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84. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Poètes

Poète, il traduisit Cent Psaumes de David, pour servir de complément à ceux de Marot, et composa, le dernier des mystères, Abraham sacrifiant (1552), mélange de grâce, de force, de naïveté et d’éloquence. […] C’est à sa tragédie de L’Escossaise (1605) qu’il dut la protection du fils de son héroïne, Jacques Ier, et les lettres de grâce de Henri IV. […] La grâce souvent délicate et touchante de son style fait penser à Racine, comme l’énergie de Garnier à Corneille. […] Partout son style, encore qu’un peu traînant parfois, a une grâce piquante dans ses Idillies, une grande franchise d’allure dans ses Satyres, d’heureuses rencontres dans son Art poétique. […] Chez lui les souvenirs d’Ovide, de Catulle, de Properce, de Tibulle, se fondent avec ceux d’Arioste, de Pétrarque, de Sannazar, dont il prend, avec la grâce, la pointe.

85. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section II. De l’Art d’écrire agréablement. — Chapitre I. Du style. » pp. 181-236

Si elle était trop courte, elle n’aurait point assez de consistance, pour être embellie des grâces de l’harmonie. […] Ici les idées paraissent s’étendre pour avoir plus de grâce. […] Qu’on ne dise point que la grammaire nuit aux élans du génie, aux grâces de l’imagination, à la chaleur du sentiment. […] Ils veulent lui donner des grâces de leur façon ; ils la tournent, ils la serrent ; et après bien des soins, ils arrivent à être entortillés, pour avoir voulu être délicats, et à être obscurs, pour avoir eu envie d’être vifs. […] La métaphore en effet est une des figures qui donnent le plus de grâce, de force et de noblesse au discours, pourvu qu’elle soit employée à propos, avec goût et avec justesse.

86. (1881) Cours complet de littérature. Style (3e éd.) « Cours complet de littérature — Style — Première partie. Règles générales du style. — Chapitre Ier. Des éléments du style. » pp. 22-78

Nous citerons, parmi les principales, la simplicité, le naturel, la naïveté, la finesse, la délicatesse, la grâce, la vivacité, l’éclat, la hardiesse, la force, la majesté et la sublimité. […] La grâce de la pensée peut venir de la nature des objets qui plaisent par eux-mêmes, ou de la manière dont ils sont présentés et décrits. […] Les qualités particulières sont la naïveté, la délicatesse, la grâce, la vivacité, l’énergie, la mélancolie, la grandeur, le pathétique et la sublimité. […] Les premiers, qui peuvent avoir de l’attrait et de la grâce, ne doivent être employés qu’avec une grande réserve, et seulement dans la littérature légère. […] 4° Il est souvent très difficile de disposer les circonstances accessoires dans le cours d’une phrase, de manière à obtenir la grâce et la clarté sans nuire à la force.

87. (1882) Morceaux choisis de prosateurs et de poètes des xviii e et xix e siècles à l’usage de la classe de rhétorique

J’achevai de gagner ses bonnes grâces par cette flatterie. […] Il est bon d’opposer un tel exemple à ceux qui cherchent la grâce et le brillant hors de la raison et de la nature. […] Les premiers jours de printemps ont moins de grâce que la vertu naissante d’un jeune homme. […] Grâce à ses relations avec le financier Pâris-Duverney, Beaumarchais avait gagné en peu de temps une fortune considérable. […] grâce, grâce, ami !

88. (1853) Principes de composition et de style (2e éd.) « Seconde partie. Étude des genres de littérature, en vers et en prose. — Chapitre XI. Poésies fugitives. »

Ce sont des pièces de circonstance, des amusements de société, des jeux d’esprit : fleurs légères, qui ont parfois assez de grâce et de parfum pour être conservées. […] Et ce fut là ton sort, bienheureux Raphaël, Artiste plein d’amour, de grâce et de puissance !

89. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Massillon. (1663-1742.). » pp. 120-123

[Notice] Aucun auteur n’est plus capable que Massillon d’apprendre à s’exprimer avec facilité, avec grâce et abondance : il achève en quelque sorte la culture des esprits, en leur offrant beaucoup de qualités accessibles qui les fécondent et qui les polissent. […] Par elles, dit Saint-Simon, qui nous a laissé un récit touchant de ces catastrophes, « s’éclipsèrent joie, plaisirs, amusements même, et toutes espèces de grâces : si la cour subsista encore, ce ne fut plus que pour languir ».

90. (1853) Petit traité de rhétorique et de littérature « Chapitre VIII. Petites pièces anciennes. »

En voici un qui a de la grâce ; il est de Ranchin : Le premier jour du mois de mai Fut le plus heureux de ma vie. […] Les Grecs et les Latins n’ont rien en ce genre de si parfait : car il comprend ensemble tout ce qu’il y a de beau dans l’ode pour la magnificence du style, et tout ce que l’épigramme a de grâce pour sa brièveté. » Ce qui est dit ici de la magnificence de l’ode et de la brièveté de l’épigramme manque assurément d’exactitude ; mais il est vrai qu’on cherche à mettre à la fin du sonnet, et même dans ses différentes sections, quelque pensée vive et ingénieuse, comme dans les épigrammes et les madrigaux dont nous parlerons tout à l’heure.

91. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome I (3e éd.) « Première partie. De l’Art de bien écrire. — Section III. De l’Art d’écrire pathétiquement. — Chapitre II. De l’Éloquence. » pp. 318-338

Grâces à vos exemples Ils n’ont devant les yeux que des objets d’horreur,         De mépris d’eux et de leurs temples, D’avarice qui va jusques à la fureur. […] La propreté seule, jointe aux grâces naturelles, lui suffit. […] Il joint aux grâces du sentiment le coloris de l’imagination ; et en s’attachant à plaire par tout ce que l’élocution a de plus séduisant, il contribue merveilleusement à la persuasion.

92. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Villemain. Né en 1790. » pp. 479-491

Il excelle à tracer des tableaux littéraires où l’on admire un savoir attrayant, des vues élevées, des idées libérales, de l’indépendance, de la modération, des anecdotes racontées finement, des rencontres imprévues qui piquent la curiosité, l’art d’aiguiser en ironie la fin d’un compliment, un goût délicat et sûr, un coloris poli et nuancé, un bon sens rapide et revêtu de grâce. […] Ils rapportaient de ce commerce avec les Hébreux, les Grecs, les Romains, quelque chose d’étrange, une grâce libre et fière qui se mêlait à l’originalité native de l’esprit français. […] Sans vous louer autant, je puis remarquer l’art ingénieux et délicat de vos principaux ouvrages, le mouvement toujours vif et libre du drame, la vérité des impressions, lors même que le langage est parfois trop paré ou trop éphémère, l’habileté de l’auteur à suivre et à retourner en tous sens une donnée dramatique, la manière heureuse dont le dialogue a tour à tour de la grâce, de la simplicité, de l’émotion, et de l’esprit toujours1.

93. (1807) Principes généraux des belles-lettres. Tome II (3e éd.) « Seconde partie. Des Productions Littéraires. — Section I. Des Ouvrages en Prose. — Chapitre I. Du Discours oratoire. »

Bassesse d’adulation ; on encense et on adore l’idole qu’on méprise : bassesse de lâcheté ; il faut savoir essuyer des dégoûts, dévorer des rebuts, et les recevoir presque comme des grâces : bassesse de dissimulation, point de sentiments à soi, et ne penser que d’après les autres : bassesse de dérèglement ; devenir les complices et peut-être les ministres des passions de ceux de qui nous dépendons, et entrer en part dans leurs désordres, pour participer plus sûrement à leurs grâces : enfin bassesse même d’hypocrisie ; emprunter quelquefois les apparences de la piété ; jouer l’homme de bien pour parvenir, et faire servir à l’ambition, la religion même qui la condamne ». […] Il doit même revêtir ses preuves des grâces de la diction, de l’éclat des figures qui peuvent leur convenir. […] C’est là que je vous verrai plus triomphant qu’à Fribourg87 et à Rocroi88, et ravi d’un si beau triomphe, je dirai en actions de grâces ces belles paroles du bien-aimé disciple : la véritable victoire, celle qui met sous nos pieds le monde entier, c’est notre foi. […] Quand l’orateur a trouvé les choses qui doivent composer son discours, et qu’il les a placées dans leur véritable point de vue, il faut qu’il s’applique à les embellir, à leur donner une espèce d’âme par la force et les grâces de l’expression : voilà en quoi consiste l’élocution. […] En un mot, l’orateur doit avoir sans cesse présente à l’esprit cette réflexion de Cicéron89: Le discours est un composé de choses et de paroles : les paroles n’ont point de fondement, si elles ne sont appuyées sur les choses ; et les choses n’ont point de grâce, si elles ne sont ornées par les paroles.

94. (1866) Cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5e éd.)

L’éloquence, dit Quintilien, aime la pompe et les richesses et veut charmer par les grâces de la diction. […] Vous avez été leurs mères, selon la grâce, depuis que leurs mères, selon la nature, les ont abandonnées. […] Lire un discours, dit d’Aguesseau, c’est le priver de grâce et d’intérêt, c’est lui ôter la vie. […] Ils aiment la gaieté et par conséquent la plaisanterie, manière adroite d’insulter avec grâce. […] Dans ce cas, les mouvements de la nature et de la grâce se confondent dans son cœur ; il est difficile de les discerner et de les séparer.

95. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Extraits des classiques français. Deuxième partie. Poésie — Molière 1622-1672 » pp. 379-400

La fresque Et toi, qui fus jadis la maîtresse du monde, Docte et fameuse école en raretés féconde, Où les arts déterrés ont, par un digne effort, Réparé les dégâts des barbares du Nord ; Source des beaux débris1 des siècles mêmorables, O Rome, qu’à tes soins nous sommes redevables De nous avoir rendu, façonné de ta main, Le grand homme, chez toi, devenu tout Romain2, Dont le pinceau célèbre avec magnificence De ses riches travaux vient parer notre France, Et dans un noble lustre y produire à nos yeux Cette belle peinture, inconnue en ces lieux, La fresque, dont la grâce, à l’autre3 préférée, Se conserve un éclat d’éternelle durée, Mais dont la promptitude et les brusques fiertés Veulent un grand génie à toucher ses beautés4 ! […] Mais la fresque est pressante, et veut, sans complaisance, Qu’un peintre s’accommode à son impatience, La traite à sa manière, et d’un travail soudain Saisisse le moment qu’elle donne à sa main1, La sévère rigueur de ce moment qui passe Aux erreurs d’un pinceau ne fait aucune grâce ; Avec elle il n’est point de retour à tenter, Et tout, au premier coup, se doit exécuter. […] On peut comparer aussi Rotrou, qui a traité le même sujet, mais avec peu de grâce et de force. […] Je crois qu’on peut lui enseigner des grâces et de l’aisance : mais il n’apprend que la forme, et jamais le fond.

96. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — D’Aguesseau. (1668-1751.) » pp. 124-129

Vous venez, mon cher fils, d’achever le cercle ordinaire de l’étude des humanités et de la philosophie ; vous l’avez rempli avec succès : je vous en félicite de tout mon cœur, je m’en félicite moi-même, ou plutôt nous devons l’un et l’autre en rendre grâces à Dieu, de qui viennent tous les biens dans l’ordre de la nature comme dans celui de la grâce… L’étude de la religion, mon fils, doit être le fondement, le motif et la règle de toutes les autres. […] Par rapport au premier point, c’est-à-dire l’étude des preuves de la vérité de la religion, je ne crois pas avoir besoin de vous avertir, mon cher fils, que la persuasion, ou la conviction à laquelle on peut parvenir en cette matière par l’étude et par le raisonnement, ne doit jamais être confondue ni même comparée avec la foi, qui est un don de Dieu, une grâce singulière qu’il accorde à qui lui plaît, et qui exige d’autant plus notre reconnaissance, que nous ne la devons qu’à la bonté de ce Dieu, qui a bien voulu prévenir en nous la lumière de la raison même par celle de la foi.

97. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Morceaux choisis des classiques français à l’usage de la classe de troisième. Chefs-d’œuvre de prose. — Bernardin de Saint-Pierre. (1737-1814.) » pp. 153-158

Accueilli d’abord avec bonté par l’impératrice Catherine, il perdit bientôt ses bonnes grâces, quitta la Russie, erra quelque temps en Pologne et rentra en France épuisé par ces fatigues et dénué de toute ressource. […] Que leurs grâces divines passent dans mes écrits et ramènent mon siècle à vous, comme elles m’y ont ramené moi-même !

98. (1865) Morceaux choisis des classiques français à l’usage des classes supérieures : chefs-d’oeuvre des prosateurs et des poëtes du dix-septième et du dix-huitième siècle (nouv. éd.). Classe de troisième « Chefs-d’œuvre de poésie. — Gresset. (1709-1777.) » pp. 291-296

    A Nevers donc, chez les Visitandines, Vivait naguère un perroquet fameux, A qui sont art et son cœur généreux, Ses vertus même, et ses grâces badines, Auraient dû faire un sort moins rigoureux, Si les bons cœurs étaient toujours heureux. […] Son horizon était sans doute restreint ; mais si le champ de sa pensée n’était pas très-vaste, il pouvait s’y jouer du moins avec beaucoup de facilité et de grâce.

99. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Descartes, 1596-1650 » pp. 9-14

Ma première maxime était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant1 constamment la religion en laquelle Dieu m’a fait la grâce d’être instruit dès mon enfance, et me gouvernant en toute autre chose suivant les opinions les plus modérées et les plus éloignées de l’excès, qui fussent communément reçues en pratique par les mieux sensés2 de ceux avec lesquels j’aurais à vivre ; car, commençant dès lors à ne compter pour rien les miennes propres, à cause que je voulais les remettre toutes à l’examen, j’étais assuré de ne pouvoir mieux que de suivre celles des mieux sensés. […] Ceux que Dieu a mieux partagés de ses grâces auront peut-être des desseins plus relevés ; mais je crains bien que celui-ci ne soit déjà que trop hardi pour plusieurs.

100. (1872) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, accompagnés de notes et notices. Cours supérieurs et moyens. Prose et poésie « Extraits des classiques français — Première partie. Prose — Madame de Maintenon 1635-1719 » pp. 94-99

Je vous conjure, par toute l’amitié que vous avez pour moi, de travailler sur vous, et de prier tous les jours pour obtenir les grâces dont vous avez besoin3. […] L’abbé Gobelin lui disait un jour : « Vous n’avez que des étoffes communes : mais je ne sais ce qu’il y a, ma très-honorée dame, quand vous venez vous confesser, je vois tomber à mes pieds une quantité d’étoffes qui a trop bonne grâce et sied trop bien. » 4.

101. (1881) Morceaux choisis des classiques français des xvie , xviie , xviiie et xixe siècles, à l’usage des classes de troisième, seconde et rhétorique. Prosateurs

Quant au bon Terence, la mignardise et les grâces du langage latin, ie le treuve admirable à représenter au vif les mouvements de l’ame et la condition de nos mœurs ; à toute heure nos actions me reiectcnt à luy : ie ne le puis lire si souvent, que ie n’y treuve quelque beaulté et grâce nouvelle. […] Il eut la grâce, le charme, l’onction et les fleurs du langage. […] Il faut avouer qu’une adversité soutenue de si bonne grâce, et avec tant de force, vaut mieux que beaucoup de prospérités et de victoires. […] Ceux que Dieu a mieux partagés de ses grâces auront peut-être des desseins plus relevés ; mais je crains bien que celui-ci ne soit déjà que trop hardi pour plusieurs. […] Et je lui dis doucement pour le rassurer : Mais, après tout, mon père, à quoi avez-vous pensé de donner le nom de suffisante à une grâce que vous dites qu’il est de foi de croire qu’elle est insuffisante en effet ?

102. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Molière, 1622-1673 » pp. 43-55

Faites-moi la grâce de m’employer ; soyez persuadé que je suis entièrement à vous. […] Ne bougez, de grâce, n’interrompez point votre discours. […] Mais, marquis, par quelle raison, de grâce, cette comédie est-elle ce que tu dis ?

103. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Madame de Sévigné, 1626-1696 » pp. 76-88

Faites-le donc de bonne grâce. […] Vous pouvez vous assurer que si je pouvois vous rendre service, je le ferois, et de bon cœur et de bonne grâce. […] Dieu me fasse la grâce de l’aimer un jour comme je vous aime ! 

104. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — Nisard. Né en 1806. » pp. 585-597

Il souffre nos humeurs, il joue avec la même grâce pour le vieillard que pour l’enfant. […] Mais la fable, dans toute sa grâce et dans tout son effet moral1, est de l’invention de La Fontaine. […] Il y a des grâces sévères qui nous charment.

105. (1863) Principes de rhétorique et de littérature appliqués à l’étude du français

De ces sublimes hauteurs, elle descendit avec Alcée, Sapho, Horace et plus tard les modernes, à l’expression de l’amour et de la grâce. […] Fénelon, dans le Télémaque, a la grâce facile et charmante des Grecs. […] Aujourd’hui qu’on affecte de mépriser la grâce et l’élégance du langage, il serait peut-être facile de récuser l’autorité des poètes, ou celle de Fléchier et de Massillon, artistes trop habiles pour les hommes qui n’ont pas le temps d’étudier et de lire. […] Les Caractères eurent le mérite singulier de réunir toutes les sortes d’esprit, et d’allier la satire et la bienveillance, la verve comique et la rêverie, la profondeur et la grâce. […] Grâce à lui et à Montesquieu, la prose devient plus rapide et plus incisive ; elle se dégage des lenteurs où les écrivains du xviie siècle s’embarrassaient quelquefois.

106. (1868) Extraits des classiques français, dix-septième, dix-huitième et dix-neuvième siècles, à l’usage de tous les établissements d’instruction. Cours supérieurs. Première partie : prose « Extraits des classiques français. première partie — La Rochefoucauld, 1613-1680 » pp. 32-37

Aigri par ses souffrances, il voit dans toutes les actions humaines l’amour-propre, le calcul, le déguisement ; pas une vertu ne trouve grâce devant son humeur chagrine qui désenchante la vie, calomnie l’homme et Dieu. […] Pour badiner avec grâce, et rencontrer heureusement sur les plus petits sujets, il faut trop de manières, trop de politesse, et même trop de fécondité : c’est créer que de railler ainsi, et faire quelque chose de rien.

107. (1811) Cours complet de rhétorique « Notes. »

Il est cependant plus facile encore de feindre une certaine exaltation d’esprit (parce que la grandeur peut être factice, et qu’il est dans les mots, ainsi que dans les choses, une espèce de majesté d’emprunt), que de descendre à propos aux grâces légères et faciles, de parcourir successivement tous les tons, et de traiter tous les genres avec le style et les ornements qui leur sont propres. […] Qu’il s’élève des poètes descriptifs, didactiques, philosophiques, comme on voudra les appeler, qui parcourent, avec la grâce et la facilité de M.  […] Ajoutez à cela le mérite d’un style plein de force et de véhémence dans les harangues des premiers chants ; de grâce, de mollesse et d’abandon, dans les amours d’Adam et d’Ève ; de vigueur et d’énergie, dans la description des combats, et vous aurez une idée juste d’une traduction évidemment supérieure à l’original. […] Ainsi que la rosée en nos champs répandue, Du sein de l’Éternel la grâce descendue, Au couple infortuné, touché de ses erreurs, Avait rendu l’espoir, le remords et les pleurs.

108. (1853) De la rhétorique, ou De la composition oratoire et littéraire (2e éd.) « Résumé. » pp. 388-408

Le sujet doit présenter les conditions suivantes : Être moral, ou du moins n’avoir rien de contraire à la moralité ; Ètre intéressant, c’est-à-dire, amuser, instruire ou toucher, et, s’il est possible, réunir ces trois qualités ou au moins deux d’entre elles ; Ètre fécond, c’est-à-dire susceptible de développements ; Ètre en rapport avec le talent et les forces de l’écrivain ; Prêter à la grâce ou à la puissance du style. Sont incompatibles avec la grâce ou la puissance du style : Tout sujet qui n’a pas un caractère bien tranché ; Tout sujet qui implique la confusion des genres ; Tout sujet qui repose sur une donnée fausse ou puérile ; Tout sujet qui ne présente pas un intérêt assez général. […] L’élégance, dans les choses de sentiment, se nomme la grâce.

109. (1813) Principes généraux des belles-lettres. Tome III (3e éd.) « Lettre. A un ancien Elève de l’Ecole Militaire de Paris. » pp. 375-399

Sa morale sage, douce et sensible, n’en devient que plus onctueuse et plus attrayante par les grâces du style, dont elle a su la revêtir. […] Quelle grâce touchante dans ses instructions ! […] Aussi, voit-on le guerrier, dont la conscience est tranquille, affronter avec bien plus d’audace et d’intrépidité, les périls et la mort : Nous avons parlé souvent ensemble du prince Eugène, qui, dans toutes ses expéditions militaires, portoit sur lui l’Imitation de Jésus-Christ ; de l’immortel et vertueux Turenne, qui étoit de l’exactitude la plus scrupuleuse à remplir tous ses devoirs de religion ; de ce grand Condé, qui, vainqueur dans les plaines de Rocroi, se prosterna au milieu du champ de bataille, pour rendre ses hommages et ses actions de grâces au Dieu des armées, qui seul tient en ses mains la balance des combats et la destinée des empires ; de ce grand Condé, qui, dans ses derniers momens, pour détruire les injustes soupçons que la calomnie avoit voulu jeter sur sa foi, crut devoir déclarer qu’il n’avoit jamais douté des mystères de la religion, quoi qu’on eût dit, et dont la mort fut tout à la fois, et celle du héros, et celle du parfait chrétien.

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