Pour qui travaillent ces âmes ? […] Son âme, ses facultés ? […] Pourquoi refusai-je de croire à tous les pressentiments que les dieux faisaient naître dans mon âme ! […] Âme sublime d’Antigone, que t’importe ou le bonheur ou le malheur ? […] Il faut être à la patrie corps et âme.
Que l’âme reste libre quand le corps est en prison Il n’y a que le corps, la manche, la prison de l’ame, qui est captive ; l’esprit demeure tousiours libre et à soy en despit de tous : comment sçait-il et peut-il sentir qu’il est en prison, puisqu’aussi librement et encores plus il peut s’esgayer et promener où il voudra ? […] Ame douce, tendre et mystique, « voilà mon petit ménage », disait-il des enfants ; il disait des oiseaux « mes frères ». […] Du sang-froid nécessaire à un ministre Il y a des âmes capables de peur, belles âmes d’ailleurs, et qui ne manquent pas de lumière ; mais elles n’ont point de feu, ou il est si mal allumé, si foible et si languissant, qu’il ne paroît point avoir d’action. Ces âmes ne sont propres qu’à exercer les vertus aisées ; elles ne savent agir que quand elles ne trouvent point de résistance. […] Je sais bien que vous avez vu ailleurs de plus dangereuses occasions et que vous avez souvent désiré des victoires plus sanglantes ; néanmoins, quelque grand objet que se propose votre ambition, elle ne sauroit rien concevoir de si haut, que de donner en même temps un successeur aux Consuls, aux Empereurs et aux Apôtres, et daller faire de votre bouche celui qui marche sur la tête des rois et qui a la conduite de toutes les âmes.
Ces tours et ces formes font saisir d’une manière plus vive que les formes positives et les tours habituels, le mouvement de l’âme et la vue de l’esprit. […] » Qu’à l’occasion d’un fait ou d’une observation, une sentence courte et vive, un trait d’esprit ou d’imagination se détache de l’ensemble en affectant le plus souvent la forme exclamative115, cette espèce d’exclamation se nomme épiphonème : Tant de fiel entre-t-il dans l’âme des dévots ! […] Par la parenthèse et l’interruption, l’écrivain suspend l’expression d’une idée, en y intercalant une autre idée, mais avec l’intention de revenir à la première et de l’achever : la seule différence, c’est que la parenthèse a pour but d’éclaircir et de compléter ce commencement de pensée, tandis que l’interruption ne fait qu’y ajouter de l’énergie, en y jetant un cri de l’âme tout involontaire, et qui lui échappe presque à son insu. […] Pathétique, c’est à l’âme qu’elle parle ; elle se conforme non plus à l’ordre des faits ni à l’ordre logique, mais à celui des impressions que ressent ou veut exciter l’écrivain ; celle-ci est plus familière à l’orateur et donne au style l’énergie, la vivacité, l’entrainement. […] C’est quand l’âme est bouleversée que la phrase peut l’être à ce point.
Soit que tu racontes les renversements des États3, et que tu pénètres dans les causes profondes des révolutions ; soit que tu verses des pleurs sur une jeune femme mourante au milieu des pompes et des dangers de la cour ; soit que ton âme s’élance avec celle de Condé, et partage les ardeurs qu’elle décrit4 ; soit que, dans l’impétueuse richesse de tes sermons5 à demi préparés, tu saisisses, tu entraînes toutes les vérités de la morale et de la religion, partout tu agrandis la parole humaine, tu surpasses l’orateur antique ; tu ne lui ressembles pas. […] Que le critique commence par aimer les beaux arts d’un amour sincère ; que son âme en ressente les nobles impressions ; qu’il entre dans l’empire des lettres, non pas comme un proscrit qu veut venger sa honte, mais comme un rival légitime qui mesure sur son talent l’objet de son ambition, et qui veut obtenir une gloire, en jugeant bien celle des autres. […] Le goût est la conscience littéraire de l’âme.
Cicéron voit la source de l’éloquence dans une perpétuelle agitation de l’âme, « perpetua quædam animi jactatio », et chez nous, Fénelon a dit que la passion est comme l’âme de la parole. […] Non, Tacite ne calomnie pas l’humanité ; il peint sans ménagement, mais sans colère, une société corrompue et des âmes dégradées. […] Et notre siècle leur a donné raison, car l’histoire de Rome, mieux connue, nous a révélé que derrière l’héroïsme et la grandeur d’âme de ce peuple trop admiré, se cachaient un immense orgueil et un brutal égoïsme. […] L’importance de ce rôle a fait croire à Voltaire que tout l’intérêt du drame est l’amour contrarié Sévère et de Pauline, et la lutte dont l’âme de chacun est le théâtre, entre le devoir et une passion non éteinte encore. […] Rien ne rappelle mieux cette comparaison que ce qui se pusse dans l’âme d’Andromaque.
L’astre-roi se couchait calme, à l’abri du vent ; La mer réfléchissait ce globe d’or vivant, Ce monde, âme et flambeau du nôtre ; Et dans le ciel rougeâtre, et dans les flots vermeils, Comme deux rois amis, on voyait deux soleils Venir au-devant l’un de l’autre. […] Le style sublime est celui qui, par la grandeur et l’énergie des pensées, la force et la noblesse des sentiments, la vivacité et l’éclat des images, la hardiesse des figures, la beauté frappante des comparaisons, l’impétuosité des mouvements, l’harmonie des tours, la majesté des périodes, la magnificence et la pompe des expressions, étonne et émeut les esprits, agite l’âme avec force, l’élève au-dessus d’elle-même, la ravit, la transporte d’admiration. […] Cette accumulation d’une foule d’idées en un petit nombre de mots est de nature à saisir vivement l’esprit, et à produire sur l’âme une impression profonde. […] Le sublime est une pensée, un sentiment ou une image qui ravit, transporte et élève l’âme au-dessus d’elle-même. […] Le sublime est un trait rapide comme l’éclair, qui étonne et transporte l’âme ; il est indépendant de la sublimité du style, car il est très simple, au moins pour les pensées et les sentiments, comme on peut le voir par les exemples que nous avons cités ; quant aux images sublimes, elles admettent plus facilement les magnificences de l’élocution.
L’émotion que la grandeur ou la noblesse d’un objet excite dans notre âme, l’élève au-dessus d’elle-même, et produit je ne sais quel enthousiasme qui nous charme tant qu’il existe ; mais l’âme ne se maintient pas longtemps à ce haut point d’élévation, et elle tend naturellement à retomber dans son état ordinaire. […] Non, sans doute ; mais il faut choisir dans cette foule de traits plus ou moins saillants, ceux qui peuvent faire sur les âmes une impression plus profonde. […] La nature de l’émotion que l’on se propose d’exciter par une description sublime, ne souffre point de médiocrité : ou l’âme est transportée de plaisir, ou elle n’est pas même faiblement émue ; point de milieu.
Toutefois, il faut lui savoir gré d’avoir admirablement parlé de l’âme t de Dieu à un siècle où il y eut des matérialistes et des athées. […] Le concours de tous ces objets porte aux ses une impression de fraîcheur qui semble pénétrer jusqu’à l’âme. […] S’il m’appartenait de vous donner des conseils, le premier que je voudrais vous donner, serait de ne point vous livrer à ce goût que vous dites avoir pour la vie contemplative, et qui n’est qu’une paresse de l’âme, condamnable à tout âge et surtout au votre4. […] Parmi de souffrances trop réelles, Rousseau avait l’âme d’un maladie imaginaire.
Une raison patriotique dont la clairvoyance devine le fort et le faible de chaque parti, une ironie amère, un mépris superbe de la contradiction, le sang-froid de la passion qui se maîtrise au milieu de la colère, des ripostes foudroyantes, une inépuisable fécondité de preuves, une action théâtrale et dramatique, une voix tonnante, l’éclat des images qui ne sont que des arguments rendus sensibles, l’audace d’une volonté dominatrice, l’attitude hautaine d’une âme sincère qui réunit l’intelligence politique à la passion populaire : voilà les traits saillants de sa physionomie. […] J’espère qu’il sauvera mon âme ; est-il bien décidé qu’il faille laisser périr mon corps, la seule chose de moi qui soit au pouvoir des hommes ? […] Les institutions de la vieille monarchie avaient blessé des esprits justes et indigné des cœurs droits ; mais il n’était pas possible qu’elles n’eussent froissé quelque âme ardente et irrité de grandes passions. Cette âme fut celle de Mirabeau, qui, rencontrant dès sa naissance tous les despotismes, celui de son père, du gouvernement et des tribunaux, employa sa jeunesse à les combattre et à les haïr.
Dès le premier jour, il aimait dans la guerre, bien plus que le plaisir du combat, ce grand emploi de l’intelligence et de la volonté armées de la force pour un beau dessein, ce mélange puissant d’action humaine et de fortune, qui saisit et transporte les âmes les plus hautes comme les plus simples. […] Enfin c’était non-seulement un esprit supérieur, mais une âme élevée, en proie, il est vrai, au tumulte des passions mondaines, dépourvue de moralité patriotique, et pourtant capable de conviction, d’affection, de désintéressement. […] Votre âme s’énerverait, votre esprit s’abaisserait dans ce contact prématuré. […] Nous avons vécu dans des temps pleins à la fois de passion et d’incertitude, qui ont exalté et confondu sans mesure l’ambition humaine, où l’âme de l’homme a été troublée aussi profondément que la société.
Mais il y a deux sentiments contraires qui se disputent sans cesse notre âme : la joie et la douleur, qui se manifestent par le rire et les larmes : c’est comme la double face de l’humanité. […] L’âme se fait un plaisir de l’agitation que lui donne le spectacle des passions humaines, et un plaisir d’autant plus doux, qu’elle sait que ces passions ne sont qu’une image et qu’une illusion qu’elle croit sans dangers. Ces sentiments impétueux qui poussent au crime les héros tragiques, ces amours qui font leur joie et leur tourment, nous émeuvent et nous attendrissent sans nous inquiéter. » Le tableau du malheur, dans la tragédie, a aussi un effet moral : il perfectionne la sensibilité, et attendrit l’âme aux souffrances de l’humanité. […] Cette situation de l’homme est, sans contredit, plus élevée et plus morale : on sent ici l’influence du christianisme qui a rendu à notre âme ses titres de noblesse en l’affranchissant du joug de la fatalité. […] Les vers de l’opéra sont libres et coupés, pour faciliter l’expression des mouvements de l’âme et favoriser la musique.
De même, le cerveau, siège principal de l’âme, se prend pour l’esprit, le jugement. […] Cic. — Mens se dit de l’esprit, de la partie intelligente de l’âme. […] Sentire se dit du corps et de l’âme. […] Au figuré, perception ou impression qui se produit dans notre âme à la vue des objets. […] Cic. — Fortitudo est cette force d’âme qui nous fait supporter les peines, les travaux, les périls.
Va, d’un débit heureux l’innocente imposture, Sans la défigurer embellit la nature ; Et les traits que la muse éternise en ses chants, Récités avec art, en seront plus touchants : Ils laisseront dans l’âme une trace durable Du génie éloquent empreinte inaltérable, Et rien ne plaira plus à tous les goûts divers Qu’un organe flatteur déclamant de beaux vers. […] après dix ans je revois la journée Où l’âme de mon père aux cieux est retournée, L’heure sonne ; j’écoute… Ô regrets ! […] Mais du temple voisin, quand la cloche sacrée Annonça qu’un mortel avait quitté le jour, Chaque son retentit dans mon âme navrée, Et je crus mourir à mon tour.
C’est un corps animé d’une infinité de passions différentes, qu’un homme habile fait mouvoir pour la défense de la patrie ; c’est une troupe d’hommes armés qui suivent aveuglément les ordres d’un chef, dont ils ne savent pas les intentions1 ; c’est une multitude d’âmes ; pour la plupart mercenaires2, qui, sans songer à leur propre réputation, travaillent à celle des rois et des conquérants ; c’est un assemblage confus de libertins3 qu’il faut assujettir à l’obéissance, de lâches qu’il faut mener au combat, de téméraires qu’il faut retenir, d’impatients qu’il faut accoutumer à la constance. […] Si nous le considérons selon la nature, c’est un feu qu’une maladie et qu’un accident amortissent sensiblement ; c’est-un tempérament délicat qui se dérègle, une heureuse conformation d’organes qui s’usent, un assemblage et un certain mouvement d’esprits6 qui s’épuisent et qui se dissipent ; c’est la partie la plus vive et la plus subtile de l’âme qui s’appesantit, et qui semble vieillir avec le corps ; c’est une finesse de raison qui s’évapore, et qui est d’autant plus faible et plus sujette à s’évanouir, qu’elle est plus délicate et plus épurée. […] Ici l’on offre le sacrifice adorable de Jésus-Christ pour l’âme de celui qui a sacrifié sa vie et son sang pour le bien public ; là on lui dresse une pompe funèbre, où l’on s’attendait de lui dresser un triomphe.
La grandeur du danger tenait l’âme en haleine4, Et nourrissait ainsi la fierté sous la gêne5 ; Le guerrier respirait dans le sujet soumis. […] — Pour la régénérer et lui redonner l’âme, De son orgueil éteint pour rallumer la flamme, Pour qu’elle sente en soi florir3 sa puberté, Il n’est qu’un seul moyen, et c’est la liberté. […] On foule aux pieds la loi qui n’a pas pour tutelle Le dogme d’un Dieu juste et d’une âme immortelle. […] Célestes alliés de la justice humaine, Épurez, exaltez l’âme républicaine3 ! […] L’âme de Corneille eût été charmée par ce vers.
Lecture. — L’Immortalité de l’âme, prouvée par les attributs de l’humanité. […] C’est un seul corps qui n’a qu’une pensée, qu’une âme ; une même ardeur, une même joie court dans les rangs ; les mêmes chants apprennent aux échos de ces monts la présence, la gaieté, la victoire de nos soldats : la victoire ! […] Bien écrire, c’est tout à la fois bien penser, bien sentir, bien rendre ; c’est avoir en même temps de l’esprit, de l’âme et du goût. […] Le Sublime Le Sublime est un trait extraordinaire, qui transporte et élève l’âme au-dessus d’elle-même et lui cause une impression vive et profonde. […] L’univers fracassé tomberait sur la tête du juste, son âme n’en serait point ébranlée.
Les défauts de l’âme sont appelés vices. — 5. […] La folie est une maladie de l’âme. — 3. […] Une âme inquiète sur l’avenir est malheureuse. — 10. […] La vertu est le remède de l’âme. — 3. […] Les plaisirs détournent l’âme de la vertu. — 14.
Ce spectacle attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme, et ce qui tout à la fois se présenta à mon esprit. […] On y voyait écrite une rage de douleur, non d’amitié, mais d’intérêt ; des intervalles secs, mais profonds et farouches, puis un torrent de larmes et de gestes involontaires, et cependant retenus, qui montraient une amertume d’âme extrême, fruit de la méditation profonde qui venait de précéder. […] Cette perfection de style, qui consiste à incorporer de telle sorte la parole avec la pensée, qu’il soit impossible de se rappeler l’une sans l’autre, n’est pas la sienne ; mais il en a une autre : sa construction molle indique l’état de son âme, la douceur de son affection. […] Ramsay, élève de ce célèbre archevêque, m’a écrit ces mots : « S’il était né en Angleterre, il aurait développé son génie, et donné l’essor sans crainte à ses principes, que personne n’a connus. » Citons encore M. de Sacy : « Le Télémaque est le livre d’un grand poëte, d’un sage, d’un homme de génie, auquel a manqué pourtant l’une des plus précieuses qualités : la candeur, la vraie simplicité d’âme, une certaine naïveté de bon sens, qui fera le charme éternel d’Homère et de Bossuet.
Vous ne penserez pas bien tant que vous vous porterez mal ; dès que le corps est dans l’abattement, l’âme est sans vigueur1. […] Ni Dieu ni le roi ne vous ont donné charge d’âmes : sanctifiez la vôtre, et soyez sévère pour vous seul. […] Il n’y a de véritable paix que pour l’âme remplie de Dieu.
Ils furent refusés à ce jeune homme d’une âme honnête et ardente : après s’être voué par le courage de ses attaques aux ressentiments du parti philosophique, il ne trouva dans ceux dont il servait la cause avec un zèle aventureux qu’une froide et dédaigneuse protection. […] Chacun veut de la vie embellir le passage : L’homme le plus heureux est aussi le plus sage… Jadis la poésie, en ses pompeux accords, Osant même au néant prêter une âme, un corps, Egayait la raison de riantes images ; Cachait de la vertu les préceptes sauvages Sous le voile enchanteur d’aimables fictions ; Audacieuse et sage en ses expressions, Pour cadencer un vers qui dans l’âme s’imprime, Sans appauvrir l’idée enrichissait la rime ; S’ouvrait par notre oreille un chemin vers nos cœurs, Et nous divertissait pour nous rendre meilleurs.
On sait d’avance qu’ils sont incapables de faiblir ; chacun d’eux pourrait dire avec Chimène : Le trouble de mon cœur ne peut rien sur mon âme. […] Ses acteurs ont l’âme, les mœurs, l’esprit, le langage de l’époque à laquelle ils appartiennent ; mais ils se gardent de cette érudition archéologique dont on a tant abusé depuis, et qui étouffe l’homme sous le costume, le principal sous l’accessoire. […] J’ai cru jusqu’ici que l’amour étoit une passion trop chargée de faiblesse pour être la dominante dans une pièce héroïque ; j’aime qu’elle y serve d’ornement, et non pas de corps, et que les grandes âmes ne la laissent agir qu’autant qu’elle est compatible avec de plus nobles impressions.
C’est une âme aimable et insinuante ; son esprit est attique : il dit vite et court, son style glisse et coule. […] Un homme qui a l’âme forte et grande, avec quelque facilité naturelle de parler, et un long exercice, ne doit jamais craindre que les termes lui manquent. […] Il sait que la passion est comme l’âme de la parole. […] L’ordre est à l’arrangement ce que l’âme est au corps, ce que l’esprit est à la matière. L’arrangement sans ordre est un corps sans âme.
Les passions sont l’âme même de l’éloquence. […] la. bonne âme ! […] En effet, le visage humain exprime tous les mouvements et toutes les passions de l’âme ; il les reflète comme un miroir. […] Il exige chez celui qui le compose, le goût, la science et un peu de l’âme du poète. […] Son but est de toucher l’âme par tous les moyens qu’il plaît au poète d’employer.
Dieu ait merci de l’âme ! […] Quelle manière, pour éveiller l’appétit envers leur leçon à ces tendres âmes et craintives, de les y guider d’une trogne effroyable, les mains armées de fouets ! […] La vaillance, c’est, la fermeté, non pas des jambes et des bras, mais du courage et de l’âme ; elle ne consiste pas en la valeur de notre cheval, ni de nos armes, mais en la nôtre. […] Cet homme raisonnable qui a une âme, qui a un culte et une religion, revient chez soi fatigué, affamé, mais fort content de sa journée : il a vu des tulipes. […] Il faut donc remuer promptement tous les ressorts de l’âme de l’enfant pour le tirer de cet assoupissement.
Une même félicité fait comme un flux et un reflux dans ces âmes unies. […] tous les plaisirs ont volé dans mon âme. […] Sur le bord de la mer, avant les premières lueurs de l’aurore, l’air est plus pur et plus frais : là, plus que partout ailleurs, il porte une nouvelle vie dans les sens, et régénère toutes les facultés de l’âme. […] qu’il est propre à élever l’âme jusqu’à l’être des êtres ! […] Jamais on ne vit dans toutes les cours tant de négociations, tant de traités et de mouvements ; et c’était lui seul qui en était l’âme et le premier mobile.
« Il est impossible, dit Antoine à Crassus, que l’auditeur se livre à la douleur, à la haine, à l’indignation, à la crainte, à la pitié, si tous ces sentiments ne sont profondément imprimés dans l’âme de l’orateur. […] N’est-ce pas Cicéron lui-même, ce grand champion de la passion réelle, qui a dit quelque part, en rapportant l’opinion des péripatéticiens : « Pour allumer la colère dans l’âme de l’auditeur, quand même on ne la ressentirait pas, il faut la feindre du moins par ses paroles et son action. » Relisez aussi le chapitre II du VIe livre de Quintilien, où il traite des passions ; vous verrez, quoi qu’il semble, que nous ne sommes pas loin de nous entendre. […] Au reste, vous concevez bien que cette intelligence de la passion portée jusqu’à l’illusion est le comble de l’art ; vous concevez que, pour peindre avec une certaine perfection, ou pour soulever et calmer à son gré ces fièvres de l’âme, il faut à l’écrivain des études aussi obstinées, aussi diverses qu’au médecin pour reconnaître et guérir les maladies du corps.
Leur âme ne doit recevoir que les inspirations bienfaisantes de la vertu, leur goût ne doit contempler que ce qui est pur et beau. […] Chaque fête, en rappelant les aventures des dieux, occupait les âmes curieuses par des récits qui ne laissaient point de place à d’autres étonnements. […] Pourtant, on trouve encore dans ce chef-d’œuvre la tendance symbolique du Midi : don Quichotte, c’est l’âme avec ses sublimes extravagances ; Sancho, c’est le corps qui songe à sa conservation.
Ici l’on offre le sacrifice adorable de Jésus-Christ pour l’âme de celui qui a sacrifié sa vie et son sang au bien public ; là on lui dresse une pompe funèbre, où l’on s’attendait à lui dresser un triomphe. […] Si nous le considérons selon la nature, c’est un feu qu’une maladie et qu’un accident amortissent sensiblement ; c’est une heureuse conformation d’organes qui s’usent ; c’est la partie la plus vive et la plus subtile de l’âme, qui s’appesantit, et qui semble vieillir avec le corps ; c’est une finesse de raison qui s’évapore, et qui est d’autant plus faible et plus sujette à s’évanouir, qu’elle est plus délicate et plus épurée. […] L’envie est une passion désordonnée qui ne peut souffrir ni grâce ni vertu dans les âmes : il n’y a point d’autorité, point de réputation, point de bonheur qu’elle n’étouffât, si elle pouvait, dès leur naissance Comme elle n’a pas toujours la force en main, elle s’aide de tous les artifices de la langue : soit qu’elle cherche à détruire un crédit qui lui fait ombrage, à ternir une gloire qui brille un peu trop à son gré, à ruiner une fortune dont les débris peuvent servir à grossir la sienne, à décrier une probité qui lui fait obstacle dans ses prétentions, quoique injustes ; le moyen ordinaire et le ressort presque universel dont elle se sert, c’est la médisance et la calomnie : ce sont les préventions qu’elle donne, ce sont les piéges qu’elle tend, ce sont les coups qu’elle frappe contre l’honneur et le repos de ses rivaux.
Par l’éclat de ses descriptions et sa douceur harmonieuse, il ravit toutes les âmes sensibles. […] Ce bruissement des prairies, ces gazouillements des bois, ont des charmes que je préfère aux plus brillants accords : mon âme s’y abandonne ; elle se berce avec les feuillages ondoyants des arbres : elle s’élève avec leur cime vers les cieux ; elle se transporte dans les champs qui les ont vus naître et dans ceux qui les verront mourir ; ils étendent dans l’infini mon existence circonscrite et fugitive. […] Il avait une âme pastorale.