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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

J’ai été nourri aux lettres dès mon enfance, et, pour ce qu’on me persuadait que par leur moyen on pouvait acquérir une connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie, j’avais un extrême désir de les apprendre. […] J’y avais appris tout ce que les autres y apprenaient ; et même, ne m’étant pas contenté des sciences qu’on nous enseignait, j’avais parcouru tous les livres traitant de celles qu’on estime les plus curieuses et les plus rares qui avaient pu tomber entre mes mains. […] Et j’avais toujours un extrême désir d’apprendre à distinguer le vrai d’avec le faux, pour voir clair en mes actions et marcher avec assurance en cette vie. […] 1 Monsieur, Je viens d’apprendre la triste nouvelle de votre affliction, et bien que je ne me promette pas de rien mettre en cette lettre qui ait grande force pour adoucir votre douleur, je ne puis toutefois m’abstenir d’y tâcher, pour vous témoigner au moins que j’y participe. […] Je sais bien que je ne vous apprends ici rien de nouveau, mais on ne doit pas mépriser les bons remèdes pour être vulgaires, et m’étant servi de celui-ci avec fruit, j’ai cru être obligé de vous l’écrire : car je suis votre très-humble et très-obéissant serviteur.

3. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Aussi ne vous apprendrai-je point ici tout ce qu’il vous importe de savoir sur la me. Mais du moins en dirai-je peut-être assez, pour vous faciliter les moyens de l’apprendre vous-même. […] Cette morale nous apprend à nous bien comporter dans le monde. […] D’un autre côté, une trop grande réserve nuit bien souvent à nos propres intérêts : la connoissance des hommes nous donne de la confiance, et nous apprend jusqu’à quel point nous devons la porter. […] Que de choses à apprendre dans ce petit recueil, plein de génie, de délicatesse et de jugement !

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre V. Analyse de l’éloge de Marc-Aurèle, par Thomas. »

La langue de Platon lui devint familière comme la sienne ; l’éloquence lui apprit à parler aux hommes ; l’histoire lui apprit à les juger ; l’étude des lois lui montra la base et le fondement des états : il parcourut toutes les législations, et compara ensemble les lois de tous les peuples. […] Eût-il appris à dédaigner le faste, où le luxe corrompt jusqu’à la pauvreté ? […] Loin de Rome, il apprit à faire un jour le bonheur de Rome. […] Dans ces temps d’opprobre, seule elle conserva la dignité de la nature humaine : elle apprenait à vivre ; elle apprenait à mourir : et tandis que la tyrannie dégradait les âmes, elle les relevait avec plus de force et de grandeur. […] Le peuple suivit consterné et dans un profond silence ; il venait d’apprendre que Marc-Aurèle était tout entier dans le tombeau.

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Ils apprennent du fabuliste à reconnaître leurs impressions, à se représenter leurs souvenirs. […] On pourrait tout au plus leur apprendre qu’il y a des railleurs qui persiflent les petits garçons et se moquent en secret de leur sotte vanité ; mais le fromage gâte tout : on leur apprend moins à ne pas le laisser tomber de leur bec qu’à le faire tomber du bec d’un autre. […] — Mais prenez garde, dit Rousseau, en lisant votre fable je suis tenté d’apprendre à être renard ?  […] La femme qui voudra être Angélique n’avait rien à apprendre à la comédie, et ce n’est pas Molière qui l’a pervertie. […] Il souhaite que les enfants sucent ces fables avec le lait ; il recommande aux nourrices de les leur apprendre : car on ne saurait s’accoutumer de trop bonne heure à la sagesse et à la vertu.

6. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

Une remarque m’a frappé, et j’en appelle ici aux souvenirs de tous ceux qui ont passé par les écoles publiques, c’est que l’immense majorité de ces jeunes gens éprouve une invincible répugnance pour les Manuels, Traités, Cours, et en général pour tous les écrits élémentaires sur l’art qu’ils apprennent. […] On trouvera dans ce livre, à côté des noms de Platon, de Cicéron, de Pascal, de Bossuet, de Massillon, de Fléchier, ceux d’Aristophane, de Catulle, de Molière, de Voltaire, de Jean Jacques, de Béranger et de bien d’autres ; parce que, selon moi, il est ridicule pour un homme bien élevé d’ignorer et de blâmer ce que ces derniers ont de bien, comme il lui serait honteux de rechercher et de louer ce qu’ils ont de mal ; parce qu’il vaut mieux que l’élève voie de telles choses avec le professeur qui saisira l’occasion de lui apprendre ce qui est à fuir et ce qui est à suivre, que de les voir seul ; parce qu’un système absolu de réticence, de dissimulation et de mensonge est, dans l’éducation publique, le plus pernicieux, à mon gré, de tous les systèmes. […] Je m’en console en disant avec Quintilien qu’il suffit à l’honnête homme d’avoir cherché à apprendre aux autres ce qu’il savait : id viro bono satis est, docuisse quod sciret. […] L’école gâte la jeunesse, en faisant la part encore trop large à l’imagination et à la facilité superficielle ; elle aussi suppose trop souvent qu’on peut tout apprendre et bien apprendre en apprenant vite, et donne des primes au charlatanisme intéressé qui, pour flatter ses goûts, lui présente chaque jour de menteuses recettes. […] Au milieu des événements qui se poussent l’un l’autre et des étourdissantes volte-face qui nous secouent sans cesse, à peine a-t-on le temps de voir, où trouver celui d’apprendre ?

7. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Molière. (1622-1673.) » pp. 29-34

Apprenez, maître Jacques, vous et vos pareils, que c’est un coupe-gorge qu’une table remplie de trop de viandes2 ; que, pour bien se montrer ami de ceux que l’on invite, il faut que la frugalité règne dans les repas qu’on donne, et que, suivant le dire d’un ancien, il faut manger pour vivre et non pas vivre pour manger. […] Est-ce que les gens de qualité apprennent aussi la musique ? […] Je l’apprendrai donc. […] Tous les désordres, toutes les guerres qu’on voit dans le monde, n’arrivent que pour n’apprendre pas la musique. […] Et si tous les hommes apprenaient la musique, ne serait-ce pas le moyen de s’accorder ensemble, et de voir dans le monde la paix universelle ?

8. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

Tout ce que nous apprenons, à mesure que nous avançons en âge, forme ce qu’on appelle l’instruction. […] La nature est le grand livre que nous ne devons jamais nous lasser d’étudier ; c’est une source intarissable d’idées et d’émotions ; elle nous en apprend plus que les auteurs, et surtout elle donne à nos pensées plus de fraicheur et de justesse. […] Les mauvais livres gâtent le cœur et le goût : ils n’apprennent rien ; ils égarent l’imagination et faussent le jugement. […] Choisissez de préférence les ouvrages historiques ; vous apprendrez à y connaître les hommes et les peuples, et en même temps à vous connaître vous-même. […] L’art d’écrire s’apprend sans doute bien plus par la pratique que par les leçons ; mais nous savons par expérience que les régies sont aussi d’un grand secours pour perfectionner le talent.

9. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

L’homme, en apprenant à réfléchir, apprend à douter : il se sent agité d’une curiosité inquiète que les traditions qui ont charmé son enfance ne peuvent plus satisfaire. […] Je vous vois déjà sourire et vous demander, puisque les règles sont inutiles et que l’éloquence ne s’apprend pas, à quoi bon ces Entretiens sur l’éloquence. […] Je pense en effet que l’éloquence ne peut s’apprendre, parce qu’elle est un don naturel que ni l’expérience ni l’étude ne sauraient donner, et qui tient à la délicatesse des organes, à la vivacité des impressions et à la facilité de les exprimer par des images sensibles. […] On peut donc apprendre l’art de l’éloquence comme on apprend le métier de la guerre, et le proverbe ancien n’a pas tort qui dit : « On naît poëte et on devient orateur. » Mais comment le devient-on ? […] Enfin, rappelez-vous que vous ne saurez jamais assez tant qu’il vous restera quelque chose à apprendre.

10. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre premier. de la rhétorique en général  » pp. 13-23

Les véritables auteurs de l’art sont donc les orateurs ; mais nous devons pourtant quelque reconnaissance à ceux qui ont aplani les difficultés ; car toutes les vérités que, grâce à leur génie, les orateurs ont découvertes une à une, les rhéteurs nous ont épargné la peine de les chercher et les ont rassemblées sous nos yeux. » Tous ceux qui écrivent reconnaissent d’ailleurs qu’il est dans leur art, comme dans tous les autres, certains procédés de composition, certains secrets de métier, une sorte de mécanisme littéraire, que l’on ne devine point, que l’on n’apprend qu’à l’user, après bien des essais et des tâtonnements. […] « Quel est le peintre, dit Quintilien, qui ait appris à représenter tout ce qui existe dans la nature ? […] Il y a des choses qui s’apprennent, quoiqu’elles ne s’enseignent pas. » N’oubliez pas, d’autre part, que si la vertu des préceptes est singulièrement puissante pour rectifier les erreurs, améliorer les qualités naturelles, et tracer des limites à leurs développements, elle l’est beaucoup moins pour nous donner les mérites qui nous manquent. […] Les uns sont essentiels et généraux ; ils tiennent à la nature même de l’art, viennent à propos en toute matière, et se retrouvent dans tous les siècles et sous toutes les latitudes : Avant donc que d’écrire, apprenez à penser… Tout ce qu’on dit de trop est fade et rebutant… etc. […] 3° C’est encore au maître à lui apprendre comment il faut, dans l’occasion, savoir s’écarter des règles, et obéir, en dépit d’elles, aux inspirations du goût, c’est-à-dire de cette faculté, moitié d’instinct, moitié de culture, qui nous fait discerner et sentir le beau, en dehors même des lois générales et des prévisions de l’art.

11. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

C’est par la lecture, dit Quintilien, que nous apprenons le sens et la valeur des mots, et la place qu’il convient de leur donner… La lecture sérieuse et souvent répétée grave les choses dans la mémoire, et en rend l’imitation facile. […] La raison suffirait pour nous apprendre que ceux qui cherchent à s’initier à l’art d’écrire, doivent s’attacher dans leurs lectures aux meilleurs ouvrages des écrivains les plus illustres. […] Et lorsqu’on aura longtemps contemplé les merveilles de la Bible, le livre par excellence, et les grandes inspirations de la littérature chrétienne ; lorsqu’on aura étudié les chefs-d’œuvre des plus beaux siècles ; lorsqu’on aura appris à distinguer le beau réel de ce qui n’en a que l’apparence, alors on pourra entreprendre d’autres lectures, et faire connaissance avec les écrivains dont la réputation est moins éclatante. […] On relit souvent ces morceaux ; on les apprend même quelquefois de mémoire ; on meuble ainsi son esprit de souvenirs qui ne s’effaceront pas, et on y ramasse, selon l’expression de Cicéron, une riche moisson d’idées. […] Cette méthode, qu’il faut enseigner aux commençants, puisque, avant d’écrire, ils doivent apprendre à penser, consiste à réfléchir profondément sur les qualités qui constituent la nature du sujet, sur les parties qui le composent, sur les circonstances qui le font ressortir.

12. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PRÉAMBULE. » pp. -

S'il en était ainsi, la langue latine ne saurait offrir de sérieuses difficultés ; car enfin, ces règles de grammaire, que l’on a beaucoup trop multipliées, peuvent se réduire à un petit nombre ; et, si on les étudie avec méthode, il sera facile de les apprendre en peu de temps ; puis, avec un peu d’attention et de discernement, on viendra facilement à bout de les appliquer d’une manière convenable. […] A l’étude des règles grammaticales, il faut donc ajouter une autre étude plus sérieuse et plus attrayante, celle du génie de la langue que l’on veut apprendre. […] Ce serait aussi une méthode bien profitable, de composer des thèmes d’imitation sur le texte d’une version déjà expliquée et apprise de mémoire, et d’obliger les élèves à se servir des mêmes expressions et à suivre le même ordre, le même enchaînement dans la structure de la phrase.

13. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XI. Grands poèmes. »

Quelque position que prenne le poète, qu’il se donne pour un simple mortel ou qu’il se dise inspiré des muses, du moment qu’il veut apprendre aux autres ce qu’ils ne savent pas, il faut qu’il dispose sa matière dans un ordre rationnel. […] Les premiers se comprennent d’eux-mêmes ; les seconds sont ceux où l’on prétend enseigner un art qui n’existe pas, ou qu’on sait bien que personne ne voudrait apprendre. […] C’est à toi d’annoncer ce qu’ils doivent apprendre ; C’est à toi d’annoncer aux yeux des nations, Les coupables effets de leurs divisions. […] Le voyage se fait en descendant la Loire, et pendant ce temps il apprend beaucoup de gros mots qu’il répète en arrivant à sa destination. […] Suivant ce calcul, il pouvait avoir appris, dans son enfance, les merveilles de ce siège de la bouche même de quelques vieillards qui y avaient été.

14. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Définition et division. »

Guidés seulement par la nature, ils apprennent bientôt et d’eux-mêmes à marcher, à se nourrir, à nager. […] En l’absence d’une méthode qui apprenne à bien penser et dont il serait probablement impossible de se servir dans l’âge où l’on enseigne la Rhétorique aux jeunes gens, quel est le devoir du rhéteur ? C’est de fournir des pensées à ses élèves, et de leur apprendre à les revêtir de tout l’éclat qu’elles peuvent recevoir.

15. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Napoléon Ier , 1769-1821 » pp. 428-446

Vous leur avez appris qu’il est plus facile de nous braver et de nous menacer que de nous vaincre. […] qu’ils apprennent que s’il est facile d’acquérir un accroissement de domaines et de puissance avec l’amitié du grand peuple, son inimitié (qu’on ne peut provoquer que par l’abandon de tout esprit de sagesse et de raison) est plus terrible que les tempêtes de l’Océan. […] elles apprendront, après quelques années de guerre, à devenir sages et à vivre en paix4. […] Ses conseils en Italie vont, par-dessus les Alpes, apprendre à la France les conditions d’une société réglée. » (M. […] Napoléon l’apprit trop tard.

16. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Préface » pp. -

« Jamais il ne faut permettre, a dit Nicole, que les enfants apprennent rien par cœur qui ne soit excellent ; car les choses qu’ils ont apprises sont comme des moules ou des formes que prennent leurs pensées lorsqu’ils les veulent exprimer. » Rollin demandait, d’après ce motif, des recueils français « qui, composés exprès, épargnassent aux maîtres la peine nécessaire pour feuilleter beaucoup de volumes, et aux élèves des frais considérables pour se les procurer ». […] Nous nous estimerons heureux si nous paraissons à nos collègues n’être pas demeuré trop loin du but que nous avions à cœur d’atteindre, et si ces recueils en particulier, rédigés pour les classes supérieures, sont considérés comme un manuel de composition et de style, où les jeunes gens puissent apprendre, non par d’arides théories, mais par la pratique des chefs-d’œuvre de notre langue, à penser et à écrire.

17. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Tout à coup il apprend à Eugène qu’une banqueroute l’a ruiné. […] Elle l’a donnée à l’avare pour lui apprendre à mieux traiter ses hôtes. […] Delville se charge de pourvoir à ses besoins et de lui faire apprendre un état. […] » C’était le petit oiseau, répétant les paroles que Léon s’était amusé à lui apprendre. […] Souvent je le gardais avec mot pour lui apprendre à pêcher.

18. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Point de coups imprévus et mortels que nous n’apprenions à porter et à parer ; point de feintes qui nous soient inconnues. […] On voit, en le lisant, qu’il a hanté les ombrages de l’Académie, et appris de Platon, son maître, à sacrifier aux Grâces. […] Ici, par exemple, que veut-elle nous apprendre ? […] Car si la nature ne vous a pas donné une organisation délicate et impressionnable, les préceptes sur le style ne vous apprendront pas plus à parler éloquemment que l’étude de la logique ne vous apprendra à raisonner juste, si vous avez l’esprit faux. […] Apprendre à bien prononcer est presque aussi important qu’apprendre à bien dire.

19. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Molière 1622-1673. » pp. 27-43

Au contraire, c’est me faire plaisir, et je suis bien aise d’apprendre comme on parle de moi. […] Apprenez à parler. […] il y a plus de quarante ans que je dis de la prose sans que j’en susse rien5 ; et je vous suis le plus obligé du monde de m’avoir appris cela. […] On eut toutes les peines du monde à lui apprendre à lire6 ; et il avait neuf ans qu’il ne connaissait pas encore ses lettres. […] Apprenez enfin qu’un gentilhomme qui vit mal est un monstre dans la nature ; que la vertu est le premier titre de noblesse ; que je regarde bien moins au nom qu’on signe qu’aux actions qu’on fait, et que je ferais plus d’état du fils d’un crocheteur qui serait honnête homme, que du fils d’un monarque qui vivrait comme vous1.

20. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Mais il faut que l’élève apprenne à les connaître, et non pas à les employer. […] Vous voulez m’apprendre qu’il pleut ou qu’il neige ; dites : Il pleut, il neige. […] En écoutant ces paroles, vous apprenez le fait, mais vous ne le voyez pas. […] Lequel des deux orateurs peut avoir la manière la plus vive et la plus touchante : ou celui qui apprend par cœur, ou celui qui parle sans réciter mot à mot ce qu’il a appris ? […] Je soutiens que c’est celui qui a appris par cœur.

21. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

. — Faut-il apprendre à un malade à demander sa guérison ; à un homme pressé de la faim, à solliciter de la nourriture ; à un infortuné battu de la tempête, et sur le point d’un triste naufrage, à implorer du secours ? […] Tout parle en lui ; tout exprime sa douleur ; tout annonce sa peine ; tout sollicite son soulagement : son silence même est éloquent. — Dès qu’une infirmité fâcheuse menace votre vie, qu’un événement inattendu met vos biens et votre fortune en péril, qu’une mort prochaine est sur le point de vous enlever une personne ou chère ou nécessaire ; alors vous levez les mains au ciel, vous y faites monter des gémissements et des prières ; vous vous adressez au Dieu qui frappe et qui guérit ; vous savez prier alors ; vous n’allez pas chercher hors de votre cœur des leçons et des règles pour apprendre à lui exposer votre peine, ni consulter des maîtres habiles pour savoir ce qu’il faut lui dire ; vous n’avez besoin que de votre douleur : vos maux tout seuls ont su vous instruire. — Si vous priez rarement, le Seigneur sera toujours pour vous un Dieu étranger et inconnu, pour ainsi dire, devant qui vous serez dans une espèce de gêne et de contrainte ; avec qui vous n’aurez jamais ces effusions de cœur, cette douce confiance, cette sainte liberté que la familiarité toute seule donne, et qui fait tout le plaisir de ce commerce divin. […] Sans doute les gens qui se piquent de répondre à tout, et qui ont surtout une objection, toujours prête pour tout ce qu’on leur présente au nom de la religion, ne manqueront pas de nous dire ici que rien de tout cela n’est bien nouveau, quant au fonds ; que les philosophes de tous les temps et de tous les lieux leur ont appris cela depuis longtemps. […] L’éducation fortifia ces sentiments de la nature : on lui apprit à connaître un Dieu, à l’aimer, à le craindre ; on lui montra la vertu dans les règles ; on la lui rendit aimable par des exemples ; et quoiqu’il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu’il lui arrivait de s’y laisser emporter, son cœur prenait en secret le parti de sa vertu contre sa propre faiblesse. […] Les hommes se le sont persuadés eux-mêmes, ou plutôt la nature le leur a appris sans le secours des maîtres ; et seul, depuis le commencement des choses, il a passé des pères aux enfants, et s’est toujours maintenu sur la terre.

22. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mignet. Né en 1796. » pp. 504-512

Chacun peut y apprendre quelque chose, le pauvre comme le riche, l’ignorant comme le savant, le simple citoyen comme l’homme d’État. […] C’est par ce côté du bon sens, de l’honnêteté, du dévouement, qu’il peut apprendre à tous ceux qui liront sa vie à se servir de l’intelligence que Dieu leur a donnée pour éviter les égarements des fausses idées ; des bons sentiments que Dieu a déposés dans leur âme, pour combattre les passions et les vices qui rendent malheureux et pauvre. […] Là, retraçant leurs faiblesses passées, Leurs actions, leurs discours, leurs pensées, À chaque état ils reviennent dicter Ce qu’il faut fuir, ce qu’il faut imiter ; Ce que chacun, suivant ce qu’il peut être, Doit pratiquer, voir, entendre, connaître ; Et, leur exemple en diverses façons Donnant à tous les plus nobles leçons, Rois, magistrats, législateurs suprêmes, Princes, guerriers, simples citoyens mêmes, Dans ce sincère et fidèle miroir Peuvent apprendre et lire leur devoir. […] Elle apprend à respecter cette vertu et à en démêler la beauté et l’éclat à travers les voiles de la pauvreté, de l’adversité, de l’obscurité, et même quelquefois du décri et de l’infamie ; comme au contraire elle n’inspire que du mépris et de l’horreur pour le crime, fût-il revêtu de pourpre, tont brillant de lumière et placé sur son trône. » Rollin.

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Boileau 1636-1711 » pp. 401-414

Les stances avec grâce apprirent à tomber, Et le vers sur le vers n’osa plus enjamber. […] Avant donc que d’écrire, apprenez à penser2 : Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit, ou moins nette, ou plus pure3 : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, Et les mots pour le dire arrivent aisément4. […] « Rien ne corrige un esprit mal fait ; triste et fâcheuse vérité, qu’on apprend tard, et après bien des soins perdus. » (Joubert.) […] Apprend-on à penser ? […] Vous m’avez appris, mon cher père, à fuir ces bassesses, et à savoir vivre comme à savoir écrire.

24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Montesquieu 1666-1755 » pp. 148-157

Je demeurais quelquefois une heure dans une compagnie sans qu’on m’eût regardé, et qu’on m’eût mis en occasion d’ouvrir la bouche ; mais si quelqu’un, par hasard, apprenait à la compagnie que j’étais Persan, j’entendais aussitôt autour de moi un bourdonnement : Ah ! […] Ils se firent tous deux beaucoup d’honnêtetés4, et s’apprirent réciproquement quelques nouvelles littéraires. […] Quand ils furent un peu revenus de leur étourdissement, cet homme, portant la main sur le front, dit au géomètre : « Je suis bien aise que vous m’ayez heurté, car j’ai une grande nouvelle à vous apprendre. […] Rapprochez ce passage de La Bruyère sur le Bibliomane : « Mais quand il ajoute que les livres en apprennent plus que les voyages, et qu’il m’a fait comprendre par ses discours qu’il a une bibliothèque, je souhaite de la voir ; je vais trouver cet homme, qui me reçoit dans une maison où dès l’escalier je tombe en faiblesse d’une odeur de maroquin noir dont ses livres sont tous couverts.

25. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Chapitre XI. De l’orthographe. » pp. 53-58

Je, on dit : j’apprends, j’étudie, j’honore, j’oublie, etc., pour je apprends, etc. […] Exemple : Celui qui évite d’apprendre (dit le sage) tombera dans le mal.

26. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Préface » pp. -

Elles lui apprennent à aimer par-dessus tout la franchise, et à chercher ses ressources dans l’accent sincère d’un sentiment ou d’une conviction, plus que dans ces procédés artificiels dont l’emploi indiscret finit par gâter des mains novices. […] Outre qu’il lui est impossible de ne pas respirer l’air qui nous entoure, ne donnons pas l’attrait du fruit défendu à des livres qu’un engouement irréfléchi lira sans critique, si l’on s’obstine à les proscrire des écoles, au lieu d’apprendre, par une direction tout ensemble libérale et sévère, à séparer le mort du vif, c’est-à-dire à discerner les qualités des défauts, et l’excellent du mauvais, ou du médiocre. […] L’art de la critique, en un mot, dans son sens le plus pratique, consiste à savoir lire judicieusement les auteurs, et à apprendre aux autres à les lire de même, en leur épargnant les tâtonnements et en leur dégageant le chemin. » (Sainte-Beuve.)

27. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Nisard Né en 1806 » pp. 296-300

Ils apprennent du fabuliste à reconnaître leurs impressions, à se représenter leurs souvenirs. […] Ce temps d’ivresse passé1, quand chacun a trouvé enfin la mesure de sa taille en s’approchant d’un plus grand ; de ses forces, en luttant avec un plus fort ; de son intelligence, en voyant le prix remporté par un plus habile ; quand la maladie et la fatigue lui ont appris qu’il n’y a qu’une mesure de vie ; quand il en est arrivé à se défier même de ses espérances, alors revient le fabuliste qui savait tout cela, qui le lui dit et qui le console, non par d’autres illusions, mais en lui montrant son mal au vrai, et tout ce qu’on en peut ôter de pointes par la comparaison avec le mal d’autrui. […] Cette solitude-là est permise1, elle est bonne ; les écrits et les exemples des sages nous apprennent que Dieu en est toujours le compagnon.

28. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Préface » pp. -

Elles lui apprennent à aimer par-dessus tout la franchise, et à chercher ses ressources dans l’accent sincère d’un sentiment ou d’une conviction, plus que dans ces procédés artificiels dont l’emploi indiscret finit par gâter des mains novices. […] Outre qu’il lui est impossible de ne pas respirer l’air qui nous entoure, ne donnons pas l’attrait du fruit défendu à des livres qu’un engouement irréfléchi lira sans critique, si on s’obstine à les proscrire des écoles, au lieu d’apprendre par une direction tout ensemble libérale et sévère à séparer le mort du vit, c’est-à-dire à discerner les qualités des défauts, et l’excellent du mauvais ou du médiocre. […] L’art de la critique, en un mot, dans son sens le plus pratique, consiste à savoir lire judicieusement les auteurs, et à apprendre aux autres à les lire de même, en leur épargnant les tâtonnements et en leur dégageant le chemin. » (Sainte-Beuve.)

29. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

« Je viens d’apprendre avec beaucoup de joie, Monsieur, la grâce que le Roi vous a faite, non seulement pour l’intérêt de mon ami, mais encore pour celui de mon Maître. […] Il mande la mort du jeune d’Hocquincourt, et qu’il enverra un courrier pour apprendre au Roi la suite de cette entreprise : il cachette sa lettre et l’envoie à deux heures. […] « J’apprends, mon cher frère, que vous allez sortir de l’École Militaire, pour entrer dans la carrière des armes. […] Elle s’élèvera peu à peu à un style plus noble ; et si vous devenez jamais un grand guerrier, vous lui apprendrez à vous chanter, et vous aurez de sa part un poème. […] Il y a d’autres personnes à qui on le donne, suivant les circonstances : c’est ce qu’on ne peut apprendre que par l’usage.

30. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Pourvu qu’il dorme, qu’il rie, qu’il adoucisse son tempérament, qu’il aime les jeux de la société, qu’il prenne plaisir à aimer les hommes et à se faire aimer d’eux, toutes les grâces de l’esprit et du corps viendront en foule pour l’orner. » Réprimande d’un précepteur à un prince Je ne sais, Monsieur1, si vous vous rappelez ce que vous m’avez dit hier : que vous saviez ce que vous êtes, et ce que je suis 2 ; il est de mon devoir de vous apprendre que vous ignorez l’un et l’autre. […] Vous ne savez que ce que je vous ai appris, et ce que je vous ai appris n’est rien, comparé à ce qui me resterait à vous apprendre. […] Rien ne serait plus sot et plus déplacé ; mais j’ai appris à connaître les hommes en vieillissant, et je crois que le meilleur est de se passer d’eux, sans faire l’entendu3.

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