La comparaison s’impose entre cette époque littéraire et celle qui, chez les Romains, fut appelée le siècle d’Auguste. […] Nous voudrions presque, aux dépens de la vérité historique, voir Curiace vainqueur de son terrible adversaire, car nous sentons bien, malgré notre admiration mêlée d’étonnement pour Horace, que le premier est plus touchant, plus moderne, en quelque sorte, plus semblable à nous-mêmes ; et c’est toujours par cette comparaison instinctive que nous établissons entre nous et les héros de théâtre que nous sommes plus ou moins émus, selon que, nous nous retrouvons un peu en eux, ou que nous ne voyons en eux que d’étranges exceptions. […] En résumé, il n’est guère possible d’établir la moindre comparaison entre notre fabuliste et un autre quelconque, sans que la palme appartienne au premier. […] Rien ne rappelle mieux cette comparaison que ce qui se pusse dans l’âme d’Andromaque. […] On a cherché dans son œuvre de perpétuelles allusions à la société qu’il observe et au milieu de laquelle il vit ; c’est là, si je ne me trompe, une interprétation forcée ; néanmoins, ne trouvez-vous pas, ma chère enfant, qu’une comparaison toute naturelle nous fait reconnaître, sous ses fictions, non seulement l’homme en général, mais celui de notre siècle ?
Si, au lieu de nous préoccuper de l’élément du discours, mot, pensée, tour ou construction, qu’affectent les figures, nous pénétrons dans leur essence même, et ne nous attachons qu’à leur but et aux moyens employés pour y arriver, nous verrons que, destinées à donner au langage l’énergie, l’élégance, la variété, l’intérêt, elles y parviennent par un des moyens suivants : 1° En rapprochant deux idées, pour en faire mieux sentir ou la ressemblance, ou l’opposition : à la première classe appartiennent toutes les formes de la comparaison, métaphore, métonymie, synecdoque, allégorie, allusion, hyperbole, litote, métalepse, prosopopée, etc. ; à la seconde, l’antithèse, l’ironie, la correction, la prétérition, etc.
Il y a parler bien, parler aisément, parler juste, parler a propos : c’est pécher contre ce dernier genre que de s’étendre sur un repas magnifique, que l’on vient de faire, devant des gens qui sont réduits à épargner leur pain ; de dire merveilles de sa santé devant des infirmes ; d’entretenir de ses richesses, de ses revenus et de ses ameublements un homme qui n’a ni rentes ni domicile ; en un mot, de parler de son bonheur devant des misérables : cette conversation est trop forte pour eux, et la comparaison qu’ils font alors de leur état au vôtre est odieuse2.
Le président en convenait ; mais il n’y avait pas de comparaison possible entre l’esprit et le bon sens.
Couvert des armes de la dialectique, il sonne la charge, fond sur ses adversaires, les saisit, les frappe au visage et ne les lâche pas qu’il ne les ait forcés, le genou sur la gorge, à s’avouer vaincus ; s’ils tournent le talon, il les poursuit, il les bat par devant et par derrière, il les presse, il les pousse, et il les ramène invinciblement dans le cercle impérieux qu’il leur a tracé, comme ces marins qui, sur le pont d’un étroit navire, pris à l’abordage, placent un ennemi sans espérance entre leur glaive et l’Océan… « J’ai dit que ce qui a élevé Mirabeau, sans aucune comparaison, au-dessus des autres orateurs, c’est la profondeur et l’étendue de ses pensées, la solidité de sa dialectique, la véhémence de ses improvisations ; mais c’est surtout la fortune inouïe de ses reparties… Jamais Mirabeau ne reculait devant aucune objection ni devant aucun adversaire.
Or est-il que le mépris qu’on fait d’un autre semble nous relever en l’humiliant, et nous laisser prendre je ne sais quelle supériorité sur lui, par une secrète comparaison que nous faisons en nous-mêmes de lui à nous, c’est-à-dire d’un homme qu’on maltraite à un homme qui se favorise ; de sorte que cette comparaison le se faisant pas à notre désavantage, peu s’en faut que nous ne sachions autant de gré à qui médit, voire d’un ami, qu’à qui nous adjuge la préséance sur un concurrent. […] En même temps, au milieu d’un songe si mystérieux, elle fit l’application : de la belle comparaison de l’aveugle aux vérités de la religion et de l’autre vie. […] La métaphore ou la comparaison emprunte d’une chose étrangère une image sensible211 et naturelle d’une vérité. […] Les esprits justes, et qui aiment à faire des images qui soient précises, donnent naturellement dans la comparaison et la métaphore. […] Comparaison du lion et du tigre.
La Similitude est la convenance qui se trouve entre deux ou plusieurs choses : elle n’est, au fond, qu’une comparaison. […] Il n’est pas rare que le dissertateur, le romancier, le poète, dans la vue d’instruire, de plaire ou de toucher, dormant des définitions étendues et ornées ; qu’ils entrent dans des détails ; fassent des comparaisons, mettent sous les yeux des exemples, opposent plusieurs tableaux entre eux, rapportent toutes les circonstances d’un événement, etc. […] La grandeur et l’importance du sujet autorisent l’Orateur à commencer par quelques traits frappants, par des figures brillantes, par de riches comparaisons.
Dans les propositions corrélatives, on sous-entend fréquemment le premier terme de comparaison, soit adjectif, soit adverbe, quand l’esprit peut facilement le suppléer. […] De même magis et potiùs sont sous-entendus quelquefois devant quàm, second terme de comparaison. […] La métaphore (du grec µεταφορα, translation) est une figure par laquelle on transporte, pour ainsi dire, le sens propre d’un mot à un autre sens qui ne lui convient qu’en vertu d’une comparaison qui est dans l’esprit. […] Quand Homère a dit, en parlant d’Achille : Ce lion s’élance, il a fait une métaphore, parce qu’il a appliqué à ce héros l’idée d’un mot qui ne lui convient que sous une comparaison. […] Le déluge universel fut la lessive de la nature. 2° Quand elles sont forcées, prises de loin, que le rapport n’est point assez naturel, ni la comparaison assez sensible ; par exemple, quand Théophile a dit : Je baignerai mes mains dans les ondes de tes cheveux.
De là vient que nous avons multiplié ces occasions de rapprochements et de comparaisons qui habituent l’œil à voir juste, à distinguer les styles, à reconnaître la facture d’un maître, à ne pas appliquer à la diversité des talents les lieux communs d’une appréciation vague et anonyme, en un mot, à devenir connaisseur. […] Celle d’une armée a, sans comparaison, moins de ressorts ; celle d’un État en a davantage ; mais les ressorts n’en sont, à beaucoup près, ni si fragiles, ni si délicats ; enfin je suis persuadé qu’il faut plus de grandes qualités pour former un bon chef de parti que pour faire un bon empereur de l’univers, et que, dans le rang des qualités qui le composent, la résolution marche de pair avec le jugement. […] De dire quand il faut s’en défier ou s’y abandonner, personne ne le sait ; ni livres, ni règles, ni expérience ne l’enseignent ; une certaine justesse, et une certaine hardiesse d’esprit les font toujours trouver, sans comparaison, plus libres en celui qui ne doit de compte de ses actions à personne713. […] Alors le soleil était déjà couché, et pour achever la comparaison de lui à moi, j’allai dans ma chambre pour me préparer à en faire de même801.
Les figures que l’on retrouve le plus souvent dans la poésie, à cause de l’éclat qu’elles lui donnent, sont l’hyperbole, la métaphore, la prosopopée, la similitude, la comparaison. […] Ainsi intéressant, jugement, permission, pernicieux, qui riment bien avec passant, changement, soumission, religieux, ne pourraient rimer avec emportant, indolent, comparaison, vigoureux.
Tantôt ce sera une peinture qu’animeront les traits les plus vifs et les plus frappants, et que suivront de grandes et nobles idées rendues avec une singulière véhémence de style, comme dans ces strophes de l’Ode à la fortune, de Rousseau : Quels traits me présentent vos fastes… Juges insensés que nous sommes… Tantôt ce seront des comparaisons riches et multipliées qui nous présenteront les objets dans toute leur grandeur, dans toute leur beauté, comme celle que nous offre l’Ode aux princes chrétiens sur l’armement des Turcs : Comme un torrent fougueux… La Palestine enfin, après tant de ravages… Tantôt, ce sera un enchaînement de figures vives et saillantes qui donneront aux pensées un nouveau degré de force et d’élévation, comme on le voit dans un passage de l’ode Qualem ministrum : Quid debeas, ô Roma, Neronibus… cum laude victorem. […] Que le cœur soit vivement pénétré, et il suggérera à l’esprit des pensées, des images, des comparaisons analogues et proportionnées au sentiment.
L’allégorie, la comparaison, la métaphore même et la plupart des figures ne sont que des descriptions plus ou moins prolongées.
Démontrez la vulgarité des arguments communs, l’insignifiance des faibles, l’absurdité des contradictoires, l’équivoque des ambigus ; tournez à votre avantage ceux que les deux parties peuvent utiliser également ; dédaignez ceux qui sont trop évidemment frivoles ou étrangers à la question ; méfiez vous des similitudes, et appuyez sur le commun proverbe : Comparaison n’est pas raison ; dévoilez enfin toutes les espèces de sophismes et de paralogismes.
Pour suivre cette comparaison, qui est frappante pour les jeunes gens, il n’est pas un élève qui n’ait éprouvé, en s’en allant en vacances, combien il est pénible de suivre ces chemins en vaux et collines, qui laissent voir et dérobent aux yeux tour-à-tour, le clocher d’un village qu’on désespère ainsi de pouvoir atteindre.
La comparaison de l’Exorde du plaidoyer d’Ajax et de celui d’Ulysse nous rappelle combien est important l’art de bien préparer les esprits en sa faveur.
La comparaison, qu’il ne faut pas confondre avec la figure de ce nom, consiste à tirer une conclusion au moyen de certains rapprochements. […] On donne ce nom à la preuve qu’on puise dans le lieu oratoire que nous avons désigné sous le nom de comparaison, et il y a autant d’espèces d’exemples qu’il y a de manières différentes de comparer deux objets. […] En outre, on amplifiera aussi par la définition, par l’énumération des parties, par les causes et les effets, par les rapprochements, les comparaisons, les oppositions et les contrastes. […] Employez des preuves claires et solides, beaucoup de comparaisons et d’exemples, des explications naturelles, et de pressantes exhortations à la piété et à la vertu. […] Ils vivent plus de souvenirs que d’espérances ; car pour eux, l’avenir n’est rien en comparaison du passé : or, l’avenir est le domaine de l’espérance ; le passé, celui du souvenir.
Je sais qu’il est un goût acquis par l’étude, la lecture et la comparaison ; et je ne prétends pas en nier l’empire ni le mérite.
C’est une petite comparaison à chercher dans l’histoire de France. […] Dans la dernière phrase il n’y a qu’une comparaison, ajoutez-en deux autres. […] Dans la métaphore ; Les traits du céleste courroux, précisez le rapport de comparaison. […] Choisissez quelques métaphores et expliquez leurs rapports de comparaison. […] Dites-nous un mot de la comparaison du laboureur, et faites voir la beauté de celle des deux torrents.
Si cet adjectif n’emporte pas proprement de comparaison, le n’est pas article. […] Si l’adjectif superlatif exprime un rapport, une comparaison, le est article, et prend le genre et le nombre : = on ne condamna pas tous les criminels ; on punit seulement les plus coupables. Ici le superlatif renferme une comparaison ; et le substantif criminels est sous-entendu avant les plus coupables.
Comparaison de la tragédie et de l’épopée. […] Et c’est en quoi Homère semble encore divin en comparaison des autres.
Persuadés qu’il n’y a pas la moindre comparaison à faire entre des passages isolés, quelque bien choisis qu’ils puissent être, et ces mêmes passages placés dans leur cadre naturel, nous avons mieux aimé offrir l’ordonnance imposante d’un grand tableau, que d’en montrer quelques personnages détachés, sans attitude, sans physionomie et sans expression.
maintenant chassée, poursuivie par ses ennemis implacables, qui avaient eu l’audace de lui faire son procès, tantôt sauvée, tantôt presque prise, changeant de fortune à chaque quart d’heure, n’ayant pour elle que Dieu et son courage inébranlable, elle avait ni assez de vents, ni assez de voiles pour favoriser sa fuite précipitée. » Le rapprochement de ces constructions diverses, suivant le différent génie des langues et des écrivains, n’est pas moins intéressant pour le jeune rhétoricien que la comparaison des idées et des expressions que nous avons déjà recommandée.
Ils trouvent ; sans les chercher, tantôt de belles images, tantôt des comparaisons familières que le peuple répète et qui deviennent des proverbes, tantôt des mots profonds qui font entrer leur pensée, comme un coin, dans les intelligences les plus rebelles. […] Mais ces tours heureux, ces vives figures, ces comparaisons hardies que Démosthène prodigue, c’est la passion qui les trouve, l’esprit les chercherait en vain.
.) ; 3° par la comparaison de la fable avec les petits genres dont Boileau a complaisamment parlé (sonnet, rondeau, épigramme, etc.), et qui sont manifestement inférieurs. […] Les comparaisons et les images s’y rencontraient, mais étroitement unies à la phrase et sensibles seulement à qui y regardait de près. […] La Fontaine défendra la fable : 1° par son antiquité, sa noblesse littéraire ; 2° par son agrément original et la variété des genres qu’elle implique (dialogue, description, action comique, tragique, etc…) ; 3° par la comparaison de la fable avec les petits genres dont Boileau a complaisamment parlé (sonnet, rondeau, épigramme, etc…), et qui sont manifestement inférieurs. […] Fénelon considère la Tragédie en général, ou plutôt prend à partie quelques défauts propres à la Tragédie française, qui ressortent d’une comparaison avec les chefs-d’œuvre tragiques de l’antiquité ; il ne cite donc Corneille et Racine que pour les blâmer.
Cette comparaison célèbre est très-ancienne.
Mais revenons à Hérodote, qui va nous fournir un second objet de comparaison avec Quinte-Curce.
En suivant cette comparaison, j’ajouterai que le Génie du christianisme (1802) fut l’arc-en-ciel, le signe brillant d’alliance et de réconciliation entre la religion et la société française.