La rhétorique apprend surtout à distinguer l’esprit vrai du faux, à conserver dans la finesse le naturel et la sobriété, à ne pas être ingénieux hors de propos, à ne point tomber dans le prétentieux, à ne jamais perdre de vue le vers de Gresset : L’esprit qu’on veut avoir gâte celui qu’on a. […] « Une des choses qui nous plaît le plus, dit Montesquieu, c’est le naïf, mais c’est aussi le style le plus difficile à attraper : la raison en est qu’il est précisément entre le noble et le bas ; il est si près du bas, qu’il est très-difficile de le côtoyer toujours sans y tomber. » De part ni d’autre, l’appréciation ne me paraît rigoureusement juste. […] Homme d’Etat, publiciste, journaliste, n’oubliez pas la dignité de votre caractère et de votre mandat ; il est des institutions tellement graves, des réputations tellement pures, que toute bouffonnerie doit tomber devant elles.
Il est visiblement égaré, et tombé de son vrai lieu sans le pouvoir retrouver1. […] Un poëte contemporain a exprimé la même pensée dans ce beau vers : L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.
L’embrasement redoubla avec plus de rage : l’appartement du roi était consumé ; la grande salle où les Suédois se tenaient était remplie d’une fumée affreuse mêlée de tourbillons de feu qui entraient par les portes des appartements voisins ; la moitié du toit était abîmée dans la maison même ; l’autre tombait en dehors en éclatant dans les flammes. […] Le roi, qui était en bottes, selon sa coutume, s’embarrassa dans ses éperons et tomba.
On ne dit point : il est prêt à tomber, mais il est près de tomber.
Mais que les hommes ne s’y trompent pas : Dieu redresse quand il lui plaît le sens égaré ; et celui qui insultait à l’aveuglement des autres tombe lui-même dans des ténèbres plus épaisses, sans qu’il faille souvent autre chose pour lui renverser le sens que ses longues prospérités. […] Je ne me contente pas, chrétiens, de lui refuser de l’encens avec les trois enfants de Babylone, ni de lui dénier l’adoration que tous les peuples lui rendent : je veux faire tomber sur cette idole le foudre de la vérité évangélique ; je veux l’abattre tout de son long devant la croix de mon Sauveur ; je veux la briser et la mettre en pièces, et en faire un sacrifice à Jésus-Christ crucifié, avec le secours de sa grâce. […] Cependant il tombera d’une grande chute ; on le verra tout de son long couché sur la montagne, fardeau inutile de la terre1 » ; ou, s’il se soutient durant sa vie, il mourra au milieu de ses grands desseins, et laissera à des mineurs des affaires embrouillées qui ruineront sa famille ; ou Dieu frappera son fils unique, et le fruit de son travail passera en des mains étrangères ; ou Dieu lui fera succéder un dissipateur qui, se trouvant tout d’un coup dans de si grands biens dont l’amas ne lui a coûté aucune peine, se jouera des sueurs d’un homme insensé qui se sera perdu pour le laisser riche ; et devant la troisième génération, le mauvais ménage et les dettes auront consumé tous ses héritages. […] Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré ; et il me semble que je vois l’accomplissement de cette parole du Prophète1 : « Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d’étonnement. » Mais et les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le roi même tenait Madame serrée par de si étroits embrassements. […] Maintenant nous en tenons un ; maintenant il périt, et avec lui nous péririons tous, si, promptement et sans perdre de temps, nous n’en saisissions un autre semblable, jusqu’à ce qu’enfin il en viendra un auquel nous ne pourrons arriver, quelque effort que nous fassions pour nous y étendre ; et alors nous tomberons tout à coup, manque de soutien1.
Ce gentilhomme, qui le regardoit toujours, ne le voit pas tomber ; le cheval l’emporte où il avoit laissé le petit d’Elbeuf ; il n’étoit point encore tombé, mais il étoit penché le nez sur l’arçon. Dans ce moment, le cheval s’arrête, le héros tombe entre les bras de ses gens ; il ouvre deux fois de grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais : songez qu’il étoit mort, et qu’il avoit une partie du cœur emportée.
Un point brillant pari comme un éclair, et remplit aussitôt tout l’espace ; le voile des ténèbres s’efface et tombe ; l’homme reconnaît son séjour et le trouve embelli. […] J’ai souvent admiré un cheval arabe ainsi enchaîné dans le sable brûlant, les crins descendant épars, la tête baissée entre ses jambes pour trouver un peu d’ombre, et laissant tomber de son œil sauvage un regard oblique sur son maître. […] Je le vis périr ; le dard d’un Phénicien perça sa poitrine ; les rênes lui échappèrent des mains ; il tomba de son char sous les pieds des chevaux. […] Mort du Fils d’Idoménée L’enfant tombe dans son sang ; ses yeux se couvrent des ombres de la mort ; il les entrouvre à la lumière ; mais à peine l’a-t-il trouvée, qu’il ne peut plus la supporter. […] Je crois voir de tes mains tomber l’urne terrible ; Je crois te voir, cherchant un supplice nouveau, Toi-même de ton sang devenir le bourreau.
Il ne peut donc manquer de tomber dans le domaine de la satire. […] Sans doute la satire, entre les mains d’un homme de talent, peut faire une rude guerre au mauvais goût, et réprimer, au moins en partie, les scandales littéraires ; sans doute elle peut, sinon faire tomber tous les ridicules, au moins en diminuer le nombre ; elle pourra même faire rougir le vice, et peut-être lui arracher de loin en loin quelques victimes. […] Un autre danger, que nous avons déjà signalé, c’est de tomber, comme l’a fait Boileau, dans des personnalités toujours dangereuses. […] Leur bras n’atteint jamais que lande matière ; Ils ébranlent le marbre, ils attaquent la pierre, Et quand le mur battu tombe sur le côté, Leur torrent passe et fuit, comme un torrent d’été. […] Ainsi Lamotte, pour avoir l’air naturel, tombe dans le style trop familier ou plutôt dans le style bas, quand il parle du couple en cage qui ne s’aime plus si fort, du lynx qui, attendant le gibier, prépare ses dents à l’ouvrage, de Morphée qui fait litière de pavots, etc.
De son temps Voiture fut très célèbre par ses poésies, qui, après avoir été longtemps vantées, sont presque entièrement tombées dans l’oubli. […] Ce gentilhomme, qui le regardait toujours, ne le voit point tomber ; le cheval l’emporte où il avait laissé le petit d’Elbeuf ; il n’était point encore tombé, mais il était penché le nez sur l’arçon : dans ce moment, le cheval s’arrête ; le héros tombe entre les bras de ses gens ; il ouvre deux fois deux grands yeux et la bouche, et demeure tranquille pour jamais : songez qu’il était mort, et qu’il avait une partie du cœur emportée. […] Rome tomba entre les mains de Marc-Antoine, de Lépide et du jeune César Octavien, petit-neveu de Jules César et son fils par adoption, trois insupportables tyrans, dont le triumvirat et les proscriptions font encore horreur en les lisant. […] Tu céderas, ou tu tomberas sous ce vainqueur, Alger, riche des dépouilles de la chrétienté114. […] Regardez ces peuples barbares qui firent tomber l’empire romain.
Un exorde, en général, est un morceau d’apparat, un morceau étudié ; et tout ce qui suppose et exige de l’art, de l’étude et du travail, répugne à la marche libre et indépendante du génie, qui s’élève ou tombe, selon que son sujet monte ou descend. […] Ici donc, et à quatre attaques différentes, on vit tout ce qu’on peut soutenir et entreprendre à la guerre. — Voyez comme tout s’ébranle : Philipsbourg est aux abois en dix jours, malgré l’hiver qui approche : Philipsbourg qui tint si longtemps le Rhin captif sous nos lois, et dont le plus grand des rois a si glorieusement réparé la perte ; Worms, Spire, Mayence, Landau, vingt autres places de nom ouvrent leurs portes ; Merci ne peut les défendre, et ne paraît plus devant son vainqueur : ce n’est pas assez, il faut qu’il tombe à ses pieds, digne victime de sa valeur ; Nordlingue en verra la chute : il y sera décidé qu’on ne tient non plus devant les Français en Allemagne qu’en Flandre ».
La césure, dans le vers de dix syllabes, doit tomber sur la quatrième, comme dans cet exemple de Gresset : Volage muse, — aimable enchanteresse. Dans le vers de douze syllabes, la césure tombe sur la sixième, et partage ainsi le vers en deux parties égales ou moitiés qu’on nomme hémistiches, comme dans ce vers de Racine : Ma foi !
Dix siècles ont passé sur le saint édifice ; Donc, pour bien affermir la nouvelle bâtisse, C’est peu du granit dur, et c’est peu du mortier, Et c’est encor trop peu des règles du métier : Maçons, si vous voulez que votre blanche école Ne tombe pas au vent, comme un jouet frivole, Dès la première assise, à côté du savoir, Mettez la foi naïve, et l’amour, et l’espoir2. […] Comparez cette page de Xavier de Maistre pleurant la mort d’un ami : « La nature, indifférente de même au sort des individus, remet sa robe brillante du printemps, et se pare de toute sa beauté autour du cimetière où il repose ; les arbres se couvrent de feuilles, et entre acent leurs branches ; les oiseaux chantent sous le feuillage ; les mouches bourdonnent parmi les fleurs : tout respire la joie et la vie dans le séjour de la mort ; et, le soir, tandis que a lune brille dans le ciel, et que je médite près de ce triste lieu, j’entends le grillon poursuivre gaiement son chant infatigable, caché dans l’herbe qui couvre la tombe silencieuse de mon ami.
Derrière eux, le sillon reparaît morne et gris ; Les bluets sont tombés, et les pavots fleuris ; Et le soleil de juin, piquant comme la flèche, Sur leur couche de paille à l’instant les dessèche. […] Les faux marchent toujours, allongeant derrière elles Les rangs d’épis tombés en réseaux parallèles, Et qui semblent, de loin, tissu fauve et doré, Des toiles de lin neuf qu’on blanchit sur le pré4.
Nous voyons, comme dit saint Cyprien266, tomber tout le genre humain en ruine à nos propres yeux. […] Toutes les autres puissances s’élèvent et tombent : après avoir étonné le monde, elles disparaissent. […] C’est le destin des choses humaines de n’avoir qu’une durée courte et rapide, et de tomber aussitôt dans l’éternel oubli d’où elles étaient sorties. […] Cependant le roi sortait de table, et pensa tomber à la renverse lorsque Fagon, se présentant à lui, lui cria, tout troublé, que tout était perdu. […] Il parcourait sans cesse son vaste empire, portant la main partout où il allait tomber.
On sait que tombé dans la disgrâce par suite de la publication clandestine de Télémaque, l’archevêque de Cambrai édifia son diocèse par l’ardeur de sa charité, et mourut adoré comme un saint. […] Les nuages étaient encore empestés de l’odeur des vapeurs soufrées qui avaient allumé les éclairs et fait gronder le menaçant tonnerre ; les vents séditieux, ayant rompu leurs chaînes et forcé leurs cachots profonds, mugissaient encore dans les vastes plaines de l’air ; des torrents tombaient des montagnes dans tous les vallons. […] C’est le paresseux de l’Ecriture, qui veut et ne veut pas ; qui veut de loin ce qu’il faut vouloir, mais à qui les mains tombent de langueur dès qu’il regarde le travail de près.
Qui pourrait d’ailleurs supporter la lecture ou le débit d’un discours où toutes les phrases seraient également cadencées, symétrisées avec le même soin, dont toutes les chutes seraient ménagées avec le même art, et tomberaient avec la même harmonie ? […] « Au lieu de déplorer la mort des autres, je veux désormais apprendre de vous à rendre la mienne sainte ; heureux si, averti par ces cheveux blancs du compte que je dois rendre de mon administration, je réserve au troupeau que je dois nourrir de la parole de vie, les restes d’une voix qui tombe, et d’une ardeur qui s’éteint ».
Mais comme il a servi de texte à une foule de discussions qui n’ont pas été sans influence sur l’art dramatique, particulièrement en France, on lira peut-être avec intérêt quelques extraits des controverses qui s’y rapportent : « Il suffit, dit Lopez de Véga, de s’attacher à l’unité d’action et d’éviter l’épisode, en sorte qu’il n’y ait rien d’étranger et qui nous tire du sujet principal c’est-à-dire qu’on n’en puisse détacher aucune partie, sans que la pièce tombe en ruine. […] O combien de gens tombent des nues, quand ils voient employer des années à ce qui doit avoir pour bornes l’espace d’un jour artificiel car on ne veut pas même se relâcher sur cela à un jour mathématique.
Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte, et se la passe au travers du cœur ; mais ce ne fut qu’au troisième coup, car il s’en donna deux qui n’étaient point mortels ; il tombe mort. […] » Et là-dessus elle tombe sur son lit ; et tout ce que la plus vive douleur peut faire, et par des convulsions, et par des évanouissements, et par un silence mortel, et par des cris étouffés, et par des larmes amères, et par des élans vers le ciel, et par des plaintes tendres et pitoyables, elle a tout éprouvé.
Du ciel, ici, sur moi la foudre tombe, Et m’apprivoise avec celle des rois1. […] Tomber de l’épopée à la tragédie, c’est déjà déchoir.
Dieu seul demeure toujours le même ; le torrent des siècles, qui entraine tous les hommes, coule devant ses yeux, et il voit avec indignation de faibles mortels, emportés par ce cours rapide, l’insulter en passant, vouloir faire de ce seul instant tout leur bonheur, et tomber, au sortir de là, entre les mains de sa colère et de sa vengeance… § 12. […] La discipline des mœurs y était tristement défigurée, la sainteté de la loi tombée dans l’avilissement, le culte du Seigneur négligé, les sacrifices et les offrandes souillés ou par l’impiété des prêtres, ou par la superstition des fidèles ; les enfants d’Héli, ministres du sanctuaire, faisaient des fonctions même de leur ministère l’occasion de leurs désordres ; l’arche sainte ne rendait plus ses oracles à Silo ; mais, tombée en la puissance des Philistins, elle avait paru dans le temple de Dagon, et depuis errait indécemment dans les campagnes de la Judée. […] En ce sens, l’oraison funèbre n’appartient pas à l’éloquence sacrée ; c’est l’epithaphios logos ou discours mortuaire tel que le faisaient les anciens, et qu’on le prononce aujourd’hui fort souvent sur la tombe de ceux qu’on porte au cimetière. […] Poussons donc à bout la gloire humaine par cet exemple ; détruisons l’idole des ambitieux ; qu’elle tombe anéantie devant ces autels. […] Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré, et il me semble que je vois l’accomplissement de cette parole du Prophète : « Le roi pleurera, le prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d’étonnement. » Fléchier n’est pas au rang de Bossuet dans l’oraison funèbre ; mais il vient après lui.
C’est en vain qu’au travers des bois, avec sa cavalerie toute fraîche, Beck4 précipite sa marche pour tomber sur nos soldats épuisés : le prince l’a prévenu, les bataillons enfoncés demandent quartier ; mais la victoire va devenir plus terrible pour le duc d’Enghien que le combat. […] Ces semences, tant qu’elles sont vertes et crues, demeurent attachées à l’arbre pour prendre leur maturité : elles se détachent d’elles-mêmes quand elles sont mûres ; elles tombent au pied de leurs arbres, et les feuilles tombent dessus.
Cette règle est moins observée aujourd’hui, que les titres sont un peu tombés. […] On voyait dans nos cours, et surtout chez M. de Guitaut, une clarté qui faisait horreur : c’étaient des cris, c’était une confusion, c’était un bruit épouvantable, des poutres et des solives qui tombaient.
Piron n’est pas excusable d’avoir dit : Ci-gît Piron, qui ne fut rien, Pas même académicien : quoique ce trait ne tombât individuellement sur aucun membre de cette illustre compagnie. […] Mais dessus quel endroit tombera ton tonnerre, Qui ne soit tout couvert du sang de Jésus-Christ ? […] Ces règles sont exprimées dans ce triolet même, qu’on attribue à Scarron : Pour faire un bon triolet, Il faut observer ces trois choses Savoir, que l’air en soit follet, Pour faire un bon triolet ; Qu’il entre bien dans le rôlet, Et qu’il tombe au milieu des pauses ; Pour faire un bon triolet, Il faut observer ces trois choses.
Je ne vous demande qu’une chose : si le seul but, l’unique désir d’Antigone est de voir tomber ma tête, laissez-moi mourir au milieu de vous. […] Que serait-ce donc, si nos drapeaux étaient tombés aux mains des ennemis, après des guerres malheureuses, et si les farouches peuplades de la Gaule se précipitaient sur nos traces ? […] Et pourtant moi, ta mère, ô Marcius, je la subirai : oui, je me jetterai suppliante à tes pieds. » À ces mots, Véturie tombe à terre. […] La noble habitude qu’ils avaient contractée de ne rien faire qu’en vue de l’utilité générale de la patrie, est tombée chez eux en désuétude ! […] le cruel pressentiment, un jour viendra qui verra tomber les murs sacrés d’Ilion, jour où doit périr Priam, et le peuple de ce roi belliqueux.
La crainte arrête ses pas incertains ; ses forces l’abandonnent ; il tombe au pied d’un monceau de neige mouvante ; il sent toute l’amertume de la mort, et son agonie est mêlée des angoisses cruelles dont la nature perce le cœur du malheureux expirant sans secours, loin de sa femme, de ses enfants, de ses amis. […] Ce pays est au pied du Liban dont le sommet fend les nues et va toucher les astres ; une glace éternelle couvre son front ; des fleuves pleins de neige tombent, comme des torrents, des rochers qui environnent sa tête. […] Voyez avec quelle pompe d’expression Bossuet nous parle des grandes leçons que nous devons puiser dans l’histoire : Quand vous voyez, passer comme en un instant devant vos yeux, je ne dis pas les rois et les empereurs, mais les grands empires qui ont fait trembler tout l’univers ; quand vous voyez les Assyriens anciens et nouveaux, les Mèdes, les Perses, les Romains, se présenter devant vous successivement, et tomber pour ainsi dire les uns sur les autres, ce fracas effroyable vous fait sentir qu’il n’y a rien de solide parmi les hommes, et que l’inconstance et l’agitation est le propre partage des choses humaines. […] L’univers fracassé tomberait sur la tête du juste, son âme n’en serait point ébranlée. […] Je le vois, malgré l’application que vous avez à me le cacher : tout demande vengeance et l’obtiendra : elle tombera sur vous et sur vos enfants ; et le fils d’un père injuste, et héritant de son crime, héritera aussi de ma colère.
180Ce monarque ambitieux Menaçait la terre entière : Il tombe dans sa carrière, Ce géant sourcilleux ; Ce front qui touchait aux cieux, Est caché dans la poussière. […] Mais comme il faut que tout ce qui n’est que de l’homme porte inévitablement le caractère de l’insuffisance ; comme il faut bien qu’il y ait une distance sensible à tous les yeux, entre les leçons de la sagesse divine, et celles de la sagesse humaine, ce même Horace, si admirable quelquefois dans ses réflexions morales, tombe le moment d’après dans tous les excès de la dépravation la plus complète, et ce philosophe si sage n’est plus qu’un cynique effronté, sans frein, comme sans pudeur, et dont Quintilien lui-même disait qu’il serait bien fâché de le faire voir tout entier à ses élèves : Horatium in quibusdam nolim interpretari . […] Pourquoi ces larmes délicieuses que nous versons, avec Young, sur la tombe de Narcisse et de Philandre ?
Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l’homme reste, Et le héros s’évanouit. […] Dans les rênes lui-même il tombe embarrassé. […] Qu’Ajax153 soulève et lance un énorme rocher ; Le vers appesanti tombe avec cette masse.