Nous avons vu toute la race royale presque éteinte ; les princes, l’espérance et l’appui du trône, moissonnés à la fleur de l’âge ; l’époux et l’épouse auguste, au milieu de leurs plus beaux jours, enfermés dans le même cercueil, et les cendres de l’enfant suivre tristement et augmenter l’appareil lugubre de leurs funérailles2 ; le roi, qui avait passé d’une minorité orageuse au règne le plus glorieux dont il soit parlé dans nos histoires, retomber de cette gloire dans des malheurs presque supérieurs à ses anciennes prospérités, se relever encore plus grand de toutes ces pertes, et survivre à tant d’événements divers pour rendre gloire à Dieu et s’affermir dans la foi des biens immuables. […] Le saint roi rendit aux peuples, avec la tranquillité, la joie et l’abondance : les familles virent renaître ces siècles heureux qu’elles avaient tant regrettés ; les villes reprirent leur premier éclat ; les arts, facilités par les largesses du prince, attirèrent chez nous les richesses des étrangers : le royaume, déjà si abondant de son propre fonds, se vit encore enrichi de l’abondance de nos voisins. […] A la tête des armées, ce n’était plus ce roi pacifique, accessible à ses sujets, assis sous le bois de Vincennes avec une affabilité que la simplicité du lieu rendait encore plus respectable ; réglant les intérêts des familles, réconciliant les pères avec les enfants, démêlant les passions de l’équité, assurant les droits de la veuve et de l’orphelin, paraissant plutôt un père au milieu de sa famille qu’un roi à la tête de ses sujets, entrant dans des détails dont des subalternes se seraient crus déshonorés, et ne trouvant indigne d’un prince et indécent à la majesté des rois que d’ignorer les besoins de leurs peuples. […] « Louis IX, dit l’auteur de l’Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chap. 58, paraissait un prince destiné à réformer l’Europe, si elle avait pu l’être ; à rendre la France triomphante et policée, et à être en tout le modèle des hommes.
Je ne sache pas qu’on ait rendu nettement raison de ce fait, qui tient à la nature même des différentes figures que je viens de nommer. […] Métonymies de l’effet ou de l’instrument pour la cause : Cheveux blancs, pour vieillesse ; la pále mort, parce qu’elle rend pâle ; O mon fils, ô ma joie, ô l’honneur de mes jours ! […] Fontanier, je rattacherais encore à cette figure le tour par lequel le poëte, au lieu de raconter la chose faite, se transporte sur le lieu de l’action, s’en rend maître, et ordonne qu’elle se fasse. […] Rendait-il compte d’une bataille, il n’oubliait rien, sinon que c’était lui qui l’avait gagnée. Racontait-il quelques-unes de ces actions qui l’ont rendu si célèbre, on eût dit qu’il n’en avait été que le spectateur, et l’on doutait si c’était lui qui se trompait ou la renommée. » La litote est la figure favorite de la modestie et de la prévention, comme lorsque Molière, à l’imitation de Lucrèce, prouve, dans le Misanthrope, que la passion sait donner des noms favorables même aux défauts des personnes aimées, La pâle est au jasmin en blancheur comparable… etc.
c’est nous qui rendons nécessaires tous les maux physiques, mais surtout la guerre : les hommes s’en prennent ordinairement aux souverains, et rien n’est plus naturel. […] Pareil à la torche ardente tournée rapidement, l’immense vitesse de son mouvement le rend présent à la fois sur tous les points de son redoutable orbite. […] Il charge l’éléphant et le rend en son obéissance, mais aussi ceux qui sont en la mer, comme cest horrible monstre et grand, la baleine, la tue et l’ameine au rivage. […] L’amour-propre contribue à le rendre aimable ; plus il croit plaire, plus il a de penchant à aimer. […] Rapprochons de ce témoignage rendu par un étranger cette belle page de M.
Mais quelle horrible cruauté ces peuples n’exercèrent-ils pas sur ceux qui se rendirent ! […] Il s’offrit d’en venir lui-même rendre témoignage. […] Cette indolence rend l’enfant négligent et dégoûté de tout ce qu’il fait. […] la variété des ressources tarit bientôt ; tout est bientôt épuisé : il faut revenir sur ses pas et recommencer sans cesse ce que l’ennui rend insipide et ce que l’oisiveté a rendu nécessaire. […] Il fut pourtant obligé de se rendre, de peur d’accident, car il en avait jusqu’à la gorge.
« J’étais donc encore destiné à rendre ce devoir funèbre à très-haute et très-puissante princesse, Henriette-Anne d’Angleterre, duchesse d’Orléans ! Elle que j’avais vue si attentive pendant que je rendais le même devoir à sa mère, devait être sitôt après le sujet d’un discours semblable ! […] » Ainsi, tout est vain dans l’homme, si nous regardons le cours de sa vie mortelle ; mais tout est précieux, tout est important, si nous contemplons le terme où elle aboutit, et le compte qu’il en faut rendre ». […] Ce n’est point là un vain luxe de mots mal à propos prodigués : c’est une grande pensée rendue sensible par une grande image ; et c’est ainsi qu’on est vraiment éloquent. […] On ne s’apercevait presque pas qu’on parlât à une personne si élevée : on sentait seulement au fond de son cœur qu’on eût voulu lui rendre au centuple la grandeur dont elle se dépouillait si obligeamment.
L’on tenait cabinet mal à propos, l’on donnait des rendez-vous sans sujet ; les chasses mêmes paraissaient mystérieuses. […] Il le fit marcher à Saint-Germain, tout le régiment des gardes s’y rendit ; l’on amena le roi à Paris. […] Et n’eus-je pas encore raison de conseiller à Nangis de ne se pas brouiller, quoique, nonobstant le service qu’il avait rendu à Saint-Germain, il fût le premier homme à qui l’on eût refusé une gratification de rien qu’il demanda. […] Le cardinal s’avança et proposa de rendre les prisonniers, pourvu que le parlement promît de ne pas continuer ses assemblées. […] Aussitôt que l’arrêt fut rendu, l’on expédia les lettres de cachet, l’on transmit les paroles, et le premier président montra au peuple les copies, qu’il avait mises en forme, de l’un et de l’autre : mais l’on ne voulut pas quitter les armes que l’effet ne s’en fût ensuivi4.
Une certaine habitude leur rend nécessaires les sons harmonieux, ils en jouissent comme de la saveur des fruits, du prestige des couleurs ; mais leur être entier a-t-il retenti comme une lyre, quand, au milieu de la nuit, le silence a tout à coup été troublé par des chants ou par ces instruments qui ressemblent à la voix humaine ? […] ne sont-ils pas célestes, puisqu’ils rendent plus facile de plaire à ce qu’on aime ? […] Une intelligence active, une impétuosité savante vous rendraient les maîtres du monde ; mais vous n’y laisseriez que la trace des torrents de sable, terribles comme les flots, arides comme le désert2. » À madame Récamier 1 Ce dimanche. […] Je suis bien convaincue que le plus grand service que je puisse rendre à vous, à ce qui m’entoure, c’est de m’éloigner. […] Dès que l’homme se divise au dedans de lui-même, il ne sait plus la vie que comme un mal ; et si de tous les sentiments l’enthousiasme est celui qui rend le plus heureux, c’est qu’il unit plus qu’aucun autre toutes les forces de l’âme dans le même foyer. » 1.
Desportes et Bertaut, rendus, « retenus », dit Boileau, par les erreurs du pontife de la poésie, « pétrarquisaient » plus qu’ils ne « ronsardisaient ». […] On les lui rendit ; il les accepta en homme d’esprit, désarma toute colère, et, heureux jusqu’au bout, il s’endormit et mourut sous les fleurs sans épines que ses vainqueurs, généreux sans danger, jetèrent sur sa tombe. […] Tu me tourmentes, mais, en l’effroyable trouble Où sans fin tu seras, tu me rendras au double. […] Son vers, né de l’indignation, lui a rendu ce qu’il lui devait : il l’a fait vivre jusqu’à nous, brûlante comme une lave, qui s’y est moulée, sans s’y refroidir. […] L’honneur suit522 les hazars, et l’homme audacieux Par son malheur s’honore et se rend glorieux.
Le chœur avait pour effet de rendre la tragédie plus pompeuse et plus morale ; le poète s’y livrait à de sublimes élans lyriques ; la musique qui l’accompagnait donnait de la variété et de la dignité au spectacle. […] Son but était à la fois moral, religieux et politique ; car il pénétrait les esprits de l’ascendant de la destinée, afin d’accumuler les hommes aux évènements de la vie, de les y résigner d’avance et de les rendre patients, courageux, déterminés. […] Cette situation de l’homme est, sans contredit, plus élevée et plus morale : on sent ici l’influence du christianisme qui a rendu à notre âme ses titres de noblesse en l’affranchissant du joug de la fatalité. […] La tragédie peint les crimes des hommes pour les rendre odieux, leurs infortunes pour nous attendrir ; la comédie peint les vices, les travers, les folies de l’humanité, pour les rendre ridicules ou méprisables, et les redresser. […] Cependant la comédie ne doit point s’ériger directement en école de morale ; son effet est indirect : en montrant ses personnages ridicules, elle nous porte à éviter les défauts qui les rendent tels.
Nous ne serons obligés de recourir ni à des tournures bizarres, ni à des expressions nouvelles, parce que nous n’aurons jamais à rendre qu’une certaine suite d’idées, dans un ordre simple et lumineux ; et notre style sera clair, notre langage pur, parce que nos idées seront justes et nos sentiments vrais. […] Mais comment rendre ce qu’un autre a éprouvé, à moins de l’éprouver soi-même, à moins de s’identifier avec celui qui souffre et se plaint, afin de souffrir et de se plaindre comme lui ? Or, voilà ce qui est difficile, et rare par conséquent ; et plus le sentiment est profond ou délicat, plus il est vraisemblable qu’il sera mal ou faiblement rendu. […] Ainsi l’éloquence rend à la poésie ce qu’elle en a reçu, et l’avantage reste égal de part et d’autre. […] Oui, malgré les clameurs de l’incrédulité, Disais-je, ce tombeau touche à l’éternité ; Et ces rois, maintenant éteints dans la poussière, S’éveilleront un jour rendus à la lumière.
Ils ne tardèrent pas à concevoir la possibilité de rendre ces demeures plus solides et plus commodes. […] Ceux-ci, réunis en petites sociétés, devaient par conséquent en reconnaître l’existence, et lui rendre une espèce de culte. […] Dans la suite, le sifflement des vents, le bruit sourd que rendent les corps creux, quand on les frappe, donnèrent lieu à l’invention des instruments. […] Une campagne aride, hérissée de ronces et d’épines, et un coteau riant, couvert des fruits et de moissons, un reptile qui se traîne dans la fange des marécages, et un aigle qui plane au sommet des airs ; le caractère d’un Néron, l’opprobre du genre humain, et celui d’un Titus, les délices de son peuple ; le caractère du menteur, lâche et impudent, et celui de l’ami ferme et courageux de la vérité, tiennent également à la belle nature, lorsqu’ils sont bien imités, c’est-à-dire, représentés avec tous les traits qui les rendent parfaits chacun dans son espèce.
Il n’y a que les républiques qui rendent de tels honneurs : les rois ne donnent que des récompenses. […] Le kan des Tartares et le bacha, qui voulaient prendre le roi en vie, honteux de perdre du monde et d’occuper une armée entière contre soixante personnes, jugèrent à propos de mettre le feu à la maison pour obliger le roi à se rendre. […] Un garde, nommé Walberg, osa, dans cette extrémité, crier qu’il fallait se rendre […] Vingt et un janissaires se jettent aussitôt sur lui ; il jette en l’air son épée pour s’épargner la douleur de la rendre.
L’historien doit encore avoir soin de ne rien dire de superflu dans le récit des faits ; c’est le moyen de rendre la narration vive, pleine de force et de dignité ; c’est le moyen d’attacher constamment le lecteur toujours distrait ou volage. […] Les principaux événements, rapportés avec toutes leurs circonstances, rendent une histoire bien agréable et bien instructive, quand ces circonstances sont essentielles, intéressantes et vraiment utiles. […] L’historien pouvait étaler toutes les richesses du génie et de l’art dans un si beau champ ; mais un appareil d’idées brillantes aurait rendu suspecte la foi de l’écrivain. […] Un des meilleurs modèles que puissent se proposer ceux qui veulent s’adonner à ce genre d’histoire est l’abbé Fleury, auteur de l’Histoire ecclésiastique, écrivain aussi sage et circonspect que savant et judicieux, qui rend avec candeur ce qu’il a vu sans prévention, et qui le rend, par conséquent, comme il est. […] Des anciennes mœurs, un certain usage de la pauvreté, rendaient à Rome les fortunes à peu près égales ; mais à Carthage, des particuliers avaient les richesses des rois.
La médecine est un art profitable, et chacun la révère comme une des plus excellentes choses que nous ayons ; et cependant il y a eu des temps où elle s’est rendue odieuse, et souvent on en a fait un art d’empoisonner les hommes. […] mon pauvre marquis, nous ne prenons guère le chemin de nous rendre sages, pour tout ce qu’il fait et tout ce qu’il dit. » Molière. […] mon pauvre marquis, nous lui en fournirons toujours assez ; et nous ne prenons guère le chemin de nous rendre sages, malgré tout ce qu’il fait et tout ce qu’il dit. […] Je vis l’autre jour sur le théâtre un de nos amis qui se rendit ridicule par là. […] Pour moi, je m’en veux justifier le plus qu’il me sera possible, et je les dauberai tant en toutes rencontres, qu’à la fin ils se rendront sages.
Une troupe de femmes se rendirent au sénat. — 8. […] Thrasybule rendit la liberté aux Athéniens. — 2. […] Tibère rendit le royaume d’Arménie à Tigrane. — 5. […] Nous rendons sourire pour sourire. — 7. […] Il faut rendre à chacun le sien. — 9.
Ce fut postérieurement que, l’assimilant à la seconde personne, caractérisée par l’s final, on écrivit je crois, je rends, je dis, au lieu de je croi, je ren, je dy, etc. […] On écrivait : « Les nymphes fuyantes, les troupeaux bellans. » Or,ces flexions eurent l’avantage de varier les assonances, et produisirent parfois des effets que ne rend pas une terminaison invariable. […] N’y avait-il pas là je ne sais quoi de caressant ou de calin que ne rendra jamais le rétablissement du pronom possessif dans :mon amour et mon amie ? […] et, s’il n’eût trouvé de la protection parmi les gens polis, n’était-il pas banni honteusement d’une langue à qui il a rendu de si longs services, sans qu’on sût quel mot lui substituer ? […] Aussi, les vraies fautes de français sont-elles les maladresses qui rendent le discours pénible ou obscur.
vous qui daignez me rendre L’innocence et son orgueil ; Vous qui, pour protéger le repos de ma cendre, Veillerez près de mon cerceueil ! […] Chacun veut de la vie embellir le passage : L’homme le plus heureux est aussi le plus sage… Jadis la poésie, en ses pompeux accords, Osant même au néant prêter une âme, un corps, Egayait la raison de riantes images ; Cachait de la vertu les préceptes sauvages Sous le voile enchanteur d’aimables fictions ; Audacieuse et sage en ses expressions, Pour cadencer un vers qui dans l’âme s’imprime, Sans appauvrir l’idée enrichissait la rime ; S’ouvrait par notre oreille un chemin vers nos cœurs, Et nous divertissait pour nous rendre meilleurs. […] La Harpe lui-même, fort maltraité dans ces pièces, n’a pu s’empêcher de rendre un juste hommage au talent poétique dont elles portent l’empreinte. […] Le comte de Lally, gouverneur de l’Inde française, forcé de se rendre aux Anglais qui l’assiégeaient dans Pondichéry (1761), fut accusé de trahison, condamné et exécuté cinq ans après.
Un grand nombre de journaux et de revues ont rendu un compte très favorable de ce nouveau Cours de littérature, et de la Poétique en particulier. […] Les auteurs et les ouvrages cités dans votre intéressant volume sont appréciés comme ils le méritent ; une juste part d’éloge et de blâme leur ont été faite, et un légitime hommage est rendu à la divine poésie de nos livres sacrés, si souvent dédaignée par les partisans ignares ou fanatiques de l’irréligion contemporaine. […] Vous nous révélez la sublimité poétique des monuments écrits de notre foi ; c’est là un grand service rendu à la religion, et plus encore aux belles-lettres. […] Monsieur le Vicaire général, Je connais et je pratique depuis longtemps votre Traité de littérature : je veux aujourd’hui vous remercier des services qu’il m’a rendus.
Il avait à un degré supérieur les deux qualités qui, dans la vie active, rendent l’homme capable des grandes choses. […] Je comprends que Hampden l’ait condamné ; je ne comprends pas que l’histoire, en le chargeant de ce qui fit sa ruine, ne prenne pas plaisir à lui rendre ce qui faisait sa grandeur ; et pour mon compte, je suis sûr qu’en assistant à sa glorieuse défense, à son tranquille départ pour l’échafaud, en le voyant ne baisser la tête que pour recevoir sur son passage la bénédiction d’un vieil ami de prison, j’aurais senti le besoin de lui tendre la main, de serrer la sienne, et, au dernier moment, de sympathiser avec ce grand cœur. […] Mais, pour vous en rendre dignes et capables, écartez de votre pensée les préoccupations étrangères ; concentrez vos forces sur l’étude profonde et désintéressée. […] C’est la jeunesse, ce sont ses ignorances naturelles et ses préoccupations passionnées qui nous rendent exclusifs et âpres dans nos jugements sur autrui. […] Robinson, lui exprima en termes vifs et brillants la reconnaissance de l’assemblée pour les services qu’il avait rendus à son pays.
Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.
Il est vrai que les manières polies donnent cours au mérite et le rendent agréable, et qu’il faut avoir de bien éminentes qualités pour se soutenir2 sans la politesse. […] Si vous le saluez quelquefois, c’est le jeter dans l’embarras de savoir s’il doit rendre le salut ou non ; et, pendant qu’il délibère, vous êtes déjà hors de portée. […] Ne pensez pas non plus que, comme l’ancien Phédon, “il sourie à ce que les autres lui disent ; qu’il soit de leur avis, qu’il coure, qu’il vole pour leur rendre de petits services ; qu’il soit complaisant, flatteur, empressé” ; c’est tout le contraire : il est rogue, hargneux, aimant à contredire, malveillant, croyant qu’il s’abaisse s’il rend service. […] Je lis dans Duclos [Considérations sur les mœurs) : « La politesse est l’expression ou l’imitation des vertus sociales : c’en est l’expression s elle est vraie, et l’imitation si elle est fausse ; et les vertus sociales sont celles qui nous rendent utiles et agréables à ceux avec qui nous avons à vivre. […] Massillon s’exprime presque dans les mêmes termes : « Les grands, placés si haut par la nature, ne sauraient plus trouver de gloire qu’en s’abaissant ; ils n’ont plus de distinction à se donner du côté du rang et de la naissance ; ils ne peuvent s’en donner que par l’affabilité ; et s’il est encore un orgueil qui puisee leur être permis, c’est celui de se rendre humains et accessibles, etc. » Petit Carême, 5e sermon).
À la finesse qui saisit les nuances les plus délicates, sa langue unit cette propriété d’expression qui les fixe, et cette clarté qui les rend visibles. […] Lorsque quelqu’un a voulu se réconcilier avec moi, j’ai senti ma vanité flattée, et j’ai cessé de regarder comme ennemi un homme qui me rendait le service de me donner bonne opinion de moi. […] Je souhaite avoir des manières simples, recevoir des services le moins que je puis, et en rendre le plus qu’il m’est possible. […] Il y a bien de la différence entre les lois bonnes et les lois convenables, celles qui font qu’un peuple se rend maître des autres et celles qui maintiennent sa puissance lorsqu’il l’a acquise. […] « La tête de Montesquieu est un instrument dont toutes les cordes sont d’accord, mais qui est trop monté et rend des sons trop aigus.
Voyez dans le premier sujet ces beaux vers du début : Ni l’or ni la grandeur ne nous rendent heureux. […] Daphnis, dit-on, berger de cette contrée, fut le premier poète bucoliste, qui se rendit célèbre parmi les Grecs. […] Celui qui les a le mieux rendues en prose, est l’abbé Desfontaines 214. […] Il répandra en même temps sur sa critique tout le sel et tout l’enjouement, toute la délicatesse et toutes les grâces qui pourront la rendre non moins agréable qu’instructive. […] Une poésie forte et harmonieuse, qui rend le sens substantiel du lyrique latin, me paraît ici préférable à la meilleure prose qui en rendrait le sens littéral.
Comment discerner, entre deux extrêmes aussi opposés, le point juste d’où l’on peut apprécier cet homme vraiment célèbre, qui a rendu de grands services à notre littérature, et qui s’est distingué surtout par une justesse de principes et une sûreté de goût, qui ont placé pour toujours son nom à côté de celui de Quintilien ? […] Mais, rendu tout entier, sur la fin de sa vie, aux excellents principes que sa jeunesse avait reçus, il n’a pas craint de revenir sur ses pas, de juger ses propres jugements, et de réparer avec éclat le petit scandale de ses injustices littéraires. […] C’est le grand mérite du Tasse, et l’une des causes qui en rendront toujours la traduction si difficile en vers français. […] Pourquoi d’ailleurs envier au fécond versificateur qui nous a donné Virgile, la gloire de nous rendre Lucrèce, mais Lucrèce dépouillé de ses vieilles erreurs de physique, et consacrant ses beaux vers à des découvertes importantes, à des vérités de tous les temps ? […] C’est, l’anglais sous les yeux, qu’il faudrait la parcourir, si l’on veut apprécier à la fois et le talent du poète traducteur, et l’étendue des services qu’il rend à son original.
Ils doivent, par conséquent, rendre d’une manière qui leur est propre leurs idées et leurs sentiments : les expressions qu’ils emploient, en portent toujours l’empreinte. […] Enfin il y en a qui pénètrent jusques dans le fond de nos cœur, les remuent, les agitent, les entraînent : l’Écrivain en fait usage, pour se rendre entièrement le maître de notre âme, et la mener, pour ainsi dire, au but qu’il se propose : celles-là sont propres aux passions. […] Mais puisque sans vouloir que je le justifie, Vous me rendez garant du reste de sa vie, Je répondrai, Madame, avec la liberté D’un soldat, qui sait mal farder la vérité. […] Sa gloire toute seule aurait pu faire des envieux ; sa piété rendra sa gloire même respectable : ses entreprises auraient trouvé des censeurs ; sa piété sera l’apologie de sa conduite : ses prospérités auraient excité la jalousie ou la défiance de ses voisins ; il en deviendra par sa piété l’asile et l’arbitre. […] Telles sont les principales figures qui rendent le style brillant, fleuri et quelquefois élevé, en embellissant et ennoblissant les objets que présente l’écrivain.
Il a rendu tous les services qu’on peut attendre d’un esprit ferme et agissant quand il se trouve dans un corps robuste et bien constitué. […] L’armée en deuil est occupée à lui rendre les devoirs funèbres ; et la renommée, qui se plaît à répandre dans l’univers les accidents extraordinaires, va remplir toute l’Europe du récit glorieux de la vie de ce prince et du triste regret de sa mort. […] Ne me rends pas un honneur que je n’ai pas mérité, à moi qui n’en voulus jamais rendre qu’au vrai mérite.
À la mémoire d’un ami …………… L’Orne, comme autrefois, nous reverrait encore, Ravis de ces pensers1 que le vulgaire ignore, Égarer à l’écart nos pas et nos discours ; Et couchés sur les fleurs, comme étoiles semées, Rendre en si doux ébats les heures consumées, Que les soleils nous seraient courts. […] Ont-ils rendu l’esprit1, ce n’est plus que poussière Que cette majesté si pompeuse et si fière Dont l’éclat orgueilleux étonnait l’univers ; Et, dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines Font encore les vaines, Ils sont rongés des vers2. […] Ta lyre, qui ravit par de si doux accords, Te soumet les esprits dont je n’a y que le co Elle t’en rend le maistre, et te sçait introduire Où le plus fier tyran n’a jamais eu d’empire. […] Il dit ailleurs : Ont-ils rendu l’esprit, ce n’est plus que poussière Que cette majesté si pompeuse et si fière, Dont l’éclat orgueilleux éblouit l’univers ; Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines Font encore les vaines, Ils sont mangés des vers.
C’est bien là, suivant l’expression de d’Aubigné, cette décision et promptitude merveilleuse du prince « le plus madré qui fût au monde. » On ne saurait contester les services qu’il rendit aux lettres. Non seulement il protégea de Thou, Pierre Mathieu, Casaubon, d’Ossat, Desportes, Bertaut, Coeffeteau, Regnier et Malherbe, qui fit, comme lui et grâce à lui, succéder la discipline à l’anarchie dans le domaine de la poésie ; mais il rendit publique la bibliothèque royale, il rétablit l’Université de Paris, il fonda le collége de France, il y institua un enseignement encyclopédique, il établit dans toute la France de nouvelles chaires. […] Si ce est, ne faites faulte de m’apporter tout ce que vous pourrés : car de ma vie je ne fus en pareille disconvenue4 ; et je ne sçais quand, ni d’où, si jamais, je pourray vous le rendre ; mais je vous promets force honneur et gloire ; et argent n’est pas pasture pour des gentilshommes comme vous et moy.
C’est un ouvrage presque parfait ; cependant il était oublié à Rome même, cinquante ans, tout au plus, après sa mort, et ne fut rendu à la lumière que dans le xvie siècle85. […] Comment, toujours filtré dans ses routes certaines, En longs ruisseaux de pourpre il court enfler mes veines, À mon corps languissant rend un pouvoir nouveau, Fait palpiter mon cœur et penser mon cerveau ? […] Quels concerts assez magnifiques, Quels hymnes lui rendront honneur ? […] Il n’y eut pas un seul être qui ne parlât pour s’unir à l’hommage que l’homme rendait. […] Le grand nombre de mots ou de tournures vieillies qu’on rencontre dans Malherbe en rend la lecture moins agréable, aux jeunes gens surtout, qu’elle ne le fut autrefois et ne devrait l’être encore118.