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2. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Seconde partie. Moyens de former le style. — Chapitre Ier. Des exercices préparatoires à la composition » pp. 209-224

Quels livres faut-il lire ? […] 308. — Est-il nécessaire de lire beaucoup d’ouvrages ? […] Quels sont les moyens à prendre pour lire les modèles avec avantage ? […] De plus, il faut lire peu à la fois ; les objets se fixent plus aisément dans l’esprit. Lire au delà de certaines bornes, c’est presque toujours se fatiguer sans fruit.

3. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Silvestre de Sacy Né en 1804 » pp. 271-274

Un bibliophile MM. de Bure n’étaient point de ces bibliophiles qui ne lisent pas, qui seraient très-fâchés de lire, et qui n’ont des livres que pour la montre. […] Je crois bien qu’ils ne lisaient pas toujours dans ces beaux volumes, et qu’ils se contentaient souvent du très-grand et très-légitime plaisir de les regarder d’un œil d’amateur, de les ranger, de les manier, de les épousseter, jouissances délicieuses, je le sais, et que je permets au bibliophile, pourvu qu’il lise ou qu’il ait au moins l’intention de lire. […] Le bibliophile Jacob (Paul Lacroix), a dit : « Le bibliomane vaniteux a de belles éditions, de splendides reliures, une bibliothèque bien choisie et bien rangée : il dépense des sommes immenses pour la compléter, c’est un soin dont il se remet entièrement à un bouquiniste intelligent, à un bibliographe officieux ; du reste, il ne lit pas, et souvent il n’a jamais lu : il collectionne des livres, comme il ferait des tableaux, des coquilles, des minéraux, des herbiers. » 1.

4. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Première partie. Principes de composition et de style. — Chapitre II. Moyens de se préparer à la composition. »

Un bon moyen de donner à l’imagination l’impulsion dont elle manque, c’est de lire, avant de composer, quelques passages d’un bon auteur, analogues au sujet que l’on doit traiter ; les chrestomathies fournissent toujours des morceaux de ce genre. […] Si l’on a à traiter un sujet historique, il est bon de lire dans un historien les faits relatifs à l’époque ou aux évènements dont il est question. […] Il faut, dit Pline, lire beaucoup, mots non beaucoup de choses. Celui-là réussira le mieux dans l’art d’écrire, qui aura lu le plus souvent et avec le plus de fruit un petit nombre d’excellents ouvrages, et moins d’ouvrages médiocres. […] Lisez les poètes qui ont le mieux peint l’homme et la nature, leurs riantes images vous délasseront l’esprit ; lisez aussi les critiques célèbres, pour vous habituer à juger avec goût les œuvres littéraires ; ne dédaignez pas les orateurs et les moralistes ; ne reculez pas devant un livre sérieux : vous n’aurez pas à regretter votre temps et vos peines.

5. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Préface » pp. -

Qu’il nous suffise d’avoir eu la bonne volonté d’aider les jeunes gens à mieux lire, et à juger par eux-mêmes, sous la conduite du cicérone qui, sans les importuner ou gêner leur initiative, les arrête à propos et discrètement devant les bons endroits1 ! […] Outre qu’il lui est impossible de ne pas respirer l’air qui nous entoure, ne donnons pas l’attrait du fruit défendu à des livres qu’un engouement irréfléchi lira sans critique, si on s’obstine à les proscrire des écoles, au lieu d’apprendre par une direction tout ensemble libérale et sévère à séparer le mort du vit, c’est-à-dire à discerner les qualités des défauts, et l’excellent du mauvais ou du médiocre. […] On ne peut tout lire sans doute de chaque auteur ; il n’est besoin que d’en lire assez pour bien marquer le sens de sa manière, et donner à l’auditeur qui sort de là l’envie d’en savoir plus en recourant à l’original ; mais il faut, à la rigueur, lui en avoir déjà offert et servi un assez ample choix, pour que, même sans aller s’informer au delà, il en garde un souvenir propre, et attache à chaque nom connu une idée précise. L’art de la critique, en un mot, dans son sens le plus pratique, consiste à savoir lire judicieusement les auteurs, et à apprendre aux autres à les lire de même, en leur épargnant les tâtonnements et en leur dégageant le chemin. » (Sainte-Beuve.)

6. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Regnard. (1655-1709.) » pp. 242-253

Quel livre voulez-vous lire en votre chagrin ? […] Que je lise Sénèque ? […] Ne sais-tu pas lire ? […] Ne sais-tu pas lire ? […] Ouvre, et lis au hasard.

7. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Joubert, 1754-1824 » pp. 388-398

Maillet, à qui il ne manque que de la paresse, du relâche, de la détente de tête, pour travailler admirablement, et qui a travaillé avec autant d’éloquence que de courage, il y a vingt ans, contre la tyrannie de l’époque, comme l’attestent des opuscules, dont je vous ai remis, il y a dix ans, un exemplaire qui vous aurait fait connaître son mérite si vous l’aviez lu, mais que vous n’avez pas lu, parce que, occupé comme vous l’êtes, vous ne lisez rien, et je crois que vous faites bien, par une prérogative qui n’appartient qu’à vous ; M. […] Que serait-ce si on interrompait la musique pour lire quelque pièce justificative à l’appui de chaque air ? […] Bossuet dans ses citations avait l’air de parler en son nom : il lisait les textes sacrés dans la mémoire de son cœur, dans sa conscience. […] Quesnel, dans son beau livre : Bonheur de la mort chrétienne : « Celui qui a la foi, loin de regarder la mort comme son ennemie et de la fuir comme son malheur, devrait aller au-devant d’elle par ses désirs, et la recevoir, quand elle se présente, comme sa libératrice et comme une amie qui le décharge d’un fardeau pesant et incommode, pour le faire passer d’un pays ennemi dans un lieu de sûreté, et de la région de la mort au séjour aimable et délicieux de la vie bienheureuse. » Je lis dans un article de Mme Georges Sand : « Quoi de plus beau et de plus pur que la vision intérieure d’un mort aimé ? […] N’ayant pu le faire connaître ici que par échappée, nous conseillons de lire l’avant-propos écrit avec une simplicité touchante par son parent M. de Raynal.

8. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Je le lus et je le relus, ce cruel portrait ; je l’aurois trouvé très-joli, s’il eût été d’une autre que de moi et d’un autre que de vous : je le trouvai même si bien enchâssé, et tenant si bien sa place dans le livre, que je n’eus pas la consolation de me pouvoir flatter qu’il fût d’un autre que vous. […] Je vous remercie de vos lettres au roi, mon cousin ; elles me feroient plaisir à lire d’un inconnu, elles m’attendrissent ; il me semble qu’elles devroient faire cet effet-là sur notre maître : il est vrai qu’il ne s’appelle pas Rabutin comme moi. […] vous n’avez qu’à lire cette histoire. […] Les hommes ne pensent point ainsi : lisez saint Augustin dans la Vérité de la Religion ; lisez l’Abbadie 2, bien différent de ce grand saint, mais très-digne de lui être comparé, quand il parle de la religion chrétienne (demandez à l’abbé de Polignac s’il estime ce livre) ; ramassez donc toutes ces idées, et ne jugez point si frivolement ; croyez que, quelque manége qu’il y ait dans le conclave, c’est toujours le Saint-Esprit qui fait le pape ; Dieu fait tout, il est le maître de tout, et voici comme nous devrions penser (j’ai lu ceci en bon lieu) : « Quel trouble peut-il arriver à une personne qui sait que Dieu fait tout, et qui aime tout ce que Dieu fait ?  […] Madame de Sévigné raconte ainsi les mêmes détails dans une autre lettre (9 août 1675) : « Écoutez, je vous prie, une chose qui, à mon sens, est fort belle ; il me semble que je lis l’histoire romaine.

9. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Eugénie de Guérin , 1805-1848. » pp. 578-584

Ils sont doux les baisers d’enfant : il me semble qu’un lis s’est posé sur ma joue3. […] Aujourd’hui grande venue de lettres que je n’ai pas lues. Que lire là-dedans ? […] La réflexion me plonge vite au fond de toute chose, et je vois le néant dans tout, si Dieu ne s’y trouve pas. » Ailleurs, je lis encore : « Le 6. — Depuis trois jours, je n’ai pas quitté l’aiguille. […] Nous lisons ailleurs : « Je ne sais pourquoi cela m’est devenu nécessaire d’écrire, quand ce ne serait que deux mots.

10. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie —  Vauvenargues, 1715-1747 » pp. 336-343

Pour moi, je pleurais de joie, lorsque je lisais ces pages ; je ne passais point de nuit sans parler à Alcibiade, Agésilas et autres ; j’allais dans la place de Rome, pour haranguer avec les Gracques, et pour défendre Caton, quand on lui jetait des pierres4. […] Il me tomba, en même temps, un Sénèque dans les mains, je ne sais par quel hasard ; puis, des lettres de Brutus à Cicéron, dans le temps qu’il était en Grèce, après la mort de César : elles sont si remplies de hauteur, d’élévation, de passion et de courage, qu’il m’était bien impossible de les lire de sang-froid1 ; je mêlais ces trois lectures, et j’en étais si ému, que je ne contenais plus ce qu’elles mettaient en moi ; j’étouffais, je quittais mes livres, et je sortais comme un homme en fureur, pour faire plusieurs fois le tour d’une assez longue terrasse2, en courant de toute ma force, jusqu’à ce que la lassitude mît fin à la convulsion. […] Vous allez croire sûrement que je veux que votre frère devienne un stoïcien, et qu’il se tue comme Caton, ou qu’il lise notre Sénèque ! […] Je voudrais bien que cette lettre fût assez ridicule pour vous faire rire vous-même ; mais je crains qu’elle n’ait que ce qui est nécessaire pour vous ennuyer un quart d’heure, car il faut bien cela pour la lire. […] Il n’est guère sympathique aux Ménalques ; voulez-vous voir son idéal secret, lisez cette page : « Quand je trouve dans un ouvrage une grande imagination avec une grande sagesse, un jugement net et profond, des passions très-hautes mais vraies, nul effort pour paraître grand, une extrême sincérité, beaucoup d’éloquence, et point d’art que celui qui vient du génie, alors je respecte l’auteur, je l’estime autant que les sages ou que les héros qu’il a peints.

11. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur la Poétique d’Artistote. — Chapitre V. » pp. 82-88

.,  I, p. 403) nous en donne la définition suivante, évidemment calquée sur celle de la tragédie qu’on lira plus bas au chap. VI :Κωμῳδία ἐστὶ μίμησις πράξεως γελοίου ϰαὶ ἀμοίρου (lisez γελοίας ϰαὶ ἀνωδύνου ?) […] Dans quel auteur grec notre critique a-t-il lu cette règle sur la durée de l’action théâtrale ? […] Mais comme il a servi de texte à une foule de discussions qui n’ont pas été sans influence sur l’art dramatique, particulièrement en France, on lira peut-être avec intérêt quelques extraits des controverses qui s’y rapportent : « Il suffit, dit Lopez de Véga, de s’attacher à l’unité d’action et d’éviter l’épisode, en sorte qu’il n’y ait rien d’étranger et qui nous tire du sujet principal  c’est-à-dire qu’on n’en puisse détacher aucune partie, sans que la pièce tombe en ruine. […] « Mais une chose bien plus étrange et pourtant très-véritable, j’ai vu des gens qui travaillaient depuis longtemps au théâtre lire ou voir un poëme par plusieurs fois, sans reconnaître ni la durée du temps ni le lieu de la scène, ni la plupart des circonstances des actions les plus importantes, pour en découvrir la vraisemblance. » (Pratique du Théâtre, II, 2  cf.

12. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Lamartine 1790-1869 » pp. 506-523

Je lisais les crimes de Rome, Et l’empire à l’encan1 vendu, Et, pour élever un seul homme, L’univers si bas descendu. […] Le visage De l’immortalité portait déjà l’image ; Et déjà sur ce front, où son signe était lu, Mon œil respectueux ne voyait qu’un élu. […]   Je lis ailleurs cette belle page du grand poëte sur le curé de campagne :   « Il a dans ses attributions les fautes, les repentirs, les misères, les nécessités, les indigences de l’humanité ; il doit avoir le cœur riche et débordant de tolérance, de miséricorde, de mansuétude, de compassion, de charité et de pardons ! […] C’est avec le cœur qu’il convient de lire ces vers. […] Je lis ailleurs dans M. de Lamartine :   « Voilà le toit que ma mère appelait avec tant d’amour sa Jérusalem, sa maison de paix !

13. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre III. Du Genre historique. »

Il passa dans la Grèce, se rendit à Pise, pendant qu’on y célébrait les jeux olympiques, et y lut son histoire. […] Je dois remarquer ici que les militaires ne sauraient lire avec trop de réflexion Thucydide, Xénophon et Polybe. […] Il serait bien difficile de lire quelque chose de mieux fait sur cette partie importante de l’histoire des Romains. […] On peut lire l’excellent ouvrage que le P.  […] Cet ouvrage est très instructif et agréable à lire, malgré les négligences du style.

14. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Pascal, 1622-1662 » pp. 44-51

Leurs robes rouges, leurs hermines dont ils s’emmaillottent en chats fourrés2, les palais où ils jugent, les fleurs de lis, tout cet appareil auguste était fort nécessaire : et si les médecins n’avaient des soutanes et des mules, et que les docteurs n’eussent des bonnets carrés, et des robes trop amples de quatre parties3, jamais ils n’auraient dupé le monde, qui ne peut résister à cette montre4 si authentique. […] Nous lisons dans M. […] Je lis dans La Bruyère : « Il faut aux enfants des verges et la férule : il faut aux hommes faits une couronne, un sceptre, un mortier, des fourrures, des faisceaux, des timbales, des hoquetons. […] Il y a dans Pascal plus d’une page qu’on ne peut lire sans éprouver comme une sorte de vertige. […] Lire le chapitre où Pascal traite de la différence entre l’esprit géométrique et l’esprit de finesse.

15. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Un militaire ne doit pas manquer de lire le Traité de la valeur, par Saint-Réal. […] Cependant il est nécessaire de dire que cet ouvrage devroit être lu avec quelque précaution, sans les judicieuses remarques qu’on y a insérées. […] Il n’est pas souvent obscur et inintelligible, comme l’ont prétendu quelques critiques, qui l’avoient sans doute lu avec précipitation. […] Nous devons lire ensuite le Traité de la vérité de la religion chrétienne, par Ae. […] Quand on a lu ce livre avec quelque attention, on ne peut regarder les productions de l’incrédule, que comme des ouvrages du délire ou de la mauvaise foi.

16. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Courier, 1773-1825 » pp. 447-454

Je m’approchais pour la lire, écartant ces plantes, cherchant à poser le pied sans rien fouler, quand M. d’Agincourt, que je n’avais pas vu : « C’est ici, me dit-il, l’Arcadie du Poussin, hors qu’il n’y a ni danses ni bergers ; mais lisez, lisez l’inscription. » Je lus ; elle était en latin, et il y avait dans la première ligne : Aux dieux mânes ; un peu au-dessous, Fauna vécut quatorze ans trois mois et six jours ; et plus bas, en petites lettres : Que la terre te soit légère, fille pieuse et bien-aimée ! […] La Fontaine m’est mieux connu que si, lui vivant, je le voyais sans lire ce qu’il a écrit.

17. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Préface » pp. -

Qu’il nous suffise d’avoir eu la bonne volonté d’aider les jeunes gens à mieux lire, et à juger par eux-mêmes, sous la conduite du cicerone qui, sans les importuner ou gêner leur initiative, les arrête à propos et discrètement devant les bons endroits1 ! […] Outre qu’il lui est impossible de ne pas respirer l’air qui nous entoure, ne donnons pas l’attrait du fruit défendu à des livres qu’un engouement irréfléchi lira sans critique, si l’on s’obstine à les proscrire des écoles, au lieu d’apprendre, par une direction tout ensemble libérale et sévère, à séparer le mort du vif, c’est-à-dire à discerner les qualités des défauts, et l’excellent du mauvais, ou du médiocre. […] L’art de la critique, en un mot, dans son sens le plus pratique, consiste à savoir lire judicieusement les auteurs, et à apprendre aux autres à les lire de même, en leur épargnant les tâtonnements et en leur dégageant le chemin. » (Sainte-Beuve.)

18. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Mignet. Né en 1796. » pp. 504-512

Nul n’a su mieux lire les papiers d’État et les archives de la diplomatie. […] C’est par ce côté du bon sens, de l’honnêteté, du dévouement, qu’il peut apprendre à tous ceux qui liront sa vie à se servir de l’intelligence que Dieu leur a donnée pour éviter les égarements des fausses idées ; des bons sentiments que Dieu a déposés dans leur âme, pour combattre les passions et les vices qui rendent malheureux et pauvre. […] Là, retraçant leurs faiblesses passées, Leurs actions, leurs discours, leurs pensées, À chaque état ils reviennent dicter Ce qu’il faut fuir, ce qu’il faut imiter ; Ce que chacun, suivant ce qu’il peut être, Doit pratiquer, voir, entendre, connaître ; Et, leur exemple en diverses façons Donnant à tous les plus nobles leçons, Rois, magistrats, législateurs suprêmes, Princes, guerriers, simples citoyens mêmes, Dans ce sincère et fidèle miroir Peuvent apprendre et lire leur devoir. […] Nous lisons dans le Siècle de Louis XIV, de Voltaire : « La nation française est de toutes les nations celle qui a produit le plus d’ouvrages excellents. Sa langue est devenue la langue de l’Europe ; tout y a contribué : les grands auteurs du siècle de Louis XIV ; ceux qui les ont suivis ; les pasteurs calvinistes réfugiés, qui ont porté l’éloquence, la méthode, dans les pays étrangers ; un Bayle surtout, qui, écrivant en Hollande, s’est fait lire de toutes les nations ; un Rapin de Thoyras, qui a donné en français la seule bonne histoire d’Angleterre ; un Saint-Évremond, dont toute la cour de Londres recherchait le commerce ; la duchesse de Mazarin, à qui l’on ambitionnait de plaire ; Madame d’Olbreuse, devenue duchesse de Zell, qui porta en Allemagne toutes les grâces de sa patrie.

19. (1875) Les auteurs grecs expliqués… Aristote, Poétique « Commentaire sur les extraits des problèmes » pp. -144

Nous lisons avec M. […] Il est donc inutile de lire αὐτῆς avec M. […] Peut-être lisait-on primitivement dans le texte αὐλὸν ἕνα, et la finale ον, à cause de sa ressemblance avec εν, aura fait disparaître cette syllabe. […] Je conviens toutefois qu’on s’attendrait à lire ἱδιον avant ἦθος Peut-être aussi ἦθος φυλάσσειν signifie-t-il « s’abstenir des actions et des mouvements passionnés » qui sont le propre signe des héros du drame.

20. (1870) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices par Gustave Merlet,... à l'usage de tous les établissements d'instruction. Cours moyens, grammaire et enseignement spécial. Première partie : prose

Que si vous prenez la peine de lire ce livre55, ou que vous le fassiez lire par ceux des vôtres qui en auront le plus de loisir, je vous prie de remarquer les fautes, qui sans doute s’y trouveront en très-grand nombre. […] oui, je sais lire et écrire. […] C’est nourrissant, pratique, juste, clair et proportionné. « Je le lis, disait madame de Sévigné, avec un plaisir qui m’enlève ? […] que Votre Majesté me le rende ; je l’ai lu brusquement. — Non. […] Cette foule immense se fend pour m’ouvrir un chemin ; chacun a les yeux attentifs pour lire dans les miens quelle sera sa destinée.

21. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Beaumarchais, 1732-1799 » pp. 344-356

Je broche une comédie dans les mœurs du sérail : auteur espagnol, je crois pouvoir y fronder Mahomet sans scrupule ; à l’instant un envoyé de je ne sais où se plaint que j’offense dans mes vers la Sublime-Porte, la Perse, une partie de la presqu’île de l’Inde, toute l’Égypte, les royaumes de Barca, de Tripoli, de Tunis, d’Alger et du Maroc ; et voilà ma comédie flambée pour plaire aux princes mahométans, dont pas un, je crois, ne sait lire, et qui nous meurtrissent l’omoplate en nous disant : « Chiens de chrétiens !  […] Avancez, docteur, et lisez la promesse. […] Qu’il y a, messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce ; car il n’est pas dit dans l’écrit : « laquelle somme je lui rendrai, ET je l’épouserai » ; mais « laquelle somme je lui rendrai, OU je l’épouserai » ; ce qui est bien différent. […] Dou-ouble-Main, lisez vous-même. […] Ce mot de Figaro sur l’indigne abus des plaidoiries de nos jours (c’est dégrader le plus noble institut) a bien montré le cas que je fais du noble métier d’avocat ; et mon respect pour la magistrature ne sera plus suspecté quand on saura dans quelle école j’en ai recherché la leçon, quand on lira le morceau suivant, aussi tiré d’un moraliste, lequel parlant des magistrats, s’exprime en ces termes formels : « Quel homme aisé voudrait, pour le plus modique honoraire, faire le métier cruel de se lever à quatre heures, pour aller au palais tous les jours s’occuper, sous des formes prescrites, d’intérêts qui ne sont jamais les siens ?

22. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Silvestre de Sacy. Né en 1801. » pp. 522-533

L’homme bien élevé2 lira Corneille, la Fontaine, Racine et Molière, comme nos pères lisaient Horace et Virgile. […] Lisez quelques passages de Platon, de la République ou des Lois, des Lois surtout, ce délicieux ouvrage de sa vieillesse, tranquille et doux comme une belle soirée. Lisez ensuite les Maximes de La Rochefoucauld ; et comparez le sentiment amer que vous laisseront celles-ci à la fraîcheur, au contentement qui pénètre l’âme à la lecture des divines pages de Platon. […] Si vous prenez cette correspondance par son côté domestique et familier, madame de Sévigné n’est pas plus naturelle et plus aimable ; elle ne fait pas partager avec plus de simplicité à ceux qui la lisent les émotions de son cœur, les bons ou mauvais événements de sa vie, ses petits triomphes et ses grandes douleurs. […] Ils aimaient les beaux livres, mais ils les aimaient pour les lire ; ils en paraient leurs esprits, ils en nourrissaient leur cœur.

23. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Sainte-Beuve. Né en 1804. » pp. 566-577

Savoir lire, voilà son art inimitable. […] Heureux ceux qui lisent, qui relisent, ceux qui peuvent obéir à leur libre inclination dans leurs lectures ! […] L’amour de l’antique C’est dans la jeunesse qu’il faut apprendre à lire les Anciens. […] Soyez sobre, soyez à jeun ; n’allez pas lire tous les journaux dès le matin2. […] Il en est ainsi des grands poëtes : ils doivent être lus souvent et étudiés avec révérence, avant qu’un esprit neuf puisse acquérir quelque chose comme une connaissance égale à leur mérite.

24. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — La Fontaine 1622-1695 » pp. 339-378

Je lis dans M. […] Je lis dans M. […] Je lis dans M. […] Lire l’Oraison funèbre de la duchesse d’Orléans, par Bossuet. […] Nous lisons dans M.

25. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre IV. Genre didactique. »

Il faut que, pour bien comprendre ce qui est dit au commencement du livre, on ne soit pas obligé de le lire ou de l’étudier tout entier. […] Ce n’est pas tout d’avoir lu l’ouvrage ; il faut le bien comprendre, et, avant de porter un jugement sur ce qu’il contient, avoir au moins une idée juste des choses dont on veut parler. […] Après qu’on a lu un certain nombre de pages, tout vous échappe ; on sait seulement que l’auteur a dit des choses ingénieuses, et a souvent parlé en orateur. […] J’ouvre le livre au hasard (p. 131), et j’y lis ces mots : Voilà un beau coup de filet pour M. de La Motte, d’avoir pris en faute trois héros d’Homère tout à la fois ; mais ces imprudences prétendues ne serviront qu’à faire voir l’imprudence du censeur, que la lecture seule du texte et ma remarque lui auraient épargnée, s’il avait lu l’un et l’autre avec moins de préoccupation ou plus de jugement. […] Le livre de madame Dacier, annoncé depuis longtemps, parut quelques jours après… Je le lus avec attention pour y chercher mes erreurs, et comme j’avais promis de pardonner les injures à qui me détromperait, je m’accoutumai aisément à celles dont il est plein, dans l’espérance qu’on remplirait la condition.

26. (1811) Cours complet de rhétorique « Livre troisième. Des Trois Genres principaux d’Éloquence. — Section deuxième. La Tribune du Barreau. — Chapitre V. Barreau français. — Le Normant et Cochin. »

Patru, par exemple, était consulté par Vaugelas comme l’oracle de la langue française : Racine et Boileau s’empressaient de lui lire leurs ouvrages, et son jugement déterminait le leur. […] Malgré la pureté de langage qui caractérise ses plaidoyers et ses lettres, on a cessé depuis longtemps de les lire, parce qu’on y chercherait en vain cette chaleur de style et cette force de raison qui donnent seules la vie aux écrits, de quelque nature qu’ils soient. Mais ce qui contribua le plus à effacer la réputation de Patru, et à le reléguer dans la classe des écrivains estimés, mais peu lus, ce fut le célèbre Cochin, à qui il semblait réservé d’offrir aux Français le modèle le plus accompli de l’éloquence du barreau, et l’exemple, en même temps, de toutes les vertus qui doivent constituer l’avocat.

27. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre V. Du Roman. »

Mais elles nous rappellent les mœurs de l’ancienne chevalerie ; et c’est ce qui nous les fait lire avec plaisir et avec intérêt. […] Je me borne à ceux-là, sans parler de ceux qui ont été traduits des langues étrangères, quoiqu’il y en ait beaucoup d’autres qui peuvent également être lus sans danger. Mais on fera mieux de les lire tard.

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