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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Une étincelle qu’un souffle éteint ; il ne faut qu’un jour d’infirmité pour détruire le corps le plus robuste du monde. […] Quand vous auriez commencé à vivre avec le monde, le passé ne vous paraîtrait pas plus long ni plus réel. […] Les âges se renouvellent, la figure du monde passe sans cesse, les morts et les vivants se remplacent et se succèdent continuellement ; tout change, tout s’use, tout s’éteint. […] Tel préfère un célibat dangereux à un établissement qui le dégraderait dans le monde, et aime mieux s’exposer à toutes les suites de sa fragilité, que déshonorer son nom par une alliance inégale. […] Que Dieu retire sa main, le monde retombera dans le néant ; que l’autorité cesse dans le royaume, tout sera confusion.

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

(Sermon sur l’honneur du monde.) […] Enfin y a-t-il aucun vice que l’honneur du monde ne mette en crédit, si peu qu’il ait de soin de se contrefaire ? […] Ainsi fait-il voir au monde le néant de ses pompes et de ses grandeurs. […] Il n’est rien de si grand dans le monde, qui ne reconnaisse en soi-même beaucoup de bassesse. […] Que la place est petite que nous occupons en ce monde !

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Et c’est une des plus admirables choses de ce monde que jamais nul empire et nul succès n’ont pu assujettir l’histoire, et en imposer par elle à la postérité. […] Un temple lui offre sous une image sensible le dieu qui a fait le monde, le père de la justice et l’habitant des âmes. […] Plus je vieillis, plus je sens que la grâce de Dieu opère en moi le détachement de ce monde ; je ne me soucie plus que de faire la volonté de Dieu. […] C’est un jugement en dernier ressort : on peut en appeler des partis à l’humanité ; mais de l’humanité à qui en appeler en ce monde ? […] Cependant, ô mon Dieu, sur quoi roulent la plupart des entretiens du monde ?

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Le lieu commun sur la vanité du bonheur et des plaisirs de ce monde, de l’ambition, de la gloire, ne tentera plus que les sots après Bossuet. […] Le monde a changé. […] Sont-ils si regrettables les siècles où la littérature n’était qu’un plaisir délicat, et les gens de lettres que les amuseurs du grand monde ? […] N’a-t-elle pas les derniers restes de la barbarie à dissiper et tout un monde d’âmes et d’esprits à affranchir de l’ignorance ? […] Mais sa persistance n’a pas été en pure perte ; il a laissé au monde un grand et rare exemple, celui du devoir jusqu’au bout.

6. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Maintenon, 1635-1719 » pp. 138-145

Il faut qu’elles travaillent, qu’elles obéissent, qu’elles soient sobres, qu’elles ignorent le monde, qu’elles soient savantes de la science de Dieu, qui s’apprend moins dans les livres que dans la pratique solide de l’humilité et du renoncement à soi-même. […] Ne craignez point que des filles instruites avec cette simplicité soient incapables de vivre dans le monde ; et quand en effet Dieu les y appellerait, il ne faut2 pas moins leur inspirer la haine du monde, puisque Jésus-Christ l’a maudit à cause de ses scandales : la charité vaut mieux que toute la politesse du siècle. […] Personne au monde n’a autant besoin d’aide que moi. Ne me parlez jamais des obligations que vous m’avez, et regardez-moi comme dépouillée de tout ce qui m’environne, attachée au monde, mais voulant me donner à Dieu. […] Elle disait de sa création chérie : « Puisse Saint-Cyr durer autant que la France, et la France autant que le monde !

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — De Maistre, 1753-1821 » pp. 377-387

Deux caractères particuliers vous distinguent de tous les peuples du monde : l’esprit d’association et celui de prosélytisme. […] Le monde politique est aussi réglé que le monde physique ; mais comme la liberté de l’homme y joue un certain rôle, nous finissons par croire qu’elle y fait tout2. […] Arbre gigantesque du nouveau monde. […] Outre ses frontières visibles, la grande nation a des frontières invisibles qui ne s’arrêtent que là où le genre humain cesse de parler sa langue, c’est-à dire aux bornes mêmes du monde civilisé. […] Le monde s’en inspire, la Belgique en vit.

8. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fénelon 1651-1715 » pp. 118-132

Le monde le vomit aussi à son tour, car il ne veut rien que de vif et de ferme. […] Recourez assidûment aux sacrements, qui sont les sources de vie, et n’oubliez jamais que l’honneur du monde et celui de l’Évangile sont ici d’accord. […] Rien au monde n’est plus à vous pour toute la vie que moi. […] Elle fait même autant de mal selon le monde que selon Dieu. […] C’est notre rôle à nous, à qui l’expérience a révélé la vérité sur les choses de ce monde, de vous la dire.

9. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Ce qui étonne, ce n’est pas que la semence du vrai, du bien, soit étouffée dans le monde, ou s’y dessèche presque aussitôt, c’est qu’une partie de cette divine semence y trouve çà et là un peu de bonne terre où elle fructifie. […] N’en doutez pas, c’est la fête, la grande fête qui se prépare, et qui commencera lorsque le monde aura été purifié. […] oui, nous sommes ainsi faits, et la famille qui flottait dans l’Arche sur les ruines d’un monde entier, d’un monde pervers dont elle détestait les crimes, n’en éprouvait pas moins, quoiqu’elle connût ses hautes destinées, des souffrances inexprimables. […] Après Dieu, je ne tiens fortement qu’à elle seule en ce monde. […] C’est pourquoi Jésus veut que ses disciples, en allant annoncer la parole qui doit renouveler le monde, s’affranchissent de tout ce qui les rendrait, à quelque degré, esclaves du monde.

10. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

Ésope expliqua cette énigme, en disant que le temple est le monde ; la colonne, l’année ; que les villes sont les mois, et les arcs-boutants, les jours, autour desquels se promènent alternativement le jour et la nuit. […] Ce monde-ci n’est qu’une œuvre comique, Où chacun fait des rôles différents. […] Descends, Hymen, descends des cieux, Viens remplir les vœux des deux mondes. […] Remonte, Hymen, remonte aux cieux ; Tu remplis les vœux des deux mondes. […] Gronde, tonnerre affreux, et ravage le monde              Par tes redoutables fureurs ; Fais tout trembler d’effroi sur la terre et sur l’onde.

11. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Elle fait même autant de mal selon le monde que selon Dieu. […] Un sérieux mou, où les passions règnent tristement, fait une vie obscure, lâche, corrompue, dont le monde même, tout monde qu’il est, ne peut s’empêcher d’avoir horreur. Ainsi, peu à peu, vous quitteriez le monde, non pour Dieu, mais pour vos passions, ou du moins pour une vie indolente qui ne serait guère moins contraire à Dieu, et qui serait plus méprisable, selon le monde, que les passions même les plus dépravées. […] Où est-elle cette vive lumière qui illumine tout homme venant en ce monde ? […] Allez chercher le vrai mérite jusqu’au bout du monde : d’ordinaire il demeure modeste et reculé.

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

Et qu’est-ce que dans le monde on ne corrompt point tous les jours ? […] Vous êtes l’homme du monde que je révère le plus. […] et qu’avez-vous fait dans le monde pour être gentilhomme ? […] Il écouta toute la pièce avec un sérieux le plus sombre du monde, et ce qui égayait les autres ridait son front. […] — Qu’il est mauvais, répond Anthime, qu’il est mauvais ; qu’il est tel, continue-t-il, que ce n’est pas un livre, on qui mérite du moins que le monde en parle — Mais l’avez-vous lu ? 

13. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Le monde, en apparence, avait ruiné l’Église, mais elle a accablé le monde sous ses ruines. […] C’est la chose la plus aisée du monde, et il n’y a si pauvre esprit qui n’en fît autant. […] Le mieux du monde. […] que le tumulte du monde, que l’éclat du monde est enseveli et anéanti ! […] On se retire du monde, mais on est bien aise que le monde le sache, et, s’il ne le devait pas savoir, je doute qu’on eût le courage et la force de s’en retirer.

14. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Cette morale nous apprend à nous bien comporter dans le monde. […] Ainsi la morale de l’homme du monde consiste dans la pratique des vertus morales, et dans la cs. […] Il faut pour cela un grand usage du monde, et une longue suite d’observations réitérées. […] Son ouvrage est un livre fait pour les bons esprits et pour l’homme qui a l’usage du monde. […] La vérité se montra aux hommes ; les nations la reconnurent ; et la face du monde entier fut changée.

15. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

salut, maître du monde ! […] Voilà ce qu’avait fait ce jeune homme ; il était parti devant, il avait entraîné le monde après lui. […] Non ; un monde ! […] À l’instar des dieux d’Homère, il veut arriver en quatre pas au bout du monde. […] Un jour, on trouve un monde par le calcul ; un autre jour, on impose des bornes à l’empire de la douleur.

16. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bourdaloue 1632-1704 » pp. 89-93

Dix-huit années de préparation studieuse à laquelle s’ajouta l’expérience du monde nourrirent sa forte éloquence, qui, à partir de 1669, se multiplia sans relâche pour semer le bon grain. […] En effet, combien dans le monde de scélérats travestis en gens d’honneur ! […] Mais il prétend raisonner tout autrement à l’égard du monde entier, et il veut que, sans providence4, sans prudence, sans intelligence, par un pur effet du hasard, ce grand et vaste univers se maintienne dans l’ordre merveilleux où nous le voyons. […] Là, oubliant toutes les choses du monde, je repasserai devant Dieu toutes les œuvres de ma vie, dans l’amertume de mon âme4. […] Combien crois-tu que j’en connaisse qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, et, sous un dehors respecté, ont la permission d’être les plus méchants hommes du monde ?

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Bossuet 1627-1704 » pp. 65-83

Mais considérez où vous êtes, et en quelle basse région du monde vous avez été relégué. […] Voilà, si je ne me trompe, une peinture assez naturelle de la vie du monde et de la vie de la cour. […] Quelle apparence4 de quitter le monde, dans un âge où il ne présente rien que de plaisant5 ? […] Elle n’a point encore d’expérience des maux du monde, ni des traverses qui nous arrivent : de là vient qu’elle s’imagine qu’il n’y a point de dégoût, de disgrâce pour elle. […] Bossuet fait appel à ce que le monde sait de la vie de tous les jours.

18. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Son berceau a été fatal aux temples et aux autels, a ébranlé les fondements de l’idolâtrie, a renversé le trône du prince du monde. […] Mais ce sont les amusements d’un esprit qui se contente de peu, et non pas les occupations d’un homme qui prend plaisir de naviguer dans l’orage1, et qui n’est pas venu au monde pour le laisser en oisiveté. […] Voilà comme quoi1 il y a des changements dangereux ; et quand notre jeune ami aura autant vécu que nous, il n’aura pas meilleure opinion que nous de ceux qui veulent réformer le monde. […] Le monde, en apparence, avait ruiné l’Église ; mais elle a accablé le monde sous ses ruines. […] Le sang des martyrs a été fertile, et la persécution a peuplé le monde de chrétiens.

19. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

On peut le puiser dans les quatre mondes différents qui constituent ce qu’on appelle la nature. […] Le monde existant, l’univers actuel renferme les faits physiques, moraux, politiques, religieux, etc., qui se passent sous nos regards. 2. Le monde historique contient les grands enseignements du passé, les faits célèbres de tous les temps accomplis. 3. Le monde fabuleux nous rappelle la mythologie, ses dieux antiques et ses héros imaginaires, 4. […] Le moraliste qui peint les travers de la société vivante, l’écrivain qui retrace quelque grande scène de la nature, prennent leurs sujets dans le monde existant ; l’annaliste s’empare du monde historique, le romancier vit dans le monde idéal ; quant au monde fabuleux, il est aujourd’hui presque abandonné.

20. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VII. Fontenelle. »

. ; le monde physique, le monde moral, le monde intellectuel, etc. […] Il a fait mouvoir tous les astres dans des espaces libres : dès lors plus de fluide, plus de résistances, plus de frottements ; les liens qui unissent ensemble toutes les parties du monde, ne sont plus que des rapports de gravitation, des êtres purement mathématiques. […] Que la main du génie qui préside à l’univers saisisse le géomètre, et le transporte tout à coup dans le monde de Descartes : viens, monte, franchis l’intervalle qui te sépare des cieux ; approche de Mercure, passe l’orbe de Vénus, laisse Mars derrière toi, viens te placer entre Jupiter et Saturne ; te voilà à quatre-vingt mille diamètres de ton globe. […] « Ce fut le 8 juillet de l’année 1709 que se donna cette bataille décisive de Pultava, entre les deux plus singuliers monarques qui fussent alors dans le monde ; Charles XII, illustre par neuf années de victoires ; Pierre Alexiowitz, par neuf années de peines prises pour former des troupes égales aux troupes suédoises ; l’un glorieux d’avoir donné des états, l’autre d’avoir civilisé les siens ; Charles aimant les dangers, et ne combattant que pour la gloire ; Alexiowitz ne fuyant point le péril, et ne faisant la guerre que pour ses intérêts : le monarque suédois libéral par grandeur d’âme ; le Moscovite ne donnant jamais que par quelque vue : celui-là d’une sobriété et d’une continence sans exemple, d’un naturel magnanime, et qui n’avait été barbare qu’une fois ; celui-ci n’ayant pas dépouillé la rudesse de son éducation et de son pays, aussi terrible à ses sujets qu’admirable aux étrangers, et trop adonné à des excès qui ont même abrégé ses jours.

21. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

Ne tentez donc pas de retomber à quatre pattes : personne au monde n’y réussirait moins que vous. […] De moi, de l’univers entier, de tout ce qui est, de tout ce qui peut être, de tout ce qu’a de beau le monde sensible, et d’imaginable le monde intellectuel : je rassemblais autour de moi tout ce qui pouvait flatter mon cœur ; mes désirs étaient la mesure de mes plaisirs. […] Je suis né avec un amour naturel pour la solitude, qui n’a fait qu’augmenter à mesure que j’ai mieux connu le monde. […] Personne au monde ne me connaît que moi seul. […] S’il fallait effacer dans le monde les traces de toutes mes folies, il y aurait trop de lettres à retirer, et je ne remuerais pas le bout du doigt pour cela.

22. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

Il passa les douze premières années de sa vie dans le monde et dans les camps, où il servit sous les ordres de Maurice de Nassau et du duc de Bavière (1617-1619). […] Enfin notre siècle me semblait aussi fleurissant et aussi fertile en bons esprits qu’ait été aucun des précédents : ce qui me faisait prendre la liberté de juger par moi de tous les autres, et de penser qu’il n’y avait aucune doctrine dans le monde qui fût telle qu’on m’avait auparavant fait espérer. […] Mais, après que j’eus employé quelques années à étudier ainsi dans le livre du monde et à tâcher d’acquérir quelque expérience, je pris un jour résolution d’étudier aussi en moi-même, et d’employer toutes les forces de mon esprit à choisir les chemins que je devais suivre ; ce qui me réussit beaucoup mieux, ce me semble, que si je ne me fusse jamais éloigné ni de mon pays ni de mes livres1. […] La profession des armes, en laquelle vous êtes nourri, accoutume les hommes à voir mourir inopinément leurs meilleurs amis, et il n’y a rien au monde de si fâcheux que l’accoutumance ne le rende supportable. […] N’est-ce pas la lâcheté d’esprit qu’il faut accuser d’avoir prolongé l’enfance du monde et des sciences ?

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Nulle science n’est pour elles trop profonde, Et céans beaucoup plus qu’en aucun lieu du monde ; Les secrets les plus hauts s’y laissent concevoir, Et l’on sait tout chez moi, hors ce qu’il faut savoir. […] Il est sûr de faire fortune : il est bête. » Il y a assurément ici un peu d’exagération : les bêtes et les sots ne sont pas plus sûrs de faire fortune dans le monde que les gens d’esprit. […] Le monde est volontiers sévère pour les défauts des gens d’esprit, et indulgent pour les défauts des sots. […] Il n’y a point d’autre ouvrage d’esprit si bien reçu dans le monde, et si universellement goûté des honnêtes gens, je ne dis pas qu’il veuille approuver, mais qu’il daigne lire : incapable d’être corrigé par cette peinture, qu’il ne lira point. » (La Bruyèrs.) […] Je lis dans Balzac cette page piquante : « Toutefois, puisque je vous l’ai promis, il faut se résoudre d’aller à Paris, quand j’y devrais être aussi étranger qu’en un autre monde, et qu’on en chasserait les mauvais courtisans comme on en chasse les mauvais ministres.

24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Descartes 1596-1650 [Notice] Né à la Haye (Indre-et-Loire), élève des Jésuites de la Flèche, René Descartes passa les douze premières années de sa vie dans le monde et dans les camps, où il servit sous les ordres de Maxime de Nassau et du duc de Bavière (1617-1619). […] Quel autre lieu pourrait-on choisir3 au reste du monde où les commodités de la vie et toutes les curiosités qui peuvent être souhaitées soient si faciles à trouver qu’en celui-ci ? […] La profession des armes, en laquelle vous êtes nourri, accoutume les hommes à voir mourir inopinément leurs meilleurs amis, et il n’y a rien au monde de si fâcheux que l’accoutumance ne le rende supportable. […] On lit dans Boileau (satire IV) : Comme on voit qu’en un bois que cent routes séparent Les voyageurs sans guide assez souvent s’égarent, L’un à droit, l’autre à gauche, et, courant vainement, La même erreur les fait errer diversement : Chacun suit dans le monde une route incertaine, Selon que son erreur le joue et le promène ; Et tel y fait l’habile et nous traite de fous, Qui sous le nom de sage est le plus fou de tous. […] Descartes désigne sans doute son Traité du Monde, à l’impression duquel il renonça en apprenant la condamnation de Galilée (1633).

25. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Un temps viendra, sans doute, où des lois plus humaines De vos bras opprimés relâcheront les chaînes : Dans un monde nouveau vous aurez un soutien ; Car pour ce monde-ci je n’en espère rien2. […] Au bout de quatre-vingts hivers, Dans mon obscurité profonde, Enseveli dans mes déserts, Je me tiens déjà mort au monde. […] Il est né pour aimer : l’élite des Français Est l’exemple du monde, et vaut tous les Anglais. […] Heureux qui regarde d’un œil tranquille tous ces grands événements du meilleur des mondes possibles ! […] Quand Dieu se retire du monde, le sage se retire en Dieu. — Nous ne voyons bien nos devoirs qu’en Dieu.

26. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Les événements les plus importants de son existence furent des tendresses dévouées, des regrets fidèles, et des pensées dignes d’être achevées dans le monde des purs esprits. […] Maillet-Lacoste, vrai métromane en prose, et l’homme du monde le plus capable de bien écrire, si, ne voulant pas écrire trop bien, il pouvait quelquefois s’occuper d’autre chose que de ce qu’il écrit ; M. […] Accueillez mon Maillet, le plus sage des fous et le plus fou des sages, mais un des meilleurs esprits du monde, si cet esprit était plus froid, et une des meilleures âmes que le ciel ait jamais créées, quoiqu’il ne soit occupé que de son esprit ; espèce d’aigle sans bec, sans serres, sans fiel, mais non pas sans élévation assurément ; un jeune homme de l’autre monde, que les connaisseurs généreux, comme vous l’êtes, doivent apprécier dans celui-ci, afin que justice soit faite, car il n’y fera pas fortune. […] Il me faut du nouveau, n’en fût-il plus au monde, a dit le siècle. […] Il y a telle femme dans le monde qui, pour la mort d’un enfant de quatre jours, s’est plus désolée, a plus pleuré, et s’est obstinée à se désoler plus longtemps qu’on ne le fait pour des êtres dont la vie avait un grand prix2.

27. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Le premier hôpital est plus rempli de pitié et de terreur que tous les théâtres du monde. […] Bientôt il nous faudra un autre monde. […] Le plus grand philosophe du monde, dit Pascal, sur une planche plus grande qu’il ne faut pour aller sans danger d’un bout d’un abîme à l’autre, ne peut songer sans trembler à l’abîme qui est au-dessous. […] Mais qu’importe la gloire et ce bruit misérable que l’on fait en ce monde, si quelque chose de lui subsiste dans un monde meilleur, si l’âme que nous avons aimée respire encore avec ses sentiments et ses pensées sublimes sous l’œil de celui qui le créa ? […] Ce monde a un auteur parfaitement sage et bon.

28. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Ce temple est comme un monde à part. […] Ils ont conquis le monde, et ils n’ont pu parvenir à avoir un ami. […] Pas le moins du monde. […] Au contraire, en vain aurais-je sauvé le monde ; si je n’ai voulu sauver que moi-même, le monde, qui me doit son salut, ne me doit pas son estime. […] Rien au monde ne pouvait lui faire subir une telle extrémité.

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Massillon 1643-1743 » pp. 133-138

Des amis qui nous font honorer nous sont toujours chers3, il semble qu’en les aimant nous entrons en part4 avec eux de la distinction qu’ils ont dans le monde ; nous cherchons à nous parer, pour ainsi dire, de leur réputation ; et, ne pouvant atteindre à leur mérite, nous nous honorons de leur société, pour faire penser du moins qu’il n’y a pas loin d’eux à nous5 L’emploi du temps 6 Nous regarderions comme un insensé dans le monde un homme, lequel héritier d’un trésor immense, le laisserait dissiper faute de soins et d’attentions, et n’en ferait aucun usage, ou pour s’élever à des places et à des dignités qui le tireraient de l’obscurité, ou pour s’assurer une fortune solide, et qui le mît pour l’avenir dans une situation à ne plus craindre aucun revers. […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre, et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes ; on nous fait même plaisir de nous en décharger : c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage. […] Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l’adoucissement de nos maux, le remède de toutes nos peines ; elle seule est la source de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise, la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu ; elle seule immortalise ceux qui l’ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend respectables l’abjection ou la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre ; enfin, elle seule inspire des pensées magnanimes, forme des âmes héroïques, des âmes dont le monde n’est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom. […] Cette sage uniformité dans la pratique des devoirs, qui paraît si triste aux yeux du monde, est la source de leur joie et de cette égalité d’humeur que rien n’altère. Les jours leur paraissent des moments, parce que tous les moments sont à leurs place : le temps ne leur pèse, pas, parce qu’il a toujours sa destination et son usage ; elles trouvent dans l’arrangement d’une vie uniforme et occupée cette paix et cette joie que les hommes cherchent en vain dans le dérangement et dans une agitation éternelle. » La Bruyère a dit : « L’ennui est entré dans le monde par la paresse ; elle a beaucoup de part à la recherche que font les hommes des plaisirs, du jeu, de la société.

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