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37. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Il pense que l’écrivain perd son temps à faire des combinaisons de mots inutiles ; que ce n’est point là du style, mais l’ombre du style : Rien n’est plus opposé au beau naturel que la peine qu’on se donne pour exprimer des choses ordinaires ou communes du ne manière singulière ou pompeuse : rien ne dégrade plus l’écrivain. […] Ces écrivains n’ont point de style, ou, si l’on veut, ils n’en ont que l’ombre : le style doit graver des pensées ; ils ne savent que tracer des paroles. […] Le ton avec lequel l’écrivain doit parler se règle sur la nature du sujet. […] Le sublime n’appartient pas à tous les sujets : il règne seulement dans la poésie, l’histoire et la philosophie : ce sont là les seuls champs où l’habile écrivain peut déployer toute l’étendue de son génie. […] C’est à eux que leurs successeurs et nous, nous devons les sujets merveilleux, les formes de langage extraordinaire les expressions choisies, l’harmonie de la diction, les images frappantes et la variété considérable des figures et des mouvements de style ; c’est à leur école que les écrivains modernes se sont formés, qu’ils ont puisé, comme à une source féconde, des inspirations heureuses qui leur ont obtenu l’honneur d’être proclamés hommes de génie et écrivains classiques.

38. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Les traités, qu’on pourrait appeler des livres purement didactiques, sont des ouvrages où l’écrivain expose les principes et les règles d’un art ou d’une science. […] Cette supposition ne peut pas raisonnablement se faire à l’égard de tous les lecteurs, et quand même elle pourrait avoir lieu, la liaison des matières exige toujours que l’écrivain rappelle ces principes et les trace du moins succinctement. […] Nous avons deux écrivains passionnés admirateurs de la rhétorique, MM.  […] Les Grecs, les Latins et les écrivains de notre nation l’ont employée avec le plus grand succès pour traiter toutes sortes de matières42. […] Domairon, Rhét, Écrivains didactiques.

39. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre III. Des ornements du style » pp. 119-206

L’écrivain ayant pour but de plaire en même temps que d’instruire, doit chercher à embellir la vérité de manière à la faire aimer. […] C’est une négation qui, dans l’intention de l’écrivain, équivaut à une affirmation énergique. […] A cet égard, Cicéron l’emporte sur tous les écrivains anciens et modernes. […] L’écrivain, pour embellir la vérité et captiver le lecteur, a d’autres ressources à sa disposition. […] Pour réussir ici, l’écrivain doit parfaitement connaître le génie de la langue et la force des mots, et être doué d’un goût exquis.

40. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Ce ne sera pas sous une forme aride que je ferai une définition digne d’un bon écrivain. […] Cette manière est peut-être la plus éloquente de toutes, et peu d’écrivains sont capables de remployer avec une telle magnificence. […] Ce but futile serait indigne du plus médiocre écrivain. […] Non-seulement l’écrivain peut recourir au merveilleux ; mais il peut le revendiquer comme un de ses privilèges. […] L’écrivain doit s’identifier ici avec l’esprit de l’époque naïve à laquelle il emprunte son récit.

41. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre IV. Continuation du même sujet. Historiens latins. »

Mais qui ne voit que tout le reste appartient exclusivement à l’écrivain, et que cette énergique concision, ces rapprochements éloquents, ces tours hardis et vigoureux, qui sont le caractère particulier du style de Salluste, ne peuvent l’avoir été précisément de celui de Catilina ? […] Cet écrivain, dont la diction est habituellement faible et médiocre, et qui imitait Virgile, dit La Harpe, comme Duché et Lafosse ont depuis imité Racine, doit ses plus beaux vers à la prose de Tite-Live, dont il emprunte souvent les expressions heureuses et les tours hardis. […] Tacite fait-il parler un honnête homme, un Germanicus, par exemple, un Thraséas, un Agricola ; on reconnaît, à leurs discours, l’écrivain dont l’âme n’a eu qu’à traduire ses propres pensées, pour faire parler à ces grands hommes un langage digne d’eux. […] Mais cet écrivain, qui sait prêter à ses héros tant de noblesse et de dignité, et nous inspirer tant de vénération pour eux, sait aussi nous attendrir sur leurs revers et pleurer avec nous sur leurs tombeaux. […] Cicéron, qui faisait de Xénophon le plus grand cas, et comme écrivain et comme philosophe, a traduit du discours de Cyrus tout ce magnifique passage sur l’immortalité de l’âme.

42. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVII. les qualités essentielles du style. — propriété, précision, naturel  » pp. 230-239

Le passage de la Bruyère cité plus haut prouve que cet écrivain, si délicat en fait d’expressions, ne le croyait pas. […] A qui s’adresse l’écrivain, et dans quelles circonstances : considération dominante sur la précision, comme sur bien d’autres qualités. […] C’est aussi mettre un écrivain bien haut que de dire de son style : C’est un style vrai. […] L’écrivain naturel et vrai ne plaît pas seulement au lecteur, il s’en fait aimer ; et Pascal a finement expliqué cette sympathie qui nous entraîne vers lui. […] Balzac et Voiture, les écrivains les moins naturels que je connaisse, sont, chacun dans leur genre, les types de cette manière fausse et chargée qui devait produire, dans le sérieux, le fatras de Brébeuf ; dans le plaisant, le burlesque de Scarron.

43. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Notions préliminaires » pp. 2-15

Les préceptes ou règles littéraires consistent dans un ensemble de principes et d’observations capables de diriger l’écrivain dans ses compositions et le critique dans ses appréciations. […] D’autres observateurs les firent, et ainsi on en a fait de siècle en siècle, à mesure que le génie de l’homme a perfectionné l’éloquence, la poésie et l’art de l’écrivain. […] C’est là qu’on apprend à parler et à écrire d’une manière intéressante ; c’est là que l’on puise de quoi orner et embellir le discours par l’imitation des pensées et des expressions des grands écrivains. […] Quelle doit être la mission de l’écrivain ? […] Ph. de Montenon, ce qu’on demande à l’écrivain, et les grandes choses qu’en s’attachant à son œuvre il peut accomplir.

44. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. […] Mais son objet principal, celui que l’écrivain doit avoir surtout en vue, est de mettre sa pensée dans tout son jour ; et peu importe alors de quels objets la comparaison est tirée : elle est heureuse, toutes les fois qu’elle est juste, et la propriété est surtout ce que l’on a droit d’exiger ici. […] Voici maintenant comment Moïse, plus grand poète encore qu’Homère, va rendre cette même pensée, et faire une beauté de sentiment de ce qui n’est, dans l’écrivain profane, qu’une simple beauté de diction. […] Les écrivains de la Bible ne se contentent pas de prêter des sentiments ou des discours sublimes aux êtres moraux qu’ils ont personnifiés ; ils donnent la vie et le mouvement aux êtres même inanimés : tout s’anime, respire, s’enflamme à leur voix. […] Ils avaient lu, ils sentaient le mérite de pareils traits, les écrivains qui nous les ont si heureusement reproduits dans leurs ouvrages.

45. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Le Style est la manière d’exprimer la pensée ; c’est le caractère particulier que chaque écrivain imprime à la langue dont il se sert. […] Cette qualité s’acquiert surtout par la lecture des meilleurs écrivains de notre langue et la fréquentation de la bonne compagnie. […] 3° Dans les sujets qui appartiennent au sentiment, où l’écrivain cherche à toucher, le style doit être doux, Insinuant, vif, animé et pathétique. […] L’harmonie du style est un don précieux que la nature accorde à des écrivains privilégiés. […] Mais nous avons la satisfaction de penser que les écrivains eux-mêmes qui se sont égayés dans ce genre, n’ont pas douté qu’il ne fût contraire au bon sens et au bon goût.

46. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Mais c’est un effet que ne pourra jamais produire l’écrivain qui n’a ni sensibilité ni vertu. […] Toutefois il ne faut pas croire qu’un écrivain dévoile tout son cœur dans les lettres qu’il publie. […] C’est un écrivain nerveux et plein de chaleur, mais trop souvent obscur et forcé. […] C’est ce qu’ont bien senti plusieurs écrivains de l’antiquité. […] Jamais écrivain n’employa plus de métaphores.

47. (1827) Résumé de rhétorique et d’art oratoire

L’art de savoir le placer dans les jours les plus favorables constitue le grand écrivain. […] Les meilleurs écrivains offrent de fréquents exemples de ce genre de beauté. […] Lucain peut être signalé comme un écrivain qui pousse ses hyperboles jusqu’à l’excès. […] Aristote tient aussi un rang distingué, pour la précision, parmi les écrivains didactiques. […] Rien de plus méprisable que ce faux éclat que certains écrivains affectent.

48. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre III. Du Genre historique. »

Les écrivains sacrés réunissent au plus haut degré toutes les qualités qu’on peut admirer dans les meilleurs historiens. […] L’écrivain aurait dû faire connaître les personnages dont il parle, et raconter brièvement l’histoire de Joseph. […] Mais cet écrivain est généralement regardé comme un des plus judicieux de l’antiquité. […] C’est un des meilleurs écrivains du siècle d’Auguste. […] Cet écrivain est quelquefois un peu crédule, verbeux et lent dans sa narration, quoique libre et aisée.

49. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Seulement le logicien ne s’occupe que du fond des choses, tandis que l’écrivain doit soigner le fond et la forme. […] C’est avec circonspection et sobriété que l’écrivain doit faire usage des images. […] La correction consiste à disposer les mots d’une phrase suivant les règles grammaticales, et d’après les modèles laissés par les grands écrivains. […] Sans la langue, en un mot, l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain. […] C’est une phrase dans une phrase, une manière vicieuse d’introduire une pensée que l’écrivain n’a pas l’art de mettre à sa place.

50. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

des hommes et des écrivains qui ont illustré Port-Royal ? […] Marquer l’influence des écrivains à qui l’on en est redevable. […] Gresset, Piron, Saint-Lambert, etc., sont des écrivains secondaires. […] Ce serait réclamer des écrivains une perfection chimérique. […] Cette qualité est rare, elle a manqué à de grands écrivains.

51. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Si les événements sont, au contraire, tout à fait indépendants, l’écrivain les met dans l’ordre qui lui semble le plus avantageux pour son sujet. […] L’historien pouvait étaler toutes les richesses du génie et de l’art dans un si beau champ ; mais un appareil d’idées brillantes aurait rendu suspecte la foi de l’écrivain. […] Cet ouvrage est entièrement perdu pour nous ; il ne nous en reste qu’un abrégé qui a été fait environ un siècle et demi plus tard par Justin, écrivain latin, peu connu d’ailleurs. […] C’est plus tard que la division se fit exactement, et que des écrivains spéciaux s’y livrèrent exclusivement. […] Pour nous, nos écrivains de mémoires sont aussi nombreux que remarquables.

52. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre VIII. de la disposition. — unité, enchainement des idées  » pp. 98-117

Sans cela, le meilleur écrivain s’égare, sa plume marche sans guide, et jette à l’aventure des traits irréguliers et des figures discordantes. […] De là ils passeraient à des écrivains également remarquables, mais chez qui la liaison des idées est moins manifeste, Pascal, Bossuet, Montesquieu. […] Démosthène porte au plus haut degré le mérite de l’enchainement des idées, et je doute qu’aucun écrivain l’égale sous ce rapport. […] — Mais, dites-vous, ce n’est là qu’une réponse ironique à l’écrivain froid et indolent qui se croirait poëte pour avoir rimé quelques vers faciles. […] Au reste, si l’on veut voir l’idée de l’inspiration poétique traitée par un écrivain aussi irréprochable dans la pensée qu’admirable dans la forme, qu’on lise l’ode de Lamartine à l’Enthousiasme ; c’est la 11e méditation.

53. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre II. — Choix des Pensées »

Mais il est quelques pensées d’élite qui brillent dans les pages des bons écrivains et qui y répandent de l’éclat. […] En fait d’enjouement, il est difficile de passer sous silence La Fontaine, écrivain qui a possédé cette qualité au plus haut degré. […] Elles naissent sans effort dans l’esprit de tout écrivain, et celui-ci, pour leur donner du prix, doit, recourir aux agréments du style. […] Et en effet, souvent plusieurs écrivains traitent le même sujet, soit à dessein, soit sans préméditation. […] Ce n’est point sur le plan, sur la succession des idées que notre étude vient de porter, mais sur la manière dont les idées analogues sont rendues par les deux écrivains.

54. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Étude littéraire et philologique sur la langue du XVIe siècle » pp. -

Il faudrait un volume pour raconter toutes les transformations subies alors par un idiome encore indécis et flottant, qui comptait presque autant de vocabulaires qu’il y eut d’écrivains ambitieux de l’enrichir ou de le fixer. […] Or, Rabelais et Amyot sont les deux écrivains auxquels nous devons le bienfait de ce commerce indirect qui nous suggéra surtout des idées et des sentiments. […] Renfermons-nous dans le xvie  siècle ; et, sans passer en revue le vocabulaire latin des érudits ou des lettrés, énumérons les principales formes latines que nous offrent les écrivains de ce temps. […] Certes est beau dans sa vieillesse, et a encore de la force sur son déclin : la poésie le réclame, et notre langue doit beaucoup aux écrivains qui le disent en prose, et se commettent pour lui dans leurs ouvrages. […] Qu’il leur suffise d’enregistrer, de classer et d’expliquer les faits accomplis, c’est-à-dire consacrés par l’élection populaire et l’autorité des grands écrivains, qui seuls, comme les souverains, ont le privilége de frapper à leur effigie la monnaie courante.

55. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

Écrire, c’est exprimer ce que l’on sait : plus un écrivain est instruit, plus il a de facilité pour écrire, plus il trouve d’idées applicables au sujet qu’il traite. […] Quelle source abondante de pensées et de sentiments pour l’écrivain qui se laisse aller à ces bienfaisantes inspirations ! […] La plupart des grands écrivains se sont exercés à la traduction, et en ont tiré les plus grands fruits. Une bonne traduction n’est jamais l’œuvre d’un écrivain médiocre. […] L’imagination de l’écrivain ou de l’artiste est d’autant plus forte que son âme est plus sensible.

56. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Les grands écrivains de cette époque ont l’air d’être ses contemporains. […] Personnellement, l’écrivain y perdra peut-être2, sa vie sera moins douce, sa renommée moins durable. […] Et cependant jusque dans les plus petits détails, on retrouve encore le grand écrivain, on reconnaît Cicéron ; comme dans les plus beaux discours de l’orateur, au milieu des mouvements les plus vifs et de toute la pompe des périodes, l’homme d’esprit et l’homme aimable se laisse toujours entrevoir. […] Le premier des orateurs et des écrivains de Rome a été aussi le plus grand de ses citoyens. […] Ils n’ont été d’admirables écrivains que parce qu’ils voulaient être quelque chose de mieux, je veux dire de vrais sages et de vrais chrétiens.

57. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Comme il l’a dit, il puise dans l’écritoire de chaque écrivain l’encre dont il se sert pour parler de lui. […] En ce sens, les classiques par excellence seraient les écrivains d’un ordre moyen, justes, sensés, élégants, toujours nets, d’une passion noble encore, et d’une force légèrement voilée. […] Les admirations contemporaines les plus unanimes et les mieux méritées ne peuvent rien contre ; la résignation la plus humble, comme la plus opiniâtre résistance, ne hâte ni ne retarde ce moment inévitable, où le grand poëte, le grand écrivain entre dans la postérité, c’est-à-dire où les générations dont il fut le charme et l’âme cédant la scène à d’autres, lui-même il passe de la bouche ardente et confuse des hommes à l’indifférence, non pas ingrate, mais respectueuse qui, le plus souvent, est la dernière consécration des monuments accomplis. […] Aulu-Gelle l’emploie le premier dans le sens d’écrivain de valeur et de marque, d’écrivain qui a du bien au soleil et n’est pas confondu dans la foule des prolétaires. […] Ce passage, que nous avons abrégé à regret, est un de ceux qui montrent le mieux en résumé le caractère du critique et de l’écrivain chez M.

58. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre premier. De la lettre. »

On ne parle qu’en dernier lieu de ce qui regarde personnellement l’écrivain. […] Dans les lettres à l’occasion des anniversaires, l’écrivain a plus de ressource, il peut chercher des applications dans la vie du saint, et trouver dans les circonstances des pensées heureuses. […] L’écrivain ne doit point laisser entrevoir que la faveur dont il félicite sera pour lui-même une source nouvelle de bienfaits. […] — L’écrivain débute par une prétermission ; il ne se plaint pas, dit-il : et il écrit pour se plaindre ? […] L’écrivain n’a pas osé dire que je vous dirais ; non-seulement parce que les convenances s’y opposaient, mais encore parce qu’il doute que son amitié se porte à cet excès, malgré sa mauvaise humeur.

59. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre I. — Défauts et qualités de la phrase »

. — Défauts et qualités de la phrase Nous venons de passer en revue les différentes constructions des phrases, et nous avons pu remarquer comment l’écrivain peut s’en servir pour exprimer à son gré ses pensées. […] Sans la langue en un mot l’auteur le plus divin Est toujours, quoi qu’il fasse, un méchant écrivain. […] Propriété des Mots La Propriété est un choix de mots que l’usage le plus généralement adopté par les bons écrivains a appropriés aux idées que l’on veut exprimer. […] Il n’y a pas d’écrivains français qui aient porté aussi loin que Buffon le travail de l’harmonie. […] C’est celui de nos grands écrivains, tels que, J.

60. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

L'écrivain n'invente pas toujours le sujet ; le plus souvent il n'invente que les pensées, les raisonnements qui conviennent au sujet. […] L'harmonie imitative doit s'offrir d'elle-même ; l'écrivain ne doit point courir après. […] Quelquefois les épithètes donnent de la grâce ou de l'harmonie à la phrase ; mais les bons écrivains sont avares d'épithètes. […] C'est surtout le besoin de mettre leurs compositions sous les yeux du peuple qui porte les nouveaux écrivains à suivre ces préceptes. […] Anot et ceux de Hoffmann étant fort longs, je n'ai dû reproduire que les idées de ces écrivains.

61. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre X. du commencement  » pp. 131-145

La position de ce voyageur est souvent celle de l’orateur qui monte à la tribune, de l’écrivain qui prend la plume. […] Le mot sacramentel, Ami lecteur, qui commence toutes les préfaces de nos vieux écrivains, est l’expression naïve de ce besoin. […] Vous comprenez que cette modestie, cette douce et harmonieuse simplicité disposent notre esprit en faveur de l’auteur et de son œuvre ; nous devenons les amis de l’écrivain qui ne met pas tout en feu en arrivant, Et pour donner beaucoup ne nous promet que peu. […] Car, comme je l’ai dit, si le publie vient en quelque sorte de lui-même au-devant de l’écrivain et du prêtre, l’orateur politique et l’avocat ne peuvent dominer leur auditoire qu’en commençant par se soumettre à lui. […] Celui-ci sortant à peine de la vie réelle ne peut être, dès l’abord, affecté comme l’écrivain dont l’âme s’est échauffée peu à peu au feu de ses méditations.

62. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIX. des qualités accidentelles du style. — noblesse, richesse, énergie, sublime  » pp. 257-273

Il est des écrivains qui se figurent que l’univers entier s’occupe de ce qui les occupe, qui prennent un air rogue pour débiter des vétilles, qui s’appesantissent sur de minutieux détails historiques ou philologiques, à peine dignes d’être effleurés, qui moutent en chaire et prêchent, quand il faudrait causer. […] Je veux que les écrivains respectent leurs lecteurs en se respectant eux-mêmes ; qu’ils ne s’imaginent pas, et aujourd’hui moins que jamais, qu’on ne puisse parler dans le sens populaire sans emprunter le langage de la populaire, et que la bassesse du style en augmente l’énergie. […] En effet, ces deux qualités, magnificence et richesse, supposent plutôt, en général, la dignité que la force ; l’écrivain qui les déploie a sans doute été ému, inspiré, enthousiasmé par une grande idée, mais il a dû rester assez maître de lui pour la pénétrer dans toute sa profondeur, pour la développer dans toute son étendue et toute sa pompe. […] En appréciant le caractère de la concision dans les écrivains latins qui se sont distingués par cette vertu, l’on pourrait dire qu’elle est grave dans Salluste, obscure flans Perse, piquante dans Sénèque, énergique dans Tacite. […] Bientôt ces termes neufs et originaux, employés par les écrivains les plus médiocres, perdent le premier éclat qui les distinguait ; ils deviennent familiers : alors les hommes de génie sont obligés de chercher d’autres expressions, qui souvent ne sont pas si heureuses ; c’est ce qui produit le style forcé et sauvage dont nous sommes inondés.

63. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre V. Du Roman. »

La fin que l’écrivain doit s’y proposer, est d’instruire sous le voile de la fiction, de polir l’esprit et de former le cœur, en présentant un tableau de la vie humaine. […] Tout écrivain qui s’écarte de ce principe, n’est digne ni du nom d’honnête homme, ni de celui de bon citoyen. […] Les productions romanesques de ces écrivains surannés ne respirent que la vertu.

64. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

La rhétorique sera pour les fleurs du langage qu’on appelle figures ce que la botanique est pour les fleurs des champs et des jardins. » L’étude théorique des figures est done indispensable à tout homme bien élevé ; l’étude pratique l’est plus encore à l’écrivain. […] Les figures vraiment dignes de ce titre sont celles qui se reproduisent à chaque pas sous une foule de formes diverses, que l’écrivain peut traiter librement, manier à son gré, et dont par là même l’emploi est soumis à des règles et prête aux observations du rhéteur, la métaphore, par exemple, la périphrase, l’antithèse, etc. […] Avant d’entrer dans les détails, et sans vouloir, je le répète, imposer mon système, je recommanderai seulement à celui qui étudie les figures, d’abord, de ne point perdre de vue dans son travail la division que je viens d’indiquer, d’en vérifier l’exactitude par l’examen des faits, et, à mesure que se présente un terme nouveau, de le ramener sous ce que j’ai appelé sa bannière ; cette attention lui facilitera l’intelligence et le souvenir de chaque figure ; ensuite de mettre à part, d’un côté, celles qui ne sont, selon la remarque consignée plus haut, que des idiotismes consacrés par l’usage, de simples catachrèses, n’admettant par conséquent aucun précepte, aucune modification, en un mot, choses de mémoire et de théorie ; de l’autre, celles qui sont entièrement abandonnées au libre arbitre de l’écrivain, et par là même obligent le rhéteur à en régler l’emploi, à en déterminer les limites, choses de réflexion et de pratique. […] « Les paysans ont l’esprit trop tourné à la métaphore pour ne pas deviner très-vite les expressions figurées. » Observation fine d’un écrivain de notre siècle qui a étudié le peuple, quoiqu’il l’ait malheureusement flatté avec autant d’exagération qu’on flatte tous les autres tyrans. […] Le dernier écrivain qui s’est occupé des figures, celui dont le livre présente le plus de méthode et de développements, car il ne renferme guère moins de trois forts volumes in-12, M.

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