Après 1815, il fit pressentir les Messéniennes de Casimir Delavigne en des odes où l’opinion reconnut sa voix. […] J’ai reconnu cet air si vif des bois, Qu’avec tant de plaisir j’aspirais autrefois ; Le long frémissement qui court sous les ombrages, Semblable au bruit sans fin qui montait des rivages, Et cette odeur de mousse et de feuilles dans l’air, Et les pommiers penchés par le vent de la mer. […] Ouvrez-vous, lieux témoins de mes plus doux loisirs, Reconnaissez la voix d’un compagnon fidèle ; C’est moi ! […] Le cœur se reconnaît, Et l’homme tout entier quelques instants renaît, Soudain jeune, en voyant quelque pierre oubliée Où d’un ancien bonheur la mémoire est liée, Quelque nom, que sa main sur le hêtre a gravé, Et que mieux que son cœur l’écorce a conservé.
Parmi ces ouvrages, dans lesquels nous nous plaisons d’ailleurs à reconnaître des qualités réelles, les uns, tout en présentant d’heureux développements sur quelques points, se taisent presque entièrement sur d’autres qui ont aussi leur importance, ou se servent d’un langage métaphysique souvent résultant pour l’esprit et toujours incommode pour la mémoire ; les autres, sous prétexte d’éviter les longueurs, tombent dans la sécheresse et l’aridité, et ressemblent plutôt à des tables analytiques qu’à des traités destinés aux classes supérieures ; d’autres enfin présentent une étendue démesurée, et se perdent dans des explications trop vagues et trop diffuses. […] Ces développements nous ont paru d’une utilité réelle, et nous sommes plus que jamais convaincu de leur importance, lorsque nous recevons d’un professeur distingué, dont les savants ouvrages sont connus dans toute la France, ces encouragements bienveillants : « Je vous félicite d’avoir compris que les abrégés ne profitent qu’à ceux qui les font, et vous avez sagement fait de donner aux préceptes un juste développement qui les fait bien comprendre. » Un autre juge également compétent voulait bien nous faire savoir, après avoir soigneusement examiné notre Poétique, qu’il se plaisait à reconnaître tout le mérite et toute la conscience de ce livre. […] C’est ainsi que ce qui concerne le style poétique, l’épigramme, le madrigal, le sonnet, la pastorale, la fable, est tiré en grande partie des Principes Littéraires du savant distingué, dans lequel Delille aimait à reconnaître le grammairien habile, le dissertateur ingénieux, l’écrivain élégant et correct, le littérateur estimable et judicieux.
Écolier extraordinaire, il allait d’instinct vers les intelligences royales, vers les plus divins des poëtes ; Homère et Virgile furent ses maîtres, avant le jour où, la lecture de la Bible déterminant sa vocation, il reconnut en elle le livre par excellence, la source d’où son génie devait découler. […] Ils se reconnurent comme étant faits l’un pour l’autre. […] Que faut-il donc que je fasse, ô mon Dieu, sinon de reconnaître de vous toute la lumière que je reçois ? […] J’ai peine à me reconnaître ; je suis prêt à m’écrier avec le prophète : « Est-ce là cette Jérusalem ? […] Il n’est rien de si grand dans le monde, qui ne reconnaisse en soi-même beaucoup de bassesse.
Les enfants y reconnaissent les mœurs du chien qu’ils caressent, du chat dont ils abusent, de la souris dont ils ont peur ; toute la basse-cour, où ils se plaisent mieux qu’à l’école. […] Ils apprennent du fabuliste à reconnaître leurs impressions, à se représenter leurs souvenirs. […] Mais si, dans cet orgueil de la vie, il en est un qui, par désœuvrement ou par fatigue des plaisirs, ouvre le livre dédaigné, quelle n’est pas sa surprise en se retrouvant parmi ces animaux auxquels il s’était intéressé enfant, de reconnaître par sa propre réflexion, non plus sur la parole du maître ou du père, la ressemblance de leurs aventures avec la vie, et la vérité des leçons que le fabuliste en a tirées !
Celui qui ne sait pas écrire n’a pas de style ; celui qui sait écrire en a un qui lui est propre, et n’en a qu’un, que l’on reconnaît partout. […] Les reconnaît-on dans la critique des arts ? […] La rangerez-vous sous le titre style sublime à côté des premiers vers d’Iphigénie : Oui, c’est Agamemnon, c’est ton roi qui t’éveille, Viens, reconnais la voix qui frappe ton oreille… Il est cependant manifeste que ces deux styles, également sublimes, si vous voulez, ne se ressemblent d’ailleurs en aucune façon. Dans le Temple de Gnide de Montesquieu, que vous devriez pouvoir rapprocher, comme style fleuri, des Lettres à Emilie sur la mythologie, vous reconnaîtrez le faire de l’Esprit des lois ; et la Pluralité des mondes de Fontenelle ressemble plus à Demoustier qu’à Laplace.
Telles sont les principales espèces de romans reconnues par les littérateurs, et qui font souvent le sujet de la conversation dans la société polie ; une seule épithète suffit presque toujours pour en déterminer la nature. […] Ce genre fut exploité par beaucoup d’imitateurs, et enfin, se modifiant successivement, il arriva aux formes variées reconnues aujourd’hui. […] Il y avait quelques mois qu’il avait imprimé une lettre qui contenait le plus grand éloge du magnétisme animal et de la doctrine de Mesmer, à qui M. de Gébelin se reconnaît redevable de sa guérison.
« Si mes malheurs doivent commencer par l’attaque imprévue d’un légataire avide sur une créance légitime, sur un acte appuyé de l’estime réciproque et de l’équité des deux contractants, accordez-moi pour adversaire un homme avare, injuste, et reconnu pour tel ; de sorte que les honnêtes gens puissent s’indigner que celui qui, sans droit naturel, vient d’hériter de quinze cent mille francs, m’intente un horrible procès, et veuille me dépouiller de cinquante mille écus, pour éviter de me payer quinze mille francs au nom et sur la foi de l’engagement de son bienfaiteur. […] « Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc… Marceline de Verte-Allure, dans le château d’Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes, laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château ; et je l’épouserai, par forme de reconnaissance, etc. […] Puis, quand ils sont bien animés, j’écris sous leur dictée rapide, sûr qu’ils ne me tromperont pas, que je reconnaîtrai Bazile, lequel n’a pas l’esprit de Figaro, qui n’a pas le ton noble du comte, qui n’a pas la sensibilité de la comtesse, qui n’a pas la gaieté de Suzanne, qui n’a pas l’espièglerie du page, et surtout aucun d’eux la sublimité de Brid’oison : chacun y parle son langage. […] Beaumarchais résumait ainsi sa vie : « Vous qui m’avez connu, dites, ô mes amis, si vous avez jamais vu autre chose en moi qu’un homme constamment gai, aimant avec une égale passion l’étude et le plaisir ; enclin à la raillerie, mais sans amertume ; l’accueillant dans autrui contre soi, quand elle est assaisonnée ; soutenant peut-être avec trop d’ardeur son opinion, quand il la croit juste, mais honorant hautement et sans envie tous les gens qu’il reconnaît supérieurs ; actif quand il est aiguillonné, paresseux et stagnant après l’orage ; insouciant dans le bonheur, mais poussant la constance et la sérénité dans l’infortune jusqu’à l’étonnement de ses plus familiers amis. »
Il n’y a pas de recette pour faire des classiques2 ; ce point doit être enfin reconnu comme évident. […] Bien avant Boileau, même avant Racine, ne sont-ils pas aujourd’hui unanimement reconnus les plus féconds et les plus riches pour les traits d’une morale universelle ? […] Cet hommage rendu à ce qu’il suffit d’apercevoir et de reconnaître, nous ne sortirions plus de nos horizons, et l’œil s’y complairait en mille spectacles agréables ou augustes, s’y réjouirait en mille rencontres variées et pleines de surprises, mais dont la confusion apparente ne serait jamais sans accord et sans harmonie. […] En général, les nations diverses y auraient chacune un coin réservé ; mais les auteurs se plairaient à en sortir, et ils iraient en se promenant reconnaître, là où l’on s’y attendrait le moins, des frères ou des maîtres.
Écolier extraordinaire, il allait d’instinct vers les intelligences royales, vers les plus divins des poëtes : Homère et Virgile furent ses maîtres, avant le jour où, dans la Bible, il reconnut le livre par excellence, la source même de son propre génie. […] Louis XIV et Bossuet se reconnurent comme étant faits l’un pour l’autre. […] Mais quand je considère cette infinie multitude de peuples qui attend de leur protection son salut et sa liberté ; quand je vois que, dans un état policé, si la terre est bien cultivée, si les mers sont libres, si le commerce est riche et fidèle, si chacun vit dans sa maison doucement et avec assurance2, c’est un effet des conseils3 et de la vigilance du prince ; quand je vois que, comme un soleil, sa munificence porte sa vertu jusque dans les provinces les plus reculées, que ses sujets lui doivent, les uns leur honneur et leurs charges, les autres leur fortune et leur vie, tous la sûreté publique et la paix, de sorte qu’il n’y en a pas un seul qui ne doive le chérir comme un père : c’est ce qui me ravit, chrétiens ; c’est en quoi la majesté des rois me semble entièrement admirable ; c’est en cela que je les reconnais pour les vivantes images de Dieu, qui se plaît de remplir le ciel et la terre des marques de sa bonté, ne laissant aucun endroit de ce monde vide de ses bienfaits et de ses largesses4. […] Vous avez découvert toutes ses menées et démêlé toute son intrigue ; enfin vous avez reconnu tout l’ordre du crime ; vous voyez ses pieds, son corps et sa tête ; aussitôt que vous pensez le convaincre en lui racontant ce détail, par mille adresses il vous retire ses pieds : il couvre soigneusement tous les vestiges de son crime ; il vous cache sa tête : il recèle profondément ses desseins ; il enveloppe son corps, c’est-à-dire toute la suite de son intrigue, dans un tissu artificieux d’une histoire embarrassée et faite à plaisir. […] Il dit ailleurs : « Si un roi épouse une fille de basse extraction, elle devient reine ; on en murmure quelque temps, mais enfin on la reconnaît ; elle est anoblie par le mariage du prince, sa noblesse passe à sa maison, ses parents sont appelés aux plus belles charges, et ses enfants sont les héritiers du royaume.
» Sans insister davantage, constatons seulement que la philologie reconnaît aujourd’hui près de cinq cents mots ultramontains qui ont encore droit de cité parmi nous. […] En voyant ces paladins subir la même disgrâce que les derniers héros de la chevalerie errante, nous devons estimer leur talent, mais reconnaître qu’il fit fausse route, et que son discrédit fut mérité ; car ils ayaient eu le tort, comme le dit M. […] On reconnaîtra de prime-abord les mots qui en proviennent. […] Évidemment, nous reconnaissons ce caractère dans celle qui élimine l’inutile ; car, s’il convient d’être entendu de tous, des simples, des ignorants, et non pas seulement des lettrés, ou des doctes, mieux vaut réduire le son à ses éléments les plus naturels. […] Au lieu de nous appauvrir ainsi de nos propres mains, mieux vaut reconnaître que chaque époque a sa valeur et sa beauté.
Par exemple, Oreste, dans Iphigénie en Tauride, reconnaît sa sœur, puis est reconnu d’elle78, car celle-ci le reconnaît par le moyen de la lettre ; mais Oreste, lui, dit ce que lui fait dire le poète, et non la fable. […] Après en avoir reconnu quelques-uns, il tombe sur eux. […] Tels sont, à peu près, tous les biens reconnus comme tels. […] Ajoutons-y ce qui est plus grand que des choses reconnues pour grandes ou paraissant telles. […] L’on n’a donc pas de colère contre ceux qui ne peuvent reconnaître notre action.
Fixer 2 Je l’ai fixé longtemps, je ne l’ai pas reconnu Je l’ai regardé longtemps, je ne l’ai pas reconnu.
Quels soins pour disposer dans l’ordre naturel tant de pensées qui se présentent isolément et avant leur tour, pour reconnaître les points par où elles se touchent, pour faire un tissu indestructible de tous ces fils dispersés ! […] Les enfants y reconnaissent les mœurs du chien qu’ils caressent, du chat dont ils abusent, de la souris dont ils ont peur ; toute la basse-cour, où ils se plaisent mieux qu’à l’école. […] Ils apprennent du fabuliste à reconnaître leurs impressions, à se représenter leurs souvenirs. […] Mais si, dans cet orgueil de la vie, il en est un qui, par désœuvrement ou par fatigue des plaisirs, ouvre le livre dédaigné, quelle n’est pas sa surprise, en se retrouvant parmi ces animaux auxquels il s’était intéressé enfant, de reconnaître par sa propre réflexion, non plus sur la parole du maître ou du père, la ressemblance de leurs aventures avec la vie, et la vérité des leçons que le fabuliste en a tirées !
Aussi à la seconde lecture (en supposant toutefois que le titre soit supprimé), l’esprit reconnaît avec plaisir la justesse des images et la beauté des allégories. […] — Ce parallèle appartient à l’ordre moral, quoiqu’on y reconnaisse la réalité dans l’ordre physique ; car l’auteur n’a point voulu décrire une exécution, mais son but a été de mettre en opposition les procédés de deux êtres abstraits ; il l’a fait physiquement pour frapper nos yeux autant que notre esprit. […] La moralité n’est point exprimée mais l’esprit soulève sans efforts le voile de l’allégorie, et reconnaît qu’on ne doit point, dans la crainte des malheurs à venir, tirer vanité de sa position présente. […] Cette brillante description mérite le nom de tableau ; car on y reconnaît la touche d’un peintre habile. […] N’est-ce pas ce genre en effet qu’il faut reconnaître dans la plupart des tragédies, des drames, et des romans qualifiés d’historiques.
Il n’en est pas de même des historiens latins : leurs harangues sont des morceaux si achevés, dans leur genre, qu’il est impossible de s’y prêter à la moindre illusion, et de ne pas y reconnaître, à chaque mot, l’art étudié de l’orateur, et la correction élégante de l’écrivain qui a mûri toutes ses pensées par la réflexion, choisi et pesé chacune de ses expressions, et donné à ses phrases le tour et l’harmonie qui sont le fruit du travail, et ne se présentent guère à celui qui ne s’est pas fait une étude de les rechercher et de les placer à propos. […] Tacite fait-il parler un honnête homme, un Germanicus, par exemple, un Thraséas, un Agricola ; on reconnaît, à leurs discours, l’écrivain dont l’âme n’a eu qu’à traduire ses propres pensées, pour faire parler à ces grands hommes un langage digne d’eux. […] Cyrus, dit Xénophon, sentant sa fin approcher, fit appeler ses deux fils, avec ses amis, et les principaux magistrats des Perses ; et les voyant tous rassemblés, il leur tint ce discours : « Mes enfants, et vous tous, mes amis, qui êtes ici présents, je reconnais à plusieurs signes que je touche au terme de ma vie. […] Jusqu’ici, mon âme a été cachée à vos yeux ; mais à ses opérations, vous reconnaissiez qu’elle existait. […] » Mais je sens que mon âme commence à m’abandonner ; je le reconnais aux symptômes qui annoncent notre prochaine dissolution.
Les anciens reconnaissaient Apollon pour être tout à la fois le dieu des arts et le dieu des sciences : les neuf muses qui composaient sa cour, étaient des sœurs inséparables, formant un seul chœur, quoique chacune d’elles présidât à un art ou à une science particulière. […] C’est une vérité également reconnue des personnes très instruites, et de celles qui ne l’étant que médiocrement, regrettent tous les jours la perte d’un temps si précieux.
il suppose la plus grande connoissance du cœur humain, et l’on y reconnoît par-tout le profond moraliste, autant que l’élégant écrivain. […] La vérité se montra aux hommes ; les nations la reconnurent ; et la face du monde entier fut changée. […] Aussi l’homme dégagé des vices de l’esprit et des folles passions du cœur, y reconnoît-il sans peine l’empreinte de la divinité même. […] Mais la raison et la conscience leur crient sans cesse qu’il existe un être, seul éternel, seul indépendant, seul principe de tous les êtres, et dont ils se sentent forcés de reconnoître la nécessité, que Voltaire a si bien exprimée dans ces vers : C’est le sacré lien de la société, Le premier fondement de la sainte équité, Le frein du scélérat, l’espérance du juste.
Les plus beaux traits de Racine, ses plus sublimes pensées, sont amenés avec tant de naturel et si bien fondus en un ensemble achevé, que les yeux peu exercés ont souvent peine à les reconnaître. […] L’ingrat a-t-il rougi lorsqu’il t’a reconnue ? […] Pyrrhus m’a reconnu, mais sans changer de face : Il semblait que ma vue excitât son audace ; Que tous les Grecs, bravés en leur ambassadeur, Dussent de son hymen relever la splendeur. […] Je voue à votre fils une amitié de père ; J’en atteste les dieux, je le jure à sa mère : Pour tous mes ennemis je déclare les siens, Et je le reconnais pour le roi des Troyens. » A ces mots, qui du peuple attiraient le suffrage, Nos Grecs n’ont répondu que par un cri de rage ; L’infidèle s’est vu partout envelopper, Et je n’ai pu trouver de place pour frapper : Chacun se disputait la gloire de l’abattre.
Dans sa correspondance à la fois militaire, politique, diplomatique et intime, nous voyons tour à tour le chef de parti, le roi reconnu par une moitié de la France, combattu par l’autre, le vainqueur, le souverain populaire, mais surtout l’homme lui-même nous offrant toujours le parfait modèle d’un caractère habile et chevaleresque, d’un naturel ouvert et généreux, d’une imagination preste et originale. […] A certaines vérités rudes, mais tempérées par la bonhomie et la belle humeur, on reconnaît le roi qui fait fi de la rhétorique, porte l’épée au côté, sait mener son monde et le ranger à l’obéissance, est passé maître dans l’art de gagner les esprits et de séduire les plus récalcitrants, possède l’expérience des hommes, ne dédaigne pas la ruse quand la loyauté serait peine perdue, et mêle l’adresse aux bons propos, à l’indulgence, à une bonté vraie quoique toujours très clairvoyante.
Quant à l’officier, il fut et sera le même dans tous les temps parmi nous, et partout on le reconnaîtra sans peine dans le portrait suivant : « Idolâtre de son honneur et de son pays, bravant de sang-froid la mort, avec toutes les raisons d’aimer la vie, quittant gaîment les délices de la société pour des fatigues qui font frémir la nature ; humain, généreux, compatissant, tandis que la barbarie étincelle de rage partout autour de lui ; né pour les douceurs de la société, comme pour les dangers de la guerre ; aussi poli que fier, orné souvent par la culture des lettres, et plus encore par les grâces de l’esprit. À ce portrait, les nations étrangères reconnaissent nos officiers ; elles avouent surtout que lorsque le premier feu de leur jeunesse est tempéré par un peu d’expérience, ils se font aimer même de leurs ennemis.
La moindre attention suffit pour les reconnaître et pour en apprécier le mérite ; mais l’exercice peut apprendre, seul à imiter les maîtres. […] À quoi donc reconnaîtrez-vous un sophiste ? […] Chacun croit y reconnaître son langage. […] Puissiez-vous seulement reconnaître la justice de nos armes, recevoir la paix que, malgré vos pertes, vous avez tant de fois refusée ! […] On reconnaît ici le cercle de Popilius.
À ce miracle de sa volonté, comment ne pas reconnaître le Verbe créateur du monde ? […] À cette image de l’éloquence apostolique n’avez-vous pas reconnu Bossuet ? […] ils ne le peuvent, et par là ils reconnaissent la supériorité de la parole et de la poésie. […] La raison reconnaît ces tendances primitives, et la volonté libre en dirige l’effort vers leur but légitime. […] Il reconnaît que chaque être ayant sa nature à lui est prédestiné à une certaine fin conforme à cette nature.
Je reconnais mon sang à ce noble courroux : Ma jeunesse revit en cette ardeur si prompte. […] Géronte (c’est le père de Dorante) vient de reconnaître qu’il a été dupe des mensonges de son fils. […] Dans ces vers, comme dans quelques-uns des précédents, bien qu’ils aient été de nos jours habilement défendus, on reconnaîtra la subtilité et l’affectation dont Corneille, soumis à l’influence du goût italien et espagnol qui régnait sur notre théàtre, n’a pas su partout se préserver. […] Le sujet de cette pièce, à laquelle, suivant Voltaire, « nous devons Molière » (il a reconnu lui-même les obligations qu’il avait à Corneille), est, comme celui du Cid, emprunté au théâtre espagnol. « Quand je me suis résolu, dit Corneille, de repasser du héroïque au naïf (on a vu qu’il avait commencé par des comédies), je n’osai descendre de si haut sans m’assurer d’un guide, et me suis laissé conduire au fameux Lope de Véga… Ce n’est ici qu’une copie d’un excellent original qu’il a mis au jour sous le titre de la Verdad sospechosa, la Vérité suspecte. » Plus tard, il reconnut que l’auteur était Ruiz de Alarcon.
Mais ce qui n’est pas également sensible pour les jeunes gens, et ce que nous nous proposons d’observer, c’est qu’à travers cette variété, nous devons reconnaître la manière d’un auteur dans toutes ses compositions. […] Les Lettres Persanes et l’Esprit des Lois sont deux ouvrages du même auteur ; ils exigeaient sans doute un genre de composition fort différent, et tous deux sont supérieurement traités dans leur genre : il est facile cependant d’y reconnaître la même main. […] Comme on reconnaît les peintres célèbres à la touche de leurs pinceaux, on distingue aussi les grands écrivains à leur style et à leur manière particulière.
Cette physionomie distincte que prend la pensée dans les figures permet par là même de les reconnaître et de les classer. Comme lorsqu’il se trouve dans une foule de peuple des soldats en uniforme, vous les distinguez immédiatement et les rapportez aux divers corps auxquels ils appartiennent ; ainsi, dans un livre ou dans un discours, vous reconnaissez à certains signes caractéristiques une métaphore, une apostrophe, une hyperbole, etc. ; les mots ou les phrases dont elles se composent ont une forme ou figure qui leur est propre, toujours la même et ne se confondant pas avec d’autres. […] Réveiller une idée principale au moyen d’idées accessoires, déguiser des pensées tristes, pénibles, inconvenantes même, mais indispensables au sujet, enrichir la langue par des alliances de mots inattendues, donner au style, soit par le piquant des rapprochements et des oppositions, soit par le tour et le mouvement de la phrase, plus de clarté, d’énergie, d’élégance, de vivacité, de noblesse, de nouveauté, d’intérêt : voilà des mérites que nous leur reconnaissons avec tous les critiques.
J’y reconnais un maître à qui rien n’a coûté, Et qui dans vos déserts a semé la lumière Ainsi que dans nos champs il sème la poussière. […] Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts : Toute plante en naissant déjà renferme en elle D’enfants qui la suivront une race immortelle2 ; Chacun de ces enfants, dans ma fécondité, Trouve un gage nouveau de sa postérité. » Ainsi parle la terre ; et, charmé de l’entendre, Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés, Vers une même fin constamment entraînés, A l’ordre général conspirer tous ensemble, Je reconnais partout la main qui les rassemble, Et d’un dessein si grand j’admire l’unité Non moins que la sagesse et la simplicité. […] De cet ordre secret reconnaissons l’auteur : Fut-il jamais des lois sans un législateur ?
Assez ressemblant, il peut dire à ceux qui ne le reconnaissent pas, comme le jardinier de l’opéra-comique : C’est qu’il ne m’a jamais vu sans perruque. […] Si vous me rencontrez dans les rues, je vous demande, pour toute récompense d’un service que je crois de quelque importance, de ne me pas reconnaître, et si par hasard il était trop tard pour vous sauver, et qu’on vous prît, de ne me pas dénoncer. » Cela dit, mon homme disparut, et laissa le président de Montesquieu dans la plus grande consternation. […] Il n’eut pas de peine à reconnaître le trouble terrible de son ami ; il s’informa de ce qui pouvait lui être arrivé.
Ajoutons que l’homme qui écrit pour l’enseignement ne doit pas, en général, exposer ses propres idées, ni les idées contestées ; mais bien celles qui sont communément reçues, et dont l’ensemble constitue véritablement la science, selon l’opinion du monde ; qu’ainsi un ouvrage classique pour la littérature doit toujours s’appuyer ou d’autorités incontestables, ou d’ouvrages antérieurs reconnus bons et acceptés partout comme tels. […] C’est un petit mérite sans doute ; quel qu’il soit, nous osons croire qu’on n’hésitera pas à le reconnaître dans le nouveau volume que nous ajoutons à notre Cours de langue française.