Il ne faut pas oublier non plus les dimensions proportionnelles pour les diverses formes employées dans un écrit. […] La forme naturelle est la narration ; mais pour donner plus d’animation à votre style, pour y jeter de la variété, pour mieux faire saisir les intentions et le caractère de vos héros, vous avez recours au dialogue, vous cédez la parole à vos personnages. Rappelez-vous alors que cette nouvelle forme introduite subsidiairement doit être en proportion avec les dimensions du récit. […] Disposez donc votre ouvrage de manière à y faire contraster les idées et les formes. […] Telles étaient les mœurs du moyen âge, soit ; tel fut même, si l’on veut, à une certaine époque, l’esprit du christianisme mal compris ; mais vouloir réinstaller de telles mœurs et un tel esprit dans l’art contemporain est un anachronisme aussi repoussant que si l’on demandait aux souverains de rétablir les Triboulet et les Langely à titre d’office ; aux évêques, de faire suivre les sermons de Lacordaire des trépignements de la fête des Fous ou du braiment de celle de l’âne ; aux architectes, de dérouler des processions de goules, de dogues, de gnomes, de démons de toute forme autour de nos frises et de nos corniches.
Ainsi, à propos du récit, par exemple, point de traité sur la manière d’écrire l’histoire ou le roman, mais quelques préceptes sur la disposition et la forme de la narration en général, qu’elle constitue le livre lui-même, ou n’y entre qu’accidentellement. […] Pour l’une comme pour l’autre, il faut faire un choix dans l’ensemble des objets, déterminer les points les plus saillants, les plus utiles ; à moins qu’il n’y ait quelque circonstance dominante et qui appelle tout d’abord les regards, distribuer le tout par groupes, le ciel, le terrain, les eaux, puis le feuillage et les fabriques, ou encore d’après les impressions des sens, les formes, les couleurs, les bruits, les odeurs ; si le sujet est vaste, préférer en général l’opposition des contrastes aux rapprochements des harmonies, les masses aux détails, et là même où les détails sont de mise, se restreindre à ceux qui ont un caractère assez tranché pour frapper l’esprit. […] Wey, les plans comme les détails se présentent un à un à la pensée, et se traduisent sous la forme la plus naïve, sous une forme toujours la même. […] L’originalité des formes y contribuera. […] Vous verrez, quand il sera question des figures, pourquoi de toutes ces formes la prosopopée qui substitue des êtres fantastiques aux êtres réels est la seule qui me paraîtrait pouvoir se rattacher au style figuré, en se plaçant auprès de l’allégorie.
La tragédie étant donc née comme d’elle-même, ainsi que la comédie : l’une du dithyrambe, l’autre des farces satiriques, qui sont encore en usage dans quelques-unes de nos villes ; la première se perfectionna peu à peu, à mesure qu’on apercevait ce qui pouvait lui convenir ; et après divers changements, elle se fixa à la forme qu’elle a maintenant, et qui est sa véritable forme. […] Mais quand une fois elle a eu pris une certaine forme, elle a eu aussi ses auteurs, qui sont renommés. […] Or il est évident que dans les drames on use des mêmes formes lorsqu’il s’agit de rendre le terrible, le pitoyable, le grand, le vraisemblable. […] Des formes du nom. […] Comme alors les mots n’ont plus leur forme usitée, ils paraissent extraordinaires ; et cependant, comme ce sont toujours les mêmes mots, ils conservent leur clarté.
C’est moins un genre particulier qu’un genre collectif, qui renferme des ouvrages bien différents par la forme et par l’objet. Les ouvrages didactiques sont en général des ouvrages sérieux, où le jugement a plus de part que l’imagination, et qui ont pour but de communiquer directement des connaissances sous forme d’enseignement. […] Les règles, dans chaque ouvrage didactique, sont tracées à l’auteur parle sujet même ; c’est de son goût, de son jugement que dépendent la forme, le plan et le style convenables.
Voyez maintenant l’homme et les autres animaux, leur forme, leur structure. […] Le vrai style oratoire est celui qui marque toutes les ondulations du discours, comme une étoffe légère dessine les formes du corps. […] La période est sa forme naturelle. […] La simplicité du récit et la vivacité de la réfutation s’accommoderaient peu de cette forme grave et majestueuse. […] La rhétorique a finement et curieusement analysé toutes les formes du style oratoire.
On continua pourtant d’imiter les formes et les expressions de l’antique poésie ; on laissa à cette imitation dégénérée le nom de poésie lyrique ; les poètes répétèrent souvent : Je chante, et parlèrent toujours des accords de la lyre, en travaillant péniblement leurs vers dans le silence du cabinet. […] 4° Différentes formes de la poésie lyrique. […] Chez les modernes, le chant lyrique est- souvent libre, mais l’ode a une forme déterminée, le poète arrange à son gré la strophe, mais toutes les strophes doivent se ressembler par le nombre et la disposition des vers. […] La chanson, par la forme multiple de son inspiration, se rapproche tour à tour de l’épigramme, du madrigal, de l’élégie, de la pastorale, et même de l’ode, comme nous le voyons souvent dans Béranger.
La ballade allemande à une autre forme et un autre caractère : c’est un petit poème d’un genre capricieux et fantastique, qui, sous une forme presque lyrique, contient ordinairement un récit merveilleux, une légende tragique, un rêve, une tradition populaire. […] Si nous en parlons ici, c’est pour être complet, et suivre toutes les variétés de la forme poétique, depuis les plus sublimes conceptions jusqu’aux plus frivoles. […] La charade est une énigme où l’on donne à deviner un mot dont on divise les syllabes, quand chacune de ces syllabes forme un mot : Quoique je porte un nom vulgaire, Chacun m’estime et me chérit.
Cette observation est juste et à sa place, mais la forme en est abstraite et philosophique. […] On y trouve la forme d’une conversation, mais l’esprit y manque. […] Il paraît que ce sont les Grecs qui, les premiers, donnèrent une forme régulière aux ouvrages de poésie. […] Telle est, en général, la forme de la poésie des Hébreux. […] Elle se distingue de l’histoire par sa forme poétique et en même temps parce qu’elle admet la fiction.
Mais dès que les sons prétendent représenter une pensée, une image, un sentiment, soit sous les formes vagues et souples de la musique, soit dans le langage plus strict et mieux défini de la littérature, l’oreille ne se contente plus de sa première jouissance, elle n’est pleinement satisfaite que par l’accord entre les sons et l’idée ou l’émotion à laquelle ils s’appliquent. […] L’idiome contracte des habitudes, résultat de ces circonstances et de la nature, et l’ensemble de ces habitudes forme ce qu’on appelle le génie de la langue. […] Mais déjà Alexandre réveillé s’est élancé dans les plaines d’Arbelle, et voilà que, brusquement, sans transition, la forme interrogative nous arrache aussi au lit du duc d’Enghien, et nous jette d’un seul bond à travers la mêlée où l’emporte la téméraire intrépidité de sa jeunesse ; et une fois là, voyez les phrases coupées, le cliquetis des antithèses, l’infinitif qui se multiplie et court de tous côtés comme le prince. […] Pourquoi n’admet-on pas en vers cette forme si française, il y a, il y aurait… puisqu’on trouve quelque douceur dans le mot Ilion : Ilion, ton nom seul a des charmes pour moi ! […] Pour comprendre toute la vertu de l’harmonie, opposez l’un à l’autre deux écrivains qui aient traité la même pensée, l’un dans un langage harmonieux, l’autre avec des formes rudes et sifflantes, je dis tout mérite d’expression à part.
On dira fort bien en effet que, selon la nature du sujet, la forme adoptée, la classe de lecteurs ou d’auditeurs auxquels on s’adresse, les mœurs, les circonstances, etc., le genre d’écrire sera plus nu ou plus fleuri, plus négligé ou plus châtié, plus familier ou plus noble. […] Présentez l’histoire des dieux païens et de leur entourage sous la forme de Lettres à Emilie, je le veux bien, le correspondant est à la hauteur du sujet ; mais s’il s’agit de chimie ou d’astronomie, faites-moi grâce de votre prose légère et de vos bouquets à Chloris. […] Songez bien que ces deux qualités ne sont admissibles dans la forme que quand elles existent dans le fond. […] Le premier point à remarquer dans tous ces morceaux, c’est que la véhémence était dans le fond avant d’être dans la forme : rien de plus ridicule que de s’échauffer à froid ; le second, c’est la forme elle-même, les brusques mouvements de phrase, les constructions brisées, les accumulations, les suspensions, les interruptions fréquentes, fidèle image du désordre de l’orateur ou du personnage mis en scène. […] Mais la forme à part, quel père n’eût fait de même88 ?
Le plus ou moins d’habileté dans ces trois opérations de l’esprit forme ce qu’on appelle le style. […] L’idée (είδω, je vois) n’est que la simple représentation que l’esprit se forme des objets. […] Les formes nues et les idées abstraites nous rebutent et nous lassent bientôt. […] Rousseau est le créateur de ce genre, mais aujourd’hui on a modifié un peu la forme qu’il lui avait donnée. […] À la forme de l’épopée se rattache la question du style que l’on doit employer.
De là ces formes gracieuses : his de rebus, his in terris, multos antè annos, paucis post diebus, etc. […] Ab devant les voyelles et les consonnes avec lesquelles il forme une heureuse liaison. […] Mouler sur la même forme toute une suite de périodes n’est pas moins fastidieux que de chanter toujours sur le même ton. […] La liaison se forme aisément entre des sensations qui affectent le même organe. […] Virgile sait profiter du moment où ils offrent à la vue les formes les plus saisissantes, pour nous en retracer les principaux traits.
Si, dès le principe, l’auteur a soin, quand ses conceptions sont absolument neuves, de fixer et de bien définir sa terminologie : quand elles ne le sont pas, de se conformer au langage reçu, et d’éviter, autant que possible, le charlatanisme des termes techniques et l’affectation des formes étranges, il sera compris de tous les hommes intelligents, et son ouvrage gagnera en mérite et en renommée, même auprès des masses. […] Je prise fort, je l’avoue, ces vieilles formes, à l’aide desquelles la langue remonte à ses origines, et j’estime qu’il est d’une saine littérature de ramener à leur sens natif les vocables que le temps en a détournés. […] Il employait dans son récit les formes contemporaines, même les plus avancées, et dans son dialogue le style qu’on nomme moyen âge. […] ou faut-il croire, avec ses ennemis, que la forme n’est barbare que parce que le fond est absurde ? […] Villemain, comparant les formes du xvie siècle à celles du xviie , conclut que de l’un à l’autre notre langue est devenue plus grammaticale et moins française.
La nouveauté consiste à rajeunir, par l’expression ou par le tour, des circonstances et des formes très souvent employées. […] Tout, dans une description, doit donc être marqué et particularisé autant qu’il est possible de le faire, afin que l’esprit s’en forme une image distincte et complète. […] C’est sous cette double forme que les compositions descriptives sont données en devoir aux élèves. […] Elle est l’œuvre de l’imagination : le fond des choses, la disposition, la forme, tout est à la disposition de l’écrivain. […] Sénèque, Pascal, Bossuet et beaucoup d’autres, ont donné cette forme à des traités de philosophie, de religion, de morale, de politique ou de littérature.
On donne ce nom à la collection des règles, à l’ensemble des préceptes relatifs à la poésie, à sa nature, aux qualités qu’elle exige du poète, à sa forme, ainsi qu’aux caractères, aux tons distincts des différents genres qu’elle renferme. […] Admirateur enthousiaste du prince des poètes latins, il ne pense qu’avec ses expressions, il imite toutes ses formes, et quelquefois, dans ses beaux moments, il réunit son génie heureux à la brillante fécondité d’Ovide. […] Les grandes divisions d’une poétique complète, qui nous seront fournies, ainsi que les divisions secondaires, par la définition qui est en tête de cet ouvrage, peuvent se réduire à deux : la première comprendra ce qui concerne la poésie considérée d’une manière générale, c’est-à-dire, sa nature, sa forme, et les qualités qu’elle exige du poète ; et la seconde renfermera ce qui regarde la poésie considérée en particulier ou les différents genres qu’elle renferme, genres principaux ou grands genres, et genres secondaires.
La nature et les circonstances du fait, le caractère de l’accusé et la forme du jugement, tout se réunit pour faire de cette cause, vraiment célèbre, la plus importante qui ait jamais été plaidée. […] Celle d’un tribunal si extraordinaire, et de formes si nouvelles, si étrangères aux formes habituelles du barreau, devaient inspirer naturellement quelque défiance au défenseur de Milon ; et c’est de cette crainte même, dont il ne peut se défendre entièrement, que l’orateur a su tirer ce bel exorde. […] Mais le fier, l’intrépide Milon, avait dédaigné toutes ces formes humiliantes ; il ne témoignait aucune crainte, et n’avait fait aucune sollicitation. […] cette forme nouvelle d’un tribunal si nouveau jusqu’ici m’intimide malgré moi ; de quelque côté que se promènent mes regards, ils ne rencontrent de toutes parts qu’un appareil inouï, et cherchent en vain les formes accoutumées du barreau.
Car dans le choix du sujet est compris celui de la forme, qui appelle également toute l’attention de l’écrivain. […] Ainsi, moral, intéressant, fécond, proportionné aux forces de l’écrivain et à la forme adoptée, qualités souveraines du sujet, auxquelles on pourrait en ajouter d’autres. […] Mais il est des matériaux tout à fait rebelles à la forme, permettez-nous au moins de dire qu’il ne faut jamais les employer. […] Est-elle puérile, la puérilité du fond rendra la forme plate et niaise, ou pédantesque et alambiquée.
Le sens figuré d’un mot est celui qu’il n’avait pas à son origine, mais qui lui a été donné par analogie 5, pour exprimer sous une forme sensible des objets spirituels avec lesquels il a des rapports de ressemblance. Ainsi, quand on dit ignis amoris, le feu de l’amour ; ignis iræ, le feu de la colère ; le mot ignis n’offre plus à l’esprit l’idée d’un feu matériel ; mais il peint sous une forme sensible l’ardeur d’une âme qui éprouve de vifs sentiments d’amour ou de colère. […] Ainsi, quand de la racine am on forme amabilis, il n’y a à considerer que la désinence spécificative abil et la declinative is. Et, lorsque d’amabilis on forme amabilitatis, il n’y a à remarquer que la spécificative itat et la déclinative is, puisque amabil est déjà connu.
Nous avons dit que la science, l’expérience et la méditation donnent le fond, et la logique la forme de l’argumentation. […] L’axiome suivant constitue donc la raison du syllogisme, considéré du moins dans sa forme ordinaire : Tout ce qui peut être affirmé ou nié universellement d’une idée peut être affirmé ou nié de chaque espèce particulière et de chaque individu compris dans cette idée. […] On voit que ces deux dernières formes peuvent se ramener toujours à la première. […] La majeure du dilemme se forme d’une proposition conditionnelle dont l’antécédent est l’assertion qui doit être niée, et le conséquent l’énumération de toutes les hypothèses qui peuvent amener cette assertion ; la mineure rejette ensuite toutes les suppositions contenues dans le conséquent, et dès lors il ne reste plus dans la conclusion qu’à rejeter l’antécédent lui-même, c’est-à-dire à poser la vérité contraire à cet antécédent. […] Que l’écrivain, logicien toujours sévère pour le fond, emploie rarement les formes rigoureuses de l’école.
Faites vos autres remarques sur la forme. […] Forme. […] Forme. […] Forme. […] L’Italie a, sur la carte, la forme d’une botte.
La littérature forme donc la base essentielle de toutes nos connaissances ; elle se mêle à toute notre vie : c’est le flambeau de l’intelligence. […] Rousseau, Lamartine, si l’on n’a pas étudié la nature et les formes de la poésie lyrique ; Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand, Delille, si l’on n’a une idée du genre didactique et descriptif ? […] Nous y parlons de la poésie, non pas seulement comme forme littéraire, mais aussi comme expression suprême de la création divine et des créations humaines dans tous les arts ; nous la montrons partout, comme l’auréole de l’inspiration et de l’imagination dans le génie et le talent.
Les anciens entendaient par harangues presque toutes les variétés de formes de l’éloquence. […] Pour la forme, on suivra les mêmes procédés que pour les décompositions précédentes. […] Forme. — Un langage simple, où respirent la fierté et l’héroïsme est le seul qui puisse être tenu à une vaillante armée. […] Forme. — Arrêtez-ici vos regards. […] Chaque réunion de deux syllabes forme un pied.
Quelques-unes veulent être présentées sous une forme rigoureuse ; le plus souvent il faut voiler cette forme aride et compassée sous un tour rapide et gracieux. […] Nous allons donner quelques règles sur ces diverses formes de la prédication. […] On peut donner au panégyrique la forme morale ou la forme historique. […] Ils se prêtent d’ailleurs à toutes les formes et à tous les mouvements oratoires. […] Les formes sont plus simples et les juges moins nombreux.
Comment se forme le féminin dans les adjectifs. […] Comment se forme le pluriel dans les adjectifs. 21. — Le pluriel, dans les adjectifs, se forme comme dans les noms, en ajoutant s à la fin : bon, bonne ; au pluriel, bons, bonnes, etc.
Tout ce qu’elle peut faire, c’est de montrer, par l’analyse des pensées où se rencontrent ces qualités, sous quelles formes elles se produisent. […] Sans prétendre donc, avec Victor Hugo, que le grotesque et le grave, marchant si souvent de front dans la nature, doivent être aussi mêlés et confondus dans l’art, nous pouvons dire qu’il est peu de sujets et peu de génies qui ne se prêtent à l’enjouement du style, que la langue de la plaisanterie forme presque la moitié de la langue populaire, qu’il faut done l’étudier soigneusement, et que si en effet le style enjoué demande plus de naturel encore que le sérieux, cette étude bien dirigée ne servira qu’à perfectionner la nature. […] Mais au xviie , sans parler des poëtes, les modèles en prose abondent : madame de Sévigné, la Bruyère, Hamilton, le Roman comique, Gil Blas qui, publié dans la dernière année du règne de Louis XIV, appartient pour la forme comme pour le fond au xviie siècle plutôt qu’au xviiie . […] Enfin, outre les qualités essentielles et accidentelles, il est, avons-nous dit, certaines formes de langage qui ajoutent beaucoup à la grâce ou à l’énergie du style. […] Le droit de tout dire sans exception de forme serait une dispense de talent.
Il n’y a nul mérite, sans doute, mais aussi nulle chance d’erreur, dans l’emploi de ces formes consacrées, aussi vieilles, semble-t-il, que le français même, dont tout le monde use, sans y songer, en parlant ou en écrivant, et qui n’en sont pourtant pas moins des figures : il est enflammé de courroux ; lisez Cicéron ; donnez-moi un petit verre ; chevaucher sur un bâton, etc. Mais quand Racine dit : Quel est ce glaive enfin qui marche devant eux ; quand Corneille crée l’expression que nous avons déjà remarquée : Et tous trois à l’envi s’empressaient ardemment A qui dévorerait ce règne d’un moment ; quand, d’autre part, des hommes de talent se laissent entraîner aux vicieuses métaphores que nous avons signalées plus haut, il est bien évident que ce ne sont plus là des figures de domaine public, dont on ne doit tenir aucun compte à l’écrivain ; elles appartiennent en propre à celui qui les a créées, et peuvent, en conséquence, être étudiées comme formes à imiter ou à fuir. […] Ces formes, sobrement admises, contribuent sans doute à l’élégance du style, mais, multipliées outre mesure, elles entraînent à des longueurs, en doublant sans nécessité les sujets et les régimes. […] A ce compte une foule d’allusions, d’allégories, d’arguments ad hominem, tournés de manière à pouvoir nier l’application, ces formes des comiques : Je ne dis pas cela… Oh ! […] Mascaron en aurait signalé lui-même une sublime, lorsque, dans un de ses sermons, rappelant à Louis XIV l’histoire de Nathan, envoyé de Dieu pour annoncer à David le châtiment de son adultère, il ajouta ces remarquables paroles de saint Bernard : « Si le respect que j’ai pour vous ne me permet de dire la vérité que sous des enveloppes, il faut que vous ayez plus de pénétration que je n’ai de hardiesse, et que vous entendiez plus que je ne vous dis. » Je bornerais volontiers la métalepse à l’une de ses applications, la plus ingénieuse, et en même temps la plus hardie, à cette forme par laquelle un écrivain semble effectuer lui-même ce qu’il ne fait que raconter ou décrire.
C’est le meilleur moyen de fie former à la fois la pensée, le jugement et le style ; on se pénètre peu à peu des tours, des images, de l’harmonie des bons auteurs ; on s’enrichit la mémoire ; le goût se forme ; on acquiert le sentiment du beau, qui est l’idéal auquel doivent aspirer tous les arts. […] Tout ce que nous apprenons, à mesure que nous avançons en âge, forme ce qu’on appelle l’instruction. […] Elle développe le fond de nos connaissances, elle les agrandit ; elle nous forme à la fois le cœur et l’esprit ; elle nous initie aux secrets de la langue et aux finesses du style ; enfin, elle nous offre des modèles variés de composition. […] Surtout, j’ai une extrême satisfaction à lire avec une personne d’esprit ; car, de cette sorte, on réfléchit à tout moment sur ce qu’on lit, et des réflexions que l’on fait, il se forme une conversation la plus agréable du monde et la plus utile. » Si l’esprit des jeunes gens a été bien préparé par les moyens que nous venons d’indiquer, ils acquerront promptement le sentiment du beau et du bon, qui est le but de tous les arts ; et ils aimeront la littérature, les bonnes lettres, comme disaient les anciens, les belles-lettres, comme disent les modernes. […] Tous les préceptes du monde ne suffisent pas pour donner du goût ; c’est par l’étude et par la comparaison des modèles qu’il se forme : l’enseignement du maître consiste à faire ressortir les beautés, à les montrer aux yeux des élèves, à exciter en eux la délicatesse du sentiment, à former leur jugement par une critique éclairée et impartiale.