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51. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Mais bientôt émues elles-mêmes par ces scènes religieuses de lumière et d’ombre, et surtout par le sentiment du tombeau de Jean-Jacques, elles se mirent à chanter une romance ; leurs voix douces, se mêlant aux chants lointains des rossignols1 me firent sentir que s’il y avait des harmonies entre la lumière de l’astre des nuits et les forêts, il y en avait encore de plus touchantes entre la vie et la mort. […] Bernardin mêle toujours à ses descriptions des sentiments moraux ou des idées religieuse ; 2. […] Mais quand la fadeur ne gâte pas ses peintures, comme il y verse la lumière, le sentiment de la prière, du recueillement et du silence ! […] Mais quand la fadeur ne gâte pas ses peintures, comme il y verse la lumière, le sentiment de la prière, du recueillement et du silence ! […] La vue de mon pays, de ce pays si chéri, où des torrents de plaisirs avaient inondé mon cœur, l’air des Alpes, si salutaire et si pur : le doux air de la patrie, plus suave que les parfums de l’Orient ; cette terre riche et fertile, ce paysage unique, le plus beau dont l’œil humain fût jamais frappé ; ce séjour charmant auquel je n’avais rien trouvé d’égal dans le tour du monde ; l’aspect d’un peuple heureux et libre ; la douceur de la saison, la sérénité du climat ; mille souvenirs délicieux qui réveillaient tous les sentiments que j’avais goûtés ; tout cela me jetait dans des transports que je ne puis décrire, et semblait me rendre à la fois la jouissance de ma vie entière. »

52. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Guizot Né en 1787 » pp. 247-250

L’enfance et la vieillesse Après l’enfance, ce que je connais de plus intéressant au monde, c’est la vieillesse : il y a dans la faiblesse de ces deux âges, dans les espérances que donne l’un, dans les souvenirs que laisse l’autre, quelque chose de profondément touchant qui pénètre l’âme d’un sentiment de bienveillance que la sécheresse et la légèreté peuvent seules méconnaître. […] Quel sentiment veut-on inspirer à l’enfant qui a mal fait ? […] A mesure que je me détache de moi-même, et que le temps m’emporte loin de nos combats, j’entre sans effort dans une appréciation sereine et douce des idées et des sentiments qui ne sont pas les miens. […] « Il n’y a de bon dans l’homme que ses jeunes sentiments, et ses vieilles pensées.

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Marc Girardin Né en 1801 » pp. 275-278

Sa popularité se compose de tous nos bons sentiments. […] Cette heureuse nouvelle fut reçue avec un profond sentiment de reconnaissance, et l’on y répondit par trois cris de joie. […] La discipline fut gardée, et le sentiment de l’honneur ne fut pas moins puissant contre l’impatience de la délivrance que ne l’avait été contre le désespoir de la mort le sentiment de la foi et de la prière

54. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

C’est que la nature leur a donné du goût et du sentiment pour l’harmonie. […] Je ne trouve point du tout mauvais que vous me disiez votre sentiment. C’est votre sentiment seul que je trouve mauvais. […] Étrange violence, étrange misère, étrange aveu arraché par la force du sentiment et de la douleur ! […] Il y avait dans ces pages un sentiment vrai et profond de la nature, de ses beautés et de ses harmonies, beaucoup de fraîcheur dans le coloris, de grâce dans l’imagination, de sincérité dans l’expression du sentiment moral et religieux.

55. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

L’âme humaine est un écho qui répond à tout sentiment vrai exprimé avec force. […] Il laisse cette mise en scène au mélodrame et réduit le pathétique à l’expression la plus simple des sentiments. […] Elle fait vivre les objets inanimés, elle leur communique l’âme, le sentiment, la volonté : — Que faisait ton épée sur le champ de Pharsale ? […] Réglez votre action sur l’importance des choses que vous avez à dire, et sur la vivacité des sentiments qui vous agitent. […] Les yeux sont la seule partie du corps assez mobile pour marquer, par des expressions différentes, tous les degrés du sentiment.

56. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre premier. Objet de l’Éloquence de la chaire. »

Que l’on se transporte maintenant dans un temple, au pied des autels, sous les yeux de Dieu même, et en présence de tout un peuple ; que l’on se figure une lice ouverte où l’éloquence et le zèle divin, aux prises avec les passions, les vices, les faiblesses, les erreurs de l’humanité, les provoquent les unes après les autres, quelquefois toutes ensemble, les attaquent, les combattent, les terrassent avec les armes de la foi, du sentiment et de la raison. […] Ses juges sont non seulement des hommes, mais des hommes prévenus d’opinions, de sentiments et de maximes absolument opposées aux sienues ; mais des parties intéressées, qu’il faut réduire à prononcer contre les affections les plus intimes de leur âme, contre leurs penchants les plus chers. Au barreau, l’orateur peut recourir à tous les moyens capables d’émouvoir ceux qui l’écoutent, intéresser toutes leurs passions au succès de sa cause, entrer dans leurs sentiments, leur accorder même quelquefois en apparence plus qu’ils ne semblent exiger, afin d’en triompher plus sûrement encore le moment d’après. […] Il lui est impossible, sans cela, de prétendre à des succès durables : dépourvu de la chaleur vivifiante du sentiment, l’art ne fera jamais qu’un pompeux déclamateur.

57. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Cette figure est propre à exprimer fortement le caractère d’une passion vive, d’un sentiment profond et à donner au discours plus d’élégance, de force ou de noblesse. […] C’est, le plus souvent, l’inflexion de la voix et la connaissance des sentiments de l’orateur à l’égard de celui dont il parle, qui font connaître l’ironie. […] La gradation consiste à présenter une suite de pensées, d’images ou de sentiments qui enchérissent les uns sur les autres, soit en croissant, soit en décroissant. […] Cette figure est un tour très propre à soutenir l’attention en donnant au sentiment de la force et de la chaleur. […] La troisième espèce d’objets que les mots peuvent imiter par le son, comprend les sentiments, les émotions et les passions de l’âme.

58. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Le sentiment littéraire suppose quelque chose de plus. […] — Mais encore, vos sentiments sur cet empêchement de l’action de sa langue ? […] La vérité est démontrée ; il faut conclure, en résumant les points principaux, et entraîner par un dernier effort du sentiment. […] Il consiste dans le rapport parfait des pensées et des sentiments, des images et des mots avec la réalité. […] Il soumettait les idées et les sentiments à une analyse subtile, les tours et les mots à une critique rigoureuse.

59. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Chaque chose a des mots et des sens arbitraires ; L’univers retentit de sentiments contraires. […] Cette comparaison est un de ces traits charmants, si fréquents et toujours si heureusement appliqués dans la Bible, et qui n’y sont jamais des ornements prodigués par l’esprit, mais une effusion nouvelle des sentiments de l’âme. Tout est chaleur et mouvement dans ces écrivains, parce que tout y est vérité et sentiment. […] Mais ici l’âme du sage se répand, se fond insensiblement dans ses discours, et leur prête toute la variété des sentiments qu’il éprouve. […] De là, cette exclamation qui porte bien tous les caractères de la vérité du sentiment, parce qu’elle est le vœu bien sincère du poète à qui elle échappe : O rus !

60. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

La rhétorique est l’art de communiquer et de faire partager aux autres nos idées et nos sentiments à l’aide de la parole et de l’écriture. […] L’énergie se produit, quelquefois en développant, plus souvent en condensant le sentiment ou la pensée. […] La plus grande hauteur de pensée et de style constitue le sublime, qui est en dehors des préceptes de l’art, et qu’on peut définir, en littérature, l’expression vraie de tout sentiment et de toute idée qui élève l’homme au-dessus de lui-même. […] L’élégance, dans les choses de sentiment, se nomme la grâce. […] Un des premiers moyens de développement ou d’amplification est la périphrase par laquelle on substitue au mot propre une courte définition ou description, en la modifiant d’après l’analogie des idées, la nature des sentiments et le caractère de l’ouvrage.

61. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Ce dôme, en le considérant même d’en bas, fait éprouver un sentiment de terreur. […] Jamais il n’entrait en négociation avec les mauvais sentiments. […] Je ne puis peindre les sentiments confus qui vinrent m’assiéger. […] Elle n’est pas faite pour exprimer des sentiments compliqués et factices, ou terrestres et vulgaires. […] Dites-moi quel est le sentiment qui ne soit pas sur la palette du peintre ?

62. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre III. Lettres missives. Genre épistolaire. »

Dans les lettres de sentiment, il faut être touchant, mais en pénétrant dans l’âme avec douceur, sans prétendre y exciter les passions. […] Le respect, le devoir, l’amitié, la supériorité même, ont chacun un langage particulier ; la bonne éducation, le bon esprit, le sentiment, nous dictent ce langage. […] Les lettres de recommandation ressemblent à plusieurs égards aux précédentes ; la chaleur du sentiment, la douceur et l’agrément du style doivent les caractériser. […] Il faut, dans ces lettres d’excuse, une manière de s’exprimer franche et naturelle, qui soit un sûr garant des sentiments du cœur. […] Si la lettre est adressée à un égal ou à un inférieur, le cérémonial n’est pas le même ; on écrit tout du long et à la suite : Je suis avec les sentiments les plus distingués, ou avec attachement, votre, etc.

63. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature à l’usage des séminaires et des colléges rédigé d’après les meilleurs critiques anciens et modernes par M. l’abbé A. Piron. Chanoine, Vicaire général, Membre de l’Académie des Arcades, ancien Professeur de littérature. » pp. 1-12

Veuillez en agréer l’expression avec celle de ma reconnaissance et de mes plus affectueux sentiments. […] Recevez l’assurance de mes sentiments respectueux et dévoués. […] Veuillez agréer, avec mes félicitations, l’expression de mes sentiments les plus distingués. […] Agréez, Monsieur le Vicaire général, l’assurance de mes sentiments respectueux et dévoués. […] Veuillez agréer, avec mes félicitations, l’assurance de mes sentiments dévoués en N.

64. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Ce sentiment est ordinairement en eux la source d’une noble émulation. […] Mais s’ils aiment avec transport, on peut dire aussi qu’ils haïssent avec fureur : presque tous leurs sentiments sont excessifs. […] Si ces impressions sont légères, les mouvements qui se font sentir dans notre âme, sont doux ; et alors on les nomme simplement sentiments. […] Mais si vous vous réjouissez d’un bien arrivé à votre ennemi, ce sentiment de joie est bon et louable. Si, au contraire, vous vous réjouissez des revers qu’il a essuyés, ce sentiment est criminel et vicieux.

65. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Cependant les poètes, rivaux de Corneille, résistaient à ce sentiment commun d’admiration. […] Quels personnages, quels devoirs, quels sentiments a-t-elle surtout mis sur la scène ? […] Il est spiritualiste et il aide à la renaissance du sentiment religieux. […] Ce premier sentiment, il est vrai, ne dure pas longtemps ; il songe à se venger. […] La ruse qui le confond ne ressemble point à celle qui découvre les vrais sentiments de Beline.

66. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Principes de rhétorique. — Chapitre VII. Des différents exercices de composition. »

La politesse n’en doit pas exclure le sentiment ; si le style doit y être plus soigné, les expressions plus mesurées que dans les lettres familières, il ne faut ni affectation ni roideur. […] Dites-moi donc ce que c’est, et ne me laissez pas croire que je suis un sot de vous aimer, et vous un ingrat de ne pas répondre à tous les sentiments qui m’attachent à vous pour la vie. […] Il met partout de la variété en entremêlant au récit de courtes descriptions, des sentiments, des réflexions ou des dialogues toujours appropriés aux circonstances. […] « Donnez du corps aux pensées trop subtiles ; adoucissez, par le sentiment, la rudesse de la vérité ; abaissez tout cela jusqu’à nos sens. […] Avouons-le pourtant : malgré l’exquise sensibilité de cette élégie, il y manque un sentiment qui lui eût communiqué une émotion plus vive, plus vraie, plus séduisante : c’est le sentiment religieux, le sentiment chrétien.

67. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre II. Des différentes espèces de Discours Oratoires. »

C’est là qu’elle paraît dans toute sa pompe, dans toute sa dignité, qu’elle déploie toute sa force et toutes ses grâces, pour étonner l’imagination, pour intéresser le sentiment. […] Plein d’onction et de sentiment, il excelle dans l’art de toucher et de persuader. […] Ses sermons réunissent la solidité du raisonnement, la vivacité de l’imagination, l’élégance du style, et la chaleur du sentiment. […] L’onction du sentiment y est jointe à l’élégance et à l’énergie du style. […] Les sentiments vertueux et vraiment patriotiques dont ses discours portent l’empreinte en rendent surtout l’auteur bien estimable.

68. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre II. Les Oraisons ou discours prononcés. »

Quand ces impressions sont légères elles produisent tout ce qu’on appelle passions douces, sentiments, comme l’amitié, la gaîté, le goût, etc., etc. Quand, au contraire, elles sont violentes, on les nomme proprement passions ; telles sont la colère, la haine, la vengeance, et tous les sentiments exaltés. […] L’âme veut suivre son objet ; et, si dans le temps que vous voulez lui inspirer des sentiments de joie, vous mêlez quelques sujets de tristesse, vous arrêtez l’effet que vous eussiez pu produire. […] car je ne prétends pas tout dire, autant d’écoles, autant de sentiments sur un point si essentiel. […] C’est là qu’elle paraît dans toute sa pompe, dans toute sa dignité, qu’elle déploie toute sa force et toutes ses grâces pour étonner l’imagination, pour intéresser le sentiment.

69. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

Les passions sont la vie même de l’homme et le mobile de tous ses actes : ce qui le pousse à agir, c’est toujours un sentiment d’amour ou de haine. L’épopée, qui est un tableau héroïque des sentiments humains, laisse dans l’âme du lecteur une impression vive ; c’est cette impression qui doit être morale et vertueuse : le poème qui n’atteindrait pas ce but pécherait par la base, Mais si l’épopée doit avoir un caractère moral, il ne faut pas pour cela que le poète s’érige en moraliste et en philosophe. […] La religion chrétienne, m effet, a renouvelé le monde et transformé les sentiments de l’humanité. […] Si nous valons quelque chose par les idées et les sentiments, c’est à la religion chrétienne que nous le devons : la proscrire des chants du poète, c’est renier notre origine et nos croyances, c’est abdiquer ce qu’il y a de plus noble et de plus élevé dans nos mœurs et nos inspirations. […] Dans l’épopée, l’intérêt dépend de bien des choses : il tient d’abord aux qualités que nous avons mentionnées, l’unité, la grandeur, l’intégrité ; il tient encore au choix du sujet, aux caractères des personnages ; à la manière progressive dont l’action est conduite ; aux situations dramatiques, aux sentiments, passions qui s’y déploient ; au mouvement, à la variété du récit ; enfin, aux mille ressources de l’imagination du poète.

70. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre II. »

Le chant lyrique est, en général, l’expression de l’enthousiasme, le langage du sentiment inspiré. […] Lamartine a trouvé, dans le sentiment chrétien et dans l’admiration de la nature, des élans lyriques qui ne nous laissent rien à envier à l’antiquité. […] Dans la poésie lyrique, le poète n’a pas une marche régulière ; sa course est impétueuse et vagabonde ; son sentiment le presse et part comme un torrent qui rompt ses digues. […] Tantôt douce et tendre, tantôt piquante et moqueuse, elle prend tous les tons, elle joue en passant avec tous les sentiments du cœur ; mais elle aime surtout le plaisir, l’enjouement et l’esprit.

71. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Sainte-Beuve 1804-1870 » pp. 291-295

On dirait qu’il a été le contemporain, l’ami des personnages, dont il analyse les sentiments. […] Sainte-Beuve a l’esprit hospitalier pour tous les sentiments. […] Sainte-Beuve a l’esprit hospitalier pour tous les sentiments. […] Sainte-Beuve suppose que Montaigne est escorté jusqu’à sa dernière demeure par tous les écrivains qui ont hérité, plus ou moins, de son esprit et de ses sentiments.

72. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IX. Poésies fugitives. »

Le premier a plus de sentiment, plus de délicatesse ; le second plus de feu, plus de saillie76. […] Chaque couplet d’une chanson doit être terminé par une pensée fine ou un sentiment délicat. […] Pour bien réussir dans le genre de la chanson érotique, il faut une grande finesse dans l’esprit, et beaucoup de délicatesse dans les sentiments. Lorsqu’une chanson érotique contient une historiette exprimant un sentiment tendre, on l’appelle romance. […] On appelle quelquefois anacréontiques (et c’est une qualification bien mal justifiée) des chansons érotiques, comme on suppose qu’Anacréon en a pu faire, dans lesquelles il y a à la fois une grande délicatesse de sentiment et une grande douceur d’expression.

73. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

Le jeune Horace est courageux, mais violent ; il ne sait pas tempérer un sentiment par l’autre. […] C’est ainsi que chez Curiace le courage civique se tempère par des sentiments d’humanité et de famille, et n’exclut rien, ni l’amitié, ni l’amour. […] La lutte de ces deux sentiments également impérieux fait de ce personnage un des plus dramatiques du théâtre de Racine. […] dira-t-on, la critique, en matière d’art, serait l’ennemie du sentiment ! […] Phèdre a témoigné qu’il était de ce sentiment.

74. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre premier. De la lettre. »

En second lieu, on pourrait faire appel aux sentiments propres de la personne qui reçoit la lettre, y prendre des textes pour en exalter le mérite, et l’on n’aurait plus qu’à en désirer la continuation. […] C’est d’une part l’appréciation exacte des sentiments religieux et de la position des correspondants, et d’autre part, la délicatesse des tournures à employer pour ne pas tomber dans l’affectation et l’éloge outrés. […] Il serait plus beau de les rapporter à Dieu qui est le maître de toutes grâces ; mais cette abnégation entière de soi-même, et ce haut sentiment de l’intervention divine dans les événements de ce monde, ne sont pas donnés à tous les hommes. […] Quand la personne qui les éprouve est disposée à se les exagérer, il faut respecter ses sentiments ; car elle nous reprocherait de parler trop à notre aise de ses peines. […] C’est une expansion de sentiments naturels, une suite d’expressions simples qu’il faudra faire remarquer, pour tâcher de se les approprier dans l’occasion.

75. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Le goût, comme je l’ai expliqué ci-dessus, est entièrement fondé sur un sentiment interne de la beauté, sentiment qui est naturel aux hommes, et qui, dans son application, est susceptible d’être éclairé et guidé par la raison. […] Lorsque ces sentiments sont égarés par l’ignorance et les préjugés, la raison peut encore les ramener. […] J’ai démontré que les vraies règles de cet art n’étaient fondées que sur le sentiment ; et le goût ainsi que le sentiment doivent nous guider dans l’application particulière de ces règles. […] Voilà de beaux exemples du sublime de sentiment. […] C’est de là que naît ce sentiment de curiosité commun à tous les mortels.

76. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

Quand la périphrase ne caractérise pas l’idée, elle doit caractériser le sentiment de l’écrivain ou du personnage en scène. […] ce n’est plus alors Henriette d’Angleterre que l’on va porter à Saint-Denys ; le sentiment demandera la périphrase : « Encore ce reste tel quel va-t-il disparaître, cette ombre de gloire va s’évanouir, et nous l’allons voir dépouillée même de cette triste décoration. […] Sans doute, vous vous rappelez bien des périphrases pour rendre ces mots : il fait nuit ; comparez-les ensemble, et, si elles appartiennent à de vrais écrivains, vous remarquerez comment elles se modifient d’après l’analogie des idées, d’après la nature des sentiments, et enfin d’après le caractère des ouvrages ; car ce sont là les trois influences auxquelles doit obéir la périphrase. […] Si la périphrase ne sert pas à caractériser la pensée ou le sentiment d’après les lois de la liaison des idées et le ton de l’ouvrage, point de périphrase ; je préfère le mot propre, toutes les fois du moins que les bienséances ne s’y opposent pas ; et quand je dis les bienséances, j’entends les réelles et les vraies, et non celles des précieuses ou des classiques exagérés, ce qui est tout un. […] Il suffit parfois, pour amener la conviction, de reproduire toujours les mêmes preuves ; pour entraîner dans notre sentiment, d’appuyer sans cesse sur les mêmes idées et les mêmes expressions.

77. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Mais, pour exciter les passions, il faut les éprouver en soi-même, soit par un sentiment réel et profond, soit par une imagination vive qui supplée au sentiment. […] Telle est la force des pensées et des sentiments dont l’orateur fait usage, qu’il n’a pas besoin de feinte et d’artifice. […] S’il te reste au fond du cœur le moindre sentiment de vertu, viens, que je t’apprenne à aimer la vie. […] « Réservez pour la péroraison, dit Quintilien (VI, 1), les plus vives émotions du sentiment. […] Cette hardiesse, qui donne du sentiment aux êtres qui n’en ont point, est ordinaire aux passions.

78. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

De même que toutes les variétés des cultes les plus plus étranges sont l’expression d’un seul sentiment, le sentiment religieux, de même toutes les formes du langage sont des canaux qui dérivent d’une même source, l’éloquence, c’est-à-dire la force persuasive. […] Ils ont en toute chose un sentiment exquis de la proportion qui n’est pas la beauté, mais qui en est la condition nécessaire. […] Maintenant il va haranguer les Grecs et les rappeler aux sentiments de l’honneur et de la discipline. […] La source des grandes actions était tarie dans les âmes, mais non celle de grands sentiments. […] Mais quelle variété dans l’expression de ce sentiment !

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