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49. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXV. des figures. — figures par développement et par abréviation  » pp. 353-369

ce n’est plus alors Henriette d’Angleterre que l’on va porter à Saint-Denys ; le sentiment demandera la périphrase : « Encore ce reste tel quel va-t-il disparaître, cette ombre de gloire va s’évanouir, et nous l’allons voir dépouillée même de cette triste décoration. […] Boileau traduit : Tandis que, libre encor, malgré les destinées, Mon corps n’est point courbe sous le faix des années, Qu’on ne voit point mes pas sous l’âge chanceler, Et qu’il reste à la Parque encor de quoi filer. […] Molière dans Pourceaugnac, acte I, sc. 2, fait dire à un médecin que M. de Pourceaugnac est atteint et convaincu de la maladie qu’on appelle mélancolie hypocondriaque, « et qu’ainsi ne soit , ajoute le médecin, pour diagnostic incontestable de ce que je dis, vous n’avez qu’à considérer ce grand sérieux, etc. » La Fontaine, dans Belphégor : C’est le cœur seul qui peut rendre tranquille ; Le cœur fait tout, le reste est inutile ; Qu’ainsi ne soit, voyons d’autres états, etc. […] Au reste, il n’y a ici presque aucune règle à donner.

50. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre III. Lettres missives. Genre épistolaire. »

Il nous reste un assez grand nombre de lettres des grands écrivains grecs, quoiqu’elles ne soient pas toutes authentiques. […] Au reste, comme on devait bien le penser, ce genre n’a été nulle part aussi fécond, aussi varié, aussi parfait que chez nous. […] On jeta de l’eau sur le reste de l’embrasement, et enfin le combat finit faute de combattants, c’est-à-dire après que le premier et le second étage de l’antichambre, et de la petite chambre, et du cabinet, qui sont à main droite du salon, eurent été absolument consumés.

51. (1854) Éléments de rhétorique française

Dieu n’avait sans doute donné à ses premiers enfants qu’un langage proportionné à leurs besoins, et la capacité de le perfectionner comme le reste de leurs facultés. […] Va, le monde n’est pas injuste : le tort reste à celui qui l’a. […] Si tu as fait la journée avant le soir, répose-toi le reste du jour, tu le peux ; mais voyons ton ouvrage. […] S’il te reste au fond du cœur le moindre sentiment de vertu, viens, que je t’apprenne à aimer la vie. […] Que reste-t-il d’un roman ou d’un conte frivole ?

52. (1873) Principes de rhétorique française

— Il n’en reste pas moins vrai que l’argumentation fait la force et l’autorité de toute œuvre de l’esprit. […] Ils forment le corps d’armée ; tout le reste ne fait que préparer ou achever la victoire, le corps d’armée la décide. […] restes d’Israël, passez à la droite ; froment de J. […] et que reste-t-il pour votre partage ? […] — Mais si modeste que soit une récapitulation, elle doit être écrite d’un style plus passionné que le reste de l’exposition.

53. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Notes pour l’intelligence des exemples cités dans ce premier volume. » pp. 365-408

Cette déesse de la mer est représentée ayant la partie supérieure du corps semblable à celle de la femme, et le reste semblable à celle d’un poisson. […] On y voit quelques restes de l’ancien temple de Minerve, un des plus beaux édifices de l’univers, et d’autres antiquités curieuses. […] Au reste, le mont Etna, dont la forme ressemble à un pain de sucre, offre sur sa surface le phénomène de trois régions différentes. […] On y voit une infinité de précieux restes de son ancienne splendeur, et bien d’autres monuments, les plus beaux qu’offre l’Europe moderne. […] On les représente avec des coquillages, et on leur donne un corps d’homme jusqu’à la ceinture : le reste est terminé en queue de poisson.

54. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Faire la part de beaucoup la plus large à celles de ses poésies sur lesquelles reste muet le programme qui prescrit l’étude de ses Fables dans deux des trois classes d’humanités. […] Ils ne sont plus que poudre, et n’en reste sinon (S’il nous en reste rien) que le son de leur nom, Qu’ils ont voulu nommer la bonne renommee, Qui n’est aprés la mort qu’une ombre de fumee. […] penses tu qu’il me reste Encore un parricide et encore un inceste ? […] Il ne te reste rien si non à bien mourir. […] il ne me reste De mes contentemens Qu’un souvenir funeste, Qui me les convertit à toute heure en tourmens.

55. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IX. De quelques autres figures qui appartiennent plus particulièrement à l’éloquence oratoire. »

Restes d’Israël, passez à la droite ; froment de Jésus-Christ, démêlez-vous de cette paille destinée au feu : ô Dieu ! […] et que reste-t-il pour votre partage » ? […] S’il y a eu quelque dérangement dans les premières années de ce prince, l’âge y eut plus de part que le cœur : l’occasion put le trouver faible ; elle ne le rendit jamais vicieux ; et le reste de ses jours, passés depuis dans la règle, montrent assez que l’égarement n’avait été qu’un oubli, et qu’en se rendant au devoir, il s’était rendu à lui-même ».

56. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Quel autre lieu pourrait-on choisir, dans le reste du monde, où toutes les commodités de la vie soient si faciles à trouver que dans celui-ci ? […] Que tout le reste vous aime, mette en vous sa consolation et son espérance, et reçoive de vous le soulagement de ses maux. […] Pleurez donc sur ces faibles restes de la vie humaine ; pleurez sur cette triste immortalité que nous donnons aux héros. […] Il ne reste donc plus rien de tous ces superbes monuments de l’impiété. […] Parmi ces pensées, je sentais malgré moi un reste de crainte que le malade n’en réchappât, et j’en avais une extrême honte.

57. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XXVI. des figures. — figures par mutation et inversion  » pp. 370-387

Au reste, ces quatre dernières figures, pour mieux exprimer l’intention ou le sentiment de l’écrivain, arrêtent la marche de la phrase, mais sans y jeter le désordre ; celles dont il nous reste à parler portent de plus graves atteintes à la construction ou à la syntaxe. […] Tant que la pensée reste dans l’esprit à l’état de simple concept, elle est une et indivise, elle forme un tout qui n’a point de parties et n’en a pas besoin ; mais aussitôt qu’on veut la manifester à l’extérieur par la parole, il est bien évident qu’on ne le peut sans la diviser pour en présenter successivement les divers membres. […] Nous voici à la construction figurée à laquelle appartiennent les formes dont il me reste à parler.

58. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

quand tout s’associe à ce concert immense, Soyez, soyez témoins si je reste en silence ! […] Il y a excès dans leur amitié, dans leur haine et dans tout le reste également. […] Restes chéris !… Ô reste ! […] À mes nobles projets je vois tout conspirer ; Il ne me reste plus qu’à vous les déclarer.

59. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bossuet. (1627-1704.) » pp. 54-68

Restait cette redoutable infanterie de l’armée d’Espagne, dont les gros bataillons serrés, semblables à autant de tours, mais à des tours qui sauraient réparer leurs brèches, demeuraient inébranlables au milieu de tout le reste en déroute et lançaient des feux de toutes parts. […] Elle ne savait pas que le prince qui lui fit perdre tant de ses vieux régiments à la bataille de Rocroy en devait achever les restes dans les plaines de Lens. […] Tout ce que peut faire la séparation et le mélange des liqueurs, leur précipitation, leur digestion, leur fermentation, et le reste, est pratiqué si habilement dans le corps humain, qu’auprès de ces opérations la chimie la plus fine n’est qu’une ignorance. […] Celui-ci datait de 1671. — Un des principaux bienfaits de l’Académie française, qui a si glorieusement justifié toutes les espérances de son fondateur, a été, suivant l’observation de Bossuet lui-même, de fixer notre idiome, « qui devenait jusque-là barbare dans le cours de peu d’années. » Tel fut le fruit des modestes mais très-utiles discussions grammaticales qui occupaient cette assemblée dans le principe, et dont il nous reste un témoignage curieux dans les Remarques de Vaugelas sur la langue française.

60. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Voltaire 1694-1778 » pp. 445-463

Ses comédies ne font rire qu’à ses dépens ; mais il reste sans rival dans la poésie légère, badine et philosophique. […] Je plains tout être faible, aveugle en sa manie, Qui dans un seul objet confina son génie, Et qui, de son idole adorateur charmé, Veut immoler le reste au dieu qu’il s’est formé. […] Avec non moins d’orgueil et non moins de folie, Un élève d’Euterpe, un enfant de Thalie, Qui dans ses vers pillés nous répète aujourd’hui Ce qu’on a dit cent fois, et toujours mieux que lui, De sa frivole muse admirateur unique, Conçoit pour tout le reste un dégoût léthargique, Prend pour des arpenteurs Archimède et Newton, Et voudrait mettre en vers Aristote et Platon1. […] À chacun son tour a m. françois de neufchateau4 Si vous brillez à votre aurore, Quand je m’éteins à mon couchant ; Si dans votre fertile champ Tant de fleurs s’empressent d’éclore, Lorsque mon terrain languissant Est dégarni des dons de Flore ; Si votre voix jeune et sonore Prélude d’un ton si touchant, Quand je fredonne à peine encore Les restes d’un lugubre chant ; Si des Grâces qu’en vain j’implore, Vous devenez l’heureux amant ; Et si ma vieillesse déplore La perte de cet art charmant Dont le dieu des vers vous honore : Tout cela peut m’humilier, Mais je n’y vois point de remède.

61. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Au reste, chez les grands poëtes comiques, l’intrigue ne se passe jamais absolument des mœurs. […] Celle-ci se trouve partout, jusque dans le reste et dans le regard, à plus forte raison dans un mot ou dans un cri du cœur. […] Souffrez donc qu’en deux mots j’examine le reste. […] Ont-elles passé, il n’y paraît plus, tout est effacé, il n’en reste aucune trace. […] Au reste, ce trope se rapporte à la figure dépensée appelée Litote, dont nous avons parlé plus haut.

62. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Mais toutes ses ressources sont épuisées ; pour payer la rançon du jeune homme, il ne lui reste rien. […] Il nous reste de lui un fragment d’une lettre écrite du fond de sa prison aux fidèles d’Antioche. […] Ilfrid reste seul dans la vaste basilique. […] Après les avoir vaincu, il leur enleva la ville de Londres, et successivement le reste du royaume. […] Ensuite, ces tristes restes furent conduits en grande pompe dans la sépulture des rois de Portugal.

63. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre III. Du Sublime dans les Compositions littéraires. »

La confidente de Médée fait à sa maîtresse un tableau énergique de sa position, et le termine en lui disant : Dans un si grand revers que vous reste-t-il ? […] Dans un si grand revers que vous reste-t-il ? […] Médée poursuit : Dans un si grand revers que vous reste-t-il ?

64. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XVI. des qualités essentielles du style. — clarté, pureté  » pp. 217-229

Que les pensées soient vagues et mal conçues, que leur arrangement soit pénible ou irrégulier, vous avez beau travailler l’expression, elle reste obscure et mal dessinée. […] Que la vanité de leurs adeptes fasse une vertu de ce vice, on le conçoit ; le renom de comprendre seul ce qui est inintelligible au reste du monde chatouille l’amour-propre. […] Au reste, il est rare que l’obscurité soit, en France, comme en Allemagne, le résultat d’un parti pris de la part de l’écrivain.

65. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Jean-Jacques Rousseau, 1712-1778 » pp. 185-195

Les jeunes gens corrompus sont inhumains et cruels J’ai toujours vu que les jeunes gens corrompus de bonne heure étaient inhumains et cruels ; leur imagination, pleine d’un seul objet, se refusait à tout le reste ; ils ne connaissaient ni pitié, ni miséricorde ; ils auraient sacrifié père et mère, et l’univers entier, au moindre de leurs plaisirs1 Au contraire, un jeune homme, élevé dans une heureuse simplicité, est porté par les premiers mouvements de la nature vers les passions tendres et affectueuses : son cœur compatissant s’émeut sur les peines de ses semblables ; il tressaille d’aise quand il revoit son camarade ; ses bras savant trouver des étreintes caressantes, ses yeux savent verses des larmes2 d’attendrissement ; il est sensible à la honte de déplaire, au regret d’avoir offensé. […] Leur gazouillement, faible encore, est plus lent et plus doux que dans le reste de la journée3 : Il se sent 4 de la langueur d’un paisible réveil. […] Partout où je me plais, je reste.

66. (1866) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de seconde

Et le reste. […] Les restes de la république périssent avec Brutus et Cassius. […] Que reste-t-il ? […] Qu’est-ce donc que le peu de chemin qui vous reste à faire ? […] L’iniquité ne plaît qu’autant qu’on en profite : dans tout le reste on veut que l’innocent soit protégé.

67. (1863) Discours choisis ; traduction française par W. Rinn et B. Villefore. Première partie.

Au reste, pères conscrits, quand il s’agit de punir un forfait aussi horrible, où peut être la cruauté ? […] Au reste, quel est cet éloge, si le panégyriste interrogé se trouve obligé de vous accuser ? […] Fournissez-moi au moins des éclaircissements sur l’argenterie dont il s’agit ; nous verrons ensuite pour le reste. […] Citeriez-vous les restes de la guerre des déserteurs en Italie, et cette guerre peu importante de Temsa ? […] Il m’en reste une autre à défendre dont je ne me suis point chargé à la sollicitation des autres, mais par le sentiment naturel.

68. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

mon père3, son crime à peine est pardonnable ; Mais s’il est insensé, vous êtes raisonnable : La nature est trop forte, et ses aimables traits Imprimés dans le sang ne s’effacent jamais ; Un père est toujours père, et sur cette assurance J’ose appuyer encore un reste d’espérance. […] Dans Géronte, comme dans don Diègue et dans le vieil Horace, l’amour paternel se montre mêlé de tendresse et de fermeté, de force et de faiblesse, tel qu’il est enfin ; mais, dans ce mélange, Corneille a toujours soin de soumettre le sentiment fort au sentiment faible, la tendresse au devoir, et la loi morale reste supérieure à l’homme, dont elle contient le cœur sans l’étouffer. […] Voyez notre espérance, est le contraire de ce qu’elle entend ; car elle entend ; voyez la juste terreur qui nous reste, voyez où vous nous réduisez, vous, d’une si grande naissance, vous qui avez tant de pouvoir !  […] Est-ce reste de jalousie qui le fait parler ainsi ? […] Tout le reste de la scène a la beauté de l’héroïsme et de l’enthousiasme, Dans Rotrou, Saint-Genest parle ainsi : Je renonce à la haine et déteste l’envie Qui m’a fait des chrétiens persécuter la vie ; Leur créance est ma foi, leur espoir est le mien ; C’est leur Dieu que j’adore ; enfin, je suis chrétien !

69. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Notions préliminaires. »

Allons porter ces tristes restes                        Au pied de leurs autels. […] Mais au moindre revers funeste, Le masque tombe, l’homme reste, Et le héros s’évanouit. […] Tu n’es plus que poussière ; et de cette grandeur Il ne nous reste plus que la triste mémoire. […] Au reste, il sera bon, dans toutes sortes de stances, d’entremêler les rimes, de manière que le premier et le dernier vers d’une stance soient d’espèce différente.

70. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Racine 1639-1699 » pp. 415-440

Pour venger je ne sais quels prophètes Dont elle avait puni les fureurs indiscrètes : Et moi, reine sans cœur, fille sans amitié, Esclave d’une lâche et frivole pitié, Je n’aurais pas du moins à cette aveugle rage Rendu meurtre pour meurtre, outrage pour outrage, Et de votre David traité tous les neveux Comme on traitait d’Achab les restes malheureux ! […] Il n’a point détourné ses regards d’une fille, Seul reste du débris d’une illustre famille6 : Peut-être il se souvient qu’en un temps plus heureux Son père7 me nomma pour l’objet de ses vœux. […] L’un, tout esprit et tout céleste, Veut qu’au ciel sans cesse attaché, Et des biens éternels touché, Je compte pour rien tout le reste ; Et l’autre, par son poids funeste, Me tient vers la terre penché. […] L’attitude reste digne, fière et pourtant respectueuse.

71. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Montesquieu, 1689-1755 » pp. 235-252

Je m’éveille le matin avec une joie secrète de voir la lumière ; je vois la lumière avec une espèce de ravissement, et tout le reste du jour je suis content. […] J’avais conçu le dessein de donner plus d’étendue et de profondeur à quelques endroits de mon Esprit ; j’en suis devenu incapable : mes lectures m’ont affaibli les yeux ; et il me semble que ce qu’il me reste encore de lumière n’est que l’aurore du jour où ils se fermeront pour jamais. […] Quand Sylla voulut rendre à Rome la liberté, elle ne put plus la recevoir : elle n’avait plus qu’un faible reste de vertu ; et comme elle en eut toujours moins, au lieu de se réveiller après César, Tibère, Caïus, Claude, Néron, Domitien, elle fut toujours plus esclave ; tous les coups portèrent sur les tyrans, aucun sur la tyrannie. […] Qu’on s’imagine cette tête monstrueuse des peuples d’Italie, qui, par le suffrage de chaque homme, conduisait le reste du monde.

72. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Lacordaire, 1802-1861 » pp. 542-557

Mais, là où la patrie est un temple vide, qui n’attend rien de nous que le silence et le passage, il se crée une oisiveté formidable, où la force des âmes, s’il leur en reste, se dépense à se flétrir. […] Il n’a aucune idée du néant qui le rejette, ni de l’être où il arrive ; il s’ignore lui-même et tout le reste avec lui. […] Chacun a sa petite sphère de célébrité, et, tant qu’il y reste, il est heureux. […] Alors, les faits sont tout, le reste n’est rien.

73. (1867) Rhétorique nouvelle « Deuxième partie. L’éloquence du barreau » pp. 146-

Ce n’est guère là le fait d’un patricien, mais passons : il ne te reste rien, tu as mangé tout ton patrimoine. […] Le reste de sa carrière n’offre que faiblesse et indécision. […] Le Sénat reste indécis et comme paralysé par l’éloquence habile de César, jusqu’à ce que Caton se lève : — « Voulez-vous conserver vos biens, vos maisons, vos statues, vos tableaux, votre vie et vos plaisirs que vous aimez plus encore que la vie, prenez une résolution énergique. […] « Si j’avais été invité au repas des Ides, je n’aurais pas laissé de restes. » 17.

74. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Massillon, 1663-1742 » pp. 205-215

Reçu à l’Académie française, il consacra le reste de ses jours aux devoirs de l’épiscopat, et ne vécut pas assez pour être attristé par les scandales qui prouvèrent trop que son royal auditeur ne profita pas de ses exhortations. […] Qu’est-ce donc que le peu de chemin qui vous reste à faire ? […] Un seul jour perdu devrait nous laisser des regrets mille fois plus vifs et plus cuisants qu’une grande fortune manquée ; et cependant ce temps si précieux nous est à charge ; toute notre vie n’est qu’un art continuel de le perdre ; et, malgré toutes nos attentions à le dissiper, il nous en reste toujours assez pour ne savoir encore qu’en faire ; et cependant la chose dont nous faisons le moins de cas sur la terre, c’est de notre temps ; nos offices, nous les réservons pour nos amis ; nos bienfaits, pour nos créatures ; nos biens, pour nos proches et pour nos enfants ; notre crédit et notre faveur, pour nous-mêmes ; nos louanges, pour ceux qui nous en paraissent dignes ; notre temps, nous le donnons à tout le monde, nous l’exposons, pour ainsi dire, en proie à tous les hommes : on nous fait même plaisir de nous en décharger ; c’est comme un poids que nous portons au milieu du monde, cherchant sans cesse quelqu’un qui nous en soulage.

75. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Rochefoucauld. (1613-1680.) » pp. 15-19

Quelque découverte que l’on ait faite dans le pays de l’amour-propre, il y reste encore bien des terres inconnues. […]  — « Ne vous emparez pas de la conversation comme de votre domaine, pour en exclure les autres : là, comme dans tout le reste, il est juste que chacun ait son tour. » Cf. la suite du chapitre.

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