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64. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre XII. Poésie dramatique. »

Unité de temps. […] Il n’y a donc rien d’absolu dans la règle d’Horace, quoiqu’elle soit observée la plupart du temps, ainsi que nous l’avons dit. […] Le temps nous les a ravies. […] La comédie se produisit à Rome vers le temps des guerres puniques. […] L’oreille, d’ailleurs, n’était pas, de son temps, assez scrupuleuse, et ses vers n’ont pas toute l’harmonie désirable.

65. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Quelquefois une haute colonne se montrait seule debout dans un désert, comme une grande pensée s’élève, par intervalles, dans une âme que le temps et le malheur ont dévastée. […] Le temps a fait un pas, et la face de la terre a été renouvelée. […] Vous vous croiriez transporté au temps des vieux Sabins, ou au siècle de l’Arcadien Évandre, alors que le Tibre s’appelait Albula, et que le pieux Énée remonta ses ondes inconnues. […] Je les ai vues en détail soit à Rome, soit à Naples, excepté pourtant les temples de Pœstum, que je n’ai pas eu le temps de visiter. […] Égaux devant le temps, non, ta ruine immense Nous console du moins de notre décadence.

66. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

L’homme peut donc non-seulement faire servir à ses besoins tous les individus de l’univers, mais, avec le temps, changer, modifier et perfectionner les espèces : c’est le plus beau droit qu’il ait sur la nature. […] J’aimerais mieux passer mon temps à cultiver mes vignes que de le perdre ici en courses inutiles, et à faire encore plus inutilement ma cour. […] Loin de l’admirer, on le plaint d’avoir passé tant de temps à faire de nouvelles combinaisons se syllabes, pour ne dire que ce que tout le monde dit. […] Buffon disait à l’abbé Leblanc qui avait échoué : « C’est le temps du régime des médiocres ; je suis dégoûté de l’Académie. » Nous lisons ailleurs : « Mon voisinage pourrait indisposer ou gêner quelqu’un. […] D’une société de trois ou quatre intimes amis, il faut voler à l’opéra, à la comédie, voir des curiosités comme un étranger, embrasser cent personnes en un jour, faire et recevoir cent protestations ; pas un instant à soi, pas le temps d’écrire, de penser, ni de dormir.

67. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Le temps a fait justice de cet excès ridicule auquel on avait donné le nom d’anglomanie. […] Cantwell, très peu de temps après leur publication. […] Je n’avais que très peu de temps à rester dans cette ville ; il était à la campagne. […] On assure que dans les langues orientales les verbes n’ont que cinq temps ou cinq expressions de temps, mais que leurs modes sont combinés de manière à exprimer un grand nombre d’époques et de relations diverses. […] Elle est affranchie de tout cet embarras des déclinaisons, des cas, des modes et des temps.

68. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Aux peintures généreuses du cœur humain, il sut allier le sens historique, et l’intuition qui devine le génie des temps ou des lieux. […] car il est temps que ma douleur éclate4, Et qu’un juste reproche accable une âme ingrate ; Est-ce là ce beau feu ? […] Ce bien heureux moment n’est pas encor venu ; Il viendra2 ; mais le temps ne m’en est pas connu. […] On était tout ce temps comme sur des charbons. […] J’ai souhaité longtemps d’agréer à vos yeux ; Aujourd’hui je veux plaire à l’Empereur des cieux ; Je vous ai divertis, j’ai chanté vos louanges ; Il est temps maintenant de réjouir les anges, Il est temps de prétendre à des prix immortels Il est temps de passer du théâtre aux autels.

69. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Bruyère, 1646-1696 » pp. 155-177

Agile, dégagé, brisé, coupé, appelant les choses par leur nom, il prépare et annonce les temps nouveaux où les philosophes s’armeront à la légère. […] combien de ces mots aventuriers qui paraissent subitement, durent un temps, et que bientôt on ne revoit plus ! […] Je reviens avant le temps qu’ils m’ont marqué, et ils me disent que vous êtes sorti. […] Prenez l’histoire, ouvrez, remontez jusques au commencement du monde, jusques à la veille de sa naissance : y a-t-il eu rien de semblable dans tous les temps ? […] Remplir le ride du temps.

70. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gilbert. (1751-1780.) » pp. 297-303

quel temps fut jamais en vices plus fertiles5 ? […] Suis les pas de nos grands : énervés de mollesse, Ils se traînent à peine en leur vieille jeunesse ; Courbés avant le temps, consumés de langueur, Enfants efféminés de pères sans vigueur ; Demi-dieux avortés, qui par droit de naissance, Dans les camps, à la cour, règnent en espérance : Quels succès leurs talents semblent nous présager ? […]     Sans doute le respect des antiques modèles Eût au vrai ramené les muses infidèles : Eux seuls, de la nature imitateurs constants, Toujours lus avec fruit, sont beaux dans tous les temps. […] Trop peu soutenue dans son ensemble, elle renferme ces vers dignes à jamais d’être cités : L’Éternel a brisé son tonnerre inutile ; Et, d’ailes et de faux dépouillé désormais, Sur les mondes détruits le Temps dort immobile. […] Mouvement imité de Racine : Athalie, acte I, sc. 2 : Et quel temps fut jamais plus fertile en miracles ?

71. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

Aux peintures généreuses du cœur humain, il sut allier le sens historique, l’intuition qui devine le génie des temps et des lieux. […] Vous m’honorez de votre estime en un temps où il semble qu’il y ait un parti fait pour ne m’en laisser aucune. […] Que vous flattez agréablement mes sentiments, quand vous confirmez ce que j’ai avancé touchant la part que l’amour doit avoir dans les belles tragédies, et la fidélité avec laquelle nous devons conserver à ces vieux illustres les caractères de leur temps, de leur nation et de leur humeur ! […] Scudéri, dans une de ses lettres adressée à Corneille, s’éleva beaucoup au-dessus de lui par sa naissance et sa noblesse, et lança une espèce de défi ou d’appel à Corneille ; ce qui apprêta beaucoup à rire, et donna lieu à plusieurs pièces qui parurent dans ce temps. […] Plusieurs mauvais auteurs affectionnés à Claveret firent, dans ce même temps, de méchantes pièces, qui ne servirent qu’à faire éclater davantage le mérite du Cid et de son auteur.

72. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des arguments » pp. 306-

Voici la substance de son raisonnement : — Nous perdons un temps précieux à discuter le plan de M. […] Or tout autre projet, même excellent, serait pernicieux, parce que le temps presse et que la question est urgente. […] Je conjure celui qui répond oui de considérer que son plan n’est pas connu, qu’il faut du temps pour le développer, l’examiner, le démontrer ; que, fut-il immédiatement soumis à notre délibération, son auteur a pu se tromper ; que, fût-il exempt de toute erreur, on peut croire qu’il s’est trompé ; que, quand tout le monde a tort, tout le monde a raison ; qu’il se pourrait donc que l’auteur de cet autre projet, même en ayant raison, eût tort contre tout le monde, puisque sans l’assentiment de l’opinion publique, le plus grand talent ne saurait triompher des circonstances. » — Le dilemme divise les moyens de l’adversaire en propositions contradictoires et le tient enfermé dans la conclusion, comme en une impasse. […] Mirabeau, accusé de trahison par ses ennemis, se défend en ces termes : « — Celui qui a la conscience d’avoir bien mérité de son pays, et surtout de lui être encore utile ; celui que ne rassasie pas une vaine popularité, et qui dédaigne les succès d’un jour pour la véritable gloire ; celui qui veut dire la vérité, qui veut faire le bien public, indépendamment des mobiles mouvements de l’opinion populaire ; cet homme porte avec lui la récompense de ses services, le charme de ses peines et le prix de ses dangers ; il ne doit attendre sa moisson, sa destinée, la seule qui l’intéresse, la destinée de son nom, que du temps, ce juge incorruptible, qui fait justice à tous. » — (Du droit de paix et de guerre. 2e Discours.) […] Remarquez qu’entre toutes ces preuves, les unes morales, les autres matérielles, ces dernières sont les plus fortes, et surtout celles qui se rattachent au temps où l’acte s’est passé.

73. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre III. Idée de l’Éloquence des Saints-Pères. »

Parmi les orateurs qui consacrèrent les premiers leurs talents et leur courage à l’apologie de la religion chrétienne, nous distinguons d’abord saint Justin, qui combattit les philosophes de son temps par leurs propres principes, et les réfuta par leurs seuls raisonnements. […] Origène ne se bornait point à instruire de vive voix ses disciples : il composait des ouvrages qui ont assuré l’immortalité à son nom, et à la religion, des partisans de sa morale, dans tous les temps. […] Déjà, dit Fénelon, les raffinements d’esprit avaient prévalu, instruits par les mauvais rhéteurs de leur temps, les pères étaient entraînés par le préjugé universel. […] Mais comme nous ne cherchons ici que des vérités toujours utiles à présenter à toutes les classes de lecteurs, et des modèles à offrir à nos jeunes rhétoriciens, passons sur l’ordre des temps, et hâtons-nous d’arriver au règne de la véritable éloquence chrétienne chez les Français.

74. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre I. Du Pathétique. » pp. 280-317

La Suspension est une figure, par laquelle, pour piquer la curiosité du Lecteur, on tient quelque temps son esprit en suspens, et dans l’incertitude de ce qu’on va dire. […] L’univers tomberait sur la tête du juste ; son âme serait tranquille dans le temps même de sa chute. […] La terre, le soleil, le temps, tout va périr, Et de l’éternité les portes vont s’ouvrir : Elles s’ouvrent. Le Dieu si long temps invisible S’avance, précédé de sa gloire terrible. […] Il n’est plus temps : il voit la gloire qui l’opprime : Il tombe enseveli dans l’éternel abîme… Et loin des voluptés où fut livré son cœur, Ne trouve devant lui que la rage et l’horreur.

75. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Guizot Né en 1787 » pp. 247-250

Le monde vous appartiendra un jour ; mais gardez-vous de vous associer, avant le temps, à ses intérêts et à ses passions. […] Le temps présent est toujours chargé des misères de notre nature ; le passé nous transmet surtout ce qu’elle a de noble et de fort, car c’est ce qui résiste à l’épreuve des siècles. […] Nous avons vécu dans des temps pleins à la fois de passion et d’incertitude, qui ont exalté et confondu sans mesure l’ambition humaine, où l’âme de l’homme a été troublée aussi profondément que la société. […] A mesure que je me détache de moi-même, et que le temps m’emporte loin de nos combats, j’entre sans effort dans une appréciation sereine et douce des idées et des sentiments qui ne sont pas les miens.

76. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre III. Beautés de sentiment. »

On a coupé le fil de mon existence dans le temps même ou j’en ourdissois la trame. […] Le jour que, dans son vol, doit s’arrêter le temps, Dieu dira : Levez-vous, arides ossements ! […] N’êtes-vous pas ma mère, en tout temps, en tout lieu ? […] C’était le temps de la moisson : hordea metebantur (v. 22). […] seul maître de ma vie, » Je ne me plaindrai point qu’elle me soit ravie : » Je ne veux que le temps et l’espoir, ô mon Dieu !

77. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fénelon, 1651-1715 » pp. 178-204

Mais la vertu de l’Évangile ne doit pas s’éteindre après ces premiers efforts ; le temps ne peut rien contre elle : Jésus-Christ, qui en est la source, est de tous les temps ; il était hier, il est aujourd’hui, et il sera aux siècles des siècles. […] Les hommes de tous les pays et de tous les temps, quelque éducation qu’ils aient reçue, se sentent invinciblement assujettis à penser et à parler de même. […] Il est temps que vous montriez au monde une maturité et une vigueur d’esprit proportionnées au besoin présent. […] Il était noble et magnifique selon les mœurs de son temps, mais sans faste et sans luxe. […] Fénelon exprime ici des idées qui de son temps étaient toutes neuves, et depuis sont devenues familières à la critique.

78. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

On dirait qu’aux yeux de leurs auteurs dépouiller un instant la robe doctorale et se faire quelque peu de leur temps pour la forme ou pour le fond soit une sorte de sacrilège. […] Car l’âge présent, il faut bien le reconnaître, n’est pas celui des méditations prolongées et des travaux pleinement mûris ; le temps n’est plus où l’écrivain consumait des dix et vingt années sur un livre, bien sûr d’arriver toujours à propos. Au milieu des événements qui se poussent l’un l’autre et des étourdissantes volte-face qui nous secouent sans cesse, à peine a-t-on le temps de voir, où trouver celui d’apprendre ? à peine le temps d’agir, où trouver celui de penser ? […] Cette foi au travail vous rendra avares de ce trésor de votre âge, que vous croyez inépuisable et qui s’épuise si vite, le temps.

79. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce second volume. »

Les Athéniens lui décernèrent une couronne d’or, lui rendirent tous ses biens, et quelque temps après, le nommèrent généralissime de leurs troupes. […] Il y avait quelque temps qu’il était entré au conseil. […] Il fut le plus riche monarque de son temps ; et ses richesses passèrent en proverbe. […] Peu de temps après, il fut assassiné dans ses États par ses deux fils aînés. […] On lui avait élevé un temple à Rome ; et l’on célébrait ses fêtes au mois d’octobre, temps de la récolte des fruits.

80. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre V. Ouvrages historiques. »

Plusieurs même de ces portraits sont célèbres, et il a été un temps où c’était un mode de les distribuer à profusion dans les ouvrages historiques. […] Il avait combattu contre le grand Condé et - contre Luxembourg, laissant la victoire indécise entre Condé et lui à Senef, et réparant en peu de temps ses défaites à Fleurus, à Steinkerque, à Nerwinde. […] Elle comprend l’espace de temps qui s’est écoulé depuis la publication de l’Évangile jusqu’à nos jours. […] Il paraît presque impossible de composer une histoire universelle de tous les peuples, dans tous les temps, dans tous les lieux. […] Il entreprit et acheva une Histoire romaine complète, depuis les temps les plus reculés jusqu’à la mort de Drusus, l’an 744 de la fondation de Rome.

81. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Parmi les orateurs sacrés de notre temps, il se distingue par la hardiesse des vues, par l’essor d’une verve originale, par la nouveauté, l’ardeur, l’éclat, l’imagination, la poésie, les illuminations soudaines, le mouvement, l’accent pathétique. […] Le temps est une limite qui l’effraye pour ses œuvres, et les ruines accumulées le long des âges lui disent trop la vanité d’un service aussi précaire. […] S’il lui plaît que je prêche à Notre-Dame, j’y prêcherai ; s’il m’en ferme les portes, je prêcherai ailleurs ; si toutes les chaires de France me sont successivement interdites, j’attendrai d’autres temps et je ferai le bien qui me restera possible. […] Et non-seulement ce nom, si retentissant que nous croyions qu’il soit, finira bien vite dans le temps, quand nous ne serons plus ; mais il ne va guère loin dans l’espace, même quand nous le portons encore. […] Ils répondent par leurs aspirations viriles aux détracteurs des temps présents.

82. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

140J’ai désigné ton héritage Avant les siècles et les temps ; L’univers te promet l’hommage Et les vœux de ses habitants. […] De ses triomphantes années Le temps respectera le cours, Et d’un long ordre d’heureux jours Ses vertus seront couronnées. […] On va voir si Eschyle lui-même, le sombre, le tragique Eschyle a des conceptions plus fortes ; et si jamais le génie de la terreur a rien inspiré aux poètes d’aucun temps, qui puisse approcher, même de loin, du tableau que nous allons mettre sous les yeux du lecteur. […]         Le temps, dans sa course incertaine,         Traverse tes soins et tes vœux. […] ………………………………………………… Il est venu ce temps, l’espoir de nos aïeux, Où le fer, dont la dent rend les guérets fertiles, Sera forgé du fer des lances inutiles.

83. (1867) Rhétorique nouvelle « Introduction » pp. 2-33

Une longue paix donne aux hommes le temps de s’étudier et de se connaître : alors naît le théâtre, miroir de la vie humaine. […] Vous réussirez, vous dis-je, mais il faudra du temps. […] Lisez les grands modèles, non pour les imiter, les temps ne sont plus les mêmes, mais pour vous échauffer à la flamme de leur éloquence. […] Liez-vous, si vous pouvez, avec les grands orateurs de notre temps : nous n’en manquons pas, Dieu merci. […] Je ne puis qu’allumer en vous le feu sacré ; c’est au temps à l’entretenir.

84. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

La dispersion de cette société d’élite se produisit à temps. […] L’unité de temps est la seconde que réclame Boileau. […] Tout cela est bien de son temps. […] C’est l’opinion courante aujourd’hui, mais il a fallu du temps pour l’établir. […] Les grandes affaires m’occupaient et je trouvais aussi du temps pour les plus petites.

85. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Celui-là seul tient tout en sa main, qui sait le nom de ce qui est et de ce qui n’est pas encore3, qui préside à tous les temps et prévient tous les conseils. […] Je prie Dieu sans relâche qu’il donne à Votre Majesté et à lui ses saintes bénédictions, et qu’il conserve votre santé dans ce temps étrange, qui nous donne tant d’inquiétudes. Dieu a tous les temps dans sa main, et s’en sert pour avancer et pour retarder, ainsi qu’il lui plaît, l’exécution des desseins des hommes. […] et que j’occupe peu de place dans cet abîme immense du temps ! […] Les pilleries sont un pillage en temps de paix.

86. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre III. — Ornements du Style, qui consistent dans les Mots ou Figures »

C’est ainsi que nous disons : la pénétration de l’esprit, la rapidité de la pensée, la chaleur du sentiment, la dureté du cœur, la lumière de l’esprit, les couleurs de la vérité, la fleur de l’âge, le flambeau de la raison les ailes du Temps. […] Vous faites bien de prendre le temps, tandis que vous l’avez et de jouir des douceurs de la vie que la fortune vous donne. […] La Chronographie caractérise le temps d’un événement. […] Parle, parle, il est temps, Corneille, Cinna, acte V, sc.  […] cher ami, demeure, Demeure ; il n’est pas temps… Je veux que ce chrétien, Devant elle amené… Non… Je ne veux plus rien… Je me meurs,… Je succombe à l’excès de ma rage.

87. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

À l’égard du temps, il est tantôt gai, tantôt triste, tantôt libre, tantôt limité. […] Quelque glorieuse que fût la source d’où il sortait, l’hérésie des derniers temps l’avait infecté. […] Combien avons-nous encore de temps à pleurer son départ du milieu de nous ? […] Ils furent quelque temps saisis, muets, immobiles. […] Il sera toujours temps de s’occuper d’eux lors de la prochaine place vacante à l’Académie.

88. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Voiture, 1598-1648 » pp. 21-25

Idole et victime de la mode, il porta la livrée de son temps, et la postérité l’a puni d’avoir plus songé au présent qu’à l’avenir. […] Prévenez ce temps-là, je vous conjure, et n’attendez pas à être de ses amis jusques à ce que vous y soyez contraint. […] Vous vérifiez bien, Monseigneur, ce qui a été dit autrefois, que la vertu vient aux Césars devant1 le temps : car vous qui êtes un vrai César en esprit et en science, César en diligence, en vigilance, en courage, César enfin « en toute rencontre2 », vous avez trompé le jugement ou passé l’espérance des hommes. […] Voiture joue ici sur le sens de ce mot, devenu le surnom d’une faction qui, vers le même temps, au début de la régence d’Anne d’Autriche, préludait aux troubles de la Fronde.

89. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Élevés au milieu d’une civilisation qui s’épurait et s’ennoblissait chaque jour, ils ne se réfugiaient plus tout entiers dans les souvenirs et dans l’idiome des Romains, comme avaient fait autrefois quelques hommes supérieurs lassés de la barbarie de leurs contemporains : ils étaient, au contraire, tous modernes par la pensée, tous animés des opinions1, des idées de leur temps ; seulement leur imagination s’était enrichie des couleurs d’une autre époque, d’une civilisation, d’un culte, d’une vie différente des temps modernes. […] Racine et Fénelon respiraient l’élégante pureté, la douce mélodie des plus beaux temps d’Athènes ; ils choisissaient même parmi les Grecs ; ils avaient le goût et l’âme de Virgile. […] Vive expression des temps modernes, et reproduction originale de l’antiquité dans ses âges divers, voilà donc les deux caractères distinctifs et dominants que nous présente le génie du dix-septième siècle. […] Mais c’est dans notre temps surtout, dans l’horizon de Paris, sa vie d’affaires et de plaisirs, sa banque, son commerce, sa littérature, c’est autour de vous, c’est aujourd’hui, c’est hier que vous avez saisi vos modèles et reçu vos inspirations. […] Voici les conseils que Lamotte donnait aux critiques de son temps : « La critique est sans doute permise dans la république des lettres.

90. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Ses œuvres sont une encyclopédie qui embrasse la philosophie, la politique, l’histoire, la poésie, l’éloquence et les arts, l’antiquité et les temps modernes, la littérature étrangère et contemporaine, en un mot toutes les formes de l’esprit humain, depuis le cèdre jusqu’à l’hysope. […] Nul n’a plus contribué à former les connaisseurs délicats, à élargir le temple du goût, en sorte qu’il devienne une église universelle, où se rencontrent tous les croyants de cœur sincère qui ont adoré le beau dans tous les temps, sans distinction de frontières et de patrie. […] Fontanes3, en son temps, paraissait un classique pur à ses amis : voyez quelle pâle couleur cela fait à vingt-cinq ans de distance. Combien de ces classiques précoces qui ne tiennent pas, et qui ne le sont que pour un temps ! […] On n’a plus le temps d’essayer, ni l’envie de sortir à la découverte.

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