Aussi l’histoire n’a-t-elle vraiment existé que dans les siècles éclairés et les pays libres. […] Ce siècle, dont le début a été si éclatant, qui a déjà vu tant de grandeurs mortelles passer devant lui, qui a produit la plus vaste des révolutions et le plus merveilleux des hommes, ouvre à l’intelligence humaine une carrière sans bornes. […] Revenant sur la surface de tous côtés visitée et déjà presque trop étroite du globe, les hommes de notre siècle la resserrent, et, pour ainsi dire, la transforment par les prodiges de leurs inventions. […] Lorsque ce siècle aura réglé sa curiosité et tempéré sa fougue, personne ne peut prévoir sa grandeur, comme rien ne peut arrêter son génie. […] Les sages et les habiles des divers siècles ajoutent sans cesse à ce trésor commun où puise l’humanité, qui sans eux serait restée dans sa pauvreté primitive, c’est-à-dire dans son ignorance et sa faiblesse.
Il y a toujours eu des siècles à part, que l’on pourrait appeler les siècles heureux, tant ils ont été favorisés par une réunion de circonstances uniques. […] La France a eu son siècle de Louis XIV, précédé, par un rare privilége, du siècle de la Renaissance et suivi du siècle de Montesquieu et de Voltaire. […] Sont-ils si regrettables les siècles où la littérature n’était qu’un plaisir délicat, et les gens de lettres que les amuseurs du grand monde ? […] Vos noms pourront être condamnés à l’oubli ; un siècle plus heureux ne se souviendra pas de vos labeurs et de vos services ; mais ce siècle, c’est vous qui l’aurez fait naître. […] Quels bons moments que ceux que l’on passe avec eux, et où l’on réussit presque à se croire de leur siècle et de leur société !
Sans remonter aux siècles de nos pères, quelles leçons Dieu n’a-t-il pas données au nôtre ? […] C’est le privilège, et en même temps le devoir des grands, de préparer non-seulement à leur siècle, mais aux siècles à venir, des secours publics aux misères publiques : notre saint roi connut ce devoir, et jamais prince ne fit plus d’usage d’un si heureux privilége. […] Allusion à l’ambassade que ce prince reçut de Siam : « Pays, dit Voltaire, où l’on avait ignoré jusqu’alors que la France existât. » Siècle de Louis XIV, ch. […] (le cardinal de Retz a aussi traité ce sujet), qui ont prononcé, d’après un usage dont la trace a subsisté jusque dans notre siècle, des panégyriques de ce saint roi. Mais il vaut mieux voir en quels termes ce prince, « qui fut un prodige de raison et de vertu dans un siècle de fer », a été loué par Voltaire.
Toutes les grandeurs du siècle se pressaient humblement autour d’elle. […] Racine, élève des Grecs, réfléchit dans l’éclat de ses vers l’élégance de son siècle, encore plus que la simplicité du théâtre d’Athènes. […] Les grands écrivains du siècle de Louis XIV avaient reçu du siècle précédent l’exemple d’étudier l’antiquité ; mais l’enthousiasme du goût remplaça pour eux l’idolâtrie de l’érudition. […] Massillon était inspiré par l’élégance et la majesté de la diction romaine dans le siècle d’Auguste. […] « C’est à eux sans doute qu’il appartient de juger le ouvrages anciens et modernes ; mais il serait bon, ce me semble, d’établir là-dessus une différence entre les auteurs des siècles passés et les auteurs vivants.
Ô vous donc, qui voulez présenter aux siècles futurs le tableau des siècles passés, cherchez la vérité dans sa première source, dans des mémoires bien sûrs et bien fidèles ; et quand vous l’aurez trouvée, armez-vous d’un courage inébranlable, pour la dire sans détour, sans équivoque, sans le moindre déguisement. […] Cependant aucun siècle ne s’écoule, sans que l’église soit attaquée et déchirée par les nombreux ennemis qui ont conjuré sa ruine. […] Si elle embrasse le monde entier et tous les siècles qui se sont écoulés jusqu’à nous, elle est universelle. […] C’est un des meilleurs écrivains du siècle d’Auguste. […] Siècle de Louis XIV.
Sachons continuer, messieurs, l’œuvre de nos devanciers, et ne laissons pas dépérir dans nos mains cet admirable dépôt des lettres fidèlement transmis de génération en génération, et toujours accru depuis trois siècles. […] La France, marchant la première vers l’avenir immense qui attend le monde, a donné au siècle son mouvement. Ce siècle dont le début a été si éclatant, qui a déjà vu tant de grandeurs mortelles passer devant lui, qui a produit la plus vaste des révolutions et le plus merveilleux des hommes, ouvre à l’intelligence humaine une carrière sans bornes. […] Revenant sur la surface de tous côtés visitées et déjà presque trop étroite du globe, les hommes de notre siècle la resserrent, et, pour ainsi dire, la transforment par les prodiges de leurs inventions. […] Lorsque ce siècle aura réglé sa curiosité et tempéré sa fougue, personne ne peut prévoir sa grandeur, comme rien ne peut arrêter son génie.
Contemporain de notre unité territoriale et politique, il sera définitivement constitué vers le règne de François Ier, en un siècle où on ne lit plus Joinvillo que dans une traduction, et où Marot, rééditant Villon, né soixante ans auparavant, juge nécessaire d’en expliquer le texte par des notes marginales. […] xe , xie et xiie siècles. […] Mais la seconde partie du siècle n’aura plus le même caractère ; et, par un contraste singulier, c’est précisément dans le voisinage de Saint Louis que se ralentit la production des œuvres animées du pur esprit chevaleresque. […] La prose abonde dans ce siècle vulgaire, dont la fin est assombrie par l’ombrageuse, mais habile tyrannie de Louis XI, ce Tibère bourgeois qui sut régner parce qu’il savait dissimuler. […] Ce mot exprime bien l’idée d’un âge nouveau que les arts et les lettres, après dix siècles de ténèbres ou de clarté douteuse, réjouissent tout à coup de leur lumière désirée.
Enfin, après douze ans de silence, il étonne son siècle par Esther et Athalie, créations d’un maître que la Bible inspire. […] Dans cette enfance, ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin, et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin inspiré d’un génie extraordinaire, et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable ; accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler. […] Le même siècle qui se glorifie aujourd’hui d’avoir produit Auguste ne se glorifie guère moins d’avoir produit Horace et Virgile. Ainsi, lorsque dans les âges suivants on parlera avec étonnement des victoires prodigieuses et de toutes les grandes choses qui rendront notre siècle l’admiration de tous les siècles à venir, Corneille, n’en doutons point, Corneille tiendra sa place dans toutes ces merveilles.
De tous les grands esprits qu’a produits la France, nul n’a régné plus souverainement sur son siècle. […] Enfin notre siècle me semblait aussi fleurissant et aussi fertile en bons esprits qu’ait été aucun des précédents : ce qui me faisait prendre la liberté de juger par moi de tous les autres, et de penser qu’il n’y avait aucune doctrine dans le monde qui fût telle qu’on m’avait auparavant fait espérer. […] Car c’est quasi le même de converser avec ceux des autres siècles que de voyager. […] Mais lorsqu’on emploie trop de temps à voyager, on devient enfin étranger en son pays ; et lorsqu’on est trop curieux des choses qui se pratiquaient aux siècles passés, on demeure ordinairement fort ignorant de celles qui se pratiquent en celui-ci. […] Adorateurs stupides de l’antiquité, les philosophes ont rampé durant vingt siècles sur les traces des premiers maîtres ; la raison, condamnée au silence, faisait parler l’autorité : aussi rien ne s’éclaircissait dans l’univers ; et l’esprit humain, après s’être traîné mille ans sur les vestiges d’Aristote, se trouvait encore aussi loin de la vérité.
Voici un portrait d’un autre genre et justement célèbre ; c’est celui que Voltaire a tracé de Guillaume III, dans le Siècle de Louis XIV. […] L’Histoire profane est le tableau des siècles passés présenté aux siècles à venir pour leur servir d’instruction. […] Il faudrait présenter non seulement les rapports des causes et des effets qui occupent la scène du monde, mais encore les germes plus ou moins développés des catastrophes réservées aux siècles suivants. […] Cet ouvrage est entièrement perdu pour nous ; il ne nous en reste qu’un abrégé qui a été fait environ un siècle et demi plus tard par Justin, écrivain latin, peu connu d’ailleurs. […] Ainsi, elle peut offrir au lecteur le tableau de ce que les inventions des hommes ont produit, dans les différents siècles, de plus grand et de plus utile.
Et comme il conserve ces connaissances, il peut aussi les augmenter facilement ; de sorte que les hommes sont aujourd’hui en quelque sorte dans le même état où se trouveraient ces anciens philosophes, s’ils pouvaient avoir vieilli jusques à présent, en ajoutant aux connaissances qu’ils avaient celles que leurs études auraient pu leur acquérir à la faveur de tant de siècles. […] Ceux que nous appelons anciens étaient véritablement nouveaux en toutes choses, et formaient l’enfance des hommes proprement ; et comme nous avons joint à leurs connaissances l’expérience des siècles qui les ont suivis, c’est en nous que l’on peut trouver cette antiquité que nous révérons dans les autres. […] Tous les rois et tous les savants en étoient autant d’ébauches qui ne remplissoient qu’à demi leur attente ; et à peine nos ancêtres ont pu voir en toute la durée du monde un roi médiocrement savant ; ce chef-d’œuvre étoit réservé pour votre siècle. […] C’est cette union si merveilleuse qui fait que, comme Votre Majesté ne voit rien qui soit au-dessus de sa puissance, elle ne voit rien aussi qui soit au-dessus de son esprit, et qu’elle sera l’admiration de tous les siècles qui la suivront, comme elle a été l’ouvrage de tous les siècles qui l’ont précédée1. […] Comparer Fontenelle, Digression sur les anciens et les modernes. — Ici Pascal juge en dernier ressort ce débat qui se renouvelle de siècle en siècle.
S’il y en avait un seul, ce serait un de ces phénomènes, que la nature ne produit que dans l’espace de plusieurs siècles ; et l’on pourrait d’ailleurs assurer qu’à l’appui de ces connaissances, il eût marché d’un pas bien plus ferme, et se fût bien plus avancé dans la carrière. […] Les beaux siècles d’Alexandre, d’Auguste, des Médicis, et de Louis XIV, ont vu les unes et les autres enchaînées par les rapports les plus étroits, et s’enrichir mutuellement. […] On sait que les siècles d’ignorance ont été des siècles de barbarie, où la grossièreté des mœurs a enfanté les crimes les plus atroces, et les vices les plus monstrueux.
Dans cette enfance ou, pour mieux dire, dans ce chaos du poëme dramatique parmi nous, votre illustre frère, après avoir quelque temps cherché le bon chemin et lutté, si je l’ose ainsi dire, contre le mauvais goût de son siècle, enfin, inspiré d’un génie extraordinaire et aidé de la lecture des anciens, fit voir sur la scène la raison, mais la raison accompagnée de toute la pompe, de tous les ornements dont notre langue est capable, accorda heureusement la vraisemblance et le merveilleux, et laissa bien loin derrière lui tout ce qu’il avait de rivaux, dont la plupart, désespérant de l’atteindre, et n’osant plus entreprendre de lui disputer le prix, se bornèrent à combattre la voix publique déclarée pour lui, et essayèrent en vain, par leurs discours et par leurs frivoles critiques, de rabaisser un mérite qu’ils ne pouvaient égaler1. […] Le même siècle qui se glorifie aujourd’hui d’avoir produit Auguste ne se glorifie guère moins d’avoir produit Horace et Virgile. Ainsi, lorsque, dans les âges suivants, on parlera avec étonnement des victoires prodigieuses et de toutes les grandes choses qui rendront notre siècle l’admiration de tous les siècles à venir, Corneille, n’en doutons point, Corneille tiendra sa place parmi toutes ces merveilles. […] On peut lire, dans le Siècle de Louis XIV par Voltaire, un récit de la première conquête de cette province. […] Aussi un de nos critiques a-t-il fait tout récemment cette judicieuse remarque : « Le bon sens public ne s’est pas abusé, lorsqu’il a dit le siècle de Louis XIV.
Pourquoi semble-t-il menacer de disparaître au siècle prochain ? […] Voilà, dans ses traits principaux, le tableau de la littérature grecque au siècle de Périclès. […] Mais le siècle de Périclès ne fut pas seulement plus original que le siècle d’Auguste, il fut plus fécond, plus universel ; le théâtre, l’éloquence, la philosophie, qui sont ses plus beaux titres de gloire, font défaut au siècle d’Auguste chez les Romains. […] Ayant vécu au siècle d’Auguste, sa langue est pure, et c’est peut-être là le plus grand mérite de son œuvre. […] Saint-Simon par exemple, nous guide dans les coulisses du grand siècle.
Examinez ceux qui se sont acquis depuis un quart de siècle un nom dans les lettres et même dans les arts, et vous remarquerez que le plus souvent leur premier succès a été le signal d’une décadence graduelle. […] C’était le contraire aux deux siècles précédents. […] D’abord elle sent ce besoin de hâtiveté, pour ainsi dire, dont je viens de parler, et qui est un des caractères universels et dominants du siècle. […] D’autre part, la jeunesse voit la fortune des révolutions de toute nature élever parfois d’un tour de roue des héros imberbes, qui ne semblaient, ni par le génie, ni par le travail, mériter mieux que tant d’autres ses faveurs ; chacun dès lors réclame aussi pour soi les bénéfices de cet heureux hasard, chacun se croit aussi le droit d’être porté au faite sans peine et sans effort, et de ceux qui ne peuvent dès les premiers pas gravir la montée ou percer la foule, les uns se découragent et s’asseyent nonchalamment aux bords de la route, les autres maudissent l’humanité et se jettent dans le désespoir, les derniers enfin, médiocrités vaniteuses, se consolent en appelant leur siècle ingrat et leur génie incompris. […] Jeunes gens, vous surtout à qui s’adresse spécialement ce livre, vous qu’attendent les carrières de l’intelligence, écrivains et orateurs de l’avenir, croyez au travail, à sa nécessité, à sa puissance, aux prodiges qu’il a opérés dans tous les siècles, et qu’il doit opérer encore.
Cependant, bien que chaque individu ait en lui quelque chose de typique, et soit, comme on l’a dit, un microcosme, il n’est pas seul au monde, et, tout en s’étudiant soi-même, il ne doit point perdre de vue les autres, dans les diverses modifications que peuvent leur faire subir le climat, l’âge, le sexe, le tempérament, le pays, le siècle, la religion, les institutions politiques et sociales, les relations de famille, l’éducation, les occupations enfin, et les habitudes journalières. […] L’action de la religion et de la constitution politique rentre évidemment dans le titre Pays et siècle. […] Arrêtez-vous tour à tour sur la grâce artistique et chevaleresque du contemporain de François Ier, sur l’ampleur grave et quelque peu emphatique du costume de Louis XIV, sur les oripeaux et l’élégant débraillé du siècle suivant. La contemplation intelligente de ces portraits présentera toute une étude de mœurs ; elle aura, pour les siècles passés, le mérite des voyages quand il s’agit des contemporains, et sera souvent plus féconde en révélations et en idées que toutes les lectures. […] Ce ne sont pas, en effet, les livres sur les variétés caractéristiques des siècles et des nations qui nous manquent ; mais parfois l’esprit de flatterie, celui de dénigrement, les préjugés en un sens quelconque ont guidé les auteurs, ou bien ils ont tracé des portraits de fantaisie.
Tous les siècles qui se sont écoulés jusqu’à nous, vous les regarderiez comme des instants fugitifs ; tous les peuples qui ont paru et disparu dans l’univers, toutes les révolutions d’empires et de royaumes, tous ces grands événements qui embellissent nos histoires, ne seraient pour vous que les différentes scènes d’un spectacle que vous auriez vu finir en un jour. […] Dieu seul demeure toujours le même ; le torrent des siècles qui entraîne tous les hommes roule devant ses yeux, et il voit avec indignation de faibles mortels, emportés par ce cours rapide, l’insulter en passant, faire de ce seul instant tout leur bonheur, et tomber au sortir de là entre les mains de sa colère et de sa vengeance1. […] tout ce qui passe est trop vil pour être le prix d’un temps qui est lui-même le prix de l’éternité : c’est pour nous démêler de la foule des enfants d’Adam, au-dessus même des Césars et des rois de la terre, dans cette société immortelle de bienheureux qui seront tous rois, et dont le règne n’aura point d’autres bornes que celles de tous les siècles. […] Une dignité sacrée à laquelle on ne s’attendait point nous dépouille à l’instant de l’ignominie du siècle, et nous place dans le lieu saint. […] Un simple dépit est souvent toute la raison qui nous arrache brusquement au siècle, et nous précipite dans la retraite.
Les savants n’ont porté ces siècles heureux qu’au nombre de quatre. […] Il ne faut espérer ni la correction ni l’élégance du siècle d’Auguste. […] Le siècle de la guerre de Troie se rapprochait de celui des dieux et des demi-dieux de la Grèce. […] En ouvrant Virgile, nous reconnaissons l’élégance et la correction du siècle d’Auguste. […] Il règne dans tout ce tableau une philosophie sublime que le génie platonique de Virgile et les idées plus développées du siècle d’Auguste ont revêtu d’une dignité à laquelle ne pouvait pas atteindre la rudesse du siècle d’Homère.
Le siècle d’Auguste était trop raffiné pour être épique. » Faut-il s’étonner après cela que Voltaire, philosophe du dix-huitième siècle, esprit léger et incrédule, ait fait une épopée froide et décolorée ? […] Nous préférons de beaucoup le poème germanique des Niebelungen, tout rude et barbare qu’il est ; on y trouve au moins la peinture d’une époque, l’héroïsme, la grandeur, et ce cachet d’originalité nationale qui doit être l’essence de l’épopée. — Ainsi doit naître le poème épique y plus rare encore que cette fleur qui, ne couronne qu’une fois dans un siècle la cime de l’aloès. […] Placée dans le lointain des siècles et vue à travers le mirage fantastique de l’imagination, l’action épique grandit par la distance : ses personnages sont à la fois humains et surnaturels. […] La grandeur de l’action dépend de son importance, de sa position reculée dans le lointain des siècles, et de la manière dont le poète sait élever son sujet par des créations nobles et saisissantes, tour à tour héroïques et merveilleuses. […] Des siècles, des pays, étudiez les mœurs : Les climats font souvent les diverses humeurs.
On entend encore par littérature la connaissance des productions littéraires elles-mêmes, ainsi que l’ensemble des ouvrages d’un peuple, d’un siècle, ou d’un genre quelconque. C’est dans ce dernier sens que l’on dit : la littérature espagnole, la littérature du siècle de Louis XIV, la littérature sacrée, la littérature morale, etc. […] Quoique les principes du goût soient inhérents à l’esprit humain, et qu’il n’y ait personne qui ne goûte ce qui est beau, vrai et conforme à la nature, cependant chez la plupart des hommes, ces principes sont peu développés, faute d’instruction et de réflexion ; ils sont même étouffés ou corrompus par une éducation vicieuse, par de mauvaises lectures, par les exemples et les préjugés du siècle, qui détruisent les semences de goût que la nature a répandues dans tous les cœurs. […] D’autres observateurs les firent, et ainsi on en a fait de siècle en siècle, à mesure que le génie de l’homme a perfectionné l’éloquence, la poésie et l’art de l’écrivain.
On croit que tout va tomber, mais tout dure pendant bien des siècles. […] Mais la vertu de l’Évangile ne doit pas s’éteindre après ces premiers efforts ; le temps ne peut rien contre elle : Jésus-Christ, qui en est la source, est de tous les temps ; il était hier, il est aujourd’hui, et il sera aux siècles des siècles. […] Mais que vois-je depuis deux siècles ? […] Après tant de siècles de règne effréné du vice, la vertu est encore nommée vertu ; et elle ne peut être dépossédée de son nom par ses ennemis les plus brutaux et les plus téméraires. […] Longtemps après sa mort, on se souvenait encore avec attendrissement de son règne, comme de celui qui devait servir de modèle aux autres pour tous les siècles à venir.
L’histoire de ces salons tiendra de près à l’histoire littéraire et politique du siècle. […] Un siècle littéraire, en effet, n’est pas une simple unité chronologique. […] C’est à notre siècle qu’il appartiendra de la renouveler par la philosophie et par l’histoire. […] Ce qui naît, c’est le siècle nouveau. […] Le dix-neuvième siècle sera, avant tout, le siècle de l’histoire et de la critique.
De sa fermentation bruyante et féconde il est sorti un ensemble d’idées politiques, sociales et religieuses qui ont attendu plus d’un siècle pour germer et se développer, et une langue qui a attendu deux siècles pour qu’on lui rendit pleine justice. […] Quant au mouvement religieux et politique du xvie siècle, arrêté complètement par la puissante unité du siècle de Richelieu et de Louis XIV, il n’a repris son cours qu’au siècle de Voltaire et de Rousseau, pour aboutir à la révolution française. […] Elles donneront aussi le sens et l’étymologie des mots particuliers au siècle. […] La première finit quand Louis XIV commence à exercer personnellement le pouvoir (1661) ; la seconde est appelée proprement Siècle de Louis XIV. […] Elles comptent au premier rang des ouvrages qui ont fait la langue de nos grands écrivains du siècle de Louis XIV.
Les comparaisons des écrivains latins sont déjà plus étroitement liées à leur sujet ; et les prosateurs, comme les poëtes des deux derniers siècles de notre littérature, en présentent un grand nombre à la fois riches et exactes, brillantes et correctes. […] Mais le sublime, le nec plus ultra du genre, c’est un des critiques de notre siècle dont les excentricités métaphoriques rempliraient des volumes. […] J’appelle anachronisme l’application à un siècle d’une image qui se rattache aux idées d’un autre siècle. […] La science beaucoup plus répandue de nos jours, les découvertes entrées rapidement dans le domaine public ont enrichi la langue d’une foule de métaphores dont les écrivains des deux derniers siècles, les eussent-ils connues, se seraient soigneusement gardés, parce que leurs lecteurs ne les auraient point comprises, et qu’en définitive, il ne faut pas l’oublier, le premier mérite, quand on parle, est d’être entendu. […] Prendre pour type des mœurs antiques Martial, Juvénal, ou les historiens de Tibère à Caprée, ce serait apprécier les nôtres d’après Parny, Piron, ou les débordements des romanciers de la Régence et de notre siècle.
Dès lors, Bossuet devint l’âme de son siècle, et mérita ce titre de Père de l’Église que La Bruyère lui décerna de son vivant. […] Je laisse donc toute créature, et je vous regarde comme étant seul avant tous les siècles. […] Vous vous trompez, ô sages du siècle : l’homme n’est pas les délices de la nature, puisqu’elle l’outrage en tant de manières ; l’homme ne peut non plus être son rebut, puisqu’il a quelque chose en lui qui vaut mieux que la nature elle-même : je parle de la nature sensible. […] O éternel Roi des siècles ! […] « Bossuet pousse les uns sur les autres les siècles et les peuples : Marche, marche !
Notre siècle, plus juste, accorde à cet incomparable poète une des premières places, sinon la première, parmi les grands écrivains qui ont illustré le siècle de Louis XIV. […] Les grands prosateurs du siècle de Louis XIV. […] Qu’appelle-t-on les quatre grands siècles de l’histoire ? […] Voltaire : Siècle de Louis XIV. […] Quel reproche peut-on faire aux historiens de ces deux siècles ?
Turenne, par les trois plus grands orateurs de leur siècle, et peut-être de tous les siècles, Bossuet, Fléchier et Mascaron. […] « Ç’a été, dit-il, dans notre siècle, un grand spectacle, de voir dans le même temps et dans les mêmes campagnes, ces deux hommes que la voix commune de toute l’Europe égalait aux plus grands capitaines des siècles passés, tantôt à la tête de corps séparés, tantôt unis, plus encore par le concours des mêmes pensées, que par les ordres que l’inférieur recevait de l’autre ; tantôt opposés front à front, et redoublant l’un dans l’autre l’activité et la vigilance.