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52. (1886) Recueil des sujets de composition française donnés à la Sorbonne aux examens du baccalauréat ès lettres (première partie), de 1881 à 1885

. — Il a lu avec joie l’esquisse du poème futur qui sera le vrai poème national des Romains. (9 novembre 1883). […] Il demande la mort, il est vrai, mais c’est pour que sa gloire ne soit pas ternie dans la suite par l’inaction. […] Il est vrai qu’il est à la fois juge et partie en cette question, et qu’il se juge lui-même en homme qui se défie de la critique. […] Il est vrai que ce sont des morceaux de courte haleine que ces fables et d’un cadre assez restreint ; mais quelle abondance dans les sujets ! […] Il est vrai qu’il a composé son Discours en quinze jours.

53. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fontenelle. (1657-1757). » pp. 110-119

Originaire de Rouen et neveu du grand Corneille, il voulut d’abord marcher sur les traces de son oncle et travailler pour le théâtre : mais ses compositions dramatiques ne réussirent que fort peu ; et, pour ses vers en général, si quelques-uns eurent de son vivant plus de succès, on peut dire qu’à l’exception d’un petit nombre de pièces légères ils ne le méritaient pas davantage : Fontenelle manquait de naturel et de cette émotion vraie qui est l’âme de la poésie. […] Il est vrai qu’après avoir passé des années entières à creuser le tronc d’un gros arbre avec des pierres tranchantes, ils se mettaient sur la mer dans ce tronc et allaient terre à terre portés par le vent et par les flots. […] Vous vous imaginez que l’esprit humain ne cherche que le vrai : détrompez-vous. […] Ainsi, le vrai a besoin d’emprunter la figure du faux pour être agréablement reçu dans l’esprit humain : mais le faux y entre bien sous sa propre figure ; car c’est le lieu de sa naissance et sa demeure ordinaire, et le vrai y est étranger.

54. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section première. La Tribune politique. — Chapitre V. De l’Éloquence politique chez les Français. »

Mais cette lutte même, quelque affligeante qu’elle fût pour les vrais amis de l’ordre et du repos des états, n’en servit que mieux la cause de l’éloquence, en mettant toutes les passions, tous les intérêts aux prises, dans le sein d’une assemblée, qui n’offrit plus qu’un champ de bataille, et dont chaque séance était un combat opiniâtre, au lieu d’une discussion sage et paisible des opinions contraires ; et la nation vit avec douleur ses représentants partagés en deux corps d’armée, également décidés à ne rien rabattre de leurs prétentions, à ne rien abandonner de leurs droits. […] À l’époque mémorable que nous venons de parcourir, l’on eut plus d’une fois, sans doute, à gémir sur cet abus des talents ; le règne du sophisme, et l’esprit de chicane et de subtilité avaient déjà, plus d’une fois, dénaturé les meilleures causes, et obscurci, dès leur aurore, les beaux jours de notre éloquence politique : mais la raison, du moins, élevait encore la voix de temps en temps, pour la défense et le maintien de la vérité ; mais l’ascendant victorieux des vrais talents reprenait encore ses droits sur l’insolente médiocrité. Le succès, il est vrai, n’a pas toujours égalé le courage des orateurs ; il n’a pas toujours suffi d’avoir raison, pour obtenir gain de cause ; c’est que le nombre des sophistes l’emportait déjà sur celui des sages, et que le génie du mal, à qui le choix des armes est indifférent, triomphe trop aisément du génie du bien, qui n’est que franchement courageux. […] Mais ces circonstances sont rares, et il faut, pour en profiter, autant d’habileté au moins que de vrai talent.

55. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre premier. Beautés de détail. »

Cela est si vrai, que le plus sublime de tous, celui qui a le plus approché de ce qui était accessible au génie poétique humain, Homère, ne concevant pas un être capable de tout remplir de sa présence en même temps, est contraint, pour la peindre, de redescendre bientôt de la hauteur fictive où il venait de s’élever avec son dieu, et de laisser à ses coursiers tout l’honneur du sublime dans cette circonstance. […] Il a fait sentir pourquoi Homère et les prophètes ne sont jamais plus différents que lorsqu’ils semblent le plus se rapprocher par le fond ou les détails du sujet qu’ils traitent ; et nous ne saurions trop inviter les maîtres et les disciples à se pénétrer de l’esprit qui a dicté le Génie du Christianisme, le plus beau trophée que le génie de la sensibilité et l’enthousiasme du vrai beau aient élevé depuis longtemps à la morale et à la religion. […] Ce qu’on n’a peut-être point assez observé dans Homère, c’est que l’homme y est en général beaucoup plus grand, beaucoup plus parfait que le dieu ; qu’il s’y montre plus intéressant, y étale des sentiments plus nobles et plus vrais. […] Mais partout où nous retrouvons le vrai, nous retrouvons aussi notre sensibilité émue ; Achille, Andromaque, Priam, Hector, Didon, Hécube, etc., ne manquent jamais de nous intéresser toutes les fois qu’ils sont ce que nous sommes, qu’ils éprouvent et expriment ce que nous avons éprouvé cent fois nous-mêmes, et ce que notre nature nous met dans le cas d’éprouver tous les jours.

56. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IX. De l’élégie. »

Là, ce n’est plus le langage humain, c’est Dieu lui-même qui parle par les prophètes ; c’est lui qui met dans la bouche de David l’expression la plus vraie et la plus touchante de la douleur de l’âme, tempérée par les élans de la foi et de l’espérance religieuse : telle est entre autres le psaume qui chante la captivité de Babylone (Super flumina Babylonis), et que Chateaubriand appelle le plus beau des cantiques sur l’amour de la patrie . […] Plusieurs passages de Job et d’Ézéchiel peuvent aussi être regardés comme de vraies élégies. […] Plusieurs avaient sans doute à exprimer des peines réelles ; plusieurs, comme Millevoye et Gilbert, ont chanté au bord de la tombe : aussi leurs vers portent-ils l’empreinte d’un sentiment vrai et profond ; mais d’autres n’ont chanté que des douleurs factices et caressé que des chimères ; ils mouraient par métaphore, et riaient sous cape de voir le public s’attendrir sur leurs infortunes.

57. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre : gens nourris dans le faux, et qui ne haïssent rien tant que d’être naturels ; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris6. […] La vraie et la fausse grandeur La fausse grandeur est farouche et inaccessible ; comme elle sent son faible, elle se cache, ou du moins ne se montre pas de front, et ne se fait voir qu’autant qu’il faut pour imposer et ne paraître point ce qu’elle est, je veux dire une vraie petitesse. […] Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien nées La valeur n’attend pas le nombre des années. […] Vous avez des enfants, il est vrai, dignes de vous, j’ajoute même capables de soutenir toute votre fortune ; mais qui peut vous en promettre autant de vos petits-fils ? […] ils aiment à voir, en vrais badauds, les malheurs du prochain.

58. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Principes généraux des belles-lettres. » pp. 1-374

Les principes généraux de la morale y sont établis d’une manière sage et vraie. […] Les actions vraies sont celles qui sont arrivées. […] Il est vrai qu’il l’a rendu odieux dans le cinquième acte : mais c’étoit, comme le remarque J. […] Voilà la vraie éloquence qui convient à la tragédie. […] Il est vrai que nos noms ne sauroient plus périr.

59. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

Serait-il vrai que nous soyons entrés dans la période de notre déclin ? […] Vous êtes encore trop jeune pour démêler le vrai du faux. […] Il est enfin le vrai fondateur de la Bibliothèque Royale. […] Il n’est que trop vrai que Henri IV ne fut ni connu ni aimé pendant sa vie. […] Il est vrai ; mais une autre cause explique encore le succès de Rousseau.

60. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

N’est-il pas vrai que, quand il ramasse toutes les circonstances de ce désespoir, qu’il vous montre Didon furieuse, avec un visage où la mort est déjà peinte, qu’il la fait parler à la vue de ce portrait et de cette épée, votre imagination vous transporte à Carthage ? […] Mes ouvrages ont résisté au temps, il est vrai ; mais il faut vous aimer autant que je le fais2 pour n’être point jaloux de votre gloire. […] Homère semble avoir oublié le lecteur pour ne songer qu’à peindre en tout la vraie nature. […] « Les vrais amis, écrivait-il en 1714, font toute la douceur et toute l’amertume de la vie. » On peut voir particulièrement ses lettres au chevalier Destouches. […] Le charme de ce passage de Fénelon suffirait déjà pour montrer que Saint-Simon n’a été que juste et vrai pour lui, lorsqu’il l’a peint « doué d’une éloquence naturelle, douce et fleurie ».

61. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Descartes, 1596-1650 » pp. 11-20

En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi, la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. […] Je me plaisais surtout aux mathématiques, à cause de la certitude et de l’évidence de leurs raisons ; mais je ne remarquais point encore leur vrai usage ; et, pensant qu’elles ne servaient qu’aux arts mécaniques, je m’étonnais de ce que, leurs fondements étant si fermes et si solides, on n’avait rien bâti dessus de plus relevé. […] Je ne dirai rien de la philosophie, sinon que, voyant quelle a été cultivée par les plus excellents esprits qui aient vécu depuis plusieurs siècles, et que néanmoins il ne s’y trouve encore aucune chose dont on ne dispute, et par conséquent qui ne soit douteuse, je n’avais point assez de présomption pour espérer d’y rencontrer mieux que les autres ; aussi, considérant combien il peut y avoir de diverses opinions touchant une même matière, qui soient soutenues par des gens doctes, sans qu’il y en puisse avoir jamais plus d’une seule qui soit vraie, je réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable. […] Et j’avais toujours un extrême désir d’apprendre à distinguer le vrai d’avec le faux, pour voir clair en mes actions et marcher avec assurance en cette vie. Il est vrai que pendant que je ne faisais que considérer les mœurs des autres hommes, je n’y trouvais guère de quoi m’assurer, et que j’y remarquais quasi autant de diversité que j’avais fait auparavant entre les opinions des philosophes.

62. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Accoutumez-vous à sentir avec force tout ce qui est juste et vrai. […] Ne soyez ni humble, ni fier ; soyez vrai. […] De la vraie éloquence. […] Toute vraie civilisation vient du christianisme. […] Ne soyez ni humble ni fier ; soyez vrai.

63. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — La Bruyère 1646-1696 » pp. 100-117

Il est vrai que les manières polies donnent cours au mérite et le rendent agréable, et qu’il faut avoir de bien éminentes qualités pour se soutenir2 sans la politesse. […] Il est vrai que ce qu’il dépense d’un côté, il l’épargne de l’autre ; car ses enfants sont sans maîtres et sans éducation. […] Aussi les Pamphiles sont-ils toujours comme sur un théâtre : gens nourris dans le faux, et que ne haïssent rien tant que d’être naturels ; vrais personnages de comédie, des Floridors, des Mondoris4. […] Je lis dans Duclos [Considérations sur les mœurs) : « La politesse est l’expression ou l’imitation des vertus sociales : c’en est l’expression s elle est vraie, et l’imitation si elle est fausse ; et les vertus sociales sont celles qui nous rendent utiles et agréables à ceux avec qui nous avons à vivre. […] Pour ne se répandre que sur les dehors, elle n’en est que plus haïssable, parce que c’est toujours un défaut visible et manifeste ; il est vrai cependant qu’il offense plus ou moins, selon la cause qui le produit.

64. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Je sais bien que cette simplicité apparente cache un art réel, et que sous cette froideur calculée on sent palpiter une émotion vraie. […] Tant il est vrai que cet art dépend des mœurs et des institutions, qu’il varie avec les âges, et qu’il est téméraire de vouloir l’enchaîner dans des règles absolues ! […] Lorsqu’en lisant Tite-Live, vous voyez au Sénat d’éloquents patriciens, au camp d’énergiques consuls, sur le forum des tribuns véhéments, vous ne voyez qu’un côté de l’existence romaine, le grand côté, qui n’est pas le plus vrai. […] Rome est le vrai théâtre de l’éloquence judiciaire, comme Athènes est celui de l’éloquence politique. […] Mais aussi quelle chaleur vraie !

65. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Et cela était rigoureusement vrai : mais il ne l’était pas moins qu’il n’avait rien fait non plus pour étendre son domaine ; et que, sagement renfermé dans les bornes de son talent, il n’a jamais tenté de s’élever à ces beautés neuves et hardies, qui supposent un génie, et exigent des forces qu’il ne se sentait pas. […] Il est vrai qu’il en a été bien vengé depuis par les beaux vers de M.  […] La langue poétique y perdit, il est vrai, quelque chose de la correction difficile et de la sévère élégance où elle était parvenue ; mais elle étendit le cercle de ses attributions ; elle tenta d’exprimer, et elle exprima avec succès des choses rebelles jusqu’alors à la poésie. […] Il est vrai que ceux qui n’ont pas voulu reconnaître Virgile dans les Géorgiques de M.  […] Ce n était pas un préjugé favorable pour le poème épique ; et malheureusement ce poème était surchargé de tout ce qu’une imagination en délire peut concevoir de plus bizarre et de plus monstrueux : mais à côté de ces étranges fictions, se trouvaient des beautés du premier ordre ; des tableaux charmants contrastaient avec les peintures les plus hideuses ; les sentiments les plus vrais, les plus naïvement exprimés, avec des discours insensés et des actions analogues à ces discours.

66. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre premier. De l’invention. »

Dans la narration on expose un fait, ou vrai ou supposé vrai. […] Il n’est pas nécessaire qu’un sujet soit historique et vrai dans tout l’acception du mot : il peut être tout entier d’imagination ; mais il doit être traité selon les règles de la vérité. Si vous me dites des choses tellement impossibles à croire, que votre fiction choque toutes les notions que j’ai du naturel et du vrai, comment voulez-vous que je puisse vous suivre ? […] Il y a peut-être un troisième sentiment, assez rare, il est vrai, qui est l’absence de toute passion, c’est l’indifférence. […] Mais si, dans les luttes judiciaires, les moyens de l’invention se présentent dans cet ordre, il est vrai de dire que, dans l’éloquence sacrée, dans les grands débats parlementaires, l’ordre contraire se présentera plus ordinairement.

67. (1865) De la Versification française, préceptes et exercices à l’usage des élèves de rhétorique. Première partie. Préceptes. Conseils aux élèves.

L’empereur, il est vrai, ne vient plus chaque jour Mettre à vos pieds l’empire, et grossir votre cour ; Mais le doit-il, madame ? […] Chez Boileau, en effet, la faculté qui domine toutes les autres, au point que parfois la sensibilité semble en être émoussée, l’imagination entravée, l’invention amoindrie, cette faculté, c’est la raison : la raison éprise du vrai, et trouvant que le vrai seul est aimable  ; la froide raison, jugement, bon sens, ou sens commun, peu importe le nom formulant ses arrêts dans un langage plus ou moins poétique15. […] Chez Racine, le vrai est inséparable du beau, « cette splendeur du vrai, » comme on ne saurait trop le répéter après Platon. […] Sous des noms différents, il fera le portrait de l’humanité elle-même, et se constituera l’interprète le plus vrai, le plus éloquent de ces sentiments intimes qui sont de tous les temps et de tous les pays. […] Pour être complètement vrai et juste, il faut ajouter deux remarques : 1°.

68. (1875) Poétique

Cependant il y a des tragédies où l’on s’écarte de cette règle, et où l’on ne trouve qu’un ou deux noms qui soient vrais. […] Il ne le serait toutefois pas moins quand l’action serait vraie, parce que rien n’empêche que le vrai ne ressemble au vraisemblable, qui seul fait et constitue le poète. […] Cela est si vrai, que ceux que le hasard produit sont plus piquants quand ils semblent être l’effet d’un dessein. […] Qu’on mette dans un vers les mots propres à la place des métaphores, des mots étrangers, et des autres, on sentira combien ce que nous disons est vrai. […] Ce qu’on en dit n’est peut-être ni le vrai, ni le mieux ; du moins on ne le sait pas, comme disait Xénophane.

69. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

En second lieu, reproduisant des préceptes déjà connus, la plupart négligent d’en faire ressortir le vrai sens, l’application réelle et présente. […] Ne puis-je pas penser après eux une chose vraie, et que d’autres encore penseront après moi ?  […] J’aimerais autant qu’on l’accusât de se servir des mots anciens : comme si les mêmes pensées ne formaient pas un autre corps de discours par une disposition différente, aussi bien que les mêmes mots forment d’autres pensées par les différentes dispositions. » Mais si je n’aspire pas au renom d’inventeur, j’ai voulu, et d’une volonté ardente et profonde, rappeler des doctrines que je crois vraies et saines à tous ceux qui s’occupent des travaux de l’intelligence et surtout aux jeunes gens, et appuyer tous mes préceptes sur la nécessité de fortes et solides études. […] N’écrivez, ne parlez que par amour de l’art, par amour du vrai, par amour de vos semblables.

70. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre troisième. Du discours. »

Ce genre, ainsi que les deux autres, n’a pas eu la même forme parmi nous que chez les anciens, car quoi qu’il soit vrai dans un sens qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil, il est vrai dans un autre, que tout a changé et que tout peut changer encore. […] Accumulation, d’autant plus faite pour électriser le soldat qu’elle est plus vraie. […] Rien n’est plus vrai pourtant. […] Elle doit être naturelle, vraie, et bienséante. […] Dans les deux autres, les césures sont de vrais contresens.

71. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Il emploie ce lieu commun, pour prouver que ce qu’il dit d’une chose, est vrai. […] C’est de cette même manière que Fléchier nous fait connaître la vraie valeur, dans cet endroit de son oraison funèbre de Turenne 11. […] Mais elle est sensible, quant au fonds des pensées, aux yeux de l’homme de lettres et du vrai connaisseur. […] Rappelons encore ici ce précepte si vrai et si connu, que, pour être éloquent, il faut sentir vivement, avoir une âme toute de feu : sans cela on ne pourra jamais enflammer l’âme des autres. […] Celle de la harangue pour Milon, accusé d’avoir fait assassiner le tribun Clodius, homme de mauvaises mœurs, est un vrai chef-d’œuvre.

72. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

3° Le genre et l'espèce constituent un argument qui prouve que ce qui est vrai du genre est vrai aussi de l'espèce, et réciproquement. […] Exemple : Le vrai sage n'est pas celui qui dit : aimez la sagesse ; c'est celui qui la pratique. […] Narrer, c'est raconter une chose vraie ou fausse, et la narration doit être claire, courte, vraie ou vraisemblable. […] Les lettres de condoléance demandent un style grave, mais négligé ; un ton qui marque une douleur vraie. […] Il demande une succession rapide et pressante de raisonnements vrais et naturels.

73. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre IV. Genre dramatique. »

Le théâtre n’est au fond qu’une illusion ; nous le savons : nous y allons pour être agréablement trompés par l’imitation de la vie ; mais nous voulons que cette imitation soit vraie, sans être pourtant une réalité. […] Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable : Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable. […] Son but est de représenter toutes les faces de la vie humaine dans leur expression la plus saisissante et la plus vraie. Mais à force de vouloir être vrai, il tombe parfois dans-la platitude grossière et la bassesse triviale. […] L’esprit doit régner partout, mais naturel et vrai, sortant comme de lui-même du fond des choses et des mots, tantôt naïf, tantôt étincelant de verve et de gaieté.

74. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

Le remède à ce mal est cependant très-simple ; il suffit que le maître veuille l’appliquer, car il faut convenir que, dans ce cas, le vrai, le seul coupable, c’est le professeur. […] — Mon père, il est donc vrai, tout est devenu pire ? […] Il a gardé en lui un type idéal de sa vraie et primitive nature ; il s’efforce à la reconquérir ; mais ses propres forces n’y suffisent point. […] Cependant le public, qui ne saurait longtemps demeurer hors du vrai, s’aperçoit bientôt qu’on l’entraîne où il n’a nulle envie d’aller, qu’on l’abuse et qu’on abuse de lui. […] La religion chrétienne est une œuvre pratique, non une étude scientifique ; au fond de ses dogmes et de ses préceptes, il y a certainement une philosophie, et, dans ma conviction, celle-là est la vraie.

75. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre V. Panégyrique de Louis XV, par Voltaire. »

Écoutez maintenant le langage de la vraie philosophie, c’est-à-dire, de la raison et de la sensibilité. […] Le président Hénault trouvait le panégyriste de Louis XV d’autant plus éloquent, qu’il paraît ne pas prétendre à l’éloquence, et cela est vrai. Cette manière simple et franche de louer était nouvelle, sans doute, et n’en doit avoir que plus de prix aux yeux des jeunes orateurs, trop naturellement portés à prendre l’exagéré pour le vrai, et l’emphase pour la véritable éloquence.

76. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre premier. Objet de l’Éloquence de la chaire. »

Il ne suffit pas, en effet, d’un zèle que rien n’intimide, d’une âme brûlante et consumée du désir vrai d’opérer le bien ; il faut que la raison dirige cet enthousiasme divin : et, ici plus qu’ailleurs, c’est la conviction qui doit amener la persuasion et le triomphe de l’orateur. […] Si, comme nous nous sommes efforcés de le démontrer déjà, l’orateur est rarement pathétique, rarement très éloquent, lorsque sa langue et son cœur ne sont point d’intelligence ; et si ce principe est rigoureusement vrai, par rapport aux genres d’éloquence que nous avons examinés, à combien plus forte raison ne doit-il pas l’être pour la prédication ? Plus les principes que l’orateur veut faire adopter sont vrais et importants, plus il doit être persuadé fortement de leur importance et de leur vérité.

77. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome II (3e éd.)

Ils fournissaient, il est vrai, une matière intarissable. […] Tous tendent à prouver qu’une chose est ou vraie, ou juste, ou avantageuse. […] Leurs ouvrages, il est vrai, renferment des imperfections ; l’on y rencontre des passages évidemment vicieux. […] Il est vrai que les critiques ont signalé chez eux quelques imperfections. […] Le vrai poète, au contraire, place les objets mêmes sous nos yeux ; il en saisit les traits éminemment distinctifs, leur prête les couleurs de la vie et de la réalité, et les met si bien dans leur vrai jour, qu’un peintre pourrait les copier d’après lui.

78. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Précis des quatre âges de la Littérature. »

Patru, le Maistre, et Gautier commençaient alors à introduire la vraie éloquence dans le barreau. […] Ce siècle des lumières et du vrai goût n’eut presque rien à envier aux beaux siècles d’Alexandre, d’Auguste et des Médicis. […] Madame Deshoulières offrit dans ses Idylles de vrais modèles de poésies bucoliques.

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