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98. (1879) L’art d’écrire enseigné par les grands maîtres

Voilà ce que je sais par une longue expérience de toutes sortes de livres et de personnes. […] Il ne faut pas laisser de respecter non-seulement les Pères, mais encore les auteurs pieux qui ont écrit dans ce long intervalle. […] Il faisait exécuter alors un long récitatif français, mis en musique par un Italien qui ne savait pas notre langue. […] Balzac assomme de longues phrases hyperboliques Voiture et Benserade, qui lui répondent par des pointes et des jeux de mots dont ils rougissent eux-mêmes le moment d’après. […] Je vous en montrerais vingt exemples, si je ne craignais d’être long.

99. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Observations générales sur l’Art d’écrire les Lettres » pp. 339-364

Mais ne vous imaginez pas qu’il faille pour cela une bien longue lettre. […] Quelques réflexions de piété y sont très bien placées, pourvu qu’elles ne soient pas longues. […] Ce détail ne paraîtra pas minutieux, puisqu’il est nécessaire : d’ailleurs il ne sera pas long.

100. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Lamennais, 1782-1854 » pp. 455-468

Vous demandez au faible des efforts, au riche le détachement de la richesse, à l’ambitieux de s’effacer, à l’orgueilleux de se faire petit, au sensuel de vaincre ses convoitises, à tous un long et rude labeur ; comment seriez-vous écouté ? […] Ces longues soirées de la rue du Bac me reviennent en mémoire ; je revois tout ce qui était là, et je vous plains, et mon âme s’unit encore avec la vôtre. […] Sa fille venait de voir finir ses longues souffrances.

101. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre V. » pp. 82-88

Le théâtre jamais ne doit être rempli D’un argument plus long que d’un jour accompli, Et doit une Iliade, en sa haute entreprise, Être au cercle d’un jour ou guère plus comprise. […] Leur exemple fut négligé par la plupart des poëtes qui les suivirent de près, comme nous l’apprenons d’Aristote qui blâme plusieurs de son temps de ce qu’ils donnaient à leurs poëmes une trop longue durée, ce qui semble l’avoir obligé d’en écrire la règle ou plutôt de la renouveler sur le modèle de ces anciens. » (Pratique du Théâtre, II, 7.

102. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XVI. Genre du roman. »

Les Grecs, hommes d’action avant tout, étaient moins portés que les Asiatiques à faire et à entendre ces longs récits qui supposent les doux loisirs d’une vie somnolente et contemplative. […] En résumant cette longue esquisse du roman, nous voyons que s’il paraît d’abord chez les peuples orientaux sous la forme de contes, c’est surtout dans le Nord qu’il se développe et qu’il prend son véritable caractère.

103. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Molière, (1622-1673.) » pp. 205-211

Comme cet exercice est mon plaisir suprême, Je voulus, pour bien faire, aller au bois moi-même, Et nous conclûmes tous d’attacher nos efforts Sur un cerf que chacun nous disait cerf dix cors 1 ; Mais moi, mon jugement, sans qu’aux marques j’arrète 2 Fut qu’il n’était que cerf à sa seconde tête 3 Nous avions comme il faut séparé nos relais, Et déjeunions en hâte avec quelques œufs frais, Lorsqu’un franc campagnard avec longue rapière, Montant superbement sa jument poulinière, Qu’il honorait du nom de sa bonne jument, S’en est venu nous faire un mauvais compliment, Nous présentant aussi, pour surcroît de colère, Un grand benêt de fils aussi sot que son père. […] Mon cerf débûche 8, et passe une assez longue plaine ; Et mes chiens après lui, mais si bien en haleine, Qu’on les aurait couverts tous d’un seul justaucorps.

104. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Balzac, 1596-1655 » pp. 2-8

Quand vous aurez vu le Tibre, au bord duquel les Romains ont fait l’apprentissage de leurs victoires, et commencé ce long dessein qu’ils n’achevèrent qu’aux extrémités de la terre ; quand vous serez monté au Capitole, où ils croient que Dieu était aussi présent que dans le ciel, et qu’il avait enfermé le destin de la monarchie universelle ; après que vous aurez passé au travers de ce grand espace qui était dédié aux plaisirs du peuple2, et où le sang des martyrs a été souvent mêlé avec celui des criminels et des bêtes, je ne doute point qu’après avoir encore regardé beaucoup d’autres choses, vous ne vous lassiez à la fin du repos et de la tranquillité de Rome, qui sont deux choses beaucoup plus propres à la nuit et aux cimetières qu’à la cour et à la lumière du monde3. […] Chose étrange et digne d’une longue considération !

105. (1892) La composition française aux examens du baccalauréat de l’enseignement secondaire moderne, d’après les programmes de 1891, aux examens de l’enseignement secondaire des jeunes filles et aux concours d’admission aux écoles spéciales pp. -503

On y trouvera des plans, des développements, des devoirs d’élèves, et, pour chaque école, la plupart des sujets qui ont été proposés aux candidats, depuis de longues années. […] Il dira que Pascal, après de longues et cruelles souffrances, vient de rendre son âme à Dieu. […] 4° D’où vient la longue popularité de ce livre, et l’abandon où il semble être tombé ? […] – Rousseau recommande à un de ses amis de faire un long voyage à pied ; il lui vante les agréments de cette façon de voyager. […] Ce travail qui semble rapide a été préparé par une longue méditation ; il n’en est, en quelque sorte, que la phase dernière ou le résultat.

106. (1859) Principes de composition française et de rhétorique. Vol. I « Première partie — Chapitre VI. — Différents genres d’exercices »

C’est ainsi que La Fontaine nous donne le portrait de son Héron Au long bec, emmanché d’un long cou ; et qu’Andrieux nous fait connaître Frédéric II Qui tout roi qu’il était fut un penseur profond ; Redouté de l’Autriche, envié dans Versailles, Cultivant les beaux-arts au sortir des batailles, D’un royaume nouveau la gloire et le soutien, Grand roi bon philosophe, et fort mauvais chrétien. Ailleurs La Fontaine nous fait une description en un seul mot : Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe : et dans cette même fable du Héron, comme il nous fait une charmante description de l’eau : L’onde était transparente, ainsi qu’aux plus beaux jours. […] Style qui convient aux Lettres 1° Le style qui convient le mieux à la correspondance c’est le style coupé, et non les périodes longues et sonores. […] « C’est un grand amphithéâtre un peu en ovale, tout bâti de prodigieuses pierres, longues de deux toises, qui se tiennent là depuis plus de seize cents ans sans mortier, et par la seule pesanteur.

107. (1876) Traité de versification latine, à l'usage des classes supérieures (3e éd.) « PREMIÈRE PARTIE. DE L'ÉLÉGANCE LATINE. — CHAPITRE IV. Des Figures. » pp. 144-262

A quoi bon un si long discours ? […] Quidam arctissimè vinciunt corpus, ut graciles sint. — Macer (de µαϰρος, long), maigre. […] Ov. — Prolixus, prolixe, étendu en long. […] Longue barbe. […] Hor. — Procerus, fort haut, fort long.

108. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

Les orateurs du quinzième et du seizième siècle sont souvent ridicules par leurs longues et interminables citations. […] C’est ainsi qu’un chemin riant et uni, quoique plus long, fatigue moins qu’un autre qui est plus court, mais désagréable et escarpé. […] Ainsi l’exorde et la péroraison ne doivent pas être longs dans un discours de courte durée ; de même les longs discours ne doivent pas être accompagnés d’exordes et de péroraisons trop resserrés. […] Le texte ne doit être ni trop long ni trop court : trop long, il ne se retiendrait pas ; trop court, il paraîtrait singulier. […] Les historiens modernes n’ont pas inséré dans leurs récits des discours aussi longs et aussi nombreux.

109. (1868) Morceaux choisis des écrivains contemporains à l’usage des classes supérieurs de l’enseignement classique et spécial. Prose et poésie

Le sol qui les a vus naître, la terre de leurs aïeux, la mer qui baigne les rochers, de longs souvenirs, une longue espérance, tout se soulève autour d’eux comme un appel au combat ; chaque battement de leur cœur est une pensée d’amour et de fierté. […] Au nord-ouest s’étendait la tribu des Cynosures, par où j’étais entré à Sparte, et où j’ai remarqué le long mur. […] C’est une voie d’honneur et de courage ; ce n’est pas celle d’une longue vie, dans les temps de révolution. […] Pourquoi cette longue oppression des classes moyennes et inférieures ? […] La pointe, longue et forte, était armée de plusieurs barbes ou crochets tranchants et recourbés.

110. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « PRÉFACE. » pp. -12

Cette longue expérience m’a permis, au moins je le pense, de bien connaître la nature et les besoins intellectuels des jeunes gens qui suivent ce cours. […] Assurément je ne m’inscris pas en faux contre la doctrine du progrès humanitaire, mais je pense que la voie en est longue, embarrassée, sinueuse, se dérobant parfois à notre vue bornée ; je pense qu’à chaque époque l’humanité avance, recule, s’arrête avant de reprendre sa course, d’après une loi générale, que j’ai désignée ailleurs1 par les noms d’action, de réaction et de transaction.

111. (1885) Morceaux choisis des classiques français, prose et vers, … pour la classe de rhétorique

On compte les hommes capables de lire à haute voix de façon à charmer les loisirs d’une journée de mauvais temps ou d’une longue soirée d’hiver, à faire oublier à un malade les lenteurs d’une convalescence. […] que je voie au loin la fumée à longs flots S’élever de ce toit au bord de cet enclos... […] Est-ce cette Églé, fille du roi des ondes, Ou cette jeune Irène aux longues tresses blondes ? […] Une année de gouvernement, qui fut un long combat sans résultat complet ni assuré, avait suffi pour conquérir à M.  […] Mais un règne trop long fait des loisirs trop grands ; L’habitude du trône engendre les tyrans.

112. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Corneille 1606-1684 » pp. 310-338

Mais elle n’a qu’aigreur, sans cette charité, Et c’est un long sujet de murmure et de plainte, Quand son joug n’est souffert que par nécessité2. […] Là, dans un long tissu de belles actions, Il verra comme il faut dompter les nations, Attaquer une place, ordonner une armée, Et sur de grands exploits bâtir sa renommée. […] Et qu’un long âge apprête aux hommes généreux, Au bout de leur carrière, un destin malheureux1 ! Moi, dont les longs travaux ont acquis tant de gloire, Moi, que jadis partout a suivi la victoire2, Je me vois aujourd’hui, pour avoir trop vécu, Recevoir un affront, et demeurer vaincu.

113. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre IV. Des Ouvrages Didactiques. »

Ces connaissances (pour le dire en passant) ne peuvent guère être le partage des jeunes gens ; non plus que des personnes qui n’ont point fait des études longues et sérieuses. […] C’est ce que ne ferait pas, par exemple, un journaliste inconsidéré ou présomptueux, qui se bornerait à une lecture rapide et superficielle d’un ouvrage, pour prononcer définitivement et d’un ton de maître, sur des difficultés, que l’auteur n’a tenté d’éclaircir, qu’après de bien longues et de bien profondes réflexions.

114. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre III. Lettres missives. Genre épistolaire. »

Quelques réflexions de piété y sont très bien placées, pourvu qu’elles ne soient pas longues. […] Si la lettre est adressée à un égal ou à un inférieur, le cérémonial n’est pas le même ; on écrit tout du long et à la suite : Je suis avec les sentiments les plus distingués, ou avec attachement, votre, etc.

115. (1897) Extraits des classiques français, seizième, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours moyens. Première partie : prose. [Seizième siècle] « XVIe siècle — Prose — Amyot, 1513-1593 » pp. -

» Non, pas cela, dit-il, mais c’est bien chose merveilleuse, qu’un homme ayant des pieds puisse endurer ton babil. » Et à un autre semblable qui luy disoit, apres un long procez12 qu’il luy avoit fait : Je t’ay bien rompu la teste, philosophe, de mon parler » : Non as, respondit-il, point autrement13 : car je n’y ai point pensé14. […] Car ainsi comme les citez qui par guerres ordinaires avec leurs proches voisins, et continuelles expeditions d’armes, ont appris à estre sages, aiment les justes ordonnances, et le bon gouvernement : aussi ceux qui par quelques inimitiez ont esté contraints de vivre sobrement et se garder de mesprendre15 par negligence, et par paresse, et faire toutes choses utilement et à bonne fin, ceux la ne se donnent de garde, que16 la longue accoustumance, petit à petit, sans qu’ils s’en apperçoyvent, leur apporte une habitude de ne pouvoir plus pecher, et embellir leurs meurs d’innocence, pour peu que la raison y mette la main : car ceux qui ont tousjours devant les yeux ceste sentence, Le Roy Priam et ses enfants à Troye Certainement en meneroient grand joye1, cela les divertit et destourne bien des choses dont les ennemis ont accoustumé de se resjouïr et de se mocquer.

116. (1867) Morceaux choisis des classiques français, à l’usage des classes supérieures : chefs d’œuvre des prosateurs et des poètes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouvelle édition). Classe de rhétorique

Il a été moins long et moins difficile à Votre Majesté de vaincre l’Espagne. […] Je ne vous raconterai pas la suite trop fortunée de ses entreprises, ni ses fameuses victoires dont la vertu est indignée, ni cette longue tranquillité qui a étonné l’univers. […] C’est pour convaincre le monde entier, par une si longue et si terrible expérience, que l’Église, comme suspendue entre le ciel et la terre, n’a besoin que de la main invisible dont elle est soutenue. […] Une foule d’officiers de Monseigneur se jetèrent à genoux tout du long de la cour, des deux côtés sur le passage du roi, lui criant, avec des hurlements étranges, d’avoir compassion d’eux, qui avaient tout perdu et qui mouraient de faim. […] Les longues prospérités s’écoulent quelquefois en un moment, comme les chaleurs de l’été sont emportées par un jour d’orage.

117. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre lII. »

Un grand récit en vers veut s’adresser à des imaginations encore neuves, qu’on puisse surprendre et émouvoir avec cette simplicité sans laquelle les longs ouvrages sont insupportables. Là où les imaginations ont perdu cette première candeur, le poète épique ne saurait naître ; il appartient à la jeunesse des nations et des idiomes ; seulement, si la nation est rude et l’idiome grossier, on a ces longs récits en vers qui amusaient nos aïeux ; si, au contraire, la nouvelle langue est belle et forte dès son origine, on entend la voix du Dante.

118. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Alfred de Vigny 1799-1863 » pp. 530-539

Car voici la chaleur, et voici le printemps4. » Le colibri Souvent dans les forêts de la Louisiane5, Bercé sous les bambous et la longue liane, Ayant rompu l’œuf d’or par le soleil mûri, Sort de son lit de fleurs l’éclatant colibri ; Une verte émeraude a couronné sa tête, Des ailes sur son dos la pourpre est déjà prête, La cuirasse d’azur garnit son jeune cœur, Pour les luttes de l’air l’oiseau part en vainqueur… Il promène en des lieux voisins de la lumière Ses plumes de corail qui craignent la poussière1 ; Sous son abri sauvage étonnant le ramier, Le hardi voyageur visite le palmier. […] Il déroule la longue lignée de ses aïeux pour les replonger aussitôt dans la nuit.

119. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mignet. Né en 1796. » pp. 504-512

Mignet sait allier le talent de composer et d’écrire, l’ordre, la gravité soutenue, le relief de l’expression, l’éclat de la forme, une tenue un peu puritaine, mais noble, et qui communique à tous ses écrits un caractère de longue durée. […] Une révolution philosophique qui a rendu la raison de l’histoire plus ferme ; une révolution politique qui l’a rendue plus libre ; le progrès de certaines sciences, qui lui a donné une connaissance plus complète des faits, des temps, des lieux, des hommes, des institutions ; tant d’expériences fécondes, d’événements instructifs, accumulés pour nous en un demi-siècle, des croyances abandonnées et reprises, des sociétés détruites et refaites ; les excès des peuples, les fautes des grands hommes, les chutes des gouvernements, les prodiges de la conquête et les calamités de l’invasion ; après les plus vastes guerres la plus longue paix, et l’adoration des intérêts succédant à l’enthousiasme des idées, lui ont montré les faces diverses des choses humaines, et doivent nous faire pénétrer plus avant que nos devanciers dans tous les secrets de l’histoire.

120. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Prosper Mérimée. Né en 1803. » pp. 558-565

Pendant de longues années, aussi longtemps que le souvenir de sa fin tragique demeure dans la mémoire des hommes, cette offrande singulière s’accumule ainsi de jour en jour. […] À leur gauche, les Grecs avaient un mur de rochers infranchissables ; à leur droite, une côte vaseuse, inaccessible aux embarcations ; enfin, entre eux et l’ennemi s’élevait un mur pélasgique, c’est-à-dire construit en blocs de pierre longs de deux ou trois mètres et épais à proportion.

121. (1845) Leçons de rhétorique et de belles-lettres. Tome I (3e éd.)

Toute l’habileté d’un écrivain ne pourrait suffire à remplir un ouvrage de longue haleine d’une suite non interrompue d’idées sublimes. […] Les phrases sont longues ou brèves, et c’est la première différence qui nous frappe lorsque nous les examinons. […] Les écrivains qui ont l’habitude de faire de longues phrases sont très sujets à commettre des fautes de ce genre. […] Les phrases longues, pénibles et embarrassées, sont les plus grandes taches des ouvrages de cet auteur, qui d’ailleurs est un de nos historiens les plus recommandables. […] Il semble, en général, que pour qu’une phrase se termine d’une manière harmonieuse, il faille que la dernière ou l’avant-dernière syllabe soit longue.

122. (1881) Rhétorique et genres littéraires

Que m’importe, après tout, que Néron plus fidèle D’une longue vertu laisse un jour le modèle ? […] Il y a deux règles principales à observer dans le dialogue : 1° ne pas substituer, sous peine de monotonie, à un véritable dialogue une série de longs discours ; 2° éviter des répétitions trop multipliées. […] Les principaux pieds étaient : 1° Le spondée 2° L’ïambe 3° Le trochée 4° Le d actyle 5° L’anapeste 6° Le tribraque deux longues, une brève et une longue, une longue et une brève, une longue et deux brèves, deux brèves et une longue. […] On distingue deux principes dans la versification latine : 1° la césure (cædere, couper), syllabe longue qui finit un mot et commence un pied ; 2° l’Élision (elidere, briser, annuler), qui est la suppression d’une syllabe à la fin d’un mot. […] Elle a été louée de tout temps, et Boileau, dans son Art poétique, a porté un jugement vrai quand il a dit : Un sonnet sans défaut vaut seul un long poëme.

123. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

Le vers le plus long, et ensemble le plus harmonieux et le plus riche, est l’alexandrin de douze syllabes. […] L’harmonie impose la rime à la versification française, condition nécessaire dans une langue où l’accent ne distingue pas suffisamment les brèves et les longues. […] La Mémoire était encore une partie accessoire de la Rhétorique, élevée au rang d’une science, objet, sous le nom de Mnémonique, d’études longues et minutieuses. […] Et l’orgue mime en pousse un long gémissement. […] Voir tout ce passage, qui n’est qu’une longue prétérition.)

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