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54. (1883) Poétique et Rhétorique (trad. Ruelle)

Voilà pour le nombre et la nature des différences que comporte l’imitation. […] Le caractère moral, c’est ce qui est de nature à faire paraître le dessein. […] Du nombre et de la nature des sources du syllogisme. […] Il s’ensuit nécessairement qu’il y aura sensation agréable, le plus souvent, dans le fait de passer à un état conforme à la nature et, surtout, dans le cas où reprendront leur propre nature les choses produites conformément à cette nature. […] La loi commune est celle qui existe conformément à la nature.

55. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

On dira fort bien en effet que, selon la nature du sujet, la forme adoptée, la classe de lecteurs ou d’auditeurs auxquels on s’adresse, les mœurs, les circonstances, etc., le genre d’écrire sera plus nu ou plus fleuri, plus négligé ou plus châtié, plus familier ou plus noble. […] Ainsi, tandis que les qualités que j’ai désignées comme essentielles sont partout indispensables, la noblesse du style dépend de la nature du sujet et du genre, et se modifie à l’infini selon les circonstances. […] Quand le discours est improvisé, point de règles, bien entendu ; l’orateur obéit à une impulsion spontanée, la nature agit presque en dépit de lui-même ; seulement, qu’on ne perde pas de vue ce que j’ai dit au chapitre des Passions, sur la nécessité de savoir se maîtriser, même en ces occasions. […] C’est donc moins encore la négation de la nature humaine que sa perfection idéale. […] Le mal, comme le bien, peut, il est vrai, nous emporter hors de notre nature ; mais le mal nous emporte au-dessous, pour ainsi dire ; le bien nous élève au-dessus.

56. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Définition et division. »

Il se peut que je ne puisse, avec le peu d’art que je possède, découvrir la fausseté de ses principes et démontrer ce qu’ils ont d’odieux ; mais je n’en serai pas moins certain qu’il choque, en parlant, la nature, la vraisemblance et la raison, qui sont les fondements de toutes les règles, et ma définition seule l’exclura du rang des bons rhéteurs. […] Gerusez, est comme toutes les sciences, utile aux bons esprits, nuisible aux esprits faux ; c’est la liqueur que le vase améliore ou corrompt selon sa nature. […] Guidés seulement par la nature, ils apprennent bientôt et d’eux-mêmes à marcher, à se nourrir, à nager. […] Ce passage seul peut faire comprendre combien la science de bien dire est importante, noble, sublime, et combien l’on doit craindre de la dégrader, en l’éloignant de la vérité et de la vertu qui sont les sources du beau, pour la faire servir au triomphe du vice et du mensonge, qui avilissent l’homme, et des passions immorales qui le rapprochent de la brute, dont la parole doit par sa nature le distinguer plus que toute autre chose.

57. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Ainsi, plus on s’est, en tout sens, éloigné de la nature, plus on a mis d’affectation à avoir sans cesse son nom à la bouche, ce qui est en effet beaucoup plus commun que de la connaître, et plus facile surtout que de l’imiter. […] Revenons donc à la vérité, à la nature, et l’ordre rentrera dans nos idées, et les mots diront ce qu’ils doivent dire. […] De là cette délicieuse onction qui coule avec les vers du poète, et qui ne trouverait pas insensible le cœur le plus étranger aux émotions de la nature. […] Le plus saint des devoirs, celui qu’en traits de flamme La nature a gravé dans le fond de notre âme, C’est de chérir l’objet qui nous donna le jour. […] Ce langage, qui serait même déplacé dans une pièce profane, est quelque chose de plus dans un morceau de la nature de celui-ci, et nous sommes étonnés que Florian se soit permis un tel écart.

58. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

Or, comme le plus souvent l’exposé des choses n’est utile que parce qu’il contribue à rendre les faits plus vraisemblables, plus intéressants, plus sensibles, la description, par sa nature et par son but, se rattache intimement à la narration. […] La variété et l’originalité dépendent surtout du style, et je recommanderai encore ici le procédé des peintres, quand, par le mélange des couleurs, ils parviennent, eu étudiant scrupuleusement la nature, à varier les nuances à l’infini. […] Trouvez sur votre palette ces mille espèces de vert et de bleu que vous donne la nature ; trouvez-les dans un style à la fois net et flexible, dans une profonde connaissance et une grande habitude des ressources de la langue, dans un vocabulaire d’une étendue considérable, qui permette de rendre, tout en évitant le néologisme, les nuances les plus légères et les plus fugitives. […] Pour y parvenir, l’écrivain rattachera la description tantôt aux héros du poëme, du drame, du roman, du discours, par l’harmonie ou les contrastes qu’il établit entre la nature extérieure et les sentiments qui les animent ; tantôt au lecteur lui-même, en mettant l’action en lui, en réveillant, pour les lui faire partager ou du moins comprendre, les émotions humaines qui dorment au sein de la nature, en faisant pénétrer enfin dans les objets physiques un élément moral. […] La nature seule est presque toujours froide et inanimée.

59. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Enfermé dans la contemplation de la nature, Buffon lui empruntera quelque chose de sa paix, de son cours régulier et majestueux. […] Il ne s’agit point de la forcer d’obéir contre nature à un génie étranger ; il s’agit de lui rapprendre en quelque sorte son propre génie. […] C’est la nature humaine qu’il s’agit de représenter à elle-même sous un jour magique qui ne la défigure point et qui l’agrandisse. […] qui nous attache à ces grandes scènes de la nature ? […] La nature frémit en face de cette éternité inconnue.

60. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

C’est souvent aussi à la perversité de notre nature que tient le danger du théâtre. […] Mais il ne doit jamais sortir de la nature : là est la vérité éternelle, là est la source du plaisir dramatique. […] Partant de ce principe, que la nature est remplie de contrastes, qu’on y trouve le laid à côté du beau, le ridicule et le grotesque à côté du sublime, il représente ces mêmes contrastes sur la scène : il ne cherche pas, comme la tragédie, à élever, à ennoblir tout ce qu’il touche ; il exprime la nature telle qu’elle est, comme une médaille qui reproduit en saillie les creux du moule où elle a été coulée. Au lieu d’idéaliser la nature, il préfère la matérialiser : l’atroce et l’horrible sont les éléments qu’il aime. […] La première règle, c’est l’étude de la nature.

61. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

C’était la première fois que l’ouvrage des hommes produisait sur lui l’effet d’une merveille de la nature. […] Il n’en est pas des exils que la nature prescrit comme des exils commandés par les hommes. […] Jouffroy cherche la solution de ce problème dans l’analyse des faits moraux de la nature humaine. Il reconnaît que chaque être ayant sa nature à lui est prédestiné à une certaine fin conforme à cette nature. […] Voici quelle était la nature de cet obstacle imprévu.

62. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

À une époque où l’on préférait les salons aux champs et la clarté des bougies à la lumière du soleil, il eut encore le mérite de mettre en honneur le sentiment de la nature. […] Mortels, ne cesserez-vous jamais de calomnier la nature ? […] Bientôt de la surface de la terre j’élevais mes idées à tous les êtres de la nature, au système universel des choses, à l’être incompréhensible qui embrasse tout. […] La misère lui vient d’un accident, la félicité de sa nature et de sa prédestination. […] Je dispose en maître de la nature entière ; mon cœur, errant d’objet en objet, s’unit, s’identifie à ceux qui le flattent, s’entoure d’images charmantes, s’enivre de sentiments délicieux.

63. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Il renoua la chaîne des traditions, nous apprit le chemin de la Grèce, et mit à la mode l’art gothique, le moyen âge, le sentiment ému de la nature. […] Force de la nature et faiblesse de l’homme ! […] Les scènes humaines jetées dans un coin n’ont d’autre objet que de relever et de faire paraître davantage les scènes de la nature par l’harmonie ou par le contraste. […] Contemplez-le quelque temps, et la paix, une sorte de recueillement dans la nature, une perspective bien graduée, vous gagneront le cœur peu à peu, et donneront pour vous à cette petite composition un charme pénétrant. […] Ces contrastes sont-ils aussi complets, aussi tranchés dans la nature ?

64. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre II. Du Sublime dans les Choses. »

La grandeur se présente à nous sous la forme la plus simple, dans le vaste, dans l’immense tableau que nous offre la nature. […] L’infini de sa nature, l’éternité de sa durée, sa toute-puissance enfin, excèdent de beaucoup la portée de nos idées ; mais elles les élèvent au plus haut point qu’elles puissent atteindre. […] Une masse de rochers jetés au hasard par la main de la nature, nous frappe bien plus d’une idée de grandeur, que si l’art les avait arrangés avec une soigneuse symétrie. […] Ils appartiennent en général à ce que l’on est convenu d’appeler magnanimité, héroïsme, et produisent sur nous un effet absolument semblable à celui que produit le spectacle des grands objets de la nature.

65. (1854) Éléments de rhétorique française

Dieu est vivant et vous regarde : marchez. » La nature fait donc l’éloquence, conclut l’auteur que nous venons de citer : mais la nature seule n’est éloquente que par élans. […] La troisième consiste à prouver ; elle s’adresse à la partie la plus noble de la nature humaine, à la raison. […] L’unité est une de ces lois fondamentales que les arts ont empruntées à la nature. […] Tout dans la nature et dans les arts nous donne l’exemple des contrastes. […] Cette harmonie dépend de la nature et de l’arrangement des mots.

66. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Partout Massillon persuade, parce que l’intérêt de ses auditeurs est le seul qui l’occupe ; parce qu’il semble n’être monté en chaire que pour les prévenir du danger qui les menace ; et ce danger, il en est lui-même si pénétré, il le peint de couleurs si vraies, soutenues de preuves si convaincantes, toujours puisées dans la nature et dans le cœur de l’homme, que l’on ne peut pas ne pas rester convaincu avec lui de la réalité et de l’importance des vérités qu’il annonce. […] L’éducation fortifia ces sentiments de la nature : on lui apprit à connaître un Dieu, à l’aimer, à le craindre ; on lui montra la vertu dans les règles ; on la lui rendit aimable par des exemples ; et quoiqu’il trouvât en lui des penchants opposés au devoir, lorsqu’il lui arrivait de s’y laisser emporter, son cœur prenait en secret le parti de sa vertu contre sa propre faiblesse. […] Un sentiment si éloigné de la nature de l’homme, puisqu’il ne serait né que pour les fonctions des sens, aurait-il pu prévaloir sur la terre ? […] Les hommes se le sont persuadés eux-mêmes, ou plutôt la nature le leur a appris sans le secours des maîtres ; et seul, depuis le commencement des choses, il a passé des pères aux enfants, et s’est toujours maintenu sur la terre. » Ô vous, qui croyez être un amas de boue, sortez donc du monde, où vous vous trouvez seul de votre avis ; allez donc chercher dans une autre terre des hommes d’une autre espèce, et semblables à la bête ; ou plutôt, ayez horreur de vous-même, de vous trouver comme seul dans l’univers, de vous révolter contre toute la nature, de désavouer votre propre cœur ; et reconnaissez, dans un sentiment commun à tous les hommes, l’impression commune de l’auteur qui les a tous formés ».

67. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Ces dons heureux ne peuvent être le fruit du travail ; ce sont des talents qui ne s’acquièrent point par l’étude : nous les devons à la seule nature. […] C’est ce que font tous les jours des hommes, qui ont reçu de la nature les plus heureuses dispositions, mais qu’ils n’ont pas eu soin de cultiver par l’étude. […] Dans un bon ouvrage, les endroits où règne l’éloquence proprement dite, sont comme ces objets que la nature seule a produits avec toute la beauté dont ils étaient susceptibles. […] Concluons donc que l’éloquence véritable et proprement dite, est un talent heureux, mais bien rare, qui ne peut être qu’un don de la nature, et que l’autre espèce d’éloquence est un art qui ne peut s’acquérir que par l’étude et l’exercice. […] Ce n’est pas la nature brute et sauvage qu’il demande : c’est la nature sans pompe, sans ornements affectés, sans dessein formé de plaire.

68. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VIII. Des Figures en général. »

Marmontel s’est amusé à le prouver, en rassemblant à dessein, et sans s’écarter cependant du langage de la nature, toutes les figures possibles de diction et de pensées dans le discours d’un homme du peuple, en querelle avec sa femme. […] Cette figure est tellement dans le langage de la nature, qu’il n’est point de genre de poésie qui ne lui doive beaucoup : la prose l’admet fréquemment, et elle n’est point exclue de la simple conversation. […] La nature en ressent la blessure profonde, Et marque par son deuil la ruine du monde46. […] Voilà les cas où l’antithèse est bien placée, parce qu’elle y est nécessairement amenée par la nature même des circonstances. […] From diff’rent natures marvellously mix’d, Connexion exquisite of distant worlds : Distinguish’d link in being’s endless chain !

69. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Dans la forme, on examinera si l’exposition est simple, quels sont les ornements qui en relèvent la vivacité et 1’intérêt, quelle est la nature des moyens par lesquels l’interlocuteur reste maître de la discussion. […] La description représente un objet ou une action ; elle met en relief  la nature d’une chose, ou les diverses circonstances d’un fait. […] Ici, en regard du repos de la nature et de la douceur du spectacle, règnent par un habile contraste le mouvement et la majesté. […] Si les circonstances sont de nature à les modifier, ce changement sera amené avec adresse et vraisemblance ; 6° enfin, vous devez raconter des choses morales et imiter la belle nature. […] Ses yeux roulent à terre est une autre image contraire à la nature.

70. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voltaire, 1694-1778 » pp. 253-281

Les artistes, craignant d’être imitateurs, cherchent des routes écartées ; ils s’éloignent de la belle nature que leurs prédécesseurs ont saisie. […] Vous serez poëte et homme de lettres, moins parce que vous le voulez, que parce que la nature l’a voulu. […] Je crois toujours, comme je vous le mandais il y a longtemps, qu’il y a plus de profusion que d’économie dans la nature. […] C’est là encore une des profusions de la nature. […] « Mais ni la nature ni la fortune ne furent jamais si fortes contre lui que lui-même.

71. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre II. Des qualités essentielles du poète » pp. 16-21

Nous avons vu que le propre de la poésie est d’animer la nature. […] L’homme froid et impassible juge froidement toutes choses ; l’homme passionné s’imagine que tout prend part à ses transports ; la terreur crée autour d’elle des fantômes ; l’homme affligé prête sa tristesse à la nature ; celui qui est agité de remords s’imagine que tout va prendre une voix pour l’accuser. […] Une nature déserte, muette, où l’homme n’a jamais passé, pourra inspirer le poète en lui parlant de la puissance du Créateur et de l’immensité de l’univers ; mais, à coup sûr, les pays illustrés par les grands événements antiques, qui ont vu passer le flot des générations humaines, prêteront davantage à la poésie. […] Si la nature, si les monuments du passé, tels que les tombeaux, les ruines, sont des sujets très propres à faire naître l’inspiration, que sera-ce quand le poète prendra pour sujet de ses chants Dieu lui-même, ses perfections, sa grandeur, sa majesté, ses bienfaits ?

72. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

La nature donne les deux premières qualités. […] Mais il faut que la nature nous ait donné une sensibilité exquise jointe à une vive imagination. […] Sans doute, on peut néanmoins féconder la mesure qu’on reçoit de la nature. […] Il semble qu’à mesure qu’il se détache de la terre, il prend quelque chose de cette nature divine et inconnue qu’il va rejoindre. […] Il a, de même que la voix, son exptession, et cette expression n’est autre que le langage de la nature.

73. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bernardon de Saint-Pierre 1737-1814 » pp. 203-209

Enfin, à quarante ans, après une maladie noire causée par ses épreuves et ses mécomptes, il publia les Études de la nature (1784), œuvre originale qui le rendit subitement le favori de l’opinion. […] Ses derniers ouvrages, la Chaumière indienne (1791) et les Harmonies de la nature (1796) mêlent aux pages les plus riantes la fadeur d’un ton trop sentimental. […] Comparez ce paysage de Maurice de Guérin : c’est peint de prés, sur place, d’après nature. […] Il a l’imagination tendre ; quelquefois il en abuse, il amollit la nature. […] Il a l’imagination tendre ; quelquefois il en abuse, il amollit la nature.

74. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

C’est un don de la nature plutôt que de l’art. […] C’est la nature et la raison qui ont fixé le nombre et la place des parties du discours. […] Il faut des ombres à un tableau ; c’est la loi de tous les arts, c’est la loi de la nature. […] Quand le sujet demande un style pathétique, on doit le puiser dans la nature. […] C’est la nature et le goût qui doivent guider l’orateur.

75. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

On sait les exploits qui signalèrent en lui dès l’abord un des princes de la jeunesse, l’ange de l’école, un de ces élus qui font miracle par un don de nature. […] La nature même nous enseigne que la vie est dans l’action. […] Vous vous trompez, ô sages du siècle : l’homme n’est pas les délices de la nature, puisqu’elle l’outrage en tant de manières ; l’homme ne peut non plus être son rebut, puisqu’il a quelque chose en lui qui vaut mieux que la nature elle-même : je parle de la nature sensible. […] Il vient voir le Lazare décédé, il vient visiter la nature humaine qui gémit sous l’empire de la mort. […] Il faut le comparer aux vers de Lucrèce représentant un dialogue entre la Nature et l’Homme qui se plaint de la mort.

76. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Vos Géorgiques sont pleines des peintures les plus riantes : vous embellissez et vous passionnez toute la nature. […] A vous parler ingénument, si quelque chose vous empêche d’égaler Homère, c’est d’être plus poli, plus châtié, plus fini, mais moins simple, moins fort, moins sublime : car d’un seul trait il met la nature toute nue devant les yeux. […] Homère semble avoir oublié le lecteur pour ne songer qu’à peindre en tout la vraie nature. […] L’auteur y répand des trésors d’élégance ; il peint la nature, il en égale les richesses et les couleurs par l’éclat de son style : souvent il laisse échapper cette abondance de sentiments tendres et passionnés, langage naturel de son cœur. […] Cela veut dire, j’ai sacrifié quelque chose de la simplicité de la nature ; mais l’expression de Fénelon manque ici un peu de netteté. — De ces distinctions très-justes entre Homère et Virgile, ou plus généralement, entre les différents âges de l’épopée, on peut rapprocher une leçon (la 11e) du Tableau de la littérature au moyen âge, par M.

77. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Montesquieu. (1689-1755.) » pp. 130-139

Dès qu’il ouvrit les yeux pour les connaître, il apprit à les craindre ; et la religion vint adoucir dans les mœurs ce que la nature y avait laissé de trop rude. […] La nature ne fournissait pas moins à leurs désirs qu’à leurs besoins. […] Voulez-vous qu’il fasse une action vertueuse parce que je la lui commande, lui qui la ferait tout de même sans moi, et par le seul penchant de la nature ? […] Les accidents de la fortune se réparent aisément : on ne peut pas parer à des événements qui naissent continuellement de la nature des choses. Mais la nature ni la fortune ne furent jamais si fortes contre lui que lui-même.

78. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Il eut surtout le mérite de sentir vivement les beautés de la nature. […] Prière Les riches et les puissants croient qu’on est misérable et hors du monde, quand on ne vit pas comme eux ; mais ce sont eux qui, vivant loin de la nature, vivent hors du monde. […] toujours ancienne et toujours nouvelle, ô vie pure et bienheureuse de tous ceux qui vivent véritablement, s’ils vous cherchaient seulement au dedans d’eux-mêmes ; si vous étiez un amas d’or, ou un roi victorieux qui ne vivra pas demain, ils vous apercevraient, et vous attribueraient la puissance de leur donner quelque plaisir : votre nature vaine occuperait leur vanité3. […] Comme ou sent ici une nature passionnée ! […] Joubert dit aussi :« Socrate, dans Platon se montre trop souvent philosophe par métier, au lieu de se contenter de l’être par la nature et par vertu. » Les Sophiste, n’ayant aucun principe, discutaient à la fois le pour et le contre.

79. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Les rhéteurs cherchent des lieux communs ; l’orateur, le poète, trouvent la nature. […] Ce crédit vient de la nature ou des circonstances. […] La sensibilité de l’âme est un don de la nature, et non un effet de l’art. […] Cette règle est puisée dans la nature. […] C’est la nature des sujets qui doit régler, à cet égard, l’orateur judicieux.

80. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Les pensées naturelles sont puisées dans la nature : elles ont une simplicité qui les fait aimer. […] On ne doit point employer de périphrases quand l'idée est puisée dans la nature, et quand elle impose par elle-même. […] On reproche à Tertullien d'avoir dit que le déluge fut la lessive de la nature. […] Selon cette poétique, toute idée est puisée dans la nature, dans la croyance religieuse des peuples et dans leurs mœurs. […] La nature envers vous me semble bien injuste !

81. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

Néanmoins les faits historiques sont de nature à procurer plus de jouissance aux hommes graves et sérieux que les sujets entièrement inventés. […] Il peut varier de deux à douze, suivant la nature et les besoins de l’action. […] En cela plus imitateurs que nous de la nature, voici comment ils commencent leurs scènes. […] Ce tort cependant ne tient pas à la nature de la comédie ; il faut l’imputer au mauvais génie et à l’esprit dépravé de l’écrivain. […] Mais il faut prendre garde de passer les bornes de la nature.

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