Une voix sera là pour crier à toute heure : Qu’as-tu fait de ta vie et de ta liberté ? […] ô douces voix chères à mon oreille ! […] leur voix, leur aspect me rassure : Leur chant mélodieux assoupit ma blessure. […] Il faut de l’enthousiasme dans la voix pour être une grande cantatrice. […] Tout bruit modulé n’est pas un chant, et toutes les voix qui exécutent de beaux airs ne chantent pas.
C’est la nature qui nous donne la voix, cet organe précieux qui sait pénétrer jusqu’au fond du cœur de nos semblables et y porter la joie, la douleur, en un mot toutes les émotions possibles. Elle est susceptible d’être développée, perfectionnée par le travail, et l’histoire de Démosthène peut nous enseigner comment, à force de persévérance, la voix peut surmonter bien des obstacles. […] Cette qualité consiste dans les diverses inflexions de la voix, c’est-à-dire qu’il faut que la prononciation soit d’accord avec le sentiment que l’on exprime. […] Les sons de la voix répondent, comme les cordes d’un instrument, à la passion qui les touche et les met en mouvement. […] C’est cette inégalité de gestes, cette variété d’inflexions de la voix, cette mobilité du visage et de la physionomie qui sont, pour l’orateur qui sait en faire usage, autant d’auxiliaires puissants pour son éloquence.
1° Pour faire remarquer une expression, la voix appuie sur son émission. […] Cette dernière position resserre les poumons, et peut gêner l’émission de la voix, en forçant la respiration. […] Dans tous les cas, qu’on se souvienne que tout est faux, hors du naturel ; l’air, la voix, le geste, rien ne doit être forcé. […] La voix ! […] Ici c’est 1a rime qui élève la voix et réclame des syllabes muettes, comme nous allons le voir.
Le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée ; le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature ; notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage, en un mot, vrai sanctuaire du travail ; le dîner qui nous est annoncé, non par le son de la cloche qui rappelle trop le collége ou la grande maison, mais par une voix douce ; la gaieté, les vives plaisanteries, les causeries ondoyantes qui flottent sans cesse durant le repas ; le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises ; les douces choses qui se disent à la chaleur de la flamme qui bruit tandis que nous causons ; et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère, son enfant dans les bras ; les lèvres roses de la petite fille qui parlent en même temps que les flots ; quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de sa douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en considérant la mère et l’enfant qui se sourient, ou l’enfant qui pleure et la mère qui tâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix ; l’Océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons en nous en allant çà et là dans le taillis, pour allumer au retour un feu prompt et vif ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature et nous rappelle l’ardeur singulière de M. Féli1 pour le même labeur ; les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous appelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, mais moins éclatantes, parce que le soir voile tout, tempère tout ; la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et, de lecture en lecture, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence, que répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les ris, les petites moues pleines d’intelligence d’un enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange, qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse ! […] « Tous les bruits de la nature : les vents, ces haleines formidables qui mettent en jeu les innombrables instruments disposés dans les plaines, sur les montagnes, dans le creux des vallées, ou réunis en masse dans les forêts ; les eaux, qui possèdent une échelle de voix d’une étendue si démesurée, à partir du bruissement d’une fontaine dans la mousse jusqu’aux immenses harmonies de l’Océan ; le tonnerre, voix de cette mer qui flotte sur nos têtes ; le frôlement des feuilles sèches, s’il vient à passer un homme ou un vent follet ; enfin, car il faut bien s’arrêter dans cette énumération qui serait infinie, cette émission continuelle de bruits, cette rumeur des éléments toujours flottante, dilatent ma pensée en d’étranges rêveries et me jettent en des étonnements dont je ne puis revenir. La voix de la nature a pris un tel empire sur moi que je parviens rarement à me dégager de la préoccupation habituelle qu’elle m’impose, et que j’essaye en vain de faire le sourd. […] C’est, je crois, de la voix grave et profonde que roule la lame qui déferle et du bruit grêle et pierreux de la lame qui s’en va en froissant légèrement le sable et les coquillages, que naît ce timbre extraordinaire du chant de la mer.
On n’entendait au loin que le cri du grillon, Au lieu du bruit vivant, des voix entremêlées Qui montent, tous les soirs, du fond de ces vallées. […] …4 » Se levant à ma voix, Et s’essuyant les yeux du revers de ses doigts : « Trop vrai ! […] Le concierge, attendri par ces deux voix de femmes, Ouvrit furtivement la porte, et nous entrâmes. […] — Demande à Philomèle Pourquoi, durant les nuits, sa voix douce se mêle Au doux bruit des ruisseaux sous l’ombrage roulant. […] Elle ne sonna pas avec la voix de fête que lui demandait le poëte ; ses échos firent couler bien des larmes !
Enfin, quoique son aigre et déchirante voix De sa rauque allégresse importune les bois, Qu’il offense à la fois et les yeux et l’oreille, Que le châtiment seul en marchant le réveille, Qu’il soit hargneux, revêche et désobéissant, À force de malheur l’âne est intéressant ; Aussi le préjugé vainement le maltraite, En dépit de l’orgueil il aura son poète. […] Ma voix tremble de froid ; eh bien ! […] Et, faible, sur la terre il reposait sa tête : Et la neige, en tombant, le couvrait à demi, Lorsqu’une douce voix, à travers la tempête, Vint réveiller l’enfant par le froid endormi. Qu’il vienne à nous celui qui pleure, Disait la voix, mêlée au murmure des vents ; L’heure du péril est notre heure ; Les orphelins sont nos enfants, Et deux femmes en deuil recueillaient sa misère. Lui, docile et confus, se levait à leur voix.
— je vois les toits de ton village Baignés à l’horizon dans des mers de feuillage, Une grêle fumée au-dessus, dans un champ, Une femme de loin appelant son enfant1 ; Ou bien un jeune pâtre assis près de sa vache, Qui, tandis qu’indolente elle paît, à l’attache, Entonne un air breton si plaintif et si doux, Qu’en le chantant ma voix vous ferait pleurer tous. […] ne quittez jamais, c’est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l’on jouait jadis, L’église, où tout enfant, et d’une voix légère, Vous chantiez à la messe auprès de votre mère, Et la petite école, où traînant chaque pas1, Vous alliez le matin ; oh ! […] Sa trace était partout dans les sentiers des bois ; Mais nul brame amoureux ne répétait sa voix ; Plutôt, des fronts armés de pointes acérées Devant lui s’avançaient sous les branches fourrées : Chevreuils libres et fiers, de leur gîte accourus Contre ce vil flatteur de l’homme, cet intrus. […] Que partout on entende et la scie et la lime, La voix du travailleur qui chante, et qui s’anime ! […] Ainsi toujours fidèle à la voix des poëtes, Qu’il s’épande en bienfaits sur la création ; Au domaine de l’homme, accru par ses conquêtes, Que chaque année ajoute un plus large sillon ; Pour que l’histoire, un jour, en déroulant ses fastes, Apprenne, avec orgueil, à la postérité, Que le règne du Fer n’eut point de jours néfastes, Mais qu’il fut l’âge d’or du monde racheté !
Oui, il n’y a plus, à ce moment, sur les eaux, que la voix du Seigneur, et celle de l’homme que la foi unit à Dieu. Cette voix de Dieu domine pour nous le sifflement des vents, les mugissements de l’orage, et les cris des passagers désespérés, s’il en est qui soient encore désespérés à côté de la piété de ces deux jeunes sœurs ; elle domine, dans notre esprit, l’idée de la tempête, comme elle dominait alors la tempête elle-même dans les âmes que ranimait ce cantique, qui ne sera jamais chanté par des voix plus pures. […] Psaume xxvii La voix du Seigneur est sur les eaux.
si tu n’es pas toujours » Et nos premiers regrets et nos derniers amours, » Que nous restions sans voix ; que nos langues scellées » À nos palais brûlants demeurent attachées ! […] Aux accents de cette voix enchanteresse, Booz s’éveille : Ruth se fait connaître pour sa parente ; et, conformément à la loi de Moïse, le respectable vieillard la prend pour épouse, et lui fait l’abandon de ses biens. […] Sa voix, des bras lassés ranime le courage, Et jusque pour la brute aux maux compatissant, Il retient sur le bœuf l’aiguillon menaçant. […] Déjà sa voix rappelle en vain ses derniers sons. […] Seul, morne, et l’œil aride, accablé sous le poids, L’aîné des fils restait sans larmes et sans voix.
Ces mille traces de pieds d’hommes, ces voix humaines qui tonnent, ces armées qui hurlent, ne sont-elles pas des choses que l’instinct de l’animal analyse ? […] Mais tout-à-coup sa voix tombe, l’oiseau se tait… Il recommence.… Que ses accents sont changés ! […] D’une voix éteinte, ils implorent ses faveurs et ne peuvent les obtenir. […] Le mugissement du bétail, la clochette des chevaux, la voix, le moindre son suffit pour causer cette chute épouvantable, c’est l’avalanche du printemps. […] Je vole à sa voix : l’infortuné, foudroyé par le vent de feu, était tombé mort sur l’arène, et son dromadaire avait disparu.
Mais fastueux, courroux, voix, repos, quoiqu’au singulier, rimeront avec jeux, bijoux, exploits, coteaux, au pluriel. […] Ne faites donc point rimer loi avec bois, voix, ou exploit ; non plus que genou avec courroux, etc. […] Il brave mes douceurs ; il est sourd à ma voix : Tous les jours il m’éveille au bruit de ses exploits Rien ne peut arrêter sa vigilante audace : L’été n’a point de feux ; l’hiver n’a point de glace. […] ——————————— Le roi des cieux et de la terre Descend au milieu des éclairs : Sa voix, comme un bruyant tonnerre, S’est fait entendre dans les airs. […] Sion jusques au ciel élevée autrefois, Jusqu’aux enfers maintenant abaissée, Puissé-je demeurer sans voix, Si dans mes chants ta douleur retracée Jusqu’au dernier soupir n’occupe ma pensée !
Où chante une voix douce, Il regarde toujours ! […] Il est si beau, l’enfant, avec son doux sourire, Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire, Ses pleurs vite apaisés, Laissant errer sa vue étonnée et ravie, Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie, Et sa bouche aux baisers ! […] Voix qui toujours caresse, et qui jamais n’offense1 ! […] Lorsque pour moi vers Dieu ta voix s’est envolée, Je suis comme l’esclave, assis dans la vallée, Qui dépose sa charge aux bornes du chemin ; Je me sens plus léger ; car ce fardeau de peine, De fautes et d’erreurs qu’en gémissant je traîne, La prière en chantant l’emporte dans sa main1 ! […] ton serviteur fidèle, Pour écouter ta voix, réunit tous ses sens, Et trouve les douceurs de la vie éternelle En ses divins accents.
L’intonation résulte de l’élévation ou de l’abaissement de la voix. […] À la voix du chanteur, chaque objet rendait un écho sonore. […] Il vous dira que Sémiramis, ou, selon quelques-uns, Sérimaris, parlait comme son fils Ninias ; qu’on ne les distinguait pas à la parole : si c’était parce que la mère avait une voix mâle comme son fils, ou le fils une voix efféminée comme sa mère, qu’il n’ose pas le décider. […] Pour vous encourager, ma voix manque de termes. […] Pensez-vous que ma voix Ait fait un empereur pour m’en imposer trois ?
Ce n’est pas tout : il a la physionomie, la taille, un grand air, une voix pleine et sonore. […] C’est l’âme qui donne le ton au geste et à la voix. […] Sa petite voix aigre et flûtée est l’organe même de la persuasion. […] Heureusement l’art peut sinon transformer la voix, au moins la corriger. […] L’action de la voix a, comme celle du corps, sa gradation et ses nuances.
Je m’en vais donc prendre les voix et les suffrages. […] Tout homme, dit Cicéron, a trois tons dans la voix : le haut, le moyen et le bas. […] Une voix faible, mais parfaitement nette, pénètre toujours plus loin qu’une voix sonore mais confuse. […] Sous le Consulat et l’Empire, la voix de Napoléon imposa silence à toutes les autres voix. […] Si elle est tumultueuse, étouffez le bruit sous l’éclat tonnant de votre voix.
Mais la beauté, du tendre néophyte N’était encor que le moindre mérite ; On oubliait ces attraits enchanteurs Dès que sa voix frappait les auditeurs. […] « Endoctriné en route par un vieux matelot, dit l’illustre naturaliste, il avait pris sa voix rauque, mais si parfaitement qu’on pouvait s’y méprendre : quoiqu’il eût été donné ensuite à une jeune personne et qu’il n’eût plus entendu que sa voix, il n’oublia pas les leçons de son premier maître, et rien n’était si plaisant que de l’entendre passer d’une voix douce et gracieuse à son vieux enrouement et à son ton de marin. » 3.
L’intonation résulte de l’élévation ou de l’abaissement de la voix. Une règle générale qui n’admet pas d’exception, c’est d’élever sensiblement la voix sur les mots qui représentent une idée importante, un sentiment vif et passionné. […] Quelques sons de ta voix auraient tout acheté. […] Est-ce vous qui parlez avec la voix du cor ? […] Alors on entend des bruits terribles, et comme la voix de l’abîme redemandant la proie qui lui fut arrachée aux jours du déluge.
Après 1815, il fit pressentir les Messéniennes de Casimir Delavigne en des odes où l’opinion reconnut sa voix. […] Ouvrez-vous, lieux témoins de mes plus doux loisirs, Reconnaissez la voix d’un compagnon fidèle ; C’est moi ! […] Il me semble à sa voix du passé revenir, Triste et fier à la fois de ce long souvenir ; Et, suivant son récit dans ma propre mémoire, Je me laisse, en rêvant, raconter mon histoire, Comme si de quelque autre on racontait les jours. […] La voix a plus de portée quand elle fait Echo.
Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts : La rage de tes flots expire sur tes bords1… La voix de l’univers à ce Dieu me rappelle, La terre le publie. « Est-ce moi, me dit-elle, Est-ce moi qui produis mes riches ornements ? […] Le mépris y réside, ainsi que la candeur, Le modeste respect, l’imprudente colère, La crainte et la pâleur, sa compagne ordinaire, Qui dans tous les périls funestes à mes jours, Plus prompte que ma voix, appelle du secours. A me servir aussi cette voix empressée, Loin de moi, quand je veux, va porter ma pensée : Messagère de l’âme, interprète du cœur, De la société je lui dois la douceur. […] Mon âme les envoie, et, ministres dociles, Je les sens répandus dans mes membres agiles… Est-ce moi qui préside au maintien de ces lois, Et pour les établir ai-je donné ma voix ? […] Ainsi M. de Lamartine dans la Xe de ses Nouvelles Méditations poétiques : Mais jusque dans le sein des heures fortunées Je ne sais quelle voix que j’entends retentir Me poursuit, et vient m’avertir Que le bonheur s’enfuit sur l’aile des années… 3.
Pour nous ta voix ouvrit les mers : Tu fis devant nous dans les airs Marcher la flamme et les nuées ; Et des barbares légions À leurs faux dieux prostituées Tu nous livras les régions. […] Le Seigneur s’écrie alors d’une voix terrible : Ceux qui doivent visiter la ville sont proches, et chacun d’eux porte un instrument de mort. […] Les écrivains de la Bible ne se contentent pas de prêter des sentiments ou des discours sublimes aux êtres moraux qu’ils ont personnifiés ; ils donnent la vie et le mouvement aux êtres même inanimés : tout s’anime, respire, s’enflamme à leur voix. […] Ce sont des voyageurs à qui le hasard fait rencontrer le cadavre du tyran ; il est si défiguré, qu’à peine ils le reconnaissent, et s’écrient à son aspect : Est-ce lui, dont la voix commandait à la guerre ! […] « Malheur à cette multitude nombreuse, dont le bruit ressemble à celui de la mer ; à ces voix tumultueuses, qui retentissent comme le bruit des grandes eaux.
La rangerez-vous sous le titre style sublime à côté des premiers vers d’Iphigénie : Oui, c’est Agamemnon, c’est ton roi qui t’éveille, Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille… Il est cependant manifeste que ces deux styles, également sublimes, si vous voulez, ne se ressemblent d’ailleurs en aucune façon. […] A tout moment, il fait allusion aux exigences de la voix et du geste, préoccupation bien naturelle d’ailleurs à un rhéteur qui avait pour but l’art de dire plus encore que l’art d’écrire. […] « Ces ornements supposent dans la voix une véhémence qu’on ne doit attendre ni exiger de lui ; il sera simple dans son débit comme dans son style… Son action ne sera ni tragique ni théâtrale ; avec des gestes modérés et l’air du visage, il produira une vive impression ; et sans grimace, il fera voir naturellement dans quel sens il faut l’entendre…, etc. » Il en est de même à propos des autres genres de style. […] La généralisation des idées dépend de la grandeur du sujet, et le ton, à son tour, est déterminé par elle, comme, lorsqu’on parle, la disposition plus ou moins passionnée de l’esprit dépend de la grandeur des intérêts mis en jeu, et détermine à son tour le ton de la voix. […] Ici, tous les rhéteurs n’ont qu’une voix.
Quant aux modulations de la voix, elles paraissent si naturelles, que quelques nations ont trouvé bien plus facile d’exprimer diverses idées en variant les intonations de leur voix, que de chercher des mots applicables aux différents objets. […] Outre les temps ou manière d’exprimer l’époque de l’action, les verbes admettent encore la distinction des voix, comme on les appelle, la voix active et la voix passive suivant que l’affirmation frappe sur l’objet agissant ou sur l’objet passif. […] C’est ainsi que nous disons : « c’est sous le règne d’Auguste que l’empire romain fut le plus florissant ; écouter la voix de sa conscience, la voix de la nature. » Cicéron assigne aux tropes la même origine ; IIIe liv. […] Car je n’ai plus que vous à qui ma voix, hélas ! […] Les débats politiques rappellent l’éloquence, elle reparaît à la voix de la liberté.
La variété dans l’unité est un des principes du beau, et une source féconde d’intérêt : Heureux qui dans ses vers sait d’une voix légère, Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. […] Ses superbes coursiers qu’on voyait autrefois, Pleins d’une ardeur si noble, obéir à sa voix… Racine. […] Un oiseau peut se faire entendre Après la saison des beaux jours, Mais sa voix n’a plus rien de tendre ; Il ne chante plus ses amours. Ainsi j’essaie encor ma lyre Qui n’obéit plus à mes doigts ; Ainsi j’essaie encor ma voix Au moment même qu’elle expire. […] J’engloutis les cités sous les sables mouvants ; Je renverse les monts sous les ailes des vents ; Mon pied infatigable est plus fort que l’espace ; Le fleuve aux grandes eaux se range quand je passe, Et la voix de la mer se tait devant ma voix.
Il tempête, il menace, et bouillant de colère, Il crie à pleine voix qu’on lui rende son père. […] Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille68. […] Surpris, comme tu peux penser, Je sentis dans mon cœur tout mon sang se glacer : Je demeurai sans voix, et n’en repris l’usage Que par mille sanglots qui se firent passage. […] Crispin, parle en ma place ; Je sens, dans mon gosier, que ma voix s’embarrasse. […] Le saint couple cherchait les lieux les plus sauvages, S’approchait des rochers, s’éloignait des rivages : Lui-même il se fuyait, et jamais dans ces bois Les échos n’ont formé de concerts de leurs voix.
Sous ses idées fixes, sous ses paradoxes, sous ses jugements absolus, il y a du trait, du mordant, des vues hardies, neuves et profondes, l’accent d’une voix vibrante qui porte au loin, des airs de prophète qui lance la foudre. […] Il les déterminait uniquement par l’étendue de la voix humaine ; ce qui devait être ainsi, la prédication étant devenue la partie principale du culte, et presque tout le culte dans les temples qui ont vu cesser le sacrifice. Il fixe donc les bornes, au delà desquelles la voix, pour toute oreille anglaise, n’est plus que du bruit ; mais, dit-il encore : « Un orateur français se ferait entendre de plus loin, sa prononciation étant plus distincte et plus ferme. » Ce que Wren a dit de la parole orale me semble encore bien plus vrai de cette parole bien autrement pénétrante qui retentit dans les livres. […] C’est au milieu de cette solitude et de cette espèce de vide formé autour de lui qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme : sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements… Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part ; il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] Victor Hugo sur le rôle de la France dans le monde ; « Nous pouvons le dire avec calme, et nous n’avons pas besoin de hausser la voix pour une chose si simple et si vraie, la France est aussi grande aujourd’hui qu’elle l’a jamais été.
L’action est en réalité l’éloquence de la voix et du geste, c’est l’ensemble des mouvements qui constituent la physionomie. […] Quant à la mémoire, elle est. bien plus que la voix, et le geste indépendante de l’éloquence ; elle ne lui fournit qu’un secours accessoire. […] Les plus passion nés sont accessibles à la voix de la raison, sans quoi ce seraient des brutes ; les plus raisonnables peuvent céder aux, entraînements de la passion, car ce ne sont pas des anges. […] À force d’habileté, il prépare si bien les esprits qu’il triomphe et mérite cet éloge de Pline l’Ancien : « A ta voix, le peuple rejette la loi agraire, c’est-à-dire son pain ! […] Je m’en vais prendre les voix et les suffrages.
N’eut jamais un liard ; si bien que sa vielle, Et sa Muse qu’on dit qui eut la voix si belle, Ne le sceurent nourrir, et falloit que sa faim D’huis en huis mendiast le miserable pain. […] Mais moy je donne ma voix A ce mois Qui prend le surnom de celle Qui de l’eseumeuse mer Vit germer Sa naissance maternelle258. […] Il sentit vivement l’horreur des guerres qui désolaient la France ; c’est sur elle qu’il pleure par les voix de plus d’un chœur antique de ses tragédies ; c’est son passé héroïque qu’il glorifie par la voix de Bradamante : Aux François ne se veoit un teint si delicat, Mais une main robuste endurcie au combat. […] A toy donc, seul object de ma triste pensee, Puisse arriver ma voix de mes souspirs poussee, Voix qui pour s’élever et gaigner jusqu’à foy Pour ses deux aisles prend ton amour et ma foy Toy qui tiens en ta main des princes le courage ; Toy qui leurs volontés mets sous ton arbitrage, Donne moy le pouvoir d’impetrer de mon roy, Qu’ores il me conserve et tous les Juifs en moy. […] — Les dieux sont recogneuz souvent à leur parler, Car tout autre est leur voix que n’est nostre langage : Les procès, vrais Bretons, ont à part un ramage.
Rousseau, dans sa cantate de Circé : Sa voix redoutable Trouble les enfers ; etc. […] On entend par repos, dans les vers, certaines suspensions qu’il faut observer dans le sens et dans la voix. […] L’e muet, en effet, étant toujours faible ou même nul dans la prononciation, n’est pas suffisant pour servir d’appui à la voix et ne peut reposer agréablement l’oreille. […] Le repos final, qui, comme l’hémistiche, porte encore le nom de repos prosodique, consiste dans la suspension des sons et de la voix à la fin du vers. […] Ne faites donc point rimer loi avec voix, bois ou exploit non plus que genou avec courroux, etc.