N’oublions pas que dans quelques scènes du Menteur (1642), Corneille inaugura la haute comédie, et prépara la route à Molière. […] Pour moi, bien que je n’aie guère de jugement, si l’on s’en rapporte à vous, je n’en ai pas si peu que d’offenser une personne de si haute condition3, et de craindre moins ses ressentiments que les vôtres.
En initiant de jeunes intelligences au vol sublime de la plus haute inspiration, celle de Dieu, vous leur apprenez à planer dans les régions élevées de la révélation, et à dominer par ces allures d’aigles les mesquines ou sensuelles productions de la poésie contemporaine. […] Je suis ravi que vous ayez combattu la théorie funeste de l’art pour l’art, en traçant avec fermeté le but moral du poète et de l’orateur, aussi bien qu’en donnant l’idée la plus pure et la plus haute de la noble mission de l’écrivain Je ne trouve pas moins digne d’éloge votre sévérité ou plutôt votre justice à condamner certains livres, dont il ne faut à aucun prix se permettre la lecture, quand bien même on devrait se résoudre à ignorer quelque chose.
L’élocution est-elle d’une haute importance ? […] Une belle élocution est donc d’une haute importance ; et Buffon n’a pas craint de dire que les ouvrages bien écrits sont les seuls qui passent à la postérité. […] C’est en considérant la nature sous ce haut point de vue, que certains écrivains de notre âge, Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, Lamartine, ont excellé dans l’art de décrire. […] Ainsi, on n’y admettra point de longs détours et des préliminaires interminables, et on évitera de prendre le fait de trop haut, de remonter jusqu’au déluge et à l’origine du monde, comme le fait l’avocat des Plaideurs, à l’occasion d’un chapon dévoré par un chien. […] Cependant, dans ce dernier genre de discours, l’orateur ayant pour but d’émouvoir ses auditeurs et de leur donner une haute idée de son héros, s’efforce le plus souvent de faire de chacun de ses récits autant de tableaux animés, brillants et pathétiques.
« Les hautes montagnes de Thraceb, qui de leurs fronts couverts de neige et de glace depuis l’origine du monde, fendent les nues, seraient renversées de leurs fondements posés au centre de la terre, que les cœurs de ces hommes justes ne pourraient pas même être émus : seulement ils ont pitié des misères qui accablent les hommes vivants dans le monde ; mais c’est une pitié douce et paisible, qui n’altère en rien leur immuable félicité. […] Fier d’être le flambeau du monde, Il contemple du haut des airs L’olympe, la terre et les mers Remplis de sa clarté féconde, Et jusques au fond des enfers Il fait rentrer la nuit profonde, Qui lui disputait l’univers. […] Là, on n’entendait jamais que le chant des oiseaux ou le bruit d’un ruisseau qui se précipitant du haut d’un rocher, tombait à gros bouillons pleins d’écume, et s’enfuyait au travers de la prairie. […] D’un autre côté on voyait une rivière, où se formaient des îles bordées de tilleuls fleuris et de hauts peupliers, qui portaient leurs têtes superbes jusques dans les nues.
Le même sentiment se retrouve dans cette page de Lacordaire : « Souvent, dans ma jeunesse, j’ai gravi les hautes montagnes. […] Il semble qu’en nous élevant avec elles, nous prenons un essor de l’âme plus haut, un regard plus profond, et ce n’est pas en vain que le poëte a dit : Jéhovah de la terre a consacré les cimes. […] Isidore Geoffroy Saint-Hilaire apprécie ainsi Buffon : « Buffon fut sagace, ingénieux comme Linnée, mais dans un autre ordre d’idées ; négligeant de créer, de multiplier pour lui les faits d’observation, mais en saisissant toutes les conséquences, et, sur une base en apparence étroite et fragile, élevant hardiment un édifice dont lui seul et la postérité concevront le gigantesque plan ; dédaignant les détails techniques, les divisions systématiques, parce qu’il sait planer au-dessus dans ses hautes conceptions, et cependant, par une heureuse contradiction, créant lui-même un jour une classification méthodique digne de servir de modèle à tous ; s’égarant quelquefois dans ces espaces inconnus où il s’élance sans guide, mais de ces erreurs même sachant faire naître des vérités utiles ; passionné pour tout ce qui est beau, pour tout ce qui est grand ; avide de contempler la nature dans son ensemble, et appelant à son aide, pour en peindre dignement les grandes scènes, tous les trésors d’une éloquence que nulle autre n’a surpassée : en un mot, un de ces hommes puissants par la synthèse, qui franchissent d’un pied hardi les limites de leur époque, marchent seuls en avant, et s’avancent vers les siècles futurs en tenant tout de leur génie comme un conquérant de son épée. » Je lis dans M. Sainte-Beuve : « Je considérais l’autre jour, au musée du Louvre, le buste de Buffon, par Augustin Pajou ; il y est représenté déjà vieux ; le contour de l’œil, les tempes ridées et un peu amaigries le disent : mais, c’est une belle tête, digne, haute, noblement portée.
Devenu aussi simple, l’art décrire fut bientôt porté à son plus haut degré de perfection ; et c’est dans cet état que nous le voyons aujourd’hui chez tous les peuples de l’Europe. […] De quels yeux regardèrent-ils le jeune prince dont la victoire avait relevé la haute contenance, à qui la clémence ajoutait de nouvelles grâces ! […] ) Comme toutes les parties de ce récit sont heureusement disposées pour porter l’intérêt au plus haut degré ! […] Cette phrase, qui n’est pas ici une vaine formule poétique, est comme le nœud du drame, et soutient l’intérêt au plus haut point. […] On apercevait encore, au haut de la ville, une maison entourée par les flammes : c’était l’hôpital des fous.
143Ainsi du plus haut des montagnes La paix et tous les dons des cieux, Comme un fleuve délicieux, Viendront arroser nos campagnes. […] ……………………………… 148Tel qu’on voit la tête chenue D’un chêne, autrefois arbrisseau, Égaler le plus haut rameau Du cèdre caché dans la nue : Tel croissant toujours en grandeur, Il égalera la splendeur Du potentat le plus superbe ; Et ses redoutables sujets Se multiplieront comme l’herbe Autour des humides marais. […] Aujourd’hui rayonnant de joie, Du haut de tes superbes tours, Ton regard au loin se déploie, Et de ta plaine immense embrasse les contours ; Du voile des sombres années Demain tu dormiras couvert, Et dans ces tours abandonnées Sifflera le vent du désert.
On place indifféremment la date au haut ou au bas d’une lettre. […] Mais dans les lettres d’affaires et de commerce, on la place ordinairement au haut de la lettre. […] Quand on écrit à des personnes de la plus haute distinction, il convient de ne pas employer la seconde personne, mais de se servir d’une périphrase.
À part quelques subtilités erronées qu’il serait facile de retrancher de ce chef-d’œuvre, jamais la philosophie ancienne ne s’est élevée plus haut, et n’a pris, pour instruire les hommes, un ton plus propre à s’en faire écouter avec respect. Les discours de Socrate, dans le Phédon, seraient admirables partout, mais le sont plus encore là où ils se trouvent ; car si Platon les a écrits, il n’est pas douteux que Socrate les a tenus : et il ne paraît pas qu’il ait été donné à aucun homme de voir plus loin par ses propres lumières, ni de monter plus haut par l’essor de son âme.
Béranger n’avait point de si hautes visées. […] Quand il eut bien fait voir l’héritier de ses trônes Aux vieilles nations comme aux vieilles couronnes, Eperdu, l’œil fixé sur quiconque était roi, Comme un aigle arrivé sur une haute cime, Il cria tout joyeux avec un air sublime : — L’avenir !
Par conséquent, les mots ignobles et bas doivent être rejetés, à moins que le génie du poète ne les rende dignes de la haute poésie. […] Ce vers nous tient lieu de l’hexamètre, et nous l’employons à sa place dans la haute poésie ; mais quant au nombre des syllabes, il répond au vers asclépiade latin, qui lui a servi de modèle. […] L’enjambement défendu dans les vers héroïques ou sérieux, dans la haute poésie, est permis dans les sujets légers, familiers et badins. […] Dans la haute poésie, l’enjambement rejeté comme incompatible avec la grâce et l’harmonie, est cependant toléré dans quelques cas : 1° Lorsqu’il fait image ou produit une certaine harmonie imitative : Là, du sommet lointain des roches buissonneuses, Je vois la chèvre pendre… Je te plains de tomber dans ses mains redoutables Ma fille ! […] Il en est de même des mots qui ne sont pas terminés par la même consonne, ou par une consonne équivalente, comme essor avec transport, sultan avec instant ; tandis qu’on fait bien rimer instant avec attend, accord avec fort, comme nous l’avons vu plus haut.
Se croyant une haute vocation, ils tentent en vain le succès que n’obtient même pas toujours le vrai mérite, et finissent par ne rencontrer que le désespoir, après avoir longtemps lutté contre d’invincibles obstacles. […] L’élève les lira attentivement, les analysera, comme il a été dit plus haut, et puis cherchera à recomposer, sans le secours du livre, le morceau analysé. […] Mais il ne suffit pas de frapper fort, il faut surtout frapper juste, surtout ne pas épuiser les mouvements, mais, quand on a conduit l’auditeur au plus haut degré de l’émotion ou d’attendrissement, l’abandonner à cette impression. […] De quels yeux regardèrent-ils le jeune prince dont la victoire avait relevé la haute contenance, et à qui la clémence ajoutait de nouvelles grâces ! […] L’un, dès qu’il paraît dans les armées, donne une haute idée de sa valeur, et fait attendre quelque chose d’extraordinaire ; mais toutefois s’avance par ordre, et vient comme par degrés aux prodiges qui ont fini le cours de sa vie ; l’autre, comme un homme inspiré, dès la première bataille s’égale aux maîtres les plus consommés.
Quod ubi exercitus, qui haut procul ab urbe tendebat, conspexit, fortuitium ratus, ad opem ferendam concurrit : sed ut ad vestibulum regiæ ventum est vident5 regem ipsum adhuc aggerentem faces : omissā igitur quam portaverant aquā, aridam materiam in incendium jacere cœperunt.
« Après avoir acquis les richesses de la littérature, et percé les profondeurs respectables de la religion, l’abbé de Fleuri paraît à la cour, avec cette physionomie heureuse, que Dieu imprime sur le front des hommes qu’il prépare aux hautes destinées. […] » On trouve cette différence entre les mœurs des nouveaux riches, et le caractère de ceux qui l’ont toujours été, que ceux dont la fortune est nouvelle, rapide, surprenante, ont tous les défauts dont nous venons de parler, dans un bien plus haut degré que les autres. […] « Tu ne peux point nier, puisque tu n’as pas craint de le dire publiquement, que tu n’aies fait planter l’instrument de son supplice dans cet endroit de la ville, qui est près du détroit, afin que celui qui se disait citoyen romain, pût du haut de cette croix jeter ses derniers regards sur l’Italie et sur sa propre maison. […] La brièveté exclut les choses reprises de plus haut qu’il n’est nécessaire, les circonstances triviales, les détails superflus, les longues réflexions, les raisonnements étendus. […] Mais se dompter soi-même, étouffer son ressentiment ; mettre un frein à la victoire ; relever un ennemi abattu, un ennemi considérable par sa naissance, par son esprit, par son courage, et non seulement le relever, mais le faire monter à un plus haut point de fortune qu’il n’était avant sa chute ; en user ainsi, c’est se rendre, je ne dis pas comparable aux plus grands hommes, mais presque semblable aux dieux.
(Haut) Ne serais-tu point homme à faire courir le bruit que j’ai de l’argent caché ? […] Vous pourrez placer de hautes montagnes, des vallées et des rochers, sur les flancs desquels errent de légers nuages. […] Je suis près d’une haute montagne toute couverte de bois épais. […] L’avalanche est une énorme masse de neige qui se détache du sommet des hautes montagnes. […] C’est là que la mine chargée plus haut fait explosion.
N’oublions pas que dans quelques scènes du Menteur (1642), Corneille inaugura la haute comédie, et prépara la route à Molière1. […] A des partis plus hauts ce beau fils2 doit prétendre, Et le nouvel éclat de votre dignité Lui doit enfler le cœur d’une autre vanité. […] Ils n’aspirent enfin qu’à des biens passagers, Que troublent les soucis, que suivent les dangers ; La mort nous les ravit, la fortune s’en joue5 Aujourd’hui dans le trône et demain dans la boue ; Et leur plus haut éclat fait tant de mécontents, Que peu de vos Césars en ont joui longtemps. […] Dans le Menteur, Corneille inaugure la haute comédie ; ici, il l’élève au ton de la tragédie.
Vous l’abordez une autre fois, et il ne s’arrête pas ; il se fait suivre, vous parle si haut que c’est une scène pour ceux qui passent. […] Commence-t-il à chanceler dans le poste où on l’avait mis, tout le monde passe facilement à un autre avis ; en est-il entièrement déchu, les machines qui l’avaient guindé si haut, par l’applaudissement et les éloges, sont encore toutes dressées pour le faire tomber dans le dernier mépris ; je veux dire qu’il n’y en a point qui le dédaignent mieux, qui le blâment plus aigrement, et qui en disent plus de mal, que ceux qui s’étaient comme dévoués à la fureur1 d’en dire du bien2. […] Massillon s’exprime presque dans les mêmes termes : « Les grands, placés si haut par la nature, ne sauraient plus trouver de gloire qu’en s’abaissant ; ils n’ont plus de distinction à se donner du côté du rang et de la naissance ; ils ne peuvent s’en donner que par l’affabilité ; et s’il est encore un orgueil qui puisse leur être permis, c’est celui de se rendre humains et accessibles, etc. »(Petit Carême, 5e sermon). […] La Bruyère donne ce conseil aux hommes constitués en de hautes charges : « Ministres, favoris, me permettrez-vous de le dire ?
Marri procède de marrir, attrister, qui dérive du haut allemand marrjan, irriter. — Inconvénient veut dire accident. […] Disant très haut (prædicans).
Celui qui manque de sensibilité n’atteindra jamais à la* haute éloquence. […] Tout homme, dit Cicéron, a trois tons dans la voix : le haut, le moyen et le bas. […] Baissée, elle donne un air bas ; haute, un air d’orgueil et de suffisance. […] C’est un envoyé céleste qui parle au nom du Très Haut et publie ses oracles et ses volontés. […] De pareilles conditions étaient très propres à élever l’éloquence à une haute perfection.
Elle se plaît à traiter les plus hautes questions de morale et de religion. […] Richelieu, à tout prendre et malgré ses violences, a laissé une réputation plus haute et plus méritée. […] La servante qui voit juste et qui parle haut ressemble assez à d’autres servantes de Molière. […] Racine allait bientôt s’élever plus haut encore dans Britannicus. […] L’imagination et le cœur de ce grand homme ne vont pas à un but moins haut que celui-là.
Que pouvaient objecter, par exemple, les ennemis de Pompée à son éloquent panégyriste, lorsqu’il s’écriait du haut de la tribune : « Quid enim tàm novum, quàm adolescentem, privatum, exercitum difficili reipublicæ tempore conficere ? […] Quand on lit ces foudroyantes Catilinaires, on applique sans cesse à Cicéron ce qu’il a dit de Démosthène, ce que je me plais à répéter ici pour lui en faire hommage à lui-même… « Il remplit l’idée que je me suis formée de l’éloquence, et il atteint ce beau idéal, ce haut degré de perfection que j’imagine, mais dont je n’ai jamais trouvé d’autre exemple ».
Ce fils de la Grèce et de la France, qui à une haute inspiration joignait une raison parfaite, trouva notre poésie comme épuisée par deux siècles de gloire, et entreprit de la régénérer. […] Les chênes, les sapins et les ormes épais En utiles rameaux ombragent tes sommets ; Et de Beaune et d’Aï les rives fortunées, Et la riche Aquitaine, et les hauts Pyrénées3, Sous leurs bruyants pressoirs font couler en ruisseaux Des vins délicieux mûris sur leurs coteaux.
Théophile Gautier comparait la gloire sereine, mais peu bruyante d’Alfred de Vigny, à ces astres blancs et doux de la voie lactée, qui brillent moins que d’autres étoiles, parce qu’ils sont placés plus haut et plus loin. […] Disons-le bien haut.
S’il n’a pas le trait acéré de La Rochefoucauld, la profondeur de Pascal, la vérité spirituelle et savante de La Bruyère, il nous touche par l’accent ému d’une âme fière, indépendante et haute dans une destinée trop étroite pour son essor. […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.
Gagner la haute mer. […] Lorsque Protée conduisit son troupeau sur les hautes montagnes. […] Pour désigner le bourreau, on dit : l’exécuteur des hautes œuvres. […] Hor. — Procerus, fort haut, fort long. […] Cic. — Nemus, un bois de haute futaie, un bois pour l’agrément.
Il paraît en effet qu’il a élevé l’apologue à sa plus haute perfection, et l’on ne conçoit pas que ceux qui voudront le suivre dans cette carrière, puissent jamais l’atteindre. […] Mais cette éclatante journée À peine a rassuré les cœurs ; De la plus haute destinée Rome recueille les honneurs. […] Il le compare pour la plénitude, l’abondance et l’impétuosité, à un fleuve qui grossi par les eaux du ciel, se précipite en bouillonnant, du haut des montagnes. […] Né, en 1555, dans un siècle qui sortait à peine de la barbarie, il connut le premier le génie de notre langue, et fut, parmi nous, le père de la haute poésie. […] Rousseau, qui est venu après eux, a porté l’ode française à sa plus haute perfection.
Nous en avons parlé plus haut. […] C’est la plus hardie, la plus vive et la plus magnifique de toutes les figures ; aussi ne convient-elle qu’à la poésie et à la haute éloquence, et demande-t-elle à être employée avec beaucoup de discernement. […] C’est un de ces hauts ornements, qui ne peuvent convenir que dans les passages les plus animés d’une composition ; et la même on ne doit s’en servir qu’avec une grande discrétion. […] Nous avons dit plus haut que la phrase est un arrangement de mots formant un sens complet. […] Il offre une image très naturelle et très vraie : d’abord, nous voyons un rocher qui domine la plaine ou la montagne ; portant plus haut les regards, nous rencontrons la cime du rocher ; en les élevant plus haut encore, nous voyons le berger sur cette cime.
Cependant il est très vrai que le public fait une différence entre ces divers sujets, et que l’on a jusqu’ici réservé le nom de tragédie aux pièces tristes dont les personnages sont de la plus haute condition. […] Beaucoup de poètes ont, depuis lui, paru sur la scène française ; mais aucun ne s’est élevé assez haut pour mériter une place à côté de ces grands hommes, si ce n’est Casimir Delavigne, né au Havre en 1793, et enlevé à la poésie dans toute la force de son talent. […] C’est le haut comique. […] Il réunit au plus haut degré tous les talents des comiques grecs et des latins : le sel et la gaîté d’Aristophane, la finesse et la vérité de Ménandre, la force et l’abondance de Plaute, la noblesse et les grâces de Térence173.