Le Style sublime déploie toutes les richesses de l’imagination, pour présenter dans tout leur éclat et dans toute leur grandeur, des pensées nobles, des sentiments élevés. […] combien frémira son ombre épouvantée, Lorsqu’il verra sa fille à ses yeux présentée, Contrainte d’avouer tant de forfaits divers, Et des crimes peut-être inconnus aux enfers ? […] Ils approchent donc, portant sur leur visage les marques de leur barbare résolution : le clergé tremblant se disperse : on se ramasse confusément : les assassins ont eux-mêmes horreur du crime qu’ils vont commettre ; et saisis d’une frayeur respectueuse à la vue de l’archevêque qui se présente, ils demeurent quelque temps interdits. […] Le dernier vers présente une idée sublime par elle-même : c’est là que se trouve ce merveilleux, cet extraordinaire qui caractérise proprement le sublime. […] L’Écrivain, qui non seulement connaît les principes de sa langue, et qui les observe, qui enchaîne bien ses idées, et qui les présente sous un jour lumineux ; mais encore qui n’est jamais ni au-dessus ni au-dessous du sujet qu’il traite, employant tour à tour le style simple, le style fleuri, le style sublime, selon que la matière s’élève ou s’abaisse ; cet Écrivain, dis-je, est un Écrivain parfait.
L’art d’inventer consiste à trouver les objets qui existent et où ils sont, ceux qui peuvent exister et où ils peuvent être ; à présenter des actions, des images, des sentiments réels, ou possibles et vraisemblables. […] C’est cette dernière opération que fait la poésie : elle ne présente que des objets parfaits en eux-mêmes. […] Il est aisé de juger que ce que je viens de dire des circonstances d’une action et des différents traits qui composent un caractère, doit s’appliquer à un tableau, à un édifice, à un monument présentés dans toute la beauté, dans toute la perfection imaginable. […] Pour en mériter le beau titre, il faut qu’il rende l’objet qu’il a trouvé, aussi sensible à l’esprit et au cœur, que l’est aux yeux du corps un objet présente sur la toile. […] Le poète épique présente, en bien des endroits, ses personnages qui parlent et qui agissent.
Ce sont les auditeurs fidèles qui font les prédicateurs évangéliques, parce que les prédicateurs étant faits pour les auditeurs, les uns reçoivent d’en haut ce que méritent les autres : Aimez donc la vérité, chrétiens, et elle vous sera annoncée : ayez appétit de ce pain céleste, et il vous sera présenté. […] Ainsi étant retranché et enveloppé en lui-même, il ne vous présente plus que des piquants ; il s’arme à son tour contre vous, et vous ne pouvez le toucher sans que votre main soit ensanglantée, je veux dire votre honneur blessé par quelque outrage ; le moindre que vous recevrez sera le reproche de vos vains soupçons. […] L’ombre de la mort se présente. […] 2 le présent ne nous touche plus guère ; mais la jeunesse qui ne songe pas que rien lui soit encore échappé, qui sent sa vigueur entière et présente, ne songe aussi qu’au présent, et y attache toutes ses pensées. […] Quelle apparence4 de quitter le monde, dans un âge où il ne présente rien que de plaisant5 ?
Sous quelle forme cette définition est-elle présentée ? […] Celui-ci s’est présenté pour réclamer son argent. […] On lui présenta sur le champ le registre de l’académie, où les récipiendaires devaient s’inscrire eux-mêmes. […] Il s’en présenté un qui raconte poétiquement le fait, qui est l’objet du canevas. […] Son adversaire a présenté des fleurs, il va présenter des fruits ; car du salut de Callidore, dépend en premier lieu, le salut de la famille en général, et en second lieu le salut de Poli-dore en particulier.
Elles doivent être rendues telles qu’elles se présentent à l’esprit de l’écrivain. […] (Second membre, qui présente le sens complet). […] Une pensée a besoin d’être présentée dans tout son jour, pour être bien saisie du lecteur. Pourquoi affecteriez-vous de l’envelopper et de ne la présenter qu’à demi ? […] C’est ce que font les meilleurs écrivains, plutôt que de rien laisser dans le discours, qui présente un sens entortillé.
Son corps est porté à Rome par ses partisans, qui le présentent au peuple, dans la place publique. […] Comme toutes les circonstances y sont habilement saisies et présentées ! […] « Prêtez-nous donc toute votre attention, Messieurs, et bannissez les craintes qui pourraient vous rester encore ; car si jamais, dans une seule cause, vous eûtes à prononcer sur tous les gens de bien à la fois, sur tous les hommes animés d’un zèle courageux pour la patrie ; si jamais des juges, choisis dans les premiers ordres de l’état, eurent occasion de manifester, par des actions et par des suffrages, l’affection que leurs visages et leurs discours témoignèrent si souvent aux bons citoyens, c’est aujourd’hui surtout qu’elle se présente, cette occasion ; aujourd’hui que vous allez décider si nous serons condamnés à des larmes éternelles, nous les partisans sincères et constants de votre autorité ; ou si, persécutés si longtemps par les citoyens les plus pervers, nous devrons enfin le repos et le bonheur à votre équité et à votre sagesse ». […] » Clodius se présente à Milon dans un équipage leste, à cheval, sans voiture, sans bagage, sans aucun des Grecs qui le suivent habituellement, sans son épouse même, ce qui ne lui arrivait presque jamais ; tandis que Milon, cet assassin prétendu, qui ne voyageait que pour commettre un meurtre prémédité ; Milon, enfermé dans une litière, ayant sa femme à ses côtés, enveloppé d’un ample manteau, traînait après lui le long et embarrassant attirail de jeunes esclaves et de timides servantes. […] si dans les combats des gladiateurs, quand il s’agit du sort de ces hommes de la dernière classe, nous n’avons que du mépris, de l’aversion même, pour ces timides combattants qui demandent lâchement la vie ; si, au contraire, nous nous intéressons tous à la conservation de ces généreux athlètes qui présentent fièrement la gorge à l’épée du vainqueur ; si nous leur accordons si volontiers une pitié qu’ils ne réclament point, à combien plus forte raison ne la devons-nous pas, cette pitié, quand il s agit de nos meilleurs citoyens » !
Sous quels traits il va vous présenter deux consuls, ses ennemis, et ceux de tous les gens de bien ! […] Dans l’extrême douleur de mon absence, il se serait présenté lui-même à leurs traits, non pour les repousser, mais pour recevoir la mort s’il ne s’était ménagé dans l’espoir de mon retour. Il essuya cependant la violence odieuse de ces abominables brigands ; et s’étant présenté pour supplier le peuple romain de lui accorder mon retour, il fut précipité de la tribune, terrassé dans le comice, et resta caché sous des corps morts d’esclaves et d’affranchis. […] n’a-t-il pas présenté sa gorge au glaive, comme on l’exige des gladiateurs ?
Né avec un esprit solide, ferme et profond, il n’a point eu de rival pour la force du raisonnement, et pour la manière de présenter le vrai dans tout son jour. […] Dédaignant l’art de polir ses discours, il ne s’attache qu’à présenter à ses auditeurs le vrai sous toutes les faces. […] Le génie fécond de l’orateur athénien trouve toujours de nouvelles preuves à faire valoir : il présente tout ce qu’elles ont de réel et de solide, expose chaque raison dans toute sa force, et accable par le poids de la conviction. […] L’écrivain ne devant parler qu’à la raison pour instruire, s’attache principalement au fond des choses, et à la manière de les présenter, c’est-à-dire, à l’ordre et à la méthode. […] Quoiqu’elle ait beaucoup de force quand elle est présentée sans fard, elle a néanmoins besoin, pour triompher pleinement des cœurs, d’être revêtue de quelques ornements.
Son premier rang mit le genou en terre : il était armé de piques et de fusils ; les soldats extrêmement serrés présentaient aux chevaux des ennemis une espèce de rempart hérissé de piques et de baïonnettes ; le second rang, un peu courbé sur les épaules du premier, tirait par-dessus ; et le troisième debout faisait feu en même temps derrière les deux autres4. […] Un grand garçon, bien fait, aimant les vers, ayant de l’esprit, ne sachant que faire, s’avise de se faire présenter, je ne sais comment, à Cirey1. […] Il se présentera à vous avec une belle mine et une chétive recommandation.
On peut en dire autant des langues étrangères ; des lectures de toute espèce, si l’on se borne, avare de son temps, aux ouvrages instructifs ou originaux en leur genre ; des voyages, quand l’occasion s’en présente, si l’on sait les utiliser, voir, écouter, étudier la nature et ses merveilles, l’homme, ses mœurs et ses ouvrages. […] Tandis que l’élève s’habituera de lui-même à cette science de la méditation, que le professeur mette entre ses mains les livres, les discours, les traités les plus remarquables ; qu’il lui fasse observer et comprendre les divers mérites et l’artifice de la composition, non-seulement sous le rapport de la pensée, mais sous celui de l’ordre et du style ; que souvent il le ramène sur ses pas, soit pour se rendre un compte plus exact des intentions de l’écrivain, soit pour mieux retenir l’ensemble et les détails ; que, dans les discussions politiques, judiciaires, philosophiques, il lui présente, autant que possible, le pour et le contre, surtout si la question a été traitée par deux rivaux dignes l’un de l’autre. […] On lui présente la description d’un incendie, par exemple, et il calque sur ce tableau celui d’une inondation ; d’un lever de soleil il fait un coucher de soleil ; ou encore d’après un portrait de la colère, prenant le contre-pied de chaque idée, de chaque période, il trace celui de la douceur. […] Elle développe l’imagination, sans prêter, comme la fiction, au romanesque et à l’excentrique ; elle présente la méthode la plus efficace pour connaître à fond les annales des peuples anciens et modernes, à leurs plus brillantes époques ; en s’appuyant sur des faits, des caractères, des mœurs, des passions réelles, elle éloigne du vague et du lieu commun, et le jeune homme accoutume son âme à comprendre le grand, et à penser lui-même comme les illustres personnages qu’il fait parler.
Ainsi le dénoûment des ouvrages bien conduits est toujours convenable et facile : s’il se présente mal, c’est que la charpente est mal montée. […] Tout le reste, la visite à l’île, la colonisation de l’île, les combats contre les sauvages, les voyages en Chine et en Tartarie, c’est-à-dire au moins la moitié du livre, ne présente plus ni intérêt, ni originalité, ni rapport avec l’idée fondamentale ; et quand enfin l’auteur s’arrête, on ne sait pas pourquoi il le fait ; il n’a aucun motif pour ne pas continuer, pour ne pas ajouter autant de volumes qu’en peut admettre un voyage autour du monde. […] Il sait concilier le goût que les hommes ont pour l’apparence même de la vérité avec le plaisir que la surprise leur cause, et il tempère avec tant d’art le mélange de ces deux sortes de satisfaction, qu’en trompant leur attente il ne révolte point leur raison ; la révolution de la fortune de ses héros n’est ni lente ni précipitée, et le passage de l’une à l’autre situation étant surprenant sans être incroyable, il fait sur nous une impression si vive par l’opposition de ces deux états, que nous croyons presque éprouver dans nous-même une révolution semblable à celle que le poëte nous présente. » Enfin le dénoûment doit être rarement pris en dehors de l’action, et s’il en est ainsi, que l’intervention de l’agent étranger et supérieur soit toujours justifiée par la nécessité : Nec Deus intersit, nisi dignus vindice nodus. […] Elle procède de même pour les autres membres dont se compose le corps de l’écrit ou du discours : narration ou thèse, description des choses, description des hommes, présentée sous la forme du portrait, du parallèle ou du dialogue, amplification, quand elle est demandée par la grandeur des tableaux ou l’entrainement des passions, argumentation qui contient la confirmation et la réfutation, et qui fait passer dans la rhétorique toute la rigueur de la méthode syllogistique.
Ainsi l’exorde doit être modeste et insinuant, la confirmation doit présenter les preuves dans un certain ordre de bataille, les plus fortes en tête et les plus faibles en queue, ou vice versa, les plus fortes en queue et les plus faibles en tête, etc., etc. » Vous sentez déjà vous-mêmes combien il est téméraire de vouloir fixer les règles d’un art comme l’éloquence, que les institutions et les mœurs transforment d’âge en âge, comme les différentes latitudes modifient le tempérament des hommes et la nature des végétaux. […] L’Avocat. — Après, j’ai exposé le sujet, j’ai brièvement raconté les faits, m’attachant à les présenter sous le jour le plus favorable à l’accusé. […] Un lieu commun se présentait naturellement : la présomption favorable tirée des bons antécédents de l’accusé ; je m’en empare comme le naufragé de sa planche, je développe avec chaleur le fameux argument d’Hippolyte dans Phèdre : Un seul jour ne fait pas d’un mortel vertueux Un perfide assassin, un lâche incestueux. […] vous avez devant vous un jury composé de bourgeois et de paysans, pour qui un attentat à la propriété est le plus grand des crimes, que le seul mot d’incendie fait frémir pour leurs maisons, leurs récoltes, leurs troupeaux, et, au lieu de vous présenter avec le calme de la confiance, au lieu de dire : Messieurs, le hasard ne pouvait m’offrir pour mon début une affaire plus simple, où l’innocence de l’accusé éclatât plus manifestement et fût plus facile à démontrer, — vous allez parler de votre âge, de votre inexpérience, de la difficulté du procès ; vous allez appeler sur vous l’indulgence de ces braves gens, résolus d’avance à punir, je ne dirai pas le crime, mais l’ombre du crime d’incendie, comme si vous doutiez de la bonté de votre cause, comme si elle était déjà perdue à vos yeux et désespérée !
Il est surtout important de ne pas leur présenter plusieurs objets à la fois : il faut, pour ainsi dire, faire entrer dans leur esprit les idées une à une, comme on introduit une liqueur goutte à goutte dans un vase dont l’embouchure est étroite : si vous en versez trop en même temps, la liqueur se répand, et rien n’entre dans le vase. […] Une définition présente une idée générale, qui suppose des idées particulières ; et l’enfant, n’ayant pas encore acquis ces idées particulières, ne peut entendre la définition.
Condé et Turenne avaient été l’un et l’autre rebelles un moment : cette circonstance délicate, et trop marquante cependant pour être écartée d’un éloge historique, présentait à leurs panégyristes un endroit difficile à traiter. […] Mascaron ne fait qu’indiquer en passant, et se borne à présenter dans l’éloignement le tableau affligeant de la guerre civile. […] « Quel objet se présente à mes yeux ?
Mais il faut se garder de conclure de là que toute vérité présentée sous la forme du syllogisme soit par le fait même suffisamment démontrée. […] L’exemple cité plus haut revient à un dilemme : — Ou vous avez de meilleurs plans à proposer, et il est trop tard ; ou vous n’en avez pas, et il faut adopter celui qu’on vous présente. — Le dilemme est une suite d’enthymèmes présentés sous une forme vive et pressante.
Les comparaisons des écrivains latins sont déjà plus étroitement liées à leur sujet ; et les prosateurs, comme les poëtes des deux derniers siècles de notre littérature, en présentent un grand nombre à la fois riches et exactes, brillantes et correctes. […] Est-ce parce que l’idée tourne, en quelque sorte, pour se présenter sous une autre face ? […] Toute doctrine religieuse, morale, scientifique, politique, le drame comme le sermon, la thèse comme la poésie, se présentaient alors sous forme de parabole. […] L’allégorie dont je veux parler n’est qu’un détail jeté dans un poëme ou dans quelque autre ouvrage, une image vive et diaphane dont ou revêt une pensée, soit pour l’embellir et la rendre plus sensible, soit pour présenter avec ménagement quelque vérité utile, mais sévère. […] L’allégorisme, au contraire, ne présente qu’un objet, sous un nom emprunté.
Frappés du coloris de ces tableaux de mœurs, du piquant de ces détails qui présentaient la vie des hommes au naturel, ils voulurent les reproduire, mais au lieu de rattacher, comme l’avait fait Bourdaloue, leurs portraits à des principes, ils firent de l’accessoire le principal, et d’une petite partie, le tout. […] Dans les livres même qui, sous le nom de Caractères, présentent la satire générale de la société, je veux que, comme chez la Bruyère, ils entrent dans les preuves ou dans les développements, et ne soient jamais le fond même de l’ouvrage. […] Il est, en effet, dans une œuvre didactique ou oratoire, certaines preuves, certains sentiments, certaines vérités, sur lesquels on ne peut assez appuyer, comme, dans un récit, certains faits qu’il faut agrandir, ou au contraire atténuer par la manière dont on les présente. […] Cette forme cependant est la meilleure ; c’est le portrait mixte, c’est-à-dire celui qui présente à la fois le physique et le moral de l’individu.
Tout ce que j’ai dit de la synecdoque prouve qu’il y faut comprendre la figure qu’on a souvent appelée antonomase, qui substitue un nom commun à un nom propre, et réciproquement, ou encore un nom propre ou commun à un autre qui présenterait la même idée, mais d’une manière moins pittoresque, moins métaphorique. […] Et, en effet, la métalepse n’étant que l’emploi de l’antécédent, du conséquent, d’un accessoire quelconque de l’idée pour l’idée elle-même, ou la substitution de l’expression indirecte à l’expression directe, elle présente bien ce caractère de trope par correspondance, qui est celui de la métonymie. […] Une flotte, dit-on présente à la vue ses voiles plutôt que ses mâts ; cela est vrai ; mais pourquoi cent voiles pour cent vaisseaux ? […] Il remarquera enfin que les tropes même les plus larges et les plus libres présentent, dans l’application, des phrases consacrées auxquelles il est défendu de toucher.
Les choses grandes et dignes d’être racontées, c’est-à-dire les choses intéressantes par l’agrément ou par le fond d’instruction qu’elles présentent, sont les seules qui puissent faire la matière d’une histoire. […] L’auteur, dépouillé de tout sentiment étranger à son objet, livré entièrement et uniquement à la vérité qu’il peint, la présente telle qu’elle est, avec la naïveté, la force, la candeur, qui lui sont propres. […] L’Histoire profane est le tableau des siècles passés présenté aux siècles à venir pour leur servir d’instruction. […] Il faudrait présenter non seulement les rapports des causes et des effets qui occupent la scène du monde, mais encore les germes plus ou moins développés des catastrophes réservées aux siècles suivants. […] Ainsi, il faut que l’historien nous mette d’abord au fait des temps, des lieux, des caractères, des mœurs, des intérêts ; qu’il présente ensuite, au milieu de toutes ces circonstances, le germe de l’événement à raconter ; qu’il ensuive les développements, les progrès, et qu’il les conduise jusqu’à la fin.
À en juger par la première idée qui se présente, l’épopée est une histoire, ou quelque chose qui lui ressemble fort, puisque ce sont des faits, des événements qu’on y raconte. […] Les divinités allégoriques ne doivent être présentées qu’une fois, et en passant, parce que ce n’est proprement qu’un tour poétique ; à moins qu’on ne les personnifie directement, comme a fait Despréaux de la Discorde, dans son Lutrin. […] Ici, une difficulté se présente quand il s’agit de nos sujets modernes. […] Les mœurs seront égales, si l’objet qu’on a présenté avec les couleurs qui le désignent est toujours le même ; s’il agit et parle toujours dans le même esprit135. […] Tout ce qu’on lui permet dans ce cas, c’est de jeter en passant des réflexions courtes et vives, qui paraissent naître des faits et s’être présentées d’elles-mêmes ; mais les exemples parlent assez haut, et les actions que font ses héros, et les jugements qu’il en fait porter à ses lecteurs, sont précisément le langage qui lui convient136.
La raison de ces trois divisions que nous venons d’indiquer, savoir : la fin du vers qui comprend les deux derniers pieds, le milieu qui renferme un pied et demi, et le commencement, deux pieds et demi, c’est d’abord la difficulté que présentent les deux derniers pieds, dont l’un doit être dactyle ; c’est ensuite la césure qui doit se trouver au commencement du troisième pied. […] Les épithètes qui ne présentent pas quelques uns de ces caractères, doivent être bannies de la poésie, comme des mots parasites qui ne font que ternir l’idée exprimée par les substantifs50 Les épithètes se tirent principalement de la nature des choses, des circonstances, du caractère. […] L'adjectif loquacibus exprime bien l’état habituel des oiseaux ; mais c’est ici leur situation présente qu’il faut envisager. […] La périphrase ne doit être employée que pour exprimer une idée par des traits plus distincts et plus sensibles, ou la présenter sous des couleurs plus vives et plus gracieuses. […] Ce n’est point un pareil secours ni un tel défenseur que réclame la circonstance présente.
Lorsqu’il ne s’agit que d’exposer un fait, de tracer un tableau rapide, de s’abandonner à un sentiment, dans certaines questions même politiques ou judiciaires, il arrive quelquefois que les développements se présentent à l’imagination en même temps que l’idée première, et marchent de front avec elle, ou en découlent tout naturellement. […] Non plus à présenter l’idée dans sa réalité complète et sous toutes ses faces, mais à réunir et à mettre dans leur jour les traits favorables à l’opinion que vous soutenez, en laissant dans l’ombre les côtés opposés et même voisins. […] Chacun choisit l’endroit qui lui paraît le plus éclatant dans une si belle vie : tous entreprennent son éloge, et chacun, s’interrompant lui-même par ses soupirs et par ses larmes, admire le passé, regrette le présent et tremble pour l’avenir. — Synthèse : Ainsi tout le royaume pleure la mort de son défenseur, et la perte d’un seul homme est une calamité publique. » La première méthode est préférable, lorsque, dans un sujet vaste et compliqué, il s’agit de communiquer une science faite, ou de présenter dès l’abord, pour le bien faire saisir, le dessein général, l’idée première d’un ouvrage. […] « Tout dégénère entre les mains de l’homme : » — présentée avec un caractère d’universalité si tranchant, une telle proposition révolte l’esprit, qui pouvait être amené doucement à la même conclusion par une analyse préalable.
. — L’histoire naturelle, prise dans toute son étendue, est une histoire immense ; elle embrasse tous les objets que nous présente l’univers….. » Buffon n’a pas commencé autrement. […] Que la division soit complète, c’est-à-dire qu’il n’y manque aucun des membres qui font réellement partie de l’idée, et d’un autre côté, que ceux-ci ne soient pas multipliés au point de dissiper l’attention au lieu de la fixer, ou ne rentrent pas l’un dans l’autre de façon à substituer une synonymie à une analyse ; qu’elle soit naturelle, c’est-à-dire que les membres se présentent avec aisance à l’esprit, et ne soient jamais rapprochés forcément par les exigences d’une vaine et puérile symétrie ; enfin, qu’elle soit bien graduée, c’est-à-dire que le second membre enchérisse, autant que possible, sur le premier, le troisième sur le second, et ainsi de suite45. […] C’est lorsque, en dépit de la conscience de son crime et de l’indignation générale soulevée contre son infamie, Catilina a l’impudeur de se présenter au sénat et d’y prendre sa place ordinaire, que Cicéron fulmine contre lui son ex abrupte classique : Quousque tandem abutere patientia nostra… Il n’est que l’expression du sentiment éveillé dans tous les cœurs par l’audace du coupable. […] Lui-même, dans les livres de Rhétorique, conseille d’attirer sur la partie adverse, politique ou civile, l’envie, la haine, le mépris, en exposant tout ce que sa vie peut présenter d’odieux et d’infâme.
Présentez l’histoire des dieux païens et de leur entourage sous la forme de Lettres à Emilie, je le veux bien, le correspondant est à la hauteur du sujet ; mais s’il s’agit de chimie ou d’astronomie, faites-moi grâce de votre prose légère et de vos bouquets à Chloris. Les uns et les autres tombent naturellement et de bonne foi dans ce burlesque que le xviie siècle présentait sous deux faces, l’une parlant plaisamment de choses sérieuses, l’autre pompeusement de choses communes ou insignifiantes. […] Ou ces objets ne leur viennent pas dans l’esprit, ou, si quelque circonstance leur en présente l’idée et les oblige à l’exprimer ; le mot propre qui les désigne est censé leur être inconnu, et c’est par un mot de leur langue habituelle qu’ils y suppléent. » Il n’y a plus de noblesse en France, politiquement parlant ; mais aucun décret, que je sache, n’a banni la noblesse de l’art et de la science. […] Dieu seul est toujours le même, et ses années ne finissent point ; le torrent des âges et des siècles coule devant ses yeux ; et il voit avec un air de vengeance et de fureur de faibles mortels, dans le temps même qu’ils sont entraînés par le cours fatal, l’insulter en passant, profiter de ce seul moment pour déshonorer son nom, et tomber au sortir de là entre les mains éternelles de sa colère et de sa justice. » Massillon a présenté deux fois la même idée à peu près dans les mêmes termes, dans un des sermons du Grand Carême, et dans le Discours prononcé une bénédiction des drapeaux du régiment de Catinat.
Innombrables sont les auteurs que M. l’abbé Piron a mis à contribution pour composer son Cours, et il lui a fallu une grande force de condensation, un goût sûr, un tact parfait, pour présenter avec un intérêt soutenu tant de pensées et de préceptes divers. Chaque volume offre un plan harmonieux et complet, dans lequel l’estimable auteur suit une marche logique, présente des divisions claires et naturelles, des définitions exactes et nettes. […] Le traité du Style, comme celui de la Poésie, présente, à mes yeux, de nombreux avantages sur tous les ouvrages de ce genre.
Si la volonté tend à s’unir à l’objet qui lui est présenté, c’est l’amour ; si elle veut s’en éloigner, c’est la haine. […] Chaque chose doit être présentée selon ce qu’elle est ; et la nature du sujet décide souverainement de la manière de le traiter. […] Les moyens trouvés et mis en ordre, il ne reste plus qu’à les présenter avec force et chaleur ; c’est le devoir de l’Élocution. […] Il n’y a que les faiseurs d’énigmes qui soient en droit de présenter un sens enveloppé. […] Telle fable de La Fontaine, telle page de Cicéron, de Bossuet ou de Racine, nous les présente tous les trois.
Mais je ne saurais trop répéter que le romancier doit toujours présenter la vertu sons des couleurs favorables et attrayantes, la faire respecter, la faire aimer dans le sein même des plus affreux malheurs et des plus humiliantes disgrâces ; qu’il doit peindre le vice sous les couleurs les plus noires et les plus propres à inspirer l’horreur qu’il mérite, fût-il monté au faîte des honneurs, et parvenu au comble de la plus brillante prospérité. […] On dit que d’Urfé a voulu, sous cette image, présenter un tableau des intrigues de la cour de Henri IV.
Aussi, la pensée de mes enfants m’inspire une haine profonde pour le nom Athénien, puisque vous voyez que je me présente devant vous, guidé et soutenu par les bras de mes esclaves, et non par ceux de mes fils. […] Tant que j’étais avec vous, vous n’avez pas vu mon âme, mais d’après mes actions, vous compreniez qu’elle était présente dans ce corps. […] Tous ceux qui se présenteront avec un corps de troupes bien fournies, bien équipées, seront comblés par moi des présents que nous regardons comme les plus honorables. […] « Il est peu de changements dans la vie de l’homme qui ne présentent un avenir à craindre. […] Enfin un cavalier Gaulois ou Cimbre, se présenta, et l’épée à la main, entra dans la chambre où reposait Marius.