Les sympathies et l’attention du public sont acquises à qui lui prouve immédiatement que d’un divertissement il ne va pas lui faire une fatigue : Que dès les premiers vers l’action préparée Sans peine du sujet aplanisse l’entrée.. […] Mais la majorité des prédicateurs ne se compose ni d’apôtres, ni de missionnaires, et pour elle la bienveillance et l’attention sont acquises d’avance. […] Elle soutient l’attention, soulage la mémoire de l’auditeur, régularise la marche du discours, et oppose à ses écarts une contrainte salutaire. […] « Les énumérateurs, dit-il, ont toujours d’une nécessité indispensable et géométrique, trois sujets admirables de vos attentions ; ils prouvent une telle chose dans la première partie de leur discours, cette autre dans la seconde partie, et cette autre encore dans la troisième. […] Elle n’a pas seulement pour effet de rendre les choses plus claires en les tirant de la foule, et en les mettant en présence du juge ; elle délasse encore son attention au moyen des limites qu’elle assigne à chaque partie à peu près comme ces pierres qui servant à masquer nos lieues encouragent le voyageur fatigué.
Au génie que la nature nous a donné, il faut joindre le travail et l’attention. […] L’attention se relâche, et l’esprit tombe dans l’inaction lorsque les mots multipliés ne multiplient pas les idées. […] Cette observation justifie à elle seule le soin et l’attention que j’ai mis à traiter ce sujet. […] Toutes les fois qu’ils traitent de la construction d’une phrase, c’est l’harmonie qui fixe essentiellement leur attention. […] C’est à quoi l’oreille est le plus sensible, et c’est aussi ce qui réclame de notre part la plus grande attention.
Au commencement, parce que l’auditeur, prêtant une attention toute nouvelle, remarque mieux les beautés et les défauts des premières expressions. […] La raison de cette règle est encore l’intérêt ou l’harmonie : l’intérêt, parce que l’attention principale se porte le plus souvent sur l’objet désigné par le génitif. […] Sur l’intérêt, parce que les qualités principales que l’on considère dans un objet, excitent plus vivement l’attention que l’objet lui-même. […] Elle devait être la dernière, parce que, l’intérêt de la phrase n’étant pas pour elle, les premières attentions ne lui étaient pas dues. […] Ecce autem… Ces mots sont bien propres à fixer l’attention du spectateur.
C’est elle qui nous montre le chemin que nous devons prendre pour porter l’émotion dans les cœurs, ou la conviction dans les esprits ; et c est d’après elle que les Aristote et les Cicéron ont établi en principe que le but de l’exorde était de gagner la bienveillance, de captiver l’attention, et de s’assurer la docilité de l’auditeur : Reddere auditores benevolos, attentos, dociles (Cic. […] L’insinuation suppose, au contraire, la nécessité de détruire, dans l’esprit des auditeurs, des dispositions peu favorables à la cause que l’on entreprend de défendre Il faut tout l’art possible pour dissiper sans effort, mais avec succès cependant, ces préventions fâcheuses, et amener insensiblement l’auditeur à nous entendre, non seulement avec attention, mais avec cette portion d’intérêt qui est d’avance un présage certain du gain de la cause. […] L’orateur n’est pas encore introduit dans l’âme de ses auditeurs ; l’attention, qui ne fait que de naître, l’observe de sang-froid ; on lui permettra davantage, quand les esprits seront échauffés. […] Mais au barreau la narration est une partie essentielle du discours, et celle peut-être qui demande le plus d’attention. […] Elle veut, dit Quintilien, que l’on procède d’une chose à une autre ; cette méthode aide beaucoup à la mémoire de celui qui parle, et soutient l’attention de celui qui écoute.
., et par t, attention, condition, agitation, discrétion, etc. […] T conserve sa prononciation dans les noms où il est précédé d’une s ou d’un x : question, indigestion, mixtion ; autrement, il se prononce comme s, attention, prononcez attention.
C’est un exercice continuel de l’attention et du bon sens, dont les résultats sont trop importants pour être dédaignés. […] Tout ce qu’un si grand orateur nous a laissé sur l’éloquence mérite la plus grande attention. […] Seules elles purent axer l’attention des hommes encore barbares, et même ils n’en connurent point d’autres. […] Ces qualités leur donnent quelque chose de vif et de mordant qui frappe l’imagination et soutient l’attention. […] Ses héros, introduits successivement, fixent tour à tour notre attention.
La première, c’est que l’espace à parcourir soit proportionné à la mesure de notre attention. […] Loin de m’opposer aux développements donnés à certaines idées favorites, benjamins de la fantaisie, j’applaudis, surtout dans le poëme didactique et le roman, aux excursions même hors des limites du sujet, aux épisodes, aux digressions, qui divertissent l’attention trop longtemps soutenue et suspendent l’intérêt sans le détruire. […] La digression n’est donc point condamnable en soi ; placée à propos et bien ménagée, elle prévient la monotonie et soutient l’attention. […] En la relisant avec attention, vous sentirez que si le point culminant du morceau est en effet l’exclamation terrible : Paraissez maintenant, justes !
. — narration, description L’écrivain a exposé le sujet, il a cherché à se concilier la bienveillance, l’attention, la docilité ; il entre en matière. […] La netteté d’esprit et l’attention suffisent généralement pour arriver là dans le poëme, le discours, le roman, partout où l’écrivain prend lui-même la parole. […] Vous comprenez donc que, par son importance, la narration ou thèse appelle au plus haut degré l’attention de l’écrivain, et vous voyez que son mérite essentiel est la clarté. […] mettez-vous à la place du lecteur, et si vous pouvez craindre que celui-ci, encore mal éclairé sur votre dessein, ou trop vivement préoccupé de l’action, ne comprenne pas l’utilité de votre tableau, ou n’y accorde qu’une médiocre attention, quelque intéressant, quelque brillant qu’il vous paraisse, ajournez-le jusqu’à ce que, plus rassis, mieux disposé, le lecteur l’appelle lui-même aussi vivement que vous.
Ces chemins désagréables sont l’image d’une composition sans gradation, qui paraît traînante et pénible, fatigue l’attention et rebute l’esprit. […] L’exorde a donc un double but : de se concilier la bienveillance des auditeurs et de captiver l’attention. 1° C’est surtout au début que l’orateur a besoin de paraître modeste, probe, confiant dans les lumières et dévoué aux intérêts de ceux qui l’écoutent : les premières impressions sont les plus vives, et s’il choque les esprits par des manières hautaines et présomptueuses, il amassera contre lui tout un orage de préventions difficiles à dissiper plus tard. 2° L’attention se commande par la haute idée que l’on donne de sa capacité et de son sujet. […] Tout cela empêche l’attention de l’auditeur de se fixer sur le sujet ou sur l’orateur.
Il semble que le temps soit un ennemi commun contre lequel tous les hommes sont convenus à conjurer : toute leur vie n’est qu’une attention déplorable à s’en défaire ; les plus heureux sont ceux qui réussissent le mieux à ne pas sentir le poids de sa durée ; et ce qu’on trouve de plus doux, ou dans les plaisirs frivoles1, ou dans les occupations sérieuses, c’est qu’elles abrégent la longueur des jours et des moments, et nous en débarrassent sans que nous nous apercevions presque qu’ils ont passé. […] Nous regarderions comme un insensé dans le monde un homme, lequel héritier d’un trésor immense, le laisserait dissiper faute de soins et d’attentions, et n’en ferait aucun usage, ou pour s’élever à des places et à des dignités qui le tireraient de l’obscurité, ou pour s’assurer une fortune solide, et qui le mît pour l’avenir dans une situation à ne plus craindre aucun revers. […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre ; et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes : on nous fait même plaisir de nous en décharger ; c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage. […] Si l’on attend un âge, plus avancé pour se choisir un état, les attentions n’en sont pas pour cela plus sérieuses ; c’est le hasard et l’occasion qui en décident d’ordinaire.
Comment, en effet, pourrait-on suivre avec plaisir et intérêt un récit aussi étendu que celui de l’épopée, si l’on n’y rencontrait pas un fond de vérité, qui pût captiver l’attention ? […] Les épisodes, si utiles dans l’épopée pour soutenir l’attention et l’intérêt en jetant de la variété dans la marche un peu monotone de l’action principale, doivent être soumis à certaines règles et remplir certaines conditions. […] Une autre qualité requise dans l’action épique, c’est qu’elle soit grande, c’est-à-dire qu’elle ait assez d’importance et d’éclat pour fixer l’attention et justifier le pompeux appareil avec lequel le poète l’expose. […] Moins il y a de personnages importants dans un poème épique, et plus il est facile de soutenir l’attention et l’intérêt, et d’éviter la confusion. […] Comme cette division a été établie pour venir en aide à l’attention du lecteur, il faut que chaque livre présente lui-même une étendue qui permette à l’intérêt de se soutenir.
S'il en était ainsi, la langue latine ne saurait offrir de sérieuses difficultés ; car enfin, ces règles de grammaire, que l’on a beaucoup trop multipliées, peuvent se réduire à un petit nombre ; et, si on les étudie avec méthode, il sera facile de les apprendre en peu de temps ; puis, avec un peu d’attention et de discernement, on viendra facilement à bout de les appliquer d’une manière convenable. […] Or, le moyen le plus simple, le plus naturel, nous disons même le moyen unique pour atteindre ce but, est de se familiariser avec les auteurs qui ont le mieux écrit en cette langue, de bien saisir le caractère propre et les formes diverses de leur style, de concevoir une idée exacte de la propriété des mots, de leur élégance, de leur disposition dans la phrase, de l’harmonie des périodes… Nous conseillons aux jeunes élèves de porter principalement leur attention sur les passages les plus saillants des modèles qu’ils auront sous les yeux, et d’en faire l’objet d’une étude toute spéciale.
Les éléments connus, il faut diriger notre attention sur l’ordre dans lequel l’auteur les a distribués, et donner les raisons de cette disposition. […] Entre les différentes sortes de preuves qu’on doit trouver par l’invention, il en est une qui mérite une attention particulière, c’est celle par circonstances. […] On fixe son attention en, lui présentant le sujet ou la cause comme importante, facile à suivre ; quelquefois on peut présenter le sujet comme neuf et propre à piquer la curiosité, même comme sérieux et compliqué, quand l’auditeur a assez de lumières pour ne pas craindre les efforts qu’exige une attention soutenue. […] Par là même qu’on aura excité la bienveillance et l’attention, on sera sûr de la docilité de l’auditeur. […] Trop court, il ne préparerait pas assez ; trop long, il fatiguerait l’attention au lieu de la faire naître.
C’est surtout quand il s’agit des traités que l’art de disposer les matières paraît dans tout son lustre, et mérite l’attention des lecteurs intelligents. […] C’est un travail presque mécanique qui ne demande que de l’attention, et que tout le monde peut faire en y donnant le soin convenable. […] Le livre de madame Dacier, annoncé depuis longtemps, parut quelques jours après… Je le lus avec attention pour y chercher mes erreurs, et comme j’avais promis de pardonner les injures à qui me détromperait, je m’accoutumai aisément à celles dont il est plein, dans l’espérance qu’on remplirait la condition. […] Madame Dacier est peut-être surprise de m’en avoir tant dit ; car, puisqu’elle avait promis d’abord de ne me point dire d’injures (p. 10), il y a apparence que ces phrases lui sont échappées comme un style polémique, sans qu’elle y fît assez d’attention ; mais je l’avertis que ce n’en est pas là la trentième partie, et que quand elles ne choqueraient pas par le défaut de bienséance, elles ennuieraient encore beaucoup par la répétition.
Les Rhétoriques, même les plus estimées, ont le défaut de porter presque toujours l’attention sur les formes extérieures du discours. […] L’attention de l’orateur doit porter sur trois choses par rapport aux preuves. […] Trois des lieux dont nous parlons méritent une attention particulière. […] Antoine lui-même proteste qu’il apporte une attention extrême, premièrement à faire le bien de sa cause, mais au moins à ne lui point faire de tort. […] La première attention de l’orateur est de voir si la matière comporte le pathétique.
L’idée représente l’objet, le peint dans notre esprit ; elle naît de la première impression formée en nous par des mouvements extérieurs ou intérieurs ; la pensée considère cet objet, elle l’examine avec attention, elle naît de la réflexion. […] Pour soutenir l’attention dans un ouvrage, il est nécessaire que le fond puisse captiver l’intérêt du lecteur, de telle sorte qu’on désire vivement voir ce que deviennent les personnages qui sont en action. […] L’unité d’action plaît à l’esprit, on aime à voir le fait raconté s’accomplir sans incidents et malgré tous les obstacles ; la duplicité d’action affaiblit au contraire l’intérêt : car, si deux ou plusieurs actions marchent ensemble, elles partagent l’attention ; et, si toutes deux ne sont pas également intéressantes, l’une donne du dégoût pour l’autre. […] Qu’on médite attentivement son sujet, qu’on se pénètre profondément de sa matière, qu’on l’envisage sous toutes ses faces, qu’on en étudie tous les détails, et l’on trouvera assez de preuves intrinsèques ; qu’on enrichisse son esprit des connaissances nécessaires à la matière que l’on traite, qu’on lise avec attention les auteurs qui ont écrit sur le même sujet, et les preuves extrinsèques se présenteront en foule.
A ceux donc qui pourraient trouver notre Poétique un peu étendue, nous ferons remarquer qu’un certain nombre de questions moins importantes peuvent être seulement lues avec attention par les élèves, et que le professeur peut à son gré augmenter le nombre de celles que nous avons rangées dans cette catégorie. […] Les poètes chrétiens, considérés sans prévention, ne nous ont point paru indignes de faire entendre leurs accents sous les voûtes séculaires de nos temples ; et leur inspiration nous a semblé de nature à fixer l’attention des jeunes littérateurs.
Le moyen âge ne nous offrant rien qui mérite de fixer notre attention, nous allons jeter un coup d’œil sur la situation de l’éloquence chez les modernes. […] De là cette attention continuelle à nous prémunir contre l’influence et les charmes de l’élocution : de là, ce soin scrupuleux de nos orateurs modernes à se renfermer dans les bornes de la raison, à ne se rien permettre qui puisse la choquer ou la contredire, bien convaincus d’avance que le discours le plus éloquent manquerait nécessairement son but, pour peu qu’il s’écartât de cette grande règle qui exige que tout tende au bon sens : Scribendi rectè sapere est et principium et fons.
Que le plaisir de nous entendre parler ne nous fasse jamais oublier que les auditeurs sont faciles à lasser ; que l’inconstance et la légèreté du plus grand nombre ne leur permettent pas de donner, à rien de sérieux, une attention longtemps suivie ; et lorsqu’une fois cette lassitude commence à se faire sentir, tout l’effet de notre éloquence devient absolument nul. […] Il vaut mieux placer sa pensée sous un jour frappant, et l’y laisser, que de la retourner, de la représenter de vingt manières différentes, et d’entasser une vaine profusion de mots au hasard, de fatiguer et d’épuiser enfin l’attention de ceux qui nous écoutent, et qui ont un intérêt réel à nous entendre.
Mais, nous le répéterons encore, la précision, soit dans la pensée, soit dans l’expression, ne peut produire un bon effet, qu’autant qu’elle est jointe à la plus grande clarté : les jeunes gens ne sauraient y faire trop d’attention. […] Le style prolixe n’est pas le style diffus : l’un s’étend sur la superficie des objets, s’arrête sur les idées accessoires ; l’autre se traîne pesamment d’induction en induction, de conséquence en conséquence, fatigue notre pensée et rebute notre attention, en la voulant assujettir à sa pénible lenteur. […] Il ne faut ni beaucoup de génie, ni beaucoup d’imagination, pour atteindre à ce style ; il suffit du travail et de l’attention : c’est celui qu’il faut étudier avec le plus de soin, parce qu’il n’est point de sujet auquel il ne convienne, et qu’il en est beaucoup où il est indispensable.
L’athée L’athée croit qu’un État ne peut être bien gouverné que par la sagesse et le conseil d’un prince ; il croit qu’une maison ne peut subsister sans la vigilance et l’économie d’un père de famille ; il croit qu’un vaisseau ne peut être bien conduit sans l’attention et l’habileté d’un pilote ; et quand il voit ce vaisseau voguer en pleine mer, cette famille bien réglée, ce royaume dans l’orde et dans la paix, il conclut, sans hésiter, qu’il y a un esprit, une intelligence qui y président. […] Bourdaloue m’a souvent ôté la respiration par l’extrême attention avec laquelle on est pendu à la force et à la justesse de ses discours, et je ne respirais que quand il lui plaisait de les finir pour en recommencer un autre de la même beauté. » 2.
L’attention Ne croyez pas, monseigneur2, qu’on vous reprenne si sévèrement, pendant vos études, pour avoir simplement violé les règles de la grammaire en composant. Il est sans doute honteux à un prince, qui doit avoir de l’ordre en tout, de tomber en de telles fautes ; mais nous regardons plus haut quand nous en sommes si fâchés ; car nous ne blâmons pas tant la faute elle-même, que le défaut d’attention, qui en est la cause. Ce défaut d’attention vous fait maintenant confondre l’ordre des paroles ; mais si nous laissons vieillir et fortifier cette mauvaise habitude, quand vous viendrez à manier, non plus les paroles, mais les choses mêmes, vous en troublerez tout l’ordre. […] C’est la familiarité même de son langage qui captive les attentions.
Ce spectacle attira toute l’attention que j’y pus donner parmi les divers mouvements de mon âme, et ce qui tout à la fois se présenta à mon esprit. […] Tous les assistants étaient des personnages vraiment expressifs ; il ne fallait qu’avoir des yeux, sans aucune connaissance de la cour, pour distinguer les intérêts peints sur les visages, ou le néant de ceux qui n’étaient de rien : ceux-ci tranquilles à eux-mêmes, les autres pénétrés de douleur ou de gravité et d’attention sur eux-mêmes, pour cacher leur élargissement1 et leur joie. […] Cette multiplicité d’explications ; cette rapidité, soit à se défendre tout haut, soit à attaquer sourdement ; ces ruses innocentes ; cette vigilante attention pour répondre, pour prévenir, et pour saisir les occasions, me rappellent, malgré moi, la simplicité du serpent, tel qu’il était dans le premier âge du monde, lorsqu’il avait de la candeur, du bonheur et de l’innocence : simplicité insinuante, non insidieuse cependant ; sans perfidie, mais non sans tortuosité. » Voltaire dit, en parlant de Fénelon : « On a de lui cinquante-cinq ouvrages différents.
Il faut donc qu’il joigne à un grand fonds de connaissance, le talent de donner une attention particulière aux moindres détails de la cause dont il se charge ; qu’il étudie soigneusement tous les faits, toutes les circonstances qui peuvent avoir avec elle le rapport le plus éloigné. […] La sécheresse et l’aridité des matières ordinairement traitées dans les plaidoyers, exigent plus que toute autre que les choses soient présentées de manière à fixer l’attention, à fortifier les preuves, à faire valoir, en un mot, tout ce qui peut servir la cause.
La description doit être intéressante, c’est-à-dire de nature à attacher, à charmer l’âme, à captiver l’attention, parce qu’elle est destinée à plaire. […] Sans cette qualité, qui ramène tous les détails à un point culminant, à une seule et même action, l’esprit ne saurait où porter son attention ; et l’intérêt étant partagé entre plusieurs objets, s’évanouirait bientôt. […] Dans la narration, on entend par intérêt ce qui est propre à exciter l’attention, à charmer l’imagination, à toucher le cœur, à attacher l’âme aux faits que l’on raconte. […] L’attention est d’autant plus fortement saisie et la curiosité plus vivement excitée qu’il reste plus de choses à apprendre. […] C’est ainsi que l’attention est vivement émue, et l’action nouée avec une extrême habileté.
De secrètes inquiétudes, des attentions incommodes, des agitations continuelles, des mouvements souvent inutiles troublent toute la vie de l’un ; l’autre voit couler ses jours dans une heureuse paix, et ne craint que ce qui pourrait donner atteinte à sa vertu. […] C’est peu de parler pour un ennemi vaincu en présence du victorieux ; il parle pour un ennemi condamné ; il entreprend de le justifier devant celui qui a prononcé sa condamnation sans l’entendre, et qui, bien loin de lui donner toute l’attention d’un juge, ne l’écoute qu’avec la maligne curiosité d’un auditeur prévenu. […] L’exorde doit être ingénieux, c’est-à-dire que l’orateur doit lui donner un certain degré d’ornement et de beauté qui attire l’attention, pique la curiosité, et fasse concevoir une bonne opinion de toute la suite du discours ; autrement, l’exorde ressemblerait à ces visages malades et disgraciés de la nature qui font mal augurer de la personne. […] ni la garde qui, la nuit, défend le mont Palatin, ni celle qui, le jour, veille dans Rome, ni ces alarmes, ni cette rumeur du peuple, ni ce concours empressé de tous les bons citoyens, ni l’attention de choisir un lieu fortifié pour cette assemblée, ni cette indignation qui éclate dans les regards de tous les sénateurs, rien n’a pu t’ébranler ! […] Les hommes n’écoutent volontiers que ce qui les amuse et les intéresse ; il ne suffit pas que ce que l’on dit mérite l’attention ; il faut encore l’exprimer d’une manière agréable.
Un exercice d’imitation dont un élève studieux peut tirer un grand profit, c’est celui qui consiste à lire avec attention des morceaux choisis, et à les reproduire ensuite soi-même, en s’efforçant de suivre, soit de près, soit de loin, la marche de l’auteur, ses idées et son style. […] Attachons-nous aux bons modèles, à ces ouvrages que l’admiration universelle et une critique éclairée nous signalent comme dignes de fixer notre attention. […] Lisez avec attention, avec réflexion, et non à la hâte, pour arriver à la fin du volume : relisez plusieurs fois les livres ou les passages qui vous auront frappé ; vous en comprendrez mieux les beautés ; votre goût se formera rapidement.
Attention et prudence. — 5. […] De l’attention et de la prudence. — L’attention est éveillée par la curiosité que peut provoquer le sujet. […] — L’interêt est une disposition sympathique résultant du concours de la bienveillance et de l’attention. […] L’attention a besoin d’un aliment continuel ; on pourrait la comparer au feu qui s’éteint, s’il ne s’augmente.