/ 260
2. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Il trouvait chez eux l’idéal de l’honneur patriotique et chevaleresque. […] Et par là cet honneur n’était dû qu’à mon bras. […] Précipice élevé d’où tombe mon honneur ! […] Aie, aie, l’honneur, te dis-je. […] Il vient ; honneur à lui !

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

L’historien Thucydide nous a conservé un monument précieux de ce genre d éloquence : c’est l’éloge funèbre que prononça Périclès en l’honneur des guerriers morts pendant l’expédidition de Samos, où il avait lui-même commandé et remporté plusieurs victoires. […] Tous unanimement, préférant à des charmes illusoires l’honneur de vaincre l’ennemi, regardant le péril même qui se montrait à leurs yeux comme une faveur de la fortune, tous ils se hâtaient de s’en saisir, et pour se venger, et pour couronner à la fois tous leurs vœux. […] Que le cœur en soit épris ; que l’amour en devienne plus actif, à mesure que la connaissance en devient plus parfaite ; que la mémoire vous redise tous les jours : ceux qui nous l’ont acquise, sensibles au cri de l’honneur, à la voix de l’opinion, savaient braver les dangers. […] le seul sentiment qui jamais ne vieillisse ; car dans la ruine universelle de l’homme périssant sous le poids des années, ce n’est pas, comme quelques-uns le prétendent, la passion des richesses qui survit, mais c’est la passion de l’honneur. […] Une partie de la dette publique est déjà réellement acquittée par les honneurs rendus à la tombe des héros que nous pleurons.

4. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de L’Hospital, 1505-1573 » pp. -

Les avocats Vous ne sçauriez veoir rien au monde si impudent, ny si hardy à mettre en avant ung faulx faict et une menterie en plein barreau ; ilz ont des fronts d’acier3, et, n’ayant point d’apprehension de perdre leur honneur, tout leur est indifferent, pourveu que rien ne tourne à leur dommaige. Vous oyrez4 crier, braire et tempester à l’appetit d’une partie hargneuse5 ; vous verrez les langues impures, venales et mercenaires mettre l’honneur des plus vertueux, illustres et grands personnaiges en compromis6, et ce dont je ne me sçaurois assez estonner, ces asnes d’Arcadie à qui les judges debvroient, à toutes les fois qu’ilz s’oublient et s’esmancipent contre la decence de leur robbe, mettre ung mords de bride, et leur fermer la bouche avec une bonne et grave reprimande, ilz les laissent divaguer de maniere qu’il semble à ces effrontez qu’ilz ont faict quelque beau chef-d’œuvre quand ilz ont, dient-ilz, bien lavé la teste7 à ung homme d’honneur, et mettent ceste haulte et sotte vanterie parmy leurs trophées… Et neantmoins ce sont ceulx ordinairement qui ont le plus de praticque1, parce qu’ilz se mettent à tous les jours, à toutes les causes ; et les bons playdeurs2, qui intenteroient ung procez sur la pointe d’une eguille3, les recherchent plus volontairement que les aultres, dont les mœurs sont composees à la prudence et modestie4 : vray ornement d’ung sçavant homme de bien, d’advocat5, lequel, faisant trop6 plus de cas de l’honneur que de gaing, ne soubtient jamais de cause contre sa conscience ; aussy la deffend il avec tant de vigueur, de force et de solides raisons, que l’on recognoist à vue d’œil7 qu’il ne se fonde pour obtenir la victoire que sur la verité et la justice de sa cause. Cestuy cy ne faict rien qu’en faveur et consideration de la vertu et de la justice, et s’employe hardyment pour la deffense et tuition8 de l’innocence opprimée ou que l’on veult opprimer : l’or et l’argent ne luy commandent poinct ; toutes les grandeurs et puissances ne le sçauroient destourner du vray honneur qui ne s’acquiert qu’en bien faisant… Au contraire le brouillon9, avec son ignorance, qui lui faict escorte perpetuelle, estime pure vanité tout l’honneur qui est sans profict et contribution pecuniaire ; n’ayme que playe et bosse, seme des noises10, querelles et procez partout où il se trouve, afin d’avoir de la pratique aux despends de qui que ce soit.

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

L’honneur du monde, mes frères, c’est cette grande statue que Nabuchodonosor veut que l’on adore. […] (Sermon sur l’honneur du monde.) […] Enfin y a-t-il aucun vice que l’honneur du monde ne mette en crédit, si peu qu’il ait de soin de se contrefaire ? […] Est-ce là cette ville, est-ce là ce temple, l’honneur et la joie de toute la terre ? […] Sous lui se sont formés tant de renommés capitaines que ses exemples ont élevés aux premiers honneurs de la guerre !

6. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Saint François de Sales, 1567-1622 » pp. -

Des missions, que suivirent des conversions nombreuses opérées parmi les calvinistes du Chablais, lui valurent en 1596 l’honneur d’être nommé, malgré lui, coadjuteur de l’évêque de Genève, auquel il devait succéder. […] La noblesse de la race, la faveur des grands, l’honneur populaire, ce sont choses qui ne sont pas en nous, mais ou en nos prédécesseurs, ou en l’estime d’autrui. […] Les esprits bien nés ne s’amusent pas à ces menus fatras3 de rang, d’honneur, de salutations, ils ont d’autres choses à faire ; c’est le propre des esprits fainéants. Qui peut avoir des perles, ne se charge pas de coquilles, et ceux qui prétendent à la vertu ne s’empressent point pour les honneurs. […] Car comme ceux qui viennent du Pérou, outre l’or et l’argent qu’ils en tirent, apportent encore des singes et des perroquets, parce qu’ils ne leur coûtent guère, et ne chargent pas aussi beaucoup leur navire : ainsi ceux qui prétendent à la vertu ne laissent pas de prendre leurs rangs et les honneurs qui leur sont dus, pourvu toutefois que cela ne leur coûte pas beaucoup de soin et d’attention, et que ce soit sans être chargés de trouble, d’inquiétude, de disputes et contentions.

7. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Cependant notre âme insensée S’acharne au vain honneur de demeurer près d’eux7. […] — Madame, ce m’est trop d’honneur, Et mon destin doit faire envie. […] Consultes-en ton goût, il s’y connaît en maître, Et te dira toujours, pour l’honneur de ton choix, Sur qui tu dois verser l’éclat des grands emplois. […] Il s’agit de duels, d’affaires d’honneur. […] Le faux honneur de tout charmer Détruit le véritable.

8. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

C’était beaucoup que le premier de ces dons : mais la cruelle médiocrité rend cet honneur bien pensant ; et qui sait si cette fâcheuse compagne vous aurait permis de vivre, et de mourir avec toute la pureté de votre naissance ? […] « Vous voilà donc, grâces à cet établissement, muni des leçons de l’honneur le plus pur, et des plus belles lumières. […] La réponse de la femme de Barry, fut que l’honneur de son mari lui était encore plus cher que ses jours. […] Portez les armes que vos pères ont portées, et que ce soit avec honneur comme eux. […] Si l’on se sert du mot respect, on doit mettre simplement, je suis : mais avec toute autre expression, on met, j’ai l’honneur d’être, etc., je suis avec un profond respect − j’ai l’honneur d’être avec la plus parfaite estime, avec la plus parfaite considération.

9. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Qu’ils sachent donc qu’il serait mille fois plus facile de détruire la grande capitale que de flétrir l’honneur des enfants du grand peuple et de ses alliés. […] Soldats, il n’est aucun de vous qui veuille retourner en France par un autre chemin que par celui de l’honneur. […] J’aurais pu mourir ; rien ne m’eût été plus facile ; mais je suivrai sans cesse le chemin de l’honneur. […] Je ne lui réponds que pour protester que jamais je n’attribuerai à elle les choses qui y sont contenues ; toutes sont contraires à son caractère et à l’honneur de tous deux3. […] « Soldats, je dirigerai moi-même tous vos bataillons : je me tiendrai loin du feu, si, avec votre bravoure accoutumée, vous portez le désordre et la confusion dans les rangs ennemis ; mais si la victoire était un moment incertaine, vous verriez votre empereur s’exposer aux premiers coups ; car la victoire ne saurait hésiter, dans cette journée surtout, où il y va de l’honneur de l’infanterie française, qui importe tant à l’honneur de toute la nation.

10. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fléchier. (1632-1710.) » pp. 69-75

On le vit, en ce dernier rang de la milice, ne refuser aucune fatigue et ne craindre aucun péril ; faire par honneur ce que les autres faisaient par nécessité, et ne se distinguer d’eux que par un plus grand attachement au travail et par une plus noble application à tous ses devoirs3. […] Je viens vous faire admirer un homme qui ne se détourna jamais de ses devoirs, qui, pour maintenir la raison, se roidit contre la coutume, qui n’eut jamais d’autre intérêt que celui de la vérité et de la justice, et qui, ayant eu part à toutes les prospérités du siècle3, n’en a point eu à ses corruptions ; un homme d’une vertu antique et nouvelle, qui a su joindre la politesse du temps à la bonne foi de nos pères, en qui la fortune n’a fait que donner du crédit au mérite, qui a sanctifié l’honneur et la probité par les règles et les principes du christianisme, qui s’est élevé par une austère sagesse au-dessus des craintes et des complaisances humaines, et qui, toujours prêt à donner à la vertu les louanges qui lui sont dues, a fait craindre à l’iniquité le jugement et la censure ; vaillant dans la guerre, savant dans la paix ; respecté, parce qu’il était juste ; aimé, parce qu’il était bienfaisant ; et quelquefois craint, parce qu’il était sincère et irréprochable… Ne craignez point que l’amitié ou la reconnaissance me préviennent. […] Ne me rends pas un honneur que je n’ai pas mérité, à moi qui n’en voulus jamais rendre qu’au vrai mérite. […] L’envie est une passion désordonnée qui ne peut souffrir ni grâce ni vertu dans les âmes : il n’y a point d’autorité, point de réputation, point de bonheur qu’elle n’étouffât, si elle pouvait, dès leur naissance Comme elle n’a pas toujours la force en main, elle s’aide de tous les artifices de la langue : soit qu’elle cherche à détruire un crédit qui lui fait ombrage, à ternir une gloire qui brille un peu trop à son gré, à ruiner une fortune dont les débris peuvent servir à grossir la sienne, à décrier une probité qui lui fait obstacle dans ses prétentions, quoique injustes ; le moyen ordinaire et le ressort presque universel dont elle se sert, c’est la médisance et la calomnie : ce sont les préventions qu’elle donne, ce sont les piéges qu’elle tend, ce sont les coups qu’elle frappe contre l’honneur et le repos de ses rivaux. […] La médisance règne en tous lieux, et fait de la société comme un champ de bataille, où mille coups mortels à l’honneur, portés de toutes parts, sont le jeu de ces bouches à deux langues que la sagesse déteste.

11. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

Quel honneur ! […] J’obéis, sans prétendre à l’honneur de l’instruire. […] Cet honneur vous regarde, et j’ai fait choix de vous, Pharnace : allez, soyez ce bienheureux époux. […] Que ma foi, mon amour, mon honneur y consente ? […] Mais l’honneur, en effet, qu’il faut que l’on admire,...

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

Oui, la Grèce leur accorde à tous la même sépulture, et leur rend les mêmes honneurs ; oui, Eschine, à tous, parce que tous eurent la même vertu, quoique la destinée ne leur ait pas accordé à tous le même succès ». […] Non, mais il était magnanime ; et les citoyens auxquels il n’accordait pas cet honneur, étaient vraiment dignes de la république. […] n’avait-il pas demandé cet honneur ? […] Hâtons-nous d’arriver à la péroraison du discours d’Eschine : elle est noble et belle, et eût fait honneur au talent de Démosthène lui-même. […] Ce trait lui fait, sans doute, aux yeux de l’homme qui pense, autant d’honneur que les plus beaux morceaux de sa harangue.

13. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Montluc, 1503-1577 » pp. -

Car sa vanité même n’a rien qui choque : elle a grand air, et justifie cette fière devise : « Nos vies et nos biens sont au roi, l’âme est à Dieu, l’honneur est à nous ; non, sur mon honneur mon roi ne peut rien. » Il fut de ces gentilshommes pour qui toute chaude affaire était une fête. Lui aussi, sous le regard du prince, il eût « changé prés et vignes en chevaux et armes pour aller mourir au lit d’honneur ». […] Et alors je fis une remontrance aux Gascons, et leur dis qu’il y avoit une disputte de longue main entre les Espaignolz4 et les Gascons, et qu’il falloit à ce coup en vuider le procés commencé il y a plus de cinquante ans ; c’estoit que les Espaignolz disoient qu’ilz estoient plus vaillans que les Gascons, et les Gascons qu’ils en estoient plus que les Espaignolz ; et que, puisque Dieu nous avoit fait la grace de nous trouver en ceste occasion en mesme combat et sous mesmes enseignes, qu’il falloit que l’honneur nous en demeurast. « Je suis Gascon, je renie la patrie, et ne m’en diray jamais plus, si aujourd’huy vous ne gaignés le procés5 à force de combatre ; et vous verrés que je seray bon advocat en ceste cause. […] Vous n’estes pas ainsi2, qui combatés pour l’honneur de Dieu, service de vostre Roy et repos de la patrie. » Sur quoy je leur commanday que tout le monde levast la main.

14. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

À une époque où l’on préférait les salons aux champs et la clarté des bougies à la lumière du soleil, il eut encore le mérite de mettre en honneur le sentiment de la nature. […] Sensible, d’ailleurs, à l’honneur que vous faites à ma patrie, je partage la reconnaissance de mes concitoyens, et j’espère qu’elle ne fera qu’augmenter encore lorsqu’ils auront profité des instructions que vous pouvez leur donner. […] Je leur dois le peu que je suis ; je leur dois même l’honneur d’être connu de vous. […] Elle n’est autre que cet indomptable esprit de liberté que rien n’a pu vaincre, et devant lequel les honneurs, la fortune, et la réputation même, ne me sont rien. […] Vous avez perdu Genève pour le prix de l’asile que vous y avez reçu ; vous avez aliéné de moi mes concitoyens pour le prix des applaudissements que je vous ai prodigués parmi eux ; c’est vous qui me rendez le séjour de mon pays insupportable ; c’est vous qui me ferez mourir en terre étrangère, privé de toutes les consolations des mourants, et jeté pour tout honneur dans une voirie, tandis que tous les honneurs qu’un homme peut attendre vous accompagneront dans mon pays.

15. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Je suis le premier, depuis la fondation de Rome, qui, sans avoir quitté la toge, ait reçu un pareil honneur. […] Je ne vous enlèverai pas l’honneur de remplir un si beau devoir : je ne suis point jaloux de la gloire d’autrui. […] C’est un homme distingué ; il avait été prêtre de Jupiter, honneur insigne dans cette ville. […] Apprenez maintenant un nouveau genre de pillage, dont Verrès a l’honneur de l’invention. […] sera-ce de voir donner à un Sicilien la puissance, l’honneur, l’autorité de commandant, de questeur et de préteur ?

16. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Ainsi un Européen, blessé dans son honneur, peut être retenu par la religion, le respect des lois, la crainte de l’opinion publique, les conséquences fâcheuses d’un scandale, l’intérêt de sa famille. […] » Il prend pour lui les entreprises qui demandent le sang-froid et l’esprit de conduite, et laisse aux Ajax et aux Diomède l’honneur des duels et des grands coups d’épée. […] Maintenant il va haranguer les Grecs et les rappeler aux sentiments de l’honneur et de la discipline. […] Il prouve enfin que ses vues s’accordent avec les traditions des ancêtres, avec l’honneur des citoyens et les principes politiques de l’État. […] Dans le grand combat qu’il soutint pour la liberté de son pays contre l’ambition de la Macédoine, on ne le vit jamais biaiser, jamais transiger, jamais recourir à des moyens que l’honneur réprouve.

17. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

Pour répondre à l’honneur que m’ont fait et mes juges et mes critiques, je crois devoir faire précéder cette édition nouvelle de quelques lignes d’explication. […] Je comprends par moralité celle du citoyen, de l’homme d’honneur, de l’homme actif et pratique destiné à vivre et à communiquer avec les autres hommes, celle qui nous donne une idée saine de nos droits comme de nos devoirs, qui inspire l’amour de la vérité, de la justice, de l’humanité, et cette dignité de bon goût qui repousse également la pruderie hypocrite et les sophismes de l’impudeur. […] Épouvanté, et on le serait à moins, de la pénurie toujours croissante de premiers sujets dans tous les genres, il jette à pleines mains bouquets et couronnes à tout débutant qui laisse percer la moindre lueur de talent ; il décerne au plus mince succès de collége l’ovation et le vin d’honneur ; les fumées de cette gloire précoce montent au cerveau des lauréats et les étourdissent à tout jamais. […] Je ne vous dis pas assurément de dédaigner les avantages matériels et positifs du talent ; la fortune et les honneurs qu’atteignent si souvent l’intrigue, le savoir-faire, la médiocrité étroite et tenace, doivent à plus forte raison être le prix de l’intelligence loyale et laborieuse.

18. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Boétie, 1530 1563 » pp. -

Mais, après sa mort, ce peuple là, qui avoit encores à la bouche ses banquets, en l’esprit la soubvenance de ses prodigalités, pour lui faire ses honneurs et le mettre en cendres2, amonceloit, à l’envi, les bancs de la place ; et puis esleva une colonne, comme au pere du peuple, ainsi portoit le chapiteau : et lui fit plus d’honneur, tout mort qu’il estoit, qu’il n’en debvoit faire à homme du monde, si ce n’estoit possible, à ceux qui l’avoient tué. […] Pour rendre à César les honneurs funèbres.

19. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Marc Girardin Né en 1801 » pp. 275-278

La discipline fut gardée, et le sentiment de l’honneur ne fut pas moins puissant contre l’impatience de la délivrance que ne l’avait été contre le désespoir de la mort le sentiment de la foi et de la prière […] Cette loyauté d’enseignement, si je puis ainsi parler, qui fait honneur au professeur, n’honore pas moins un auditoire capable d’en sentir le prix. […] C’est le mot de l’honneur, du devoir de la responsabilité.

20. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

Les Romains célébraient tous les ans, au mois de mai, les Jeux Floraux en son honneur. […] La fureur de la vengeance la porta jusqu’à montrer cette épée à son époux, en accusant son fils d’avoir voulu attenter à son honneur. […] Son nom est aujourd’hui un titre d’honneur pour les grands qui l’imitent sous ce rapport. […] On y célébrait, tous les quatre ans, les jeux olympiques qu’Hercule avait institués en l’honneur de Jupiter. […] Aussi lui décernaient-ils les honneurs divins, et tous les ans, ils lui offraient des sacrifices.

21. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Boileau, (1636-1711.) » pp. 212-225

Si l’on vient à chercher pour quel secret mystère Alidor, à ses frais, bâtit un monastère : « Alidor, dit un fourbe, il est de mes amis, Je l’ai connu laquais, avant qu’il fût commis ; C’est un homme d’honneur, de piété profonde, Et qui veut rendre à Dieu ce qu’il a pris au monde. » Voilà jouer d’adresse et médire avec art ; Et c’est avec respect enfoncer le poignard1. […] Ma muse en l’attaquant, charitable et discrète, Sait de l’homme d’honneur distinguer le poëte1 Qu’on vante en lui la foi, l’honneur, la probité ; Qu’on prise sa candeur et sa civilité ; Qu’il soit doux, complaisant, officieux, sincère : On le veut, j’y souscris, et suis prêt à me taire2 Mais que pour un modèle on montre ses écrits, Qu’il soit le mieux renté de tous les beaux esprits, Comme roi des auteurs qu’on l’élève à l’empire, Ma bile alors s’échauffe, et je brûle d’écrire ; Et, s’il ne m’est permis de le dire au papier, J’irai creuser la terre, et, comme ce barbier, Faire dire aux roseaux, par un nouvel organe : « Midas, le roi Midas, a des oreilles d’âne3 ». […] Marmontel a médit de lui : mais La Bruyère et Vauvenargues l’ont jugé avec élévation ; et, de son temps déjà, Saint-Evremond l’avait ainsi apprécié : « Il n’y a point d’auteur qui fasse plus d’honneur à notre siècle que Despréaux : en faire un éloge plus étendu, ce serait entreprendre sur ses ouvrages, qui le font eux-même. » La Harpe lui a consacré l’un des meilleurs articles de son Cours de littérature. […] On a regretté, non sans quelque raison, que Boileau ait été le Zoïle de Quinault : ce dernier poëte, qui a laissé de beaux vers, n’a pas en effet de supérieur dans le genre de l’opéra, où il s’est principalement exercé, et Voltaire a pu dire justement de lui : « C’est un des beaux génies qui ont fait honneur au siècle de Louis XIV. » — Toutefois ou ajoutera, pour excuser Boileau, qu’à l’époque où cette satire fut composée, Quinault n’avait pas encore fait paraître les ouvrages auxquels il a dû sa plus grande réputation.

22. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre XI. De l’orthographe. » pp. 53-58

Écrivez l’honneur et non pas l’onneur : quoiqu’on écrive honneur avec deux nn, il n’y en a qu’une dans honorer. […] Le, on dit : l’ami, l’enfant, l’instinct, l’oiseau, l’univers, l’honneur, etc., pour le enfant, etc.

23. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Il vient, honneur à lui ! […] Il faut le proclamer à l’honneur de tous deux. […] Cependant, notre âme insensée S’acharne au vain honneur de demeurer près d’eux. […] C’est l’honneur de l’homme de retrouver dans ses enfants l’ingratitude qu’il eut pour ses pères et de finir ainsi, comme Dieu, par un sentiment désintéressé. […] Que ma foi, mon amour, mon honneur y consente ?

24. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Ils sont colères, emportés, avides d’honneurs, incapables de souffrir le mépris et les injures, sans faire éclater leur ressentiment. […] Ils s’estiment également dignes des honneurs, qu’ils préfèrent à l’intérêt. […] L’examen, l’attention président à ses jugements, qu’il règle bien plus sur la vérité que sur l’opinion, il n’est point esclave de l’intérêt jusqu’à négliger son honneur, ni de l’honneur jusqu’à négliger entièrement son intérêt ; mais il sait les allier et les faire concourir à ses desseins. […] La fortune même, cette fière maîtresse des événements humains, ne peut rien vous dérober de cet honneur : elle vous le cède entièrement, et avoue qu’il vous appartient en tout et en propre, puisque la témérité et le hasard ne se trouvèrent jamais où président la sagesse et la prudence. […] Pleurez donc ce grand Capitaine, et dites en gémissait : voilà celui qui nous menait dans les hasards ; sous lui se sont formés tant de renommés Capitaines., que ses exemples ont élevés aux premiers honneurs de la guerre.

25. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

On me dit hier au soir que vous aviez une place de conseiller d’honneur dans le parlement : je vous en fais mon compliment, Monsieur. […] Je mérite votre pitié, Monsieur, et quelque part dans l’honneur de votre amitié, si on la mérite par une sincère estime et beaucoup de vénération pour votre vertu. […] J’ai donc, Monsieur, l’honneur de vous en avertir ; il se présentera à vous avec une belle mine et une chétive recommandation. […] Voulez-vous que j’aie l’honneur d’être… ? […] Et n’oserait-on s’enquérir si les mœurs d’un temps sont celles qu’exige le solide honneur ?

26. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

Oui, messieurs, à la porte, On ne prend point d’argent : je fais tout pour l’honneur. » A ces mots, chaque spectateur Va se placer, et l’on apporte La lanterne magique : on ferme les volets, Et, par un discours fait exprès. […] « Mon fils, répond alors le père, Le fondateur, c’est votre frère, Et vous êtes le conquérant8. » L’aveugle et le paralytique Au temps où Florian fit cette fable, la sensibilité était fort en honneur dans notre littérature. […] Au temps où Florian fit cette fable, la sensibilité était fort en honneur dans notre littérature.

27. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Elle me touche assez pour m’en charger moi-même ; et, sans autre détour, je vous dirai que l’honneur d’être votre gendre est une faveur glorieuse que je vous prie de m’accorder. […] Je suis né de parents, sans doute, qui ont tenu des charges honorables : je me suis acquis dans les armes l’honneur de six ans de service, et je me trouve assez de bien pour tenir dans le monde un rang assez passable ; mais, avant tout cela, je ne veux pas me donner un nom où d’autres en ma place croiraient pouvoir prétendre, et je vous dirai franchement que je ne suis point gentilhomme1. […] J’ai du bien assez pour ma fille ; je n’ai besoin que d’honneurs, et je veux la faire marquise. […] Aussi nous n’avons part à la gloire de nos ancêtres qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler ; et cet éclat de leurs actions, qu’ils répandent sur nous, nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leur vertu, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. […] C’est le bon sens et l’honneur qui parlent ici.

28. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Ponsard 1814-1868 » pp. 583-600

Ponsard, (Horace et Lydie, Homère, Ulysse, la Bourse, le Lion amoureux, Galilée), il convient pourtant de signaler la souplesse du talent studieux auquel nous devons l’Honneur et l’Argent (1856), satire morale, où tant de saines vérités sont traduites en bons vers, que Boileau ne répudierait pas. […] L’honneur ne dépend pas d’un injuste caprice, Et quand le cœur est pur, il suffit. […] Le travail, il est vrai, peut ternir ma beauté, Mais rien ne ternira mon honneur respecté ; Et, si je dois choisir, injure pour injure, La ride au front sied mieux qu’au nom la flétrissure3. […] (L’Honneur et l’Argent, acte 1er.) […] substituer, pour le commun bonheur, Les lois de la morale aux lois d’un faux honneur, La raison éclairée au sombre fanatisme, Le devoir au calcul, l’amour à l’égoïsme, Développer l’essor des instincts généreux, Ne pas souffrir qu’en France il soit un malheureux, Fonder l’égalité, ce beau rêve du juste, En faisant respecter ce qui doit être auguste, Ce n’est pas là, Danton, l’effet d’un coup de main : C’est un travail immense et le chef-d’œuvre humain, Et la probité seule, alliée au génie, Peut des mœurs et des lois créer cette harmonie1.

29. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

ses honneurs, ou ses ministères ? […] Vous serez donc un mondain voluptueux, un courtisan ambitieux, un homme de guerre impie, un magistrat injuste, un ministre corrompu, puisque vous n’avez choisi le monde que pour ses plaisirs : la cour, que pour la faveur ; les armes, que pour la licence ; la robe, que pour une vaine distinction ; l’autel, que pour les honneurs et les richesses du sanctuaire. […] Des parents barbares et inhumains, pour élever un seul de leurs enfants plus haut que ses ancêtres, et en faire l’idole de leur vanité, ne comptent pour rien de sacrifier tous les autres et de les précipiter dans l’abîme : ils arrachent du monde des enfants à qui l’autorité seule tient lieu d’attrait et de vocation pour la retraite ; ils conduisent à l’autel des victimes qui vont s’y immoler à la cupidité de leurs pères plutôt qu’à la grandeur du Dieu qu’on y adore ; ils donnent à l’Église des ministres que l’Église n’appelle point, et qui n’acceptent le saint ministère que comme un joug odieux qu’une injuste loi leur impose ; enfin, pourvu que ce qui paraît d’une famille éclate, brille et fasse honneur dans le monde, on ne se met point en peine que des ténèbres sacrées cachent les chagrins, les dégoûts, les larmes, le désespoir. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom.

30. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — La Satire Ménippée, 1594 » pp. -

Qu’on ne me parle point là-dessus du poinct d’honneur, je ne sçai que6 c’est ; il y en a qui se vantent d’estre descenduz de ces vieux chevaliers François qui chasserent les Sarrazins d’Espagne et remirent le Roy Pierre en son Royaume7 : les autres se disent estre de la race de ceux qui allerent conquerir la terre saincte avec Sainct Loys : les autres de ceux qui ont remis les Papes en leur Siege par plusieurs fois, ou qui ont chassé les Anglois de France et les Bourguignons de la Picardie ; ou qui ont passé les monts, aux conquestes de Naples et de Milan, que le roy d’Espagne a usurpé sur nous. […] Je n’ay point leu les livres, ny les histoires, et annales de France, et n’ay que faire de sçavoir s’il est vray qu’il y ait eu des Paladins et Chevaliers de la Table ronde qui ne faisoyent profession que d’honneur et de deffendre leur Roy et leur pays, et fussent plustost morts que de recevoir un reproche, ou souffrir qu’on eust faict tort à quelqu’un. J’ay ouy conter à ma grand mere, en portant vendre son beurre au marché, qu’il y a eu autrefois un Gaston de Foix, un Comte de Dunois, un La Hire, un Poton1, un capitaine Bayart, et autres, qui avoyent faict rage pour ce poinct d’honneur, et pour acquerir gloire aux François.

/ 260