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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

La foi plantée dans l’Amérique, parmi tant d’orages, ne cesse pas d’y porter des fruits. […] Le maître qui nous enseigne sans cesse nous fait penser tous de la même façon. […] Nous recevons sans cesse et à tout moment une raison supérieure à nous, comme nous respirons sans cesse l’air, qui est un corps étranger, ou comme nous voyons sans cesse tous les objets voisins de nous à la lumière du soleil, dont les rayons sont des corps étrangers à nos yeux. […] Étudiez sans cesse les hommes ; apprenez à vous en servir sans vous livrer à eux. […] Nous le trouvons sans cesse dans notre centre commun.

3. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre V. Beautés oratoires. »

Errants et dispersés d’un bout de l’univers à l’autre, vous ne trouverez de repos et de paix nulle part, et le terme de votre course fuira sans cesse loin de vous ; sans cesse votre vie sera suspendue devant vous à un fil léger. […] J’ai constamment servi le Seigneur dans l’humilité, dans les larmes, et au milieu des persécutions que ne cesse de me susciter la haine des Juifs. […] Veillez donc, je vous le répète ; et rappelez-vous sans cesse les avis que je vous ai donnés ces trois derniers jours, en confondant mes larmes avec les vôtres.

4. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Celte espèce d’antithèse se nomme dérivation, quand les mots, différents entre eux, ont une origine commune, Ton bras est invaincu mais non pas invincible… Et le combat cessa faute de combattants ; et polypiote, quand ce sont diverses formes du même mot : Il plaît à tout le monde, et ne saurait se plaire. […] Ainsi ces paroles du Lutrin où la Mollesse, en regrettant l’heureux siècle des rois fainéants, fait le plus bel éloge de la triomphante activité de Louis XIV ; ainsi plusieurs passages du même Boileau dans ses Epîtres au roi, Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire, etc. […] pour y parvenir, il doit varier sans cesse ses discours, et être à lui-même un critique sévère de ses propres ouvrages. […] Sans cesse en écrivant variez vos discours…Craignez-vous pour vos vers la censure publique ?

5. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Buffon. (1707-1788.) » pp. 146-152

[Notice] Né à Montbar en Bourgogne, en 1707, Buffon fut parmi nous l’historien de la nature, comme Aristote l’avait été chez les Grecs et Pline chez les Latins ; mais, avec plus de richesse que le premier, il eut plus d’exactitude que le second : la direction du Jardin des plantes, qu’il reçut de Louis XV à trente-deux ans, détermina sa vocation et lui ouvrit la voie où il ne cessa de marcher avec autant d’efforts que de gloire. […] ils sont ensevelis pour jamais dans une nuit profonde ; l’homme d’alors, replongé dans les ténèbres de l’ignorance, a, pour ainsi dire, cessé d’être homme1 : car la grossièreté, suivie de l’oubli des devoirs, commence par relâcher les liens de la société, la barbarie achève de les rompre ; les lois méprisées ou proscrites ; les mœurs dégénérées en habitudes farouches ; l’amour de l’humanité, quoique gravé en caractères sacrés, effacé dans les cœurs ; l’homme enfin sans éducation, sans morale, réduit à mener une vie solitaire et sauvage, n’offre, au lieu de sa haute nature, que celle d’un être dégradé au-dessous de l’animal. […] De ces hôtes des bois, les fauvettes sont les plus nombreuses comme les plus aimables ; vives, agiles, légères et sans cesse remuées2, tous leurs mouvements ont l’air du sentiment, tous leurs accents le ton de la joie. […] L’émeraude, le rubis, la topaze, brillent sur ses habits1 : il ne les souille jamais de la poussière de la terre ; et, dans sa vie toute2 aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instants ; il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur, comme il a leur éclat ; il vit de leur nectar, et n’habite que les climats où sans cesse elles se renouvellent.

6. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 313-335

J’ose affirmer qu’il n’y a peut-être pas dans le haut Valais un seul montagnard mécontent de sa vie presque automate, et qui n’acceptât volontiers, au lieu même du paradis, le marché de renaître sans cesse pour végéter ainsi perpétuellement. […] Mortels, ne cesserez-vous jamais de calomnier la nature ? […] Que d’autres, saisis d’horreur, pensent, en la quittant, cesser d’être ; instruit de votre néant, vous croirez commencer : la mort est la fin de la vie du méchant, et le commencement de celle du juste1. […] Vous nous redressez trop bien sur nos deux pieds pour cesser de vous tenir sur les vôtres. […] Si, enfin, dans un moment fatal, toute la race humaine avilie cessait de croire à la justice pour ne plus croire qu’à l’intérêt et au plaisir, si jamais nos yeux devaient voir dans le monde l’abjecte unité de la dépravation, ah !

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Buffon, 1707-1788 » pp. 282-302

Mais, avant de chercher l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un autre plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées : c’est en marquant leur place sur ce premier plan, qu’un sujet sera circonscrit, et que l’on en connaîtra l’étendue ; c’est en se rappelant sans cesse ces premiers linéaments, qu’on déterminera les justes intervalles qui séparent les idées principales, et qu’il naîtra des idées accessoires et moyennes qui serviront à les remplir1. […] Les fleurs, les fruits, les grains perfectionnés, multipliés à l’infini ; les espèces utiles d’animaux transportées, propagées, augmentées sans nombre ; les espèces nuisibles réduites, confinées, reléguées ; l’or, et le fer plus nécessaire que l’or, tirés des entrailles de la terre ; les torrents contenus, les fleuves dirigés, resserrés ; la mer même soumise, reconnue, traversée d’un hémisphère à l’autre ; la terre accessible partout, partout rendue aussi vivante que féconde ; dans les vallées de riantes prairies, dans les plaines de riches pâturages ou des moissons encore plus riches ; les collines chargées de vignes et de fruits, leurs sommets couronnés d’arbres utiles et de jeunes forêts ; les déserts devenus des cités habitées par un peuple immense, qui, circulant sans cesse, se répand de ces centres jusqu’aux extrémités ; des routes ouvertes et fréquentées, des communications établies partout comme autant de témoins de la force et de l’union de la société ; mille autres monuments de puissance et de gloire démontrent assez que l’homme, maître du domaine de la terre, en a changé, renouvelé la surface entière, et que de tout temps il partage l’empire avec la nature. Cependant il ne règne que par droit de conquête ; il jouit plutôt qu’il ne possède, il ne conserve que par des soins toujours renouvelés ; s’ils cessent, tout languit, tout s’altère, tout change, tout rentre sous la main de la nature : elle reprend ses droits, efface les ouvrages de l’homme, couvre de poussière et de mousse ses plus fastueux monuments, les détruit avec le temps, et ne lui laisse que le regret d’avoir perdu par sa faute ce que ses ancêtres avaient conquis par leurs travaux. […] qu’à votre voix la discorde et la guerre cessent de faire retentir leurs clameurs orgueilleuses1 ! […] L’émeraude, le rubis, la topaze, brillent sur ses habits ; il ne les souille jamais de la poussière de la terre, et, dans sa vie tout aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instants ; il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs : il a leur fraîcheur, comme il a leur éclat ; il vit de leur nectar, et n’habite que les climats où sans cesse elles se renouvellent.

8. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

On eût dit, à voir bondir les vagues, ces innombrables cavaleries de Tartares qui galopent sans cesse dans les plaines de l’Asie. […] C’est comme un nuage d’encens invisible que je respire sans cesse. […] Le salut du matin qui renouvelle en quelque sorte le plaisir de la première arrivée ; le déjeuner, repas dans lequel on fête immédiatement le bonheur de s’être retrouvés ; la promenade qui suit, sorte de salut et d’adoration que nous allons rendre à la nature ; notre rentrée et notre clôture dans une chambre toute lambrissée à l’antique, donnant sur la mer, inaccessible au bruit du ménage, en un mot, vrai sanctuaire du travail ; le dîner qui nous est annoncé, non par le son de la cloche qui rappelle trop le collége ou la grande maison, mais par une voix douce ; la gaieté, les vives plaisanteries, les causeries ondoyantes qui flottent sans cesse durant le repas ; le feu pétillant de branches sèches autour duquel nous pressons nos chaises ; les douces choses qui se disent à la chaleur de la flamme qui bruit tandis que nous causons ; et, s’il fait soleil, la promenade au bord de la mer qui voit venir à elle une mère, son enfant dans les bras ; les lèvres roses de la petite fille qui parlent en même temps que les flots ; quelquefois les larmes qu’elle verse, et les cris de sa douleur enfantine sur le rivage de la mer ; nos pensées à nous, en considérant la mère et l’enfant qui se sourient, ou l’enfant qui pleure et la mère qui tâche de l’apaiser avec la douceur de ses caresses et de sa voix ; l’Océan qui va toujours roulant son train de vagues et de bruits ; les branches mortes que nous coupons en nous en allant çà et là dans le taillis, pour allumer au retour un feu prompt et vif ; ce petit travail de bûcheron qui nous rapproche de la nature et nous rappelle l’ardeur singulière de M. […] Il disait : « Pourquoi m’inquiéter en me demandant sans cesse : que ferai-je de ma vie ?

9. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Ils inaugurèrent ainsi ces glossaires qui, devenus le partage exclusif des spécialistes, n’ont pas cessé d’être un obstacle à la vulgarisation des sciences. […] Outre que jusqu’alors on n’avait pas cessé d’écrire et de parler la langue romaine, l’excellence et la popularité de Montaigne, qui francisa autant de mots latins que Rabelais de mots grecs, ne prouve-t-elle pas que les latinismes vulgaires ou savants furent toujours le penchant prédominant de notre race ? […] Fin subsiste, sans conséquence pour finer qui vient de lui, pendant que cesse et cesser règnent également. […]  — D’autre part, il n’est point urgent de rendre pronominaux des verbes qui ont cessé de l’être, tels que : se sourire et se pourpenser. — Quant à ceux qui, devenus neutres, furent alors actifs, notons-les seulement comme curiosités. […] Elle reflétera toujours les vicissitudes des instincts, des sentiments, des idées ou des besoins qui, chez les peuples, se modifient sans cesse avec les temps.

10. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre second. Définition et devoir de la Rhétorique. — Histoire abrégée de l’Éloquence chez les anciens et chez les modernes. — Chapitre III. De l’Éloquence chez les Romains. »

Sans cesse occupés d’expéditions militaires, les Romains négligèrent longtemps tous les arts : chez eux, tout fut grave, lent et austère. […] Pardonnons-lui pourtant, et surtout après son exil ; songeons qu’il eut sans cesse à combattre la jalousie et la haine, et rappelons-nous qu’un grand homme persécuté a des droits que n’a pas le reste des hommes. […] Mais les discussions de la tribune républicaine, les débats du sénat et des assemblées populaires, cessèrent d’échauffer les esprits, et d’entretenir cette éloquence mâle et vigoureuse que le mouvement allume, et qui ne brille qu’en embrasant.

11. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

À peine le Démosthène français eut-il rencontré, dans ce nouvel Eschine, un rival de génie et d’éloquence, que la tribune, presque sans cesse occupée par ces deux illustres antagonistes, présenta le spectacle le plus imposant dont les fastes de l’éloquence française puissent garder la mémoire. […] Telle fut, pour notre patrie, l’époque du régime révolutionnaire ; le coup le plus mortel qu’il ait porté à la langue et à l’éloquence françaises, n’est pas seulement d’avoir introduit une foule de mots barbares déjà oubliés, et qui ne pouvaient survivre aux choses qui les avaient introduits dans le discours, mais d’avoir accoutumé les esprits à déraisonner sans cesse, par l’affectation même de vouloir toujours raisonner, et de rester sans cesse à côté de la vérité en disant autre chose que ce qu’on voulait dire, ou en le disant autrement qu’on ne le devait.

12. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Les âges se renouvellent, la figure du monde passe sans cesse, les morts et les vivants se remplacent et se succèdent continuellement ; tout change, tout s’use, tout s’éteint. […] Les uns ne semblent être sur la terre que pour y jouir d’un indigne repos, et se dérober par la diversité des plaisirs à l’ennui qui les suit partout à mesure qu’ils le suient ; les autres n’y sont que pour chercher sans cesse dans les soins d’ici-bas des agitations qui les dérobent à eux-mêmes. […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre ; et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes : on nous fait même plaisir de nous en décharger ; c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage. […] Que Dieu retire sa main, le monde retombera dans le néant ; que l’autorité cesse dans le royaume, tout sera confusion.

13. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Cousin, 1792-1867 » pp. 492-503

Cousin n’avait jamais cessé d’être sensible à la gloire littéraire ; aussi quand sa volonté, plus que les circonstances, l’eut confiné dans une retraite respectée, l’artiste prévalut de plus en plus sur le philosophe. […] Voilà les maîtres vers lesquels il faut sans cesse porter ses regards, quand on a quelques sentiments de l’art véritable, et qu’on aime cette admirable langue française, fidèle image de l’esprit et du caractère national, qui ne peut se soutenir et durer que par le perpétuel renouvellement des causes qui l’ont formée et élevée, à savoir les grands sentiments et les grandes pensées, ces foyers immortels du génie des écrivains et des artistes, aussi bien que de la puissance des nations. […] Répétons-nous sans cesse que, dans la mort comme dans la vie, l’âme est sûre de trouver Dieu, et qu’avec Dieu tout est juste et tout est bien1. […] L’auteur seul y trouvait à redire et y retouchait sans cesse.

14. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre VI. Massillon. »

Craignez cet avenir que vous vous efforcez de ne pas croire : ne nous demandez plus ce qui se passe dans cette autre vie dont on vous parle ; mais demandez-vous sans cesse à vous-même ce que vous faites dans celle-ci : calmez votre conscience par l’innocence de vos mœurs, et non par l’impiété de vos sentiments : mettez votre cœur en repos, en y appelant Dieu, et non pas en doutant s’il vous regarde. […] L’avenir cessera de vous paraître incroyable, dès que vous cesserez de vivre comme ceux qui bornent toute leur félicité dans le court espace de cette vie ». […] as-tu cessé d’exister ?

15. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Beaumarchais, 1732-1799 » pp. 344-356

« S’il est écrit que je dois être exercé par toutes les traverses que ta rigueur m’annonce, tu ne veux pas apparemment que je succombe à ces chagrins ; donne-moi la force de les repousser, d’en soutenir l’excès par des compensations ; et, malgré tant de maux, je ne cesserai de chanter tes louanges. […] Continuez à déraisonner, mais cessez d’injurier. […] À ce comptet puisque Figaro répond à tant de sentiments bons et mauvais de notre nature, c’est un personnage qui cessera plutôt d’être joué que d’être applaudi. […] d’éprouver sans cesse l’ennui de l’importunité, le dégoût des sollicitations, le bavardage des plaideurs, la monotonie des audiences, la fatigue des délibérations, et la contention d’esprit nécessaire aux prononcés des arrêts, s’il ne se croyait pas payé de cette vie laborieuse et pénible par l’estime et la considération publiques ?

16. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Voilà nos classiques ; l’imagination de chacun peut achever le dessin et même choisir son groupe préféré ; car il faut choisir, et la première condition du goût, après avoir tout compris, est de ne pas voyager sans cesse, mais de s’asseoir une fois et de se fixer. […] Mais aussi, que le présent, que l’avenir le plus prochain, ne nous possèdent point tout entiers ; que l’orgueil et l’abondance de la vie ne nous enivrent pas ; que le passé, là où il a offert de parfaits modèles et exemplaires ne cesse d’être considéré de nous et compris. […] Les problèmes en art, en science, en industrie, en tout ce qui est de la guerre ou de la paix, se posent pour nous tout autrement : nous avons l’étendue, la multitude, l’océan, tous les océans devant nous, des nations vastes, le genre humain tout entier ; nous sondons l’infini du ciel ; nous avons la clef des choses, nous avons Descartes, et Newton, et Laplace ; nous avons nos calculs et nos méthodes, nos instruments en tout genre, poudre à canon, lunettes, vapeur, analyse chimique, électricité : Prométhée n’a cessé de marcher et de dérober les Dieux. […] Mais c’est une raison de plus pour que notre fond de perspective ne cesse de nous montrer cette beauté première, cette excellence parfaite dans son cadre et en ses contours limités.

17. (1853) Éléments de la grammaire française « Éléments de lagrammaire française. — Analyse grammaticale » p. 61

qu’il est heureux le mortel qui, pénétré de tes vérités sublimes, trouve sans cesse dans ton sein un asile contre le vice et un refuge contre le malheur !  […] sans cesse.

18. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre V. Barreau français. — Le Normant et Cochin. »

Que l’on cesse donc de s’étonner d’avoir vu et de voir tous les jours encore, insensiblement tomber des réputations, d’abord élevées si haut, mais qui manquaient de ce qui les devait soutenir à jamais. […] Malgré la pureté de langage qui caractérise ses plaidoyers et ses lettres, on a cessé depuis longtemps de les lire, parce qu’on y chercherait en vain cette chaleur de style et cette force de raison qui donnent seules la vie aux écrits, de quelque nature qu’ils soient.

19. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

Tout ce qu’il vous débite en grimaces abonde ; A force de façons il assomme le monde ; Sans cesse il a, tout bas, pour rompre l’entretien, Un secret à vous dire, et ce secret n’est rien : De la moindre vétille il fait une merveille, Et, jusques au bonjour, il dit tout à l’oreille. […] Jamais on ne le voit sortir du grand seigneur1 ; Dans le brillant commerce il se mêle sans cesse, Et ne cite jamais que duc, prince ou princesse. […] Lorsqu’elle vient me voir, je souffre le martyre : Il faut suer sans cesse à chercher que lui dire ; Et la stérilité de son expression Fait mourir à tous coups la conversation. […] Il est guindé sans cesse, et, dans tous ses propos, On voit qu’il se travaille à dire de bons mots. […] Son humeur satirique est sans cesse nourrie Par le coupable encens de votre flatterie ; Et son cœur à railler trouverait moins d’appas, S’il avait observé qu’on ne l’applaudît pas.

20. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

La fraternité et la charité ne peuvent devenir la loi de l’État ; elles cesseraient d’être des vertus. […] La raison, ne cesse point d’exiger que les droits soient proportionnés au mérite de qui les obtient. […] Gémis, si tu le veux, cesse de te contraindre ! […] C’est comme un nuage d’encens invisible que je respire sans cesse. […] Que craindre encor quand on a cessé d’être ?

21. (1867) Rhétorique nouvelle « Troisième partie. la rhétorique » pp. 194-

Non-seulement les choses se déplacent sans cesse, mais encore le point de vue d’où nous les envisageons. […] Le rapport que j’ai saisi n’existe plus au moment où je veux l’exprimer, et, quand je l’exprime, j’ai déjà cessé d’être celui que j’étais quand je l’ai saisi. […] Pressé trop vivement, il bat en retraite, mais sans jeter les armes et sans cesser de s’en couvrir. […] — Cessez vaines frayeurs, cessez lâches tendresses ; amour, sers mon devoir et ne le combats plus. […] Mais ce défaut, sensible à l’exorde, cesse d’être choquant à mesure que l’argumentation s’échauffe : c’est l’âme haletante de la passion, le souffle embrasé du volcan.

22. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre III. Idée de l’Éloquence des Saints-Pères. »

Pour bien apprécier jusqu’à quel point ces grands orateurs ont su s’élever au-dessus d’un siècle de décadence il faut se rappeler sans cesse le pays et l’époque où ils ont vécu, et les comparer à ceux de leurs contemporains qui ont joui alors de quelque célébrité. […] Voilà les vrais, les grands modèles qu’il faut étudier avec soin, qu’il faut avoir sans cesse sous les yeux, si l’on veut remplir avec succès la carrière imposante de l’éloquence sacrée.

23. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Rochefoucauld 1613-1680 » pp. 18-21

Combien de perroquets, qui parlent sans cesse, et qui n’entendent jamais ce qu’ils disent1 ! […] Sans cesse on prend le masque, et quittant la nature, On craint de se montrer sous sa propre figure… Rarement un esprit ose être ce qu’il est.

24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Si les cieux, dépouillés de leur empreinte auguste3, Pouvaient cesser jamais de la manifester ; Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer4 ; Que le sage l’annonce, et que les grands le craignent. […] Dès que les tambours ont cessé de battre, les havre-sacs, déposés en rond derrière les faisceaux d’armes, dessinent le terrain où la chambrée doit passer la nuit. […] Voltaire disait ailleurs : On meurt deux fois, je le vois bien : Cesser d’aimer et d’être aimable, C’est une mort insupportable ; Cesser de vivre, ce n’est rien.

25. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre premier. »

L’orateur public doit avoir sans cesse devant les yeux les conséquences terribles qui suivent nécessairement les délibérations trop précipitées. […] L’influence de l’orateur cesse nécessairement, du moment qu’il ne sait plus se commander à lui-même.

26. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre premier. De l’art de la composition en général. »

Il faut donc revenir sur son ouvrage, le corriger, le polir, le limer avec le plus grand soin : Polissez-le sans cesse et le repolissez ; Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. […] Il ne faut pourtant pas tomber dans l’excès contraire, et corriger sans cesse de manière à enlever à un ouvrage son animation, son naturel, sa facilité : il y a des bornes à tout.

27. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Le carême du Louvre inaugura ces trente années, pendant lesquelles il se soutint dans la perfection par des coups d’éclat où son génie se renouvela sans cesse. […] Car le soleil même est toujours nécessaire à l’air qu’il éclaire, afin qu’il demeure toujours éclairé ; combien plus ai-je besoin que vous ne cessiez de m’illuminer, et que vous disiez toujours : « Que la lumière soit faite !  […] D’où vient qu’elle ne cesse de nous agiter et de nous ôter notre meilleur bien, en nous engageant d’affaire en affaire, avec un empressement qui ne finit pas ? […] Toutes nos passions sont des flatteuses ; surtout notre amour-propre est un grand flatteur qui ne cesse de nous applaudir, et tant que nous écouterons ce flatteur caché, jamais nous ne manquerons d’écouter les autres ; car les flatteurs du dehors, âmes vénales et prostituées, savent bien connaître la force de cette flatterie intérieure. […] Cette pensée est le fond des oraisons funèbres ; mais Bossuet renouvelle sans cesse ces sujets d’éternelle méditation.

28. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Simon 1625-1695 » pp. 144-147

Depuis, il ne cessa pas d’observer et d’écrire, à bride abattue, sur tout ce qu’il voyait, entendait et devinait. […] Elle n’épargna rien jusqu’à sa santé, elle n’oublia pas jusqu’aux plus petites choses, et sans cesse, pour gagner Madame de Maintenon7, et le roi par elle.

29. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Beaumarchais 1732-1799 » pp. 199-202

Son portrait, par lui-même Vous qui m’avez connu, vous qui m’avez suivi sans cesse, ô mes amis ! […] A ce compte, puisque Figaro répond à tant de sentiments bons et mauvais de notre nature, c’est un personnage qui cessera plutôt d’être joué que d’être applaudi.

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