O mon âme, que d’honneur et de gloire ! […] Oui, disons hardiment à la gloire de notre Jésus-Christ et à la honte de leur Dioclétien : « Les tyrans passent, mais la vérité demeure. » (Socrate chrétien, Disc. […] L’heureuse combinaison des tours et la noblesse des termes sont entrés dans le trésor de la prose oratoire : l’exagération emphatique, le faux goût, la recherche, sont demeurés sur le compte de Balzac, et l’on n’a plus compris la gloire de cet écrivain, parce que les fautes seules lui restaient, tandis que ses qualités heureuses étaient devenues la propriété commune de la langue qu’il avait embellie. » 3.
Pour Monseigneur le cardinal de Richelieu Sonnet (1635) Peuples, çà, de l’encens ; peuples, çà, des victimes2, A ce grand Cardinal, ce chef-d’œuvre des cieux, Qui n’a but que la gloire, et n’est ambitieux Que de faire mourir l’insolence des crimes. […] Malherbe aime ces formes d’imprécation ; je les retrouve encore dans cet autre fragment : Allez à la malheure, allez, âmes tragiques, Qui fondez votre gloire aux misères publiques, Et dont l’orgueil ne connaît point de lois. […] Voiture parlait ainsi de Richelieu : « Oui, lorsque dans deux cents ans, ceux qui viendront après nous liront en notre histoire que le cardinal de Richelieu a démoli la Rochelle et abattu l’hérésie, et que par un seul traité, comme par un coup de rets, il a pris trente ou quarante de ses villes pour une fois ; lorsqu’ils apprendront que, du temps de son ministère, les Anglais ont été battus et chassés, Pignerol conquis, Cazal secouru, toute la Lorraine jointe à cette couronne, la plus grande partie de l’Alsace mise sous notre pouvoir, les Espagnols défaits à Veillane et à Avein ; et qu’ils verront que, tant qu’il a présidé à nos affaires, la France n’a pas un voisin sur lequel elle n’ait gagné des places ou des batailles : s’ils ont quelque goutte de sang français dans les veines et quelque amour pour la gloire de leur pays, pourront-ils lire ces choses sans s’affectionner à lui, et, à votre avis, l’aimeront-ils ou l’estimeront-ils moins, à cause que, de son temps, les rentes sur l’Hôtel de Ville se seront payées un peu plus tard, ou que l’on aura mis quelques nouveaux officiers à la chambre des comptes ?
Chaque jour, chaque instant, pour rehausser ma gloire, Met lauriers sur lauriers, victoire sur victoire. […] Toute autre louange languit auprès des grands noms ; et la seule simplicité d’un récit fidèle pourrait soutenir la gloire du prince de Condé. […] Jaloux de la réputation d’autrui, la gloire qui ne leur appartient pas est pour eux comme une tache qui les flétrit et qui les déshonore. […] Vertu digne de Rome, et sang digne d’Horace, Appui de ton pays, et gloire de ta race ! […] je serais mort avec gloire et sans amertume.
Que le critique commence par aimer les beaux arts d’un amour sincère ; que son âme en ressente les nobles impressions ; qu’il entre dans l’empire des lettres, non pas comme un proscrit qui veut venger sa honte, mais comme un rival légitime qui mesure sur son talent l’objet de son ambition, et qui veut obtenir une gloire, en jugeant bien celle des autres. […] Il se montre vaillant, laborieux, ami de la justice et de la gloire, et lorsque l’ambition l’entraîne à la guerre, ses armes heureuses et rapides paraissent justes à la France éblouie. […] Mais un ordre social, où tout semblait animé par un homme et fait pour sa gloire, pouvait-il assez inspirer l’éloquence, cette altière élève des révolutions et de la liberté ? […] Fénelon se souvint des triomphes du jeune roi, en retraçant la gloire et les fautes de Sésostris.
En vain deux fois la paix a voulu l’endormir : Loin de moi son courage entraîné par la gloire, Ne se plaît qu’à courir de victoire en victoire. […] Le fameux souverain bien, Dans un séjour de misère, N’est qu’un pompeux entretien, Et qu’une noble chimère… Voici comment j’ai compté Dès ma plus tendre jeunesse : La vertu, puis la santé ; La gloire, puis la richesse. […] ——————————— Non, non, sans le secours des filles de mémoire144, Vous vous flattez en vain, partisans de la gloire, D’assurer à vos noms un heureux souvenir. […] Tant que sa faveur vous seconde, Vous êtes les maîtres du monde ; Votre gloire nous éblouit. […] En voici un exemple : Déplorable Sion148, qu’as-tu fait de ta gloire ?
Mais cet accord si précieux n’a jamais été bien durable ; et Cicéron lui-même, Cicéron, qui avait tant fait pour la gloire de l’éloquence et les progrès de la philosophie, ne tarda pas à voir l’une dénaturée par les déclamateurs, et l’autre corrompue par les sophistes. […] Renfermés uniquement dans le cercle de leurs fonctions grammaticales, ces modestes et laborieux écrivains bornaient leur gloire à épurer, à fixer la langue par de sages observations, ou par des ouvrages utiles ; et lorsqu’ils proposaient des prix à l’éloquence ou à la poésie, c’était toujours quelque trait de morale, ou l’éloge de Louis XIV.
Se faire valoir par des choses qui ne dépendent point des autres ; mais de soi seul, ou renoncer à se faire valoir : maxime inestimable et d’une ressource infinie dans la pratique, utile aux faibles, aux vertueux, à ceux qui ont de l’esprit, qu’elle rend maîtres de leur fortune ou de leur repos ; pernicieuse pour les grands et qui diminuerait leur cour, ou plutôt le nombre de leurs esclaves ; qui ferait tomber leur morgue avec une partie de leur autorité, et les réduirait presque à leurs entremets et à leurs équipages ; qui les priverait du plaisir qu’ils sentent à se faire prier, presser, solliciter, à faire attendre ou à refuser, à promettre et à ne pas donner ; qui les traverserait dans le goût qu’ils ont quelquefois à mettre les sots en vue, et à anéantir le mérite quand il leur arrive de le discerner ; qui bannirait des cours les brigues, les cabales, les mauvais offices, la bassesse, la flatterie, la fourberie ; qui ferait d’une cour orageuse, pleine de mouvements et d’intrigues, comme une pièce comique ou même tragique, dont les sages ne seraient que les spectateurs ; qui remettrait de la dignité dans les différentes conditions des hommes, de la sérénité sur leurs visages ; qui étendrait leur liberté ; qui réveillerait en eux, avec les talents naturels, l’habitude du travail et de l’exercice ; qui les exciterait à l’émulation, au désir de la gloire, à l’amour de la vertu ; qui, au lieu de courtisans vils, inquiets, inutiles, souvent onéreux à la république, en ferait ou de sages économes ou d’excellents pères de famille, ou des juges intègres, ou de bons officiers, ou de grands capitaines, ou des orateurs, ou des philosophes ; et qui ne leur attirerait à tous nul autre inconvénient que celui peut-être de laisser à leurs héritiers moins de trésors que de bons exemples1. […] Le seul bien capable de le tenter est cette sorte de gloire qui devrait naître de la vertu toute pure et toute simple ; mais les hommes ne l’accordent guère, et il s’en passe. […] On l’a regardé comme un homme incapable de céder à l’ennemi, de plier sous le nombre ou sous les obstacles ; comme une âme du premier ordre, pleine de ressources et de lumières5, et qui voyait encore où personne ne voyait plus ; comme celui qui, à la tête des légions, était pour elles un présage de la victoire, et qui valait seul plusieurs légions ; qui était grand dans la prospérité, plus grand quand la fortune lui a été contraire : la levée d’un siège, une retraite, l’ont plus ennobli que ses triomphes ; l’on ne met qu’après les batailles gagnées et les villes prises ; qui était rempli de gloire et de modestie ; on lui a entendu dire : « Je fuyais », avec la même grâce qu’il disait : « Nous les battîmes » ; un homme dévoué à l’État, à sa famille, au chef de sa famille ; sincère pour Dieu et pour les hommes, autant admirateur du mérite que s’il lui eût été moins propre et moins familier : un homme vrai, simple, magnanime, à qui il n’a manqué que les moindres vertus1. […] Et depuis trois mille ans Homère respecté Est jeune encor de gloire et d’immortalité. […] Massillon s’exprime presque dans les mêmes termes : « Les grands, placés si haut par la nature, ne sauraient plus trouver de gloire qu’en s’abaissant ; ils n’ont plus de distinction à se donner du côté du rang et de la naissance ; ils ne peuvent s’en donner que par l’affabilité ; et s’il est encore un orgueil qui puisse leur être permis, c’est celui de se rendre humains et accessibles, etc. »(Petit Carême, 5e sermon).
Ce fut vers l’époque de la Saint-Barthélemy que Montaigne, humain par sentiment, tolérant par raison, libre de tout parti, de tout intérêt, et sans arrière-pensée de vaine gloire, « se proposa lui-même à lui, pour argument et sujet d’étude ». […] mais sur tout grande, et incomparable en varieté, et diuersité de commoditez : la gloire de la France, et l’vn des plus nobles ornements du monde. […] Son desseing n’a pas du tout mal succedé7 : je m’addonne volontiers aux petits, soit pour ce qu’il y a plus de gloire, soit par naturelle compassion, qui peult infiniement en moy. […] Si la France un matin vous aligne en phalange, Fiers, vous faites honneur à votre humble berceau, Vous tous, les héritiers des gloires sans mèlange, Frères de Jeanne d’Arc, de Hoche et de Marceau !
Un rayon de gloire humaine Que dire ? […] Pauvre rayon de gloire qui va venir sur sa tombe ! […] Celles qui se perdent n’ont rien devant Dieu qui leur reste, qui les marque, quelque signe de distinction que les hommes leur fassent ; car toute gloire humaine passe vite.
J’ai fait illustre un nom qu’on m’a transmis sans gloire. […] Théophile Gautier comparait la gloire sereine, mais peu bruyante d’Alfred de Vigny, à ces astres blancs et doux de la voie lactée, qui brillent moins que d’autres étoiles, parce qu’ils sont placés plus haut et plus loin. […] Il a eu la gloire de fonder une nation libre, par son courage civique, par l’autorité de sa vertu patriotique et désintéressée.
Atteint de la petite vérole, cloué sur son lit par la souffrance, presque aveugle, il demanda aux lettres des ressources, une consolation, et l’emploi d’une activité qui visait encore à la gloire. […] Sa gloire ressemble à une amitié sympathique pour sa douce mémoire1. […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.
Nous compléterons cette magnifique allégorie par les passages suivants du psaume 72e, où la grandeur future de Salomon est décrite avec une pompe qui désigne évidemment le règne et la gloire du Messie. […] 149Qu’il vive, et que dans leur mémoire Les rois lui dressent des autels ; Que les cœurs de tous les mortels Soient les monuments de sa gloire, etc. […] Les marbres, les parfums, et les hymnes pieux, Des rois les plus obscurs honorent la mémoire ; Et même les tyrans n’arrivent pas sans gloire Au sépulcre de leurs aïeux. […] Mais notre opprobre même assure notre gloire : Des promesses du ciel rappelons la mémoire, etc.
« Le comte de Guiche a fait une action, dont le succès le couvre de gloire ; car si elle eût tourné autrement, il était criminel. […] Je vous envoie une très bonne relation de ce qu’il a fait quelques jours avant sa mort : après trois mois d’une conduite toute miraculeuse, et que les gens du métier ne se lassent pas d’admirer, vous n’avez plus qu’à y ajouter le dernier jour de sa gloire et de sa vie. […] Je ne sais si c’est cette raison seule qui me détermine à vous les transcrire ici ; mais quand j’y mêlerais un peu d’orgueil, c’est peut-être là toute la gloire de notre sexe ; la vôtre consiste à les imiter. […] Je vous aimerai alors de tendresse et de fierté ; et tandis que confinée dans un château, je partagerai ma vie entre les soins de mon sexe et des amusements littéraires, je vous perdrai de vue dans le chemin de la gloire.
De là sont venus les cas des langues anciennes : le génitif exprima la dépendance ; le datif exprima l’attribution ; l’accusatif désigna l’objet sur lequel tombait l’action : gloria Domini, la gloire du Seigneur ; gloria Domino, gloire au Seigneur ; adorate Dominum, adorez le Seigneur. […] Ceux qui écrivent contre la gloire veulent avoir la gloire d’avoir bien écrit ; et ceux qui le lisent veulent avoir la gloire de l’avoir lu ; et moi qui écris ceci, j’ai peut-être cette envie ; et peut-être que ceux qui le liront l’auront aussi. » III. […] Le seul Agamemnon, refusant la victoire, N’ose d’un peu de sang acheter tant de gloire ! […] Dans les murs, hors des murs, tout parle de sa gloire. […] Le prince fléchit le genou, et, dans le champ de bataille, il rend au Dieu des armées la gloire qu’il lui envoyait.
Mais amendé par la disgrâce1, qui fut le seul fruit de ses intrigues ambitieuses, il mérita dans les loisirs de la retraite, où le consolait l’amitié ingénieuse de madame de Sévigné, une gloire plus solide que celle qu’avait rêvée sa jeunesse, celle d’écrivain : il mourut en 1679, laissant dans ses Mémoires un des monuments les plus remarquables de cette éloquence naturelle dont César a offert chez les anciens le modèle le plus frappant2. […] La fameuse victoire de Rocroy2 donna autant de sûreté au royaume qu’elle lui apporta de gloire ; et les lauriers couvrirent le roi, qui règne aujourd’hui, dans son berceau. […] Ce général, dans la guerre de Trente ans, acquit, malgré quelques revers, beaucoup de gloire, et fut l’un des principaux soutiens du parti protestant.
Exorde de l’oraison funebre de Turenne 2 Je ne puis, messieurs, vous donner d’abord une plus haute idée du triste sujet dont je viens vous entretenir, qu’en recueillant ces termes nobles et expressifs dont l’Écriture sainte se sert3 pour louer la vie et pour déplorer la mort du sage et vaillant Machabée4 : cet homme qui portait la gloire de sa nation jusqu’aux extrémités de la terre ; qui couvrait son camp du bouclier, et forçait celui des ennemis avec l’épée ; qui donnait à des rois ligués contre lui des déplaisirs mortels, et réjouissait Jacob par ses vertus et par ses exploits, dont la mémoire doit être éternelle. […] Chacun à l’envi faisait gloire de savoir et de dire quelque particularité de sa vie et de ses vertus. L’un disait qu’il était aimé de tout le monde sans intérêt ; l’autre, qu’il était parvenu à être admiré sans envie ; un troisième, qu’il était redouté de ses ennemis sans en être haï ; mais enfin, ce que le roi sentit sur cette perte, et ce qu’il dit à la gloire de cet illustre mort, est le plus grand et le plus glorieux éloge de sa vertu.
La supériorité de ses talents et l’étendue prodigieuse de ses connaissances lui avaient attiré un grand nombre de disciples, et les écoles d’Alexandrie ont consacré à jamais son nom et sa gloire. […] Voilà à quelle école respectable s’étaient formés les hommes qui ont le plus contribué parmi nous à la gloire de la chaire, au triomphe des vérités évangéliques, et par conséquent à la félicité du genre humain : deux choses qui sont l’une de l’autre une conséquence immédiate, et que l’on n’a jamais séparées impunément.
L’Académie française a pu lui appliquer ce vers : Rien ne manque à sa gloire, il manquait à la nôtre. […] Croyez-vous qu’il suffise d’en porter le nom et les armes, et que ce nous soit une gloire d’être sortis d’un sang noble, lorsque nous vivons en infâmes ? […] Aussi nous n’avons part à la gloire de nos ancêtres qu’autant que nous nous efforçons de leur ressembler ; et cet éclat de leurs actions, qu’ils répandent sur nous, nous impose un engagement de leur faire le même honneur, de suivre les pas qu’ils nous tracent, et de ne point dégénérer de leur vertu, si nous voulons être estimés leurs véritables descendants. Ainsi vous descendez en vain des aïeux dont vous êtes né ; ils vous désavouent pour leur sang, et tout ce qu’ils ont fait d’illustre ne vous donne aucun avantage : au contraire, l’éclat n’en rejaillit sur vous qu’à votre déshonneur, et leur gloire est un flambeau qui éclaire aux yeux d’un chacun la honte de vos actions.
Avouez-le de bonne foi, Vous tisonnez tout comme moi… Ce savant, par exemple, attaché sur son livre, Mais qui n’invente rien, ne dit rien de nouveau, Des Auteurs qu’il regratte et qu’il vend à la livre, Croit égaler la gloire, et que son nom doit vivre Comme le leur, au-delà du tombeau. […] « Non, après ce que nous venons de voir, la santé n’est qu’un nom, la vie n’est qu’un songe, la gloire n’est qu’une apparence, les grâces et les plaisirs ne sont qu’un dangereux amusement : tout est vain en nous, excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités, et le jugement arrêté qui nous fait mépriser tout ce que nous sommes. […] Une jeunesse éternelle, un bonheur sans fin, une gloire toute divine est peinte sur leur visage ; mais leur joie n’a rien de folâtre ni d’indécent ; c’est une joie douce, noble, pleine de majesté : c’est un goût sublime de la vérité et de la vertu qui les transporte. […] Sa gloire toute seule aurait pu faire des envieux ; sa piété rendra sa gloire même respectable : ses entreprises auraient trouvé des censeurs ; sa piété sera l’apologie de sa conduite : ses prospérités auraient excité la jalousie ou la défiance de ses voisins ; il en deviendra par sa piété l’asile et l’arbitre.
La force de son caractère, l’amour de la gloire et le dévouement à une idée l’élevèrent au-dessus des querelles de son temps ; au lieu de se dépenser au jour le jour, il économisa si bien ses facultés qu’il ne se laissa pas distraire un instant du sujet grandiose auquel il avait voué son existence. […] D’ailleurs elle ne nous a transmis que les gestes de quelques nations, c’est-à-dire les actes d’une très-petite partie du genre humain : tout le reste des hommes est demeuré nul pour nous, nul pour la postérité ; ils ne sont sortis de leur néant que pour passer comme des ombres qui ne laissent point de traces ; et plût au ciel que le nom de tous ces prétendus héros, dont on a célébré les crimes ou la gloire sanguinaire, fût également enseveli dans la nuit de l’oubli ! […] Les fleurs, les fruits, les grains perfectionnés, multipliés à l’infini ; les espèces utiles d’animaux transportées, propagées, augmentées sans nombre ; les espèces nuisibles réduites, confinées, reléguées ; l’or, et le fer plus nécessaire que l’or, tirés des entrailles de la terre ; les torrents contenus, les fleuves dirigés, resserrés ; la mer même soumise, reconnue, traversée d’un hémisphère à l’autre ; la terre accessible partout, partout rendue aussi vivante que féconde ; dans les vallées de riantes prairies, dans les plaines de riches pâturages ou des moissons encore plus riches ; les collines chargées de vignes et de fruits, leurs sommets couronnés d’arbres utiles et de jeunes forêts ; les déserts devenus des cités habitées par un peuple immense, qui, circulant sans cesse, se répand de ces centres jusqu’aux extrémités ; des routes ouvertes et fréquentées, des communications établies partout comme autant de témoins de la force et de l’union de la société ; mille autres monuments de puissance et de gloire démontrent assez que l’homme, maître du domaine de la terre, en a changé, renouvelé la surface entière, et que de tout temps il partage l’empire avec la nature. […] L’homme, qui ne peut que par le nombre, qui n’est fort que par sa réunion, qui n’est heureux que par la paix, a la fureur de s’armer pour son malheur et de combattre pour sa ruine : excité par l’insatiable avidité, aveuglé par l’ambition encore plus insatiable, il renonce aux sentiments d’humanité, tourne toutes ses forces contre lui-même, cherche à s’entre-détruire, se détruit en effet ; et après ces jours de sang et de carnage, lorsque la fumée de la gloire s’est dissipée, il voit d’un œil triste la terre dévastée, les arts ensevelis, les nations dispersées, les peuples affaiblis, son propre bonheur ruiné et sa puissance réelle anéantie. […] Avoir parcouru l’un et l’autre hémisphère, traversé les continents et les mers, surmonté les sommets sourcilleux de ces montagnes embrasées où des glaces éternelles bravent également et les feux souterrains et les ardeurs du midi ; s’être livré à la pente précipitée de ces cataractes écumantes, dont les eaux suspendues semblent moins rouler sur la terre que descendre des nues ; avoir pénétré dans ces vastes déserts, dans ces solitudes immenses, où l’on trouve à peine quelques vestiges de l’homme, où la nature, accoutumée au plus profond silence, dut être étonnée de s’entendre interroger pour la première fois ; avoir plus fait, en un mot, par le seul motif de la gloire des lettres, que l’on ne fit jamais par la soif de l’or : voilà ce que connaît de vous l’Europe, et ce que dira la postérité.
N’est-ce pas d’ailleurs grâce à cette culture non interrompue que la France a occupé un si haut rang parmi les États2, a entraîné les autres nations à la suite de ses idées ou de ses entreprises, a produit sans relâche comme sans fatigue tant de brillants génies qui, après lui avoir donné la gloire élevée des lettres et les beaux plaisirs des arts, lui ont encore procuré le solide avantage des lois ? […] Un tel sort n’est sans doute pas à craindre pour le pays qui conserve l’amour des nobles études ; qui, après s’être mis à la tête de la civilisation intellectuelle, de l’Europe, sait toujours s’y maintenir ; qui a vu depuis cinquante années les grands talents au service des grandes affaires, et qui promet à l’esprit la gloire comme autrefois, et plus qu’autrefois le gouvernement de l’État.
Ce fut l’expression naïve de ce caractère simple, qui, n’ayant de faste ni dans la vertu ni dans la gloire, savait à peine que sa grande âme était connue ». […] « On peut se tromper dans l’admiration ; on peut trop se hâter d élever des monuments de gloire ; on peut prendre de la fortune pour du mérite : mais quand un peuple entier aime éperdument, peut-il errer ?
La gloire est toujours méritée — … La réputation est le jugement de quelques hommes. […] Vous vous étendrez davantage sur la gloire que sur la réputation. […] Amis, parents, gloire, bonheur, tout s’évanouit. […] On décide que la patrie d’Euripide sera sauvée, et celle gloire est due à la poésie. […] … Cette pensée est indigne de leur gloire.
De quel front |, immolant tout l’État à ma fille, Roi sans gloire |, j’irais vieillir dans ma famille. […] C’est à ces actions que la gloire les porte ! […] Ce fut la gloire du roi de diriger ce grand mouvement des lettres, consacrées à l’expression du vrai, de l’utile et du beau. […] Tous ajoutèrent à la gloire de la littérature et de la langue ; mais l’âge de la perfection était passé. […] Que sert ce vain amas d’une inutile gloire, etc.
je suis content de vous ; vous avez à la journée d’Austerlitz justifié tout ce que j’attendais de votre intrépidité ; vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire. […] Vous avez décoré vos aigles d’une immortelle gloire , ici le soldat n’est déjà plus seul. […] C’est dire en d’autres termes : vous avez couvert de gloire vos personnes et vos aigles, et de confusion vos puissants ennemis. […] C’est donc l’armée qui soutient seule la couronne de son empereur et qui renverse les projets des ennemis de sa gloire, qui les punit et leur donne des leçons de sagesse. […] Ce mélange de gloire et d’amour, d’idées douces et guerrières, est le sublime du genre, et plus d’un grognard, qui se croyait un cœur de bronze, à dû sentir avec étonnement sa paupière se soulever, et essuyer furtivement une larme sur le revers de sa manche.
Cousin n’avait jamais cessé d’être sensible à la gloire littéraire ; cette passion le suivit dans sa retraite dont il charma les loisirs par des études historiques, où les vues pénétrantes, mais parfois paradoxales d’un savoir aussi précis qu’enthousiaste, s’allient à l’éclat d’une forme magistrale, et à cette puissance d’imagination qui rend la vie à la poussière des morts. […] Mais qu’importe la gloire et ce bruit misérable que l’on fait en ce monde, si quelque chose de lui subsiste dans un monde meilleur, si l’âme que nous avons aimée respire encore, avec ses sentiments et ses pensées sublimes, sous l’œil de celui qui le créa ?
L’amour de la gloire se ranima aussitôt dans le cœur du jeune héros, qui, cette même année, vainqueur près de Nimègue, s’empara, l’année suivante, du vieux Brisach. […] D’autres qualités, non moins précieuses et non moins connues, lui méritèrent la gloire d’être appelé, par la voie d’une élection juridique, au trône de Pologne. […] Après la paix de Rastadt, signée en 1714, il soutint parfaitement sa gloire, dans une nouvelle guerre contre les Turcs, Mais la fin de sa carrière ne fut pas, à beaucoup près, aussi brillante que le milieu. […] Durant le siège de cette ville, il tut la terreur des Grecs, dont il brûla la flotte, et soutint plusieurs combats singuliers, d’où il sortit toujours couvert de gloire. […] Il fut lui-même à son tour la victime des cabales de ses envieux ; et l’homme qui avait été la gloire d’Athènes, en fut banni Artaxercès, roi des Perses, lui donna une retraite dans ses états, et le nomma bientôt après commandant général de ses armées contre les Grecs.