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2. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

Trop de causes doivent concourir pour faire éclore ces âges d’or : une cour comme celle d’Auguste ou de Louis XIV, une démocratie comme celle d’Athènes, plus aristocrate par la finesse de ses organes et la délicatesse de son goût que l’aristocratie elle-même ; une certaine fermentation dont le principe nous échappe et qui fait germer à la fois une moisson d’esprits du premier ordre dans tous les genres1 ; du loisir pour attendre l’inspiration et ne travailler que sous son influence ; un amour de l’art pur généralement répandu ; un désir de gloire, d’avenir, d’immortalité, que les besoins du présent n’étouffent pas sous la nécessité de percer, de se faire connaître et de vivre. […] J’étais stoïcien avec Sénèque ; j’aurais voulu être le parfait citoyen avec Cicéron, l’homme juste, généreux, aimable, n’usant de son éloquence que pour défendre les faibles ou pour soutenir l’État contre les factieux : une douce chaleur se répandait dans mon âme et me rendait meilleur en me faisant croire à la vertu, au désintéressement, à l’héroïsme. […] Après la lumière que la morale chrétienne a répandue sur les plaies de notre cœur et sur les misères de ce monde, il n’est plus possible à l’homme de s’adorer lui-même. […] Je ne sais quoi de triste et d’amer se répandra sur nos gaietés mêmes. […] qui ne s’est figuré, avec délices, une petite retraite bien sûre, bien modeste, où l’on n’aurait plus à s’occuper que du beau et du vrai en eux-mêmes, où l’on ne verrait plus les hommes et leurs passions, les affaires et leurs ennuis, l’histoire et ses terribles agitations, qu’à travers ce rayon de pure lumière que le génie des grands écrivains a répandu sur tout ce qu’il représente ?

3. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Chateaubriand, 1768-1848 » pp. 409-427

Aussi pacifique que les divinités de Selma étaient guerrières, elle garde des troupeaux où Fingal livrait des combats, et elle a répandu des anges de paix dans les nuages qu’habitaient des fantômes homicides. […] Le jour, tombant d’en haut à travers un voile de feuillage, répand dans la profondeur des bois une demi-lumière changeante et mobile, qui donne aux objets une grandeur fantastique. […] Une vapeur particulière, répandue dans les lointains, arrondit les objets et dissimule ce qu’ils pourraient avoir de dur ou de heurté dans leurs formes. […] Par intervalles, il élève sa grande voix, en passant sous les monts ; il répand ses eaux débordées autour des colonnades des forêts et des pyramides des tombeaux indiens : c’est le Nil des déserts. […] Une multitude d’animaux, placés dans ces belles retraites par la main du Créateur, y répandent l’enchantement et la vie.

4. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — [Notice] Maurice de Guérin, 1810-1839. » pp. 598-606

À quelques pas de nous, il y avait un groupe d’enfants abrités contre un rocher, et paissant un troupeau répandu sur l’escarpement de la côte. […] Des masses énormes de granit gris, bariolées de mousses blanches, sont répandues en désordre sur le penchant de la colline où s’est creusée cette anse. […] Féli1 pour le même labeur ; les heures d’étude et d’épanchement poétique, qui nous mènent jusqu’au souper ; ce repas qui nous appelle avec la même douce voix et se passe dans les mêmes joies que le dîner, mais moins éclatantes, parce que le soir voile tout, tempère tout ; la soirée qui s’ouvre par l’éclat d’un feu joyeux, et, de lecture en lecture, de causeries en causeries, va expirer dans le sommeil ; à tous les charmes d’une telle journée ajoutez je ne sais quel rayonnement angélique, quel prestige de paix, de fraîcheur et d’innocence, que répandent la tête blonde, les yeux bleus, la voix argentine, les ris, les petites moues pleines d’intelligence d’un enfant qui, j’en suis sûr, fait envie à plus d’un ange, qui vous enchante, vous séduit, vous fait raffoler avec un léger mouvement de ses lèvres, tant il y a de puissance dans la faiblesse ! […] À droite, un bois répandu sur le penchant de la côte étalait dans une lueur pâle ses rameaux nus et effilés qui sifflaient légèrement.

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bernardin de Saint-Pierre, 737-1814 » pp. 357-367

Il emportait aussi des tourbillons d’une poussière blanche qui se répandait au loin dans leurs vallons, comme celle qu’il élève sur les grands chemins en été. […] La réverbération de ces couleurs occidentales se répand sur la mer dont elle glace les flots azurés de safran et de pourpre. […] Elle répandait les flots de sa lumière sur les chênes et les hêtres qui bordaient les clairières de la forêt, et faisait apparaître leurs troncs comme les colonnes d’un péristyle. […] L’ouragan redouble de rage ; il creuse jusqu’aux antiques fondements de la terre, et répand dans le ciel les entrailles brûlantes du désert.

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

Mais parce que vous êtes trop au dedans d’eux, où ils ne rentrent jamais, et trop magnifique au dehors, où vous vous répandez dans l’infini ; vous leur êtes un Dieu caché. […] L’ordre et la beauté même que vous avez répandus sur toutes vos créatures, comme des degrés pour élever l’homme à vous, sont devenus des voiles qui vous dérobent à leurs yeux malades. […] Quand j’étais loin de ma patrie, je soupirais après des biens que je n’y avais pas ; et cependant vous me faisiez connaître les biens sans nombre que vous avez répandus sur toute la terre, qui est la patrie du genre humain.

7. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre IX. Parallèle des Oraisons funèbres de Condé, par Bossuet et de Turenne, par Fléchier et Mascaron. »

quelle fatale influence te porta à répandre tant de sang, et à perdre tant de vaillants hommes, qui eussent pu te rendre maîtresse de l’Europe ! […] Mais puisqu’il est impossible de passer sur des choses que tant de sang répandu a trop vivement marquées, montrons-les du moins avec l’artifice de ce peintre, qui, pour cacher la difformité d’un visage, inventa l’art du profil. […] En vain les peuples s’empressaient pour le voir ; en vain sa seule présence, sans train et sans suite, faisait sur les âmes cette impression presque divine qui attire tant de respect, et qui est le fruit le plus doux et le plus innocent de la vertu héroïque : toutes ces choses, si propres à faire rentrer un homme en lui-même par une vanité raffinée, ou à le faire répandre au dehors par l’agitation d’une vanité moins réglée, n’altéraient en aucune manière la situation tranquille de son âme ; et il ne tenait pas à lui qu’on n’oubliât ses victoires et ses triomphes ».

8. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Bossuet, 1627-1704 » pp. 89-123

Une puissance surnaturelle, qui se plaît à relever ce que les superbes méprisent, s’est répandue et mêlée dans l’auguste simplicité de ses paroles. […] L’Égypte, autrefois si sage, marche enivrée, étourdie et chancelante, parce que le Seigneur a répandu l’esprit de vertige dans ses conseils7 ; elle ne sait plus ce qu’elle fait, elle est perdue. […] Et qu’y avait-il de moins animé et de plus vide que l’air, avant que vous y eussiez répandu tant de volatiles ? […] C’est un vrai néant d’où vous tirez peu à peu le bien que vous voulez y répandre ; ce n’est qu’un chaos avant que vous ayez commencé à en débrouiller toutes les pensées. […] Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle Répandre cet esprit d’imprudence et d’erreur, De la chute des rois funeste avant-coureur.

9. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Voltaire. (1694-1778.) » pp. 277-290

Les deux camps ennemis arrivent en ces lieux ; La désolation partout marche avant eux… Habitants malheureux de ces bords pleins de charmes, Du moins à votre roi n’imputez point vos larmes ; S’il cherche les combats, c’est pour donner la paix : Peuples, sa main sur vous répandra ses bienfaits ; Il veut finir vos maux, il vous plaint, il vous aime, Et dans ce jour affreux il combat pour vous-même. […]     On voyait près de lui briller tous ces guerriers, Compagnons de sa gloire et ceints de ses lauriers : D’Aumont, qui sous cinq rois avait porté les armes ; Biron, dont le seul nom répandait les alarmes, Et son fils, jeune encore, ardent, impétueux, Qui depuis… mais alors il était vertueux1 : Sully, Nangis, Crillon, ces ennemis du crime, Que la Ligue déteste, et que la Ligue estime2 ; … D’Ailly, pour qui ce jour fut un jour trop fatal. […] Mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre : Vous voyez qu’au tombeau je suis prêt à descendre ; Je vais au Roi des rois demander aujourd’hui Le prix de tous les maux que j’ai soufferts pour lui Vous, généreux témoins de mon heure dernière, Tandis qu’il en est temps, écoutez ma prière : Nérestan, Châtillon, et vous… de qui les pleurs Dans ces moments si chers honorent mes malheurs, Madame, ayez pitié du plus malheureux père Qui jamais ait du ciel éprouvé la colère, Qui répand devant vous des larmes que le temps Ne peut encor tarir dans mes yeux expirants. […] Il est vrai, dans l’horreur de ce péril nouveau, Je tenais votre fille à peine en son berceau : Ne pouvant la sauver, seigneur, j’allais moi-même Répandre sur son front l’eau sainte du baptême, Lorsque les Sarrasins, de carnage fumants, Revinrent l’arracher à mes bras tout sanglants1.

10. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Eugénie de Guérin , 1805-1848. » pp. 578-584

il ne m’est pas bon d’écrire, de répandre je ne sais quoi de troublé. […] Qui sait ce que c’est que cet épanchement de mon âme au dehors, ce besoin de se répandre devant Dieu et devant quelqu’un ? […] Elle écrira plus tard : « Je ne prononce plus ton nom que comme celui des reliques ; j’éprouve en entrant dans ta chambre quelque chose d’une église ; tes livres, tes habits, à peine j’ose les toucher ; quelque chose de sacré est répandu sur toi et tout ce qui fut de toi. »

11. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre II. Des petits Poèmes. »

Avec quel art l’auteur a répandu sur un sujet triste et lugubre tout ce que la gaieté a de plus riant et de plus gracieux ! […] Quel doux éclat la lune répand sur sa tête chauve et sur sa barbe argentine ! […] Mais les jeux d’esprit et l’excès des ornements qu’il a répandus dans quelques-unes, ne permettent guère qu’on les regarde comme des modèles dans le genre pastoral. […] Elle répand des larmes, elle éclate en plaintes, en gémissements. […] Le poète peut dans cette espèce d’ode répandre avec grâce des traits de morale, et y entremêler des louanges délicates.

12. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre cinquième. De l’Éloquence des Livres saints. — Chapitre II. De l’emploi des figures dans les écrivains sacrés. »

Le but de toute espèce de comparaison est de faire ressortir les objets les uns par les autres ; de donner plus de développement à la pensée, en la rendant sensible sous tous les rapports, ou de répandre seulement plus d’agrément et de variété dans le discours. […] ……………………………… 146Alors sa juste renommée Répandue au-delà des mers, Jusqu’aux deux bouts de l’univers Avec éclat sera semée. […] Comme ce début grave et solennel s’empare d’abord de l’attention, et répand dans l’âme je ne sais quelle religieuse terreur qui la prépare à quelque chose d’extraordinaire ! […] Quant à ceux qui se prosterneraient devant ces sortes de beautés, si elles appartenaient à Homère, à Young ou à Ossian, mais qui ont bien formellement résolu de ne rien admirer dans les écrivains sacrés, nous n’avons rien à leur opposer : nous nous bornons à les plaindre, d’interdire à leur imagination le plaisir que lui procureraient de pareilles lectures ; et à leur âme, le charme consolant qu’elles ne manqueraient pas d’y répandre.

13. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Buffon, 1707-1788 » pp. 175-184

Nulle espèce ne le mérite mieux ; la nature en effet n’a répandu sur aucune autant de ces grâces nobles et douces qui nous rappellent l’idée de ses plus charmants ouvrages : coupe de corps élégante, formes arrondies, gracieux contours, blancheur éclatante et pure, mouvements flexibles et ressentis3, attitudes tantôt animées, tantôt laissées dans un mol abandon, tout dans le cygne respire la volupté, l’enchantement que nous font éprouver les grâces et la beauté ; tout nous l’annonce, tout le peint comme l’oiseau de l’amour ; tout justifie la spirituelle et riante mythologie d’avoir donné ce charmant oiseau pour père à la plus belle des mortelles. […] Le style C’est faute de plan, c’est pour n’avoir pas assez réfléchi sur son objet, qu’un homme d’esprit se trouve embarrassé, et ne sait par où commencer à écrire : il aperçoit à la fois un grand nombre d’idées, et, comme il ne les a ni comparées ni subordonnées, rien ne le détermine à préférer les unes aux autres ; il demeure donc dans la perplexité ; mais, lorsqu’il se sera fait un plan, lorsqu’une fois il aura rassemblé et mis en ordre toutes les pensées essentielles à son sujet, il s’apercevra aisément de l’instant auquel il doit prendre la plume ; il sentira le point de maturité de la production de l’esprit, il sera pressé de la faire éclore, il n’aura même que du plaisir à écrire ; les idées se succéderont aisément, et le style sera naturel et facile1 ; la chaleur naître de ce plaisir, se répandra partout, et donnera de la vie à chaque expression ; tout s’animera de plus en plus ; le ton s’élèvera, les objets prendront de la couleur, et le sentiment, se joignant à la lumière, l’augmentera, la portera plus loin, la fera passer de ce que l’on dit à ce que l’on va dire, et le style deviendra intéressant et lumineux. Rien ne s’oppose plus à la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants ; rien n’est plus contraire à la lumière qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit, que ces étincelles qu’on ne tire que par force en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent pendant quelques instants, que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres.

14. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Fléchier, 1632-1710 » pp. 124-132

Avec ses amis, il aime à discourir et à se répandre au dehors ; il est pourtant toujours maître de son esprit. […] L’armée en deuil est occupée à lui rendre les devoirs funèbres ; et la renommée, qui se plaît à répandre dans l’univers les accidents extrordinaires, va remplir toute l’Europe du récit glorieux de la vie de ce prince et du triste regret de sa mort. […] Comparez Mascaron et jugez : « Vous ne l’avez point encore oublié, messieurs ; cette funeste nouvelle se répandit par toute la France comme un brouillard épais qui couvrit la lumière du ciel, et remplit tous les esprits des ténèbres de la mort.

15. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — L. Racine. (1692-1763.) » pp. 267-276

Si je sers tes besoins, c’est lui qui me l’ordonne : Les présents qu’il me fait, c’est à toi qu’il les donne… Mon suc, dans la racine à peine répandu, Du tronc qui le reçoit à la branche est rendu : La feuille le demande ; et la branche fidèle, Prodigue de son bien, le partage avec elle. […] Mon âme les envoie, et, ministres dociles, Je les sens répandus dans mes membres agiles… Est-ce moi qui préside au maintien de ces lois, Et pour les établir ai-je donné ma voix ? […] Jusqu’au fond de leur sein lentement répandus, Dans leurs veines errants, à leurs pieds descendus, On les en voit enfin sortir à pas timides ; D’abord faibles ruisseaux, bientôt fleuves rapides.

16. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section II. Des Ouvrages en Vers. — Chapitre I. Des Poésies fugitives. »

La mythologie sert à répandre une infinité d’agréments dans ces sortes de petits ouvrages. […] Tandis qu’au sein de ses roseaux, La Nymphe du Tage169 éplorée, Répand sur son urne azurée Des pleurs qui grossissent ses eaux, Les Dieux enfants de Cythérée170, À la lueur de leurs flambeaux, Conduisent l’Infante adorée. […] Pour célébrer un si beau jour, Dioné171 dans les airs portée, Répand, par les mains de l’Amour, Les riches trésors d’Amalthée172. […] Les images et les traits de la fable ; que le poète a soin d’y répandre avec goût et avec justesse, en font un des plus beaux agréments.

17. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « Introduction » pp. -

Si le latin patricien et littéraire régnait alors parmi les hautes classes, et dans les célèbres écoles d’Autun, de Bordeaux ou de Lyon, le latin des camps et des rues, (castrensis et plebeius sermo), qui datait de loin, (car il remontait aux premières guerres puniques), se propagea rapidement dans les couches populaires où se répandirent les soldats et les colons. […] Avec les Normands, elle s’est répandue en Sicile et en Angleterre ; avec les croisés, elle a visité la Grèce, l’Asie-Mineure et la Syrie. […] Cependant, la papauté, dont les domaines s’étaient agrandis, devenait ou prétendait devenir l’arbitre de l’Europe ; ses milices, répandues partout, faisaient la loi au clergé séculier ; Boniface VIII allait bientôt proclamer qu’il tenait légitimement les deux glaives, et pouvait à son gré disposer des couronnes. […] Ce fut alors qu’enfermées jusque-là dans l’ombre des cloîtres, les sciences devinrent séculières, et se produisirent au grand jour, grâce à l’initiative libérale du souverain qui les encourageait à se répandre.

18. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Chapitre XIV. de la fin  » pp. 189-202

« En ce jour, Sire, avant que Votre Majesté reçût cette onetion divine, avant qu’elle eût revêtu ce manteau royal qui ornait bien moins Votre Majesté qu’il n’était orné de Votre Majesté même, avant qu’elle eût pris de l’autel, c’est-à-dire de la propre main de Dieu, cette couronne, ce seeptre, cette main de justice, cet anneau qui faisait l’indissoluble mariage de Votre Majesté et de son royaume, cette épée nue et flamboyante, toute victorieuse sur les ennemis, toute-puissante sur les sujets, nous vîmes, nous entendîmes Votre Majesté, environnée des pairs et des premières dignités de l’Etat, au milieu des prières, entre les bénédictions et les cantiques, à la face des autels, devant le ciel et la terre, les hommes et les anges, proférer de sa bouche sacrée ces belles et magnifiques paroles, dignes d’être gravées sur le bronze, mais plus encore dans le cœur d’un si grand roi : Je jure et promets de garder et faire garder l’équité et miséricorde en tous jugements, afin que Dieu, clément et miséricordieux, répande sur moi et sur vous sa miséricorde. » Mais où l’orateur rencontre souvent les accents les plus pathétiques, c’est lorsqu’il se met lui-même en scène, et qu’il communique à l’auditoire cette énergie de la personnalité qui met, non plus les opinions et les sentiments, mais l’homme lui-même en contact avec l’homme. […] Cette profonde sympathie pour les misères physiques et morales de l’humanité, ce salutaire effroi des impénétrables jugements de Dieu, cette invincible fermeté contre les méchants, cette inépuisable charité qui doivent animer le prédicateur, lui permettent de multiplier les tableaux terribles ou touchants, énergiques ou tendres, de répandre l’onction la plus pénétrante, de faire un appel aux sentiments les plus affectueux. […] De l’ordre naissent la lumière et la chaleur ; la lumière, par l’unité du dessein, qui, bien comprise, répand sur toutes les idées le même jour avec des teintes variées, et donne à chacune sa valeur ; la chaleur, par l’étroit enchaînement de toutes les idées, qui, en les rapprochant, les fortifie et les échauffe l’une par l’autre.

19. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Chateaubriand 1768-1848 » pp. 222-233

Le jour, tombant d’en haut à travers un voile de feuillage, répand dans la profondeur des bois une demi-lumière changeante et mobile, qui donne aux objets une grandeur fantastique. […] La lune répand alors les dernières harmonies sur cette fête que ramènent chaque année le mois le plus doux et le cours de l’astre le plus mystérieux. […] Le souvenir de mes égarements répandit sur ses derniers jours bien de l’amertume.

20. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre premier. Éléments généraux du Goût et du Style. — Chapitre IV. Du Beau et des Plaisirs du Goût. »

Elle est d’un genre plus doux ; elle a quelque chose de plus aimable, de plus séduisant ; elle n’élève point autant l’âme ; mais elle y répand une satisfaisante sérénité. […] Il n’élève point l’âme très haut, il ne l’agite que faiblement ; mais il répand dans l’imagination la plus douce sérénité.

21. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section quatrième. Genre Démonstratif. Les Panéryriques. — Chapitre VI. Des éloges funèbres. »

Mais ce dont l’antiquité nous avait également donné l’exemple, et ce que la forme de nos institutions politiques ne nous a probablement pas permis d’imiter longtemps, c’est la coutume de consacrer des éloges funèbres à la mémoire de ceux qui avaient répandu leur sang pour la patrie. […] Ceux à qui l’âge laisse encore l’espoir d’être pères, trouveront dans de nouveaux enfants un adoucissement aux larmes qu’ils répandent aujourd’hui, et la république en retirera le double avantage d’une population plus nombreuse et d’un concours unanime au bien général.

22. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre III. Du Genre historique. »

Souvent un fait essentiel qui n’est pas le plus reculé, doit être raconté d’avance, parce qu’il répand la lumière sur d’autres faits, qui lui sont antérieurs. […] Les digressions sont des ornements dans l’histoire : elles y répandent une agréable variété, qui charme l’esprit du lecteur, sans cesser de l’occuper utilement. […] La religion se présente à nous, relativement à son existence, sous un double point de vue ; dans les siècles où elle a été connue d’un seul peuple, et dans ceux où elle a été répandue par toute la terre. […] Il renferme la base de toutes nos connaissances historiques, et répand la plus vive clarté sur les ténèbres des temps fabuleux. […] Il y répandait beaucoup d’agrément, plusieurs traits vifs, et quantité d’instructions incidentes.

23. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section cinquième. La Tribune académique. — Chapitre IV. Thomas. »

Aussitôt ses idées se précipitent en foule, et son âme se répand au dehors ». […] C’est là que nous apprenons que, chez Corneille, la langue poétique ne connut pas ce trouble et ce désordre que répand sur elle le souffle orageux des passions, etc.

24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Fléchier 1632-1710 » pp. 84-88

L’armée en deuil est occupée à lui rendre les devoirs funèbres ; et la renommée, qui se plaît à répandre dans l’univers les accidents extraordinaires, va remplir toute l’Europe du récit glorieux de la vie de ce prince et du triste regret de sa mort. […] Comparez Mascaron et jugez : « Vous ne l’avez point encore oublié, messieurs ; cette funeste nouvelle se répandit par toute la France comme un brouillard épais qui couvrit la lumière du ciel, et remplit tous les esprits des ténèbres de la mort.

25. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre IV. — Du Style. »

Persuadé qu’un académicien surnuméraire ne dérangerait rien et ne porterait nulle atteinte à la loi, il ramassa une feuille de rose, qu’il vit à ses pieds, puis il la posa doucement sur la surface de l’eau ou elle surnagea à son aise sans répandre la moindre larme. […] Dans un champ à l’écart voit du blé répandu, Voit un pigeon auprès : cela lui donne envie ; Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d’un lacs     Les menteurs et traîtres appâts. […] « Une longue uniformité, a dit Montesquieu, rend tout insupportable ; les mêmes membres et les mêmes chutes répandent l’ennui dans un poème. » Suivons aussi à ce sujet le conseil de Boileau : Sans cesse en écrivant, variez vos discours : Un style trop égal et toujours uniforme ; En vain brille à, nos yeux : il faut qu’il nous endorme. […] La couleur locale répand un grand charme sur la narration, que nous signalons ici, et que nous devons à M. de Lamartine. […] Les poètes surtout, si heureusement favorisés du ciel, savent répandre sur leurs écrits cette mélodie enchanteresse ; et si nous ouvrons les œuvres des Racine, des Tasse, etc., nous goûterons un vrai bonheur dans de semblables lectures.

26. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre V. — Qualités particulières du Style »

Il y a quelques livres répandus dans sa chambre indifféremment ; ouvrez-les, c’est le Combat spirituel, le Chrétien intérieur et l’Année sainte ; d’autres livres sont sous la clef. […] Rien ne s’oppose plus à la chaleur que le désir de mettre partout des traits saillants ; rien n’est plus contraire à la lumière, qui doit faire un corps et se répandre uniformément dans un écrit, que ces étincelles qu’on ne lire que par force en choquant les mots les uns contre les autres, et qui ne nous éblouissent pendant quelques instants que pour nous laisser ensuite dans les ténèbres. […] Indépendamment de ces idées singulières, les écrivains romantiques ne voulurent plus être arrêtés dans leur vol vagabond par aucune des règles auxquelles s’étaient astreints les classiques, et dédaignant de ressembler au fleuve majestueux qui, sagement contenu dans son lit roule ses ondes généreuses et répand la fraîcheur, la vie et l’abondance partout où il passe, ils préférèrent s’assimiler au torrent impétueux, qui, libre dans son cours franchit toute barrière, s’élance de tous côtés, et porte le ravage et la dévastation dans les campagnes qu’il inonde. […] De tous les deux côtés j’ai des pleurs à répandre ; De tous les deux côtés mes désirs sont trahis. […] Vous répande les ténèbres, et la nuit est sur la terre : c’est alors que les bêtes de forêts marchent dans l’ombre ; alors les rugissements des lionceaux appellent la proie, et demandent à Dieu la nourriture promise au animaux, Mais le soleil s’est levé, et déjà les bêtes sauvages se sont retirées ; elles sont allées se placer dans leurs tanières : l’homme alors sort pour le travail du jour, et accomplit son œuvre jusqu’au soir.

27. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Blair savait y répandre toute la douceur, toute l’aménité de son caractère. […] On en avait répandu d’abord des copies imparfaites, exécutées sur des notes prises par quelques auditeurs, et bientôt on les a vendues publiquement. […] De même que le génie est une faculté plus élevée que le goût, de même aussi la nature l’a répandu d’une main plus avare. […] Comment eussent-ils pu les répandre et les développer assez pour en constituer un langage ? […] Homère répand avec une généreuse profusion ; Virgile donne avec une soigneuse splendeur.

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