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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Que d’efforts pour être clair, simple, précis, pour ne se servir que des termes propres, c’est-à-dire pour n’être pas un méchant écrivain ! […] Pour écrire clairement en français, c’est-à-dire pour arracher les idées de ce fonds obscur où nous les concevons, et les amener à la pleine lumière, que d’efforts et de travail ! […] Quant à la liaison, à cette suite et à cette jointure des idées, dont Horace a admiré la puissance en homme qui en avait senti la difficulté, que d’efforts d’attention n’y faut-il pas ! […] La réunion de ces diverses conditions, une certaine facilité apparente qui cache au lecteur jusqu’à la trace des efforts qu’elle a coûtés, voilà ce qui constitue un bon écrit, ou plutôt une chose écrite en français ; car je ne donne pas ici le secret du génie. […] Dites à un enfant que Crassus, allant contre les Parthes, s’engagea dans leur pays sans considérer comment il en sortirait ; que cela le fit périr lui et son armée, quelque effort qu’il fit pour se retirer.

3. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Précis des quatre âges de la Littérature. »

Homère s’élevant par l’effort de son seul génie, aux plus sublimes hauteurs de la poésie, en déploya dans l’épopée tout le feu, tout le coloris, toutes les richesses. […] Quelque temps après, Constantinople tomba sous les efforts de la puissance Ottomane. […] Destouches et Piron produisirent des chefs-d’œuvre dignes de Molière ; Crébillon eut la gloire de balancer Eschyle ; et Voltaire, incomparable dans les poésies légères, à qui notre scène doit une partie de ses richesses, fit d’heureux efforts pour atteindre à la couronne épique.

4. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

Cette qualité exige que ceux à qui nous nous adressons saisissent sur-le-champ et sans effort notre pensée exprimée soit par la parole, soit par l’écriture. […] Chacun de ses mouvements est un effort utile ; chacun de ses pas est un progrès. […] Que l’on compare ce morceau, dont les phrases sont longues et embarrassées, avec le précédent dont la marche est facile, et dont toutes les pensées sont comprises sans effort. […] Mais, malgré leur valeur, ils sont obligés de céder devant les efforts victorieux des chrétiens. […] Racine voulant peindre le monstre qui s’élance sur Hippolyte, emploie des mots qui représentent bien les efforts de cet animal furieux : Indomptable taureau, dragon impétueux, Sa croupe se recourbe en replis tortueux.

5. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

Si cette espèce de néologisme se bornait à dénaturer le langage seulement, la contagion serait moins rapide, et ses effets moins multipliés ; les esprits justes et les personnes instruites seraient à l’abri du ravage, ou échapperaient sans effort à la séduction. […] Mais si dans l’un de ses plus beaux ouvrages, dans celui qu’il a peut-être le plus soigné, il est resté cependant si inférieur à son modèle, par les efforts même qu’il fait pour s’en rapprocher, il faut bien qu’il y ait une raison de cette différence. […] Les pensées les plus sublimes, les plus grandes images, ne sont point inaccessibles au talent du traducteur habile ; ses efforts même peuvent être quelquefois très heureux, et nous en avons vu des exemples. […] ……………………………………………… Les larmes cependant coulent de tous les yeux Vingt cris mal étouffés troublent les rits pieux ; L’effort de la douleur rompt toutes les barrières, Et les sanglots confus sont mêlés aux prières. […] Ce qui rend ces regrets plus vifs encore, c’est qu’il est impossible de se dissimuler que Lebrun eût pu faire à notre poésie un honneur immortel ; c’est qu’il est pur, naturel, harmonieux sans effort, quand il a voulu l’être ; qu’il eût vraiment fait faire à la langue poétique un pas de plus, et qu’il a le premier essayé de plier au ton didactique sa dédaigneuse inflexibilité.

6. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre IV. Beautés morales et philosophiques. »

Les uns mettent la vertu à une hauteur si décourageante, qu’elle rebute les efforts du zèle le plus affermi, et ne permet son accès qu’à l’orgueil du sophiste qui cherche moins à valoir en effet mieux que ses semblables, qu’à les écraser de sa prétendue supériorité. […] Mais le psalmiste avait dit tout cela, et l’avait dit avec cette énergique concision qui caractérise le sublime de pensée, et qui, écartant nécessairement de l’esprit du lecteur toute idée de recherche dans les figures, et d’ambition dans la manière de les exprimer, ne donne et ne laisse que l’idée simple, mais vraie, d’une image presque au-dessus de la pensée, et inaccessible aux efforts de la diction la plus étudiée, ou la plus naturellement pittoresque : Justitia et judicium correctio sedis ejus (Ps. […] Où se trouverait donc l’utilité sublime des conseils de l’écrivain sacré, si, après nous avoir si pleinement convaincus du néant de tout ce qui pourrait nous séduire ici-bas ; après nous avoir démontré si complètement que rien de tout cela ne peut être le bonheur, il ne plaçait sous nos yeux une perspective plus consolante, et encourageait la patience du juste, en lui montrant d’avance la récompense qui attend ses efforts pour les couronner ? […] Voici maintenant le commentaire poétique de ce texte consolant : Bientôt vos yeux éteints ne verront plus le jour : Sur vos fronts sillonnés la pesante vieillesse Imprimera l’effroi, gravera la tristesse : Ses frimats détruiront vos cheveux blanchissants : Vous perdrez le sommeil, ce charme de vos sens : Les mets n’auront pour vous que des amorces vaines : Vous serez sourds au chant de vos jeunes syrènes : Vos corps appesantis, sans force et sans ressorts, Feront pour se traîner d’inutiles efforts : La Mort, d’un cri lugubre, annoncera votre heure ; L’éternité, pour vous, ouvre alors sa demeure. […] Le sage trouve tout cela dans son âme, et il est difficile au lecteur de ne pas ouvrir la sienne à ses discours : Heureux qui de ses mains cultive les sillons Où son champêtre aïeul planta ses pavillons, Qui demande à la terre un tribut légitime, Pour nourrir les mortels, l’épuise et la ranime, Et par l’utile effort d’un soin toujours nouveau, En devient l’économe et non pas le fardeau.

7. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Cet effort généreux de votre amour parfaite Vient-il à mon secours, vient-il à ma défaite ? […] Vois, pour te faire vaincre un si fort adversaire, Quels efforts à moi-même il a fallu me faire ; Quels combats j’ai donnés pour te donner un cœur Si justement acquis à son premier vainqueur6 : Et si l’ingratitude en ton cœur ne domine, Fais quelque effort sur toi pour te rendre à Pauline7 Apprends d’elle à forcer ton propre sentiment ; Prends sa vertu pour guide en ton aveuglement ; Souffre que de toi-même elle obtienne ta vie, Pour vivre sous tes lois à jamais asservie8. […] Après avoir deux fois essayé la menace, Après m’avoir fait voir Néarque2 dans la mort, Après avoir tenté l’amour et son effort, Après m’avoir montré cette soif du baptême, Pour opposer à Dieu l’intérêt de Dieu même, Vous vous joignez ensemble ! […] Et qui, par un effort de cet excès d’amour, Veut pour nous en victime être offert chaque jour. […] Quelque effort qui s’oppose à l’ardeur qui m’enflamme, Les intérêts du corps cèdent à ceux de l’âme.

8. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Les paysans durs à la peine A veoir les efforts que Seneque13 se donne pour se preparer contre la mort, à le voir suer d’ahan1, pour se roidir et pour s’asseurer, et se debattre si long temps en cette perche2, i’eusse esbranlé sa reputation, s’il ne l’eust en mourant3 tres-uaillamment maintenuë… A quoy faire4 nous allons nous gendarmant par ces efforts de la science5 ? […] Ahan, c’est un grand effort. […] Pourquoi monter ainsi sur nos grands chevaux, et nous guinder par un effort scientifique ?

9. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

Si, au milieu de ses efforts, il l’abandonne, elle retombe blessée du choc qu’elle éprouve. […] Le lecteur est forcé de tendre son esprit, d’exercer son imagination, lorsqu’il n’éprouve aucune propension à faire un semblable effort. […] Il peut être riche dans son expression, plein de figures et d’imagination, mais tout coule de source sans efforts. […] C’est principalement là l’objet des efforts de l’éloquence judiciaire. […] Venir disputer le prix dans la lutte périlleuse du barreau, c’est le grand effort de l’orateur, et peut-être le plus noble effort de l’esprit humain.

10. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

L’effort n’est pas plus grand si, pendant le temps de l’entracte, on s’imagine qu’il s’est écoulé des mois, des années, ou que l’action s’est transportée d’un lieu à un autre. […] Le nœud est le lien de l’action : il sort de l’exposition ; il se resserre à mesure que l’action avance, que les obstacles se multiplient avec les efforts, et que les alternatives d’inquiétude et d’espérance se succèdent et se balancent dans l’âme du spectateur. […] Il est plus moral, parce que la victoire dépend de notre volonté, de nos efforts, et qu’il nous enseigne à nous craindre nous-mêmes, à ne pas nous laisser décourager ni abattre dans la lutte ; il est plus fécond et plus varié, en ce sens qu’il peut mettre en œuvre toutes les passions, et tirer de leurs développements et de leurs contrastes des situations pleines d’intérêt, des mouvements toujours nouveaux. […] Malgré tous les efforts de la critique, le drame l’a emporté ; il a presque tué la tragédie : Il a habitué le public à son allure indépendante, à ses émotions violentes et sensuelles : il l’a rendu avide de ces représentations fiévreuses qui ont quelques rapports avec les jeux du cirque et les combats de l’amphithéâtre. […] Les pensées doivent être fines, délicates, ingénieuses et piquantes, mais sans effort et sans recherche.

11. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Incapable de se passionner dans les affaires, il conservait toujours une humeur libre, qui se prêtait, sans effort, aux différents devoirs de son ministère ; il avait toujours la possession de son esprit et de son jugement ; la modération et l’égalité de son caractère le rendaient constant dans ses résolutions. […] Plus on le lit, plus on croit voir un homme enseveli vivant, qui ferait un continuel effort pour soulever la pierre de son sépulcre, et retomberait épuisé au moment même où il entrevoit la lumière. » (Prévost-Paradol. […] Il n’est guère sympathique aux Ménalques ; voulez-vous voir son idéal secret, lisez cette page : « Quand je trouve dans un ouvrage une grande imagination avec une grande sagesse, un jugement net et profond, des passions très-hautes mais vraies, nul effort pour paraître grand, une extrême sincérité, beaucoup d’éloquence, et point d’art que celui qui vient du génie, alors je respecte l’auteur, je l’estime autant que les sages ou que les héros qu’il a peints.

12. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Pour peu que le sujet soit vaste et compliqué, il est bien rare qu’on puisse l’embrasser d’un coup-d’œil, ou le pénétrer en entier d’un seul et premier effort du génie ; et il est rare encore qu’après bien des réflexions on en saisisse tous les rapports. […] Leurs conseils de discipline, leurs règlements, leur conduite publique, témoignent de leurs efforts à imiter les vertus éminentes des Démosthène et des Cicéron. […] Il est facile à l’orateur d’émouvoir des auditeurs déjà passionnés par amour ou par haine ; mais, pour les échauffer, quand ils sont indifférents, pour les amener à aimer ou à haïr, il faut tout l’effort du pathétique. […] Nos grands orateurs sacrés avaient peut-être cette conviction : car il n’est pas rare de les voir recourir aux plus grands efforts du pathétique ; leurs ouvrages en offrent de fort beaux modèles.

13. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre quatrième. De la disposition oratoire, ou de l’Ordre mécanique du discours. — Chapitre premier. »

L’insinuation suppose, au contraire, la nécessité de détruire, dans l’esprit des auditeurs, des dispositions peu favorables à la cause que l’on entreprend de défendre  Il faut tout l’art possible pour dissiper sans effort, mais avec succès cependant, ces préventions fâcheuses, et amener insensiblement l’auditeur à nous entendre, non seulement avec attention, mais avec cette portion d’intérêt qui est d’avance un présage certain du gain de la cause. […] Mais, ces cas exceptés, l’exorde doit, en général, être simple et naturel, et sortir sans effort du sujet même : Effloruisse penitùs ex re de quû tùm agitur. […] Il vaudrait beaucoup mieux alors laisser les juges à leurs propres dispositions ; car ici les grands efforts, les grands mouvements, sont tout près du ridicule ; et ce qui ne fait pas pleurer, fait nécessairement rire : nihil habet ista res medium ; sed aut lacrymas meretur aut risum .

14. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. B. Rousseau. (1671-1741.) » pp. 254-266

L’effort d’une vertu commune Suffit pour faire un conquérant : Celui qui dompte la fortune Mérite seul le nom de grand. […] Inutiles efforts ! […]         Ce n’est point par effort qu’on aime :         L’amour est jaloux de ses droits ;         Il ne dépend que de lui-même,         On ne l’obtient que par son choix.

15. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Deuxième partie. De la poésie en particulier ou des différents genres de poésie — Seconde section. Des grands genres de poésie — Chapitre IV. Du genre dramatique. » pp. 252-332

On doit s’y proposer un seul but ; et tous les moyens qu’on emploie, tous les efforts qu’on fait, doivent tendre à ce but. […] Il consiste dans les obstacles qui retardent l’accomplissement de l’action, dans les dangers qu’il faut courir, dans les efforts, les ruses, les moyens qu’il faut employer pour y parvenir : obstacles, dangers, efforts, moyens qui supposent ou produisent des événements particuliers appelés incidents, d’où résultent pour le spectateur l’incertitude, la curiosité, l’impatience et l’inquiétude. […] Il se resserre de plus en plus dans les suivants ; c’est-à-dire que les obstacles se multiplient, le péril augmente, les efforts deviennent plus vifs. […] Le préparer, c’est disposer l’action de manière que ce qui le précède le produise naturellement et sans effort. […] Elle est suivie d’une quatrième qui contient les efforts inutiles de Pauline et de Félix contre la fermeté de Polyeucte, c’est le quatrième acte.

16. (1839) Manuel pratique de rhétorique

— L’auteur avait-il besoin pour son sujet d’art, d’efforts, d’ornements recherchés, de mouvements ? […] Pour cela, l’orateur n’a besoin ni d’art, ni d’efforts, ni d’ornements recherchés, ni de mouvements. […] Bossuet est grand, mais juste et naturel ; on sent qu’il s’élève sans effort. […] En efforts impuissants leur maitre se consume. […] Agréez ces derniers efforts d’une voix qui vous fut connue.

17. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Guizot. Né en 1787. » pp. 469-478

Mais quand l’occasion s’offrit, quand la nécessité arriva, sans effort de sa part, sans surprise de la part des autres, ou plutôt, comme on vient de le voir, selon leur attente, le sage planteur fut un grand homme. […] La conscience humaine s’étonne, hésite ; puis enfin elle fait un effort ; elle va reconnaître et saisir le crime hors de la sphère légale. […] À mesure que je me détache de moi-même et que le temps m’emporte loin de nos combats, j’entre sans effort dans une appréciation sereine et douce des idées et des sentiments qui ne sont pas les miens.

18. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre V. Panégyrique de Louis XV, par Voltaire. »

Les témoignages de cet amour venaient de tous côtés au monarque ; il se souleva soudain par un effort dans ce lit de douleur ou il languissait encore : Qu’ai-je donc fait, s’écria-t-il, pour être ainsi aimé ? […] Si le roi eût cédé aux prières de tant de serviteurs, qui ne craignaient que pour ses jours ; s’il n’eût demeuré sur le champ de bataille ; s’il n’eût fait revenir ses canons dispersés, qu’on retrouva avec tant de peine, aurait-on fait les efforts réunis qui décidèrent du sort de cette journée ?

19. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Préface de la première édition » pp. -

D’illustres princes de l’Église n’ont pas dédaigné d’applaudir à nos efforts ; de nous féliciter d’avoir publié ce travail consciencieux, qui non seulement ne contient rien de contraire aux principes de la saine doctrine en ce qui concerne la foi et les bonnes mœurs, mais encore est très propre à éclairer l’esprit des jeunes humanistes, à épurer leur goût et à orner leur cœur, et qui mérite une place distinguée parmi les livres classiques édités de nos jours ; de nous louer d’avoir mis de la netteté dans notre plan, de la clarté dans notre méthode, de la justesse dans nos définitions, et surtout d’avoir rattaché à notre enseignement les modèles si parfaits qu’offrent les poètes bibliques et liturgiques, trop indignement méconnus ; de nous permettre de compter sur leurs plus favorables dispositions à l’égard de nos travaux, et sur la reconnaissance de tous les amis des lettres, mais surtout des lettres chrétiennes ; d’apprécier toute l’importance de notre œuvre, et d’appeler sur elle les bénédictions les plus abondantes ; enfin, de nous exhorter à servir la cause des bonnes-lettres avec un zèle qui ne se ralentisse jamais. Puissent ces vénérables pontifes, ainsi que tous ceux qui ont bien voulu encourager nos efforts, daigner agréer l’expression de notre bien vive reconnaissance !

20. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Pascal, 1623-1662 » pp. 56-71

C’est de cette façon que l’on peut aujourd’hui prendre d’autres sentiments et de nouvelles opinions sans mépriser les anciens et 3 sans ingratitude, puisque les premières connaissances qu’ils nous ont données ont servi de degrés aux nôtres, et que dans ces avantages nous leur sommes redevables de l’ascendant que nous avons sur eux ; parce que s’étant élevés jusqu’à un certain degré où ils nous ont portés, le moindre effort nous fait monter plus haut, et avec moins de peine et moins de gloire nous nous trouvons au-dessus d’eux. […] Elle se contente de recevoir un grand effort d’esprit sans exiger qu’il soit l’effort d’un esprit grand comme le sien. […] Et encore, loin de s’épancher, comme les faibles, Pascal fait effort pour se contenir ; l’ardeur de son âme ne paraît qu’à travers la sévérité de son esprit.

21. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Ce sont de méprisables efforts pour embellir de telles pensées, et leur donner une solidité spécieuse, qui trop souvent ont avili l’art oratoire, et l’ont placé bien au-dessous de son véritable objet. […] Il semble, il est vrai, qu’elle en ait favorisé particulièrement quelques personnes ; mais, comme pour tous les talents dont elle nous a doués, elle n’en accorde la perfection qu’à nos efforts. […] On remarque en général, et ceci souffre peu d’exceptions, que lorsque les efforts de l’esprit sont dirigés vers un seul objet, exclusivement à tous les autres, on peut avec raison espérer qu’on atteindra la perfection, quel que soit l’objet de ces efforts. […] Dans le vingtième livre, où les dieux, partagés entre les Grecs et les Troyens, combattent pour les deux armées, le poète semble avoir rassemblé tous ses efforts pour donner à sa description une magnificence imposante. […] Aucun effort de génie n’est capable de soutenir l’âme à une hauteur si fort au-dessus de sa situation ordinaire, vers laquelle elle tend sans cesse à retomber.

22. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre II. Des qualités du style » pp. 79-118

La clarté du style est, d’après Quintilien, cette qualité qui fait saisir sur-le-champ et sans effort la pensée exprimée par la parole. […] Le style facile est celui qui paraît n’avoir coûté aucune peine, aucun effort, et que l’on semble avoir trouvé comme en se jouant. Ce qui bien souvent s’entend moins de la facilité réelle avec laquelle un ouvrage a été composé, que du résultat du travail opiniâtre par lequel l’écrivain est parvenu à effacer la trace de ses efforts. […] Le travail ne doit pas paraître dans un ouvrage, parce que la gêne et l’effort de l’auteur ne manquent jamais d’affecter le lecteur d’une manière désagréable. […] La naïveté du style est une simplicité naturelle et ingénue, mais raisonnable et gracieuse, avec laquelle on exprime des pensées, des sentiments qui échappent sans effort et sans apprêt, et qui frappent par je ne sais quoi de spontané et d’imprévu.

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Nisard Né en 1806 » pp. 296-300

Pour quelques efforts que vous n’aurez pas faits, au temps où une mémoire heureuse et une imagination tendre vous les rendent faciles, vous êtes déshérités de tous les biens de l’esprit. […] Faites donc ces efforts si profitables, qui vous mettront en possession d’une fortune sans vicissitude.

24. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

On doit s’y proposer un seul but ; et tous les moyens qu’on emploie, tous les efforts qu’on fait, doivent tendre à ce but. […] Il consiste, comme je l’ai déjà dit, dans les obstacles qui retardent l’accomplissement de l’action, dans les dangers qu’il faut courir, dans les efforts, les ruses, les moyens qu’il faut employer pour y parvenir ; obstacles, dangers, efforts, ruses, moyens qui supposent ou produisent des événemens particuliers qu’on appelle incidens. […] Il se serre de plus en plus dans le deuxième, le troisième et le quatrième ; c’est-à-dire, que le péril augmente, les obstacles se multiplient, les efforts deviennent plus vifs. […] Le dénouement sera préparé, si le poëte dispose l’action, de manière que ce qui précède le dénouement, le produise naturellement et sans effort. […] L’Orient accablé Ne peut plus soutenir leur effort redoublé.

25. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

Appropriée au caractère de son imagination douce et pathétique, sa diction est sobrement ornée, élégante et pure, harmonieuse et sans effort. […] Terre infortunée qui, arrosée du sang de Jésus-Christ, et consacrée par les mystères qui ont opéré le salut de tous les hommes, gémissez pourtant encore, malgré tous les efforts de nos pères, sous une dure servitude, pour servir sans doute de monuments jusqu’à la fin à la vérité des prédictions du Sauveur ; terre infortunée, vous rappelâtes alors, en voyant ce pieux héros armé pour la délivrance de la sainte Jérusalem, vous rappelâtes vos anciens jours de gloire et d’allégresse ; vous parûtes animée d’une nouvelle espérance, vous crûtes revoir les Josué, les Gédéon, les David, a la tête de vos tribus, qui venaient briser votre joug et vous délivrer de la servitude et de l’oppression d’un peuple incirconcis.

26. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

C’est par cette voie qu’il est parvenu aux connaissances rares et sublimes de l’incrédulité ; c’est à ces grands efforts qu’il doit la découverte d’une vérité, que le reste des hommes, jusqu’à lui, avait ignorée ou détestée ». […] Enfin, au milieu de ces tristes efforts, ses yeux se fixent, ses traits changent, son visage se défigure, sa bouche livide s’entrouvre d’elle-même, tout son esprit frémit ; et, par ce dernier effort, son âme infortunée s’arrache comme à regret de ce corps de boue, tombe entre les mains de Dieu, et se trouve seule au pied du tribunal redoutable ».

27. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Plus un déclamateur ferait d’efforts pour m’éblouir par les prestiges de son discours, plus je me révolterais contre sa vanité. […] La simplicité en poésie Un homme qui pense beaucoup veut beaucoup dire ; il ne peut se résoudre à rien perdre ; il sent le prix de tout ce qu’il a trouvé, il fait de grands efforts pour renfermer tout dans les bornes étroites d’un vers. […] Mais la vertu de l’Évangile ne doit pas s’éteindre après ces premiers efforts ; le temps ne peut rien contre elle : Jésus-Christ, qui en est la source, est de tous les temps ; il était hier, il est aujourd’hui, et il sera aux siècles des siècles. […] Ma conclusion est qu’on ne peut pas trop louer les modernes, qui font de généreux efforts pour surpasser les anciens. […] Quel que soit son sujet, il l’agrandit naturellement et sans effort.

28. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Rarement la vraisemblance est blessée dans la partie oratoire de leurs ouvrages, et les discours qu’ils mettent dans la bouche de leurs personnages s’accordent si bien avec le caractère, la situation et l’objet de celui qui parle, que l’on se persuade sans effort que ces harangues ont été prononcées en effet telles que l’historien les rapporte. […] Tu ne saurais cacher sa peine à sa victoire ; Dans les murs, hors des murs, tout parle de sa gloire, Tout s’oppose à l’effort de ton injuste amour, Qui veut d’un si beau sang souiller un si beau jour. […] On voit que, soutenu par un grand modèle, il a fait des efforts pour s’élever même au-dessus de lui, s’il était possible, et ses efforts n’ont pas été malheureux pour cette fois.

29. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre III. De l’Éloquence chez les Romains. »

Composée de sons âpres et rudes, elle n’eut d’abord ni variété ni précision : elle devint ensuite régulière et majestueuse ; mais elle manqua toujours de cette simplicité expressive, de cette heureuse flexibilité qui se plie sans efforts à tous les genres de composition. […] Encore ces étincelles sont-elles rares et faibles, et s’aperçoit-on, à chaque instant, des efforts que fait l’auteur pour s’éloigner de la façon de penser et de parler ordinaire, et se maintenir à une élévation forcée.

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