Mais la poésie, qui ne doit être autre chose que l’imitation fidèle de la nature, et qui s’attache à peindre tout ce qui est susceptible d’être peint par les sons ; la poésie a retenu et perfectionné la langue imitative : c’est un de ses caractères distinctifs ; et toute poésie qui ne peint rien par le mouvement du vers ou par la vérité de l’expression imitative, tombera bientôt dans un éternel oubli. […] Le poète va plus loin, et prouve, par l’exemple et avec le style de Virgile, qu’il a suffi d’ouvrir les yeux et d’observer la nature, pour arriver à cette fidélité d’expression imitative. […] Chez eux, l’expression est d’autant plus heureusement imitative, qu’elle est plus vraie ; rien qui sente la recherche, rien qui porte l’empreinte du travail. […] Un mérite particulier à la poésie d’Homère et de Virgile, c’est que l’harmonie imitative est presque continue dans leurs vers, sans jamais y être monotone, parce qu’elle y est toujours l’expression vraie et simple de la nature, bien observée et peinte avec des traits, et dans des langues dignes d’elle. […] Quel choix heureux, quelle justesse dans l’expression !
A la finesse qui saisit les nuances les plus délicates, sa langue unit cette propriété d’expression qui les fixe, et cette clarté qui les rend visibles. […] L’expression est hardie, et fait image. […] L’expression géométrique (toiser) est ici mise avec intention. […] Expression de la langue du droit. […] Montesquieu aime ces expressions fortes qui parlent à l’imagination.
L’élégance est le choix, le choix en tout, choix de pensées, choix d’expressions, choix de tours, choix de nombres. […] Nous ne l’exigeons pas rigoureusement dans les œuvres d’entrain, de spontanéité, quand l’idée est si vaste qu’elle absorbe en quelque sorte l’expression, si haute qu’elle la dédaigne. […] Choisir parmi les développements de la pensée les plus naturels et les plus dignes, parmi les expressions celles qui réunissent à la justesse l’harmonie et le coloris, parmi les tours les plus faciles et les plus variés, voilà le mérite de l’écrivain élégant. […] Et c’est pour cela que les dramatistes exercés évitent la trop grande finesse de pensée et d’expression. […] Le rire, cette faculté si essentiellement humaine, n’est point l’expression des joies extrêmes ; le triomphe ou l’entière satisfaction des grandes passions, si rare d’ailleurs, a plutôt quelque chose de sérieux.
Forme. — Les deux premiers mots de ce court parallèle, aux deux coins, pèchent contre la propriété de l’expression. […] On peut, dans l’allégorie, faire usage a son aise d’expressions figurées. […] Les expressions variées, mais restreintes dans les limites du genre ; les épithètes justes et gracieuses, placées à propos et sans prodigalité ; les métaphores et les allégories naturelles ; enfin, les images vives qui transportent les objets sous les yeux, et les expressions imitatives qui peignent à l’oreille en même temps qu’à l’esprit : voilà en quoi consistent les ornements qui conviennent à l’apologue. […] Réduisez la fable à sa plus simple expression. […] Réduit à sa plus simple expression, le récit se renfermerait dans ces deux phrases.
Le langage des peuples encore sauvages est plein d’hyperboles et d’expressions figurées. […] Il y a deux choses à examiner dans l’harmonie ; l’agrément du son en lui-même, la modulation en général, sans égard à l’expression ; puis, le son disposé de manière à devenir l’expression du sens. […] L’expression métaphorique a plus de grace et de force que l’expression simple. […] Comme le poëte, à l’aide d’une expression figurée, a su débarrasser la mort de la tristesse qu’elle inspire ! […] On sent combien l’expression abstraite ajoute à l’énergie ou à l’élégance de la phrase.
Précepte fondé en raison, car il rentre parfaitement dans le principe formulé plus haut : Toute règle est l’expression d’un besoin de notre nature. […] Mais, en même temps, le génie de votre langue est essentiellement sérieux et positif ; n’attribuez donc pas à l’harmonie une valeur exagérée, ne lui sacrifiez jamais ni la justesse, ni l’énergie de l’expression. […] Vous y apprendrez surtout l’art si nécessaire et si difficile, en fait d’harmonie, comme de pensée et d’expression, de concilier la vérité et l’unité, l’unité dans l’harmonie générale, la vérité dans l’harmonie spéciale. […] Mais enfin, il faut céder…, etc. » Mettons de côté pour un moment la suite et la convenance du récit, la couleur et l’énergie de l’expression ; n’examinons que le rhythme et le mouvement, et nous verrons quelle valeur l’harmonie bien comprise ajoute au discours. […] Pour comprendre toute la vertu de l’harmonie, opposez l’un à l’autre deux écrivains qui aient traité la même pensée, l’un dans un langage harmonieux, l’autre avec des formes rudes et sifflantes, je dis tout mérite d’expression à part.
Il a l’ampleur des périodes savantes, le ton grandiose et volontiers solennel, le tour naturel, l’expression simple et forte, la touche hardie, le dessin large et lumineux. […] Contemplons la nature avec les yeux de l’âme aussi bien qu’avec les yeux du corps : partout une expression morale nous frappera, et la forme nous saisira comme un symbole de la pensée. Nous avons dit que chez l’homme et chez l’animal même la figure est belle par l’expression ; mais, quand vous êtes sur les hauteurs des Alpes ou en face de l’immense Océan, quand vous assistez au lever ou au coucher du soleil, à la naissance de la lumière ou à celle de la nuit, ces imposants tableaux ne produisent-ils pas sur vous un effet moral ? […] Oui, voilà pourquoi l’art n’est pas l’imitation servile de la nature, mais l’interprète du sentiment, des idées, de l’expression, de l’âme intérieure qui donne aux objets leur physionomie.
Ce qu’il faut soigneusement éviter dans l’emploi de cette figure, c’est le passage trop brusque d’une métaphore à d’autres, qui n’ont point avec la première une analogie assez sensible, ou le retour inattendu de l’expression figurée à l’expression simple. […] Quand on commence une allégorie, on doit conserver dans la suite du discours l’image dont on a emprunté les expressions. […] D’autres fois son discours est coupé, les expressions en sont tronquées ; cent choses y sont dites à la fois, et fréquemment interrompues par des interrogations, par des exclamations, etc. […] Malgré la juste célébrité dont jouissent ces vers, il faut observer aux jeunes gens que les quatre premiers sont de la plus grande faiblesse, quant à l’expression poétique. […] De là, ces tournures triviales, ces expressions grossières et obscènes, prétendues littérales, et qui n’ont nui qu’a Voltaire aux yeux des gens instruits des deux nations.
Quand je dis donc : j’aime, je hais, j’exprime un sentiment, mais c’est l’expression la plus faible. […] L’exclamation est un élan du cœur, l’expression du sentiment substituée à celle d’une opinion. […] est pour l’homme de goût la plus heureuse rencontre d’idée et d’expression à la fois gracieuse, piquante et rapide. […] Par la parenthèse et l’interruption, l’écrivain suspend l’expression d’une idée, en y intercalant une autre idée, mais avec l’intention de revenir à la première et de l’achever : la seule différence, c’est que la parenthèse a pour but d’éclaircir et de compléter ce commencement de pensée, tandis que l’interruption ne fait qu’y ajouter de l’énergie, en y jetant un cri de l’âme tout involontaire, et qui lui échappe presque à son insu. […] vous le savez ; le soir nous la vîmes séchée ; et ces fortes expressions, par lesquelles l’Ecriture sainte exagère l’inconstance des choses humaines, devaient ètre pour cette princesse si précises et si littérales. » Essayez de mettre : « Vous savez avec quelle grâce elle fleurissait le matin !
Il faut aussi que le langage soit beau, et que, par le choix des mots, la délicatesse des expressions, la structure de la phrase, il revête ces formes gracieuses, ces tournures élégantes qui donnent de la noblesse au style et caractérisent le véritable écrivain. […] Ce serait aussi une méthode bien profitable, de composer des thèmes d’imitation sur le texte d’une version déjà expliquée et apprise de mémoire, et d’obliger les élèves à se servir des mêmes expressions et à suivre le même ordre, le même enchaînement dans la structure de la phrase. De cette manière, ils auraient sous les yeux, et mieux encore dans leurs souvenirs, un texte modèle où ils puiseraient, pour faire leurs thèmes, des expressions justes, des tournures élégantes, des inversions conformes au génie de la langue latine.
Port-Royal avait remplacé cette expression hardie par atome imperceptible. […] Qui nous tiennent à la gorge est une expression empruntée à Montaigne. […] Celles qui sont simples par l’expression portent leur semence avec elles ; celles qui sont doubles par la richesse et la pompe charment l’esprit, mais ne produisent rien. » 4. […] Cousin dit de Pascal (Études sur les Pensées) : « Dans Pascal, la forme n’est pas autre chose que le vêtement le plus transparent que prend la pensée pour paraître le plus possible telle qu’elle est, créant elle-même l’expression qui lui convient, qui n’ôte rien, mais surtout n’ajoute rien à sa valeur propre. Plus tard vint la rhétorique avec son triste précepte d’embellir la pensée par l’expression.
Chacun veut de la vie embellir le passage : L’homme le plus heureux est aussi le plus sage… Jadis la poésie, en ses pompeux accords, Osant même au néant prêter une âme, un corps, Egayait la raison de riantes images ; Cachait de la vertu les préceptes sauvages Sous le voile enchanteur d’aimables fictions ; Audacieuse et sage en ses expressions, Pour cadencer un vers qui dans l’âme s’imprime, Sans appauvrir l’idée enrichissait la rime ; S’ouvrait par notre oreille un chemin vers nos cœurs, Et nous divertissait pour nous rendre meilleurs. […] Sur ce poëte de verve et d’avenir, selon l’expression de M. […] Ou des ces morts immortels, comme les appelle ailleurs Gilbert, empruntant cette dernière expression à J. […] Voilà un de ces vers trouvés, une de ces pensées vraies, relevées par la vivacité piquante de l’expression, qui, dès leur naissance, s’établissent un droit sur toutes les mémoires et reviennent dans toutes les conversations : plus d’un trait de Gilbert a eu cet heureux privilège.
« Summa virtus orationis est perspicuitas, » dit Quintilien, dès le premier livre de ses Institutions, pour revenir sur cette vérité au huitième : « nobis prima sit virtus perspicuitas. » Le discours, selon lui, doit être clair comme la lumière du soleil, » occurrat in animum audientis oratio, sicut sol in oculos. » Mais la clarté de l’expression suppose une conception nette des idées, et une méthode habile dans leur disposition. […] Que les pensées soient vagues et mal conçues, que leur arrangement soit pénible ou irrégulier, vous avez beau travailler l’expression, elle reste obscure et mal dessinée. […] Villemain, n’avait été plus violemment dissoute et mêlée que la nôtre, comme il y eut à la fois des passions terribles et des changements profonds, l’empreinte a dû rester dans les expressions ainsi que dans les mœurs. » Joignez à cette cause si puissante tant d’autres qui depuis sont venues ajouter à son action : l’Empire, les mœurs anglo-constitutionnelles qui lui ont succédé, les rapports beaucoup plus fréquents avec les nations étrangères, auxquelles on n’a pu emprunter les choses sans emprunter les mots, l’étude plus approfondie de leur littérature, les progrès des technologies diverses, qui, après avoir envahi le langage commun, s’infiltrent dans la langue littéraire, les doctrines des saint-simoniens, des fouriéristes, des utilitaires, des égalitaires, de tous ceux enfin à qui il a fallu des expressions toutes neuves pour des conceptions inouïes, tout cela a dû nécessairement désorganiser la langue, et y introduire une foule de locutions que ne pouvaient même prévoir les siècles passés. […] Celui-ci consiste dans des tours de phrases particuliers, dans un usage singulier des mots, dans l’art de relever les petites idées froides, puériles, communes, par une expression recherchée. » Et le xviiie siècle, toujours un peu moralisant, ajoute : « On peut le pardonner aux femmes, il est indigne d’un homme.
Esprit brillant, belle imagination, il fut le Malherbe de la prose : il a l’ampleur de la période, l’éclat du discours ; il sait choisir et ordonner les mots ; il orne de grandes pensées par des expressions magnifiques dont l’harmonie soutenue enchante l’oreille. […] La Bruyère a dit : « Balzac, pour les termes et pour l’expression, est moins vieux que Voiture : mais si ce dernier, pour le tour, pour l’esprit et pour le naturel, n’est pas moderne, et ne ressemble en rien à nos écrivains, c’est qu’il leur a été plus facile de le négliger que de l’imiter, et que le petit nombre de ceux qui courent après lui ne peut l’atteindre. » 1. […] Ils ne laissent pas de… Expression qui veut dire : Cela ne les empéche pas de…. […] Cette expression familière veut dire : qui soit façonné, fait par l’homme.
Cicéron, dans son livre de l’Orateur, nous recommande ainsi cette dernière qualité : « Chaque passion, chaque affection a son expression naturelle, sa physionomie, son accent. […] Le Geste Le Geste est l’expression des pensées par les mouvements du corps. […] Sans elle, l’action n’a plus aucun intérêt : l’orateur qui lit son œuvre ne possède plus ni expression ni mouvement dans sa personne : il est complètement paralysé par les feuilles de papier qu’il tient à la main.
Il fut, selon l’expression de Montaigne, « une de ces belles âmes frappées à l’antique marque ». — « Sage de nature et de praticque, dit un contemporain2, point sévère sinon bien à propos, équitable quand il falloit, non-point chagrineux et rebarbatif, ni séparé des douces conversations, entendant les raisons, ni bizarre ni fantastique comme estoit ce Caton », il est de ces personnages dont la gloire grandit avec la raison publique. […] L’expression qui a prévalu est front d’airain. […] Laver la tête est resté une expression toute faite, pour signifier faire une réprimande.
Il est bien entendu, d’ailleurs, que cette différence dans le moyen employé peut entraîner des différences dans la forme des ouvrages mêmes et dans l’expression ; mais la nature en est, au fond, la même, et il est inutile de chercher pour ce qu’on écrit d’autres règles que celles qui ont été données précédemment pour les diverses situations où se trouvent ceux qui ont à parler. […] Mais il faut supposer qu’on parle bien ; et peut-être même est-on obligé de parler un peu mieux dans une lettre que dans la conversation, parce qu’on a le temps de choisir ses idées et ses expressions, et de leur donner un tour plus agréable. […] Dans les lettres de demandes, le ton doit être modeste et respectueux à proportion de la qualité de la personne à laquelle on écrit : les expressions choisies sans le paraître, les pensées justes et convaincantes, les tours agréables et propres à persuader, doivent distinguer ces lettres. […] Rien n’est égal à la vivacité de ses tournures et au bonheur de ses expressions.
Madame de Sévigné étudiait Tacite ; et cette main délicate et légère, qui savait décrire avec des expressions si vives et si durables les scandales passagers de la cour, saisissait les crayons de l’éloquence et de l’histoire pour honorer la vertu de Turenne. […] Vive expression des temps modernes, et reproduction originale de l’antiquité dans ses âges divers, voilà donc les deux caractères distinctifs et dominants que nous présente le génie du dix-septième siècle. […] Son expression est grave, brillante, légère, éloquente, selon le génie des divers membres de cette glorieuse tribu d’écrivains qu’il passe en revue. […] Voilà ces mots heureux, ces expressions énergiques et vives, qui sortaient comme d’elles-mêmes de la bouche du professeur ! […] L’esprit de critique est un esprit d’ordre : il connaît des délits contre le goût et les porte au tribunal du ridicule ; car le rire est souvent l’expression de sa colère, et ceux qui le blâment ne songent pas assez que l’homme de goût a reçu vingt blessures avant d’en faire une.
La littérature, telle que nous l’entendons ici, est en même temps la connaissance et la collection des préceptes qui président à l’expression du beau par le moyen de la parole. […] Si nous voulons maintenant préciser davantage et exprimer la définition du beau littéraire, nous dirons que c’est la forme ou l’expression du vrai présenté d’une manière agréable, vive et frappante dans les productions de l’esprit. […] Le goût distingue ce qu’il y a de conforme aux plus exactes bienséances, de propre à chaque caractère, de convenable aux différentes circonstances ; et, pendant qu’il remarque par un sentiment fin et exquis les grâces, les tours, les manières, les expressions les plus capables de plaire, il aperçoit aussi tous les défauts qui produisent un effet contraire, et il démêle en quoi précisément consistent ces défauts et jusqu’où ils s’écartent des règles sévères de l’art et des vraies beautés de la nature. […] C’est là qu’on apprend à parler et à écrire d’une manière intéressante ; c’est là que l’on puise de quoi orner et embellir le discours par l’imitation des pensées et des expressions des grands écrivains.
Ce sont, dans le style, de certaines expressions simples, pleines de douceur et de grâce, qui paraissent n’avoir pas été choisies, mais être nées d’elles-mêmes ou du hasard. […] Il peint en racontant : sa poésie est soignée, sa diction pure, ses expressions toujours choisies. […] sans doute, ajouta-t-il en sanglotant, ses actions vertueuses retracées dans ses songes, ont fait monter sur son front l’expression de sa bienfaisance. […] On sent qu’il serait ridicule de donner aux bergers une imagination hardie et fougueuse, des pensées brillantes et profondes, des expressions pompeuses et magnifiques. […] Ses pensées sont toujours naturelles, ses expressions justes, ses tours vifs et aisés, son style pur et élégant, ses vers harmonieux, faits avec soin et jamais vides d’idées.
Ses expressions sont choisies, ses pensées mesurées, ses vers soignés. […] Il a su d’ailleurs réunir toutes les qualités, le piquant et le doux, la naïveté, les images choisies, des sentiments doux et tendres, des vers aisés, coulants, harmonieux, les expressions simples, quelquefois riches, toujours vraies. […] Ses pensées sont toujours naturelles, ses expressions justes, ses tours vifs et aisés, son style pur et élégant, ses vers harmonieux et pleins d’idées. […] La première exclamation de l’homme sortant du néant fut une expression lyrique. […] Pour trouver Malherbe ce qu’il est, il faut avoir la force de digérer quelques vieux mots, et d’aller à l’idée plutôt que de s’arrêter à l’expression.
L’expression du visage de tous ceux qui attendaient un mot d’elle pouvait être assez piquante pour les observateurs. […] Ne faut-il pas être chrétien pour pénétrer la physionomie des Vierges de Raphaël et du saint Jérôme du Dominiquin ; pour retrouver la même expression dans la grâce enchanteresse et dans le visage abattu, dans la jeunesse éclatante et dans les traits défigurés ; la même expression qui part de l’âme et traverse, comme un rayon céleste, l’aurore de la vie, ou les ténèbres de l’âge avancé ? […] Bal, l’expression de sa douleur est toute mondaine et féminine.
» On ne séparait point autrefois deux sciences qui, par leur nature, sont inséparables : le philosophe et l’orateur possédaient en commun l’empire de la sagesse ; ils entretenaient un heureux commerce, une parfaite intelligence entre l’art de bien penser et celui de bien parler ; et l’on n’avait pas encore imaginé cette distinction injurieuse aux orateurs, ce divorce funeste à l’éloquence, des expressions et du sentiment, de l’orateur et du philosophe ». […] Si quelquefois il n’a pas la liberté de mesurer le style et les expressions de ses discours, il en médite toujours l’ordre et les pensées ; et souvent même la méditation simple prenant la place d’une exacte composition, et la justesse des idées produisant celle des paroles, l’auditeur surpris croit que l’orateur a travaillé longtemps à perfectionner un édifice, dont il a eu à peine le loisir de tracer le premier plan. […] C’est là qu’il pèse scrupuleusement jusques aux moindres expressions, dans la balance exacte d’une juste et savante critique : c’est là qu’il ose retrancher tout ce qui ne présente pas à l’esprit une image vive et lumineuse ; qu’il développe tout ce qui peut paraître obscur à un auditeur médiocrement attentif ; qu’il joint les grâces et les ornements â la clarté et à la pureté du dicours ; qu’en évitant la négligence, il ne fuit pas moins l’écueil également dangereux de l’affectation ; et que, prenant en main une lime savante, il ajoute autant de force à son discours, qu’il en retranche de paroles inutiles ; imitant l’adresse de ces habiles sculpteurs qui, travaillant sur les matières les plus précieuses, en augmentent le prix à mesure qu’ils les diminuent, et ne forment les chefs-d’œuvre les plus parfaits de leur art, que par le simple retranchement d’une riche superfluité ».
On y trouve une vigueur extrême de pensée, une beauté simple d’expression, et souvent une manière de relever la phrase qui est tout à fait dans le genre des maîtres. […] Fuyons les expressions trop recherchées, les termes durs ou forcés, et ne nous servons point de paroles plus grandes que les choses. […] Cette expression est toujours prise dans ce sens par les écrivains du dix-septième siècle.
Le chant lyrique est, en général, l’expression de l’enthousiasme, le langage du sentiment inspiré. […] On continua pourtant d’imiter les formes et les expressions de l’antique poésie ; on laissa à cette imitation dégénérée le nom de poésie lyrique ; les poètes répétèrent souvent : Je chante, et parlèrent toujours des accords de la lyre, en travaillant péniblement leurs vers dans le silence du cabinet. […] La chanson est l’expression de ce qu’il y a de plus vif, de plus léger, de plus gai dans l’esprit humain.
Expression proverbiale : c’est une arme toujours présente, dont on use en toute occasion. […] Cette expression, familière au temps de Molière, ne serait plus tolérée aujourd’hui. […] Expression qui a vieilli, pour fautes, erreurs.