/ 364
110. (1853) Exercices de composition et de style ou sujets de descriptions, de narrations de dialogues et de discours

Regnier croit que sa dernière heure est venue. […] … on croit qu’il les a volées. […] Sans croire précisément son père capable d’un crime, elle tremble pour son mari. […] Il croit que c’est l’ombre de sa victime qui sort des enfers ; l’épouvante le glace. […] Si le roi croit ce mariage illégitime, qu’il le fasse annuler ; s’il le croit légitime, qu’il protège la femme et les enfants de son fils.

111. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Vous eussiez eu peur sans doute, mademoiselle, de me voir entre ces messieurs-là, et voulussiez cru qu’ils m’allaient couper la gorge. […] Mais, surtout, je voudrais que vous eussiez vu la mine de mon neveu et de mon valet, qui croyaient que je les avais menés à la boucherie. […] Il est inaccessible à une armée… On l’a cru jusqu’à ce jour. Les soldais français le croient encore. […] Viennet a faits pour essayer d’arrêter les progrès de cette épidémie littéraire, et nous croyons que ses efforts ont été couronnés de quelque succès.

112. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre III. Analyse et extraits des Harangues d’Eschine et de Démosthène, pour et contre Ctésiphon. »

Sa haine crut avoir enfin trouvé une circonstance favorable dans la perte de la fatale bataille de Chéronée, qui avait abattu la puissance d’Athènes, et rendu Philippe l’arbitre de la Grèce. […] « Je désirerais sincèrement que tout fût sagement réglé par les magistrats et dans le conseil des cinq-cents, et dans les assemblées du peuple ; que l’on remît en vigueur les lois de Solon, qui concernent les orateurs ; que d’abord, sans trouble et sans tumulte, le plus âgé pût jouir de son privilège, monter le premier à la tribune, y donner modestement l’avis qu’il croit le plus utile ; qu’ensuite celui qui le voudrait pût à son tour, et suivant son âge, exposer son sentiment sur le sujet de la délibération. […] Ô le plus faible, ô le plus inutile de tous les hommes, dès qu’il est question d’agir, mais le plus confiant, le plus admirable, quand il ne faut que parler, oseras-tu réclamer devant cette assemblée la couronne que tu crois mériter ! […] Mais puisqu’il me presse de répondre, Athéniens, je dirai quelque chose de plus fort, et je le dirai sans présomption, je vous conjure de le croire, mais avec l’âme d’un Athénien. […] Croyez-vous que Thémistocle, que nos braves citoyens morts à Marathon et à Platée, que les tombeaux même de nos ancêtres ne gémiront pas, si l’on couronne celui qui avoue lui-même avoir conspiré avec les barbares contre les Grecs.

113. (1867) Rhétorique nouvelle « Tableau des figures » pp. 324-354

s’écrie-t-il, vous avez cru que votre crime resterait enseveli dans l’ombre et que Dieu seul serait témoin de ce qui s’est passé entre votre victime et vous. Vous avez cru pouvoir tromper la justice par votre silence et vos dénégations. […] Que croyez-vous qu’il arriva ? […] Quand Boileau dit à Louis XIV : Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d’écrire, ne croirait-on pas que c’est un reproche qu’il lui adresse ? […] J’ai cru devoir donner ici une place à cette figure, en attendant que les rhéteurs lui donnent un nom.

114. (1867) Rhétorique nouvelle « Première partie. L’éloquence politique » pp. 34-145

Donc, voulez-vous m’en croire ? […] Croyez bien qu’il n’y a qu’une éloquence politique, celle qui se forme dans la pratique des affaires et dans les luttes de la tribune. […] Ne croyez pas toutefois que la franchise de Démosthène fût exempte de tout art. […] Vous attendez qu’il vous lance un manifeste, mais attendez donc alors, pour croire aux hostilités, qu’il entre dans vos murs ! Comment pouvez-vous être assez simples pour croire qu’il vous déclarera jamais la guerre ?

115. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section troisième. La Tribune sacrée. — Chapitre III. Idée de l’Éloquence des Saints-Pères. »

Sans condamner la manière serrée et austère de saint Basile, son ami, saint Grégoire de Nazianze crut devoir accorder quelque chose à la délicatesse de son siècle. […] On ne croyait pas qu’il fût permis de parler d’une manière simple et naturelle. […] Il ne faut pas croire cependant que cet Africain fameux soit un guide toujours sûr, un oracle toujours infaillible.

116. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Préface. »

Vous serez bien obligé d’en croire tout le monde ; car probablement vous ne ferez pas vos ouvrages pour les lire tout seul1. […] Ne nous croyons pas meilleurs que nous ne sommes, et en attendant que notre talent mûrisse, étudions l’art, qui, en tout état de choses, ne nous sera jamais inutile. […] Il est raisonnable de croire que si Virgile, Cicéron et Racine eussent écrit avant Homère, Démosthène et Corneille, les premiers seraient regardés aujourd’hui comme créateurs et pères de genre, si je puis m’exprimer ainsi.

117. (1854) Éléments de rhétorique française

Et, si tu crois qu’il a mérité d’être frappé de verges, pourquoi le proclames-tu innocent ?  […] — Vous êtes plus au fait, je crois, du militaire ? […] Croyez-vous que les choses du moins fussent égales ? […] Voici seulement ce que nous pouvons croire le meilleur pour nous. […] Ils ne le crurent pas.

118. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Guizot Né en 1787 » pp. 247-250

Dans les caractères actifs et susceptibles, il est toujours tenté de croire à l’injustice, ou de se tourner en dépit et en envie ; dans les caractères mous et faibles, il amène l’insouciance et le découragement : l’humilier, c’est l’aigrir ou l’abattre1 ; on se tromperait fort si l’on croyait exercer par là une honte salutaire ; l’humiliation est toujours funeste à l’honneur : ou bien elle le blesse si vivement qu’il se révolte, ou bien elle le frappe si rudement qu’elle l’atterre2, et ôte la force de nous aider à nous relever. […] Il faut les ménager, et leur faire croire qu’ils ont plutôt oublié que manqué. » 2.

119. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Saint-Marc Girardin Né en 1801 » pp. 275-278

Quand elles sont excessives, elles deviennent uniformes, et l’exagération, qu’on croit être un moyen de donner plus de relief à la passion, l’efface et la détruit2. […] C’est là un peu mon histoire ; seulement je n’ai jamais cru que ma maison fût faite parce que j’en avais amassé les pierres. […] Il dit finement ailleurs : « J’ai la vanité de croire que tout cela ne vaut pas l’ouvrage que je voulais faire, et qui me parait d’autant meilleur que je l’ai toujours imaginé sans l’avoir jamais fait. » 2.

120. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Croire qu’en imitant certaines qualités de pureté, de clarté, de correction et d’élégance, indépendamment du caractère même et de la flamme, on deviendra classique, c’est croire qu’après Racine père, il y a lieu à des Racine fils ; rôle estimable et triste, ce qui est le pire en poésie. […] Le temple du goût, je le crois, est à refaire ; mais en le rebâtissant, il suffit simplement de l’agrandir, en sorte qu’il devienne le panthéon de tous les nobles humains, de tous ceux qui ont accru pour une part notable et durable la somme des jouissances et des titres de l’esprit. […] Le moyen âge, croyez-le bien, et Dante occuperaient des hauteurs consacrées : aux pieds du chantre du Paradis l’Italie se déroulerait presque tout entière comme un jardin ; Boccace et l’Arioste s’y joueraient, et le Tasse retrouverait la plaine d’orangers de Sorrente. […] En attendant, la méthode est des plus utiles en elle-même : il est bon de douter de sa propre sagesse, il est bon de croire, il est bon d’admirer.

121. (1858) Exercices latins adaptés à la Grammaire latine d’après Lhomond. Deuxième partie : Cours gradué de versions latines sur la syntaxe, à l’usage des classes de sixième, cinquième et quatrième. Livre du maître pp. -370

Aussi plusieurs de ceux qui ont composé des grammaires latines ont-ils cru nécessaire de les compléter par des exercices de traduction adaptés à leur méthode ; c’est ce que nous essayons à notre tour de faire pour la nôtre. […] Les hommes croient volontiers ce qu’ils désirent. — 10. Le tyran ne croit ni à la fidélité de ses amis, ni à la piété de ses enfants. — 11. […] Préparer la guerre et ménager en même temps le trésor public, pourvoir à tout au dedans et au dehors, est une tâche plus difficile qu’on ne croit. — 18.

122. (1850) Rhétorique appliquée ou recueil d’exercices littéraires. Préceptes « Première partie - Préceptes généraux ou De la composition littéraire. — Chapitre troisième. De l’élocution. »

Nous nous sommes tellement accoutumés à croire que tout se devine et que rien ne s’apprend ; il y a si peu de gens qui aient cru devoir étudier leur langue, qu’il ne faut pas s’étonner si, parmi ceux qui écrivent, il en est tant à qui la propriété des termes est une science à peu près étrangère. […] Avant de dire, on croit ce qu’on veut dire. […] Il n’y croit que des saules Et tu n’aimes que le laurier. […] Par elle, l’orateur excite l’attention ; on croit deviner ce qu’il va dire et l’on est très surpris de voir arriver toute autre chose. […] Je crois qu’à tous égards ce dernier portrait est préférable au premier, c’est peindre en maître.

123. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

C’est, dans les pensées, un degré de vérité si frappant, si sensible, si exquis, que nous serions presque persuadés que le fabuliste a vu lui-même, et croit voir encore l’action qui nous est racontée, et qu’il ne fait que rendre mot pour mot les discours qu’il a entendus. […] Ce serait une erreur de croire qu’il suffit au poète d’effleurer les choses : il faut qu’il les creuse et les approfondisse. […] Que crois-tu qu’Alexandre215 en ravageant la terre, Cherche, parmi l’horreur, le tumulte et la guerre ? […] Ne croirait-on pas que Malherbe va se borner à des vœux pour le succès de leur entreprise ? […] On le croit entièrement hors de son sujet, qu’il n’a point perdu de vue un seul instant.

124. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Ou voit que l’auteur s’est cru obligé d’exalter cette passion au-delà des bornes vraisemblables, pour s’élever à la hauteur tragique. […] Soit qu’il fût persuadé que l’on ne doit pas plus composer avec le faux goût qu’avec les mauvaises mœurs, soit que le ton dur et tranchant tînt essentiellement à son caractère ou à l’inexpérience de l’âge, il crut qu’il suffisait d’avoir raison, et ne songea qu’à le prouver, insensible d’ailleurs, ou complètement sourd aux clameurs qu’il ne pouvait manquer d’exciter autour de lui. […] Ils avaient senti vivement le charme constamment répandu dans la Jérusalem, et ils se sont crus capables de le faire sentir aux autres : le Tasse a été pour eux un véritable enchanteur ; ils se sont oubliés et méconnus dans son poème, comme Renaud dans les jardins d’Armide. […] Non, sans doute, on n’imite point le génie des choses ; mais il n’est que trop facile de singer celui de l’expression : il n’est que trop facile, et surtout trop commun, de se croire sublime, parce qu’on prodigue de grands mots ; et profond, parce qu’on s’enveloppe à dessein de ténèbres épaisses. […] Mais que la critique se rassure ; ce genre, quelque facile qu’il puisse paraître, n’est pas aussi accessible que l’on le croit à la médiocrité.

125. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Chapitre » pp. 169-193

On te croirait toujours abattu sans effort, Et j’aurais seulement le regret de ta mort. […] Croyez-vous qu’il suffit d’être sorti de moi ? […] De quel front cependant faut-il que je confesse Que ton effronterie a surpris ma vieillesse, Qu’un homme de mon âge a cru légèrement Ce qu’un homme du tien débite impudemment ? […] Si vous ne m’en croyez, Croyez-en pour le moins Cliton que vous voyez : Il sait tout mon secret. […] Demeure ici, demeure, et ne suis point mes pas : Je doute, je hasarde, et je ne te crois pas.

126. (1825) Rhétorique française, extraite des meilleurs auteurs anciens et modernes pp. -433

J’ai extrait de ces auteurs tout ce que j’ai cru y voir d’excellent et de propre à remplir mes vues. […] J’aurais cru laisser mon ouvrage imparfait si je l’eusse passée sous silence. […] Cependant nous avons cru apercevoir une différence entre l’une et l’autre. […] Il faut les ressentir pour y faire croire et pour les transmettre. […] User de pareils moyens ; c’est discréditer sa cause, et faire croire qu’on s’en défie.

127. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Michel de Montaigne, 1533-1592 » pp. -

Mais il en advint « tout au rebours », et son imagination, « comme un cheval échappé », se donna tant de carrière que, pour réprimer ses saillies, et « lui en faire honte », il crut devoir « mettre en rôle toutes ses chimères ». […] Car il ne veut pas être cru sur parole, et nous habitue au libre examen dont il use. […] Une amitié posthume 13 Quoyque des fines gents14 se moquent du soing que nous avons de ce qui se passera icy aprez nous, comme nostre ame, logee ailleurs, n’ayant plus à se ressentir des choses de ça bas15, j’estime toutes fois que ce soit16 une grande consolation à la foiblesse et briefveté de cette vie, de croire qu’elle se puisse farmir1 et alonger par la reputation et par la renommee ; et embrasse tresvolontiers une si plaisante et favorable opinion engendree originellement en nous2, sans m’enquerir curieusement ny comment, ny pourquoi. […] Je crois qu’il le sent aulcunement8, et que ces miens offices le touchent et rejouïssent : de vray, il se loge9 encores chez moy si entier et si vif10, que je ne le puis croire ny si lourdement enterré11, ny si entierement esloingné de nostre commerce.

128. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VIII. De l’Oraison funèbre. »

De tout temps il y eut des hommes privilégiés, pour qui le monde même a cru pouvoir déroger à ses usages ; et il est beau que ce soit pour la vertu modeste et ignorée. […] l’eût-elle cru il y a dix mois ? […] Ce que Jésus-Christ est venu chercher du ciel en la terre, ce qu’il a cru pouvoir, sans se ravilir, racheter de tout son sang, n’est-ce qu’un rien ? […] Le roi, la reine, Monsieur, toute la cour, tout le peuple, tout est abattu, tout est désespéré, etc. » Enfin le dénouement terrible approche ; le trait le plus frappant manque encore à cet éloquent tableau du néant de tout ce que notre erreur appelle et croit grand : « Enfin, la voilà malgré ce grand cœur, cette princesse si admirée et si chérie !

129. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre VI. Analyse du discours sur l’esprit philosophique, par le P. Guénard. »

Cet homme nouveau vint dire aux autres hommes que pour être philosophe, il ne suffisait pas de croire, mais qu’il fallait penser. […] Cependant, malgré les cris et la fureur de l’ignorance, il refusa toujours de jurer que les anciens fussent la raison souveraine ; il prouva même que ses persécuteurs ne savaient rien, et qu’ils devaient désapprendre ce qu’ils croyaient savoir. […] Croire tout sans dicernement, c’est donc stupidité ? […] Ce fut, je crois, le cardinal Maury qui appela le premier l’attention du public sur cette estimable production.

130. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

Il s’abattait parfois sur la forêt avec une telle impétuosité qu’il la bouleversait comme une mer, et que je croyais voir la forêt tout entière pivoter et tournoyer sur ses racines comme un immense tourbillon. […] C’est, je crois, de la voix grave et profonde que roule la lame qui déferle et du bruit grêle et pierreux de la lame qui s’en va en froissant légèrement le sable et les coquillages, que naît ce timbre extraordinaire du chant de la mer. […] J’en trouve la conscience distincte dans un autre passage : « Écrire comme sous les yeux du public est, je crois, une mauvaise méthode, bien qu’on la conseille. […] Il n’était pas de ces mélancoliques orgueilleux qui se croient composés d’une essence raffinée et se révoltent contre la nature ou la société.

131. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre VI. D’Aguesseau et Séguier. »

Si quelquefois il n’a pas la liberté de mesurer le style et les expressions de ses discours, il en médite toujours l’ordre et les pensées ; et souvent même la méditation simple prenant la place d’une exacte composition, et la justesse des idées produisant celle des paroles, l’auditeur surpris croit que l’orateur a travaillé longtemps à perfectionner un édifice, dont il a eu à peine le loisir de tracer le premier plan. […] Il a donné si longtemps des preuves de l’une, et si heureusement réalisé ce qu’il va dire de l’autre, que l’on croirait lire sa propre histoire tracée par la main impartiale de l’équité. […] » Ceux qui étaient les plus faits pour éclairer leurs contemporains, se sont mis à la tête des incrédules ; ils ont déployé l’étendard de la révolte ; et, par cet esprit d’indépendance, ils ont cru ajouter à leur célébrité.

132. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre VI. » pp. 89-94

. — En ce qui touche la célèbre purgation des passions par le drame, nous devons renvoyer d’abord à l’Essai sur l’Histoire de la Critique, p. 180 et suivantes, où nous avons exposé sur ce sujet une opinion que nous croyons devoir maintenir, malgré le dissentiment de plusieurs savants interprètes de la pensée d’Aristote, tels que M. […] Plus récemment encore, nous croyons avoir présenté quelques réflexions utiles sur la moralité du drame selon le sens d’Aristote, dans la vingt-cinquième leçon de L’Hellénisme en France (1869). […] On serait tenté de croire qu’Aristote parle des orateurs plutôt que des poëtes.

133. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — La Rochefoucauld. (1613-1680.) » pp. 15-19

Pour plaire aux autres, il faut parler de ce qu’ils aiment et de ce qui les touche, éviter les disputes sur les choses indifférentes, leur faire rarement des questions et ne leur laisser jamais croire qu’on prétend avoir plus de raison qu’eux. […] On déplaît sûrement quand on parle trop longtemps et trop souvent d’une même chose, et que l’on cherche à détourner la conversation sur des sujets dont on se croit plus instruit que les autres. […] Ils les changent et les corrompent quand ils sortent de l’enfance ; ils croient qu’il faut imiter ce qu’ils voient, et ils ne le peuvent parfaitement imiter : il y a toujours quelque chose de faux et d’incertain dans cette imitation.

134. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Le Sage 1668-1747 » pp. 139-143

Vous voyez dans ce jeune gentilhomme la huitième merveille du monde4 » Puis, se tournant de mon côté, et me jetant les bras5 au cou : « Excusez mes transports, ajouta-t-il ; je ne suis point maître de la joie que votre présence me cause » Je ne pus lui répondre sur-le-champ, parce qu’il me tenait si serré, que je n’avais pas la respiration libre ; et ce ne fut qu’après que j’eus la tête dégagée de l’embrassade, que je lui dis :« Seigneur cavalier, je ne croyais pas mon nom connu à Pennaflor. — Comment, connu ! […] Soyez désormais en garde contre les louanges ; défiez-vous des gens que vous ne connaîtrez point6Vous en pourrez rencontrer d’autres qui voudront, comme moi, se divertir de votre crédulité, et peut-être pousser les choses encore plus loin ; n’en soyez point la dupe, et ne vous croyez point, sur leur parole, la huitième merveille du monde. » En achevant ces mots, il me rit au nez et s’en alla. […] Parmi ces malheureux que je ne regardais pas sans compassion, j’en remarquai un qui me frappa ; je crus reconnaître en lui Fabrice, mon ancien camarade et mon compatriote.

135. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Courier 1773-1825 » pp. 238-242

C’est un pays de méchantes gens, qui, je crois, n’aiment personne, et en veulent surtout aux Français5. […] » Et je vous crois, cousine, assez de pénétration pour deviner à présent ce que cela signifiait. […] Cette narration est vivement menée ; mais, en général, il ne faut pas croire tous les pamphlets sur parole.

136. (1881) Cours complet de littérature. Poétique (3e éd.) « Poétique — Première partie. De la poésie en général — Chapitre premier. Des caractères essentiels de la poésie » pp. 9-15

Ce soleil qui ramène le jour et féconde la terre, ces astres dont la douce clarté illumine les nuits, cette mer qui s’agite en bouillonnant dans son lit immense, cette nature qui se pare et se dépouille tour à tour, ce mouvement régulier de l’univers, cette succession d’êtres qui brillent et s’effacent, qui naissent et meurent, les mystères qu’il rencontre en lui-même touchant son origine, sa conservation, sa fin, voilà ce qui le porte invinciblement à croire à des êtres invisibles, à un monde dont celui-ci n’est que l’apparence et le relief, et à faire tous ses efforts pour soulever le voile qui le dérobe à ses yeux. […] Si l’homme a un penchant irrésistible à croire à des êtres surnaturels, d’un autre côté, la faiblesse de son intelligence ne lui permet pas de se les représenter d’une manière purement spirituelle, et il est naturellement amené à leur donner des formes palpables. […] Pour trouver cet objet, il revient sur ses pas, il s’élance dans l’avenir, il le cherche en lui-même, il le demande à la société, à la nature, aux choses invisibles ; et, si quelquefois il croit apercevoir quelque reflet de ce bien suprême, de cette beauté inaltérable qu’il a rêvée, c’est un de ses plaisirs les plus doux, une de ses plus vives jouissances que de le contempler.

/ 364