Je baignerais mes mains dans les ondes de tes cheveux. […] Cet écrivain a une belle main, pour dire que son écriture est belle. […] Si je viens à l’oublier, dit le Psalmiste, ô Jérusalem, que ma main se dessèche. […] Ouvrez au contraire Fénélon, Lafontaine, jamais le livre ne vous tombera des mains, parce qu’ils ont possédé le secret de varier leur style. […] Le détail qui fait surtout image est dans les mots un poignard à la main.
Ce jeune prince, si fougueux, si hautain, si rebelle, devint entre ses mains pieux, humain, charitable, attentif à tous ses devoirs : ce fut le miracle d’une habileté qui alliait la tendresse à l’autorité, la complaisance à l’énergie, la patience à la souplesse. […] C’est le paresseux de l’Écriture, qui veut et ne veut pas ; qui veut de loin ce qu’il faut vouloir, mais à qui les mains tombent de langueur dès qu’il regarde le travail de près. […] Laissez donc apaiser votre douleur par la main de Dieu même qui vous a frappée. […] La plaie est horrible, mais la main du consolateur a une vertu toute-puissante. […] Fénelon s’y engage en pacificateur, une branche d’olivier à la main.
Sur ce, je ne feray la presente plus longue, sinon pour vous recommander la place qu’avés en main, et d’estre sur vos gardes, pour ce que ne peut faillir que ne ayez bientost du bruict aux oreilles. […] En découdre veut dire en venir aux mains, battre l’ennemi.
Dans une éclatante voûte Il a placé de ses mains Ce soleil qui, dans sa route, Eclaire tous les humains. […] Fortune, dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs, Du faux éclat qui t’environne Serons-nous toujours éblouis1 ? […] J’appellerai vertu guerrière Une vaillance meurtrière Qui dans mon sang trempe ses mains ?
Entre ses mains tout est foudre, tout est tempête, tout est déluge, tout est Alexandre, tout est César : elle peut faire par un enfant, par un nain, par un eunuque ce qu’elle a fait par les géants et par les héros, par les hommes extraordinaires. […] Cette main invisible, ce bras qui ne paraît pas donne les coups que le monde sent. […] Cette lettre injurieuse est écrite de la main du roi des Parthes, et il n’y a pas moyen de la supprimer.
Après avoir esquissé de main de maître l’admirable figure du vieil Horace, il lui donne un fils, moins sympathique, il est vrai, mais plus romain encore. […] Je comprends mon époque et j’en souffre, car je vois la chose publique aux mains d’un maître absolu qui absorbe les droits et les pouvoirs du forum comme ceux du Sénat. […] Chacun, instinctivement, semblait prêt à mettre l’épée à la main. […] Corneille est et restera inimitable ; mais tout en le reconnaissant, il faut rendre justice à Monsieur Racine et avouer qu’il vient de faire battre bien des mains et couler bien des larmes ! […] Le chapitre qui traite de la rhétorique est écrit de main de maître ; combien l’exemple est joint au précepte dans toute cette partie où vous exposez les conditions de la vraie éloquence !
Il rend leur nombre inutile, Et sans courage et sans bras, Fait de leur main immobile Tomber les armes à bas ; De ces légions impies Les fureurs sont assoupies Dans un morne étonnement ; Et leurs bataillons superbes Sont étendus sur les herbes Sans force et sans mouvement… Les Bergeries1. […] Ils n’ont aucun arrêt : ce sont esprits volages, Qui souvent sont tout gris avant que d’être sages ; Et doit-on souhaiter, pour leur utilité, De voir finir leur vie avecque leur beauté : Semblables à ces fleurs dont Vénus se couronne, De qui jamais les fruits n’enrichissent l’automne Oubliez, oubliez l’amour de ce berger, Et prenez en son lieu quelque bon ménager, De qui la façon mâle, à vos yeux moins gentille, Témoigne un esprit mûr à régir sa famille, Et dont la main robuste au métier de Cérès Fasse ployer le soc en fendant les guérets.
Vertueux nourriciers de vos persécuteurs, Jusqu’à quand serez-vous vers ces tristes frontières Écrasés sans pitié sous ces mains meurtrières ? […] En maudissant les champs que vos mains font fleurir ! […] Je les vois, prodiguant leur vie, Chercher ces combats meurtriers Couverts de fange et de lauriers, Et pleins d’honneur et de folie ; Je vois briller au milieu d’eux Ce fantôme nommé la Gloire, A l’œil superbe, au front poudreux, Portant au cou cravate noire, Ayant sa trompette en sa main, Sonnant la charge et la victoire, Et chantant quelques airs à boire Dont ils répètent le refrain1. […] Mon vaisseau fit naufrage aux mers de ces sirènes2 ; Leur voix flatta mes sens, ma main porta leurs chaînes ; On me dit : « Je vous aime », et je crus comme un sot Qu’il était quelque idée attachée à ce mot.
Mais pour produire cet effet, il faut une main habile ; car le moindre défaut d’exactitude peut faire courir le risque de jeter de la confusion sur l’objet, au lieu d’y répandre le jour. […] Un exécrable Juif, l’opprobre des humains, S’est donc vu de la pourpre habillé par mes mains ! […] C’est celui dont la main posa mes fondements. […] Je me pare des fleurs qui tombent de sa main ; Il ne fait que l’ouvrir, et m’en remplit le sein. […] Les regards, l’attaque, les mains, voilà trois objets qu’il voulait mettre au grand jour.
Mais s’ils sont transplantés, sans précaution, par une indiscrète fantaisie ou par une brusque violence, ils ne tardent pas à périr, ou, s’ils végètent, ils ressemblent à ces herbes folles qui ne vivent qu’aux dépens de la moisson, et l’étoufferaient sans la main qui les arrache. […] Tout en puisant à pleines mains dans les trésors de la double antiquité classique, Rabelais eut toujours une prédilection marquée pour le grec « sans lequel, dit Gargantua, c’est honte qu’une personne se juge savante ». […] On peut donc encore glaner à pleines mains sur le sol généreux où ils firent ample moisson. […] Leurs exemples méritaient trop de faire loi pour ne pas forcer la main aux plus récalcitrants. […] Au lieu de nous appauvrir ainsi de nos propres mains, mieux vaut reconnaître que chaque époque a sa valeur et sa beauté.
Réaumur, dont la main si savante et si sûre A percé tant de fois la nuit de la nature, M’apprendra-t-il jamais par quels subtils ressorts L’éternel artisan fait végéter les corps ? […] Pourquoi, reconnaissant la main qui le nourrit, Le chien meurt en léchant le maître qu’il chérit ? […] Le sage Du Faï, parmi ses plants divers, Végétaux rassemblés des bouts de l’univers, Me dira-t-il pourquoi la tendre sensitive Se flétrit sous nos mains, honteuse et fugitive ? […] Ainsi qu’un pavillon tissu d’or et de soie, Le vaste azur des cieux sous sa main se déploie. […] Nous ne citerons rien de lui, puisque ses odes sont dans toutes les mains.
À cette réponse ingénieuse, chacun battit des mains et, d’un consentement unanime, on fit passer de main en main à l’aspirant le registre de l’Académie ; il y inscrivit son nom à la suite de ceux des récipiendaires, et traça en marge le nombre de cent qui était celui de ses nouveaux confrères. […] Esther émet devant Assuérus la même pensée ; mais comme elle prie Assuérus en faveur des Juifs, elle ajoute plus de développements, et cependant son discours ne s’éloigne pas de la précision : Adorant dans leurs fers le Dieu qui les châtie, Tandis que votre main, sur eux appesantie, À leurs persécuteurs les livrait sans secours, Ils conjuraient ce Dieu de veiller sur vos jours. […] C’est, ainsi que le Rhin, indigné contre les Hollandais qui n’avaient pu empêcher l’armée française de traverser le fleuve, accuse leur faiblesse, et leur dit entre autres choses qu’ils ne sont bons qu’à faire des fromages : Allez, vils combattants, inutiles soldats, Laissez là ces mousquets trop pesants pour vos bras ; Et la faux à la main, parmi vos marécages, Allez couper vos joncs et presser vos laitages ; Ou, gardant les seuls bords qui vous peuvent couvrir. […] Monsieur de Bayard qui avait en quelque pique auparavant avec lui, respondit : « J’eusse fort voulu et qu’il eust ainsi plu à Dieu, que vous m’eussiez donné cette charge honorable, en fortune plus favorable à nous autres qu’à cette heure ; toutefois de quelle manière que la fortune traitte avec moy, je ferai en sorte que tant que je vivray, rien ne tombera entre les mains de l’ennemy, que je ne le deffende valeureusement. » Ainsi qu’il le promit, il le tint ; mais les Espagnols et le marquis de Pescayre, usans de l’occasion, furent trop importuns à chasser les Français, qu’ainsi que monsieur de Bayard les faisait retirer toujours peu à peu, voici une grande mousquetade qui donna à monsieur de Bayard, qui lui fracassa tous les reins. […] Dans le passage suivant, nous voyons le monarque frappé par la main de Dieu, se résignant à son sort avec le courage du chrétien, et s’avouant heureux d’être appelé au ciel le vendredi saint.
Il a la main jolie, et il l’entretient avec une pâte de senteur. […] Il vous écrivit l’autre jour une main tout entière de papier. […] Ton pouvoir s’étend sur tout ce qui respire : l’animal qui rugit au fond des forêts, celui qui partage la retraite de l’homme, obéissent à tes saintes lois ; tous sont sensibles aux soins dont ils sont l’objet, tous flattent et caressent la main qui les protège ou qui leur donne la pâture. […] Si les ouvrages qui les contiennent ne roulent que sur de petits objets, s’ils sont écrits sans goût, sans noblesse et sans génie, ils périront, parce que les connaissances, les faits et les découvertes s’enlèvent aisément, se transportent, et gagnent même à être mis en œuvre par des mains plus habiles. […] Les écrits de ces hommes immortels sont entre les mains de tous, et il serait superflu de citer ici quelques-unes de leurs œuvres pour justifier leur réputation si solidement établie.
Seulement de ta main éclaircis son feuillage. […] Indigne également de vivre et de mourir, On l’abandonne aux mains qui daignent le nourrir. […] Les Lettres Persanes et l’Esprit des Lois sont deux ouvrages du même auteur ; ils exigeaient sans doute un genre de composition fort différent, et tous deux sont supérieurement traités dans leur genre : il est facile cependant d’y reconnaître la même main.
Et toi dont le courroux veut engloutir la terre, Mer terrible, en ton lit quelle main te resserre ? […] C’est celui dont la main posa mes fondements. […] Et ne t’afflige pas si les leurs sont si courts : Toute plante en naissant déjà renferme en elle D’enfants qui la suivront une race immortelle2 ; Chacun de ces enfants, dans ma fécondité, Trouve un gage nouveau de sa postérité. » Ainsi parle la terre ; et, charmé de l’entendre, Quand je vois par ces nœuds que je ne puis comprendre Tant d’êtres différents l’un à l’autre enchaînés, Vers une même fin constamment entraînés, A l’ordre général conspirer tous ensemble, Je reconnais partout la main qui les rassemble, Et d’un dessein si grand j’admire l’unité Non moins que la sagesse et la simplicité.
Allez à la campagne, tournez vos regards vers la voûte des cieux, observez alors sa physionomie, et vous jurerez qu’on a détaché une partie de la grande toile lumineuse que le soleil éclaire, pour la transporter sur le chevalet de l’artiste ; ou fermez votre main, et faites-en un tube qui ne vous laisse apercevoir qu’un espace limité de l’horizon, et vous jurerez que c’est un tableau de Vernet, qu’on a pris sur son chevalet et transporté dans le ciel. […] Du reste, de belles mains bien modelées, excepté la gauche, qui n’est pas dessinée. […] Si Marcel rencontrait un homme placé comme l’Antinoüs2, lui portant une main sous le menton et l’autre sur les épaules : « Allons donc, grand dadais, lui dirait-il, est-ce qu’on se tient comme cela ?
Ils me plongent dans d’ineffables rêveries, qui souvent ont fait tomber de mes mains les livres des philosophes. […] Je m’assis à quelque distance, tenant mon cheval en main et n’espérant plus qu’en celui qui changea les feux de la fournaise d’Azarias en un vent frais et une douce rosée. […] quand pourrai-je respirer le parfum des chèvrefeuilles, me reposer sur ces beaux tapis que paissent les heureux troupeaux, et entendre les chansons du laboureur qui salue l’aurore avec un cœur content et des mains libres !
Je deviendrais aveugle que j’aurais encore, je le crois, du plaisir à tenir dans mes mains un beau livre. […] Ces livres qu’ils avaient rassemblés avec amour vont se partager entre mille mains étrangères, et sortir de ce petit cabinet où ils étaient gardés avec un soin si tendre !
Hermione, qui a armé la main d’Oreste contre Pyrrhus, se repent de son crime et se tue. […] L’intrigue y existe à peine et il importe assez peu de savoir lequel l’emportera des rivaux qui se disputent la main de Célimène. […] Il n’est pas fait de main d’ouvrier, car il n’élève pas l’esprit du lecteur et il ne lui inspire point de nobles sentiments. […] Ce qui était confus s’est ordonné sous sa main ; ce qui était vague est devenu précis. […] Depuis, la critique a porté la main sur l’idole.
Les règles, dans tous les arts de l’imagination, sont le résultat de l’étude raisonnée des grands modèles : c’est l’Iliade et l’Odyssée sous les yeux ; c’est l’Œdipe et l’Électre à la main, qu’Aristote donnait les règles du poème épique et de la tragédie ; aussi rien de plus judicieux que ces règles tracées par la nature elle-même, pour diriger le génie de Sophocle et d’Homère. […] Ce que l’on admire principalement dans cette belle production, c’est la grande pensée de la religion, qui domine dans tout l’ouvrage, qui en rattache toutes les parties au but que l’auteur se propose, celui de montrer la main d’un Dieu même conduisant tous ces grands mouvements, et de nous ramener aux éternelles vérités de la foi et de la raison, à travers les ruines même entassées par le génie de l’irréligion et de l’erreur. […] « Je vous donne à jamais, » Et ma main et ma foi ; le plus saint hyménée » Aujourd’hui va m’unir à votre destinée. […] ……………………………………………… Mais lorsque s’emparant de la voûte azurée, Le nébuleux décembre allongeait la soirée, Un jeune enfant, docile aux soins de son aïeul, De nos fastes sacrés prenait le saint recueil, Mais non sans le baiser ; sa main respectueuse L’approchant des lueurs d’une mèche onctueuse, Il lit, d’abord timide, et bientôt enhardi.
Ainsi, dans les Méditations sur l’Évangile de Bossuet, le cheval dompté par le cavalier, qui représente si bien le chrétien sous la main de Dieu, et dans les Sermons, cette magnifique image de la vie humaine, dont on peut rapprocher, le style de Bossuet à part, un passage ingénieux des Inductions morales et physiologiques de M. de Kératry, où le monde est un palais dont le maître invisible accueille des voyageurs qu’y conduit un pouvoir inconnu. […] Mirabeau, menacé par les tribunes de l’Assemblée, s’écrie : « Je n’avais pas besoin de cette leçon pour savoir qu’il n’y a qu’un pas du Capitole à la roche Tarpéienne. » Et dans un de ses admirables discours aux états de Provence : « Ainsi périt le dernier des Gracques de la main des patriciens ; mais atteint d’un coup mortel, il lança de la poussière vers le ciel en attestant les Dieux vengeurs, et de cette poussière naquit Marius, Marius ! […] De sa blanche et débile main elle pousse un rabot sur la planche, le rabot glisse et ne mord point. […] Lemaire songeait aux nymphes d’Ovide quand il préparait les cent cinquante volumes de sa Collection des classiques latins, uniformes par le caractère et le format, variés par les commentaires confiés à diverses mains.
Mais si le temps m’épargne, et si la mort m’oublie, Mes mains, mes froides mains, par de nouveaux concerts Sauront la rajeunir, cette lyre vieillie ; Dans mon cœur épuisé, je trouverai des vers, Des sons dans ma voix affaiblie ; Et cette liberté, que je chantai toujours, Redemandant un hymne à ma veine glacée, Aura ma dernière pensée, Comme elle eut mes premières amours.
« Que Dieu retire sa main, le monde retombera dans le néant ; que l’autorité cesse dans le royaume, tout sera en confusion. […] « Heureux le prince dont le cœur ne s’est point élevé au milieu de ses prospérités et de sa gloire ; qui, semblable à Salomon, n’a pas attendu que toute sa grandeur expirât avec lui au lit de la mort, pour avouer qu’elle n’était que vanité et affliction d’esprit, et qui s’est humilié sous la main de Dieu, dans le temps même que l’adulation semblait le mettre au-dessus de l’homme !
Quelques-uns des livres, que le critique judicieux et délicat avait choisis, sont dans les mains de nos élèves. […] Un bel ouvrage tombe entre leurs mains, c’est un premier ouvrage : l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom. […] Ils ont toujours dans les mains la ciguë que leurs pareils firent boire à Socrate. […] Presque tous les livres y sont corrigés et retranchés de la main des muses. […] Quand plusieurs beaux-arts manquent, les autres ont rarement de quoi se soutenir, parce que tous se tiennent par la main, et dépendent les uns des autres.
On la représente avec des ailes, et tenant des couronnes dans sa main. […] On le représente sous la figure d’un jeune homme couronné de roses, avec un flambeau à la main. […] On la représente assise sur un trône au milieu des nues, tenant un sceptre à la main, et ayant le diadème sur la tête. […] On la représente tenant une balance d’une main, et une épée de l’autre, avec un bandeau sur les yeux. […] On la représente sous la figure d’une jeune fille avec des ailes, portant d’une main une couronne, et de l’autre une palme.
S’il conte une nouvelle, c’est moins pour l’apprendre à ceux qui l’écoutent que pour avoir le mérite de la dire, et de la dire bien ; elle devient un roman entre ses mains ; il fait penser les gens à sa manière, leur met en la bouche ses petites façons de parler, et les fait toujours parler longtemps ; il tombe ensuite en des parenthèses qui peuvent passer pour des épisodes, mais qui font oublier le gros de l’histoire, et à lui qui vous parle, et à vous qui le supportez. […] Vous me trouverez sur les livres de Platon qui traitent de la spiritualité de l’âme et de sa distinction avec les corps, ou la plume à la main pour calculer les distances de Saturne et de Jupiter ; j’admire Dieu dans ses ouvrages, et je cherche, par la connaissance de la vérité, à régler mon esprit et à devenir meilleur. […] N’y épargnez rien, grande reine : employez-y l’or et tout l’art des plus excellents ouvriers ; que les Phidias et les Zeuxis de votre siècle déploient toute leur science sur vos plafonds et sur vos lambris ; tracez-y de vastes et de délicieux jardins, dont l’enchantement soit tel qu’ils ne paraissent pas faits de la main des hommes ; épuisez vos trésors et votre industrie sur cet ouvrage incomparable ; et après que vous y aurez mis, Zénobie, la dernière main, quelqu’un de ces pâtres qui habitent les sables voisins de Palmyre, devenu riche par les péages de vos rivières, achètera un jour à deniers comptants cette royale maison pour l’embellir, et la rendre plus digne de lui et de sa fortune1. […] Bossuet a dit : « Ces terres et ces seigneuries qu’il avait ramassées comme une province, avec tant de soins et de travail, se partageront en plusieurs mains, et tous ceux qui verront ce grand changement diront, en levant les épaules et en regardant avec étonnement les restes de cette fortune ruinée : Est-ce là que devait aboutir toute cette grandeur formidable au monde ?
Ici, tout se réduit à l’origine de nos idées ; là, à cette proposition : — « Le meurtre de Clodius fut un acte licite. » Nous avons blâmé la forme brusque et tranchante des premiers mots de l’Emile : « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme. » Mais, d’autre part, de ce principe une fois bien posé découle l’idée unique qui circule jusqu’à la fin du volume : « L’éducation consiste donc à se rapprocher le plus possible de l’état de nature, à s’éloigner le plus possible de l’état de société. » Que cette proposition soit ou non un paradoxe, ce n’est ici le lieu ni de la justifier, ni de la combattre ; je ne prétends établir qu’une chose, c’est qu’elle communique au livre de Jean Jacques l’intérêt et la rapidité, en lui donnant, comme à l’éducation même, l’unité de dessein. […] Il faudrait d’abord leur mettre entre les mains des passages de peu d’étendue, extraits des auteurs les plus irréprochables sous le rapport de la disposition, de Bourdaloue, par exemple, de Massillon, de Buffon, de Racine surtout, si admirable par le tissu de son style. […] quels obstacles a jamais trouvés là-dessus la volonté de ceux qui tiennent en leurs mains la fortune publique ?
Qui dira le sentiment qu’on éprouve en entrant dans ces forêts aussi vieilles que le monde, et qui seules donnent une idée de la création telle qu’elle sortit de la main de Dieu ? […] Ses beaux yeux étaient fermés, ses pieds modestes étaient joints, et ses mains d’albâtre pressaient sur son cœur un crucifix d’ébène ; le scapulaire de ses vœux était passé à son cou. […] Quelquefois elle tient des fleurs naissantes dans sa main, quelquefois une coupe pleine d’une liqueur enchanteresse.