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113. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Votre courage, vos mains, vos yeux, quel ennemi cherchaient-ils ? […] Elle est rarement où on la cherche, et elle est quelquefois où on ne la cherche point. […] Nous les avons entendus dans notre jeunesse, bientôt après nous les cherchâmes des yeux. […] Ne cherchez qu’une chose, si vous avez reçu le don de toucher les âmes : les ramener à Dieu. […] Ne cherchez pas à tout dire, mais à bien dire.

114. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Il semble que l’écrivain l’a caché à demi, afin que le lecteur le cherche et le devine : ou du moins, il le laisse seulement entrevoir, pour lui donner le plaisir de le découvrir tout à fait. […] La pensée est naïve, quand l’objet qu’elle représente, s’offre à l’esprit, sans que celui-ci paraisse l’avoir cherché. […] Si l’on est obligé de le chercher, le style manque de la clarté, et par-là même est vicieux. […] Dans les sujets qui appartiennent à l’imagination, l’écrivain cherche à plaire : il faut que son style soit fin, gracieux, élégant, varié. Il cherche à plaire par l’imitation : il faut que son style soit riche, brillant, fleuri, nombreux et pittoresque.

115. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Retz 614-1679 » pp. 22-26

Il me répondit : « Effectivement, je crois que ce pourraient bien être des diables4. » Comme nous avions déjà fait cinq ou six pas du côté de la Savonnerie, et que nous étions par conséquent plus proches du spectacle, je commençai à entrevoir quelque chose ; et ce qui m’en parut fut une longue procession de fantômes noirs, qui me donna d’abord plus d’émotion qu’elle n’en avait donné à M. de Turenne ; mais, en réfléchissant que j’avais longtemps cherché des esprits, et qu’apparemment j’en trouvais en ce lieu, je fis deux ou trois sauts vers la procession1 ; les gens du carrosse, qui croyaient que nous étions aux mains avec tous les diables, firent un grand cri, et ce ne fut pourtant pas eux qui eurent le plus de peur. […] Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes, qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle.

116. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Thiers Né en 1797 » pp. 265-270

Tandis que vous pensez à tant de choses, le canon gronde, votre tête est menacée ; mais ce qui est plus grave, des milliers d’hommes vous regardent, cherchent dans vos traits l’espérance de leur salut ; plus loin, derrière eux, est la patrie avec des lauriers ou des cyprès, et toutes ces images, on les chassera pour penser vite ; car, une minute de plus, et une combinaison infaillible a perdu son à-propos, et au lieu de la gloire, c’est la honte qui vous attend. […] Ma vie, j’ose le dire ; a donc été une longue étude historique ; et si on en excepte ces moments violents où l’action vous étourdit, où le torrent des choses vous emporte au point de ne pas vous laisser discerner ses bords, j’ai presque toujours observé ce qui se passait autour de moi, en le rapportant à ce qui s’était passé ailleurs, pour y chercher ce qu’il y avait de différent ou de semblable.

117. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Sévigné 1626-1696 » pp. 52-64

J’ai beau chercher ma chère fille, je ne la trouve plus, et tous les pas qu’elle fait l’éloignent de moi. […] La marée cependant arrive de tous côtés ; on cherche Vatel pour la distribuer ; on va à sa chambre, on heurte, on enfonce la porte, on le trouve noyé dans son sang ; on court à M. le Prince, qui fut au désespoir. […] Je vous vois, vous m’êtes présente ; je pense, et repense à tout ; ma tête et mon esprit se creusent : mais j’ai beau tourner, j’ai beau chercher, cette chère enfant que j’aime avec tant de passion est à deux cents lieues, je ne l’ai plus.

118. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Cherchons, en les imitant, à lutter contre nos modèles : la bonne imitation, c’est-à-dire, l’imitation adroitement déguisée, est une continuelle invention. […] On voit ici que l’orateur a cherché à lutter contre le poète. […] Chercher, par exemple, à procurer un emploi à son ami, c’est une chose honnête. Mais chercher à le faire élever à ce poste, en prenant des mesures pour en déposséder celui qui l’occupe, c’est une chose criminelle et digne de toute censure. […] « Si vous n’avez pas frémi, en m’entendant prononcer ces paroles, les plus terribles, sans doute, qu’on lise dans nos divines écritures : je m’en vais ; vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché ; je ne vois plus de vérités dans la religion, capables de vous toucher ».

119. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Bientôt étudie les lois de l’équilibre, il se traîne, il se lève, il chancelle, il trébuche, il se redresse, il marche, il saute, il court ; il mesure, il connaît les distances ; il cherche, il atteint ce qu’il désire. […] On peut citer comme exemple de pureté les lignes suivantes de Buffon : Le Cheval La plus noble conquête que l’homme ait jamais faite, est celle de ce fier et fougueux animal, qui partage avec lui les fatigues de la guerre et la gloire des combats : aussi intrépide que soc maître, le cheval voit le péril et l’affronte il se fait au bruit des armes, il l’aime, il le cherche et s’anime de la même ardeur. […] Lorsque l’expression propre ne se présente pas d’elle-même, il faut la chercher avec patience jusqu’à ce qu’on l’ait trouvée ; il faut avec Boileau méditer et saisir le mot au moment où il se présente : Je trouve au coin d’un bois le mot qui m’avait fui, et ne pas renoncer à le trouver dans aucune circonstance. […] Elle les rapproche et les arrange à son gré ; elle cherche même des effets dans la coupe des phrases, plus ou moins brusques, plus ou moins vives, plus ou moins majestueuses.

120. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Va, la richesse ne cherche pas les hommes libres. […] Rien de plus aisé à comprendre : « Il étudiait l’art qui enseigne les propriétés du mouvement, qui mesure les temps et les espaces, qui calcule les vitesses et commande aux éléments dont il s’assujétit les forces ; l’art de faire mouvoir tous ces vastes corps, d’établir un concert et une harmonie de mouvement entre cent mille bras, de combiner tous les efforts qui doivent concourir ensemble, de calculer l’activité des forces et le temps de l’exécution. — Maurice écartait les barrières du préjugé pour reculer les limites de son art : après avoir trouvé le bien, il cherchait le mieux. — Il s’élançait au-delà du cercle étroit des événements, et créait des combinaisons nouvelles ; imaginait des dangers pour trouver des ressources ; étudiait surtout la science de fixer la valeur variable et incertaine du soldat, et lui donner le plus grand degré d’activité possible ».

121. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

         Sur ces bords que la Somme arrose J’irai chercher l’asile où ta cendre repose ;          J’irai d’une modeste fleur          Orner ta tombe respectée, Et, sur la pierre encorde larmes humectée,          Redire ce chant de douleur. […] Et moi, je vais chercher, pour y passer la nuit,           Cette guérite abandonnée.

122. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — D’Aguesseau. (1668-1751.) » pp. 124-129

Vous ne sauriez mieux réussir à l’éviter qu’en vous attachant aux deux vues générales que je viens de vous marquer : l’une, de vous convaincre toujours de plus en plus du bonheur que vous avez d’être né dans la seule véritable religion, en vous appliquant à considérer les caractères éclatants qui en démontrent la vérité ; l’autre, de vous remplir le cœur et l’esprit des préceptes qu’elle renferme, et qui sont la route assurée pour parvenir au souverain bien, que les anciens philosophes ont tant cherché et que la religion seule peut nous faire trouver. […] Il ne me reste, après cela, que de prier Dieu qu’il répande sa bénédiction sur l’étude que vous en ferez, qu’il vous préserve de cet esprit de curiosité qui se perd en voulant approfondir des questions vaines, inutiles ou même dangereuses, et qu’il vous inspire ce goût solide de la vérité, qui la cherche avec ardeur, mais avec simplicité, et qui s’occupe tout entier des vérités utiles, bien moins pour les connaître que pour les pratiquer.

123. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Retz, 1614-1679 » pp. 38-42

Mais pourquoi chercher des exemples étrangers où nous en avons tant de domestiques ? […] Cet air de honte et de timidité que vous lui voyez dans la vie civile s’était tourné dans les affaires en air d’apologie1 ; il croyait toujours en avoir besoin : ce qui, joint à ses Maximes qui ne marquent pas assez de foi à la vertu2, et à sa pratique, qui a toujours été de chercher à sortir des affaires avec autant d’impatience qu’il y était entré, me fait conclure qu’il eût beaucoup mieux fait de se connaître et de se réduire à passer, comme il l’eût pu, pour le courtisan le plus poli et pour le plus honnête homme, à l’égard de la vie commune, qui eût paru dans son siècle.

124. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Le voyageur s’éloigne : et voilà qu’un nuage L’oblige de chercher retraite en quelque lieu. […] 3° Dans les sujets qui appartiennent au sentiment, où l’écrivain cherche à toucher, le style doit être doux, Insinuant, vif, animé et pathétique. […] 4° Dans les sujets qui appartiennent à l’imagination, où l’écrivain cherche à plaire, le style doit être gracieux, élégant, varié, brillant, fleuri, nombreux et pittoresque. […] En vain chercherait-il dans le rayon de plusieurs lieues une maison d’ardoises et de moellons. […] Derrière le roi se prosternait la multitude des prêtres irlandais, malheureux exilés qui venaient, comme leur roi, chercher un refuge au pied des autels.

125. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Que si notre délicatesse, si notre dégoût les contraint à chercher des ornements étrangers, pour nous attirer par quelque moyen à l’Évangile du Sauveur Jésus, distinguons l’assaisonnement de la nourriture solide. […] Ce pécheur ne se regarde plus dans sa conscience, où il voit trop clairement sa laideur : il n’aime que ce miroir qui le flatte ; et, pour parler avec saint Grégoire, « s’oubliant de ce qu’il est en lui-même, il se va chercher dans les discours des autres, et s’imagine être tel que la flatterie le représente1. » (Sermon sur l’honneur du monde.) […] comme si ces soutiens magnifiques qu’il cherche contre la puissance de la fortune n’étaient pas encore de son ressort, et pour le moins aussi fragiles que l’édifice même qu’il croit chancelant ! […] C’est donc Votre Majesté qui, par la force invincible avec laquelle elle voudra ce soulagement, fera naître un désir semblable en ceux qu’elle emploie ; en ne se lassant point de chercher et de pénétrer, elle verra sortir ce qui sera utile effectivement. […] Sans remonter bien loin dans l’histoire des siècles passés, le nôtre a vu Henri IV, votre aïeul, qui, par sa bonté ingénieuse et persévérante à chercher les remèdes des maux de l’État, avait trouvé le moyen de rendre les peuples heureux, et de leur faire sentir et avouer leur bonheur.

126. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVIII. des qualites essentielles du style. — harmonie  » pp. 240-256

Les onomatopées sont presque aussi fréquentes et aussi faciles en français qu’ailleurs, quand on s’impose le labeur puéril de les chercher. […] Etudiez ces modèles, cherchez à substituer aux termes employés par l’orateur des synonymes qui n’aient pas la même cadence, à déranger l’ordre des mots, à multiplier, à retrancher ou à déplacer les repos, et ce travail pour ainsi dire anatomique vous fera pénétrer le secret, et vous donnera le moyen de produire à votre tour des effets semblables. […] Entrez dans les détails, cherchez, par exemple, à remplacer le mot étincelant dans le membre de phrase qui couronne si bien le tout !

127. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Enfin il nous fait voir le grand caractère d’Annibal, la situation de l’univers, et toute la grandeur du peuple romain, lorsqu’il dit : « Annibal fugitif cherchait au peuple romain un ennemi par tout l’univers ; qui, profugus ex Africa, hostem populo romano toto orbe quœrebat. » Voici maintenant un passage de Massillon qui peut, ce me semble, donner une idée de la magnificence du style, parce qu’il exprime une grande idée par une grande image. […] Bientôt ces termes neufs et originaux, employés par les écrivains les plus médiocres, perdent le premier éclat qui les distinguait ; ils deviennent familiers : alors les hommes de génie sont obligés de chercher d’autres expressions, qui souvent ne sont pas si heureuses ; c’est ce qui produit le style forcé et sauvage dont nous sommes inondés. […] Longin, qui fait mal à propos rentrer dans le sublime tant de choses qui ne lui appartiennent pas, et jusqu’à l’ode de Sapho, la plus brûlante expression de l’amour sensuel, Longin cite, comme modèle de ce qu’il nomme sublime d’image, ce passage d’Euripide, où Phébus cherche à guider, dans son téméraire voyage, Phaéton déjà lancé dans les cieux : Le père cependant, plein d’un trouble funeste, Le voit rouler de loin sur la plaine céleste, Lui montre encor sa route, et du plus haut des cieux Le suit autant qu’il peut, de la voix et des yeux : « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête… » « Ne vous semble-t-il pas, ajoute Longin, que l’âme du poëte monte sur le char avec Phaéton, partage tous ses périls et vole dans l’air avec les chevaux ? 

128. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Les deux camps ennemis arrivent en ces lieux ; La désolation partout marche avant eux… Habitants malheureux de ces bords pleins de charmes, Du moins à votre roi n’imputez point vos larmes ; S’il cherche les combats, c’est pour donner la paix : Peuples, sa main sur vous répandra ses bienfaits ; Il veut finir vos maux, il vous plaint, il vous aime, Et dans ce jour affreux il combat pour vous-même. […]     Mayenne en ce moment, inquiet, abattu, Dans son cœur étonné cherche en vain sa vertu3 : Soit que, de son parti connaissant l’injustice, Il ne crùt point le ciel à ses armes propice ; Soit que l’âme, en effet, ait des pressentiments, Avant-coureurs certains des grands événements. […] Vers imité de Boileau, Lutrin, V, 230 : Dans son cœur éperdu cherche en vain du courage.

129. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

En effet, je trouve qu’il a raison ; car pourquoi vouloir, je vous prie, appliquer tous ses gestes et toutes ses paroles, et chercher à lui susciter des affaires, en disant hautement : Il joue un tel, lorsque ce sont des choses qui peuvent convenir à cent personnes ? […] Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnement pour nous empêcher d’avoir du plaisir. […] Voir La Bruyère : De la cour, p. 179, édition Dezobry. — « Vient-on de placer quelqu’un dans un nouveau poste, c’est un débordement de louanges en sa faveur, etc… Est-il entièrement déchu, les machines qui l’avaient guindé si haut sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris. » Il faut chercher dans La Bruyère le caractère de tous les originaux passés ici en revue.

130. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre II. Du genre didactique. » pp. 161-205

Les lieux les plus riants sans lui nous touchent peu ; C’est un temple désert qui demande son dieu ; Avec lui mouvement, plaisir, gaîté, culture, Tout renaît, tout revit : ainsi qu’à la nature La présence de l’homme est nécessaire aux arts ; C’est lui dans vos tableaux que cherchent nos regards. […] Elle tient de la comédie et se contente de jouer autour du cœur humain sans chercher à le sonder : Circum præcordia ludit. […] Mais les hommes pervers, mais les hommes coupables Dont le pied grave au sol des traces plus durables, Ce sont tous ces auteurs qui, le scalpel en main, Cherchent, les yeux ardents, au fond du cœur humain, La fibre la plus vive, et la plus sale veine, Pour en faire jaillir des flots d’or à main pleine. […] Cependant ce poète cherche trop à briller par les grâces du bel esprit et le faste des ornements. […] Pour cela, il faut que le poète qui veut nous instruire cherche à nous persuader, par une illusion passagère, qu’il est, non pas au-dessus de nous, mais, au contraire, si fort au-dessous, qu’on ne daigne pas même se piquer d’émulation à son égard, et qu’on reçoive les vérités qui semblent lui échapper, comme autant de traits de naïveté sans conséquence.

131. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Elle cherche les images, les comparaisons, la couleur, l’éclat. […] C’est un lieu commun propre au genre judiciaire, où l’on cherche à prouver que les textes généraux de la loi sont applicables dans l’ espèce au sujet particulier. […] Fallait-il dans l’exil chercher des corrupteurs ?... […] Si nous cherchons le pathétique dans une région plus sublime, au-delà des orages de la terre, notre éloquence sacrée n’en offre-t-elle pas des modèles au-dessus de l’admiration humaine ? […] Non, non, la perfidie a de quoi vous tenter, Et vous ne me cherchez que pour vous en vanter.

132. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

Depuis que je professe la rhétorique, et déjà il y a plusieurs années, je cherche un pareil livre, et jusqu’ici je l’ai cherché en vain. […] L’orateur ne cherche pas à persuader aux juges ce qui est bon et utile ; il veut les convaincre de ce qui est juste et vrai. […] Tu vois depuis quel temps il évite nos pas, Et cherche tous les lieux où nous ne sommes pas. […] Je ferais un raisonnement de cette sorte, si je citais l’exemple des conquérans illustres, pour prouver les succès futurs d’un ambitieux à qui je chercherais à plaire. […] On cherche à appuyer son opinion de comparaisons2 ; on raisonne d’après des cas semblables.

133. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

Bossuet met, dans l’aveu de la même faute, cette franchise courageuse qui ne cherche point à déguiser la faiblesse d’un moment, quand on lui peut opposer une vie entière de vertus. […] par tant de divers intérêts, fit égarer ceux même qui cherchaient le bon chemin ».

134. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Votre bon cœur est pressé de reconnaissance et d’amitié pour moi ; je vous permets de le dire ; car je suis fort touchée de ces sentiments, et ce sont des vertus : mais il fallait le dire sans chercher des termes et des expressions plus propres à une déclamation qu’à une lettre. » L’autre excès est le trop de négligence. […] Dites ce qu’il faut, et ne dites que ce qu’il faut : entrez en matière sans préambule, et passez d’un article à l’autre, sans chercher de transition. […] J’aimerais mieux être un homme estimé qu’un homme aimable ; un Officier de nom, qu’un joli cavalier ; et je prendrais, si je pouvais, en talents, la part de mérite que les Français cherchent trop souvent en agréments et en amabilité.

135. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VII. des passions  » pp. 89-97

Peindre la passion ou chercher à l’inspirer : voilà évidemment un des topiques de discours les plus féconds et les plus variés ; l’ajouter à un sujet quelconque, passionner le sujet, pour ainsi dire, voilà un des plus puissants moyens de le développer et d’en exprimer tout ce qu’il contient. […] Il étudiera donc le cœur humain, non-seulement en lui, mais dans les autres ; il cherchera à s’expliquer, à s’assimiler tout ce qu’il y rencontrera, même de plus excentrique, de plus antipathique à sa propre nature17.

136. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Je cherche ici quelqu’un et ne puis m’arrêter. […] Cherchons à m’excuser avec que diligence.

137. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VI. Contes, romans, nouvelles. »

Le feu consume peu à peu son riche patrimoine, et il ne trouvera jamais ce qu’il cherche. […] Ces pièces sont si courtes qu’il semble qu’il n’y ait aucun art à les raconter ; il est certain, pourtant, que tout le monde n’y réussit pas également ; que les uns récitent parfaitement une anecdote, tandis que d’autres le font si médiocrement, qu’on cherche, après qu’ils ont parlé, ce qu’il peut y avoir de piquant dans leur récit.

138. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — D’Aubigné, 1550-1630 » pp. -

Et pourtant, malgré ses défauts, ce Juvénal enthousiaste et biblique a fait le premier jaillir de notre sol ensanglanté des sources que cherchait en vain Ronsard, et que Boileau ne soupçonna jamais. […] Matamore et poltron, fanfaron d’honneur, de courage, de galanterie et de noblesse, toujours hué et toujours désappointé, le baron de Fœneste est un de ces Gascons éventés qui sont venus chercher fortune au Louvre.

139. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VI. De l’élocution et du style. »

Quand nous disons que le style de Racine est excellent, c’est que nous considérons, d’une part, ces idées si justes, si clairement conçues par le poète, disposées dans un ordre parfait, et se fortifiant mutuellement ; et, de l’autre, ces expressions propres, que l’auteur a peut-être cherchées avec effort, mais qui semblent être venues d’elles-mêmes se ranger sous sa plume : ces phrases où la complication de la période ne nuit en rien à la clarté du sens, et cet heureux arrangement de mois qui ferait des vers de Racine la musique la plus harmonieuse pour l’oreille, lors même qu’ils ne seraient pas le langage le plus entraînant pour le cœur. […] Il n’y a ordinairement qu’un seul mot qui convienne à une idée ; il faut le chercher avec patience ; faute de trouver ce mot, on emploie une expression équivalente, un synonyme ; mais il n’y a pas de synonymes proprement dits dans une langue ; les mots diffèrent toujours par quelque nuance de signification. […] Aussi intrépide que son maître, le cheval voit le péril et l’affronte ; il se fait au bruit des armes, il l’aime, il le cherche, et s’anime de la même ardeur. […] Il convient surtout aux sujets où l’on cherche à plaire. […] Châteaubriand, dans le Génie du christianisme, voulant peindre les troubles qui agitent l’homme coupable, dit : « Il cherche les lieux déserts, et cependant la solitude l’effraye ; il se traine autour des tombeaux, et cependant il a peur des tombeaux.

140. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre premier. Du genre lyrique » pp. 114-160

Par conséquent, loin de chercher à flatter les inclinations vicieuses de notre nature déchue, le poète lyrique vraiment digne de ce nom se rappellera que ces accents, quelle que soit la puissance de leur harmonie, ne seront que des sons funestes, s’ils ne présentent pas à notre âme, créée pour la vertu, des exemples et des leçons salutaires. […] De là les digressions, qui sont des sorties que l’esprit du poète fait sur d’autres sujets voisins de celui qu’il traite, soit que la beauté de la matière l’ait tenté, soit que la stérilité de son sujet l’ait obligé d’aller chercher ailleurs de quoi l’enrichir. […] Si on cherche la raison de cette différence, on verra qu’elle vient de ce que les poètes profanes n’avaient pas le même fond dans leur matière, ni le même esprit pour les animer dans la composition. […] Quelquefois l’ode morale se contente de planer dans une région moyenne, sans chercher à s’élever, comme les genres précédents, à ce qu’il y a de plus sublime dans la poésie lyrique. […] La chanson est une espèce d’ode au caractère ordinairement badin, léger, amusant, délicat, satirique ou touchant, quelquefois même pieux ou élevé, où l’on exprime par le chant une pensée ou un sentiment qu’on cherche à rendre populaire.

141. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poème dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire,contre le mauvais goût de son siècle, enfin, inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison ; mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accordant heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissant bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux. […] C’est alors que les autres peuples ont cherché avidement dans vos auteurs de quoi s’instruire, etc. » Rien de plus judicieux que les raisons qu’apporte l’orateur de la décadence, déjà sensible, des lettres et du goût.

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