Que le moindre clocher sonne le glas d’alarmes ; Que chacun sous son toit se dresse avec ses armes ; Que tout hameau lointain vierge de l’étranger Coure au-devant du flot qui nous veut submerger ; ……………… Que tout homme jaloux d’une sœur, d’une femme, Ayant à lui son champ et sa fierté dans l’âme ; Que tout chef d’une race, et tout enfant pieux Qui sait sous quel gazon reposent ses aïeux, Jurant de recouvrer cette place usurpée, Frappe un coup de sa faux, s’il manque d’une épée. […] Le franc tireur L’étranger au pas lourd s’étendait, sans soupçons, Devant nos chemins creux couverts par les buissons, Quand jaillit, à travers les ronces et les lierres, Un sifflement aigu suivi de cent tonnerres2… L’écho crépite et gronde, et nos vaillants conscrits, Dressés et triomphants, s’élancent à grands cris : Pas un coup de fusil qui n’ait touché son homme, Et la balle a choisi tous les chefs qu’on renomme ! […] Plongeant de chaque roche et de chaque fourré, Le feu de nos chasseurs remontait par degré, Et l’étranger laissait des morts sur chaque étage. […] Encor bien loin, là-bas, dans les ronces grimpantes, L’étranger gravissait péniblement les pentes, Harassé, décimé. […] L’écrivain met en scène des montagnards du Forez, qui, en 1815, défendent leurs foyers et leurs familles contre l’étranger.
L’homme, saisi tout à coup d’une fureur divine étrangère à la haine et à la colère, s’avance sur le champ de bataille sans savoir ce qu’il veut ni même ce qu’il fait. […] Ne contiennent-ils rien de particulier et d’étranger à notre nature ? […] La perfidie lui est étrangère, et il est bientôt fatigué des intrigues. […] Ces pages écrites en 1794, au milieu de l’anarchie et des ruines, ont vraiment un accent prophétique qui fait honneur à la clairvoyance du publiciste étranger. […] Rapprochons de ce témoignage rendu par un étranger cette belle page de M.
Cette dernière comparaison n’est point dans l’original ; mais elle est si bien dans la manière antique, elle se reproduit si fréquemment dans les écrivains sacrés, qu’elle n’a point ici l’air étrangère, et qu’elle est bien loin de défigurer ce beau morceau. […] » Comment chanterions-nous aux terres étrangères ? […] De là cette délicieuse onction qui coule avec les vers du poète, et qui ne trouverait pas insensible le cœur le plus étranger aux émotions de la nature. […] Bientôt de Noémi les fils n’ont plus de père : Chacun d’eux prit pour femme une jeune étrangère, Et la mort les frappa. […] Fuyez une parure aux hameaux étrangère, La toison des brebis convient à la bergère.
Vous marcherez toujours dans votre liberté, et jamais votre tête ne se courbera sous le joug de l’étranger. […] Vos fils et vos filles seront traînés captifs chez les peuples étrangers : vos yeux le verront, et vous n’aurez ni la force ni le courage de les défendre. […] Nous ne connaissons, dans aucun orateur grec ou romain, français ou étranger, rien de comparable à ce beau discours, pour la force ou la véhémence.
« Pour moi, dit-il, je n’ai jamais brigué votre faveur par des discours étrangers à ce que je croyais vous devoir être utile ; et j’ai alors déclaré mon sentiment sans art, comme sans réserve. […] Où retrouver enfin les traces de nos pères Dans des cœurs corrompus par des mœurs étrangères ? […] « Tous ceux, pères conscrits, qui ont à délibérer sur des affaires épineuses, doivent être absolument étrangers à la haine, à l’amitié, au ressentiment, à la compassion. […] C’est ainsi que, plus ils peuvent, moins ils doivent oser : faveur, haine, ressentiment, toutes les passions leur doivent être étrangères. […] Nos ancêtres, pères conscrits, ne manquaient ni de prudence, ni de courage, et une présomption mal entendue ne les empêchait pas d’adopter les institutions étrangères, pour peu qu’elles leur parussent avantageuses.
Voilà le goût classique ; qu’il soit sage sans être timide, exact sans être borné3 ; qu’il passe à travers les écoles moins pures de quelques nations étrangères, pour se familiariser avec de nouvelles idées4, se fortifier dans ses opinions, ou se guérir de ses scrupules1 ; qu’il essaye, pour ainsi dire, les principes sur une grande variété d’objets ; il en connaîtra mieux la justesse, et, corrigé d’une sorte de pusillanimité sauvage, il ne s’effarouchera pas de ce qui paraît nouveau, étrange, inusité ; il en approchera, et saura quelquefois l’admirer2. […] Comme le sentiment de nos propres forces influe toujours sur nos opinions, le critique sans chaleur et sans imagination sentira faiblement des qualités qui lui sont trop étrangères. […] C’est par là, Monsieur, que vos pièces, transplantées, ont amusé toute la France, et que, passant à l’étranger, traduites, mêlées, allongées, selon le goût des peuples, elles ont défrayé les théâtres du Nord et du Midi. […] Mais l’illusion même que votre piquant théâtre a pu faire à de tels juges est encore un éloge ; et cette illusion serait impossible, s’il n’y avait pas quelque chose de bien spirituel et de bien vivace dans ces scènes légères que l’on joue, et que même on commente chez l’étranger.
Aujourd’hui surtout que l’on nous donne en mille romans la monnaie du vieux poëme épique, comme en mille lithographies et en mille statuettes, celle de la peinture et de la sculpture, le plus mince fabricant de nouvelles croirait déroger en débutant tout bonnement comme les contes de fées : « Il était une fois un roi… ou un bûcheron. » Ouvrez le premier roman venu, vous êtes sûr d’y trouver, après un titre plus ou moins prétentieux, quelque chose comme ceci : « Vers la fin du mois d’octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal… » ou, pour varier : « Vers la fin du mois de septembre 1800, un étranger arriva devant le palais des Tuileries… » ou bien : « Assez, Caroline, voici la nuit ; remettons à demain vos réflexions sur cette lecture… » ou encore : « Voyez ce brick ! […] Son exorde eut naturellement pour objet sa position d’avocat étranger devant un jury étranger, et il le traita avec une adresse si savante que, avant d’avoir abordé les faits, il s’était déjà concilié la faveur universelle. […] Les anciens appellent vulgaire l’exorde qui peut appartenir à plusieurs sujets ; commun ou commuable, celui dont l’adversaire peut faire usage ou qu’il peut même, à l’aide de légers changements, retourner contre nous ; étranger ou emprunté, non-seulement celui qui ne convient pas au sujet, mais surtout celui qui semble amener une conséquence tout opposée à celle qu’on a en vue : tel cet exorde d’Isocrate dont Longin fait si justement la critique dans son Traité du sublime.
Ne parlons pas des bois d’orangers, ni des haies de citronniers ; mais tant d’autres arbres et de plantes étrangères que la vigueur du sol y fait naître en foule, ou bien les mêmes que chez nous, plus grandes, plus développées, donnent au paysage un tout autre aspect. […] Combien d’étrangers, qui n’y étaient venus que pour un hiver, y ont passé toute leur vie ! […] Je fus chez lui, et je l’attendis ; comme il tardait un peu, je descendis dans son jardin, et je m’amusai à regarder les plantes et les fleurs, qui sont fort belles et nombreuses, et pour la plupart étrangères, à ce qu’il me parut, et aussi rangées d’une façon particulière et pittoresque.
On fait un barbarisme de mot, lorsqu’on se sert d’un mot étranger à la langue qu’on parle, ou complètement estropié. […] Évitons donc en général les mots impropres, et surtout ceux, qui pourraient provoquer le rire nos dépens ; nous nous garderons donc bien de dire avec cet étranger qui remerciait Fénelon d’un service rendu : « Monseigneur, vous avez pour moi des boyaux de père. » 2° Une réunion de mots contraires à l’usage, tels que ceux-ci : Jouir d’une mauvaise réputation ; jouir d’une mauvaise santé ; les révolutions précipitent les peuples dans des conjectures difficiles ; Néron était un homme sanguin, etc. […] Quintilien raconte à ce sujet qu’à Athènes, un jour une marchande de fleurs reconnut pour étranger Théophraste, né dans l’île de Lesbos. […] Leurs locutions sont ou étrangères ou poétiques. […] Citons cette belle période de Fléchier, chef-d’œuvre d’harmonie et d’éloquence ; elle est tirée de l’exorde de l’Oraison funèbre de Turenne : Cet homme, qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre, | qui couvrait son camp du bouclier et forçait celui des ennemis avec l’épée ; || qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, | et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle ; || cet homme qui défendait les villes de Juda, qui domptait l’orgueil des enfants d’Ammon et d’Ésaü, qui revenait chargé des dépouilles de Samarie, après avoir brûlé sur leurs propres autels les dieux des nations étrangères ; || cet homme que Dieu avait mis autour d’Israël, comme un mur d’airain où se brisèrent tant de fois toutes les forces de l’Asie, | et qui, après avoir défait de nombreuses armées, déconcerté les plus fiers et les plus habiles généraux des rois de Syrie, venait tous les ans, comme le moindre des Israélites, réparer avec ses mains triomphantes les ruines du sanctuaire, et ne voulait d’autre récompense des services qu’il rendait à sa patrie, que l’honneur de l’avoir servie ; || ce vaillant homme poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu’il avait réduits à une fuite honteuse, recul le coup mortel et demeura comme enseveli dans son triomphe.
« Ne crains point, disent-ils, malheureux étranger (Si plutôt, sous un corps terrestre et passager, Tu n’es point quelque Dieu protecteur de la Grèce, Tant une grâce auguste ennoblit ta vieillesse !) […] Ta voix noble et touchante est un bienfait des dieux ; Mais aux clartés du jour ils ont fermé tes yeux. » « Enfants, car votre voix est enfantine et tendre, Vos discours sont prudents, plus qu’on eût dû l’attendre ; Mais, toujours soupçonneux, l’indigent étranger Croit qu’on rit de ses maux et qu’on veut l’outrager : Ne me comparez point à la troupe immortelle : Ces rides, ces cheveux, cette nuit éternelle, Voyez ; est-ce le front d’un habitant des cieux ? […] Et ces vastes chemins en tous lieux départis, Où l’étranger, à l’aise achevant son voyage, Pense au nom des Trudaine1 et bénit leur ouvrage ?
Toute image tirée des coutumes étrangères n’est reçue parmi nous que par adoption ; et, si les esprits n’y sont pas habitués, le rapport en sera difficile à saisir. […] Si l’objet de l’idée est de ceux que l’imagination saisit et retrace aisément et sans confusion, il n’a besoin pour la frapper que de son expression naturelle, et le coloris étranger de l’image n’est plus que de décoration. […] La pureté consiste à faire usage de mots qui appartiennent véritablement à la langue que l’on parle, par opposition aux mots étrangers ou employés dans un sens contraire à l’usage, ou tombés en désuétude, ou trop nouveaux ou hasardés sur des autorités insuffisantes. […] On connaît ces paroles d’un étranger à Fénelon : Monseigneur, vous avez pour moi des boyaux de père. […] On entend par barbarisme de phrase une tournure empruntée à une langue étrangère.
Ces lieux communs sont intérieurs ou extérieurs 4 : les lieux intérieurs sont ceux qui se tirent du fond même du sujet ; les lieux extérieurs, sans être absolument étrangers au sujet, n’y ont qu’un rapport indirect, et dépendent, en effet, de circonstances extérieures à l’art, comme on le verra par les exemples. […] Elle lui en découvre les lois, les mœurs, la religion et le gouvernement : il revient chargé des dépouilles de l’Orient et de l’Occident, et, joignant les richesses étrangères à ses propres trésors, il semble que la science lui ait appris à rendre toutes les nations de la terre tributaires de sa doctrine. […] C’est aussi la règle de Cicéron dans le second livre de l’Orateur : « Il n’est pas possible que celui qui écoute se porte à la douleur, aux pleurs, à la pitié, si l’orateur ne se montre vivement pénétré des sentiments qu’il veut inspirer14. » La deuxième règle est de ne rien mêler d’étranger et d’incompatible à la passion qu’on veut exciter. […] La première partie va maintenant se décomposer, et nous montrer saint Louis humble devant Dieu avec plus de mérite, charitable envers le prochain avec plus d’éclat, sévère à soi-même avec plus de force et plus de vertu ; et la seconde établira que saint Louis a été, par sa sainteté même, grand dans la guerre et dans la paix, grand dans l’adversité, grand dans la prospérité, grand dans le gouvernement de ses États, grand dans sa conduite avec les étrangers. […] Au premier rang est l’éloquence politique, dans laquelle les hommes chargés de quelques parties du gouvernement sont obligés de parler sur ces matières, soit avec leurs concitoyens, soit avec des étrangers.
Ils ne songeaient point à parer leurs discours d’ornements étrangers : mais bientôt l’église compta ses orateurs, et il se forma des écoles où l’on enseigna publiquement l’éloquence sacrée. […] Son style a quelque chose d’extraordinaire, est hérissé de métaphores, et chargé d’un faste qui devrait être toujours étranger au langage de la vérité.
La jeune fille a été offerte en sacrifice, puis dérobée aux regards des sacrificateurs et transportée dans un autre pays, où la loi ordonnait de sacrifier les étrangers à la déesse. […] Tout nom est ou bien un mot propre, ou un mot étranger (glose), ou une métaphore, ou un ornement, ou un mot forgé, ou allongé ou raccourci, ou altéré. […] L’auteur comique doit mettre, dans la bouche de chacun de ses personnages, la langue parlée dans son pays ; mais, dans celle d’un étranger, la langue parlée dans le pays où il est. […] Le plus souvent, leurs préceptes portent sur des points étrangers au fond de l’affaire. […] La question de savoir s’il n’est pas injuste d’asservir des peuples voisins et contre lesquels on n’a aucun grief reste souvent étrangère au débat.
Né dans les premiers rangs de la société coloniale, élevé dans les écoles publiques, au milieu de ses compatriotes, il arrivait naturellement à leur tête ; car il était à la fois leur supérieur et leur pareil, formé aux mêmes études, habile aux mêmes exercices, étranger, comme eux, à toute instruction élégante, à toute prétention savante, ne demandant rien pour lui-même, et ne déployant que pour le service public cet ascendant qu’un esprit pénétrant et sensé, un caractère énergique et calme assurent toujours dans une situation désintéressée. […] Étranger à toute agitation intérieure, à toute ambition spontanée et superbe, Washington n’allait point au devant des choses, n’aspirait point à l’admiration des hommes. […] Mais, pour vous en rendre dignes et capables, écartez de votre pensée les préoccupations étrangères ; concentrez vos forces sur l’étude profonde et désintéressée.
Votre Majesté ne souffrirait jamais qu’on dît qu’un cadet de la maison de Lorraine lui aurait fait perdre terre, encore moins qu’on la vît mendier à la porte d’un prince étranger. […] Je ne puis croire, pour moi, que vous deviez plutôt fier1 votre personne à l’inconstance des flots et à la merci de l’étranger qu’à tant de braves gentilshommes et tant de vieux soldats qui sont prêts de lui servir de rempart et de bouclier ; et je suis trop serviteur de Votre Majesté pour lui dissimuler que, si elle cherchait sa sûreté ailleurs que dans leur vertu, ils seraient obligés de chercher la leur dans un autre parti que dans le sien2. » Par de semblables paroles le maréchal ferma la bouche à ceux qui avaient ouvert cet avis ; et le roi, dont le courage suivait toujours les plus hardies résolutions et se déterminait facilement dans les plus pressantes rencontres, se résolut d’attendre l’ennemi dans un poste avantageux3.
Quand j’ai voyagé dans les pays étrangers, je m’y suis attaché comme au mien propre ; j’ai pris part à leur fortune, et j’aurais souhaité qu’ils fussent dans un état florissant. […] J’ai eu pour principe de ne jamais faire par autrui ce que je pouvais par moi-même : c’est ce qui m’a porté à faire ma fortune par des moyens que j’avais dans mes mains, la modération et la frugalité, et non par des moyens étrangers, toujours bas ou injustes. […] « Monsieur, me dit-il, j’habite ici une terre étrangère, et je n’y connais personne. […] Libre de tous les ornements étrangers, je me vis apprécié au plus juste.
Ce n’est pas seulement en augmentant le nombre des idées que ces études étrangères sont utiles, elles perfectionnent l’esprit même, parce qu’elles en exercent d’une manière plus égale les diverses facultés. » Chaque science éclaire l’esprit sur l’objet dont elle s’occupe, et l’esprit éclairé sur un point aperçoit mieux tous les autres. […] On peut en dire autant des langues étrangères ; des lectures de toute espèce, si l’on se borne, avare de son temps, aux ouvrages instructifs ou originaux en leur genre ; des voyages, quand l’occasion s’en présente, si l’on sait les utiliser, voir, écouter, étudier la nature et ses merveilles, l’homme, ses mœurs et ses ouvrages. […] En appuyant sur la nécessité de l’érudition, je demande que vous mettiez assez de choix et d’ordre dans vos matériaux pour que votre intelligence ne soit pas perdue dans ses propres richesses et écrasée sous le faix ; qu’au contraire, elle le porte avec aisance, et maintienne son caractère individuel au milieu de toutes ces acquisitions étrangères.
Après s’être longtemps cherchée, après avoir tour à tour, sous la Renaissance, imité l’antiquité, l’Espagne, l’Italie, et produit des œuvres charmantes, égales dans leur genre à toutes celles que la main des Valois, guidée par un art étranger, semait alors sur les bords de la Loire et dans les demeures de la royauté, elle s’était enfin trouvée et fixée, pour ne plus relever que d’elle-même et du génie national, au commencement du dix-septième siècle. […] Il ne s’agit point de la forcer d’obéir contre nature à un génie étranger ; il s’agit de lui rapprendre en quelque sorte son propre génie. […] Produit-il seulement la pitié ou la terreur au delà d’une certaine limite, surtout la pitié ou la terreur physique, il révolte, il ne charme plus ; il manque l’effet qui lui appartient pour un effet étranger et vulgaire.
Quand il s’agit du rang de la France dans les choses matérielles, l’émulation des peuples étrangers peut nous y servir, et nous faisons bien de la provoquer ; mais pour soutenir notre supériorité dans les choses de l’esprit, nous n’avons pas à compter sur le stimulant de la concurrence étrangère : il faut que toute l’émulation vienne de nous.
Cependant l’impuissance d’y contribuer m’empêchait de former des plans, et je vivais comme étranger à l’histoire. […] Il fit venir Hollis, beau-frère de Strafford, et qui, à ce titre, était demeuré étranger à l’accusation, « Que peut-on faire pour le sauver ? […] Elles n’eurent d’autre effet que celui de rapprocher, malgré elles, des populations étrangères l’une à l’autre, et qui bientôt se séparèrent violemment. […] Marie Stuart déclara qu’elle avait cherché à faire venir dans le royaume des forces étrangères, mais qu’elle n’avait pas consenti à attenter à la vie de la reine. […] Robert Beale lut alors la sentence, que Marie écouta en silence, et si profondément recueillie en elle-même, qu’elle semblait étrangère à tout ce qui se passait.
Ils honorent le vieillard, reçoivent à leur foyer l’étranger suppliant. […] On sait que Théophraste achetant un jour des légumes sur la place, la marchande reconnut à son accent qu’il était étranger. […] — C’est peu d’avoir fermé la bouche aux partisans de l’étranger et de la paix à tout prix ; c’est peu d’avoir effrayé les Athéniens en leur prouvant qu’ils n’ont pas le choix entre la guerre et le repos, et qu’ils sont perdus s’ils n’agissent. […] N’y tient-il pas des garnisons de soldats étrangers ? […] Le reste de la population se composait d’étrangers, appelés métèques.
Le monde a été ébloui de l’éclat qui l’environnait ; ses ennemis ont envié sa puissance ; les étrangers sont venus des îles les plus éloignées baisser les yeux devant la gloire de sa majesté4 ; ses sujets lui ont presque dressé des autels, et le prestige qui se formait autour de lui n’a pu le séduire lui-même. […] Le saint roi rendit aux peuples, avec la tranquillité, la joie et l’abondance : les familles virent renaître ces siècles heureux qu’elles avaient tant regrettés ; les villes reprirent leur premier éclat ; les arts, facilités par les largesses du prince, attirèrent chez nous les richesses des étrangers : le royaume, déjà si abondant de son propre fonds, se vit encore enrichi de l’abondance de nos voisins.
Voilà le goût classique ; qu’il soit sage sans être timide, exact sans être borné3 ; qu’il passe à travers les écoles moins pures de quelques nations étrangères, pour se familiariser avec de nouvelles idées4, se fortifier dans ses opinions, ou se guérir de ses scrupules5 ; qu’il essaye, pour ainsi dire, les principes sur une grande variété d’objets ; il en connaîtra mieux la justesse, et, corrigé d’une sorte de pusillanimité sauvage, il ne s’effarouchera pas de ce qui paraît nouveau, étrange, inusité ; il en approchera, et saura quelquefois l’admirer1. […] Comme le sentiment de nos propres forces influe toujours sur nos opinions, le critique sans chaleur et sans imagination sentira faiblement des qualités qui lui sont trop étrangères.
On reprocha dans le temps, et avec raison, au panégyriste de ce dernier de s’être mêlé fort mal à propos de discussions théologiques, étrangères à l’éloquence, et au-dessus de la portée de l’écrivain ; et d’avoir, en général, moins fait l’éloge de Fénelon, que la satire de Bossuet. […] Tu emprunteras des secours ; mais ces secours ne seront qu’un remède imparfait à ta faiblesse : l’action confiée à des bras étrangers, ou se ralentit, ou se précipite, ou change d’objet ; rien ne s’exécute comme le prince l’a conçu ; rien ne lui est dit comme il l’aurait vu lui-même, on exagère le bien ; on diminue le mal : on justifie le crime ; et le prince, toujours faible ou trompé, exposé à l’infidélité ou à l’erreur de tous ceux qu’il a chargés de voir et d’entendre, se trouve continuellement placé entre l’impuissance de connaître et la nécessité d’agir. […] Dans cette assemblée du peuple romain était une foule d’étrangers et de citoyens de toutes les parties de l’empire.
L’imitation est l’exercice le plus profitable à ceux qui débutent dans la composition, surtout quand ils écrivent dans une langue étrangère avec laquelle ils ne sont pas entièrement familiarisés. […] Ne restons pas non plus étrangers aux merveilles de l’industrie moderne, aux prodigieuses découvertes qui agrandissent chaque jour le domaine de la science, et tendent à transformer les rapports des hommes entre eux ; visitons les ateliers, les manufactures ; cherchons à nous faire expliquer les procédés et les machines qui ont centuplé la puissance humaine : toutes ces connaissances, en satisfaisant notre curiosité, ouvriront à notre imagination des perspectives sans bornes. […] La traduction est aussi l’un des meilleurs exercices pour former le style, parce qu’elle met à la fois en mouvement l’intelligence, pour comprendre le sens d’une langue étrangère ; le goût, pour saisir les beautés de l’auteur ; le style, pour chercher à le bien rendre.
Nous recevons sans cesse et à tout moment une raison supérieure à nous, comme nous respirons sans cesse l’air, qui est un corps étranger, ou comme nous voyons sans cesse tous les objets voisins de nous à la lumière du soleil, dont les rayons sont des corps étrangers à nos yeux. […] Il était appliqué, prévoyant, modéré, droit et ferme dans les négociations, de sorte que les étrangers ne se fiaient pas moins à lui que ses propres sujets. […] Transportez le Parthénon dans une contrée brumeuse et froide, il y sera étranger, il ressemblera au Grec lui-même exilé de sa patrie, et regrettant, sur les bords de quelque fleuve glacé, le soleil de l’Attique et ses douces brises, et ses gracieuses collines, et ses horizons enchantés. […] Ce sermon qui fut prononcé dans l’église des Missions étrangères par l’abbé de Fénelon, alors âgé de trente-quatre ans, fut remis en lumière par l’abbé Maury, qui le présenta à plusieurs gens de lettres, en les conviant à entendre un très-beau sermon de Bossuet.
Un étranger, de passage à Damas, crut flatter les rancunes de l’ancien chef arabe, en lui racontant les désastres subis par la France en 1870. […] Quel intérêt présentent, en particulier, les voyages dans les pays étrangers ? […] Un jeune Français, après avoir perdu ses parents, est allé séjourner pendant quatre à cinq ans à l’étranger. […] Voici maintenant qu’on parle d’une alliance avec l’étranger contre la cour, jamais le Parlement n’y saurait consentir. […] La discorde peut exister parmi les Français, mais le Parlement se souviendra toujours que l’ennemi réel c’est l’étranger.
., une force d’expression, un caractère d’énergie oratoire, dont elle n’offrait pas encore de modèle, et dont nous multiplierions volontiers les exemples, si ces matières, complètement étrangères, d’ailleurs, aux études des jeunes gens, n’avaient de plus l’inconvénient de rappeler des souvenirs auxquels il est difficile de toucher, sans réveiller des passions. […] Renfermée alors dans les paisibles fonctions de la magistrature, et réduite à ne plus se montrer que dans les jours d’apparat, elle ne parle plus qu’un langage étudié, étranger aux beaux mouvements de la véritable éloquence, et froidement subordonné aux convenances, qui glacent à tout moment son enthousiasme, et viennent arrêter son essor.