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50. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Sa foi classique semble irrésistible comme un instinct de nature. […] M. de Sacy est un esprit attique, un causeur qui ne professe jamais et semble n’écrire que pour se satisfaire lui-même, ou quand le cœur lui en dit. […] Il me semble que, par un si long et si doux commerce, ils sont devenus comme une portion de mon âme ! […] M. de Sacy ne me semble pas avoir grande confiance dans cet enseignement du théâtre moderne. […] Non, il me semble que nous ne sommes pas encore assez reconnaissants envers leur mémoire.

51. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Il me semblait déjà dans mon oreille entendre De sa touchante voix l’accent tremblant et tendre, Et sentir, à défaut de mots cherchés en vain, Tout son cœur me parler d’un serrement de main3 ; Car, lorsque l’amitié n’a plus d’autre langage, La main aide le cœur, et lui rend témoignage4. […] Son visage était calme et doux à regarder : Ses traits pacifiés semblaient encor garder La douce impression d’extases commencées2 ; Il avait vu le ciel déjà dans ses pensées, Et le bonheur de l’âme, en prenant son essor, Dans son divin sourire était visible encor. […] Soit confiance en nous, soit par cette pudeur Que l’innocence inspire ainsi que le malheur, Cet homme, retournant à ses travaux champêtres, Du jardin, du logis, sembla nous laisser maîtres. […] Enfin de la demeure ouverte, d’un coup d’œil Et d’un élan rapide elle franchit le seuil ; Elle nous entraîna d’un pas involontaire Dans toute la maison, comme en un sanctuaire Qu’elle semblait fouler avec recueillement, N’osant ni respirer, ni faire un mouvement, Comme si du passé l’image tendre et sainte Devait, au moindre bruit, s’enfuir de cette enceinte. […] Alors, le saint dit à son compagnon : “Je vois qu’il est de la bonté divine que nous séjournions ici quelque peu, tant nos frères les petits oiseaux semblent consolés de notre présence ! 

52. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Il semble qu’il veuille faire pitié à ceux à qui il faisait encore peur. […] que cette amertume me semble bien de meilleur goût que toutes les douceurs fades et tout le sucre des beaux parleurs ! […] Ma délivrance particulière me semblait si grande et si inespérée, qu’il me semblait, avec une évidence encore plus parfaite que la vérité, que l’État gagnait tout en une telle perte. […] La fortune semblait vouloir alors le consoler. […] Quand elle ouvre le ciel, peut-elle sembler dure ?

53. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

La Sérieuse alors semblait à l’agonie ; L’eau dans ses cavités bouillonnait sourdement ; Elle, comme voyant2 sa carrière finie,   Gémit profondément. […] Leur battement d’ailes est si vif que l’œil ne le perçoit pas ; l’oiseau-mouche semble immobile, tout à fait sans action. […] Il y a, ce me semble, un sourire ironique dans ce vers. […] M. de Vigny semble ici dresser fièrement sur un socle de marbre la figure sereine, chaste et idéale de sa muse.

54. (1882) Morceaux choisis des prosateurs et poètes français des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles. Cours supérieur. Poètes (2e éd.)

Son nez, haut relevé, semblait faire la nique À l’Ovide Nason, au Scipion Nasique. […] Toute sa sensibilité est dans sa tête ; cependant, par moments, le cœur semble battre en lui. […] Enfin le ciel chez moi me le fit retirer, Et, depuis ce temps-là, tout semble y prospérer. […]                 De serpents mon cœur est dévoré, Tout semble en un moment contre moi conjuré. […]                                Ce vieillard est bien vert, Ce me semble.

55. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Cette précieuse qualité se fait particulièrement découvrir dans les ouvrages où elle règne ; dès que nous rencontrons un style naturel, nous nous sentons à notre aise, et il nous semble que l’ouvrage ait coulé de source, et qu’il n’ait coûté aucune peine à son auteur. […] Il y règne tant de naturel qu’il semble qu’elle ne pouvait être écrite d’une manière différente. […] Cet escalier lui seul semble un petit temple isolé ; comme nos églises, il est soutenu et protégé par les arcades de ses ailes minces, transparentes, et pour ainsi dire brodées à jour. […] On conçoit à peine comment les plans en furent tracés, et dans quels termes les ordres furent expédiés aux ouvriers ; cela semble une pensée fugitive, une rêverie brillante, qui aurait pris tout à coup un corps durable, un songe réalisé. […] Quand le soleil du midi embrase jusqu’à la tige l’herbe profonde et serrée des prairies ; quand les insectes bruissent avec force, et que la caille glousse avec amour dans les sillons, la fraîcheur et le silence semblent se réfugier dans les traînes.

56. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Deuxième partie. Préceptes des genres. — Chapitre second. De la narration. »

Tout vous est aquilon, tout me semble zéphir. […]       Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des royaumes du vent, La nature envers vous me semble bien injuste. […] Tout vous est aquilon, tout me semble zéphir. […] Les bouleaux, s’agitent, les feuilles tombent, le vent passe dans la forêt, la hulotte gémit, et le Niagara fait entendre dans le lointain un roulement solennel : c’est la grande voix de la cataracte qui trouble par intervalles le calme de la nuit, et il semble par un effet d’harmonie imitative que cette voix roule d’échos en échos. […] La narration mixte me semble plus étendue que ne le pense l’estimable auteur cité plus haut.

57. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre VII. De l’Harmonie imitative. »

Il semble, en les lisant, qu’il leur a été impossible de s’exprimer autrement. […] Aussi rien alors n’est si aisé, si coulant que l’harmonie de ses vers, qui semblent caresser l’oreille, autant que l’occuper. […] Prensa manu magnâ ; il semble voir s’étendre la main du monstre, pour saisir ces infortunés. […] Ne semble-t-il pas entendre Virgile lui-même, quand il fait retentir les profondes cavités du cheval de bois sous l’effort de la javeline lancée par Laocoon ?

58. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Delille 1738-1813 » pp. 464-472

Il semble qu’un autre air parfume vos rivages ; Il semble que leur vue ait ranimé mes sens, M’ait redonné la joie, et rendu mon printemps. […] Rien n’est si vaporeux que ses teintes légères : L’œil se plaît à saisir ses formes passagères ; Elle brille à demi, se fait voir un moment ; C’est ce parfum dans l’air exhalé doucement ; C’est cette fleur qu’on voit négligemment éclore, Et qui, prête à s’ouvrir, semble hésiter encore ; L’esprit, qui sous son voile aime à la deviner, Joint au plaisir de voir celui d’imaginer. […] Enfant, j’ai bien souvent, à l’ombre des buissons, Dans le langage humain traduit ces vagues sons, Pauvre écolier rêveur et qu’on disait sauvage, Quand j’émiettais mon pain à l’oiseau du rivage, L’onde semblait me dire : Espère !

59. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Staël, 1766-1817 » pp. 399-408

Ces messieurs disent que c’est par considération pour son âge ; il semble qu’ils soient une société de bienfaisance et qu’ils donnent la préférence aux octogénaires ; mais Sedaine a tant amusé le public sur les trois théâtres, qu’il méritait une récompense. […] En contemplant le regard de Niobé4, de cette douleur calme et terrible qui semble accuser les dieux d’avoir été jaloux du bonheur d’une mère, quel sentiment s’élève dans notre sein ! […] J’ai recours sans cesse à la prière ; mais parfois il me semble que j’ai fatigué la Divinité, et que le ciel est d’airain pour moi. […] « Naturellement, l’âme se chante à elle-même tout ce qu’il y a de beau ou tout ce qui lui semble tel.

60. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Prosper Mérimée Né en 1803 » pp. 286-290

Chaque coup de théâtre, chaque surprise est amenée naturellement, et semble indispensable. […] S’éloignant à grands pas du village, elle prit un chemin creux qui serpentait dans les vignes, après avoir envoyé devant elle le chien, à qui elle fit un signe qu’il semblait bien connaître ; car aussitôt il se mit à courir en zigzag, passant dans les vignes, tantôt d’un côté, tantôt de l’autre, toujours à cinquante pas de sa maîtresse, et quelquefois s’arrêtant au milieu du chemin pour la regarder en remuant la queue. […] Les dernières paroles de sa sœur retentissaient sans cesse à ses oreilles, et il lui semblait entendre un oracle fatal, inévitable, qui lui demandait du sang, et du sang innocent.

61. (1883) Morceaux choisis des classiques français (prose et vers). Classe de troisième (nouvelle édition) p. 

La composition nous en a été conservée par la gravure ; elle semble écrite sous la dictée du Poussin. […] Un long fleuve semblait circuler dans leurs vallons, et tomber çà et là en cataractes ; il était traversé par un grand pont appuyé sur des arcades à demi ruinées. […] L’apathique héron semble se consumer sans languir ; il périt sans se plaindre et sans apparence de regret. […] L’âge et les réflexions guérissent d’ordinaire les autres passions, au lieu que l’avarice semble se ranimer et reprendre de nouvelles forces dans la vieillesse. […] La lumière et les ténèbres semblaient se mêler et comme s’entendre pour former le voile transparent qui couvre alors ces campagnes.

62. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — J. Racine. (1639-1699.) » pp. 226-241

Muet à mes soupirs, tranquille à mes alarmes, Semblait-il seulement qu’il eût part à mes larmes ? […] Andromaque, au travers de mille cris de joie, Porte jusqu’aux autels le souvenir de Troie : Incapable toujours d’aimer et de haïr, Sans joie et sans murmure elle semble obéir. […] Madame, il ne voit rien : son salut et sa gloire Semblent être avec vous sortis de sa mémoire. […] Pyrrhus m’a reconnu, mais sans changer de face : Il semblait que ma vue excitât son audace ; Que tous les Grecs, bravés en leur ambassadeur, Dussent de son hymen relever la splendeur. […] Plus j’y réfléchis, plus ce mot me semble admirable.

63. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur les extraits des problèmes » pp. -144

Pollux (IV, 10), Suidas et Hésychius semblent attribuer au τερέτισμα une valeur toute technique, qui ne convient pas à ce texte d’Aristote. — Cf. […] xxvii. — J’ai placé ce problème après le précédent, parce qu’il m’a semblé que la rédaction en devait être postérieure  une première note, jetée d’abord sur des tablettes, est ici développée avec plus de soin. […] La dernière ligne du chapitre semble appuyer cette conjecture.

64. (1854) Éléments de rhétorique française

L’affirmation semble être ce qui caractérise le verbe, et ce qui le distingue principalement des autres parties du discours ; c’est elle qui lui donne toute sa force ; par elle, il devient la pièce essentielle d’une phrase ou d’une proposition. […] Il me semble qu’ils me parlent, comme ceux de Dodone, un langage mystérieux ; ils me plongent dans d’ineffables rêveries, qui souvent ont fait tomber de mes mains les livres des philosophes. […] La pensée est claire, mais l’expression est obscure : le participe voyant voler l’effroi, qui se rapporte à Alexandre, semble se rapporter à l’Inde. […] L’un semble d’une main encenser l’assemblée ; L’autre à ses doigts crochus parait avoir l’onglée. […] Cependant l’événement semble se décider : Les bataillons ennemis enfoncés demandent quartier.

65. (1863) Précis de rhétorique : suivi des règles auxquelles sont assujettis les différents ouvrages de littérature pp. 1-100

Je vois les Euménides Secouer leurs flambeaux, vengeurs des parricides ; Le tonnerre, en éclats, semble fondre sur moi, L'enfer s'ouvre….. […] La catachrèse semble abuser des termes ; c'est un esprit mince. […] Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphir. […] La nature envers vous me semble bien injuste ! […] L'action doit commencer le plus près possible de la catastrophe ; et, lorsqu'elle semble finir, un incident imprévu doit en prolonger la durée.

66. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

Je laisserais même au delà du Rhin, sans m’en occuper autrement, cette manie du mysticisme et de l’inintelligible, si elle ne passait le fleuve, accueillie par quelques-uns de nos auteurs qui oublient le mot si vrai de Voltaire : « Ce qui n’est pas clair n’est pas français. » Ce qui n’est pas clair n’est pas français, parce qu’il semble que chaque peuple ayant reçu de la Providence sa mission sur la terre, celle de la France soit de répandre toutes les grandes et utiles vérités, et que, pour maintenir dignement cette noble propagande, il faut savoir rendre la vérité manifeste et accessible à tous. […] S’il est des pertes à regretter, à réparer même, autant que possible, il me semble ridicule de galvaniser, en quelque sorte, des mots que la raison, le goût ou le sentiment de l’harmonie ont tués depuis longtemps. […] Il arrive un moment où une langue semble avoir atteint son apogée sous le rapport du style, et où l’on court grand risque d’innover sans améliorer. […] Il est adulte, me semble-t-il, voire un peu grisonnant ; un assez grand nombre d’esprits ingénieux et profonds l’ont travaillé et remué en tous sens pour qu’il puisse fournir, et même abondamment, à toutes les idées de celui qui l’a sérieusement étudié, et qui le connaît bien.

67. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXI. des figures  » pp. 289-300

Celle fraîcheur d’émotions que faisait naître en lui le spectacle tout neuf des phénomènes du monde extérieur, ce relief énergique de sentiment que le frottement social n’avait point encore usé, donnaient à son expression un coloris, une vivacité, un pittoresque, une spontanéité de rapprochements, une énergie de tours qui nous semblent aller jusqu’à l’exagération. […] D’abord il me semble que ce qu’on appelle figures de diction doit être complétement relégué dans la grammaire. […] Je ne prétends établir aucun système, mais il me semble que l’on pourrait en trouver un plus rationnel. […] « Les figures du discours sont les traits, les formes ou les tours plus ou moins remarquables et d’un effet plus ou moins heureux, par lesquels le discours, dans l’expression des idées, des pensées ou des sentiments, s’éloigne plus ou moins de ce qui en eût été l’expression simple et commune. » Tout cela me semble long et gêné.

68. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Fénelon. (1651-1715.) » pp. 101-109

Rien n’est, ce me semble, plus vil qu’elle ; les plus malheureux la foulent aux pieds. […] Homère semble avoir oublié le lecteur pour ne songer qu’à peindre en tout la vraie nature. […] Il y a, ce me semble, quelques endroits de vos Odes qui pourraient être retranchés sans rien ôter au sujet, et qui n’entrent point dans votre dessein. […] Villemain, composés à la manière de Platon, sont remplis de raisonnements empruntés à ce philosophe, et surtout écrits avec une grâce qui semble lui avoir été dérobée.

69. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

    A nos yeux attentifs que le spectacle change : Retournons sur la terre, où jusque dans la fange L’insecte nous appelle, et, certain de son prix, Ose nous demander raison de nos mépris2… De l’empire de l’air cet habitant volage, Qui porte à tant de fleurs son inconstant hommage Et leur ravit un suc qui n’était pas pour lui, Chez ses frères rampants qu’il méprise aujourd’hui, Sur la terre autrefois traînant sa vie obscure, Semblait vouloir cacher sa honteuse figure. […] Quand par d’affreux sillons l’implacable vieillesse A sur un front hideux imprimé la tristesse ; Que dans un corps courbé sous un amas de jours Le sang comme à regret semble achever son cours ; Lorsqu’en des yeux couverts d’un lugubre nuage Il n’entre des objets qu’une infidèle image ; Qu’en débris chaque jour le corps tombe et périt, En ruines aussi je vois tomber l’esprit. […] « Lucrèce, a dit Fontanes (Discours préliminaire de sa traduction de l’Essai sur l’homme), comme presque tous les athées fameux naquit dans un siècle d’orages et de malheurs : témoin des guerres civiles de Marius et de Sylla, et n’osant attribuer à des dieux justes et sages les désordres de sa patrie, il voulut détrôner une providence qui semblait abandonner le monde aux passions de quelques tyrans ambitieux. […] Louis Racine n’en conservera pas moins l’honneur d’avoir exprimé le premier, avec grandeur et souvent avec poésie, beaucoup d’idées qui semblaient jusque-là, parmi nous, exclues du domaine des vers.

70. (1872) Cours élémentaire de rhétorique

Il semble qu’à mesure qu’il se détache de la terre, il prend quelque chose de cette nature divine et inconnue qu’il va rejoindre. Je ne touchais ses mains défaillantes qu’avec respect, et le lit funèbre où il attendait la mort, me semblait une espèce de sanctuaire. Cependant, l’armée était consternée, le soldat gémissait sous ses tentes, la nature elle-même semblait en deuil ; le ciel de la Germanie était plus obscur ; les tempêtes agitaient la cime des forêts qui environnaient le camp, et ces objets lugubres semblaient ajouter encore à notre désolation. […] 23) ne semble, de prime abord, plus aisé à imiter que le style simple : mais, pour qui l’essaie, il n’est rien de plus difficile. […] Elle semble parfumée de l’essence céleste et attachée négligemment au haut de sa tête par la main des Grâces.

71. (1875) Poétique

Cela est si vrai, que ceux que le hasard produit sont plus piquants quand ils semblent être l’effet d’un dessein. […] Nous en avons plusieurs qui semblent de cette espèce, comme ἐρνύτας pour κέρατα (cornes) et ἀρητῆρα pour ἰερέα (grand-prêtre). […] Et c’est en quoi Homère semble encore divin en comparaison des autres. […] Il semble que ce qu’on voit le plus distinctement est seul ce qui est. […] Quand un mot semble employé à contresens, il faut examiner en combien de sens il peut être pris dans l’endroit où il est.

72. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Le sujet en est triste, et semble appartenir à la mélancolie allemande. […] Napoléon a les Hautes-Alpes à franchir ; et le grand Saint-Bernard, qui, de tous les points de la vaste chaîne, lui livrerait de plus près le cœur de l’Italie, est aussi celui où la nature a semblé réunir le plus de difficultés insurmontables pour défendre ses forteresses contre les conquérants. […] Comment pousser plus avant dans ces gorges qui semblent murées par ces abîmes sans fond. […] Cette grande ville semble nager au-dessus, des eaux, et être la reine de toutes les mers. […] Celui qui était près de périr me semblait de bénédictions, et je consolais le cœur de la veuve.

73. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XI. du corps de l’ouvrage. — narration, description  » pp. 146-160

., l’ordre chronologique ou la gradation de l’intérêt semblent tracer la marche à suivre : d’une part, la série des faits, en rattachant toujours les effets aux causes, et en groupant les éléments homogènes ; de l’autre, après l’exposition, le nœud et le dénoûment. […] Or il me semble, et c’est là que je voulais arriver, qu’il existe un moyen pratique, en quelque sorte, de parvenir à cette unité, et par conséquent à toutes les vertus qui en dérivent, c’est de bien saisir ce que j’appellerai le point culminant d’une narration ou d’une thèse. […] Nous supposons bien, en effet, sans qu’il soit besoin de le dire, que la chaise de Milon ne stationnait pas, avec sa femme, à la porte du sénat ; qu’il dut rentrer chez lui, quitter son costume de sénateur pour prendre la calige et le manteau de voyage ; et la petite épigramme contre les dames qui se font attendre nous semble assez mal séante devant un tribunal où siégeait Caton. […] Los rhéteurs, toujours disposés à multiplier les subdivisions, ont assigné à chaque espèce de description un nom spécial, en les rangeant mal à propos, ce me semble, parmi les figures de pensée.

74. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) «  Chapitre XXIV. des figures. — figures par rapprochement d’idées opposées  » pp. 339-352

Enfin le paradoxisme est une antithèse d’idées formulée à l’aide d’une alliance de mots qui semblent s’exclure mutuellement. […] … et par dessus tout cette scène 3 de l’acte II, où Corneille a donné tout le grandiose de la tragédie à un caractère comique que la comédie elle-même semble avoir craint de toucher après lui, le railleur. […] Ici l’on affirme ou l’on rappelle certaines idées, certains faits, tout en disant qu’on les passera sous silence, prétérition ; là, on feint de s’être laissé emporter à la passion, ou d’avoir mal apprécié les choses, et l’on revient à dessein sur ce que l’on a dit pour le fortifier, l’adoucir, le rétracter même et produire ainsi plus d’effet, correction, rétroaction, épanorthose ; on a l’air tantôt d’admettre jusqu’à un certain point les objections de l’adversaire et de reculer devant lui, pour reprendre bientôt après ou s’assurer immédiatement un avantage décisif, concession, préoccupation, prolepse ; tantôt de le consulter, d’entrer dans son opinion, de partager ses erreurs, afin de l’amener moins péniblement à l’aveu ou au repentir, communication ; plus loin, on semble mettre en question ce que l’on a déjà irrévocablement décidé, délibération ; ou encore s’enquérir de ce que l’on sait fort bien, interrogation ; si bien même que souvent, après avoir fait la demande, on fait la réponse, au lieu de l’attendre, subjection. […] Mais cette incertitude apparente sur ce qu’il sait mieux que personne, cette modestie feinte avec laquelle il semble vouloir s’éclairer des lumières de son auditoire, et se faire un d’eux pour prévenir leurs objections, tout cela donne au discours une tout autre énergie que s’il se contentait de la simple affirmation.

75. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lebrun Né en 1785 » pp. 498-505

Chaque abeille2 à la ruche apporte son trésor, L’étude à l’amitié3 semble ajouter encor. […] Il me semble en mon sein sentir battre des ailes ; Un air intérieur me soulève avec elles, Me porte, et je m’envole à chaque lieu connu, Léger comme un oiseau vers son nid revenu. […] Il me semble à sa voix du passé revenir, Triste et fier à la fois de ce long souvenir ; Et, suivant son récit dans ma propre mémoire, Je me laisse, en rêvant, raconter mon histoire, Comme si de quelque autre on racontait les jours.

76. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Corneille, 1606-1684 » pp. 26-31

La modestie et la générosité que vous y témoignez leur semblent des pièces rares, et surtout votre procédé merveilleusement sincère et cordial envers un ami. […] Vous m’honorez de votre estime en un temps où il semble qu’il y ait un parti fait pour ne m’en laisser aucune. […] Allusion au passage suivant intitulé : Jugement sur Sénèque, Plutarque et Pétrone, où Saint-Évremond dit à propos du poëte latin : « Je ne sache aucun de ces grands génies qui ait pu faire parler d’amour Massinisse et Sophonisbe, César et Cléopâtre, aussi galamment que nous les avons ouïs parler en notre langue. » Saint-Évremond fut avec Madame de Sévigné un de ceux qui restèrent fidèles à la gloire de Corneille : Les lauriers d’Andromaque et de Britannicus leur semblèrent dérobés à la couronne qu’ils avaient posée sur le front de leur poëte.

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