/ 252
2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Et malgré tout, ces demi-dieux une fois honorés, ne voyez-vous point là-bas une foule nombreuse et familière d’esprits excellents qui va suivre de préférence les Cervantes, les Molière, les peintres pratiques de la vie, ces amis indulgents et qui sont encore les premiers des bienfaiteurs, qui prennent l’homme entier avec le rire, lui versent l’expérience dans la gaieté, et savent les moyens puissants d’une joie sentie, cordiale et légitime ? […] Le moyen âge, croyez-le bien, et Dante occuperaient des hauteurs consacrées : aux pieds du chantre du Paradis l’Italie se déroulerait presque tout entière comme un jardin ; Boccace et l’Arioste s’y joueraient, et le Tasse retrouverait la plaine d’orangers de Sorrente. […] Mais aussi, que le présent, que l’avenir le plus prochain, ne nous possèdent point tout entiers ; que l’orgueil et l’abondance de la vie ne nous enivrent pas ; que le passé, là où il a offert de parfaits modèles et exemplaires ne cesse d’être considéré de nous et compris. […] Les problèmes en art, en science, en industrie, en tout ce qui est de la guerre ou de la paix, se posent pour nous tout autrement : nous avons l’étendue, la multitude, l’océan, tous les océans devant nous, des nations vastes, le genre humain tout entier ; nous sondons l’infini du ciel ; nous avons la clef des choses, nous avons Descartes, et Newton, et Laplace ; nous avons nos calculs et nos méthodes, nos instruments en tout genre, poudre à canon, lunettes, vapeur, analyse chimique, électricité : Prométhée n’a cessé de marcher et de dérober les Dieux. […] Elle s’applique aux Anciens et à tous ceux des grands poëtes qui sont déjà, à quelques égards, ou qui seront un jour eux-mêmes des Anciens, à tous ceux qui ne sont plus nos contemporains et vers lesquels on ne revient qu’en remontant à force de rames le courant passé : « Les œuvres des grands poëtes, dit-il, demandent qu’on les approche au début avec une foi entière en leur excellence ; le lecteur doit être convaincu que, s’il ne les admire point pleinement, c’est sa faute et non la leur.

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

De moi, de l’univers entier, de tout ce qui est, de tout ce qui peut être, de tout ce qu’a de beau le monde sensible, et d’imaginable le monde intellectuel : je rassemblais autour de moi tout ce qui pouvait flatter mon cœur ; mes désirs étaient la mesure de mes plaisirs. […] Ce sont ceux de ma retraite, ce sont mes promenades solitaires1 : ce sont ces jours rapides, mais délicieux, que j’ai passés tout entiers avec moi seul, avec ma bonne et simple gouvernante, avec mon chien bien-aimé, ma vieille chatte, avec les oiseaux de la campagne et les biches de la forêt, avec la nature entière et son inconcevable auteur. […] Mais, monsieur, comparez ces pages avec celles qui datent de ma solitude : ou je suis trompé, ou vous sentirez dans ces dernières une certaine sérénité d’âme qui ne se joue point, et d’après laquelle on peut juger avec une entière assurance l’état intérieur de l’auteur. […] Il ne lui est pas permis de se montrer constamment ni tout entier à notre vue, mais il ne lui est pas interdit de choisir une heure et de nous la donner. […] Je dispose en maître de la nature entière ; mon cœur, errant d’objet en objet, s’unit, s’identifie à ceux qui le flattent, s’entoure d’images charmantes, s’enivre de sentiments délicieux.

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre IV. Prédicateurs français. »

Toujours conséquent, toujours nerveux, préférant aux mouvements passagers de fonction, des preuves frappantes que le temps grave toujours plus avant dans les esprits ; appelant le système entier de la religion au secours de chacun de ses sujets : raisonneur éloquent, moraliste sublime, il fera éternellement le désespoir des prédicateurs. […] Nous regrettons bien sincèrement que la nature et les bornes de notre ouvrage ne nous permettent pas d’offrir en entier de pareils morceaux à l’admiration de nos lecteurs. […] Il est bien plus vraisemblable que les soins importants de l’épiscopat, la nécessité et le désir de s’y livrer tout entier, déterminèrent Bossuet à renoncer à la chaire, où il ne reparut plus que de temps en temps, pour l’illustrer à jamais par ses belles oraisons funèbres.

5. (1875) Poétique

Il est malheureux qu’un pareil ouvrage ne nous soit point parvenu tout entier. […] La tragédie subsiste tout entière sans la représentation et sans le jeu des acteurs. […] Nous avons établi que la tragédie est l’imitation d’une action entière et parfaite, et nous avons ajouté, d’une certaine étendue, car il y a des choses qui sont entières et qui n’ont point d’étendue. J’appelle entier ce qui a un commencement, un milieu et une fin. […] Il s’est bien gardé de traiter la guerre de Troie en entier, quoique, dans cette entreprise, il y eût commencement et fin.

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

Tantôt le monde entier m’annonce à haute voix Le maître que je cherche, et déjà je le vois. Tantôt le monde entier, dans un profond silence, A mes regards errants n’est plus qu’un vide immense. […] Ce corps lourd et grossier N’est donc pas tout mon bien, n’est pas moi tout entier. […] Il devint avocat, se retira quelque temps à l’Oratoire puis il fut chargé d’un emploi de finances ; mais les intervalles que lui laissaient ses fonctions, il les réserva toujours pour les lettres : dans la suite, il s’y consacra tout entier. […] Le poëme entier est composé de six chants ; et il faut avouer que, vers la fin, la marche de l’auteur se ralentit et s’affaiblit un peu.

7. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

Rome entière le désavouera-t-elle en le condamnant ? […] Au treizième chant il revoit Ithaque, mais on conçoit que le poëme n’est pas fini, tant que tous les prétendants n’ont point payé de leur tête leur insolente usurpation, tant qu Eumée n’a pas reconnu son maître, Télémaque son père, Pénélope son époux, Laërte son fils, le peuple entier son roi. […] Comme il s’agit à ce moment décisif de frapper les derniers coups, comme l’auditeur s’est échauffé à votre feu, identifié avec vos sentiments, tout alors vous est permis, tours animés, expressions énergiques, figures brillantes et hardies, hypotyposes, prosopopées, invocation de la nature entière, animée ou inanimée, en un mot, tout ce que la passion brûlante, impétueuse, peut vous fournir pour enfoncer le trait dans les âmes, pour faire jouer les deux grands ressorts tragiques, la terreur et la pitié. […] Aussitôt qu’il parait, la chambre entière se lève et le laisse respectueusement passer. » Il était impossible qu’une grande partie de cette suprême allocution de lord Chatham, et la péroraison surtout, ne fussent pas tirées de la personne de l’orateur. […] Elle donne enfin les lois qui règlent toute conclusion et en déterminent la nature d’après celle de l’ouvrage entier.

8. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

L’histoire peut raconter tous les faits indifféremment ; l’épopée est astreinte au récit d’une seule action, dont toutes les parties, parfaitement liées, fassent un tout entier et proportionné. […] Cette action doit être intéressante, une et entière. […] Tel est, par exemple, la Prise de Troie pour les Grecs ; telle est la Chute du premier homme pour le monde entier. […] L’action est entière quand elle a son commencement, son milieu et sa fin, autrement dit, l’exposition du sujet, le nœud et le dénouement. […] En général, tout ouvrage où l’on voit l’action d’un particulier intéresse, plus que si on y voit l’action d’un peuple entier, parce que le lecteur, qui est particulier, rapporte tout à lui-même.

9. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Quelquefois aussi ces mots s’entendent non d’une seule lettre, mais de deux ou trois, ou de syllabes entières, selon le cas. Le logogriphe suivant de Dufresny donnera un exemple de cet emploi des mots :         Sans user de pouvoir magique, Mon corps, entier en France, a deux tiers en Afrique. […] Dans les Folies amoureuses de ce dernier, Agathe chante :     Toute la nuit entière,     Un vieux vilain matou Me guette sur la gouttière. […] Aujourd’hui, la chanson est toujours divisée en stances égales qu’on appelle des couplets (p. 136) ; à moins qu’elle ne soit faite tout entière sur un air déjà connu, auquel cas la longueur des vers est déterminée par l’air lui-même. […] On donne encore le nom de vaudeville à un divertissement en chanson qui termine souvent les petites pièces de théâtre, et de là le nom de vaudeville s’est étendu aux pièces entières.

10. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre III. Du Genre historique. »

Ces hommes de la lie du peuple se partagent néanmoins le monde entier, et vont prêcher une religion, à laquelle il faut sacrifier tous ses préjugés, tous ses penchants, tous ses intérêts personnels. […] Si elle embrasse le monde entier et tous les siècles qui se sont écoulés jusqu’à nous, elle est universelle. […] Cette histoire, en effet, doit présenter le fond de toutes les histoires des peuples, dans une étendue proportionnée au corps entier de l’ouvrage. […] Alors il ne s’agirait plus que de former une société nombreuse de savants, de leur communiquer la même âme, et de la faire passer, par une sorte de métempsycose, dans les continuateurs, jusqu’à la perfection entière de l’entreprise. […] Il ne nous reste que les histoires du premier et du dernier, à peu près entières, et la fin de celle de Claude.

11. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

On y exige, par la même raison, que l’action soit une, et qu’elle se passe tout entière en un même jour, en un même lieu. […] Ce n’est pas assez que l’action soit vraisemblable : il faut encore qu’elle soit entière et soumise aux unités dramatiques. […] Le sacrifice d’Iphigénie, par exemple, est héroïque dans son objet, puisque la Grèce entière en a besoin154. […] Elle s’étend quelquefois à une pièce entière et devient ainsi une véritable comédie d’une certaine espèce. […] C’est le changement de la scène entière qui se produit plus ou moins souvent, et jusqu’à cinq ou six fois par acte.

12. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre II. Des différentes Espèces de Style, et des Figures de Pensées. » pp. 238-278

Cependant après le travail opiniâtre d’une semaine entière, un peu de repos leur suffit. […] Dans ce ravissement divin, les siècles coulent plus rapidement que les heures parmi les mortels ; et cependant mille et mille siècles écoulés n’ôtent rien à leur félicité toujours nouvelle et toujours entière. […] Il semblait occupé tout entier hors du royaume, et on le retrouvait tout entier au-dedans. […] Désespéré, proscrit, abhorrant la lumière, Je voudrais me venger de la nature entière. […] Le figuier, l’olivier, le grenadier, et tous les autres arbres couvraient la campagne, et en faisaient un grand jardin. » La Chartreuse de Gresset, est presque en entier un modèle de topographie.

13. (1872) Recueil de compositions françaises pour préparer au discours latin les candidats au baccalauréat ès-lettres. Première série

La victoire qui nous attend réalisera enfin la paix, et après cette lutte, le monde entier sera désarmé. […] je t’ai sauvé et je t’ai rendu ton patrimoine tout entier. […] Je pense au contraire, que, dégagée de tout mélange du corps, étant pure et entière, elle s’élève à la suprême sagesse. […] Après avoir parcouru avec vous l’Europe entière, de tous les royaumes je n’en formerai qu’un seul. […] L’Asie entière ne pourra les faire reculer.

14. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Si cette image le représente tout entier, dans toute son étendue, alors la pensée est vraie, de quelque côté qu’on la considère ; et c’est ce qui en fait la justesse. […] Depuis cinq ans entiers, chaque jour je la vois ; Et crois toujours la voir pour la première fois. […] Un terme propre rend l’idée tout entière : un terme peu propre ne la rend qu’à demi : un terme impropre la défigure. […] Ainsi, d’un côté, l’imagination du lecteur n’aurait pas été moins flattée par l’harmonie du vers ; et de l’autre, sa raison aurait été pleinement satisfaite par l’entier développement du sens de l’auteur. […] Il ne te reste pas seulement une voile qui soit entière.

15. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Enfin, les bourreaux fatigués s’arrêtent1, la hache échappe de leurs mains : je ne sais quelle vertu céleste, émanée de la croix, commence à les toucher eux-mêmes ; à l’exemple des nations entières, subjuguées avant eux, ils tombent aux pieds du Christianisme, qui, en échange du repentir, leur promet l’immortalité, et déjà leur prodigue l’espérance. […] Un homme voyageait dans la montagne, et il arriva en un lieu où un gros rocher, ayant roulé sur le chemin, le remplissait tout entier, et hors du chemin il n’y avait point d’autre issue, ni à gauche, ni à droite. […] oui, nous sommes ainsi faits, et la famille qui flottait dans l’Arche sur les ruines d’un monde entier, d’un monde pervers dont elle détestait les crimes, n’en éprouvait pas moins, quoiqu’elle connût ses hautes destinées, des souffrances inexprimables. […] Lorsqu’un innocent meurt sur un échafaud, des générations entières s’occupent de son malheur, tandis que des milliers d’hommes périssent dans une bataille sans qu’on s’informe de leur sort. […] Et cette œuvre dépend en entier de nous, quelle que soit notre situation sur la terre. » 1.

16. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

L’estimable et laborieux écrivain à qui nous devons la traduction de presque tous les orateurs anciens, l’abbé Auger, remarque avec raison qu’il y a, entre les harangues des historiens grecs et celles des historiens latins, une différence qui tourne tout entière à l’avantage des premiers. […] Ce discours était trop beau, pour échapper à l’admiration de Silius Italicus qui l’a transporté tout entier dans son poème de la Seconde Guerre punique. […] Avant moi, ma patrie était une province obscure de l’Asie, et je la laisse souveraine de l’Asie entière. […] Ce front terrible qui jette l’épouvante dans des armées entières ; ce front que les Romains eux-mêmes ne peuvent soutenir, tu en pourras braver l’aspect ? […] N’eût-il pas bien mieux valu cent fois abandonner mon existence aux douceurs du loisir et aux charrues du repos, que de la vouer tout entière au travail et à la fatigue ?

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

se peut-il qu’un lieu, quelque cher qu’il puisse être, De l’âme tout entière ainsi devienne maître ! […] Le cœur se reconnaît, Et l’homme tout entier quelques instants renaît, Soudain jeune, en voyant quelque pierre oubliée Où d’un ancien bonheur la mémoire est liée, Quelque nom, que sa main sur le hêtre a gravé, Et que mieux que son cœur l’écorce a conservé. […] La république tout entière Est assise sur un rocher, Et l’on n’en saurait approcher Sans escalader la frontière.

18. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

Apollonius retrace aux Romains le plan entier de l’éducation de son héros. […] Il ne chercha point à s’égarer dans des connaissances inutiles à l’homme : il vit bientôt que l’étude de nature était un abîme, et rapporta la philosophie tout entière aux mœurs. […] Tout à coup l’un d’eux (c’était le premier magistrat d’une ville située au pied des Alpes) éleva sa voix : « Orateur, dit-il, tu nous as parlé du bien que Marc-Aurèle a fait à des particuliers malheureux ; parlerons-nous de celui qu’il a fait à des villes et à des nations entières. […] Le peuple suivit consterné et dans un profond silence ; il venait d’apprendre que Marc-Aurèle était tout entier dans le tombeau.

19. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Première section. Des genres secondaires de poésie — CHAPITRE PREMIER. Du genre léger on des poésies fugitives » pp. 75-95

L’envoi, qui répond ordinairement à la seconde partie de la stance, n’est qu’un demi-couplet, de sorte que la pièce entière se compose de 28, 35 ou 42 vers. […] Cherchons-en treize encor de tous côtés, Puis ma ballade est entière et parfaite. […] Sans user de pouvoir magique, Mon corps, entier en France, a deux tiers en Afrique. […] On caractérise chacun de ces mots en exprimant par une circonlocution l’idée qu’il renferme, après quoi on indique vaguement la signification du mot pris dans son entier.

20. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

« Pour peu que le sujet soit vaste ou compliqué, je reviens toujours à Buffon, il est bien rare qu’on puisse l’embrasser d’un coup d’œil, ou le pénétrer en entier d’un seul et premier effort de génie ; et il est rare encore qu’après bien des réflexions, on en saisisse tous les rapports. […] Cette unité de dessein fait qu’on voit d’un seul coup d’œil l’ouvrage entier, comme on voit de la place publique d’une ville toutes les rues et toutes les portes, quand les rues sont droites, égales et en symétrie. […] Moins sévère que Buffon, je ne demande pas en effet que l’auteur, avant de prendre la plume, ait disposé son livre tout entier dans son cerveau. […] L’aussi, qui le commence, est mieux placé que l’ainsi de tout à l’heure ; car il est la conséquence, non plus d’une seule phrase, mais du paragraphe tout entier. […] Puis ils attaqueraient peu à peu des morceaux plus considérables, des discours, des dissertations, de longs chapitres tout entiers, appartenant toujours aux classiques les plus scrupuleux.

21. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Avocat à Paris en 1822, il ne demandait au ciel et à la terre qu’une cause à servir par un entier dévouement. […] Si, au contraire, je cédais, je rendrais à M. l’Archevêque le plus triste service du monde ; on verrait qu’il m’aurait concédé la parole au prix d’une lâcheté de ma part, et l’humiliation des catholiques retomberait tout entière sur lui2. […] C’est que l’âme en écrivant se possède tout entière ; rien ne se jette entre elle et Dieu pour lui ravir une expression. […] C’est de lui surtout qu’on peut dire qu’il est l’homme même ; il le veut tout entier. […] L’homme est là tout entier, avec son élan, sa passion, son indépendance, son imagination, son esprit d’entreprise et d’enthousiasme, sa hauteur de caractère, digne en un mot des regards de la postérité.

22. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

Souvent nous voyons des ouvrages entiers écrits sous forme de lettres, tels que des romans, des traités philosophiques et religieux. […] Des escadrons entiers passent à la nage sans se déranger ; il est vrai qu’il passe le premier. […] Pour les femmes, la littérature pratique se résume presque en entier dans leur correspondance. […] C’est un tissu, c’est une vie toute entière qui vous est dévouée jusqu’au dernier soupir. […] Soyez bien persuadé, s’il vous plaît, que vous n’obligerez pas une ingrate, et que vos bienfaits me pénètrent à un point qui vous acquiert mon moi tout entier.

23. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Nous avons dans votre personne, offensé l’univers entier ; il s’élève contre nous plus fortement que vous-même. […] 2° Leur crime a soulevé contre eux l’univers tout entier. […] soutiendrez-vous le regard d’Annibal, ce regard redoutable que ne peuvent soutenir les armées entières et qui fait trembler le peuple romain ? […] Touché d’un si digne objet, sa grande âme se déclara toute entière ; son courage croissait avec les périls, et ses lumières avec son ardeur. […] La véritable victoire, celle qui met à nos pieds le monde entier., c’est notre foi.

24. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Il ne l’était pas pour les Grecs, parce qu’il est tout entier en vers hexamètres : aussi en avons-nous parlé à l’occasion de la poésie pastorale, à laquelle les Grecs le rapportaient. […] Toutefois, il y a des circonstances où le poète ayant pris au commencement une certaine forme de stances, en change le système un peu plus tard, s’il vient à traiter un sujet qui puisse être considéré comme une seconde, une troisième partie dans l’ouvrage entier. […] Enfin, il y a aussi des odes où le poète ne s’astreint à aucune règle, et compose la pièce entière d’une suite de vers inégaux, divisés en stances inégales. […] Il suppose toujours chez l’auteur, ou celui-ci affecte une grande exaltation d’idées, qui se manifeste dans la pièce entière par des écarts souvent incompréhensibles, et dans la forme par une liberté entière dans le choix des vers et la longueur des stances. […] Voyez cette pièce tout entière dans le § 54 du Petit traité des figures et des formes du style.

25. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Mais la jeunesse qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] Quand il la voit tout entière, elle est dans son plein ; et plus elle a de lumière, plus elle fait honneur à celui d’où elle lui vient. […] Elle n’est illuminée que du côté que vous la voyez ; partout où vos rayons ne pénètrent pas, ce n’est que ténèbres, et quand ils se retirent tout à fait, l’obscurité et la défaillance sont entières. […] Étant éloigné de cet animal, vous voyez sa tête, ses pieds et son corps ; quand vous approchez pour le prendre, vous ne trouvez plus qu’une boule ; et celui que vous découvriez de loin tout entier, vous le perdez tout à coup, aussitôt que vous le tenez dans vos mains. […] et ces masures mal assorties, avec ces fondements si magnifiques, ne crient-elles pas assez haut que l’ouvrage n’est pas en son entier ?

26. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre IV. des topiques ou lieux. — lieux applicables a l’ensemble du sujet. » pp. 48-63

Ajoutez que les anciens demandaient aussi à l’orateur de meubler sa mémoire d’un recueil de pensées, de réflexions, de sentences, qu’il pût appliquer à propos aux sujets à traiter, pour les embellir et leur donner de la force ; de se faire, en quelque sorte, une provision d’exordes et de péroraisons ; d’avoir même des discours entiers faits d’avance et préparés pour l’occasion, sauf à laisser en blanc, pour ainsi dire, les noms et les circonstances. […] Je ne puis assez recommander aux jeunes gens d’examiner avec la raison la plus scrupuleuse et la plus difficile les définitions qu’ils rencontreront dans certains écrivains, de bien voir si elles sont adéquates, c’est-à-dire parfaitement en rapport avec l’objet défini tout entier et avec lui seul. […] On décompose de même ; on se retrace les parties de sa pensée dans un ordre successif pour les rétablir dans un ordre simultané ; on fait cette décomposition et cette recomposition en se conformant aux rapports qui sont entre les choses, comme principales et comme subordonnées, et parce qu’on n’analyserait pas une campagne, si la vue ne l’embrassait pas tout entière, on n’analyserait pas sa pensée, si l’esprit ne l’embrassait pas tout entière également. » Analyser n’est donc autre chose qu’exposer dans un ordre successif les parties dont se compose une idée, et leur rendre ensuite l’ordre simultané dans lequel elles coexistent dans l’esprit.

27. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Il est des écrivains qui se figurent que l’univers entier s’occupe de ce qui les occupe, qui prennent un air rogue pour débiter des vétilles, qui s’appesantissent sur de minutieux détails historiques ou philologiques, à peine dignes d’être effleurés, qui moutent en chaire et prêchent, quand il faudrait causer. […] d’un ministre adressant à Charles-Quint une bien autre métaphore : Et l’aigle impérial qui jadis, sous ta loi, Couvrait le monde entier de tonnerre et de flamme, Cuit, pauvre oison plumé, dans leur marmite infâme84… Remarquez, au reste, quelque valeur que nous attachions à la dignité du style, que nous ne confondons point la noblesse réelle, celle qui vient du cœur et du goût, avec cette noblesse qui n’est que pruderie et misérable étiquette. […] Alexandre, ce conquérant rapide que Daniel dépeint comme ne touchant pas la terre de ses pieds, lui qui fut si jaloux de subjuguer le monde entier, s’arrêta bien loin en deçà de vous ; mais la charité va plus loin que l’orgueil. […] Un échafaudage venait de s’écrouler tout entier.

28. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

En remontant aux premiers principes, il les enchaînera tous les uns aux autres sans la moindre confusion, les exposera dans le plus grand jour, en tirera les conséquences qui en découlent, et conduira insensiblement le lecteur à une entière connaissance de toutes les règles de l’art. […] Il faut que, pour bien comprendre ce qui est dit au commencement du livre, on ne soit pas obligé de le lire ou de l’étudier tout entier. […] On ne peut donner ici, comme modèle, un traité entier ; je placerai, du moins, quelques lignes du deuxième chapitre de la Logique de Condillac, où l’auteur prouve que l’analyse est l’unique méthode pour acquérir des connaissances : Je suppose un château qui domine sur une campagne vaste, abondante, où la nature s’est plu à répandre la variété, et où l’art a su profiter des situations pour les varier et les embellir encore. […] Nous avons d’Aristote une logique extrêmement remarquable, une rhétorique où sont développés tous les principes de l’art oratoire, et une poétique qui, bien qu’elle ne nous soit pas parvenue entière, contient cependant les règles les plus exactes et les plus propres à nous faire bien juger du poème épique et des pièces de théâtre.

29. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

L’esprit, tout entier à l’objet qui s’en est emparé, peint tout ce qu’il éprouve, et avec la même force. […] Cependant je crois qu’il faut le lire tout entier ; ces parties mêmes ne seront pas sans utilité pour l’avocat. […] Le goût n’est point lié aux progrès des sciences ou à l’étendue des connaissances humaines ; il est tout entier dans le sentiment. […] Cicéron ouvrait son cœur tout entier à ses plus intimes amis, et principalement à Atticus. […] L’imagination ne saisit jamais mieux toute la grandeur d’une idée qu’on lui présente, que lorsque cette idée tout entière la frappe au même instant.

30. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

Considérée étymologiquement, elle ne signifie que l’art de parler, mais le sens de ce mot s’est modifié et étendu, et exprime aujourd’hui l’art d’écrire tout entier, quel que soit le sujet traité et la forme employée. […] Le commencement ou début d’un ouvrage doit être conforme à la nature de l’écrit tout entier. […] Quand la narration et les genres que nous y avons rattachés ne forment pas eux-mêmes l’ensemble de l’œuvre, celle-ci se trouve alors presque tout entière dans la confirmation. […] Le caractère de l’une et de l’autre est de ne point exprimer l’idée tout entière, et d’en laisser deviner une partie.

/ 252