Selon que notre idée est plus ou moins obscure, L’expression la suit ou moins nette ou plus pure : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, El les mois pour le dire arrivent aisément. […] L’ordre naturel des idées, que l’on peut appeler la méthode, peut sans contredit contribuer efficacement à la clarté du discours. […] Ce défaut offre la plus grande confusion dans les idées ; c’est un brouillard qui laisse d’abord entrevoir les objets, et qui finit ordinairement par les dérober tous à la vue. […] Propriété des Mots La Propriété est un choix de mots que l’usage le plus généralement adopté par les bons écrivains a appropriés aux idées que l’on veut exprimer. […] Si nous voulons nous former une juste idée du style coupé, lisons l’admirable tableau que M.
Il est explicatif, quand il ne sert qu’à expliquer, à développer une idée, renfermée ou supposée dans le nom auquel il se rapporte. […] Dans cette phrase, le premier qui est explicatif, parce qu’il ne sert qu’à développer l’idée de justice, renfermée dans le mot Dieu. […] Le pronom relatif, en effet, doit toujours rappeler l’idée d’un nom qui a une signification déterminée. […] La raison de cette règle est que le nom collectif, ou l’adverbe de quantité, ne présente avec ce substantif pluriel, qu’une idée totale et indivisible. […] Le pronom eux dans le premier exemple, et le pronom les dans le second, forment une syllepse, parce qu’ils se rapportent à l’idée, et non aux mots.
Quelle idée de genre peut, en effet, nous rester lorsque toute limite disparaît, et, par conséquent, ensemble, toute définition ? […] Nous croyons donner une idée plus exacte des lettres missives prises en général en les rapprochant des discours prononcés. […] Mais il faut supposer qu’on parle bien ; et peut-être même est-on obligé de parler un peu mieux dans une lettre que dans la conversation, parce qu’on a le temps de choisir ses idées et ses expressions, et de leur donner un tour plus agréable. […] Elles sont exigées par la coutume, et ne contiennent jamais que les mêmes idées, reproduites avec tous les égards et tous les ménagements dus aux supérieurs ou aux personnes plus âgées que nous.
Vous avez mis des notions justes, des idées saines, un intérêt continu là où régnaient la confusion, le vague, la sécheresse. […] Appropriant le terme à l’idée, l’expression au sujet, votre diction suit dans toutes leurs nuances et toutes leurs inflexions les différents genres de littérature, et c’est dans un style simple, naturel, concis, élégant, que vous nous parlez de l’élégance, de la concision, du naturel et de la simplicité du style. […] Je suis ravi que vous ayez combattu la théorie funeste de l’art pour l’art, en traçant avec fermeté le but moral du poète et de l’orateur, aussi bien qu’en donnant l’idée la plus pure et la plus haute de la noble mission de l’écrivain. […] Il m’est agréable de vous dire qu’il répond parfaitement à mes idées.
cria-t-il hautement, De me baigner si désormais l’envie Me revenait, daignez me la changer ; Oncques dans l’eau n’entrerai de ma vie Qu’auparavant je ne sache nager. » Le sel de ces récits consiste en ce que l’esprit suit paisiblement le récit, croyant arriver à quelque suite, naturelle en pareil cas, de ce qui avait été dit d’abord, mais que tout à coup il se sent rejeté brusquement sur une autre idée dont il était fort éloigné75. […] On affecte souvent dans l’énigme, afin de dérouter le lecteur, d’embrouiller le sens par des idées en apparence contradictoires, et qui s’expliquent pourtant très bien lorsqu’on sait le mot. […] Ce genre de poésie doit présenter une suite d’idées naturelles et piquantes, d’images douces et gracieuses, qui tendent toutes au même sujet. […] Ce refrain doit contenir l’idée principale de la chanson, et cette idée doit être saillante, toujours liée avec celles qui la précèdent et toujours amenée avec art.
Je ne me dissimule pas que cette définition excède un peu l’idée qu’on est accoutumé de se faire sous ce nom. […] Au centre du lieu, trois grands hommes aimeraient souvent à se rencontrer devant le portique du principal temple (car il y en aurait plusieurs dans l’enceinte), et, quand ils seraient ensemble, pas un quatrième, si grand qu’il fût, n’aurait l’idée de venir se mêler à leur entretien, ou à leur silence, tant il paraîtrait en eux de beauté, de mesure dans la grandeur, et de cette harmonie parfaite qui ne se produisit qu’un jour dans la pleine jeunesse du monde. […] Plus tard la place est occupée ; les affaires, les soucis, les soins de chaque jour la remplissent, et il n’y a plus guère moyen qu’avec un trop grand effort de repousser la vie présente qui nous envahit de tous côtés et qui nous déborde, pour aller se reporter en idée à trois mille ans en arrière1. […] Si pourtant l’objet de notre étude ce jour-là, et en quelque sorte de notre dévotion, est un de ces morts fameux et si rares dont la parole remplit les temps, l’effet ne saurait être ce que nous disons : l’autel alors nous apparaît trop lumineux ; il s’en échappe incessamment un puissant éclat qui chasse bien loin la langueur des regrets et ne rappelle que des idées de durée et de vie. […] Un moraliste à la façon de Nicole les a très-bien définis en ces mots : « Ce sont des esprits trop remplis d’eux-mêmes et des images présentes qui les occupent, pour pouvoir s’ouvrir et faire place en eux à d’autres idées que les leurs, et surtout quand il s’agit d’admettre et de comprendre les choses du passé. » De ces esprits exclusivement voués au monde moderne, aux impressions actives de chaque jour, et qui ne sauraient s’en défendre, il en est, d’ailleurs, je le sais, de bien fermes, et, à tous autres égards, d’excellents.
Stoïcien tendre, il justifia par son exemple ce mot excellent qui est de lui : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Philosophe religieux par sentiment, il se conserva pur de toute contagion dans un siècle où la licence des mœurs atteignait les idées. […] Trop indulgent pour nos passions, il les regarda comme des forces qu’on peut tourner à la vertu, et crut trop à la bonté originelle de notre nature ; mais ne lui reprochons pas l’idée généreuse de concilier cette grandeur et cette misère qui avaient effrayé l’imagination de Pascal. […] Accoutumé à la clarté de ses propres idées, il devinait avec peine ce qui était fin et enveloppé, et l’on était étonné qu’un homme qui concevait et qui s’exprimait si nettement ne pût guère aller plus loin que sa première idée et sa première vue.
Nulle idée n’en approche. […] La matière a-t-elle dans son fonds une idée aussi pure, aussi simple, aussi immatérielle qu’est celle de l’esprit ? […] Ce défaut est celui des esprits cultivés, mais stériles : ils ont des mots en abondance, point d’idées ; ils travaillent donc sur les mots, et s’imaginent avoir combiné des idées, parce qu’ils ont arrangé des phrases, et avoir épuré le langage quand ils l’ont corrompu en détournant les acceptions. […] Si l’on s’est élevé aux idées les plus générales, et si l’objet en lui-même est grand, le ton paraîtra s’élever à la même hauteur ; et si, en le soutenant à cette élévation, le génie fournit assez pour donner à chaque objet une forte lumière, si l’on peut ajouter la beauté du coloris à l’énergie du dessin, si l’on peut, en un mot, représenter chaque idée par une image vive et bien terminée, et former de chaque suite d’idées un tableau harmonieux et mouvant, le ton sera non seulement élevé, mais sublime. […] La préférence de l’intérêt général au personnel est la seule définition qui soit digne de la vertu, et qui doive en fixer l’idée.
Une règle générale qui n’admet pas d’exception, c’est d’élever sensiblement la voix sur les mots qui représentent une idée importante, un sentiment vif et passionné. […] À ce sujet, la seule règle possible, c’est de mettre l’accent d’accord avec l’impression morale que produisent les idées exprimées par l’auteur. […] C’était la première idée qu’un Grec recevait en naissant et qu’il suçait pour ainsi dire avec le lait. […] L’idée d’en appeler à la violence est presque inconnue, et cette discipline des partis, ce respect pour la chose jugée que nous admirons aujourd’hui dans le parlement anglais, paraît avoir été vertu familière à tout citoyen grec. […] Aussi, quand il avait observé, réfléchi et arrêté son idée, rien ne le troublait ; il ne se laissait point jeter ou entretenir par les idées d’autrui, ni par le désir de l’approbation, ni par la crainte de la contradiction, dans un état de doute et de fluctuation continuelle.
On peut cependant y mettre plus de finesse et de délicatesse ; mais point de fictions sérieuses, point de peintures magnifiques, point d’idées ni de sentiments trop relevés. […] Ses pensées sont toujours naturelles, ses expressions justes, ses tours vifs et aisés, son style pur et élégant, ses vers harmonieux, faits avec soin et jamais vides d’idées. […] La douleur a fait naître toutes les idées, toutes les réflexions ; et l’art en se cachant, les a revêtues des couleurs qui leur étaient propres. […] Il reprend ensuite sa première idée, et détaille les forces des Rochelais. […] -C., fut le plus célèbre des lyriques grecs par la grandeur des idées, la beauté des images, les écarts et les transports fougueux de l’enthousiasme.
On ne demande point que ces mœurs soient vertueuses ; il suffit qu’elles soient vraies, c’est-à-dire ressemblantes au héros qu’on veut peindre, ou plutôt à l’idée qu’on en a communément. […] Il faut, de plus, qu’il soit modeste, qu’il donne une bonne idée de sa prudence, et qu’en même temps les auditeurs soient persuadés qu’il ne veut pas les tromper. […] Le dogme de l’immortalité de l’âme et des récompenses ou des peines éternelles après la mort a fait de ces éloges une œuvre absolument nouvelle, dont l’antiquité païenne ne pouvait avoir aucune idée. […] Mais il faut bien se garder d’étaler ces ornements avec profusion et sans choix, de négliger le plan et la conduite du discours, l’ordre et la liaison des idées, la convenance et la clarté du style. […] On y admire une théorie du style, contestable peut-être en quelques points, mais bien remarquable par la grandeur des idées et la magnificence de l’expression.
Intelligence sympathique aux nobles idées, imagination ardente, romanesque, et vivement éprise de la gloire, madame de Staël a eu le mérite de nous découvrir de nouveaux horizons. […] Les idées religieuses à monsieur destuit de tracy 1 Vous m’avez écrit une charmante lettre, monsieur, et vous savez quel prix je mets à votre suffrage. Vous me dites que vous ne me suivez pas dans le ciel ni dans les tombeaux ; il me semble qu’un esprit aussi supérieur que le votre, et qui est déjà détaché de tout ce qui est matériel par la nature même de ses recherches, doit un jour se plaire dans les idées religieuses ; elles complètent tout ce qui est grand, elles apaisent tout ce qui est sensible, et sans cet espoir, il me prendrait je ne sais quelle invincible terreur de la vie comme de la mort ; mon imagination en serait bouleversée.
— Tous les détails de cette définition concourent à rendre sensible aux yeux une idée abstraite par elle-même : ils contribuent donc à la clarté. […] Toutes ces idées sont graduées. […] Un papillon sculpté sur une tombe rappelle l’idée de la résurrection des corps ; chacun sait que ce genre d’insecte devient tour à tour ver, chrysalide et papillon, et qu’ainsi il ne meurt qu’apparemment. […] Idée vraie, naïve, mais insuffisante, exprimée de manière à augmenter la faiblesse du roseau ; elle fait image. […] La grandeur, l’étonnante mélancolie de ce tableau, ne sauraient s’exprimer dans des langues humaines ; les plus belles nuits en Europe ne peuvent en donner une idée.
Parmi tous les exercices auxquels on pourra donner tous ses soins, nous signalons les suivants, comme les plus capables de former le style, et de favoriser le développement des idées. […] Pour bien faire comprendre en quoi consiste cet exercice, nous citerons quelques sujets qui pourront servir de texte de développements, et qui pourront donner une juste idée de l’importance de la dissertation. […] « Et, comme il vous est donné le temps de choisir vos idées, vos expressions, votre style devra y gagner en élégance et en agrément. […] Les lettres de devoir exigent surtout la politesse, le ton du monde, le tact des convenances, des idées justes, les images vives ou agréables, des traits d’esprit sans recherche. […] Cette idée me ferait mourir de dépit, si je n’étais tout près de mourir de vieillesse.
En les condamnant, nous devons admirer cette langue si pure, si élégante, si naturelle et si facile, qui par sa prestesse et sa justesse prête de l’agrément à toutes les idées. […] Vous avez d’autant plus besoin de son exactitude, que la grandeur de vos idées souffre moins la gêne et l’esclavage. […] Les idées de Boileau, je l’avoue encore, ne sont pas toujours grandes, mais elles ne sont jamais défigurées ; enfin, pour être au-dessus de lui, il faut commencer par écrire aussi nettement et aussi correctement que lui. […] J’ai été, comme je vous l’ai mandé, désabusé des idées fausses que vos adversaires avaient données sur la vitesse vraie et sur la vitesse propre. […] Ma juste modestie, madame, et ma raison me faisaient croire d’abord que l’idée d’une statue était une bonne plaisanterie ; mais, puisque la chose est sérieuse, souffrez que je vous parle sérieusement.
Il y a même une différence essentielle à observer ici : les actions ne mettent précisément en évidence que le personnage qui agit, tandis que ces discours adressés à tout un peuple, dans une circonstance importante pour lui, nous font d’autant mieux connaître l’esprit et les mœurs de ce peuple, que l’orateur, quel qu’il soit, a dû accommoder son style et ses pensées au langage et aux idées de ceux qui l’écoutaient. […] Ce témoignage unanime, ces honneurs solennellement rendus, par un peuple poli et déjà éclairé, à l’écrivain qui venait d’enlever ses suffrages en enchantant ses oreilles, donnèrent aux ouvrages d’Hérodote un grand caractère d’autorité dans la Grèce, et auraient dû rendre les critiques modernes moins prompts à reléguer, sans examen, au nombre des fables, tout ce qui n’avait pas avec nos petites idées la conformité la plus exacte. […] Il était impossible de donner, dans le style figuré, une idée plus juste de l’ambition démesurée d’Alexandre. […] Mais si l’effervescence du jeune homme perce peut-être un peu trop dans ce début, les réflexions suivantes ne peuvent que donner une bien grande idée de l’âme capable de les faire, dans l’âge de la frivolité et des plaisirs. […] Ils brillent sous l’or et la pourpre qui les couvrent et leurs armes répandent un éclat, étalent un luxe dont il est impossible d’avoir l’idée, quand on n’en a pas eu le spectacle.
Missionnaire et apôtre d’un siècle dont il partagea les idées les plus généreuses, il ressuscita l’ordre de Saint-Dominique en 1840. […] Il n’y a que les peuples en voie de finir qui n’en connaissent plus le prix, parce que, plaçant la matière au-dessus des idées, ils ne voient plus ce qui éclaire et ne sentent plus ce qui émeut. […] Il n’a aucune idée du néant qui le rejette, ni de l’être où il arrive ; il s’ignore lui-même et tout le reste avec lui. […] Tout à l’heure il descendra l’escalier paternel, il paraîtra dans la place publique ; son oreille entendra le choc douloureux des ambitions qui se heurtent, des idées qui se repoussent, et, comme une feuille tombée dans les flots d’une mer émue, il s’étonnera pour la première fois du prix que coûte la vie et des mystères qu’elle contient. […] L’idée lui manque, et avec elle la vertu, le progrès, l’histoire, la stabilité.
Inutile de faire remarquer que la raison n’est pas non plus le vrai principe de la poésie ; car cette faculté, qui veut tout peser, tout analyser, ne s’élève pas assez au-dessus des idées positives et du monde matériel pour fournir l’expression du beau idéal. […] On peut encore les considérer dans leurs rapports avec notre âme, nos idées, nos sentiments et nos passions, en un mot, avec notre vie intellectuelle et morale : c’est le point de vue moral qui laisse apercevoir le côté mystérieux des objets, et les liens qui les unissent au monde invisible ; c’est la manière poétique. […] Les hommes ordinaires, ceux qui vivent d’idées positives, et se renferment dans les choses et les intérêts matériels, ne portent guère leurs pensées au delà du monde visible qui les entoure.
. ; c’est à tout moment la chaîne des devoirs, la chaîne des idées, la chaîne des temps, la chaîne des êtres, etc. ; le monde physique, le monde moral, le monde intellectuel, etc. […] Mais l’un, prenant un vol hardi, a voulu se placer à la source de tout, se rendre maître des premiers principes, par quelques idées claires et fondamentales, pour n’avoir plus qu’à descendre aux phénomènes de la nature, comme à des conséquences nécessaires. […] Les partisans un peu sévères du bon goût l’ont constamment rejeté parmi ces modèles qu’il faut soigneusement écarter d’un livre classique, parce que le brillant en impose ici sur la solidité, et qu’il est à craindre qu’il ne reste de tout ce fracas d’antithèses plus d’apparence que de réalité, et plus de bruit dans la tête des jeunes gens, que d’idée de la véritable harmonie oratoire.
Tout cela rassemblé dans un point de vue lui trace l’idée la plus agréable, et peint à son imagination l’objet le plus conforme aux vœux de son cœur ; mais dans le fond, ce n’est qu’une idée, et voici ce qu’il y a de plus réel ; c’est que, pour atteindre jusque-là, il y a une route à tenir, pleine d’épines et de difficultés : mais de quelles épines et de quelles difficultés ! […] Chez lui, l’émotion naît du mouvement logique des idées.
Or, Rabelais et Amyot sont les deux écrivains auxquels nous devons le bienfait de ce commerce indirect qui nous suggéra surtout des idées et des sentiments. […] 10° Mais ce qui vous frappera surtout, c’est l’abondance de ces inversions qui, fléchissant la rigueur de l’ordre logique, lui substituent l’ordre de la passion, et permettent de faire saillir le sujet, le régime ou l’attribut exprimant le vif de l’idée, du sentiment et de l’intention. […] Car ils présentaient l’idée abstraite comme personne agissante ou objet animé ; et d’ailleurs les mots glissaient plus doucement quand ils étaient affranchis des ces le, la, les dont nos phrases sont maintenant comme saupoudrées. […] Elle reflétera toujours les vicissitudes des instincts, des sentiments, des idées ou des besoins qui, chez les peuples, se modifient sans cesse avec les temps. […] Elle n’exprimait pas d’idées générales, ou, si parfois elle l’essaya, la mémoire et non la conscience en fit seule les frais.
Le vers se plie, comme la musique, à toutes les émotions de l’âme; il se modifie selon les sujets et les genres, soit pour exprimer les passions humaines, soit pour peindre et animer la nature, soit pour donner un corps et une image aux idées abstraites et métaphysiques. […] La difficulté même d’encadrer sa pensée dans la mesure étroite du vers, fait naître une lutte éminemment favorable à l’éclosion des beautés poétiques ; cette concentration fortifie la pensée, et prépare chez les hommes de talent ou de génie l’explosion des idées les plus heureuses, en même temps qu’elle comprimé les infructueuses tentatives de la médiocrité. […] Dans la nature, le beau se manifeste à l’homme par une sorte de rayonnement céleste ; et dans les arts, l’homme exprime l’idée qu’il en a conçue dans son double rapport avec Dieu et avec la nature. […] C’est que le sublime est une grandeur dont la mesure nous échappe, et qui ne trouve plus dans notre nature, dans nos idées habituelles, aucun point de rapport, aucun point de comparaison.
Commençons par en donner une idée dans l’auteur original. […] Cette confusion de sentiments divers qui se précipitent à la fois, ce désordre qu’ils jettent nécessairement dans les idées, comportent nécessairement aussi un désordre dans les mots, qui ajoute à l’effet du discours, mais que l’on ne peut qu’indiquer dans la traduction. […] Cette idée sublime de donner à un grand homme ses exploits pour cortège, a été reproduite avec autant d’éclat que de noblesse par Fléchier, dans ce morceau déjà cité. […] Mais ce qui est au-dessus de tout, ce qui suffirait pour donner une idée du génie de Tacite, puisque le génie n’est autre chose que la sensibilité, c’est le discours du prince mourant aux amis qui l’environnent. […] Cependant, quoique ma vie ait été un enchaînement continuel de prospérités, j’ai toujours craint que l’avenir ne me réservât quelque revers funeste : et cette idée m’a sauvé des séductions de l’orgueil, et des excès d’une joie immodérée.
Ajoutez-y cette multitude assemblée sur les gradins d’un vaste édifice aux lignes harmonieuses et régulières ; le soleil éclairant la scène ; le chœur la remplissant de sa mélodie ; les acteurs grandis par le cothurne, et couverts d’un masque qui grossissait la voix : vous aurez une idée de l’art grec dans toute sa majesté. […] Nous avons de chaque chose une idée naturelle ou accise : c’est comme un type général auquel nous rapportons tout le reste. Or tout ce qui vient à heurter cette idée, à faire contraste avec ce type, excite en nous le sentiment du comique et provoque le rire. Ainsi, toute difformité physique ou morale, pourvu qu’elle n’ait rien de repoussant, paraît comique, parce qu’elle fait contraste avec l’idée que nous avons des convenances physiques et morales ; toute situation bizarre, toute idée singulière, extravagante, est comique, parce qu’elle contraste avec les idées simples, ordinaires et naturelles.
Dès lors, ces grands débats fixèrent sur l’assemblée les regards de l’Europe incertaine, qui voyait son sort présent et ses destinées futures entre les mains de deux orateurs, dont l’un dirigeait à son gré l’opinion publique, et dont l’autre s’efforçait en vain de la ramener à des idées plus saines, à des principes plus judicieux. […] Mais quelle idée se fera la postérité, de ce prodigieux Mirabeau, de ce géant politique qui pesa un moment sur la France entière, et qui l’eût peut-être écrasée du poids de son ascendant populaire, si la providence n’eût brisé tout à coup l’instrument qu’elle avait daigné employer pour donner de grandes et terribles leçons aux princes et aux peuples de la terre ? […] Mais le sentiment de la justice n’était pas tellement éteint encore, qu’il ne se ranimât fréquemment dans les cœurs ; toutes les idées les plus simples n’étaient pas encore arrivées à ce point de renversement total, où rien de ce qui a été ne saurait plus être, où tout se confond, où il faut absolument un nouveau langage, pour exprimer des choses inouïes.
Il leur exposa ces vérités ; et il vint à bout d’éclairer leur esprit, en leur faisant concevoir ses propres idées ; d’échauffer leur âme, en leur faisant éprouver ses propres sentiments. […] Tous les hommes apportent en naissant l’idée d’un être suprême. […] Un d’entre eux admirant ces chefs-d’œuvre dont l’univers est rempli, se forma une idée, quoique bien imparfaite, de leur auteur, dont il entreprit de publier la gloire.