Si la justice humaine les frappait tous, il n’y aurait point de guerre ; mais elle ne saurait en atteindre qu’un petit nombre, et souvent même elle les épargne, sans se douter que sa féroce humanité contribué à nécessiter la guerre, si, dans le même temps surtout, un autre aveuglement, non moins stupide et non moins funeste, travaillait à éteindre l’expiation dans le monde. […] Mais l’anathème doit frapper plus directement et plus visiblement sur l’homme2 : l’ange exterminateur tourne comme le soleil autour de ce malheureux globe, et ne laisse respirer une nation que pour en frapper d’autres. […] Il frappe au même instant tous les peuples de la terre ; d’autre fois, ministre d’une vengeance précise et infaillible, il s’acharne sur certaines nations et les baigne dans le sang. […] C’est au milieu de cette solitude et de cette espèce de vide formé autour de lui qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme : sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements… Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part ; il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] L’homme, avec sa main et sa sagesse, qui aura dompté le cheval, animal plus viste que le lion, maniant le cheval, il chasse et poursuit le lion ; en reculant et fuyant il se sauve de devant luy : estant assis sur le dos du cheval, comme en lieu haut et relevé, il choisit et frappe, et tue le lion d’un espieu ou d’une pertuisane ou d’une pistole, ou autre arme qu’il voudra choisir.
Mais il ne suffit pas de frapper fort, il faut surtout frapper juste, surtout ne pas épuiser les mouvements, mais, quand on a conduit l’auditeur au plus haut degré de l’émotion ou d’attendrissement, l’abandonner à cette impression. […] La pensée est sublime lorsqu’elle frappe l’esprit par sa grandeur, par sa noblesse. […] vos oreilles n’ont-elles pas été frappées des bruits qui circulent ? […] Ensuite, il commande qu’il soit saisi et frappé par tous les licteurs à la fois. […] Qui de vous ne se sentit frappé à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ?
2º Quand nous sommes vivement frappés de quelque pensée, rarement nous nous exprimons avec simplicité. L’objet qui nous occupe se présente à nous avec les idées accessoires qui l’accompagnent, et nous prononçons le nom de celle de ces images qui nous frappe le plus. […] Qui ne serait pas frappé, au premier coup d’œil, de l’espèce de grandeur que présente cette pensée de Pitcairn, au sujet de la Hollande conquise sur la mer ? […] Ailleurs, les lois nous présentent elles-mêmes le glaive pour frapper notre ennemi. […] Il nous laisse froids, glacés, et frappés seulement du ridicule d’une figure déplacée.
Il veut que, outre la propriété et la justesse, qui sont plutôt un défaut évité qu’une beauté acquise, il y ait dans ses œuvres un certain nombre de mots qui frappent et qui piquent l’attention de l’auditeur. […] C’est ainsi que Bossuet a dit, dans une oraison funèbre : Glaive du Seigneur, quel coup venez-vous de frapper ? […] La rime est-elle bonne quand l’oreille n’est pas frappée du même son ? La rime est vicieuse quand l’oreille n’est pas frappée du même son, quoique l’orthographe soit la même. […] : Chaque objet frappe, éveille et satisfait mes sens : Je reconnais les dieux au plaisir que je sens.
A peine fut réclamée Sa douceur accoutumée, Que d’un sentiment humain Frappé non moins que de charmes4, Il fit la paix ; et les armes Lui tombèrent de la main. […] Voltaire s’est trop peu rappelé, en l’appréciant, l’influence considérable qu’il a exercée sur l’idiome et sur l’esprit français ; il n’a pas été assez frappé, ce semble, de la propriété d’expression, de la pureté soutenue, de la clarté et de la rigueur de langage qui font l’originalité suprême de cet écrivain, et qui devinrent par lui les qualités de notre littérature. […] Tour concis, fréquemment employé par Corneille et frappé depuis d’un injuste discrédit.
Leur but est non seulement de frapper l’esprit par leur clarté, mais de le frapper vite par leur brièveté : c’est un trait de lumière. […] Rousseau, dans une pièce de vers intitulée Aveuglement des hommes, demande aux riches de la terre à quoi leur serviront leurs richesses, lorsque la mort viendra les frapper : Que deviendront alors, répondez, grands du monde, Que deviendront ces biens où votre espoir se fonde, Et dont vous étalez l’orgueilleuse moisson ? […] 18° Pensées sublimes Les pensées sublimes consistent en une idée, ou une suite d’idées les plus grandes et les plus profondes que l’on puisse concevoir, qui nous saisissent et nous frappent tellement qu’elles nous arrachent un cri d’admiration. […] S’il marche dans les places, il se sent tout un coup rudement frappé à l’estomac un au visage, il ne soupçonne point ce que ce peut être, jusqu’à ce qu’ouvrant les yeux et se réveillant, il se trouve devant un limon de charrette, ou derrière un long ais de menuiserie, que porte un ouvrier sur ses épaules.
Qui ne croit voir un cheval impatient de partir, qui frappe le sol ou fait jaillir des étincelles, s’il heurte une pierre. […] Ce trait nous frappe l’imagination. […] C’est pourquoi Jésus-Christ dit : Demandez et il vous sera donné, cherchez et vous trouverez ; frappez, et il vous sera ouvert ; car qui demande reçoit, qui cherche trouve, qui frappe, il lui est ouvert. […] Un souffle de mort peut-il frapper et siffler ? […] A cette vue, les Anglais frémissent et sont frappés d’épouvante ; les Français, au contraire, reviennent à l’assaut, et escaladent de nouveau le boulevard.
Pour frapper les grands coups qu’il prépare, Napoléon a les Hautes-Alpes à franchir. […] Caïn irrité frappe son frère au front, puis s’épouvante de son action. […] Le président des juges se lève et frappe trois fois sur un des in-folio. […] il peut faire aujourd’hui ce miracle : car Antioche se regarde comme frappée de mort. […] Aucun bruit n’a frappé mon oreille, avançons.
Elle est l’effet d’une, imagination vivement frappée, à, qui les expressions ordinaires paraissent trop faibles. […] Apollonius fut frappé des malheurs qui menaçaient Rome. […] Ce roi vient d’être frappé, il va expirer. […] Les éclairs sont moins prompts ; je l’ai vu de mes yeux, Je l’ai vu qui frappait ce monstre audacieux. […] Mais avant de frapper… Ah !
De même que la lumière du soleil frappe les yeux, la clarté de l’élocution doit frapper l’esprit. […] La mort est inexorable, elle frappe le pauvre et le riche. […] Le trait frappe et fait blessure. […] quel coup vous venez de frapper ! […] Il est trop sec, trop nu et frappe peu.
Elles frappent l’esprit du lecteur, elles le font penser et se fixent dans la mémoire par leur brièveté même. […] Ce qui le frappe plus vivement, lui, depuis longtemps familier avec sa matière, ne produira peut-être pas une impression pareille sur les auditeurs ou les lecteurs qui y sont étrangers. […] L’abbé Maury, dans son Essai sur l’éloquence de la chaire, fait assez bien ressortir la diversité d’action produite sur notre âme, d’un côté par un trait brusque et inattendu qui la surprend et la frappe, et de l’autre, par un coup non moins décisif, mais préparé de longue main, qui lui laisse une profonde et durable impression. […] « Or, je vous demande, et je vous le demande frappé de terreur, ne séparant pas en ce point mon sort du vôtre, et me mettant dans la même disposition où je souhaite que vous entriez ; je vous demande donc : si Jésus-Christ paraissait dans ce temple, au milieu de celle assemblée, la plus auguste de l’univers, pour vous juger, pour faire le terrible discernement des boues et des brebis, croyez-vous que le plus grand nombre de tout ce que nous sommes ici fût placé à la droite ?
Je trouve, par exemple, quiconque frappe dans un but de légitime défense. Après avoir étudié cette idée, il m’apparait qu’elle est à l’égard de l’idée innocent dans le même rapport que le contenu à l’égard du contenant, et à l’égard de l’idée Milon meurtrier de Clodius dans le même rapport que le contenant à l’égard du contenu ; que la catégorie meurtriers dans le but de légitime défense doit être rangée dans celle d’innocents, et qu’à son tour l’individu Milon est au nombre des meurtriers dans le but de légitime défense, d’où je conclus qu’il est au nombre des innocents, ce qui était à démontrer ; et je formule ma déduction par l’argument suivant : « Quiconque frappe dans le but de légitime défense est innocent ; or Milon a tué Clodius dans le but de légitime défense ; donc Milon, meurtrier de Clodius, est innocent. » La déduction ainsi formulée se nomme syllogisme. […] Il faut moins compter que peser les arguments, numeranda minus quant ponderanda ; s’il est des occasions où l’on doive s’occuper de la quantité plus encore que de la qualité, c’est seulement lorsque les preuves, faibles par elles-mêmes, ne peuvent, comme les sarments du faisceau de la fable, acquérir de force que par l’union ; c’est quand on espère que leur ensemble triomphera où chacune à part eût été impuissante : Et quæ non prosunt singula, multa juvant ; c’est enfin quand, ne pouvant renverser comme la foudre, on veut du moins, comme la grêle, frapper à coups redoublés, etiam si non ut fulmine, tamen ut grandine. […] Si, au contraire, vous avez contre l’ensemble quelque réponse écrasante, faites bon marché des détails, et ne frappez qu’un coup, mais foudroyant.
Le chancelier d’Aguesseau les a parfaitement établies61 « Le poëte, dit-il, doit faire en sorte que le commencement et le nœud de la tragédie servent comme d’ombre et de contraste à l’événement imprévu par lequel il doit achever de nous charmer ; mais il n’oublie pas que si nous aimons la surprise, nous méprisons celle dont on veut nous frapper en violant toutes les règles de la vraisemblance ; il évite donc de mettre le spectateur en droit de lui dire : Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi ; il ne change point Proené en hirondelle, ni Cadmus en serpent, c’est-à-dire qu’il n’invente point un dénoûment fabuleux, et qui, suivant l’expression de Plutarque, franchisse trop audacieusement les bornes du vraisemblable. […] Placé entre ces deux nécessités, la vérité du tableau et les exigences de la morale, ne pouvant ni faire succomber Tartuse sous Orgon ou sous Cléante, ni éviter de lui infliger le châtiment qu’exigeait la vindicte publique, Molière a dû faire partir de plus haut le coup qui le frappe ; là ou jamais, en effet, se rencontrait la condition imposée par Horace. […] Comme il s’agit à ce moment décisif de frapper les derniers coups, comme l’auditeur s’est échauffé à votre feu, identifié avec vos sentiments, tout alors vous est permis, tours animés, expressions énergiques, figures brillantes et hardies, hypotyposes, prosopopées, invocation de la nature entière, animée ou inanimée, en un mot, tout ce que la passion brûlante, impétueuse, peut vous fournir pour enfoncer le trait dans les âmes, pour faire jouer les deux grands ressorts tragiques, la terreur et la pitié. […] Sans entrer dans ces détails, pour lesquels l’étude des modèles et six mois de pratique valent mieux que vingt pages de préceptes, je dirai : La péroraison, comme l’exorde, peut se tirer parfois des objets inanimés dont la vue frappera souvent l’âme du spectateur plus vivement que toutes les paroles : c’est Manlius montrant le Capitole du haut duquel son bras précipita les Gaulois, ou Mirabeau, la fenêtre d’où l’exécrable Charles IX tira sur ses sujets ; c’est l’orateur grec levant le voile de Phryné, ou Marc-Antoine comptant les marques du poignard des conjurés.
Le ciel sous lequel il vit n’est pas toujours serein ; ses champs ne sont pas à l’abri des vents pernicieux, de la grêle, des orages ; un souffle mortel peut dessécher ses fruits, et des maladies contagieuses frapper ses troupeaux. […] Les objets qu’il présente doivent être particularisés : le ruisseau, le rocher, l’arbre dont il parle doivent être vus distinctement ; leur figure doit frapper l’imagination, afin qu’elle puisse jouir de l’agréable situation où l’on cherche à la transporter. […] Les bergers emploient souvent des comparaisons tirées des objets qui frappent leurs yeux, au lieu des expressions propres qui quelquefois leur manquent. […] Comme les bergers sont surtout frappés par les choses extérieures, ils ne peuvent manquer d’avoir un style très figuré.
» Mais si, sourds à la voix de votre Dieu, rebelles à ses lois et parjures à vos serments, vous violez ses commandements, la malédiction du ciel vous poursuivra, vous atteindra partout, vous frappera dans tout ce qui vous est cher. […] Le Seigneur vous frappera de l’esprit de vertige ; et, dans l’excès de votre fureur, vous irez heurter, comme l’aveugle, les arbres de la voie publique. […] Sans parler ici de son mérite principal, celui de renfermer une prophétie terrible, dont l’accomplissement non moins effrayant frappe journellement nos yeux, qui pourrait s’empêcher de reconnaître, à ce style entraînant, à cette impétuosité irrésistible, l’enthousiasme vrai de l’inspiration, et la chaleur d’un sentiment bien supérieur à nos affections ordinaires ?
Que le moindre clocher sonne le glas d’alarmes ; Que chacun sous son toit se dresse avec ses armes ; Que tout hameau lointain vierge de l’étranger Coure au-devant du flot qui nous veut submerger ; ……………… Que tout homme jaloux d’une sœur, d’une femme, Ayant à lui son champ et sa fierté dans l’âme ; Que tout chef d’une race, et tout enfant pieux Qui sait sous quel gazon reposent ses aïeux, Jurant de recouvrer cette place usurpée, Frappe un coup de sa faux, s’il manque d’une épée. […] Tandis qu’ils frappaient l’air d’une vaine riposte, Et s’alignaient, chacun incertain de son poste, Nos conscrits, bondissant à travers les halliers, Fiers louveteaux à qui ces bois sont familiers, Avaient refait, dans l’ombre, une halte invisible, Et répété trois fois la décharge terrible. […] Plongeant leurs bras actifs dans les flots3 de blé mûr, Ils avancent toujours de leur pas lent, mais sûr ; Leur fer tranchant et prompt, à tous les coups qu’il frappe, Rétrécit devant eux l’or de l’immense nappe.
Tantôt la pensée demande le développement de la période ; tantôt les traits de lumière dont l’esprit est frappé, sont autant d’éclairs qui se succèdent rapidement. […] Ils se sont attachés, et ils sont parvenus avec succès à peindre la pensée dans les mots seulement, dont l’esprit et l’oreille devaient être vivement frappés. […] Nous ne croyons pas, par exemple, que quand Fléchier nous représente Turenne étendu sur ses propres trophées ; quand il nous peint ce corps pâle et sanglant, auprès duquel fume encore la foudre qui l’a frappé , il se soit arrêté à dessein à ce choix de syllabes longues et tristement sonores, pour terminer tout à coup par ces quatre brèves : quĭ l’ă frâppĕ.
Les mots, dans lesquels l’e muet, précédé d’une voyelle, et suivi d’une ou de plusieurs consonnes, ne peut point se confondre, par la prononciation, avec une autre syllabe, tels que orgies, hardies, frappées, trompées, emploient, déploient, confient, essuient, avouent, dénouent, effraient, soustraient, etc. ; ces mots, dis-je, ne peuvent jamais entrer dans le corps d’un vers. […] Adorée, trompée, épouvantée, etc., ne rimeront pas avec charmée, brisée, consolée, etc., et ne pourront rimer qu’avec sacrée, frappée, enchantée, ou autres mots semblables. […] Mais ce n’est que quand il est pris dans des significations différentes, comme dans ces vers : Chaque objet frappe, éveille, et satisfait mes sens : Je reconnais les Dieux au plaisir que je sens. […] On ne blâmera certainement pas Bossuet d’avoir dit dans une oraison funèbre : Glaive du Seigneur, quel coup venez-vous de frapper ? […] ——————————— L’autre esquive le coup ; et l’assiette volant S’en va frapper le mur, et revient en roulant.
Je fus frappé du silence de ces lieux ; le vent seul gémissait autour du marbre tragique. […] J’ai frappé à la porte de l’ermitage pratiqué dans le cintre d’une loge ; on ne m’a point répondu : l’ermite y est mort. […] Je viens encore de perdre une sœur1 que j’aimais tendrement, et qui est morte de chagrin dans le lieu d’indigence où l’avait reléguée Celui qui frappe souvent ses serviteurs pour les éprouver et les récompenser dans une autre vie. […] Toutefois, Dieu qui voyait que mon cœur ne marchait point dans les voies iniques de l’ambition, ni dans les abominations de l’or, a bien su trouver l’endroit où il le fallait frapper, puisque c’était lui qui avait pétri l’argile, et qu’il connaissait le fort et le faible de son ouvrage. […] Battu des vents que Dieu seul fait changer, Pauvre aujourd’hui comme le vieil Homère, Il frappe, hélas !
Homère exprime tout ce qui frappe les yeux : les Français, qui n’ont guère commencé à perfectionner la grande poésie qu’au théâtre, n’ont pu et n’ont dû exprimer alors que ce qui peut toucher l’âme. — Le langage du cœur et le style du théâtre ont entièrement prévalu : ils ont embelli la langue française, mais ils en ont resserré les agréments dans des bornes un peu trop étroites. […] » Mais pour le petit nombre de ceux dont la tête est ferme, le goût délicat et le sens exquis, et qui comptent pour peu le ton, les gestes et le vain son des mots, il faut des choses, des pensées, des raisons ; il faut savoir les présenter, les nuancer, les ordonner : il ne suffit pas de frapper l’oreille et d’occuper les yeux, il faut agir sur l’âme, et toucher le cœur en parlant à l’esprit ». […] L’ouvrage étonne, mais c’est l’empreinte divine dont il porte les traits qui doit nous frapper.
Aristote recommandait l’emploi des exemples dans la discussion des affaires publiques : rien ne frappe plus vivement les hommes. […] C’est donc surtout à la fin que la passion a le droit d’éclater ; alors qu’il ne s’agit plus que de frapper les derniers coups et de décider la victoire. […] Le véritable orateur, dit Lucain, c’est celui qui frappe. […] On frappait de verges sur la place de Messine un citoyen romain. […] Elle a pour objet de frapper un dernier coup, d’agir une dernière fois sur l’esprit et l’imagination du lecteur ou des auditeurs.
L’énergie et la véhémence sont plutôt le langage de la passion, de la spontanéité, du besoin d’entraîner, dût-on ne pas savoir jusqu’où l’on ira, de frapper fort, dût-on frapper moins juste. […] Si ce caractère ne vous frappe pas, le mot, la chose, l’acte ne méritent pas le nom de sublime. […] « En effet, dit Cicéron, il ne suffit pas au gladiateur et à l’athlète de frapper avec force et de parer avec adresse, il doit se mouvoir toujours avec grâce : Sa verbis quidem ad aptam compositionem ac decentiam.
Nul, en effet, n’a su renfermer avec plus de netteté et de vigueur sa pensée dans un vers énergiquement frappé : encore ne s’est-il pas contenté de chercher et d’atteindre pour lui le degré suprême de la perfection ; il a enseigné aux habiles à se contenter difficilement pour être plus sûrs de contenter le lecteur. […] La Mollesse à ce bruit se réveille, se trouble : Quand la Nuit, qui déjà va tout envelopper, D’un funeste récit vient encor la frapper ; Lui conte du prélat1 l’entreprise nouvelle : Au pied des murs sacrés d’une sainte chapelle, Elle a vu trois guerriers, ennemis de la paix, Marcher à la faveur de ses voiles épais : La Discorde en ces lieux menace de s’accroître2 ; Demain avant l’aurore un lutrin va paraître, Qui doit y soulever un peuple de mutins : Ainsi le ciel l’écrit au livre des destins. […] Ils atteignaient déjà le superbe portique Où Ribou le libraire, au fond de sa boutique, Sous vingt fidèles clefs3 garde et tient en dépôt L’amas toujours entier des écrits de Hainaut : 4 : Quand Boirude, qui voit que le péril approche, Les arrête, et tirant un fusil1 de sa poche, Des veines d’un caillou, qu’il frappe au même instant, Il fait jaillir un feu qui pétille en sortant ; Et bientôt, au brasier d’une mèche enflammée, Montre, à l’aide du soufre, une cire allumée2, Cet astre tremblotant3 dont le jour les conduit Est pour eux un soleil au milieu de la nuit. […] C’est-à-dire le spectacle, terme qui est pris ici dans le sens d’objet qui frappe la vue.
« Presque toujours, dit Voltaire, les choses qu’on dit frappent moins que la manière dont on les dit ; car les hommes ont tous à peu près les mêmes idées de ce qui est à la portée de tout le monde : l’expression, le style fait toute la différence. […] Il faut, dit Quintilien, que l’expression soit tellement claire, que l’idée frappe les esprits comme le soleil frappe les yeux. […] En vain vous me frappez d’un son mélodieux, Si le terme est impropre ou le tour vicieux : Mon esprit n’admet point un pompeux barbarisme, Ni d’un vers ampoulé l’orgueilleux solécisme. […] La grâce se sent mieux qu’elle ne se définit : elle tient de près à la délicatesse, mais elle a en même temps de l’aisance, de la souplesse, de la variété dans ses mouvements ; elle frappe moins que la beauté, mais elle plait davantage, ou plutôt la beauté n’a d’attraits que par elle. […] Bossuet, frappé de la mort imprévue d’Henriette d’Angleterre, s’écrie : « Ô vanité !
aucun son ne frappait notre oreille. […] Vers dix heures, on frappa doucement à la porte de la chambre. […] Il était une heure : Hacker frappa à la porte. […] Le bourreau lui-même était ému et la frappa d’une main mal assurée. […] Charlotte Corday crut sauver la Gironde en allant frapper Marat à Paris.
nous sommes frappés de l’audacieuse magnanimité d’un homme plein de confiance dans sa destinée. […] Il existe dans toutes les phrases des mots capitaux sur lesquels le sens doit particulièrement frapper. […] Elles donnent de la dignité au style, que la familiarité des mots usuels qui frappent incessamment nos oreilles tend à dégrader. […] Tout ce qui brille avec trop d’éclat fatigue bientôt la vue s’il la frappe fréquemment. […] Cette forme interrogative éveille l’auditeur et le frappe plus vivement.