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112. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

Les témoignages sont divins ou humains : les oracles, les augures, les livres prophétiques ou sacerdotaux, voilà la première classe ; les lois, les titres, les contrats, les dépositions, les aveux, les bruits publics, voilà la seconde. […] Ces témoignages divins et humains, dont parle Cicéron, l’avocat les trouvera d’abord dans ce qu’on nomme les pièces du procès, puis dans les livres où sont traitées ex professo les questions de droit qui se rattachent à sa cause, et dans les commentaires que ces ouvrages ont groupés autour d’eux ; l’historien, dans les chroniques, les mémoires, les pamphlets, les journaux, les œuvres philosophiques et littéraires du pays et du siècle qu’il a choisis ; l’orateur politique, dans les fastes parlementaires, dans les records, dans les annales de la tribune en France, en Angleterre, aux Etats-Unis, à Rome même et en Grèce ; le prédicateur, dans l’Ecriture sainte, les Pères, les écrivains ecelésiastiques ; le philosophe, le romancier, le poëte, les trouveront partout. […] Emmagasiner, pour ainsi dire, toutes les idées que peut enfanter l’esprit humain, les classer régulièrement, en attachant à chaque compartiment son étiquette, en sorte que, une fois les ressources et la distribution de l’entrepôt bien connues, l’écrivain puisse les retrouver selon les exigences du sujet, et s’approvisionner au fur et à mesure des besoins, c’est là évidemment une utopie décevante, une conception singulièrement heureuse, si elle était réalisable.

113. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

… Arriere chair, arriere affections ; Retirez vous, humaines passions ; Rien ne m’est bon, rien ne m’est raisonnable, Que ce qui est au Seigneur agreable. […] O povre enfant, o nous povres humains Cachans souvent la mort dedans nos seins, Alors que plus en pensons estre loing ! […] Sous 1’ombrage l’on voit s’egaïer en la dance, Trepignant pellemelle280, et filles et garçons, Tantost au flageolet, et tantost aux chansons281… Mais, humains inhumains, quelle fureur si forte Vos esprits forcenez d’aveugle erreur transporte, D’anoblir le cruel qui dans le sang humain Trampe plus hardiment son inhumaine main282 ? […] La pitié, la justice, La constance et la foy, Cedant à l’artifice, Dedans les cœurs humains sont esteintes pour moy544. […] Nous vivons à tastons, et dans ce monde icy Souvent avecq’ travail on poursuit du soucy : Car les Dieux courroussez contre la race humaine Ont mis avecq’ les biens la fureur et la peine.

114. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Elle tient de la comédie et se contente de jouer autour du cœur humain sans chercher à le sonder : Circum præcordia ludit. […] Mais les hommes pervers, mais les hommes coupables Dont le pied grave au sol des traces plus durables, Ce sont tous ces auteurs qui, le scalpel en main, Cherchent, les yeux ardents, au fond du cœur humain, La fibre la plus vive, et la plus sale veine, Pour en faire jaillir des flots d’or à main pleine. […] Non, le gain les excite, et l’argent les enfièvre, L’argent leur clôt les yeux et leur noircit la lèvre ; L’argent, l’argent fatal, dernier dieu des humains, Les prend par les cheveux, les secoue à deux mains, Les pousse dans le mal, et pour un vil salaire, Leur mettrait les deux pieds sur le corps de leur père. […] En général, les fables où il n’y a pas de personnages humains sont plus agréables que celles où il y en a. […] Tremblez, humains, faites des vœux : Voici le maître de la terre.

115. (1865) Cours élémentaire de littérature : style et poétique, à l’usage des élèves de seconde (4e éd.)

De là vient que les belles-lettres sont justement appelées, humanités, lettres humaines, humaniores litteræ. […] Le goût est une faculté inhérente à l’esprit humain, aussi bien que la faculté de comprendre et de raisonner. […] Le sentiment est sublime quand il nous pénètre d’enthousiasme et qu’il fait voir dans la faiblesse humaine une constance en quelque sorte divine. […] Au contraire, l’égoïsme est étroit, et, grâce à Dieu, il n’a pas d’écho dans le cœur humain. […] De là, le poète remonte à la cause de cette audace, et, par une seconde digression, il s’indigne contre la témérité de tout le genre humain.

116. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Qu’il acquitte le genre humaine de ce devoir ; et la couronne d’or, qu’on refusait à Démosthène, l’attend et lui est assurée. […] — Il faut plaire à ceux qui ont les sentiments humains et tendres. […] Le caractère humain est le contraire. […] De là vient que, sitôt après la chute du genre humain, la poésie et l’idolâtrie, toujours jointes ensemble, firent toute la religion des anciens. […] C’est la honte de l’esprit humain que le goût, pour l’ordinaire, ne s’introduise que chez l’oisiveté opulente.

117. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

La construction est-elle fondée sur la nature même de l’esprit humain, ou n’est-elle que le résultat du génie de chaque langue ? […] vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions, par lesquelles l’Ecriture sainte exagère l’inconstance des choses humaines, devaient ètre pour cette princesse si précises et si littérales. » Essayez de mettre : « Vous savez avec quelle grâce elle fleurissait le matin !  […] C’est du moins l’avis de ce dernier dans l’Essai sur l’origine des connaissances humaines, part. 2 ; mais il se réfute lui-même au 2e et au 14e chapitre de l’Art d’écrire où il établit beaucoup mieux, mon gré, la théorie de la construction.

118. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre III. du choix du sujet. » pp. 38-47

Des autels, des fleurs, de l’encens pour l’art, mais qu’on n’aille pas le cacher par delà les nuages, au-dessus de tout contrôle humain, en dehors de toute société humaine.

119. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

Il passe le Rhin5 et trompe la vigilance d’un général habile et prévoyant6 ; il observe les mouvements des ennemis ; il relève le courage des alliés ; il ménage la foi suspecte et chancelante des voisins ; il ôte aux uns la volonté, aux autres les moyens de nuire ; et, profitant de toutes ces conjonctures importantes qui préparent les grands et glorieux événements, il ne laisse rien à la fortune de ce que le conseil et la prudence humaine lui peuvent ôter. […] Je viens vous faire admirer un homme qui ne se détourna jamais de ses devoirs, qui, pour maintenir la raison, se roidit contre la coutume, qui n’eut jamais d’autre intérêt que celui de la vérité et de la justice, et qui, ayant eu part à toutes les prospérités du siècle3, n’en a point eu à ses corruptions ; un homme d’une vertu antique et nouvelle, qui a su joindre la politesse du temps à la bonne foi de nos pères, en qui la fortune n’a fait que donner du crédit au mérite, qui a sanctifié l’honneur et la probité par les règles et les principes du christianisme, qui s’est élevé par une austère sagesse au-dessus des craintes et des complaisances humaines, et qui, toujours prêt à donner à la vertu les louanges qui lui sont dues, a fait craindre à l’iniquité le jugement et la censure ; vaillant dans la guerre, savant dans la paix ; respecté, parce qu’il était juste ; aimé, parce qu’il était bienfaisant ; et quelquefois craint, parce qu’il était sincère et irréprochable… Ne craignez point que l’amitié ou la reconnaissance me préviennent.

120. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Introduction »

Les Mots Si nous remontons par la pensée jusqu’aux premiers âges du monde, vers ces temps antiques où les hommes affectionnaient une vie simple, nous serons fondés à penser que le langage humain a dû se ressentir de cette simplicité primitive. […] : Il (d’Ailly) renonce aux humains, à la cour, à la gloire : plusieurs compléments circonstanciels, ex. 

121. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Le bonheur est le port où tendent les humains ; Les écueils sont fréquents, les vents sont incertains. […] Presque tout était allégorique dans la mythologie des anciens ; et ces fictions étaient peut-être, dans leur nouveauté, ce que l’esprit humain a jamais produit de plus ingénieux. […] Ce chef-d’œuvre fatal aux mortels fut laissé ; De Dieu sur les humains tel fut l’arrêt suprême : Voilà votre supplice ; et j’ordonne qu’on l’aime. […] De la bonté des dieux c’est un gage fidèle ; C’est là qu’est renfermé le sort du genre humain : Nous serons tous des dieux… Elle l’ouvre ; et soudain Tous les fléaux ensemble inondent la nature. […] (Ι. v. 496) Les Prières, mon fils, ces vierges révérées, Du père des humains sont les filles sacrées : Boiteuses, baissant l’œil, promptes à s’incliner, Sur les pas de l’Offense on les voit se traîner.

122. (1862) Cours complet et gradué de versions latines adaptées à la méthode de M. Burnouf… à l’usage des classes de grammaire (sixième, cinquième, quatrième) pp. -368

Tout contrefacteur ou débitant de contrefaçons de cet Ouvrage sera poursuivi conformément aux lois. Toutes mes Editions sont revêtues de ma griffe. Avant-propos. Le succès toujours croissant de la nouvelle Méthode, à laquelle ce Cours est adapté, nous dispense d’en faire l’éloge, et d’ajouter un tardif et obscur hommage aux suffrages éminents qui l’ont accueillie dès son apparition. En offrant au public ce recueil, nous n’avons point la prétention chimérique de suivre pas à pas la théorie de l’auteur, de présenter chacun des exercices qui composent notre ouvrage, comme le développement spécial d’une règle de la Méthode.

123. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Un chevalier de Nantouillet était tombé de cheval : il va au fond de l’eau, il revient, il y rentre, revient encore ; enfin, il trouve la queue d’un cheval ; il s’y attache : ce cheval le mène à bord ; il monte sur le cheval, se trouve à la mêlée, reçoit deux coups dans son chapeau, et revient gaillard. » Veut-on maintenant juger du cœur de cet écrivain dans un récit touchant, où elle avait à peindre la plus grande douleur qu’une âme humaine puisse ressentir, celle d’une mère à la nouvelle de la mort de son fils ? […] Il est bien vrai, Monsieur, il faut une force plus qu’humaine pour soutenir une si cruelle séparation. […] Mais au sort des humains la nature insensible Sur leurs débris épars suivra son cours paisible : Demain la douce aurore, en se levant sur eux, Dans leur acier sanglant réfléchira ses feux ; Le fleuve lavera sa rive ensanglantée ; Les vents balayeront leur poussière infectée, Et le sol, engraissé de leurs restes fumants, Cachera sous des fleurs leurs pâles ossements. […] « La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans les langues humaines, les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée. […] Dans l’opinion la plus extravagante et la plus barbare qui entra jamais dans l’esprit humain, savoir : que tous les droits de la société sont suppléés par la bravoure ; qu’un homme n’est plus fourbe, fripon, calomniateur ; qu’il est civil, humain, poli, quand il sait se battre ; que le mensonge se change en vérité ; que le vol devient légitime, la perfidie honnête, l’infidélité louable, sitôt qu’on soutient tout cela le fer à la main ; qu’un affront est toujours bien réparé par un coup d’épée, et qu’on n’a jamais tort avec un homme, pourvu qu’on le lue.

124. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Le Sage, 1668-1747 » pp. 216-222

Crispin rival de son maître et le Diable boiteux (1707) furent les premiers essais où se révéla sa gaieté spirituelle, son génie inventif, sa connaissance du cœur humain, sa verve pétulante, qui peindra les préjugés et les ridicules moins pour les corriger que pour s’en égayer. […] Son chef-d’œuvre fut Gil Blas (1715) où des peintures expressives nous représentent toutes les conditions de la vie et de la nature humaine.

125. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Un des devoirs les plus essentiels de l’orateur est de les connaître, ainsi que les usages et le commerce ordinaire de la vie : c’est ce qu’on appelle connaître le cœur humain et le monde. […] On ne peut lire les sermons de ce grand orateur, sans s’apercevoir presque à chaque page qu’il avait fait une étude bien profonde du cœur humain. […] Quelque puissants qu’ils aient été, à quoi se réduisent ces magnifiques éloges qu’on leur donne, et que nous lisons sur ces superbes mausolées, que leur érige la vanité humaine ? […] La fortune même, cette fière maîtresse des événements humains, ne peut rien vous dérober de cet honneur : elle vous le cède entièrement, et avoue qu’il vous appartient en tout et en propre, puisque la témérité et le hasard ne se trouvèrent jamais où président la sagesse et la prudence. […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine, pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux Héros.

126. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Nicole. (1625-1695.) » pp. 40-47

Vanité de l’ambition humaine. […] Et ainsi, lorsque nous apercevons qu’en contredisant certaines opinions qui ne regardent que des choses humaines, nous choquons plusieurs personnes, nous les aigrissons, nous les portons à faire des jugements téméraires et injustes ; non-seulement nous pouvons nous dispenser de combattre ces opinions, mais même nous y sommes souvent obligés par la loi de la charité… Il ne faut pourtant pas porter les maximes que nous avons proposées jusqu’à faire généralement scrupule, dans la conversation, de témoigner que l’on n’approuve pas quelques opinions de ceux avec qui on vit.

127. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

Il ne faut point trop détester le genre humain, quoique détestable ; mais si l’on pouvait faire une arche pour quelques personnes comme vous, madame, et noyer encore une fois tout le reste, ce serait une bonne opération. […] … Fragment de conversation sur la gloire des lettres Ceux-là dont la renommée coûte si cher au genre humain, que laissent-ils après eux ?

128. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Modèles

Il est bien vrai, Monsieur, il faut une force plus qu’humaine pour soutenir une si cruelle séparation et tant de privations. […] Vers le soir, l’homme-billet se changeait en un homme ordinaire, ses métaux se métamorphosaient en cœur humain. […] De part et d’autre, il n‘y a rien là dans l’ordre humain. […] Ainsi languissait la terre, ainsi périssaient les malheureux humains. […] Les agitations humaines ne montent pas là.

129. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

: Si tu n’es qu’un mortel, vieillard infortuné, Les humains près de qui les flots t’ont amené Aux mortels malheureux n’apportent point d’injures2. […] Le ciel les fit humains, hospitaliers et bons, Amis des doux plaisirs, des festins, des chansons ; Mais faibles, opprimés, la tristesse inquiète Glace ces chants joyeux sur leur bouche muette2, Pour les jeux, pour la danse, appesantit leurs pas, Renverse devant eux les tables des repas, Flétrit de longs soucis, empreinte douloureuse, Et leur front et leur âme.

130. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

L’apologue qui, traité1 par Ésope ou Phèdre, n’était qu’une parabole sèche et ingrate, devient chez La Fontaine un théâtre en miniature ou toutes les variétés de la physionomie humaine sont mises en scène dans de petits drames qui amusent la raison, et nous ménagent des émotions indécises entre le rire et les larmes. […] Il y a de la tristesse dans ses pressentiments. — Par la vivacité de ses peintures, La Fontaine fait que les grands lieux communs de la vie humaine nous émeuvent comme s’ils nous touchaient par une épreuve personnelle. […] Bossuet dit : « C’est une étrange faiblesse de l’esprit humain que jamais la mort ne lui soit présente, quoiqu’elle se mette en vue de tous côtés et en mille formes diverses. […] Il en est de la part que nous prenons aux lieux communs de la vie humaine comme de celle que nous prenons au sol et au territoire d’un pays : le coin qui nous appartient est celui qui a le plus d’intérêt pour nous. […] Le simple bon sens qui a dicté cette fable est supérieur à toutes les subtilités philosophiques qui remplissent des milliers de volumes sur des matières impénétrables à l’esprit humain. — La citrouille est de la famille des cucurbitacèes, des gourdes.

131. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Le ridicule est encore chargé quand on fait contraster les travers entre eux, ou avec la raison droite et la décence, lorsqu’on fait figurer un jeune homme prodigue à côté d’un père avare ; lorsque, sur la même scène, on voit un homme sensé et un joueur de trictrac qui vient lui tenir des propos impertinents ; une femme ménagère, à côté d’une savante ; un homme poli et humain à côté d’un misanthrope. […] Nous avons encore des comédies de caractère mixtes, c’est-à-dire formées de plusieurs caractères opposés entre eux, mais qui sont tous également importants de manière qu’il n’y en a aucun qui brille assez pour être distingué des autres et pour être regardé comme le caractère principal166 ; nous en avons surtout où le poète, sans s’attacher à peindre un de ces défauts inhérents à l’esprit humain, et qui se retrouvent ainsi à toutes les époques, représente des travers d’un certain temps ou d’un certain endroit : comme quand Picard, dans sa Petite ville, montre les ridicules des provinciaux et les caquets des lieux où tout le monde se connaît. […] Dans les premiers temps, la tragédie et la comédie n’ont représenté que les faits purement humains ; et, l’unité de lieu étant observée strictement, il suffisait d’une scène très simple représentant une chambre, une place, un jardin, etc. […] Ces ouvrages tiennent, si l’on veut, à la littérature par le fond, par la charpente générale ; pour le reste, le talent du poète y est si peu de chose, qu’ils ne peuvent, quoi qu’on en ait dit, concourir que d’une manière bien secondaire à la gloire littéraire d’une nation ; toutefois, il était bon de les nommer, ne fût-ce que pour montrera flexibilité de l’esprit humain et sa fécondité d’invention pour tout ce qui contribue aux plaisirs d’une société civilisée.

132. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Dominant du point de vue d’un père de l’Eglise tout l’ensemble des faits humains, et les enchaînant l’un à l’autre avec une merveilleuse puissance de génie, il leur assigna pour loi unique et éternelle leur concours à l’accomplissement des desseins de Dieu sur son Eglise. […] Dans l’éloquence rappelez-vous le Discours de Cicéron pour Milon ; dans la philosophie, l’Essai de Locke sur l’entendement humain. […] Mais ce premier ecueil de la vie humaine devient comme l’écueil privilégié de la vie des grands.

133. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Ce fut l’événement décisif de sa vie ; car son entrée dans une maison princière lui permit d’assister de près au spectacle de la comédie humaine, où figuraient les originaux de la cour et de la ville. […] Le paysan au XVIIe siècle L’on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil, attachés à la terre qu’ils fouillent et qu’ils remuent avec une opiniâtreté invincible : ils ont comme une voix articulée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et en effet ils sont des hommes. […] Massillon s’exprime presque dans les mêmes termes : « Les grands, placés si haut par la nature, ne sauraient plus trouver de gloire qu’en s’abaissant ; ils n’ont plus de distinction à se donner du côté du rang et de la naissance ; ils ne peuvent s’en donner que par l’affabilité ; et s’il est encore un orgueil qui puisee leur être permis, c’est celui de se rendre humains et accessibles, etc. » Petit Carême, 5e sermon).

134. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

« Le principal mérite de l’Esprit des lois , a dit Voltaire, est l’amour des lois qui règne dans cet ouvrage ; et cet amour des lois est fondé sur l’amour du genre humain. » Il mourut épuisé par ses immenses travaux. […] Il appartient à l’élite de ceux qui, sans chimère ni ambition, veulent le bien de la patrie et l’honneur du genre humain. […] Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l’Europe et au genre humain, je le regarderais comme un crime.

135. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre premier. de la rhétorique en général  » pp. 13-23

L’immense majorité de l’espèce humaine s’échelonne entre ces deux extrêmes. […] La rhétorique est donc utile, parce que, l’intelligence humaine étant perfectible, l’art, c’est-à-dire les méthodes rationnelles de perfectionnement, peut efficacement venir en aide à la nature, c’est-à-dire aux dispositions innées.

136. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

Dans une éclatante voûte Il a placé de ses mains Ce soleil qui, dans sa route, Eclaire tous les humains. […] Et je pourrai forcer ma bouche A louer un héros farouche Né pour le malheur des humains ?

137. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

Sévère dans la ferme, humain dans la cité2, Il soigne le malheur, conduit la cécité ; Et moi, de l’Hélicon, malheureux Bélisaire3, Peut-être un jour ses yeux guideront ma misère4. […] Enfant, j’ai bien souvent, à l’ombre des buissons, Dans le langage humain traduit ces vagues sons, Pauvre écolier rêveur et qu’on disait sauvage, Quand j’émiettais mon pain à l’oiseau du rivage, L’onde semblait me dire : Espère !

138. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-10

La souveraine éloquence gouverna ainsi longtemps la plus fine5 partie du genre humain, et présida aux affaires de la Grèce. […] Ce n’est point un cartel d’ennemi à ennemi ; c’est une satire ; c’est un pasquin 1 ; c’est quelque chose de pis : ou plutôt ce sont les premières pièces d’un procès criminel intenté par le genre humain que les vices de Tibère avaient offensé.

139. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Il ôte aux uns la volonté, aux autres les moyens de nuire ; et, profitant de toutes ces conjonctures importantes, qui préparent les grands et glorieux événements, il ne laisse rien à la fortune de ce que le conseil et la prudence humaine lui peuvent ôter. […] Les consolations humaines ne viennent ici qu’en dernier lieu ; elles seraient puissantes et efficaces si ces douleurs se consolaient.

140. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Elle a de l’éloquence et de l’enthousiasme ; elle excelle dans la peinture du monde et du cœur humain. […] Une certaine habitude leur rend nécessaires les sons harmonieux, ils en jouissent comme de la saveur des fruits, du prestige des couleurs ; mais leur être entier a-t-il retenti comme une lyre, quand, au milieu de la nuit, le silence a tout à coup été troublé par des chants ou par ces instruments qui ressemblent à la voix humaine ?

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