En effet, on doit présumer qu’ils sont remués par les mêmes passions que le reste des hommes. […] On comprend que dans les plaidoyers l’avocat ait à combattre les raisons de la partie adverse ; mais dans le sermon, si l’orateur a des ennemis invisibles à vaincre, ce sont les préjugés, les erreurs, rendurcissement, les passions de ses auditeurs. […] Quand le sujet a peu d’étendue et que celui qui parle n’est animé par aucune passion, il termine par une Conclusion. C’est ainsi que l’ombre d’Arcésius termine son discours à Télémaque ; il lui parle du châtiment des mauvais rois : Crains donc, mon fils, crains une condition si périlleuse : arme-loi de courage contre toi-même., contre les passions et contre les flatteurs. […] Enfin, dans les sujets graves, l’orateur déploie toutes les ressources de son art, il met en usage tout ce que l’éloquence a de tours séduisants et de mouvements impétueux ; il anime cette partie de son discours de toute la chaleur, de tout le feu du sentiment pour exciter les passions et maîtriser les âmes.
En effet, l’homme s’intéresse à l’homme, à ses malheurs, à ses passions, parce qu’il s’émeut naturellement de tout ce qui afflige son semblable. […] Il peut avoir des faiblesses, des défauts, même une passion vive et funeste, comme Ulysse, Achille, etc. Mais il faut que ses faiblesses soient éclipsées par de grandes vertus, qu’il triomphe de la passion, qu’une âme élevée et peu commune soit le principe de ses défauts. […] Il présente aussi, sous une forme visible, les passions, les vertus et les vices. […] On lui accorde toujours beaucoup d’étendue, parce qu’elle ne repose pas nécessairement sur ces passions violentes dont la durée ne saurait être longue.
Des passions. […] Il serait quelquefois dangereux d’insister trop longtemps sur les passions oratoires. […] C’est dans la péroraison que les passions ont une plus libre carrière. […] L’éloquence de la chaire donne plus de liberté dans l’usage des passions. […] Telle est la véritable éloquence, l’éloquence des passions.
Si l’idylle, exprime une passion, c’est une passion modérée qui éclate par des expressions pleines de douceur. […] Les bergers peuvent avoir le désir de plaire, l’émulation dans les jeux ; l’ambition d’entretenir un troupeau nombreux et fécond ; des passions douces, tendres et modérées ; mais jamais de ces passions violentes et cruelles qui sont les fléaux de la société. […] Il a le ton vraiment pastoral, et peint très bien les passions tempérées, les mœurs ingénues des bergers. […] Peut-il sortir de sa bouche d’autres accents, d’autres cris, que ceux du sentiment et de la passion ? […] Le premier, surtout, est doux, élégant et toujours naturel : il ne peint jamais que le sentiment et la passion.
Le poème épique chante les passions ; il les montre en action dans son récit avec leurs bons ou leurs mauvais résultats : c’est la colère d’Achille dans l’Iliade, c’est l’amour de Didon pour Énée dans l’Énéide, c’est l’orgueil de Satan dans le Paradis perdu. Les passions sont la vie même de l’homme et le mobile de tous ses actes : ce qui le pousse à agir, c’est toujours un sentiment d’amour ou de haine. […] Les passions et les caractères de l’épopée doivent nous montrer l’humanité sous un côté héroïque et grandiose, pour exciter en nous des émotions généreuses. […] Les héros d’Homère sont des types imposants et majestueux ; ils dominent les armées et dépassent les autres guerriers de toute la tête ; leurs passions sont impétueuses, leurs actions surhumaines ; ils combattent même contre les dieux et balancent le destin. […] Dans l’épopée, l’intérêt dépend de bien des choses : il tient d’abord aux qualités que nous avons mentionnées, l’unité, la grandeur, l’intégrité ; il tient encore au choix du sujet, aux caractères des personnages ; à la manière progressive dont l’action est conduite ; aux situations dramatiques, aux sentiments, passions qui s’y déploient ; au mouvement, à la variété du récit ; enfin, aux mille ressources de l’imagination du poète.
Trop indulgent pour nos passions, il les regarda comme des forces qu’on peut tourner à la vertu, et crut trop à la bonté originelle de notre nature ; mais ne lui reprochons pas l’idée généreuse de concilier cette grandeur et cette misère qui avaient effrayé l’imagination de Pascal. […] Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis, des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : elles sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid1 ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse2, en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion. […] Il n’est guère sympathique aux Ménalques ; voulez-vous voir son idéal secret, lisez cette page : « Quand je trouve dans un ouvrage une grande imagination avec une grande sagesse, un jugement net et profond, des passions très-hautes mais vraies, nul effort pour paraître grand, une extrême sincérité, beaucoup d’éloquence, et point d’art que celui qui vient du génie, alors je respecte l’auteur, je l’estime autant que les sages ou que les héros qu’il a peints. […] Mais lorsque, malgré la fortune et malgré ses propres défauts, j’apprends que son esprit a toujours été occupé de grandes pensées et dominé par les passions les plus aimables, je remercie à genoux la nature de ce qu’elle a fait des vertus indépendantes du bonheur, et des lumières que l’adversité n’a pu éteindre. » 1. […] « Je vais lire vos Portraits, lui écrivait Voltaire ; si jamais je veux faire celui du génie le plus naturel, de l’homme du plus grand goût, de l’âme la plus haute et la plus simple, je mettrai votre nom au bas. » Vauvenargues disait ailleurs : « On doit se consoler de n’avoir pas les grands talents, comme on se console de n’avoir pas les grandes places : on peut être au-dessus de l’un et de l’autre par le cœur. » Citons encore de lui quelques pensées détachées : « Les feux de l’aurore ne sont pas si doux que les premiers regards de la gloire. » « Les orages de la jeunesse sont environnés de jours brillants. » « Les premiers jours du printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. » « La servitude abaisse l’homme jusqu’à s’en faire aimer. » « La liberté est incompatible avec la faiblesse. » « Le fruit du travail est le plus doux plaisir. » « C’est un grand signe de médiocrité que de louer toujours modérément. » « Si vous avez quelque passion qui élève vos sentiments, qui vous rend plus généreux, plus compatissant, plus humain, qu’elle vous soit chère. » « Les conseils de la vieillesse éclairent sans échauffer, comme le soleil d’hiver. » « Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage. » 1.
Les partis se suivent, se poussent à l’échafaud, jusqu’au terme que Dieu a marqué aux passions humaines ; et de ce chaos sanglant sort tout à coup un génie extraordinaire qui saisit cette société agitée, l’arrête, lui donne à la fois l’ordre, la gloire, réalise le plus vrai de ses besoins, l’égalité civile, ajourne la liberté qui l’eût gêné dans sa marche, et court porter à travers le monde les vérités puissantes de la révolution française. […] J’étais à la fois moins irrité et moins troublé, parce que j’étais moins surpris, parce que j’assistais non à une scène d’un jour, mais à la scène éternelle que Dieu a dressée en mettant l’homme en société avec ses passions grandes ou petites, basses ou généreuses, l’homme toujours semblable à lui-même, toujours agité et toujours conduit par des lois profondes autant qu’immuables. […] Cette page m’en rappelle une autre du prince de Ligne, sur la vocation militaire : « Aimez ce métier au-dessus des autres, à la passion ; oui, passion est le mot.
Alors vous serez heureux malgré la fortune, et sage malgré les passions. […] Mais, monsieur, quoique je haïsse souverainement l’injustice et la méchanceté, cette passion n’est pas assez dominante pour me déterminer seule à fuir la société des hommes. […] Quand les maux sont venus, ils m’ont fourni un beau prétexte pour me livrer à ma passion dominante. […] « Donner de l’importance, du sérieux, de la hauteur et de la dignité aux passions, voilà ce que Jean-Jacques a tenté. […] qu’elle dût dire hardiment, tous les sens, toutes les passions et presque toute la nature criant à l’encontre, quelquefois : “Ce m’est un gain de mourir” ; et quelquefois : “Je me réjouis dans les afflictions ?”
Sans cela la passion n’est plus vraisemblable, et rien n’est si choquant qu’une passion exprimée avec pompe et par des périodes réglées. […] N’est-ce pas à exprimer les sentiments et les passions qui occupent l’âme ? […] Pour réussir à peindre les passions, il faut étudier les mouvements qu’elles inspirent. […] Il faut sentir la passion pour la bien peindre : l’art, quelque grand qu’il soit, ne parle point comme la passion véritable. […] Alors il faut déployer les nuages vifs et les mouvements propres à exciter les passions.
Ce phénomène intellectuel se nomme la passion. […] L’éclat est le même, seulement il est passager ; car la passion, c’est la nature accidentellement surexcitée. « La nature, dit Voltaire, rend les hommes éloquents dans les grands intérêts et dans les grandes passions. […] Elle empêche les uns de désespérer d’eux-mêmes, les autres, de s’égarer et de se perdre ; elle trace la carrière, pose les limites, ramène dans la voie ; saisissant dans leur vol, pour les soumettre à l’analyse, les inspirations les plus heureuses de la nature et de la passion, parfois elle leur arrache leur secret, et parvient à reproduire, à force de patience, les merveilles de la spontanéité. […] Le style, quelque matière que l’on traite d’ailleurs, lettres, récits, dialogues, descriptions, dissertations, résumés, drames, mœurs, passions, polémique, est de son ressort ; elle ne doit pas craindre même d’aborder la poésie, du moins en ne la considérant que sous les faces qui lui sont communes avec la prose, et sans empiéter sur le domaine de la poétique proprement dite.
Dans les premiers temps, les passions et l’imagination étaient toutes-puissantes sur l’homme. […] La seconde soulève les passions : c’est au cœur qu’elle s’adresse. […] Des passions. […] est-ce la passion qui nous entraîne ? […] mais vos passions souffrent-elles de la misère publique ?
La culture du goût augmente en nous ces douces passions qui ont le bien de l’humanité pour objet ; et, en leur offrant souvent l’occasion de s’exercer, elle tend encore à calmer la violence des passions : …… Ingenuas didicisse fideliter artes Emollit mores, nec sinit esse feros. […] De belles idées se présentent quelquefois à la surface de l’âme, tandis que de honteuses passions sont profondément enracinées dans le cœur. […] Quelques nations aiment la peinture hardie des mœurs et l’expression énergique des passions ; d’autres exigent la pureté et l’élégance dans les descriptions comme dans les sentiments. […] À l’aspect d’objets toujours nouveaux, toujours étrangers, son imagination travailla, ses passions s’exaltèrent ; il pensa et s’exprima avec autant de hardiesse que de franchise. […] Dans l’enfance des sociétés, l’imagination et les passions exerçaient sur les hommes un bien plus grand empire.
Ce n’était point un de ces génies ardents, pressés d’éclater, entraînés par la grandeur de leur pensée ou de leur passion, et qui répandent autour d’eux les richesses de leur nature, avant même qu’au dehors aucune occasion, aucune nécessité en sollicite l’emploi. […] Enfin c’était non-seulement un esprit supérieur, mais une âme élevée, en proie, il est vrai, au tumulte des passions mondaines, dépourvue de moralité patriotique, et pourtant capable de conviction, d’affection, de désintéressement. […] Si nous consultons les mémoires du temps, si dans ses paroles à demi figées sur le papier nous cherchons à reconnaître l’inspiration primitive, nous voyons un homme audacieux par le caractère autant que par le génie ; attaquant avec véhémence, lorsqu’il aurait eu peine à se défendre ; faisant passer les mépris qu’on lui avait d’abord montrés pour le premier des préjugés qu’il veut détruire ; y réussissant à force de hardiesse et de talent, et ressaisissant par l’éloquence l’ascendant sur les passions qu’il cesse de flatter. […] Le monde vous appartiendra un jour ; mais gardez-vous de vous associer, avant le temps, à ses intérêts et à ses passions. […] Nous avons vécu dans des temps pleins à la fois de passion et d’incertitude, qui ont exalté et confondu sans mesure l’ambition humaine, où l’âme de l’homme a été troublée aussi profondément que la société.
Ces maîtres de la parole ont montré qu’ils excellaient dans l’art de remuer les passions, comme dans tous les autres arts où s’est exercé leur merveilleux génie. […] Grâce à la perspective qui relève sa physionomie et sa taille, il peut, sans craindre le ridicule, s’abandonner à tous les transports de la passion, à toutes les inspirations du génie. […] C’est au choc des passions de la place publique qu’elle allume toutes ses foudres et lance tous ses éclairs. […] L’argumentation est donc le nerf du discours politique, et la passion l’âme du plaidoyer. […] Il y a dans les Catilinaires d’admirables mouvements : c’est par endroits une fougue, une passion, une élévation de pensée qui rappellent les plus belles inspirations de Démosthène.
Une des dernières confréries qui eut le privilège de représenter des mystères, fut la confrérie de la Passion, qui est restée la plus célèbre. […] La passion est le grand ressort de toutes deux. […] L’homme n’est pas si accessible à la passion qu’il n’ait besoin d’être préparé à la recevoir. […] À la ville, à la campagne, en voyage, dans la bonne ou mauvaise fortune, celui qui aime les lettres porte cette passion partout, partout il cherche à la satisfaire. […] Sa passion pour le théâtre l’y suivit, et il composa, dans cette triste situation, trois comédies, aujourd’hui perdues, qu’il vendit aux édiles.
S’il n’est ni dialecticien comme Bourdaloue, ni sublime et pathétique comme Bossuet, il a de l’onction, il est insinuant, il connaît intimement le cœur humain, met la passion aux prises avec la foi, et sait dire aux grands de courageuses vérités. […] Ce sont de nouveaux événements, de nouvelles intrigues, de nouvelles passions, de nouveaux héros dans la vertu comme dans le vice, qui font le sujet des louanges, des dérisions, des censures publiques ; un nouveau monde s’est élevé insensiblement, et sans que vous vous en soyez aperçus, sur les débris du premier. […] Les passions, les volontés injustes, les désirs excessifs et ambitieux que les princes mêlent à l’autorité, loin de l’étendre, l’affaiblissent ; ils deviennent moins puissants dès qu’ils veulent l’être plus que les lois ; ils perdent en croyant gagner : tout ce qui rend l’autorité injuste et odieuse l’énerve et la diminue1. […] Car connaissant tout seul les plus secrets penchants de nos cœurs ; développant déjà dans les premières ébauches de nos passions tout ce que nous devons être ; jugeant de nous-mêmes par les rapports divers de vice ou de vertu que les situations infinies où il pourrait nous placer ont avec les qualités naturelles de notre âme ; découvrant en nous mille dispositions cachées que nous ne connaissons pas, et qui n’attendent que l’occasion pour paraître ; seul, lorsqu’il tira tout du néant, et qu’il donna à tous les êtres cet arrangement admirable et ce cours harmonieux que la durée des temps n’a jamais pu altérer, il put prévoir quelles étaient dans cet assemblage si bien assorti les circonstances du siècle, de la nation, du pays, de la naissance, des talents, de l’état, les plus favorables à notre salut, et en les rassemblant par un pur effet de sa miséricorde, en former comme le fil et toute la suite de notre destinée. Dieu seul nous connaît, et nous ne nous connaissons pas nous-mêmes : nos penchants nous séduisent ; nos préjugés nous entraînent ; le tumulte des sens fait que nous nous perdons de vue : tout ce qui nous environne nous renvoie notre image ou adoucie ou changée ; et il est vrai que nous ne pouvons nous choisir à nous-mêmes un état sans nous méprendre, parce que nous ne nous connaissons pas assez pour décider sur ce qui nous convient : nous sortons même des mains de la souveraineté et de la sagesse divine ; nous devenons à nous-mêmes nos guides et nos soutiens ; semblables au prodigue de l’Évangile, en forçant le père de famille de laisser à notre disposition et à notre caprice les dons et les talents dont il voulait lui-même régler l’usage, nous rompons tous les liens de dépendance qui nous liaient encore à lui, et au lieu de vivre sous la protection de son bras, il nous laisse errer loin de sa présence au gré de nos passions, dans des contrées étrangères1.
Cicéron, dans son livre de l’Orateur, nous recommande ainsi cette dernière qualité : « Chaque passion, chaque affection a son expression naturelle, sa physionomie, son accent. Les sons de la voix répondent, comme les cordes d’un instrument, à la passion qui les touche et les met en mouvement. […] L’action doit eu être tantôt vive, animée, et tantôt tranquille ; tantôt même cesser absolument, lorsque le discours est calme, ou dans l’extrémité contraire, lorsque la passion est portée au plus haut point.
Quelle qu’en soit l’issue, nous tuerons, de part et d’autre, quelques milliers d’hommes de plus, et il faudra bien que l’on finisse par s’entendre, puisque tout a un terme, même les passions haineuses2. […] N’y a-t-il donc aucun espoir de nous entendre, et faut-il, pour les intérêts ou les passions d’une nation étrangère aux maux de la guerre, que nous continuïons à nous entr’égorger ? Vous, Monsieur le Général en chef, qui, par votre naissance, approchez si près du trône, et êtes au-dessus de toutes les petites passions qui animent souvent les ministres et les gouvernements, êtes-vous décidé à mériter le titre de bienfaiteur de l’humanité entière3, et de vrai sauveur de l’Allemagne ?
La poésie descriptive, la louange, la haine et la passion font un fréquent usage de l’hyperbole et de l’exagération. […] La passion de lire est souvent une sorte d’intempérance qui charge et accable l’esprit sans l’éclairer. […] Nous croyons même qu’il y a d’autres passions plus nobles et plus fécondes. […] La passion de l’amour n’est point nécessaire dans la tragédie. […] Vouloir cette passion dans toutes les tragédies, dit Voltaire lui-même, me paraît être d’un goût efféminé.
Des passions. […] C’est là la marche naturelle des passions : elles naissent, grandissent, éclatent. […] Ajoutons qu’il faut l’entendre également des idées, des preuves, des passions, dans leur développement. […] Elle est très propre à peindre une passion ardente, une émotion vive et profonde : le style en tire à la fois plus de grâce et de force. […] 8º Les parties du corps regardées comme le siège des passions pour les passions elles-mêmes.
Passions. […] On appelle passions les deux sentiments du cœur auxquels peuvent se rapporter tous les autres, c’est-à-dire l’amour et la haine, et on donne le nom de pathétique à l’art d’exciter les passions. […] Qu’appelle-t-on passions et pathétique ? […] C’est en examinant comment se comportent les passions, qu’on leur prête une élocution digne des circonstances. […] Enfin, les gestes sont affectifs, quand ils expriment les passions, les mouvements de l’âme.
Le monde vous appartiendra un jour ; mais gardez-vous de vous associer, avant le temps, à ses intérêts et à ses passions. […] Nous avons vécu dans des temps pleins à la fois de passion et d’incertitude, qui ont exalté et confondu sans mesure l’ambition humaine, où l’âme de l’homme a été troublée aussi profondément que la société. […] « La vieillesse, voisine de l’éternité, est une espèce de sacerdoce, et quand elle est sans passions, elle nous consacre.
Ses études sont inspirées par la passion des livres, l’amour des lettres, l’enthousiasme du beau, et le culte du vrai. […] qui ne s’est figuré, avec délices, une petite retraite bien sûre, bien modeste, où l’on n’aurait plus à s’occuper que du beau et du vrai en eux-mêmes, où l’on ne verrait plus les hommes et leurs passions, les affaires et leurs ennuis, l’histoire et ses terribles agitations, qu’à travers ce rayon de pure lumière que le génie des grands écrivains a répandu sur tout ce qu’il représente ? […] Le fond de la vie, ce serait un abandon complet aux lettres, sans ambition personnelle, sans autre passion que celle d’embellir et d’épurer son intelligence. […] Jamais ils ne tendent de piége à leur lecteur, jamais ils ne le flattent par de belles paroles pour surprendre son âme et y allumer une mauvaise passion ou y introduire une idée fausse. […] Le goût des livres, quand il n’est pas la passion d’une âme honnête, élevée, délicate, est le plus vain et le plus puéril de tous les goûts. » (Variétés morales et littéraires).
Il est raisonnable que la vengeance me soit interdite, car sans cela, à quels excès ne me porterait pas cette aveugle passion ? […] Car quel miracle, qu’un Roi couvert du cilice, atténué de jeûnes, couché sous le sac et sur la cendre, toujours appliqué à combattre ses passions et à mortifier ses désirs ! […] L’orateur n’a pas ici de grandes passions à exciter. […] Le préjugé, la passion, l’ignorance font envisager les objets sous des faces bien opposées. C’est à l’orateur à éclairer l’ignorance, à détruire le préjugé, à subjuguer la passion.
Ce sujet admet donc des passions modérées, qui peuvent produire des plaintes, des chansons, des combats poétiques, des récits intéressants. […] Les épîtres philosophiques ont pour sujet une question de morale, de littérature ou quelque grande passion. […] On peut donc définir la poésie lyrique celle qui exprime le sentiment ou la passion actuelle du poète. […] Quand l’âme est échauffée par la passion, cette vitesse est plus grande encore. […] La seconde conséquence est qu’il doit y avoir dans l’ode une certaine unité de sentiment ou de passion, quoique le sentiment puisse se modifier et la passion s’amollir quelquefois jusqu’à passer au sentiment opposé110.
L’hyperbole est propre à peindre le désordre d’un esprit à qui une grande passion exagère tout. […] L’homme fortement ému d’une passion quelconque sera nécessairement inégal dans son style. Quelquefois diffus, il fait de l’objet de sa passion une peinture exacte et minutieusement détaillée : ce qu’il a déjà dit, il le redit de cent façons différentes. […] Toutes les passions violentes font un usage fréquent de cette figure, et la raison en est bien simple. Les passions cherchent naturellement à s’épancher au-dehors ; et, au défaut d’autres objets, elles s’adressent aux bois, aux rochers, etc., lors surtout que ces objets ont un rapport marqué avec ce qui les affecte.