans avoir espargné votre personne, non plus que le moindre gentil homme : doncques ne doy-je craindre, puisque j’ay à parler devant un roy roldat. » Je doute que l’art des maîtres les plus consommés trouve un exorde plus habile et plus approprié à la circonstance. Montluc réveille les instincts belliqueux du roi ; il flatte son amour-propre en lui rappelant ses exploits ; en l’appelant roi soldat, il semble lui dire : « N’écoutez pas les vieilles barbes grises de votre conseil, mais vos compagnons d’armes d’Italie, qui trépignent de combattre. » On devine déjà que cette parole guerrière, qui retentit dans le conseil comme un bruit de clairon, l’emportera sur les raisonnements des sages et des politiques. […] « C’est une envie, ajoute-t-il, afin de rehausser le mérite d’une condescendance si rare, c’est une envie qui ne prend guère aux rois, aux barbes grises et aux victorieux.

117. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre XIII. » pp. 104-105

Toutefois Corneille observe que « les rois sont hommes comme les auditeurs et tombent dans ces malheurs par l’emportement des passions dont les auditeurs sont capables  »; et Dacier, que « le poëte n’a pas en vue d’imiter les actions des rois, mais les actions des hommes, et que c’est nous qu’il représente.

118. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Ils s'arrêtent non loin de ces tombeaux antiques Où des rois ses aïeux sont les froides reliques. […] Chatouiller, qui appartient au style simple, familier, est ennobli dans les vers suivants, par l'alliance les mots avec lesquels il est employé : Ces noms de roi des rois et de chef de la Grèce Chatouillaient de mon cœur l'orgueilleuse faiblesse. […] Ce poëte, qui pour vous dire que le roi vient emploie cette périphrase : Ce grand roi roule ici ses pas impérieux, prouve quel ridicule l'abus de cette figure peut apporter dans le discours. […] peut-être d'avoir rétabli les affaires du roi son fils ; non, c'est de l'avoir fait reine malheureuse. […] L'éloquence religieuse ne connaît ni la crainte ni l'injustice ; elle donne des leçons aux rois sans les avilir, et console le pauvre sans flatter ses vices.

119. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Ton roi, jeune Biron, te sauve enfin la vie. […] Vous parlez en soldat, je dois agir en roi. […] N’es-tu que roi ? […] La crainte fit les dieux : l’audace a fait les rois. […] En vain y chercherait-on le pallida mors, et cette belle image qui nous représente la mort renversant également la cabane du pauvre et le palais des rois, œquo pulsat pede  !

120. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

— Mon enfant, tous tant que nous sommes, Nous devons subir cette loi : Car la mort fauche tous les hommes, Depuis le pauvre jusqu’au roi. […] Lorsqu’un chef africain, veut dompter les-élans D’un sauvage coursier, roi des sables brûlants, Il s’approche, et déjà la flottante crinière Dans sa nerveuse main frissonne prisonnière. […] La périphrase ne doit pas dégénérer en obscurité, en galimatias, comme dans le vers suivant : Ce grand roi roule ici ses pas majestueux. […] Peut-être d’avoir rétabli les affaires du roi son fils ? […] Qu’il est grand, là surtout, quand, puissance brisée, Des porte-clefs anglais misérable risée, Au sacre du malheur il retrempe ses droits ; Tient au bruit de ses pas deux mondes en haleine, Et mourant de l’exil, gêné dans Sainte-Hélène, Manque d’air dans la cage où l’exposent les rois !

121. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre III. De la forme extérieure de la poésie » pp. 22-70

David, pour le Seigneur plein d’un amour fidèle, Me parait des grands rois le plus parfait modèle. […] Donnez-nous, dit le peuple, un roi qui se remue. […] ses vertus, son courage, La sublime valeur, le zèle pour son roi, N’ont pu le garantir, au milieu de son âge,             De la commune loi. […] iii : Seigneur, de ta voix foudroyante, etc., l’ode tirée du psaumes lxvii : Dieu se lève, tombez, rois… et le cantique de Débora. […] L’homme de la nature est le chef et le roi.

122. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

si je préfère mourir libre, les armes à la main, plutôt que de voir un roi ? […] Ils pensent, en un mot, qu’un roi ne peut impunément professer le mépris de ces maximes salutaires qui garantissent l’autorité des rois. […] peut-être d’avoir rétabli les affaires du roi, son fils ? […] Puissiez-vous devenir, vous-même, le modèle des rois, vos successeurs ! […] Quand Cynéas prit notre sénat pour une assemblée de rois, il ne fut éblouï ni par une pompe vaine, ni par une élégance recherchée.

123. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Exemple de périodes divisées en membres et en incises : Bossuet commence son Oraison funèbre de la reine d’Angleterre par ces deux belles périodes : Celui qui règne dans les cieux | et de qui relèvent tous les empires, | à qui seul appartient la gloire, la majesté et l’indépendance, | (membre composé de trois incises), Est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, | et de leur donner, quand il lui plaît, de grandes et terribles leçons. | (2e membre composé de deux incises.) […] Citons cette belle période de Fléchier, chef-d’œuvre d’harmonie et d’éloquence ; elle est tirée de l’exorde de l’Oraison funèbre de Turenne : Cet homme, qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, | qui couvrait son camp du bouclier et forçait celui des ennemis avec l’épée ; || qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, | et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; || cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Ésaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; || cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël, comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, | et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; || ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, recul le coup mortel et demeura comme enseveli dans son triomphe. […] Villemain a tracé du commencement du règne de Louis XIV : Un roi plein d’ardeur et d’espérance saisit lui-même ce sceptre qui, depuis Henri le Grand, n’avait été soutenu que par des favoris et des ministres. […] Les Épîtres de Boileau sont datées des conquêtes de Louis XIV ; Racine porte sur la scène les faiblesses et l’élégance de la cour ; Molière doit à la puissance du trône la liberté de son génie ; La Fontaine lui-même s’aperçoit des grandes actions du jeune roi et devient flatteur.

124. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Voilà notre avant-garde à bien faire animée ; Là, les archers de Créon, notre roi ; Et voici le corps d’armée, (On fait un peu de brnit.) […] Racine et Boileau, historiographes du roi, se reconnurent peut-être dans ces vers. […] Le baron de C…, ayant été chargé de présenter à Louis XIV la feuille des états de sa province, imagina de placer le portrait du roi dans son cabinet ; et là, quatre fois par jour, il répétait sa harangue ; puis, passant du côté du tableau, il s’adressait une réponse gracieuse. […] Le levé est l’audience du roi, recevant dans sa chambre, après s’être levé. […] Regardez donc bien, je vous prie, si cette humeur sera bonne au lieu où vous êtes, et si un homme à qui ses jarretières et ses aiguillettes pèsent, et qui a bien de la peine d’obéir au commandement de Dieu et aux édits du roi, pourra s’obliger à de nouvelles lois et se faire une troisième servitude.

125. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Tous peuvent penser et dire que tout est vanité dans ce monde, mais si cette triste vérité apparaît à un puissant roi, homme de génie ; si au milieu des grandeurs, des plaisirs, des études, chaque découverte, chaque succès, chaque volupté nouvelle la lui confirme, ce n’est plus une idée qu’il formulera, c’est un cri presque involontaire qui lui échappera : « O vanité des vanités ! […] Peut-être d’avoir rétabli les affaires du roi son fils ? […] Quelle est la plus naturelle de ces phrases : Des rois gouvernèrent d’abord la ville de Rome, ou Urbem Romam a principio reges habuere ; Alexander vicil Darium, ou Darium vicit Alexander ? […] Il fallait que la ville de Rome existât préalablement pour que des rois pussent la gouverner.

126. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

La grandeur Que t’importe, mon cœur, ces naissances des rois, Ces victoires qui font éclater à la fois   Cloches et canons en volées, Et louer le Seigneur en pompeux appareil, Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil,   Monter des gerbes étoilées ? […] C’est toujours par la mort que Dieu s’unit aux rois ; Leur couronne dorée a pour faîte sa croix ;   Son temple est pavé de leurs tombes. […] Comparez ces vers de M. de Laprade : L’enfant est roi parmi nous   Sitôt qu’il respire ; Son trône est sur nos genoux.   Il est roi, le bel enfant !

127. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

Je suis votre roi, vous êtes Français, voilà l’ennemi. […] Pour être bien compris, on dira donc : Un roi s’enivre du parfum de la louange que les flatteurs lui font respirer. […] peut-être d’avoir rétabli les affaires du roi son fils ? […] Si l’on disait : Celui qui règne dans les cieux est aussi le seul qui se glorifie de faire la loi aux rois, la période serait complète, et l’on pourrait s’arrêter là. […] L’homme de la nature est le chef et le roi.

128. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

Les magistrats que le roi envoya tenir les grands jours3 en quelques provinces le connurent dans leur voyage, et sentirent bientôt que son génie et ses talents étaient trop à l’étroit sur un si petit théâtre. […] Sorte d’assises extraordinaires : c’était un certain nombre de juges, choisis d’ordinaire à Paris et investis par une délégation temporaire d’une compétence universelle et sans appel, que nos rois envoyaient de temps en temps dans les provinces pour réparer les erreurs ou remédier à l’insuffisance de la justice locale. […] Le nom de ces fonctionnaires venait de ce qu’ils rapportaient les requêtes des parties dans le conseil du roi, ce que les personnes revêtues de ce titre font aujourd’hui près du conseil d’Etat.

129. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Thiers. Né en 1797. » pp. 513-521

D’admirables armées faisaient flotter ses trois couleurs à la face des rois qui avaient voulu l’anéantir. […] On n’a fait que l’histoire des rois, mais on n’a point fait celle de la nation. Il semble que, pendant quatorze cents ans, il n’y ait eu dans les Gaules que des rois, des ministres et des généraux ; mais nos mœurs, nos lois, nos coutumes, notre esprit, ne sont-ils donc rien ? 

130. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VII. Éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1744, par Voltaire. »

C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie : c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions : c’est une multitude d’âmes, pour la plupart viles et mercenaires, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants : c’est un assemblage confus de libertins, qu’il faut assujétir à l’obéissance ; de lâches qu’il faut mener au combat ; de téméraires, qu’il faut retenir ; d’impatients, qu’il faut accoutumer à la confiance, etc. » Malgré le respect dû au nom de Fléchier, et surtout à l’oraison funèbre de Turenne, son plus bel ouvrage, qui ne voit, dans le premier de ces deux morceaux, le véritable orateur, l’écrivain plein de son sujet ; et, dans le second, le rhéteur presque uniquement occupé du soin d’assembler et de faire contraster des mots ? […] « Sybarites tranquilles dans le sein de nos cités florissantes, occupés des raffinements de la mollesse, devenus insensibles à tout, et au plaisir même, pour avoir tout épuisé ; fatigués de ces spectacles journaliers, dont le moindre eût été une fête pour nos pères, et de ces repas continuels plus délicats que les festins des rois ; au milieu de tant de voluptés si accumulées et si peu senties, de tant d’arts, de tant de chefs-d’œuvre si perfectionnés et si peu considérés ; enivrés et assoupis dans la sécurité et dans le dédain, nous apprenons la nouvelle d’une bataille : on se réveille de sa douce léthargie, pour demander avec empressement des détails, dont on parle au hasard, pour censurer le général, pour diminuer la perte des ennemis, pour enfler la nôtre.

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