Ont-ils rendu l’esprit1, ce n’est plus que poussière Que cette majesté si pompeuse et si fière Dont l’éclat orgueilleux étonnait l’univers ; Et, dans ces grands tombeaux où leurs âmes hautaines Font encore les vaines, Ils sont rongés des vers2. […] Il dit ailleurs : Ont-ils rendu l’esprit, ce n’est plus que poussière Que cette majesté si pompeuse et si fière, Dont l’éclat orgueilleux éblouit l’univers ; Et dans ces grands tombeaux, où leurs âmes hautaines Font encore les vaines, Ils sont mangés des vers. […] Nous lisons dans les stances de Polyeucte : Toute votre félicité, Sujette à l’instabilité, En moins de rien tombe par terre, Et comme elle a l’éclat du verre, Elle en a la fragilité. […] La poésie du roi-prophète, amollie par Desportes, délayée par Godeau, noyée dans la diffusion par Racan, se retrouve ici avec l’éclat des images et la profondeur du sentiment religieux.
Mignet sait allier le talent de composer et d’écrire, l’ordre, la gravité soutenue, le relief de l’expression, l’éclat de la forme, une tenue un peu puritaine, mais noble, et qui communique à tous ses écrits un caractère de longue durée. […] C’est à Athènes, à Rome, à Florence, en Angleterre, en France, à l’éclat des plus vives lumières, par l’enseignement des plus grands spectacles, sous la protection de la liberté de l’État ou de l’indépendance de la pensée, que se sont formés les maîtres dans l’art de l’histoire. […] Elle décrie les vices, elle démasque les fausses vertus, elle détrompe des erreurs et des préjugés populaires, elle dissipe le prestige enchanteur des richesses et de tout ce vain éclat qui éblouit les hommes, et démontre par mille exemples, plus persuasifs que tous les raisonnements, qu’il n’y a de grand et de louable que l’honneur et la probité. […] Elle apprend à respecter cette vertu et à en démêler la beauté et l’éclat à travers les voiles de la pauvreté, de l’adversité, de l’obscurité, et même quelquefois du décri et de l’infamie ; comme au contraire elle n’inspire que du mépris et de l’horreur pour le crime, fût-il revêtu de pourpre, tont brillant de lumière et placé sur son trône. » Rollin.
Pendant qu’il parle avec tant de force, une douceur suprême lui ouvre les cœurs, et donne je ne sais comment un nouvel éclat à la majesté qu’elle tempère. » Dans ses mémoires, on sent la présence d’un maître. […] Voici comment Bossuet jugeait la majesté royale : « Je n’appelle pas majesté cette pompe qui environne les rois, ou cet éclat extérieur qui éblouit le vulgaire. […] Le monde a été ébloui de l’éclat qui l’environnait ; ses ennemis ont envié sa puissance ; les étrangers sont venus des îles les plus éloignées baisser les yeux devant la gloire de sa majesté ; ses sujets lui ont presque dressé des autels ; et le prestige qui se formait autour de lui n’a pu le séduire lui-même. » Glissons ici ce fragment d’une Lettre que Louis XIV écrivait à Philippe V, son petit-fils, roi d’Espagne : « Il y a deux ans que vous régnez, vous n’avez pas encore parlé en maître par trop de défiance de vous-même ; vous n’avez pu vous défaire de votre timidité ; à peine cependant vous arrivez à Madrid, qu’on réussit à vous persuader que vous êtes capable de gouverner seul une monarchie, dont vous n’avez senti jusqu’à présent que le poids excessif.
Le Style sublime déploie toutes les richesses de l’imagination, pour présenter dans tout leur éclat et dans toute leur grandeur, des pensées nobles, des sentiments élevés. […] Les vraies beautés du style sublime, s’y montrent dans tout leur éclat. […] L’homme en sa propre force a mis sa confiance : Ivre de ses grandeurs et de son opulence, L’éclat de sa fortune enfle sa vanité. […] ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte » ! […] Il s’en passe en effet assez souvent, quoiqu’on doive convenir que l’éclat en est rehaussé par le sublime des paroles.
A des partis plus hauts ce beau fils4 doit prétendre ; Et le nouvel éclat de votre dignité Lui doit enfler le cœur d’une autre vanité. […] L’éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan. […] Faut-il de votre éclat voir triompher le comte, Et mourir sans vengeance ou vivre dans la honte ? […] Tel fut néanmoins, de son vivant, l’éclat de sa réputation, qu’elle balançait presque celle de son ainé : illusion qu’il se gardait bien d’ailleurs de partager, ayant pour celui-ci autant de respect et d’admiration que de tendresse. […] Il y a un peu de déclamation dans ce vers, qui nuit d’ailleurs au juste rapport des mots et à l’accord des images que le suivant présente ; car si l’on peut dire l’éclat d’une dignité, on ne saurait dire de même l’éclat d’un précipice. — Dans ses monologues, Corneille n’évite pas en général avec assez de soin le faste et l’exagération des paroles.
De là, ces éternelles et fastidieuses déclamations contre la distinction indispensable des rangs dans un état monarchique, et en faveur d’un système d’égalité prétendue, qui n’a pu tenir contre l’expérience Mais dans le temps même où l’on accordait trop peut-être au rang et à la dignité, on comptait déjà quelques exemples d’oraisons funèbres, consacrées par la piété reconnaissante à des vertus qui n’avaient pas pour elles l’éclat du nom ou la splendeur de la dignité. […] Et la France, qui vous revit avec tant de joie, environnée d’un nouvel éclat, n’avait-elle plus d’autres pompes et d’autres triomphes pour vous au retour de ce voyage fameux, d’où vous aviez emporté tant de gloire et de si belles espérances ! […] ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! […] Commencez aujourd’hui à mépriser les faveurs du monde ; et toutes les fois que vous serez dans ces lieux augustes, dans ces superbes palais à qui Madame donnait un éclat que vos yeux cherchent encore ; toute les fois que regardant cette grande place qu’elle remplissait si bien, vous sentirez qu’elle y manque, songez que cette gloire que vous admirez, faisait son péril en cette vie, et que dans l’autre elle est devenue le sujet d’un examen rigoureux, où rien n’a été capable de la rassurer, que cette sincère résignation qu’elle a eue aux ordres de Dieu, et les saintes humiliations de la pénitence ».
Il est l’intermédiaire qui unit la plus glorieuse époque des lettres françaises à une autre époque où leur éclat, moins pur, ne s’est pas encore obscurci. […] Fortune, dont la main couronne Les forfaits les plus inouïs, Du faux éclat qui t’environne Serons-nous toujours éblouis1 ? […] Ivre de ses grandeurs et de son opulence, L’éclat de sa fortune enfle sa vanité. […] Il est à propos de remarquer avec quel bonheur Rousseau savait rajeunir et relever, par la richesse et l’éclat de son style, le vieux fonds mythologique, dont il fit toutefois, à l’exemple de son temps, un trop large usage.
A des partis plus hauts ce beau fils2 doit prétendre, Et le nouvel éclat de votre dignité Lui doit enfler le cœur d’une autre vanité. […] L’éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan. […] Faut-il de votre éclat voir triompher le comte, Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ? […] Si montrer du courage et du ressentiment, Si venger un soufflet mérite un châtiment, Sur moi seul doit tomber l’éclat de la tempête : Quand le bras a failli, l’on en punit la tête. […] Godean, poëte du temps, avait dit Mais leur gloire tombe par terre, Et comme elle a l’éclat du verre, Elle en a la fragilité.
Il y a des phrases, des mots, des tours qui ont de l’éclat et de la grandeur : ceux-là sont destinés à paraître dans les genres élevés. […] Buffon regarde comme très opposé au mérite du style l’emploi de ces pensées fines et la recherche de ces idées légères, déliées, sans consistance, et qui, comme la feuille du métal battu, ne prennent de l’éclat qu’en perdant de la solidité. […] La richesse du style consiste dans l’abondance des pensées, la variété et l’harmonie des tours, l’éclat des figures, la vivacité des images et la magnificence des expressions. […] Pour être sublime, le style véhément doit unir la pompe et l’éclat à la célérité des pensées et des sentiments. […] Il s’en passe en effet assez souvent, quoiqu’on doive convenir que l’éclat en est rehaussé par le sublime des paroles.
Si ses prétentions scientifiques y font parfois sourire les savants, cet éloquent plaidoyer contre l’athéisme, cet hymne en l’honneur de la Providence allie au sentiment religieux l’éclat des descriptions, la douceur harmonieuse de Fénelon, et l’abondance ingénieuse de Plutarque. […] C’est un fond de concert qui fait ressortir les chants éclatants des oiseaux, comme la douce verdure est un fond de couleur sur lequel se détache l’éclat des fleurs et des fruits. […] Bientôt des tonnerres affreux firent retentir de leurs éclats les bois, les plaines et les vallons ; des pluies épouvantables, semblables à des cataractes, tombèrent du ciel. […] La lune, vers son plein, était déjà fort élevée sur l’horizon et brillait de l’éclat le plus pur dans un ciel sans nuages.
Sa verve provoque sans efforts et cette hilarité bruyante dont les éclats réjouissent le cœur, et cette gaieté réfléchie qui est le sourire de l’esprit. […] Hier3, j’étais chez des gens de vertu singulière, Où sur vous du discours on tourna la matière ; Et là, votre conduite, avec ses grands éclats, Madame, eut le malheur qu’on ne la loua pas4. […] Là, votre pruderie et vos éclats de zèle Ne furent pas cités comme un fort bon modèle ; Cette affectation d’un grave extérieur, Vos discours éternels de sagesse et d’honneur, Vos mines4 et vos cris aux ombres d’indécence Que d’un mot ambigu peut avoir l’innocence, Cette hauteur d’estime où vous êtes de vous, Et ces yeux de pitié que vous jetez sur tous, Vos fréquentes leçons et vos aigres censures5 Sur des choses qui sont innocentes et pures, Tout cela, si je puis vous parler franchement, Madame, fut blâmé d’un commun sentiment. […] Attache à des travaux dont l’éclat te renomme Les restes précieux des jours de ce grand homme. […] Consultes-en ton goût, il s’y connaît en maître, Et te dira toujours, pour l’honneur de ton choix, Sur qui tu dois verser l’éclat des grands emplois.
L’imagination du peintre invente d’abord les principaux traits du tableau ; son jugement met ensuite chaque partie à sa place ; mais le coloris lui est nécessaire pour animer tout l’ouvrage, donner aux objets de l’éclat, et rendre l’expression parfaite. […] Le style simple doit être pur, clair, précis, mais sans éclat, sans ornements : sa plus belle parure est le naturel. […] Le style est riche quand il joint l’abondance à l’éclat, quand il est semé d’images vives, de traits brillants. […] Ainsi, les mots chaleur, éclat expriment, dans le sens propre, des propriétés du feu ; on dit la chaleur, l’éclat de la flamme ; mais si l’on dit la chaleur du combat ou du style, l’éclat de la vertu ou de la beauté, on prend ces mots dans le sens figuré. […] ô nuit effroyable, ci retentit tout-à-coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame te meurt !
Le poëte voyageur y décrit avec éclat l’Orient quil avait parcouru : ce fut, avec l’Itinéraire, un pèlerinage au double berceau de l’antiquité. […] Peintre avant tout, il rappelle, avec plus d’éclat, Bernardin de Saint-Pierre et Jean-Jacques Rousseau. […] Il a retenti pour nous comme l’éclat de ta foudre. […] D’abord il frappe l’écho des brillants éclats du plaisir : le désordre est dans ses chants : il saute du grave à l’aigu, du doux au fort : il fait des pauses ; il est lent, il est vif : c’est un cœur que la joie enivre, un cœur qui palpite sous le poids de l’amour.
. — Et afin que l’on vît toujours dans ces deux hommes de grands caractères, mais divers, l’un emporté d’un coup soudain, meurt pour son pays comme un Judas Machabée ; l’autre, élevé par les armes au comble de la gloire, comme un David, comme lui meurt dans son lit, en publiant les louanges de Dieu et instruisant sa famille, et laisse tous les cœurs remplis tant de l’éclat de sa vie que de la douleur de sa mort ». […] Mais, sans vouloir excuser ce qu’il a si hautement condamné lui-même, disons, pour n’en parler jamais, que, comme dans la gloire éternelle, les fautes des saints pénitents, couvertes de ce qu’ils ont fait pour les réparer, et de l’éclat infini de la divine miséricorde, ne paraissent plus ; ainsi, dans des fautes si sincèrement reconnues, et dans la suite si glorieusement réparées par de fidèles services, il ne faut plus regarder que l’humble reconnaissance du prince qui s’en repentit, et la clémence du grand roi qui les oublia ». […] Les dehors même de la guerre, le son des instruments, l’éclat des armes, l’ordre des troupes, le silence des soldats, l’ardeur de la mêlée, le commencement, les progrès et la consommation de la victoire, les cris différents des vaincus et des vainqueurs, attaquent l’âme par tant d’endroits, qu’enlevée à tout ce qu’elle a de sagesse et de modération, elle ne connaît plus ni Dieu, ni elle-même.
« Pendant une belle soirée, Mirtile était allé visiter l’étang voisin, dont les eaux réfléchissaient l’éclat de la lune. […] Quel doux éclat la lune répand sur sa tête chauve et sur sa barbe argentine ! […] si ce faux éclat n’eût pas fait ses plaisirs, Si le séjour de Vaux eût borné ses désirs, Qu’il pouvait doucement laisser couler son âge ! […] Vît-il crouler les cieux brisés par la tempête ; L’univers en éclats tombât-il sur sa tête ; Frappé de ses débris, il serait sans effroi. […] Je préfère l’obscurité Qui suit la médiocrité, À l’éclat qui suit la puissance.
Elle cherche les images, les comparaisons, la couleur, l’éclat. […] Elle donne à la pensée, pressée aux pieds nombreux du vers, l’éclat du son dans la trompette, comme parle Montaigne. […] Exorde simple. — L’exorde ne demande pas toujours tant d’habileté ni tant d’éclat. […] ô nuit effroyable, où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, Madame est morte ! […] Quand Dieu par plus d’éclat montra-t-il son pouvoir ?
La gravité du style, à mesure que le sujet s’élève et s’agrandit, peut arriver à la noblesse, à la richesse, à la magnificence : la noblesse, qui n’emploie que les termes les plus généraux et les tournures les plus polies et les plus dignes ; la richesse, qui y ajoute l’éclat des images, l’abondance des ornements, le nombre de la phrase, ou qui encore renferme sous peu de mots des idées fécondes ; la magnificence, qui est la grandeur dans la richesse. […] Dans les sujets même qui demandent la plus grande richesse du ton, l’éclat ne doit être ni fastueux ni continu : l’ostentation déplaît, l’uniformité fatigue. […] Bientôt ces termes neufs et originaux, employés par les écrivains les plus médiocres, perdent le premier éclat qui les distinguait ; ils deviennent familiers : alors les hommes de génie sont obligés de chercher d’autres expressions, qui souvent ne sont pas si heureuses ; c’est ce qui produit le style forcé et sauvage dont nous sommes inondés. […] Un enfant touche légèrement un ressort, la machine commence à fonctionner et révèle son activité latente ; encouragé par ce premier succès, il appuie davantage, et la machine obéissante déploie toute sa puissance ; ce n’est pas assez, il pèse plus fort, encore, encore ;… mais alors le ressort se brise, vole en éclats, et ne laisse devant l’imprudent qu’une masse inerte et inutile.
Sa verve provoque sans effort et cette hilarité bruyante dont les éclats réjouissent le cœur, et cette gaieté réfléchie qui est le sourire de l’esprit. […] Aussi nous n’avons part à la gloire de nos ancêtres qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler ; et cet éclat de leurs actions, qu’ils répandent sur nous, nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leur vertu, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. Ainsi vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né ; ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu’ils ont fait d’illustre ne vous donne aucun avantage : au contraire, l’éclat n’en rejaillit sur vous qu’à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d’un chacun la honte de vos actions. […] À tous les éclats de risée, il haussait les épaules et regardait le parterre en pitié ; et quelquefois aussi, le regardant avec dépit, il lui disait tout haut : Ris donc, parterre, ris donc.
Les figures contribuent puissamment à la grâce, à la beauté et à l’éclat du style. […] Exemples : Aller à cheval sur un âne, sur un bâton ; un cheval ferré d’argent ; une feuille de papier, une feuille d’or ; la glace d’un miroir, l’éclat du son, etc. […] L’effet de la comparaison est de donner plus de grâce et d’éclat au discours, plus de variété au récit, plus de clarté aux pensées, ou plus de force au raisonnement. […] ô nuit effroyable où retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt ! […] où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle : Madame se meurt, madame est morte !
Et, sans mêler à l’or l’éclat des diamants, Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements ; Telle, aimable en son air, mais humble dans son style, Doit éclater sans pompe une élégante idylle. Son tour simple et naïf n’a rien de fastueux, Et n’aime point l’éclat d’un vers présomptueux.
Il est également certain que les Belles-Lettres servent à répandre et à faire goûter les sciences, par l’éclat, les agréments et l’intérêt qu’elles prêtent aux matières les plus abstraites, les plus arides et les plus rebutantes. […] Combien de fois au contraire ne préfère-t-il pas l’humble silence de la retraite, à l’éclat bruyant des sociétés !
Mais, rendu tout entier, sur la fin de sa vie, aux excellents principes que sa jeunesse avait reçus, il n’a pas craint de revenir sur ses pas, de juger ses propres jugements, et de réparer avec éclat le petit scandale de ses injustices littéraires. […] Il faut donc ouvrir les yeux des jeunes gens sur les vices brillants d’une composition dont l’éclat leur déguise le danger, et leur prouver que le génie du style est un don particulier de la nature, aussi admirable et plus rare encore que le génie des choses. […] Reportons-nous un moment à l’époque où l’auteur d’Atala s’annonça avec tant d’éclat dans la carrière des lettres ; rappelons-nous le triste et long silence des muses françaises, et nous concevrons, nous excuserons même l’enthousiasme avec lequel fut accueillie la première production de M. de Chateaubriand. […] Deux choses inconciliables de leur nature, ou que l’on ne concilie du moins qu’aux dépens l’une de l’autre, l’allure fière, libre et indépendante du génie qui invente, et la contrainte toujours pénible du talent qui imite ; cette lutte presque continuelle de deux principes évidemment opposés ; me semblerait assez bien caractériser la manière habituelle de M. de Chateaubriand : il trouve fréquemment de grandes pensées, frappantes d’énergie et de vérité ; mais il cherche (et l’on s’en aperçoit) une tournure énergique, une expression forte ou pittoresque, pour ajouter à la force ou à l’éclat de la pensée. […] Cette brillante déesse qui l’avait si souvent et si bien inspiré, n’abandonna pas son poète dans cette nouvelle carrière, et l’on sait tout le parti qu’il tira d’un sujet stérile pour tout autre par sa fécondité même, et d’autant plus périlleux que l’éclat en couvrait mieux le danger.
Les arts exilés de ces belles contrées, vinrent établir leur empire dans Rome, et y brillèrent du plus vif éclat sous César et sous Auguste. […] L’Italie fut l’heureuse contrée, où les lettres et les arts fleurirent avec le plus d’éclat.
D’un éclat différent mon camp frappait leur vue : Mon armée en silence à leurs yeux étendue, N’offrait de tous côtés que farouches soldats, Endurcis aux travaux, vieillis dans les combats ; Accoutumés au sang et couverts de blessures, Leur fer et leurs mousquets composaient leurs parures. […] Vous avez adopté mes conseils avant que les maux soient venus vous assiéger, et vous vous en repentez à présent que vous souffrez. — Abattus par des disgrâces aussi funestes qu’imprévues, vous n’avez plus la force de maintenir vos résolutions ; mais les citoyens d’une puissante république, des hommes élevés dans des sentiments dignes de leur patrie, devraient-ils succomber aussi facilement à l’infortune, et ternir, par tant de lâcheté, l’éclat de leur conduite passée ? […] L’éclat avec lequel je me suis annoncé dans les jeux olympiques, a relevé la gloire d’Athènes aux yeux des Grecs, qui croyaient cette république abattue. […] Ils brillent sous l’or et la pourpre qui les couvrent et leurs armes répandent un éclat, étalent un luxe dont il est impossible d’avoir l’idée, quand on n’en a pas eu le spectacle.
) Personne n’admire plus que nous la riche profusion des allégories morales répandues dans Homère ; mais nous n’en sommes pas moins persuadés qu’une religion toute idéale, comme celle des Grecs et des Romains ; qu’une religion qui dit tout à l’esprit, sans presque jamais parler au cœur, ne peut offrir qu’un système de morale très incomplet ; et nous admettrons toujours une prodigieuse différence entre la vérité symbolique qui a tant de voiles à percer pour arriver jusqu’à nous, et la vérité première, qui s’élance de sa source avec la rapidité, et frappe avec l’éclat de la lumière. […] Vous m’avez affligé, vains éclats de la joie ; Votre bruit m’importune, et le rire est trompeur. […] Quelle véhémence dans cette dernière apostrophe aux riches, qui, stupidement éblouis pour la plupart de l’éclat qui les environne, ne savent pas que le premier charme du bienfait est de perdre jusqu’à l’apparence d’un don ! […] Sa fortune est durable autant que légitime, Elle passe aux neveux du fortuné vieillard ; Tandis que les enfants du crime et du hasard, Ces hommes sans pitié que les pleurs endurcissent, Et que les maux publics en un jour enrichissent, Dépouillés tout à coup d’un éclat passager, Ne sortent du néant que pour s’y replonger.
La sublimité de son discours ne laissera pas à l’auditeur transporté hors de lui-même, le temps et la liberté de remarquer ses défauts : ils seront cachés dans l’éclat de ses vertus ; on sentira son impétuosité, mais on ne verra point ses démarches : on le suivra comme un aigle dans les airs, sans savoir comment il a quitté la terre ». […] Une foule d’écrivains obscurs, ne pouvant s’illustrer par l’éclat des mêmes talents, a fait paraître la même audace… Enfin, la religion compte aujourd’hui presque autant d’ennemis déclarés, que la littérature se glorifie d’avoir produit de prétendus philosophes.
Ce ne sont point là de ces froids jeux de mots, de ces antithèses puériles où l’esprit s’est mis à la torture pour faire contraster quelques mots, ou donner par l’opposition un moment d’éclat à des pensées communes : c’est un rapprochement naturel commandé par la force du sujet, et qui frappe d’autant plus, qu’il s’est offert avec plus de facilité. […] À la cour de Louis XIV, au monarque lui-même, c’est-à-dire, à la réunion brillante de tout ce que la France offrait alors de plus grand et de plus distingué par l’éclat de la naissance ou par la faveur signalée du prince.
Le monde a été ébloui de l’éclat qui l’environnait ; ses ennemis ont envié sa puissance ; les étrangers sont venus des îles les plus éloignées baisser les yeux devant la gloire de sa majesté4 ; ses sujets lui ont presque dressé des autels, et le prestige qui se formait autour de lui n’a pu le séduire lui-même. […] Le saint roi rendit aux peuples, avec la tranquillité, la joie et l’abondance : les familles virent renaître ces siècles heureux qu’elles avaient tant regrettés ; les villes reprirent leur premier éclat ; les arts, facilités par les largesses du prince, attirèrent chez nous les richesses des étrangers : le royaume, déjà si abondant de son propre fonds, se vit encore enrichi de l’abondance de nos voisins.