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59. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Deuxième partie. Rhétorique. — Chapitre II. — Division de la rhétorique : Invention, Disposition, Élocution »

Nous leur consacrerons quelques mots pour en donner une idée suffisante à ceux qui désireraient en avoir quelque connaissance. […] Cependant il existe un excellent moyen pour combler ce vide d’idées qui nous menace tous : c’est la lecture des bons auteurs. […] Il apprend ainsi aux élèves quel est le moyen le plus efficace pour corriger la sécheresse de leurs idées. […] Dans un sujet à développer, on peut avec succès en exposer les causes et les effets, qui sont une source naturelle d’idées. […] Chacun pourra puiser à ces différentes sources des idées favorables au sujet qu’il traite.

60. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Ce sont des noms devenus classiques parmi nous, et que nos jeunes gens doivent s’accoutumer à ne prononcer qu’avec respect ; mais il faut, pour cela, qu’ils aient une idée juste de leur mérite respectif, et c’est l’objet spécial des notes suivantes. […] Telle est en effet l’inappréciable avantage des bonnes études ; elles impriment au goût une direction, et aux idées un caractère de justesse, qui ne manquent jamais de ramener tôt ou tard vers le but, dont on avait pu s’écarter un moment. […] Un nouvel ordre de choses comporte un autre ordre d’idées, qui déterminent à leur tour de nouvelles formes de style. […] J’ai assez étudié M. de Chateaubriand, je fais de son rare talent un cas assez distingué, et j’estime assez sa personne pour me permettre de hasarder ici quelques idées que je soumets à mon tour à sa critique. […] C’est au milieu de ces idées nouvelles, ou plutôt de ce chaos de toutes les idées, que s’élevèrent deux hommes, MM. 

61. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

Origine, développement, signification de l’idée de Patrie ; devoirs qui découlent de cette idée. […] Donnez une idée sommaire du théâtre tragique de Corneille et de Racine. […] Donnez une idée de son esprit et de son style. […] Toutes ses idées sont là, et tout son style. […] Les belles œuvres romantiques choquent violemment ses idées.

62. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VII. des passions  » pp. 89-97

Ne l’oublions pas, en effet, traiter des passions, ce n’est pas seulement, comme dans la rhétorique des anciens, enseigner combien il est important d’émouvoir celles de l’auditeur, et comment on y parvient, mais encore et surtout y voir des sources d’idées, des auxiliaires pour l’invention. […] Non pas que je nie que, en certaines circonstances, la passion personnelle puisse inspirer une idée, un mouvement oratoire, un cri, un geste entraînant et irrésistible. […] Et cette seule nécessité d’observation, d’impartialité, de distraction de soi, en supposant une grande sensibilité théorique et générale, pour ainsi dire, détruit toute idée de sensibilité pratique et actuelle. […] Et bien certainement, cette idée de fiction est au fond du précepte des anciens. […] Eh bien, voyez, je ne dis pas précisément que d’idées neuves, mais quel art de rajeunir de vieilles idées ces quatre poëtes doivent à l’introduction de la passion dans leurs vers ; et comment, d’une autre part, si vous n’êtes pas convaincu, vous regrettez au moins de ne pas l’être.

63. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre II. Éloge de Démosthène par Lucien. »

Un écrivain que la tournure habituelle de son esprit portait plus volontiers à la satire et même au sarcasme, qu’à l’éloge ; qui a semé partout le sel de cet enjouement et de cette gaîté, dont Swift a donné depuis l’idée et le modèle à la littérature anglaise, Lucien va figurer ici comme panégyriste de Démosthène. […] Il faut convenir qu’il y a dans cette dernière partie de l’éloge, un ton de grandeur et une élévation d’idées qui nous reportent aux beaux jours d’Athènes ; et que Lucien prend ici le style de Démosthène en le faisant parler. Telle est donc l’heureuse influence des hommes supérieurs, que lors même que les siècles ont dégénéré, leur seule idée réveille et ranime pour un moment quelques étincelles, du moins, des vertus ou des talents qui les ont immortalisés ! […] On sait d’ailleurs que l’idée première et le plan dramatique de l’éloge de Marc-Aurèle, furent fournis à Thomas par Diderot, dont la tête ardente concevait et communiquait avec chaleur aux autres des idées infiniment heureuses, qu’il n’eut ni la patience, ni peut être le talent de mettre lui-même en œuvre.

64. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Voyez combien ces anciens-là avaient des idées plus hautes et plus solides que nous ! […] Voilà les idées de saint Augustin sur l’éloquence. […] Ainsi un personnage de comédie n’aura ni idées sublimes, ni idées philosophiques ; un berger n’aura point les idées d’un conquérant ; une épître didactique ne respirera point la passion ; et dans aucun de ces écrits on n’emploiera ni métaphores hardies, ni exclamations pathétiques, ni expressions véhémentes. […] Soyez bien persuadé que ces messieurs ne cherchent des phrases nouvelles que parce qu’ils manquent d’idées. […] Cependant, pour mettre quelque ordre dans cette matière, je distinguerai les idées, les tours et les mots poétiques.

65. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Homère et Virgile, à son exemple, pour nous donner une idée de deux héros qui s’avancent fièrement au combat l’un contre l’autre, les comparent au dieu Mars et à l’Épouvante, s’élançant du fond de la Thrace contre les peuples (Il. […] Écoutons Isaïe ; rien n’égale la grandeur de ses idées et la justesse de ses comparaisons. […] Nous avons vu Homère donner à l’éloquence de Nestor la douceur du miel, et nous avons admiré l’harmonie imitative du beau vers qui exprime cette idée. […] Nous pensons qu’il suffît d’être de bonne foi, et d’avoir le sentiment ou l’idée seulement du vrai poétique et du sublime de conception, pour apprécier l’effet de semblables tableaux. […] La muse céleste d’Isaïe, c’est-à-dire l’esprit divin qui l’inspire lui-même, abaisse son vol sans effort des pensées les plus sublimes et des images les plus terribles, aux images les plus riantes, aux idées les plus douces.

66. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

Dire que le soleil se lève est une idée usée et vulgaire. […] En troisième lieu, les figures nous procurent le plaisir de contempler, sans confusion, deux objets à la fois : l’idée principale, qui est le sujet du discours, et l’idée accessoire, qui lui donne la tournure figurée. […] Quintilien fait une loi d’éviter non seulement les paroles obscènes, mais encore tout ce qui peut réveiller des idées d’obscénité. […] L’euphémisme est une figure par laquelle on déguise les idées tristes, odieuses ou déshonnêtes sous des idées plus agréables, moins choquantes ou plus décentes, et qui laissent deviner les premières. […] Il est bien difficile que des consonnances rudes et désagréables nous communiquent des idées douces et gracieuses.

67. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

Tout ce que je pourrais en dire, en donnerait une bien moins juste idée que les exemples. […] Mais l’idée qu’elles renferment, est sublime. […] Mais cette idée est rendue par les mots les plus simples. […] L’idée de cette tranquillité comparée avec le fracas du monde entier qui se brise, est une image sublime, et la tranquillité du juste un sentiment sublime. […] Il est plein de grandes idées et d’images sublimes : c’est un morceau de poésie fini.

68. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Par cette qualité on assortit le style aux idées, aux sentiments ou aux images que comporte le sujet. […] L’expression figurée, au contraire, ajoute d’autres idées à celles de son objet ou y substitue des idées : analogues. […] La répétition redouble les mots aussi bien que les idées. […] Elle prouve la justesse des opinions et des idées ; elle s’adresse au raisonnement et à la raison. […] Chaque couplet est terminé par un refrain qui contient ou résume l’idée principale du sujet.

69. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre X. Petits poèmes. »

Il faut que les acteurs aient un caractère établi, soutenu, prouvé par leurs discours et conforme à nos idées. […] C’est la nature même qui avait donné l’idée de ces allégories. […] Il importe de se le bien rappeler, si l’on ne veut pas se faire une idée tout à fait fausse de ce que pensaient les Grecs et les Romains à cet égard. […] Les images sont sublimes quand elles élèvent notre esprit au-dessus de toutes les idées de grandeur qu’il pouvait avoir. […] Enfin, dans le Nouveau Testament, on lit encore quelques cantiques, mais qui appartiennent à un autre ordre d’idées.

70. (1843) Nouvelle rhétorique, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes (7e éd.)

Esther, qui veut toucher Assuérus, étend davantage cette idée. […] Et quel charme dans cette idée de greffier ? […] En effet, il y a pour chaque idée une expression, un tour unique. […] Ainsi un personnage de comédie n’aura ni idées sublimes ni idées philosophiques ; un berger n’aura point les idées d’un conquérant ; une épître didactique ne respirera point la passion, et dans aucun de ces écrits on n’emploiera ni métaphores hardies, ni exclamations pathétiques, ni expressions véhémentes. […] Il ne faut jamais perdre de vue cette idée en lisant ses traités sur l’art oratoire.

71. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre II. De l’exercice du style ou de la composition » pp. 225-318

On aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et comme on ne les a ni comparées ni subordonnées, on ne sait auxquelles on doit s’arrêter. […] Le mérite d’une composition est en grande partie renfermé dans les idées, les images et les sentiments. […] Une description qui se borne à des généralités ne peut être bonne ; car une idée abstraite n’est jamais conçue clairement, et toutes nos idées distinctes se rapportent à des objets particuliers. […] Dans les autres cas, il faut une idée, une formule intermédiaire pour lier ensemble les différentes pensées. […] Ce sont toujours les mêmes idées tant rebattues ; et c’est ce qui les rend difficiles à faire.

72. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

De ce qu’il n’a pas une idée précise du terme de sa route. […] Il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres, et il demeure dans la perplexité. » Il est bien évident, au contraire, que, lorsqu’il aura profondément médité sur le dessein qu’il a conçu, sur le but auquel il tend, lorsqu’il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, lorsque, en un mot, il se sera fait un plan, cette perplexité cessera ; car la place du premier mot se trouvera déterminée sur ce plan comme celle des autres, et par celle des autres ; le début sera la conséquence de l’ensemble et de l’idée dominante. […] Toutes deux, négligeant l’auditeur, n’ont rapport qu’au sujet ou à l’idée mère du discours. Cette idée est-elle simple, la proposition l’expose. […] On dirait que son puissant génie se sent mal à l’aise dans ces liens ; il préfère conduire l’auditeur au but par l’enchaînement seul et la progression des idées et fondre tout son discours d’un même jet.

73. (1853) Éléments de la grammaire française « Préface. » p. 2

Il est surtout important de ne pas leur présenter plusieurs objets à la fois : il faut, pour ainsi dire, faire entrer dans leur esprit les idées une à une, comme on introduit une liqueur goutte à goutte dans un vase dont l’embouchure est étroite : si vous en versez trop en même temps, la liqueur se répand, et rien n’entre dans le vase. […] Une définition présente une idée générale, qui suppose des idées particulières ; et l’enfant, n’ayant pas encore acquis ces idées particulières, ne peut entendre la définition.

74. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

Cic. — Denegare ajoute à l’idée de negare. […] Hor. — Contemnere ajoute à l’idée de temnere. […]  — Expostulare ajoute à l’idée de postulare. […] Virg. — Despondere ajoute à l’idée de spondere. […] Cic. — Rusticanus ajoute à l’idée de rusticus.

75. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

La clarté de l’expression doit être telle que l’idée frappe l’esprit, comme la lumière du soleil frappe les yeux. […] Le galimatias est une suite d’idées qui n’ont aucun sens raisonnable, et auxquelles on ne comprend rien. […] La concision emploie pour exprimer une idée le tour le plus bref et le moins de mots qu’il est possible. […] La faiblesse, qui vient assez souvent de ce qu’on n’a pas une idée assez nette de son sujet donne des phrases embarrassées, un style décousu, et présente des idées incohérentes, des expressions vagues et indéterminées. […] Mais cette idée est rendue par les mots les plus simples.

76. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XX. des qualités accidentelles du style. — élégance, finesse, naiveté, enjouement  » pp. 274-288

Nous ne l’exigeons pas rigoureusement dans les œuvres d’entrain, de spontanéité, quand l’idée est si vaste qu’elle absorbe en quelque sorte l’expression, si haute qu’elle la dédaigne. […] Voyez Racine ; quand il est forcé de mettre en scène des personnages moins tragiques, moins intéressants que les autres, ne sait-il pas les faire passer à la faveur de cette élégance soutenue, qui souvent donne un charme aux idées les plus vulgaires, aux détails les plus insignifiants ? […] Tantôt c’est une métaphore ou une allusion, tantôt une antithèse, un euphémisme, une litote, plus loin un paradoxe ou une naïveté apparente, et toujours le soin de laisser à deviner une partie de l’idée. […] Toutefois les hommes de goût ont cette cruauté ; ils pensent qu’une idée qui ne saurait être produite avec agrément et décence doit être impitoyablement sacrifiée. […] Ils font continuellement violence a la liaison des idées : leur style est monotone, contraint, embarrassé. » Art d’écrire, chap. 

77. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

Écrire n’est pas créer dans le sens propre du mot ; c’est presque toujours se souvenir, et combiner les idées que l’on a acquises dans la société, dans la lecture, dans l’étude ; il n’y a que les hommes de génie qui créent véritablement, et les hommes de génie sont rares. […] On se met ainsi en train, et les idées viennent plus facilement. […] Un exercice d’imitation dont un élève studieux peut tirer un grand profit, c’est celui qui consiste à lire avec attention des morceaux choisis, et à les reproduire ensuite soi-même, en s’efforçant de suivre, soit de près, soit de loin, la marche de l’auteur, ses idées et son style. […] Écrire, c’est exprimer ce que l’on sait : plus un écrivain est instruit, plus il a de facilité pour écrire, plus il trouve d’idées applicables au sujet qu’il traite. […] La nature est le grand livre que nous ne devons jamais nous lasser d’étudier ; c’est une source intarissable d’idées et d’émotions ; elle nous en apprend plus que les auteurs, et surtout elle donne à nos pensées plus de fraicheur et de justesse.

78. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

On pourrait être étonné des nombreuses contradictions, des inconséquences multipliées qui échappent à ces précepteurs fameux du genre humain, si ce défaut même de liaison dans leurs idées et de consistance dans leur doctrine, ne prouvait la nécessité d’un maître plus habile et d’un philosophe plus éclairé. […] Voilà certes une des plus grandes idées de la morale, présentée sous une des plus belles formes que la poésie ait jamais employées. Mais le psalmiste avait dit tout cela, et l’avait dit avec cette énergique concision qui caractérise le sublime de pensée, et qui, écartant nécessairement de l’esprit du lecteur toute idée de recherche dans les figures, et d’ambition dans la manière de les exprimer, ne donne et ne laisse que l’idée simple, mais vraie, d’une image presque au-dessus de la pensée, et inaccessible aux efforts de la diction la plus étudiée, ou la plus naturellement pittoresque : Justitia et judicium correctio sedis ejus (Ps. […] La vraie philosophie n’a pas plus besoin du prestige des mots, que les idées vraiment grandes, vraiment sublimes, n’ont besoin, en poésie, du luxe et de la pompe de l’expression, pour produire leur effet. […] Mais sa douleur nous touche, parce qu’il pleure des êtres vertueux ; et ses espérances nous enflamment, ses idées d’immortalité nous transportent, parce que ses espérances et ses idées sont fondées, comme les nôtres, sur l’évidence de la morale évangélique, et que cette morale et cette évidence-là ne laissent lieu ni au doute, ni au désespoir qui le suit nécessairement.

79. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre III. Discours académiques de Racine, de Voltaire et de Buffon. »

La tentative fut heureuse, et il en est résulté l’un des meilleurs morceaux de critique et de littérature que l’on puisse proposer à ceux qui ont besoin de former leur goût, et de fixer leurs idées sur le caractère de notre langue comparée aux langues étrangères. […] De là, cette foule déjà prodigieuse et toujours croissante d’ouvrages, qui blessent à la fois l’ordre, la liaison des idées, les règles du langage et le coloris du style, et dont le moindre défaut est de ne rien ajouter à la masse générale des connaissances. […] Il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées ; et comme il ne les a ni comparées, ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité. […] Les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile ; la chaleur naîtra de ce plaisir, se répandra partout, et donnera la vie à chaque expression : tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur ; et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce qu’on dit à ce qu’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux ». […] « Rien n’est, dit-il, plus opposé à la véritable éloquence, que l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, défiées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité.

80. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

Avant tout donc ce livre, dans mon idée, devait être composé de façon que la lecture en fût, sinon amusante, du moins intéressante. […] Je n’ai point reculé devant certaines idées, certains faits et certains hommes. […] Notre âge innove beaucoup dans les faits, l’ignorance seule s’imaginerait qu’il innove dans les idées. […] Si cette opinion est fondée, l’examen attentif des idées et des faits présents peut faire croire que la jeunesse actuelle, après tant de folies et d’inconséquences, est destinée à assister à une période que j’appellerais la réaction de la raison. […] Faites-vous une plus haute idée de la mission de l’écrivain et de l’orateur.

81. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

Quelque élégante qu’elle soit, votre description n’appartiendra point au genre sublime, si l’objet que vous décrivez n’est point capable de produire par lui-même des idées grandes et imposantes. […] Quelle magnifique réunion d’idées sublimes, dans ce beau passage du psaume 11, où les prodiges de la création sont décrits avec une pompe digne du sujet ! […] où le vers semble tomber avec le mont foudroyé, la traduction n’en donne pas même l’idée. […] Rien de plus imposant que l’idée d’une force surnaturelle, qui rend des êtres surnaturels capables d’arracher des montagnes et de les lancer dans les airs avec autant de facilité que de justesse ; mais plus cette idée est grande, plus elle deviendra puérile, basse et dégoûtante, si on l’accompagne de circonstances ridicules. […] La froideur résulte tantôt de la stérilité, tantôt de l’intempérance des idées, souvent d’une diction trop commune, quelquefois d’une diction trop recherchée.

82. (1839) Manuel pratique de rhétorique

Il y trouvera des termes nouveaux dont il faut connaître la valeur, et qui, alors, se présenteront à lui comme les signes d’idées déjà connues. […] Telle est l’idée que Cicéron et Quintilien nous donnent de l’élocution. […] La répétition des mêmes mots ou des mêmes terminaisons frappe l’esprit de la même idée ; la suppression des mots l’entraîne plus facilement. […] Les finales des membres doivent être tellement ménagées, que le progrès des sons suive celui des idées, mais sans affectation. […] — Quelle idée Cicéron et Quintilien nous donnent-ils de l’élocution ?

83. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

La mémoire des choses ou des idées est mille fois préférable. […] Mais on ne fera jamais ce geste pour exprimer une idée qu’on repousse. […] Cette idée parut heureuse, et chaque pays s’empressa de l’imiter. […] Rejetez donc ces idées ou changez-les en images ; donnez-leur une teinture plus vive. […] Ne délayez pas une seule idée, et quelle idée !

84. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — [Introduction] » pp. 18-20

C’est la forme extérieure et soignée des pensées ; c’est la parole vivante au service de l’idée vivante. […] Sans doute, pour bien écrire, il est indispensable de bien penser : scribendi recte, sapere est et principium et fons  ; sans doute, une forme vide, tant gracieuse qu’elle soit, ne peut tenir lieu de l’idée absente ; et des mots harmonieusement disposés et des phrases bien faites ne peuvent suffire à captiver l’esprit de l’homme ; l’art étant l’expression de la beauté, il faut sans doute que la beauté se trouve tout d’abord dans la chose exprimée, et la forme ne doit être qu’une enveloppe transparente qui laisse passer les splendeurs de la réalité qu’elle met en rapport avec nous ; mais il faut que cette forme soit belle aussi, et qu’elle ne masque point par ses propres taches les beautés qu’elle recouvre. Car, ce qui plaît, ce qui attache, ce qui entraîne et séduit, c’est plus souvent la nouveauté de la forme ou du style que celle des choses elles-mêmes, tant il est difficile d’avoir des idées nouvelles sur les choses qui sont à la portée de tout le monde. […] Le style est un tableau des idées qui naissent dans l’esprit, et de la manière dont elles y naissent.

85. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

L’auteur didactique doit s’appliquer à tendre nettement ses idées, et à mettre de la simplicité, de la clarté dans son style, sans cependant négliger les ornements convenables et propres à faire disparaître la sécheresse de l’instruction. […] Ce n’est pas tout d’avoir lu l’ouvrage ; il faut le bien comprendre, et, avant de porter un jugement sur ce qu’il contient, avoir au moins une idée juste des choses dont on veut parler. […] Mais tant que ceux-ci n’abandonneront pas leur oriflamme, c’est-à-dire les idées naturelles et distinctes, ils triompheront toujours des newtoniens avec la même facilité qu’ils ont triomphé des péripatéticiens. […] Qu’est-ce encore que ces idées naturelles et distinctes que les cartésiens ne doivent pas abandonner, comme si, en ce qui tient à la nature physique, aucune idée distincte et naturelle pouvait contrarier l’observation constante ? […] Il est assurément impossible de donner en moins de mots, et d’une manière plus agréable et plus piquante, une idée plus complète des qualités et des défauts des deux ouvrages.

86. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre II. De l’Éloquence chez les Grecs. »

Telles sont les idées générales que nous nous sommes formées, et que nous avons cru devoir donner de l’éloquence. […] Ce qui les distinguait surtout, c’était l’art de parler, sur-le-champ, avec la plus grande facilité ; et ce genre de mérite convenait à l’imagination ardente et légère d’un peuple que le sentiment et la pensée frappaient rapidement, et dont la langue féconde et facile semblait courir au-devant des idées. […] Socrate se prononça contre eux, fit sentir l’absurdité de leur dialectique et le vide de leur prétendue éloquence, et tâcha de rappeler ses concitoyens à des idées plus justes sur l’art de raisonner. […] Le seul nom de Démosthène rappelle encore aujourd’hui les grandes idées de patrie, de courage et d’éloquence. […] Peut-être, dit La Harpe, n’a-t-on point fait assez d’attention à cette singulière idée.

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