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2. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Supplément aux exemples. »

— Mais c’est que, pour s’instruire et savoir bien chanter,          Il faudrait savoir écouter,       Et babillard n’écouta de sa vie. […] après dix ans je revois la journée Où l’âme de mon père aux cieux est retournée, L’heure sonne ; j’écoute… Ô regrets ! […]           Il ne m’écoute pas, il fuit ; Il court dans une fête (et j’en entends le bruit) Finir son heureuse journée.

3. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

Si l’on parle, c’est qu’on veut se faire écouter ; si l’on écrit, c’est qu’on veut se faire lire. […] Il ne suffit pas de bien fixer le point à établir, il faut se demander aussi comment on parviendra, dès le principe, à se faire lire ou écouter. […] Bienveillant : par égard, soit pour l’auteur, soit pour la matière, pour la moralité, les talents, la position de l’un, la grandeur, l’intérêt, la nouveauté de l’autre, il aura, avant tout, le désir et la volonté de lire ou d’écouter. […] Attentif : il écoutera ou lira avec suite et intérêt, sans non-chalance, sans distraction. […] Tout plein du Dieu qui parle par sa bouche, il peut, dès l’abord, entonner le chant du prophète : Cieux, écoutez ma voix ; terre, prête l’oreille.

4. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

Malgré tant de précautions si adroitement prises, l’orateur ne se croit pas assez maître encore des esprits de ses auditeurs, et il termine son exorde, en déclarant qu’il va exposer les motifs de son opinion, mais que s’ils paraissent insuffisants à ceux qui l’écoutent, il est tout prêt à renoncer à son avis, pour adopter celui du plus grand nombre. […] Elle veut, dit Quintilien, que l’on procède d’une chose à une autre ; cette méthode aide beaucoup à la mémoire de celui qui parle, et soutient l’attention de celui qui écoute. […] Mais c’est là que les règles se taisent, que les conseils sont inutiles ou insuffisants, et que l’orateur ne doit écouter que son génie, et ne suivre que l’impression du moment. […] Aussi la règle prescrite à cet égard par Cicéron, est-elle de donner à chacun de ces points intéressants le plus de force, avec le moins d’étendue possible : c’est une récapitulation pour soulager la mémoire de celui qui écoute, et non un morceau d’apparat pour faire briller le talent de celui qui parle : ut memoria, non oratio, renovata videatur .

5. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Musset 1810-1857 » pp. 564-575

si tu dois mourir, bel astre, et si ta tête Va dans la vaste mer plonger ses blonds cheveux, Avant de nous quitter, un seul instant arrête : Étoile, écoute-moi, ne descends pas des cieux ! […] Le misérable écoute, et comprend sa ruine. […] Celui-là sur l’airain a gravé sa pensée ; Dans un rhythme doré l’autre l’a cadencée ; Du moment qu’on l’écoute, on lui devient ami. […] Écoutez !

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Rochefoucauld. (1613-1680.) » pp. 15-19

Ce qui fait que peu de personnes sont agréables dans la conversation, c’est que chacun songe plus à ce qu’il a dessein de dire qu’à ce que les autres disent, et que l’on n’écoute guère quand on a bien envie de parler. Néanmoins il est nécessaire d’écouter ceux qui parlent1. […] Après avoir satisfait de cette sorte aux devoirs de la politesse, on peut dire ses sentiments, en montrant qu’on cherche à les appuyer de l’avis de ceux qui écoutent, sans marquer de présomption ni d’opiniâtreté.

7. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

Écoutons Fontenelle : « Tous deux ont été des génies du premier ordre, nés pour dominer sur les autres esprits, et pour fonder des empires ; tous deux, géomètres excellents, ont vu la nécessité de transporter la géométrie dans la physique ; tous deux ont fondé leur physique sur une géométrie qu’ils ne tenaient presque que de leurs propres lumières. […] Écoutons maintenant le déclamateur qui s’efforce de masquer par de grands mots le vide des connaissances qui lui manquent, et dont il veut cependant étaler la prétention. […] Écoutons à présent l’historien de Charles XII.

8. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Écoutons l’historien de sa vie : « Sa manière de travailler était extrêmement fatigante ; l’agitation de son esprit se communiquent à tous les muscles de son corps ; il se levait brusquement et se promenait à grands pas ». […] Écoutez : « La vertu le réclame (l’homme de lettres). […] Écoutez, et comprenez, s’il est possible, quelque chose à ce qui suit : « Comment anéantir des formes qui ne sont point notre ouvrage, et qui sont le résultat nécessaire de mille combinaisons faites sans nous ?

9. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

ce serment solennel, dont un des premiers articles est qu’il faut également écouter les deux parties, ce qui signifie bien positivement que vous devez vous dépouiller ici non seulement de toute espèce de prévention, et accorder aux deux parties une faveur égale, mais permettre à chacune d’elles d’adopter et de suivre le plan de défense qu’elle aura jugé le plus favorable à sa cause. […] En second lieu, on aime naturellement à écouter des accusations et des invectives ; et l’on n’entend qu’avec peine ceux qui font eux-mêmes leur éloge. […] Si dans la crainte, en effet, d’indisposer ceux qui m’écoutent, je ne parle pas de ce que j’ai fait, c’est avouer à la fois et que je n’ai rien à opposer aux inculpations, et que je me juge moi-même indigne du prix dont on veut m’honorer. […] Cet exorde est un chef-d’œuvre d’adresse pour se concilier la faveur des juges, pour les engager à laisser parler Démosthène dans une cause qui lui est si personnelle, à entendre ses raisons, comme ils ont écouté celles de l’accusateur.

10. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Image naïve des peuples, et du prince qui les gouverne, s’il est bon prince2 Giton ou le riche Giton a le teint frais, le visage plein, et les joues pendantes, l’œil fixe et assuré, les épaules larges, l’estomac haut, la démarche ferme et délibérée : il parle avec confiance, il fait répéter celui qui l’entretient, et il ne goûte que médiocrement tout ce qu’il lui dit ; il déploie un ample mouchoir3, et se mouche avec grand bruit ; il crache fort loin, et il éternue fort haut ; il dort le jour, il dort la nuit, et profondément ; il ronfle en compagnie ; il occupe à table et à la promenade plus de place qu’un autre ; il tient le milieu en se promenant avec ses égaux ; il s’arrête, et l’on s’arrête ; il continue de marcher, et l’on marche ; tous se règlent sur lui ; il interrompt, il redresse ceux qui ont la parole ; on ne l’interrompt pas, on l’écoute aussi longtemps qu’il veut parler, on est de son avis ; on croit les nouvelles qu’il débite. […] Phédon ou le pauvre Phédon2 a les yeux creux, le teint échauffé, le corps sec et le visage maigre : il dort peu, et d’un sommeil fort léger ; il est abstrait, rêveur, et il a, avec de l’esprit, l’air d’un stupide ; il oublie de dire ce qu’il sait ou de parler d’événements qui lui sont connus, et, s’il le fait quelquefois, il s’en tire mal ; il croit peser à ceux à qui il parle ; il conte brièvement, mais froidement ; il ne se fait pas écouter, il ne fait point rire ; il applaudit, il sourit à ce que les autres lui disent, il est de leur avis, il court, il vole pour leur rendre de petits services ; il est complaisant, flatteur, empressé ; il est mystérieux sur ses affaires, quelquefois menteur ; il est superstitieux, scrupuleux, timide ; il marche doucement et légèrement, il semble craindre de fouler la terre3 ; il marche les yeux baissés, et il n’ose les lever sur ceux qui passent. […] Vos esclaves me disent que vous êtes enfermé, et que vous ne pouvez m’écouter que d’une heure entière. […] Quant à Giton ruiné, ne croyez pas non plus qu’il devienne, du jour au lendemain, le Phédon de La Bruyère, “qu’il parle brièvement et froidement, qu’il ne se fasse pas écouter” ; il a beaucoup gardé de ses anciennes habitudes. “Il parle encore avec confiance”, et il faut d’autant plus qu’on l’écoute, qu’il prend l’inattention pour une marque d’orgueil et de dédain.

11. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Bien dire, c’est parler de manière à se faire écouter et à persuader ceux qui écoutent. […] Elle soulage l’esprit de celui qui parle et de ceux qui écoutent. […] Ainsi, consultez-vous vous-même pour savoir si les orateurs que vous écoutez font bien. […] Car, à quoi bon se donner tant de peine pour composer un sermon, s’il ne doit pas être écouté ? […] … Mes amis, écoutez un mot, un seul mot.

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

Écoutez-le moi dire un peu2 … « Et qu’il ne trouvera plus de matière pour… » — Plus de matière ! […] N’a-t-il pas ces adulateurs à outrance, ces flatteurs insipides qui n’assaisonnent d’aucun sel les louanges qu’ils donnent, et dont toutes les flatteries ont une douceur fade qui fait mal au cœur à ceux qui les écoutent ? […] Je ne me suis pas seulement donné la peine d’écouter. […] Il écouta toute la pièce avec un sérieux le plus sombre du monde, et ce qui égayait les autres ridait son front.

13. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — A. Chénier. (1762-1794.) » pp. 304-312

Trois pasteurs, enfant de cette terre, Le suivaient, accourus aux abois turbulents Des molosses, gardiens de leurs troupeaux bêlants ; Ils avaient, retenant leur fureur indiscrète, Protégé du vieillard la faiblesse inquiète ; Ils l’écoutaient de loin, et s’approchant de lui : « Quel est ce vieillard blanc, aveugle et sans appui ? […] Guidé par ce bâton, sur l’arène glissante, Seul, en silence, au bord de l’onde mugissante1, J’allais, et j’écoutais le bêlement lointain Des troupeaux agitant leurs sonnette d’airain. […] Il les entend, près de son jeune guide, L’un sur l’autre pressés, tendre une oreille avide ; Et Nymphes et Sylvains sortaient pour l’admirer, Et l’écoutaient en foule, et n’osaient respirer ; Car, en de longs détours de chansons vagabondes, Il enchaînait de tout les semences fécondes, Les principes du feu, les eaux, la terre et l’air, Les fleuves descendus du sein de Jupiter, Les oracles, les arts, les cités fraternelles, Et depuis le chaos les amours immortelles5.

14. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Victor Hugo Né à Besançon en 1802 » pp. 540-556

La vache Devant la blanche ferme où parfois, vers midi, Un vieillard vient s’asseoir sur le seuil attiédi, Où cent poules gaîment mêlent leurs crêtes rouges3, Où, gardiens du sommeil, les dogues dans leurs bouges Écoutent les chansons du gardien du réveil, Du beau coq vernissé4 qui reluit au soleil, Une vache était là, tout à l’heure arrêtée, Superbe, énorme, rousse, et de blanc tachetée. […] vois, la nuit est venue ; Une planète d’or là-bas perce la nue ; La brume3 des coteaux fait trembler le contour ; A peine un char lointain glisse dans l’ombre… Écoute ! […] Comparez ces vers de Corneille, dont l’accent est le même : Parle, parle, Seigneur, ton serviteur écoute : Je dis, ton serviteur ; car enfin je le suis : Je le suis, je veux l’être, et marcher dans ta route   Et les jours et les nuits. […] ton serviteur fidèle, Pour écouter ta voix, réunit tous ses sens, Et trouve les douceurs de la vie éternelle    En ses divins accents.

15. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Madame, écoutez-moi. […] La Comtesse empressée va écouter, comme son propre père, le donneur d’avis ; elle répète tout ce qu’il dit, elle dit oui à satiété, et ce n’est que lorsque Chicaneau, fâché de se voir interrompu par ces oui, change de discours et s’adresse à la Comtesse en cessant de parler au juge, que celle-ci toute âme et toute oreilles, prend le change, et cette malheureuse apostrophe, Liez-moi, détruit toute l’entente cordiale. […] L’exposition finit à Madame, écoutez-moi. […] Et cette parole fut écoutée et ils prièrent de cœur le père qui est dans les deux. […] Ecoutons-la.

16. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Ils écouteront avec bien plus de confiance comme précepteurs et comme maîtres ceux qu’ils sont accoutumés à admirer comme modèles. […] C’est, dit le philosophe, un animal raisonnable ; mais écoutons J. […] Écoute-moi, jeune insensé : tu m’es cher, j’ai pitié de tes erreurs. […] Écoutez Virgile, il le mettra devant vos yeux. […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui.

17. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Quand Florus compare la Rome des empereurs à cette Rome naissante qui portait ses vœux au Capitole pour la conquête de Tibur et de Préneste, devenus depuis les maisons de plaisance du peuple-roi ; quand Auguste demande aux jeunes gens d’écouter un vieillard que les vieillards écoutaient lorsqu’il était jeune, audite, jurenes, senem quem juvenem senes audiere ; quand Bossuet rappelle l’Océan traversé tant de fois par la reine d’Angleterre dans des fortunes si diverses, l’opposition dans les faits amène nécessairement l’antithèse dans les mots. […] Communication : Si Jésus-Christ paraissait dans ce temple pour vous juger, je suis bien persuadé que le plus grand nombre de ceux qui m’écoutent ne serait pas placé à sa droite… Dieu seul sait ceux qui lui appartiennent, mais si personne ne connait ceux qui appartiennent à Dieu, tout le monde sait du moins que le, pécheurs ne lui appartiennent pas.

18. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

sire, écoutez-nous ! […] Écoutez ma défense. […] L’allusion. — On effleure en passant le souvenir d’une idée, soit qu’on craigne d’y insister, soit qu’on veuille donner à penser à ceux qui nous écoutent : — Cependant Claudius penchait sur son déclin… Il murut. oMille bruits en courent à ma honte.

19. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Écoutons J. […] Sans préventions aucunes contre l’orateur, il l’écoutera avec plaisir, avec amour. […] Tremblez donc devant moi, hommes superbes et dédaigneux qui m’écoutez ! […] écoutez encore Virgile, Énéide, liv.  […] écoutez : Od.

20. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Notre inclination pour ou contre les Français ne doit point être écoutée. Le politique n’écoute que la raison. […] Oui, messieurs, n’en déplaise à l’esprit de diatribe et de dénigrement, cet aveugle qui regarde, je crois en l’humanité et j’ai foi en mon siècle ; n’en déplaise à l’esprit de doute et d’examen, ce sourd qui écoute, je crois en Dieu et j’ai foi en sa providence.

21. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Sitôt qu’on l’écoute et qu’on marchande avec elle, tout est perdu. […] L’homme digne d’être écouté est celui qui ne se sert de la parole que pour la pensée, et de la pensée que pour la vérité et la vertu3. […] Dès que nous nous hâtons de juger, sans écouter sa voix avec défiance de nous-mêmes, nous pensons et nous disons des songes pleins d’extravagances2. […] Après qu’ils ont épuisé tous leurs raisonnements, il faut toujours revenir à lui, et l’écouter pour la décision. […] Nous pouvons refuser de l’écouter, et nous étourdir ; mais en l’écoutant nous ne pouvons le contredire.

22. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Florian 1755-1794 » pp. 473-479

Le singe qui montre la lanterne magique Messieurs les beaux esprits, dont la prose et les vers Sont d’un style pompeux et toujours admirable, Mais que l’on n’entend2 point, écoutez cette fable, Et tâchez de devenir clairs. […] répond l’aveugle ; écoutez : à nous deux Nous possédons le bien à chacun nécessaire : J’ai des jambes, et vous des yeux.

23. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

Écoute seulement et, docile à ma voix, D’une mère qui t’aime exécute les lois. […] Que j’aime à me le représenter, ce bon roi, comme l’histoire le représente dans le bois de Vincennes, sous ces arbres que le temps a respectés, s’arrêtant au milieu de ses divertissements innocents pour écouter les plaintes et pour recevoir les requêtes de ses sujets ! […] L’heure sonne ; j’écoute… Ô regrets, ô douleurs ! […] Dieu m’écoute ; il est temps. […] Quel plaisir, entouré d’un double paravent, D’écouter la tempête et d’insulter au vent !

24. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

… Femme, écoute… Avant tout, il faut être équitable : C’est nous, ce sont nos droits que le peuple défend. […] Vos esclaves me disent que vous êtes enfermé, et que vous ne pouvez m’écouter que d’une heure entière. […] Tout le camp immobile L’écoute avec frayeur, et regarde Ériphile. […] Écoute cependant, et tiens mieux ta parole. […] J’oppose à ses raisons un courage inutile : Je ne l’écoute point avec un cœur tranquille.

25. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

Parlons bas ; écoute. […] sire, écoutez-nous. […] mon père, écoutez. […] Ecoute : je suis bon, et, malgré ma colère, Je veux encore un coup montrer un cœur de père ; Je veux encore un coup pour toi me hasarder : Je connais ta Lucrèce, et la vais demander ; Mais si de ton côté le moindre obstacle arrive… Dorante.

26. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Écoutons Isaïe ; rien n’égale la grandeur de ses idées et la justesse de ses comparaisons. […] Le Seigneur commande au prophète d’ordonner à ces os desséchés de retourner à la vie, et le prophète leur dit, de la part du Seigneur : 151Écoutez, ossements arides, Écoutez la voix du Seigneur. […] Écoutons-la faire elle-même, et dans un style digne d’elle, l’énumération de ses titres nombreux à nos respects et à notre amour.

27. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Vous demandez au faible des efforts, au riche le détachement de la richesse, à l’ambitieux de s’effacer, à l’orgueilleux de se faire petit, au sensuel de vaincre ses convoitises, à tous un long et rude labeur ; comment seriez-vous écouté ? […] Enfin l’un d’eux dit aux autres : « Mes frères, prions notre Père qui est dans les cieux ; peut-être qu’il aura pitié de nous dans cette détresse. » Et cette parole fut écoutée, et ils prièrent de cœur le Père qui est dans les cieux1. […] S’ils ne confirmaient pas leur enseignement par leur exemple, s’ils vivaient de la vie de la chair en appelant les hommes à celle de l’esprit, qui les écouterait ?

28. (1854) Éléments de rhétorique française

C’est là que l’orateur cherche à donner à ceux qui l’écoutent une bonne opinion de son caractère, et qu’il intéresse en sa faveur par la probité, la franchise, la modestie, et ce que les rhéteurs appellent les mœurs. […] Ce n’est plus Virgile que vous écoutez ; vous êtes trop attentif aux dernières paroles de la malheureuse Didon pour penser à lui. […] Oui, j’espère qu’elle m’écoute, et je l’entends qui le reproche de me rendre malheureux, « Ah ! […] « Écoute-moi, jeune insensé : tu m’es cher, j’ai pitié de les erreurs. […] Les jeunes gens doivent se garder de tout écouter, aussi bien que de tout lire.

29. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

L’exemple suivant de Massillon le montrera clairement ; il reproche à ceux qui se pressent aux instructions données par les prédicateurs en renom, cette légèreté d’esprit qui les fait s’attacher à des mérites de forme, quand il s’agit pour eux des vérités éternelles : Cependant, parmi tous ceux qui nous écoutent, il en est peu aujourd’hui qui ne s’érigent en juges et en censeurs de la parole sainte. […]  » Ce n’est pas pour vous nourrir du pain de la parole et chercher des secours et des remèdes utiles à vos maux que vous venez nous écouter ; c’est pour trouver où placer quelques vaines censures et vous faire honneur de nos défauts, qui sont peut-être une punition terrible de Dieu sur vous, lequel refuse à vos crimes des ouvriers plus accomplis et qui auraient pu vous rappeler à la pénitence : Exploratores estis ; ut videatis infirmiora terræ, venistis. […] C’est peu de parler pour un ennemi vaincu en présence du victorieux ; il parle pour un ennemi condamné ; il entreprend de le justifier devant celui qui a prononcé sa condamnation sans l’entendre, et qui, bien loin de lui donner toute l’attention d’un juge, ne l’écoute qu’avec la maligne curiosité d’un auditeur prévenu. […] Les hommes n’écoutent volontiers que ce qui les amuse et les intéresse ; il ne suffit pas que ce que l’on dit mérite l’attention ; il faut encore l’exprimer d’une manière agréable. […] Ainsi, suivant saint Augustin, la prédication a trois fins : que la vérité soit connue, qu’elle soit écoutée avec plaisir, et qu’elle touche les cœurs.

30. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

Après avoir suivi avec Voltaire la langue française dans ses progrès, depuis sa naissance jusqu’à l’époque déjà marquée par une décadence qu’il a plus qu’un autre contribué à ralentir, peut-être sera-t-on bien aise d’avoir, sur le style en général, des idées justes, et données par un homme dont le nom seul rappelle l’un des titres les plus brillants de notre langue à l’admiration universelle : écoutons Buffon, dans son discours de réception à l’académie française. […] Écoutez, jeunes écrivains, et pratiquez, s’il est possible, des conseils fondés sur la théorie la plus saine, et appuyés du nom le plus capable d’inspirer la confiance.

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