/ 254
90. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

Je vous ai montré par des expériences sensibles les vraies et les fausses maximes par lesquelles on peut régner. […] Montrez donc que vous êtes issus du noble sang des Goths, et que la situation ritique où nous sommes placés soit pour vous un aiguillon, un stimulant. […] Si vous vous montrez tels qu’il le désire, tels que je vous conseille d’être, moi qui comprends bien son esprit, jamais vous ne serez dans le malheur, que dis-je ? […] Je t’engage, Scipion, à réfléchir à ces vicissitudes, à ne pas concevoir des sentiments d’orgueil, mais à montrer, en délibérant sur les choses présentes, que tu n’oublies pas la condition de l’humanité. […] Alors, je vous montrerai que le golfe Indien s’unit au golfe Persique et le golfe d’Hyrcanie au golfe Indien.

91. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

C’est ici surtout que le secours du maitre est indispensable : il doit guider l’élève pas à pas dans sa marche, le corriger tout en l’encourageant, lui indiquer la direction, le plan à suivre ; lui suggérer les idées, lui montrer pourquoi il fait mal, comment il peut mieux faire ; enfin, l’habituer à tirer de chaque idée principale toutes les idées accessoires qu’elle contient. […] Mademoiselle de Vertus n’avait qu’à se montrer ; ce retour si précipité marquait bien quelque chose de funeste. […] Pour cela, il ne faut pas se borner à reproduire la nature morte, il faut la vivifier par le sentiment ; il faut surtout y montrer l’homme, les êtres vivants, pour rompre, par un peu de mouvement et, d’âme, cette monotonie qui résulte toujours d’un tableau purement descriptif. […] « Une heure après le coucher du soleil, la lune se montra au-dessus des arbres à l’horizon opposé. […] Cette analyse doit considérer un morceau dans son ensemble et dans tous ses détails, y montrer l’application de toutes les règles de l’art d’écrire, faire ressortir les beautés ou les défauts qui s’y trouvent.

92. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Notes. Pour l’intelligence des exemples cités dans ce troisième volume. — M — article » p. 417

Ce dernier traité fut, suivant le président Hénault, le fruit des réflexions du cardinal Mazarin, qui montra bien, dit-il, que l’art de lire dans l’avenir n’étoit pas une chimère pour les hommes vraiment politiques.

93. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Le seul Joas, encore à la mamelle, fut dérobé à sa fureur par sa tante Josabeth, épouse du grand-prêtre Joïada ou Joad, qui, quelques années après, le montra au peuple, et le fit aussitôt couronner. […] Dans la guerre des Géants, il se transforma en lion pour les dévorer, et se montra le plus puissant des dieux après Jupiter. […] Élevé chez les Jésuites à Bourges, où son père faisait sa résidence la plus ordinaire, il montra, dès ses études, un génie précoce, et devint un héros dans les premières années de sa jeunesse. […] Il montra la plus grande intrépidité dans l’action au passage du Rhin.

94. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre III. — Disposition »

Trois fois le jeune vainqueur s’efforça de rompre ces intrépides combattants ; trois fois il fut repoussé parle valeureux comte de Fontaines, qu’on voyait porté dans sa chaise, et malgré ses infirmités, montrer qu’une âme guerrière est maîtresse du corps qu’elle anime ; mais enfin il faut céder. […] Soit qu’il s’agisse de montrer le juste ou l’injuste, ce qui est digne de peine ou de récompense, comme dans le genre judiciaire ; ce qui est honorable et utile, ou nuisible et déshonorant, comme dans le genre délibératif ; ce qui est honnête ou honteux, digne de louange ou de blâme, comme dans le genre démonstratif, la preuve est la partie importante du plaidoyer ou de l’oraison.

95. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Tous nos soins devraient donc se borner à la connaître, tous nos talents à la manifester, tout notre zèle à la défendre ; nous ne devrions donc chercher dans les hommes que la vérité, et ne souffrir qu’ils voulussent nous plaire que par elle ; en un mot, il semble qu’il devrait suffire qu’elle se montrât à nous pour se faire aimer, et qu’elle nous montrât à nous-mêmes, pour nous apprendre à nous connaître1.

96. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Conseils à M. de Chateaubriand sur le Génie du christianisme 1 Fragment … Qu’il se souvienne bien que toute étude lui est inutile ; qu’il ait pour seul but, dans son livre, de montrer la beauté de Dieu dans le Christianisme, et qu’il se prescrive une règle imposée à tout écrivain par la nécessité de plaire et d’être lu facilement, plus impérieusement imposée à lui qu’à tout autre par la nature même de son esprit, esprit à part, qui a le don de transporter les autres hors et loin de tout ce qui est connu. […] « Il est des esprits méditatifs et difficiles qui sont distraits dans leurs travaux par des perspect ves immenses et les lointains du beau céleste, dont ils voudraient mettre partout quelque image ou quelque rayon, parce qu’ils l’ont toujours devant la vue, même alors qu’ils n’ont rien devant les yeux ; esprits amis de la lumière, qui, lorsqu’il leur vient une idée à mettre en œuvre, la considèrent longuement et attendent qu’elle reluise, comme le prescrivait Buffon, quand il définissait le génie l’aptitude à la patience ; esprits qui ont éprouvé que la plus aride matière et les mots même les plus ternes renferment en leur sein le principe et l’amorce de quelque éclat, comme ces noisettes des fées, où l’on trouvait des diamants, quand on en brisait l’enveloppe, et qu’on avait des mains heureuses ; esprits qui sont persuadés que ce beau dont ils sont épris, le beau élémentaire et pur, est répandu dans tous les points que peut atteindre la pensée, comme le feu dans tous les corps ; esprits attentifs et perçants qui voient ce feu dans les cailloux de toute la littérature, et ne peuvent se détacher de ceux qui tombent en leurs mains qu’après avoir cherché longtemps la veine qui le recélait, et l’en avoir fait soudainement jaillir ; esprits qui ont aussi leurs systèmes, et qui prétendent par exemple, que voir en beau et embellir, c’est voir et montrer chaque chose telle qu’elle est réellement dans les recoins de son essence, et non pas telle qu’elle existe aux regards des inattentifs, qui ne considèrent que les surfaces ; esprits qui se contentent peu, à cause d’une perspicacité qui leur fait voir trop clairement et les modèles qu’il faut suivre et ceux que l’on doit éviter ; esprits actifs, quoique songeurs, qui ne peuvent se reposer que sur des vérités solides, ni être heureux que par le beau, ou du moins par ces agréments divers qui en sont des parcelles menues et de légères étincelles ; esprits bien moins amoureux de gloire que de perfection, qui paraissent oisifs et qui sont les plus occupés, mais qui, parce que leur art est long et que la vie est toujours courte, si quelque hasard fortuné ne met à leur disposition un sujet où se trouve en surabondance l’élément dont il ont besoin et l’espace qu’il faut à leurs idées, vivent peu connus sur la terre, et y meurent sans monument, n’ayant obtenu en partage, parmi les esprits excellents, qu’une fécondité interne et qui n’eut que peu de confidents. » 1.

97. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Je pense avec Cicéron qu’elles sont les auxiliaires utiles du génie, qu’elles l’éclairent, qu’elles guident sa marche, qu’elles lui montrent le but auquel il doit tendre, qu’elles l’empêchent de s’égarer ; mais je pense aussi comme lui qu’elles n’ont jamais formé un orateur. […] Mais si vous voulez m’accorder votre attention, j’espère vous montrer dans l’entretien suivant combien ces divisions sont arbitraires pour la plupart, et ces procédés artificiels.

98. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — Chapitre II. Du genre pastoral » pp. 96-112

Montrez, par des exemples, que le style de la pastorale doit être naïf et gracieux. […] Le gracieux consiste à montrer les choses riantes et agréables avec tout l’agrément qu’elles peuvent recevoir, sans toutefois sortir du genre simple.

99. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

On dirait qu’elle n’ose se montrer au grand jour comme la reine des fleurs, et pourquoi ? […] L’écrivain en comparant les ressources du talent de Buffon à celles de la nature, veut nous montrer que cet auteur était à la hauteur de son sujet, et que la nature avait trouvé en lui un digne interprète. […] Il nous semble voir un génie aux ailes brillantes toutes déployées, qui prend par la main deux grands hommes, pour les placer côte à côte et nous les montrer. […] Les maîtres du palais ne se montrent pas, mais il les suppose occupés dans le secret de leurs appartements. […] Des vapeurs bitumineuses et sulfureuses s’élèvent au lac, prennent l’apparence d’un brouillard, et quelquefois se montrent sous la forme d’une trombe d’eau.

100. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Il ne faut point de longs discours, de froide raisonnements, de vain étalage d’esprit ou de génie, au milieu de ces événements imposants et tragiques qui terminent les grandes révolutions de la fortune et de la vie humaine : c’est là, plus qu’ailleurs, que le poète doit se montrer simple, grave, pathétique, et ne parler que le langage de la nature. […] C’est là le lieu où elles doivent se montrer avec tous les malheurs, toutes les misères qui en sont les suites funestes. […] Il faut que l’amour conduise aux malheurs et aux crimes, pour faire voir combien il est dangereux, ou que la vertu en triomphe, pour montrer qu’il n’est pas invincible. […] Le discours passionné, c’est-à-dire le moment où les passions se montrent dans leur force, dans leur variété, dans leur désordre, est rendu par un chant qui porte le nom d’air ou d’ariette. […] Nous avons montré que toute action dramatique, soit tragique, soit comique, doit avoir, ainsi que toute poésie, un but moral et utile.

101. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Je m’asseure que je ne seray pas en peine de mettre la main dans les reins de ceulx qui les montreront à noz ennemys, et que vous feres tous vostre devoir. […] Il m’en a autres fois montré une, sur les gardes de laquelle il y avoit pour vingt mille escus de diamants ; s’il luy plaisoit y porter celle-là, je la tiendrois encore pour meilleure. » Un des Gentils hommes replicqua que M. le Duc avoit des qualitez dont il ne se pouvoit dépouiller pour venir à une telle espreuve de sa valeur. […] Mais s’il eût manqué au premier, ceux qui crient à cette heure que ç’a été une résolution téméraire, hors de temps et au-dessus de nos forces, que de vouloir attaquer et abattre celles d’Espagne, et que l’expérience l a bien montré, n’auroient-ils pas condamné de même le dessein de perdre les huguenots ? […] Après tout, pour vous parler sérieusement, et vous montrer que je ne suis pas si piqué que vous pourriez vous l’imaginer, il ne tiendra pas à moi que nous ne reprenions la bonne intelligence du passé.

102. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Les vraies beautés du style sublime, s’y montrent dans tout leur éclat. […] Le style sublime ne peut se montrer que sous le pompeux appareil des figures les plus brillantes et les plus magnifiques. […] En vain ils s’uniraient pour lui faire la guerre ; Pour dissiper leur ligue, il n’a qu’à se montrer : Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer.

103. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Croiriez-vous par là montrer de la finesse, de la profondeur, de l’esprit ? […] Quand l’image que nous nous formons d’un objet est claire et lumineuse dans notre esprit, elle doit nécessairement se montrer telle aux yeux du lecteur Réfléchir longtemps sur son sujet, le posséder pleinement ; arranger toutes ses pensées avec ordre, et les enchaîner si bien, qu’elles paraissent naître sans effort les unes des autres ; voilà le vrai moyen de mettre tout à la fois de l’ensemble et de la clarté dans son style. […] Les idées les plus profondes, les plus brillantes, les plus sublimes se montrent sous sa plume, avec toute leur force, tout leur éclat, toute leur grandeur, sans que les règles de la langue soient violées. […] Découvrir, c’est montrer, soit de dessein, soit par inadvertance, ce qui avait été caché jusqu’alors.

104. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

L’éducation fortifia ces sentiments de la nature : on lui apprit à connaître un Dieu, à l’aimer, à le craindre ; on lui montra la vertu dans les règles ; on la lui rendit aimable par des exemples ; et quoiqu’il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu’il lui arrivait de s’y laisser emporter, son cœur prenait en secret le parti de sa vertu contre sa propre faiblesse. […] je vous montrerai une voie plus sûre de vous calmer.

105. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

L’humanité nous montrera dans tous les hommes des frères qui ont, comme nous, une destinée immortelle. […] Tous les préceptes du monde ne suffisent pas pour donner du goût ; c’est par l’étude et par la comparaison des modèles qu’il se forme : l’enseignement du maître consiste à faire ressortir les beautés, à les montrer aux yeux des élèves, à exciter en eux la délicatesse du sentiment, à former leur jugement par une critique éclairée et impartiale.

106. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

Mademoiselle de Vertus n’avait qu’à se montrer, ce retour si précipité marquait bien quelque chose de funeste. […] Saint-Hilaire qui montrait cette batterie, et tue M. de Turenne ; le fils de Saint-Hilaire se jette à son père, et se met à crier et à pleurer.

107. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Beaumarchais, 1732-1799 » pp. 344-356

Ce mot de Figaro sur l’indigne abus des plaidoiries de nos jours (c’est dégrader le plus noble institut) a bien montré le cas que je fais du noble métier d’avocat ; et mon respect pour la magistrature ne sera plus suspecté quand on saura dans quelle école j’en ai recherché la leçon, quand on lira le morceau suivant, aussi tiré d’un moraliste, lequel parlant des magistrats, s’exprime en ces termes formels : « Quel homme aisé voudrait, pour le plus modique honoraire, faire le métier cruel de se lever à quatre heures, pour aller au palais tous les jours s’occuper, sous des formes prescrites, d’intérêts qui ne sont jamais les siens ? […] Nous ne donnons pas ce billet comme un modèle d’urbanité, mais il a du moins le mérite de montrer vivement la blessure d’un amour-propre.

108. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Mais c’est une raison de plus pour que notre fond de perspective ne cesse de nous montrer cette beauté première, cette excellence parfaite dans son cadre et en ses contours limités. […] Ce passage, que nous avons abrégé à regret, est un de ceux qui montrent le mieux en résumé le caractère du critique et de l’écrivain chez M.

109. (1912) Morceaux choisis des auteurs français XVIe, XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles

Rangez cela adroitement du coté de la muraille, et présentez toujours le devant au monde, (Harpagon met son chapeau au-devant de son pourpoint, pour montrer à Brindavoine comment il doit faire pour cacher la tache d’huile.) […] Jésus-Christ, le Fils unique du Père céleste, est le grand pacificateur… A l’exemple du Fils unique, les enfants d’adoption doivent prendre le caractère de leur Père, et se montrer vrais enfants de Dieu par l’amour de la paix.... […] C’est faire l’œuvre de Dieu et se montrer ses enfants en imitant sa bonté. […] … Parce qu’autrement la médisance n’aurait pas le front de se montrer ni de paraître… Et de tout ceci je conclus qu’entre les vices, la médisance est évidemment un des plus lâches. […] Employez tant qu’il vous plaira vos biens et votre autorité à tous les usages que l’orgueil et les plaisirs peuvent inventer : vous serez rassasiés, mais vous ne serez pas satisfaits ; ils vous montreront la joie, mais ils ne la laisseront pas dans votre cœur.

110. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre II. Études du Prédicateur. »

C’est à eux que l’éloquence sacrée doit son origine et ses modèles en même temps : ce nouveau genre d’éloquence était absolument inconnu aux anciens ; et saint Augustin les défie de montrer aucun temple, aucune assemblée, où, par l’ordre et au nom de leurs Dieux, on fît un devoir aux hommes du mépris des richesses, de la fuite des honneurs et de l’horreur du luxe.

111. (1875) Poétique

La tragédie et la comédie s’étant une fois montrées, tous ceux que leur génie portait à l’un ou à l’autre de ces deux genres préférèrent, les uns, de faire des comédies au lieu de satires ; les autres, des tragédies au lieu de poèmes héroïques, parce que ces nouvelles formes avaient plus d’éclat et donnaient aux poètes plus de célébrité. […] L’épopée, au contraire, étant en récit, peut peindre tout ce qui est d’un même moment, en quelque lieu qu’il soit, pourvu qu’il tienne au sujet : ce qui la met en état de se montrer avec magnificence, de transporter le lecteur d’un lieu à l’autre, et de varier ses épisodes d’une infinité de manières ; et par là de prévenir la satiété qui naît de l’uniformité, et fait tomber les tragédies. […] Les autres se montrent partout dans leurs poèmes, et ne sont imitateurs que de loin en loin, et pour des instants. […] C’est encore Homère qui a montré la manière de faire passer le faux par un sophisme, dont voici le principe.

112. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

L’élégance consiste à choisir et à montrer les choses agréables avec tout l’agrément dont elles sont susceptibles ; on la trouve plus ordinairement dans les descriptions. […]         Mais aussi, dame Vérité,         Pourquoi vous montrer toute nue ? […] Suivant cette définition, il ne suffira point d’attacher quelques guirlandes de fleurs à un sujet qui, par lui-même, n’aura rien de champêtre ; il sera nécessaire de montrer la vie champêtre elle-même, ornée seulement des grâces qu’elle peut recevoir. […] Malherbe est le premier, en France, qui ait montré l’ode dans son véritable état.

113. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Nous citerons pour exemple une page de La Bruyère, prise dans son chapitre : De la mode : Iphis voit à l’église un soulier d’une nouvelle mode ; il regarde le sien et rougit : il ne se croit plus babillé ; il était venu à la messe pour se montrer, et il se cache : le voilà retenu par le pied tout le teste du jour. […] Il a soin de rire pour montrer ses dents : il fait la petite bouche et il n’a guère de moments où il ne veuille sourire. […] L’abbé de Beauvais s’en est servi pour montrer que le but de l’homme ici-bas est d’aimer, de connaître et de servir Dieu de plus en plus. […] Le style sublime ne peut se montrer que sous le pompeux appareil des expressions et des figures les plus brillantes ; tandis que le sublime se trouve souvent dans la phrase, ou dans l’expression la plus simple.

114. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre I. » pp. 73-74

Le Tasse part de ces trois différences marquées par Aristote, lorsque, dans son deuxième Discours sur l’Art poétique, il s’efforce de montrer, contre l’opinion de quelques critiques ses contemporains, que le roman en vers appartient au même genre de poésie que l’épopée, et que par conséquent il doit se conformer aux mêmes lois, entre autres à la loi de l’unité.

115. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Voici un portrait de Jules César mis par Vertot dans ses Révolutions romaines, qui montrera comment on peut mêler à la peinture du caractère quelques traits du physique des grands hommes : Caïus Julius César était né de l’illustre famille des Jules, qui, comme toutes les grandes maisons, avait sa chimère, en se vantant de tirer son origine d’Anchise et de Vénus. […] C’est ce que nous voyons en effet ; les œuvres de la Toute-Puissance, comme les faits humains, montrent partout cette qualité. […] Les principaux biographes sont, chez les Grecs, Arrien, qui a écrit l’Expédition d’Alexandre, et Plutarque, né à Chéronée dans la Béotie, vers l’an 50 de l’ère chrétienne, qui, dans ses Vies des hommes illustres, nous a montré les plus grands personnages de la Grèce et de Rome.

116. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Venez, prince, et montrez au plus grand des monarques De vos fers glorieux les vénérables marques : Paris va révérer le martyr de la croix, Et la cour de Louis est l’asile des rois. […] Beau portrait du calme qu’une âme forte conserve au milieu des dangers : Duplessis-Mornay, qui a laissé aussi des Mémoires curieux sur les événements et les guerres auxquels sa vie a été mêlée, se montra même sur les champs de bataille un sage, ami des hommes : ce qui ne l’empêchait nullement d’être un héros.

117. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

J’aurai, dans la suite, occasion de montrer combien il existe peu de rapports directs entre nos pensées et les sons qui les expriment. […] Quelques observations, que je veux faire à ce sujet, me donneront occasion de montrer l’exactitude étonnante qui a présidé à la formation du langage. […] Ces exemples seront pris parmi les mots les plus usités, et montreront avec quelle rigoureuse exactitude il est nécessaire de connaître la valeur des termes lorsqu’on veut écrire avec propriété et précision. […] Je crois nécessaire de citer quelques exemples dans lesquels son application même montrera toute son importance. […] Ils vont même jusqu’à indiquer et montrer l’effet que produisent ce qu’ils nomment les pieds, c’est-à-dire la succession de syllabes longues et brèves qui doivent entrer dans les différents membres d’une période.

118. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

De plus, il est évident que, dans un débat, il faut montrer que le fait est ou n’est pas, ou bien a été ou n’a pas été, et ne pas sortir de là. […] Lorsqu’on prononce une harangue, l’auditeur est juge dans sa propre cause, et l’orateur n’a pas à faire autre chose que de lui montrer comment les choses sont telles que les présente l’auteur de la proposition. […] La différence de l’exemple d’avec l’enthymème, on l’a montrée dans les Topiques 192. […] Quant à l’exemple, on a dit, plus haut, que c’est une induction et montré dans quel sens il faut l’entendre. […] À qui fait-on une faveur ; à quel titre ; dans quel état d’esprit la fait-on, c’est ce que montrera clairement la définition de la faveur.

/ 254